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Le gentil Etat et votre retraite, ou comment il vous soudoie votre fric !

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Avec l’instauration dela CASA– nouvelle taxe qui frappe les retraités (0,3 % de la pension) – l’État a mis en placeune opération funeste dont les victimes sont des millions de petits retraités, y compris les plus âgés et les plus fragiles. Cette opération qu’il faut dénoncer a donné lieu à un montage peu « orthodoxe ». 

En voici les principaux rouages :
 
1 –Automne 2013,l’État décide de taxer les retraités. Dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale qu’il adresse aux parlementaires, il prévoit donc une nouvelle taxe qui leur est spécialement destinée : la CASA.
 
2 – Il n’est cependant pas question de perdre la face… Nos politiques ont toujours juré la main sur le cœur qu’au pays de l’État-providence, il était inconcevable de baisser les retraites. Alors, officiellement, il n’est pas question d’une telle forfaiture, mais simplement de financer la dépendance… Qui s’opposerait à une aide aux vieillards grabataires ? La CASA est donc votée et il est prévu, dans la loi, que ses recettes soient affectées à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) chargée de venir en aide aux personnes âgées et ou handicapées.
 
3 – Attention, subtilité ! Pour pouvoir encaisser les 350 millions d’euros que doit rapporter la CASA en 2013, il faut que de nouvelles mesures soient adoptées en vue d’améliorer la prise en charge des personnes âgées. Or, pour 2013, ces mesures n’ont pas été adoptées et doivent, de surcroît, faire l’objet d’un traitement comptable particulier.La CNSA ne peut donc pas recevoir les millions qui lui sont promis.
C’est vraiment ballot :les 350 millions d’euros de la CASA vont être prélevés, mais la CNSA ne peut pas les recevoir ! Il faut donc attendre l’année suivante et la mise en place des fameuses « mesures » pour que la belle solidarité vis-à-vis des personnes âgées devienne effective.
 
(Sans rire : supposons que vous gagnez 350 millions au loto… La Française des jeux frappe à votre porte pour vous offrir le chèque. Or là, évidemment, vous répondez : « non, je ne sais pas quoi en faire » ou « oui, mais il faudrait d’abord que j’ouvre un nouveau compte en banque, repassez l’année prochaine ». Pour qui nous prend-on ?)
 
4 En 2013, le Fonds de solidarité vieillesse (FSV) est une nouvelle fois en déficit. C’est donc lui qui va recueillir les 350 millions d’euros de la CASA. Tout n’est donc pas perdu !
Seul « hic » : le FSV a été créé en 1993 pour soulager la trésorerie des régimes de base qui commençaient justement à accuser des déficits. Puis, par la suite, il a cumulé à son tour les déficits sans pour autant éviter que les régimes qu’il devait soulager basculent à nouveau dans le rouge… Bref, dans ces conditions, la CASA consiste simplement à reprendre d’une main ce que l’on a donné aux retraités de l’autre. Il s’agit donc ni plus ni moins de baisser les pensions déjà liquidées.
 
5 –En 2014, la CNSA est cette fois prête à accueillir les fruits sonnants et trébuchants de la CASA estimés, désormais, à 650 milliards d’euros… Dans ce cas, ilsemble difficile de continuer à détourner les fonds prélevés sur les pensions et, ce faisant, à berner les retraités. Mais c’est sans compter avec l’imagination sans borne de l’administration « fiscalo-sociale ». Un nouveau tour de passe-passe est en effet opéré :
 
-          le FSV est en partie financé par de la CSG ;
-         la CNSA est également financée en partie par de la CSG ;
-        la CASA est retirée au FSV pour être réorientée vers sa destination initiale : la CNSA (650 millions d'euros) ;
-         mais, comme par hasard, 650 millions d'euros de CSG sont retirés à la CNSA ;
-         et, toujours comme par hasard, 650 millions d'euros de CSG supplémentaires sont affectés au FSV...
 
C’est l’alchimie mystérieuse des retraites : abracadabra, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme… L’arnaque continue.
 
Certes, quelques députés se sont rebiffés contre une telle pratique. Mais, le succès de leur résistance n’a été que très partiel. Ils ont simplement réussi, par amendement, à préserver 100 millions d’euros sur les 650 prévus. Autrement dit, ce n’est finalement pas 650 millions d’euros de CSG qui sont retirés à la CNSA au profit du FSV, mais 550 millions. Il fallait bien laisser un petit peu de viande au chien pour éviter de réveiller tout le quartier…
 
Cela ne vous rappelle rien ? La vignette auto avait en son temps été créée pour venir en aide aux personnes âgées dépendantes. Mais elles n’en ont jamais vu la couleur…
 
Enfin, il faut également se souvenir que lorsqu’elle a été instaurée, la CSG avait un taux « raisonnable » de 1 % et qu’il n’était surtout pas question de l’augmenter. Mais, vingt ans plus tard, elle frappe les pensions à hauteur de 6,6 %. Or, le ver de la CASA est dans le fruit et, déjà, il se murmure qu’il faudrait l’augmenter… Elle aussi !
Le gentil Etat et votre retraite, ou comment il vous soudoie votre fric !

Trop d'impôts tue l'impôt, l'emploi et procure des inégalités !!

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Dans les statistiques internationales, les Etats-Unis apparaissent comme l’un des pays des plus inégalitaires qui soient, mais où l’on peut très bien réussir. Ce que l’on sait moins c’est que les inégalités sont très différentes au sein même de ce pays. Deux chercheurs du club de réflexion, Heritage Foundation, ont regardé en détail le coefficient de Gini : c’est un indice d’indicateur synthétique d’inégalité- des salaires, des revenus, des niveaux de vie... Il varie entre 0 et 1, dans les 50 états américains. Et ce qu’ils ont trouvé devrait inciter les économistes de gauche à plus de réflexions ...

 

Les inégalités les plus fortes se rencontrent dans le District de Columbia, les états de New York, le Connecticut, le Mississippi et la Louisiane ; et les moins fortes dans le Wyoming, l’Alaska, l’Utah, à Hawaii et le New Hampshire. Les endroits les plus inégalitaires aux Etats-Unis sont : Washington D.C., New York et le Connecticut. Ce sont aussi des états dirigés par des hommes politiques démocrates, ou de gauche. Alors que les états les moins inégalitaires sont aux mains de hommes politiques de droite (les républicains).

D’un côté, des taxes et des impôts lourds, prélevés au nom de la redistribution, de l’autre, des impôts réduits, avec un minimum de réglementations pour stimuler la création de richesses. C’est dans le New Hampshire, où il n’y a pas d’impôt sur le revenu, que l’on observe le moins d’inégalités. Au Texas, état considéré comme très libéral, le taux de pauvreté (20.5 %) est moins élevé qu’en Californie (25.8 %), un état de gauche où les impôts sont parmi les plus élevés des EU. En situation de plein emploi, de boom économique et d’essor démographique, le Texas attire tous les regards aux Etats-Unis. L’explication du miracle a été donnée par le gouverneur de cet Etat, Rick Perry : des impôts bas et peu de réglementations. Le Texas est d’ailleurs parmi les seuls états américains à ne pas avoir été touché par la crise immobilière. Les impôts et les taxes locales ne représentent que 7.5 % des revenus au Texas contre 11.4 % en Californie et 9.2 % en Floride. Récemment, une grosse entreprise comme Toyota a quitté la Californie pour s’installer au Texas…

Une autre leçon d’économie nous est donnée par le fait que le salaire minimum ne contribue pas à l’amélioration des inégalités. Aux Etats-Unis, il existe un salaire minimum différent dans tous les états membres. Dans certains, ce salaire est en dessous du salaire existant sur le marché du travail. Les états qui ont choisi d’imposer un salaire minimum au-dessus de 7.25 dollars/l’heure (le minimum fédéral) sont aussi des états dotés de fortes inégalités : le Connecticut avec un SMIC à 8.70 dollars, la Californie (8 dollars), New York (8 dollars) et le Vermont (8.70 dollars).

Le cas américain est sans ambiguïtés et devrait servir d’exemple à la France. Les impôts élevés et les réglementations sur le marché du travail n’y assurent pas la prospérité économique. Au contraire. Les richesses "pour tous" se créent là où les entreprises et les individus sont libres et bénéficient d’un environnement économique favorable.

par Nicolas Lecaussin

Plus d’impôts, c’est aussi plus d’inégalités !

 
>Les bricolages statistiques de Piketty
>Où est la fraude ?
>Démagogie fiscale et populisme

Bercy est vorace malgré déjà la paupérisation accélérée de nos armées ! Patriotisme oblige, les militaires ne bronchent mots...

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  1. La chercheuse Bénédicte Chéron déplore que, depuis le Livre blanc de 2008 jusqu'à l'amputation récente du budget des Armées de 1 milliard d'euros, la Grande Muette fasse l'objet d'un intérêt médiatique intermittent

    Souvenez-vous. Au printemps 2008, la révolte gronde: le Livre blanc de la Défense est en préparation, la réforme de la carte militaire est attendue. Les militaires craignent les coupes budgétaires et les conséquences de ces décisions pour leurs capacités opérationnelles. Le 17 juin 2008, le Livre blanc est remis au Président de la République. Le 18 juin, un «groupe d'officiers généraux et supérieurs des trois armées terre, air, mer, tenu à l'anonymat» signe une tribune dans Le Figaro, sous le nom de «Surcouf» . Ceux qui lisent le journal, ceux qui s'intéressent à ces questions reçoivent ces informations. Ils sont au courant. Mais pour un public large qui n'ouvre que rarement les grands quotidiens nationaux et s'informe essentiellement par la télévision, le sujet n'existe pas. Dans les journaux télévisés, c'est en effet le grand silence, ou presque. Tout juste peut-on trouver dans l'émission «C dans l'air», le 9 avril, intitulée «Sarko dégraisse les mammouths», un reportage consacré à la réforme de la carte militaire, tourné à Dieuze, au début duquel la voix off annonce: «Il y aura 35 000 soldats en moins en France d'ici 2014 selon un pré-rapport, en attendant le livre blanc sur la question». Mais en dehors de ce reportage, lors du débat en plateau entre Christophe Barbier, de l'Express, François Chérèque, alors patron de la CFDT, et l'économiste Elie Cohen, pas une fois le sujet n'est abordé. Un seul journal télévisé, le «19.20» de France 3, le 22 juin, évoque cette question à l'occasion d'un déplacement du Ministre de la Défense, Hervé Morin, à Dax. Puis, en quelques jours, dans des circonstances dramatiques, ce malaise des armées est devenu un sujet médiatique et télévisuel explosif. Le 26 juin, un militaire utilise accidentellement des balles réelles au lieu de balles à blanc lors d'une démonstration pendant les portes ouvertes de son régiment, le 3e RPIMA, à Carcassonne. Bilan: 16 blessés, certains gravement, et parmi eux, 4 enfants. Le sujet fait la une des JT. Le grand public apprend en vrac les informations des jours suivants: le général Cuche, chef d'Etat-major de l'Armée de Terre démissionne, et est remplacé par le général Irastorza ; on prête à Nicolas Sarkozy des propos très sévères («Vous êtes des amateurs», aurait-il dit aux militaires), la gauche monte au créneau et critique la relation tendue que le chef de l'Etat entretiendrait avec l'institution militaire. Dans «C dans l'air», le 2 juillet, le malaise des armées et la question de leurs moyens constituent cette fois-ci le thème principal de l'émission. D'anciens militaires et des journalistes «de Défense» sont en plateau. Le 14 juillet relance l'intérêt médiatique pour le sujet. Deux fois, «C dans l'air» y revient, le jour même de la fête nationale puis le 19 juillet. Dans les JT, cependant, la question s'efface. La torpeur de l'été envahit les médias jusqu'au 18 août. Ce jour-là, dans une embuscade à Uzbin, en Afghanistan, meurent 10 soldats français ; 21 autres sont blessés. La polémique sera violente, des familles porteront plainte. Parmi les sujets de débats médiatiques houleux, lors des semaines qui suivent, ressurgit la question du matériel. Et donc des budgets consacrés à la Défense.

A des rares exceptions près, aucun discours audible et cohérent n'a été tenu et relayé, pour expliquer, pédagogiquement à quoi servent les armées, où va cet « outil de Défense », pourquoi et avec quels objectifs servent les militaires français.

Au cours de ces quelques mois, il y a eu des morts et des blessés. On a pleuré, les Français se sont émus et parfois scandalisés de ces décès. C'est parce qu'il y a eu ces morts et ces blessés que les caméras se sont préoccupées du fameux «malaise». Mais le sujet n'a quasiment pas été traité sur le fond, dans la durée. Le grand public n'a pas pu comprendre le lien existant entre le contenu du Livre blanc et ce malaise, entre les objectifs fixés aux armées et les moyens qui leur étaient alloués. Nous sommes au printemps 2014. Un nouveau Livre blanc a été publié en 2013 et une loi de programmation militaire votée. Pendant deux ou trois semaines, à nouveau, le sujet a agité les milieux politiques et de Défense. Les Français ont pu entendre les politiques de tous bords s'écharper sur les rumeurs de réductions budgétaires à venir. Entendre les suppositions et les démentis, les preuves des uns et les promesses des autres. Le 2 juin, le général Vincent Desportes a prévenu sur RTL: «Nos soldats sont en danger» ; il évoqué une armée de terre «paupérisée», avec des «trous capacitaires importants». L'après-midi même, lors d'un conseil de Défense, le président de la République a affirmé que seraient tenus «les engagements financiers de la loi de programmation militaire» tout en demandant au gouvernement de «faire des propositions pour améliorer la gestion des matériels et projets». Depuis, le soufflet médiatique est retombé. Regonflé épisodiquement par des révélations, comme celles faites sur le site de la Tribune le 11 juin ; le journaliste l'affirme «Bercy a amputé le budget de la Défense de 1 milliard d'euros en 6 mois». Pendant ce temps, les militaires continuent de remplir, autant que possible, leur mission. Qu'ont pu comprendre les Français après cet énième épisode médiatique sur le malaise des armées? Sans doute pas grand chose, et on ne peut leur en vouloir. A des rares exceptions près, aucun discours audible et cohérent n'a été tenu et relayé, pour expliquer, pédagogiquement à quoi servent les armées, où va cet «outil de Défense», pourquoi et avec quels objectifs servent les militaires français. Souhaitons que l'été 2014 ne soit pas aussi dramatique que celui de 2008. Mais si hélas des morts surviennent à nouveau, il ne faudra alors pas se plaindre si, décidément, la société française ne comprend plus pourquoi et comment de jeunes soldats tombent, en son nom, à des milliers de kilomètres.

  1. Ni grève, ni syndicats : pourquoi le malaise des armées est ignoré

    Source, journal ou site Internet : figarovox

    Date 12 juin 2014

    Auteurs : Bénédicte Chéron Adressé par indiqué par l’ANRAT

Bercy est vorace malgré déjà la paupérisation accélérée de nos armées ! Patriotisme oblige, les militaires ne bronchent mots...

Le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, a annoncé qu'il visait des réductions de dépenses de fonctionnement dans les armées. Bercy est vorace. Après avoir coupé 1 milliard d'euros de crédits budgétaires en six mois au ministère de la Défense, dont 350 millions d'euros dans le budget 2014, le ministère du Budget ne compte pas s'arrêter à cette somme. Selon les propos du secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert devant la commission des finances de l'Assemblée nationale, il compte bien s'attaquer encore au budget du ministère de la défense dans les mois à venir.

Il y a des dépenses de fonctionnement du ministère de la Défense, du fonctionnement des armées en général, qui peuvent faire l'objet de mesures d'adaptation. Il en reste

Christian Eckert aux députés, rappelant que c'était d'ailleurs le sens de la déclaration du président de la République.

François Hollande avait demandé début juin une amélioration de la gestion du budget Défense. Une balle prise au bond par Bercy, qui tient à sa revanche sur l'Hôtel de Brienne. Pour autant, la loi de programmation militaire (LPM) prévoit déjà la suppression de 34.500 postes dans les armées en six ans, qui viennent s'ajouter aux 45.000 déjà supprimés au cours de la LPM précédente. Et les armées estiment être à l'os.

La LPM, avait expliqué Jean- Yves Le Drian,

contribue au redressement de nos comptes publics. Parce qu'il y a 34.000 suppressions de poste, parce qu'il y a une masse salariale réduite de plus de 4 milliards, parce qu'il y a eu, par rapport à un Livre Blanc antérieur, une réduction des commandes d'environ 14 milliards d'euros, parce qu'il y a des restructurations qui parfois sont difficiles pour les territoires

Jean- Yves Le Drian

Mais visiblement, cela ne suffit toujours pas à Bercy.

250 millions d'euros de recettes exceptionnelles supplémentaires

Quant aux 250 millions d'euros de recettes exceptionnelles supplémentaires piochées dans le programme d'investissement d'avenir (PIA) pour compenser l'annulation des 350 millions d'euros d'annulations de crédits budgétaires, Christian Eckert oublie de dire que c'était déjà une promesse de Bercy fin 2013... pour compenser l'annulation de 650 millions de crédits budgétaires à la fin de l'exercice 2013. Alors que la somme des trois ressources (PIA, cessions immobilières et redevances de fréquences) n'aboutirait pas au montant total prévu par la LPM

pour 2014, selon la Cour des comptes, le ministère de la Défense avait arraché fin 2013 à Bercy 500 millions d'euros de REX supplémentaires "afin de sécuriser la programmation des opérations d'armement jusqu'à la première actualisation de la programmation si la soutenabilité financière de la trajectoire des opérations d'investissement programmée par la présente loi apparaît compromise". Cet amendement à l'article 3 de la LPM visait à compenser l'annulation de crédits de paiement de 650 millions d'euros, qui a touché en fin des gestion 2013 les investissements du programme 146 et qui remettait en cause le point d'entrée de la LPM 2014-2019.

 

Défense : Bercy promet de couper encore le budget des armées

Source, journal ou site Internet : la Tribune

Date : 13 juin 2014

Auteur : Michel Cabirol

Défense

De Wikiberal
 

La Défense fait partie des fonctions généralement confiées exclusivement aux États. Elle vise à assurer, en tous lieux, tous temps et toutes circonstances, l'intégrité du territoire, la protection de la population et la préservation des intérêts nationaux contre tous types de menaces et d'agressions. Elle participe également au respect des alliances, traités et accords internationaux.

LA BUNDESBANK CONTRE UNE DEVALUATION DE L EURO

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 Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, juge qu'une dévaluation de l'euro destinée à aider les exportations n'apporterait pas les bienfaits attendus. Toute décision visant à affaiblir la monnaie unique serait susceptible d'être imitée par d'autres banques centrales, provoquant une "course à la dévaluation" qui ne produirait que des perdants, dit-il dans une interview au magazine allemand Focus rendue publique dimanche avant sa parution. "La compétitivité ne peut être amenée par une dévaluation. Elle est générée par des entreprises avec des produits attractifs qui tiennent leurs marchés", fait valoir Jens Weidmann, considéré comme le plus "faucon" des membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne. "Une économie forte peut aussi tolérer une monnaie forte." Plusieurs pays de la zone euro, dont la France, plaident en faveur de discussions sur ce qu'ils appellent la vigueur excessive de l'euro lorsque le nouveau Parlement européen sera installé.

La BCE n'a pas de cible pour le taux de change de l'euro

qui se négocie actuellement autour de 1,35 dollar, contre 1,40 dollar début mai avant l'anticipation puis l'annonce par la BCE de mesures monétaires destinées à soutenir l'activité économique et à écarter les risques de déflation. Le patron de la Bundesbank a précisé qu'il avait des réserves sur ces mesures mais qu'il les avait néanmoins approuvées, les estimant justifiées dans le contexte actuel d'inflation faible. La BCE a décidé à l'unanimité, lors de sa réunion du 5 juin, de baisser ses taux directeurs, de porter son taux des dépôts en territoire négatif - une disposition inédite pour une grande banque centrale - et de lancer une nouvelle opération de refinancement à long terme à l'adresse des banques pour les encourager à prêter à l'économie. Selon Jens Weidmann, le taux des dépôts négatif ne fera pas grand chose pour encourager le crédit dans les pays dits périphériques de la zone euro car "beaucoup d'entreprises ne demandent pas d'argent frais à cause de la faiblesse de l'économie." Il a semblé par ailleurs exclure des rachats d'actifs par la banque centrale, après avoir déjà réaffirmé jeudi son opposition à des rachats d'obligations souveraines de la zone euro comme le prévoit le programme OMT de la BCE, toujours resté à l'état de projet depuis son annonce en 2012.

(Annika Breidthardt, Véronique Tison pour le service français)

 

Le patron de la Bundesbank écarte une dévaluation de l’euro

Source, journal ou site Internet : Boursorama

Date : 15 juin 2014

Auteur : Reuters

Oui, il faut réduire la dette publique, une illusion ?

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[Débat] — Chassez le débat sur la dette publique par la porte, il revient par la fenêtre. Il obsède les experts comme les politiques, Bruxelles comme la Cour des comptes. C’est un débat plein d’embûches. Il y a ceux qui pensent que moins de dette publique, c’est plus de récession, et ceux qui pensent que c’est indispensable.

Parmi ces derniers, il y a ceux qui croient qu’on réduit dette et déficit en augmentant les impôts et ceux qui considèrent que la seule solution, c’est de baisser les dépenses publiques et la pression fiscale. Ici, le comment est aussi important que le pourquoi, car il y a une bonne et une mauvaise rigueur.

Keynes trahi par les keynésiens

Comme nous l’avions annoncé en début d’année, le débat sur la dette publique bat son plein. La Cour des comptes s’inquiète de la dérive des dépenses publiques et la Commission de Bruxelles met la France, et d’autres pays en Europe, en demeure de réduire leurs dépenses. C’est suicidaire, affirment d’autres experts d’inspiration keynésienne : réduire les déficits et les dépenses, c’est aggraver la crise actuelle et la récession et provoquer même une déflation.

Ce débat a pourtant été tranché depuis longtemps. L’idée suivant laquelle la santé de l’économie dépendrait avant tout de la demande globale et d’abord de la demande publique remonte aux années 30 et aux idées de John Maynard Keynes. Mais la crise de 1929 est la plus grande dépression de l’histoire. Keynes lui-même serait sans doute surpris qu’on applique ce remède de cheval aux simples récessions, surtout quand les prix ne diminuent pas. Il serait encore plus surpris d’apprendre qu’un pays comme la France est en déficit depuis 40 ans, faisant exploser la dette publique, alors qu’il imaginait une alternance de déficits et d’excédents, non un déficit durable !

Les vertus de la facilité ou de l’effort ?

Non seulement Keynes désavouerait les politiques keynésiennes actuelles, mais en soi elles sont contestables. Elles ont l’inconvénient d’être globales, macroéconomiques, considérant qu’on pilote l’économie comme une voiture, en tirant sur quelques manettes. Or la réalité est d’abord faite de millions d’entreprises qui produisent et de ménages qui consomment. Ce ne sont pas des agrégats, mais des entreprises ou des personnes réelles et c’est sur leur incitation à produire qu’il faut jouer et non par des mécanismes globaux.

Une autre erreur consiste à considérer que c’est la demande (globale) qui conditionne le reste de l’économie : dépensez et ne vous souciez pas du reste. Pour les keynésiens, la vertu est dans la dépense, l’offre suivant automatiquement. Oubliées, les rigidités qui empêchent l’offre de répondre à la demande ; oubliées, les complexités du monde réel. Même le président de la République, faisant sienne la formule de Jean-Baptiste Say, a reconnu que c’était l’offre qui créait la demande, en rémunérant les facteurs de production, salariés, épargnants, entrepreneurs, qui ont créé cette offre dans les entreprises.

Croire que la dette et les dépenses publiques puissent être source de richesse, c’est prendre l’apparence pour la réalité, c’est croire aux vertus de la facilité et non à celles de l’effort, c’est tomber dans l’illusion, alors que la vraie richesse n’est que la conséquence de la création, de l’innovation, dans le but de répondre aux besoins humains. C’est en rendant des services que les entreprises créent des richesses, grâce à l’effort de tous. L’argent issu du laxisme, des déficits, de la création monétaire artificielle ne saurait être une vraie richesse, ni une source de vraie richesse.

Oui, il faut réduire la dette publique

Il est donc faux de dire que réduire la dette publique va tarir la source des richesses. En revanche, maintenir les déficits et les dettes actuelles, c’est plomber l’avenir, transférer nos charges sur les générations futures, et faire payer nos petits-enfants, en leur léguant des dettes, tout en plombant le présent par le poids des intérêts. C’est aussi risquer de provoquer des crises de confiance vis-à-vis de la qualité de la signature de l’État, faisant exploser un jour les taux d’intérêt et donc la charge de la dette. C’est enfin, pour un pays, se mettre en situation de dépendance, car la dette est largement financée par l’étranger.

Réduire la dette publique n’est donc pas du masochisme dangereux, c’est une nécessité absolue pour cesser de vivre dans l’illusion. À l’heure où tout le monde parle du développement durable, il est paradoxal de prôner l’endettement durable ! Étrange façon de se soucier des générations futures.

C’est donc à juste titre que Bruxelles, la Cour des comptes et même le gouvernement mettent l’accent sur la nécessité de réduire des déficits. Reste le comment. C’est là, notamment dans le cas français, qu’il faut regarder la réalité en face : le gouvernement annonce que sa politique devrait ramener le déficit public à 3,6% du PIB en 2014 et à 2,8% en 2015, en dessous des fameux 3% européens.

Même si c’était le cas, d’une part nous avons déjà deux ans de retard sur l’échéancier prévu au départ, d’autre part, nous avons accepté la règle d’or consistant à ramener à 0,5% du PIB le déficit public. Nous sommes loin du compte. Or Bruxelles ne croit pas à nos prévisions et annonce 4% de déficit cette année et encore 3,9% l’an prochain : le déficit ne se réduit pas et la dette poursuivra sa course folle.

Mauvaise rigueur et bonne rigueur

Pourtant le gouvernement ne cesse d’annoncer des efforts demandés aux Français. C’est qu’il y a quelque chose qui ne marche pas dans la méthode : une apparence de rigueur, que chacun ressent dans la hausse des charges et des impôts. Certes on parle de réduire les dépenses publiques, mais, surtout si on tient compte des dépenses de protection sociale et de celles des collectivités locales, elles continuent à augmenter.

Les promesses de baisse de charges, même si elles atteignaient les 30 milliards annoncés par le président de la République, ne représentent que 1,5% du PIB et seront largement compensées par d’autres recettes publiques. Vouloir réduire les déficits en maintenant pour l’essentiel les dépenses et en essayant d’augmenter les recettes fiscales, c’est accentuer la récession et aggraver le déficit, faute d’activité économique.

N’y a-t-il donc rien à faire en France ? Il faut choisir une vraie rigueur, celle de la réduction massive des dépenses publiques. Certains parlent avec terreur d’ultralibéralisme. Avec plus de 56% de dépenses publiques l’État occupe plus de la moitié du terrain : drôle d’ultra-libéralisme. Nos voisins ont en moyenne 10 points de PIB de dépenses publiques en moins (l’équivalent de 200 milliards). Ne sont-ils plus protégés, soignés, pensionnés, éduqués ? Comment font-ils ? Conformément au principe de subsidiarité, ils considèrent que tout ne doit pas passer par l’État.

Il faut dire les choses : ce n’est pas en payant moins les fonctionnaires ou en remboursant moins l’assuré social qu’on réduira les dépenses publiques, mais en privatisant ce qui n’a pas de raison d’être fait par l’État. Cela permettra de réduire les déficits et la dette, mais aussi de réduire les impôts et les charges, favorisant la croissance et la création de vraies richesses et de vrais emplois. Ce retour à la prospérité bénéficiera à tous, même au secteur public. Les autres pays le font. La France en est donc capable.

 

 

Jean-Yves Naudet est économiste, professeur à l’Université d’Aix-Marseille président de l’Association des Economistes catholiques.

Par le professeur d'économie Kuing Yamang

Oui, il faut réduire la dette publique, une illusion ?

En Hollandie vive le changement !! Rapport et discours de la CC sur la dette publique

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La Cour des comptes rend public, le 17 juin 2014, son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, établi en application de l’article 58-3° de la loi organique relative aux lois de finances. Il vise à nourrir le débat du Parlement sur les orientations des finances publiques, mais aussi, cette année, sur les projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale rectificatives.

En effet la Cour des comptes tire la sonnette d'alarme. Dans un rapport publié ce mardi 17 juin ci-joint en bas, les Sages de la rue Cambon affirment que "même si les objectifs de déficit du programme de stabilité sont atteints, la dette publique dépassera 2.000 milliards d'euros à la fin de 2014". En cas de croissance inférieur à 1%, ce dérapage pourrait s'avérer bien pire.

Le déficit public devrait par ailleurs s'établir aux alentours de 4% du PIB, voire un peu plus, fin 2014. Le gouvernement prévoit pourtant d'atteindre un déficit de 3,8%. Un chiffre réévalué par rapport à l'objectif initial de 3,6%.

 

Conclusion générale

 

En 2013, un déficit public en baisse mais sensiblement plus élevé que prévu

La réduction du déficit public s’est poursuivie en 2013 (4,3 % du PIB après 4,9 % en 2012), mais beaucoup plus lentement que prévu dans la loi de programmation de décembre 2012 (3,0 % en 2013 après 4,5 % en 2012). Si la croissance des dépenses en valeur a été plus faible qu’anticipé, en partie grâce à la forte baisse des charges d’intérêt, la progression des recettes a été beaucoup moins favorable. La reprise attendue de l’ activité n’ a pas eu lieu. Surtout, l’ élasticité des prélèvements obligatoires au PIB avait été fortement surestimée.

La dette a en conséquence continué à augmenter (de 3,2 points de PIB) pour atteindre 94,1 % du PIB à fin 2013.

En dépit d’un effort structurel considérable (1,5 point de PIB), tenant aux mesures de hausse des prélèvements obligatoires, un « écart important » a été constaté entre le déficit structurel de 2013 (3,1 % du PIB) et celui inscrit dans la loi de programmation (1,6 % du PIB), déclenchant le mécanisme de correction prévu par la loi organique de 2012.

Une situation qui reste plus dégradée en 2013 que dans les autres pays européens, surtout en raison de dépenses moins bien maîtrisées

Malgré une croissance économique plus faible, les pays de la zone euro et de l’Union européenne ont, en moyenne, réduit leur déficit dans des proportions semblables à la France. Celle-ci continue ainsi à présenter une situation plus dégradée : son déficit effectif (4,3 % du PIB) excède sensiblement la moyenne des pays de la zone euro (3,0 %) et de l’Union européenne (3,3 %) ; il en va de même pour le déficit structurel (3,1 % du PIB contre respectivement 1,3 % et 1,8 %).

La dette publique de la France se situe fin 2013 pour la première fois au-dessus de la moyenne tant de la zone Euro que de l’Union européenne. Alors qu’elle a diminué de 2,6 points de PIB en Allemagne en 2013, elle a augmenté de 3,2 points en France.

 

La réduction du déficit a été obtenue en France en 2013 avec une croissance des recettes mais aussi des dépenses plus forte que dans l’ensemble de la zone euro et de l’Union européenne. Ses dépenses publiques, rapportées au PIB, ont augmenté de 0,5 point alors qu’elles ont diminué de 0,1 point dans la zone euro et de 0,3 point dans l’Union.

De nombreux pays ont pourtant réussi par le passé à rééquilibrer leurs finances publiques en réduisant leurs dépenses, notamment l’Allemagne, qui est proche de la France en termes de niveau de vie, de population et de structure de dépenses publiques. Entre 2001 et 2013, les dépenses publiques ont progressé de 5,4 points de PIB en France alors qu’elles diminuaient de 2,9 points en Allemagne.

En 2014, un risque de dépassement des objectifs de déficits

Le Haut Conseil des finances publiques a considéré que, sans être hors d’atteinte, la prévision de croissance du Gouvernement pour 2014 paraissait désormais élevée, ce qui fait peser un risque sur la prévision de déficit.

Malgré sa révision à la baisse dans le programme de stabilité par rapport à la loi de finances initiale, l’élasticité des prélèvements obligatoires paraît encore trop forte, ce qui fait peser un risque supplémentaire, de 2 à 3 Md€, sur les prévisions de recettes. Il porte principalement sur le produit des impôts sur le revenu des ménages et les bénéfices des sociétés.

Pour le budget de l’État , les risques de dépassement des objectifs de la loi de finances initiale sur le champ de la norme en valeur (de 1 à 3 Md€) sont un peu plus importants que les années précédentes. Ces objectifs ont, de plus, été révisés à la baisse de 1,6 Md€ dans le programme de stabilité et le projet de loi de finances rectificative de juin devrait traduire cette révision. Les annulations, en fin de gestion, de crédits mis en réserve pouvant ne pas suffire pour respecter ce nouvel objectif, la loi de finances rectificative devra annuler des crédits au-delà de ceux qui ont été mis en réserve. Le respect de ce nouvel objectif impliquera en outre une extrême vigilance dans la gestion budgétaire d’ici la fin de l’exercice et ne laisse aucune marge de sécurité pour des dépenses imprévues.

Bien que révisées à la hausse depuis septembre dernier, les prévisions de croissance des dépenses des administrations publiques locales présentent encore un risque de sous-estimation.

Au total, et dans la limite des informations dont dispose la Cour, le déficit public pourrait être proche de 4,0 % du PIB en 2014 (au lieu de 3,6 % prévu en loi de finances initiale et 3,8 % mentionné dans le programme de stabilité), voire légèrement supérieur à ce chiffre si la prévision de croissance économique du Gouvernement ne se réalisait pas. Le déficit structurel pourrait s’élever à 2,5 % du PIB (au lieu de 1,7 et 2,1 %).

Si ce risque se concrétisait, la nouvelle trajectoire des finances publiques pour les années 2015 à 2017 inscrite dans le programme de stabilité de mai 2014 s’en trouverait fragilisée avant même sa première année d’application.

Pour 2015-2017, une réduction des déficits reposant sur une inflexion forte, mais encore très incertaine à ce stade, de la croissance des dépenses

Bien que les objectifs de déficit aient été de nouveau décalés dans le temps, ce qui devra être validé par le Conseil de l’Union européenne et inscrit dans une nouvelle loi de programmation, la nouvelle trajectoire des finances publiques contenue dans le programme de stabilité reste fragile.

Elle intègre les 35 Md€ de baisses de prélèvements obligatoires correspondant au pacte de responsabilité et de solidarité et à la montée en charge du CICE, mais l’augmentation prévue d’autres impôts limite l’effet net des mesures de baisse des prélèvements obligatoires à 14 Md€. Pour être compatible avec la réduction du déficit visée, cette baisse des prélèvements exige un fort ralentissement de la croissance des dépenses.

Les économies nécessaires pour atteindre cet objectif sont estimées par le Gouvernement à 50 Md€ par différence avec la progression tendancielle des dépenses. Celle-ci repose sur des hypothèses conventionnelles peu formalisées et a été implicitement révisée légèrement à la baisse dans le programme de stabilité. S’il est normal que la croissance tendancielle des dépenses soit révisée périodiquement, encore faudrait-il que les conventions et méthodes utilisées pour l’estimer soient rendues publiques.

Les économies annoncées ne sont encore pas toutes documentées précisément et certaines sont particulièrement hypothétiques car devant être réalisées par des administrations publiques dont l’État ne maîtrise pas les dépenses. C’est le cas en particulier des collectivités territoriales où rien ne garantit que la réduction de 11 Md€ des dotations de l’État se

traduira immédiatement et à due concurrence par un ralentissement équivalent de leurs dépenses.

Au-delà des risques pesant sur les objectifs de dépenses du programme de stabilité, des risques non négligeables pèsent sur les prévisions de recettes tenant notamment au scénario macroéconomique retenu. Le Haut Conseil des finances publiques a considéré que, si la prévision de croissance pour 2015 n’était pas hors d’atteinte, le scénario macroéconomique pour 2016 et 2017 était optimiste.

Les déficits effectifs et structurels, ainsi que la dette publique, pourraient donc être plus élevés que ceux inscrits dans le programme de stabilité, notamment en 2015, année caractérisée par un objectif d’économies plus élevé que les années suivantes.

Le processus de consolidation budgétaire entamé tardivement par la France à partir d’une situation dégradée de longue date a produit de premiers résultats : les déficits ont commencé à se réduire, les normes d’évolution des dépenses de l’État et de l’assurance maladie sont mieux respectées. Dans un contexte de croissance économique faible, la réduction du déficit public est toutefois lente à se concrétiser et reste très en-deçà des objectifs visés. À la différence de beaucoup d’autres pays, l’effort a très majoritairement reposé sur une augmentation continue et forte des prélèvements, levier dont l’année 2013 a montré les limites avec l’affaissement constaté du volume des recettes collectées par l’État à législation constante.

La poursuite du rééquilibrage des finances publiques est indispensable vu l’alourdissement ininterrompu de la dette et les menaces qu’il fait peser à terme sur l’indépendance des choix économiques et sociaux du pays. Elle doit prendre la forme d’une réduction significative et durable de la dépense publique rapportée au PIB.

L’effort visé dans le programme de stabilité d’avril 2014 participe de cette orientation. Il n’a rien d’inaccessible : les économies nécessaires chaque année ne représentent que 1,4 % de la dépense publique et la réalisation de l’objectif visé n’empêcherait pas celle-ci de continuer à progresser de 62 Md€ entre 2014 et 2017.

Un effort de cette nature a d’ailleurs pu être réalisé dans un passé récent et dans des proportions souvent plus fortes par nombre de pays comparables, dont l’Allemagne sur la dernière décennie.

Si la modernisation de l’action publique (MAP) a privilégié à son démarrage une approche qualitative et est loin d’avoir à ce jour identifié des économies à la hauteur des enjeux, de nombreux travaux d’évaluation n’en sont pas moins disponibles, tant en matière de dépenses budgétaires stricto sensu que de dépenses fiscales, sur lesquels il est possible de s’appuyer pour fonder les décisions politiques.

Dans trois domaines-clés, la maîtrise de la masse salariale publique, les dépenses d’assurance maladie et celles des collectivités territoriales, le rapport illustre les leviers d’action utilisables pour contenir la dépense et améliorer son efficacité.

Il fournit également, dans la perspective de la prochaine loi de programmation des finances publiques, des pistes visant à renforcer la cohérence et l’efficacité des outils de pilotage d’ensemble de nos finances publiques : renforcement des règles budgétaires, fixation d’un objectif global de dépenses des administrations publiques, décliné dans une « loi de finances des collectivités territoriales » et dans une « loi de financement de la protection sociale obligatoire ».

L’effort de réduction de la dépense publique visé dans le programme de stabilité, pour nouveau et important qu’il soit dans notre pays, peut donc être réalisé. Il impose de reconsidérer chacune des politiques publiques où les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des moyens que la collectivité y consacre, de réexaminer les missions qui se sont accumulées au fil du temps et leur partage entre acteurs, de cibler au plus juste et au plus efficace les dépenses d’intervention et d’impliquer effectivement toutes les administrations publiques, et non seulement l’État, dans l’effort nécessaire.

 

 

Allocution de Didier Migaud,

Premier président de la Cour des comptes

 

Présentation à la presse du rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques 2014 mardi 17 juin 2014

Mesdames, messieurs,

Je vous souhaite la bienvenue à la Cour des comptes ce matin.

Dans son rôle de vigie indépendante en matière de finances publiques, la Cour livre chaque année au mois de juin un rapport qui analyse, de façon à la fois rétrospective et prospective, la situation des finances publiques : celles de l’État bien sûr, de ses opérateurs mais aussi de la protection sociale et des collectivités territoriales ; en somme tout ce qu’on appelle les administrations publiques, dont les dépenses représentaient en 2013 57,4 % du PIB.

Destiné à assister le Parlement dans son débat de juillet sur l’orientation des finances publiques, ce rapport s’adresse également au citoyen. C’est la raison pour laquelle, aux termes de la loi, il est rendu public.

J’ai autour de moi Raoul Briet, président de chambre et président de la formation interchambres qui a préparé ce rapport, Henri Paul, président de chambre et rapporteur général de la Cour, François Ecalle, conseiller maître, rapporteur de synthèse et Christian Charpy, conseiller maître, président de section et contre-rapporteur. De nombreux rapporteurs y ont contribué. Ils ont travaillé, enquêté ainsi qu’entendu les administrations compétentes. Je veux leur exprimer toute ma reconnaissance.

Je présenterai le contenu de ce rapport en développant cinq messages qui s'en dégagent :

Le premier message est qu’un effort d’ampleur a été engagé mais n’a conduit en 2013 qu’à une réduction limitée des déficits, très en-deçà des objectifs visés ;

Le deuxième est que la situation actuelle des finances publiques demeure préoccupante. Les déficits sont toujours importants et la dette continue d'augmenter. Les comptes publics restent plus dégradés que ceux de la moyenne européenne ;

Le troisième message est que l’objectif de déficit pour 2014, déjà révisé à la hausse en mai, risque d'être dépassé. Dans cette hypothèse, la poursuite de la trajectoire des finances publiques pour les années qui viennent s’en trouverait immédiatement fragilisée ;

Le quatrième message est que pour respecter la nouvelle trajectoire fixée, tout en baissant les prélèvements obligatoires, un niveau élevé d’économies sur les dépenses devra être réalisé et tout particulièrement dès 2015. Leur réalisation est très fragile, car l’effort devrait reposer en bonne partie sur des acteurs dont l’État ne maîtrise pas les dépenses. Les hypothèses de recettes sont également optimistes ;

Le cinquième message est qu’un tel effort, ambitieux, n'a pourtant rien d'inaccessible, d'autres pays comparables l'ont fait, et les marges de manœuvre existent pour réduire le poids des dépenses publiques. La Cour l’illustre concrètement par des exemples concernant les dépenses d’assurance maladie, des collectivités territoriales et de masse salariale.

Je reviens sur le premier message : un effort d’ampleur a été engagé mais n’a conduit en 2013 qu’à une réduction encore limitée des déficits, et se situant très en-deçà des objectifs visés.

Les mesures prises depuis 2011 pour redresser les comptes publics ont produit des premiers résultats tangibles. De 7,5 % du PIB en 2009, le déficit public s’est en effet réduit pour atteindre 4,3 % en 2013.

Malgré une croissance quasi nulle et avec une inflation faible, l'année 2013 a permis une réduction de 0,6 point de PIB du déficit, après 0,3 point en 2012. Le déficit structurel, calculé indépendamment de la conjoncture, s’est lui aussi réduit en 2013, passant de 4,2 à 3,1 points de PIB. Ces résultats sont réels mais décevants au regard de l’ampleur des mesures prises pour redresser les comptes publics, qu’il s’agisse de hausse des recettes ou de maîtrise des dépenses. Ces mesures ont représenté 1,5 point de PIB d’effort structurel, soit un niveau plus important que les années passées et sans précédent depuis au moins 1998.

Certes, la croissance des dépenses publiques a été ralentie : elles ont augmenté de 1,3 % en plus de l’inflation. Ce rythme était en moyenne de 1,4 % entre 2009 et 2013 et de 2,3 % entre 2000 et 2008. Les normes d’évolution des dépenses, qui concernent le budget de l’État et l’assurance maladie, fixées à des niveaux plus exigeants qu’auparavant, ont été respectées. Le faible niveau de l’inflation et la baisse de la charge d’intérêts de la dette ont facilité une évolution modérée des dépenses. Au total, l’effort en dépense n’a apporté qu’une contribution limitée au redressement des comptes, à savoir 0,1 point de PIB.

La quasi-totalité de la réduction du déficit a résulté d’un effort en recettes, de 1,4 point de PIB. Si les mesures nouvelles, qui servent à mesurer celui-ci, ont presque eu le rendement espéré, en revanche, les recettes publiques, à législation constante, n’ont augmenté que de 0,2 %, soit un rythme bien plus lent que le PIB, qui a augmenté de 1,1 % en euros courants. Les moins-values constatées sur l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés soulèvent, une nouvelle fois, la question de la qualité voire de la sincérité des prévisions de recettes fiscales, comme l’a relevé le rapport de la Cour du mois dernier sur le budget de l’État en 2013.

À la différence de beaucoup d'autres pays, l'effort réalisé depuis 2011 a très majoritairement reposé sur une augmentation continue et forte des prélèvements obligatoires. Ces hausses ont représenté 18 Md€ en 2011, puis 22 Md€ en 2012 et 29 Md€ en 2013. La multiplication des mesures nouvelles a entraîné une incertitude croissante sur le rendement de l'impôt. L'année 2013 illustre les limites d'une stratégie concentrée trop exclusivement sur l'augmentation des recettes, avec un affaiblissement sensible et demeurant, en partie mal expliqué, du volume des impôts collectés par l'État à législation constante, notamment les impôts sur le revenu et sur les sociétés en 2013, après la TVA en 2012.

Le secteur public local n’a pas apporté la contribution attendue au redressement des comptes publics. Le déficit des collectivités territoriales, dans leur ensemble, a augmenté, passant de 3,7 Md€ en 2012 à 9,2 Md€ en 2013. La progression des dépenses de fonctionnement se situe encore à un niveau soutenu, de 2,8 %. Le déficit de la sécurité sociale ne se réduit quasiment plus depuis 2011, compte tenu du faible dynamisme des recettes. Alors que les comptes des branches retraite et accidents du travail du régime général se redressent, les déficits de l’assurance maladie et de la branche famille se sont creusés.

Ainsi, en raison de l’atonie des recettes, à législation constante, la réduction du déficit en 2013 a été sensiblement plus lente que prévu.

J’en viens maintenant au deuxième message, la situation actuelle des finances publiques demeure préoccupante.

La Cour veut convaincre chacun que le redressement des comptes publics, qui est une priorité pour les pouvoirs publics, constitue un enjeu essentiel et urgent pour notre pays. La France a toléré, depuis près de quatre décennies, la répétition chaque année d'un déficit de ses comptes publics. Elle est entrée dans la crise chargée d'une dette déjà lourde. Malgré les efforts déjà réalisés, le déficit s'établit à un niveau encore bien supérieur à celui qui permettrait de stabiliser la dette rapportée à la richesse nationale, à savoir 1 % en 2013. Ainsi, la dette a progressé en 2013 de 84 Md€, ce qui représente 1 300 € supplémentaire par Français en une année. Le fait que la dette ne soit toujours pas stabilisée rend, aux yeux de la Cour, la situation des finances publiques toujours préoccupante. La dette publique a atteint 1 925 Md€, soit 94,1 % du PIB. Près d'un mois de dépenses publiques est financé par l'emprunt.

La faiblesse des taux d'intérêts, qui s'est encore accentuée en 2013, contribue à nous rendre insensibles à ce poison lent qu’est la dette, puisqu’alors même qu’elle progresse, son coût immédiat se réduit. La charge d'intérêts est passée de 52,2 Md€ à 46,7 Md€. Le retour de la croissance s'accompagnera tôt ou tard d'une remontée des taux d'intérêts. Notre pays doit donc se préparer à payer à l'avenir un prix nettement plus élevé pour le service de la dette, alors même qu'au niveau actuel, il absorbe déjà l'équivalent des dépenses de l'enseignement scolaire. Rompre la spirale de l’endettement est indispensable pour redonner au pays les marges de manœuvre nécessaires pour stimuler la croissance et améliorer sa compétitivité.

S’y ajoute le constat que la dette, dans sa quasi totalité, a servi à financer des dépenses courantes. Cela pose un problème d’équité entre les générations, car ces dépenses n’auront pas servi à préparer l’avenir.

Ces raisons sont à elles seules suffisantes. S’y ajoutent d’autres arguments, notamment la nécessité de respecter les engagements pris par la France vis-à-vis de ses partenaires européens, le recul de sa situation par rapport à ses voisins européens, en un mot la nécessité de mieux asseoir la crédibilité de notre signature.

En effet, la France ne se situe plus sur la trajectoire qu’elle s’est fixée elle-même par la loi de programmation des finances publiques, adoptée il y a seulement un an et demi, fin 2012. Cette trajectoire constitue toujours la référence au regard du droit national et des obligations résultant du traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance. Elle prévoyait un déficit public réduit à 3 % en 2013. L'écart est donc de 1,3 point en termes de déficit effectif et de 1,5 point en termes de déficit structurel, c’est à dire mesuré hors effets de la conjoncture économique. Une telle situation a conduit le Haut Conseil des finances publiques à constater un écart important rendant nécessaire un mécanisme de correction, ainsi que le prévoit la loi organique du 17 décembre 2012 relative à programmation et à la gouvernance des finances publiques.

 

 

Il faut constater que la situation des finances publiques, bien qu’en voie d’amélioration, demeure plus dégradée que dans les autres pays européens. Le déficit public, de 4,3 % du PIB en 2013, est supérieur à la moyenne de l’Union européenne (3,3 %), et à celle de la zone euro (3 %). Avec un niveau de croissance légèrement supérieur à la moyenne de la zone euro, la France a réduit son déficit dans des proportions semblables à ses partenaires. La dette publique y a augmenté un peu plus vite que la moyenne. Pour la première fois, le niveau de dette français se situe au-dessus des deux moyennes de l'Union européenne et de la zone euro. Bien que ralenti, le rythme de croissance des dépenses publiques en France a été encore sensiblement plus rapide que chez ses voisins en 2013.

La lenteur du rééquilibrage ne doit pas faire douter de son bien-fondé ni de son absolue nécessité. On n'efface pas les conséquences de quarante années de gestion déséquilibrée des finances publiques en quatre années et au lendemain de la crise économique la plus grave qu’ait connue notre pays depuis l’entre-deux guerres. Un effort de cette nature doit donc être poursuivi dans la durée.

Le troisième message concerne les risques entourant la réalisation des objectifs pour l'année en cours. Fixé à 3,6 %, l'objectif de déficit public a été révisé à la hausse à 3,8 % à l'occasion du programme de stabilité de mai. La Cour a examiné les risques pesant sur la réalisation des nouvelles prévisions contenues dans ce programme et reprises dans les projets de lois financières rectificatives, qui vont être prochainement discutés par le Parlement.

La Cour a identifié des risques importants de moindres recettes. Des moins-values possibles peuvent être associées à une surestimation de l'élasticité des recettes publiques, c'est à dire de la manière dont elles réagissent à la croissance du PIB. Déjà, l'importante surestimation de cette hypothèse en 2013, qui constitue un défaut récurrent dans la construction des budgets, a entraîné 8 Md€ de moindres recettes pour l’ensemble des administrations publiques. Pour 2014, la Cour estime à 2 à 3 Md€ au total les risques liés à ces hypothèses d'élasticité et, à un degré moindre, ceux tenant au chiffrage des mesures nouvelles. Il existe aussi un risque tenant à une fragilisation de la prévision de croissance de 1 % sur laquelle repose les prévisions de recettes, compte tenu des informations les plus récentes. Le Haut Conseil des finances publiques, dans son avis du 5 juin, a estimé que cette prévision, sans être hors d'atteinte, apparaît désormais élevée.

La Cour a effectué une analyse rétrospective sur l'origine des écarts entre prévision et réalisation dans les lois de finances de la dernière décennie. Alors que les écarts provenant de dépenses plus importantes que prévu se sont réduits, ceux concernant les prévisions de recettes se sont accrus. La croissance spontanée des recettes a été en moyenne surestimée de 4 Md€ par an, particulièrement au cours des années de plus faible croissance. La Cour appelle donc à un renforcement des outils de prévision des recettes et à une plus grande transparence dans la présentation des hypothèses retenues et des écarts constatés entre prévisions et réalisations.

S'agissant des dépenses en 2014, la Cour a examiné en détail la situation budgétaire de l'État à mi-année. Elle a constaté que les risques de dépassement des crédits étaient un peu plus importants que les années précédentes. Ils concernent par exemple le ministère de la défense et celui de l’agriculture. Mais la Cour estime que les objectifs de dépenses pourraient être atteints, notamment grâce à l’annulation de crédits mis en réserve.

Les objectifs de dépenses de sécurité sociale devraient également être tenus. Les prévisions concernant l'assurance chômage risquent en revanche d'être dépassées. Surtout, les dépenses des collectivités territoriales, même révisées à la hausse, paraissent encore sous- estimées. Au total, le déficit des administrations publiques pourrait dépasser l'objectif de déficit de 3,8 % et être proche de 4 %, voire légèrement supérieur si la prévision de croissance du Gouvernement ne se réalisait pas. Dans ce cas, le respect de la trajectoire des finances publiques pour les années 2015 à 2017 s’en trouverait immédiatement fragilisé.

Le quatrième message concerne les perspectives des finances publiques pour les années à venir. Une nouvelle trajectoire a été fixée, dans laquelle le retour à l'équilibre structurel des comptes publics est reporté à 2017 au lieu de 2016. Elle prévoit que le seuil des 3 % de déficit public soit atteint en 2015, année où le niveau de dette rapporté à la richesse nationale serait stabilisé avant de baisser. Cette nouvelle trajectoire, qui devrait être formalisée par le vote d’une nouvelle loi de programmation des finances publiques, intègre les baisses de prélèvements obligatoires annoncées en faveur de la compétitivité des entreprises et du pouvoir d'achat des ménages. La Cour a estimé à 14 Md€ leur coût net. En effet, la montée en charge du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ainsi que les mesures du pacte de responsabilité et de solidarité représentent un allégement de 35 Md€. Mais le programme de stabilité prévoit parallèlement une augmentation d'autres prélèvements, pour 21 Md€. Ainsi, les prélèvements obligatoires devraient baisser de 14 Md€ d'ici 2017, l'essentiel de cette baisse intervenant en 2015 et en 2016.

Pour tenir les objectifs de réduction des déficits, tout en finançant ces baisses d'impôts, l’évolution des dépenses publiques devra être davantage ralentie. La trajectoire initiale prévoyait une hausse de 70 Md€ entre 2015 et 2017. Elle serait désormais limitée à 62 Md€. Ce chiffre montre que l'effort prévu n'implique pas une réduction en valeur absolue des dépenses, mais un ralentissement sensible de leur rythme d'accroissement. Il ne faut cependant pas minimiser l'effort que cet objectif représente, car il suppose de limiter la croissance annuelle moyenne des dépenses publiques à 0,1 % en plus de l'inflation, alors que ce taux était chaque année en moyenne de 2,3 % entre 2000 et 2008 et de 1,4 % entre 2009 et 2012.

Il est d'usage d'évoquer des niveaux « d'économies » à réaliser, que le Gouvernement chiffre à 50 Md€ sur 3 ans. Ce chiffrage repose sur une comparaison avec une tendance d'accroissement des dépenses publiques à politique constante. La fixation de cette tendance relève de conventions diverses et fragiles, notamment la prolongation de tendances historiques sur une période de référence. Si le Gouvernement a pu maintenir le chiffre de 50 Md€ d'économies avant et après prise en compte des nouvelles baisses de prélèvements obligatoires décidées, cela signifie qu’il a révisé à la baisse, implicitement, son hypothèse de croissance spontanée des dépenses, qui passe de 1,6 % à 1,5 % en plus de l'inflation. Sans cette révision conventionnelle, le montant d'économies aurait représenté 58 Md€. Si de telles révisions ne sont pas illégitimes dans leur principe, pour tenir compte du ralentissement que l'on peut constater depuis le début des années 2000, les conventions et méthodes utilisées devraient être explicitées et rendues publiques.

La Cour a examiné le contenu du programme de 50 Md€ d'économies annoncées. Elle relève qu'une partie de celles-ci, représentant une vingtaine de milliards d'euros, correspond à des orientations déjà décidées, par exemple la poursuite du gel des traitements de base des fonctionnaires, ou constitue la prolongation d'efforts déjà réalisés, s'agissant par exemple des dépenses de santé. La réalisation des 30 Md€ restant est encore incertaine car peu documentée.

Les économies identifiées dans le cadre de la Modernisation de l'action publique, de l'ordre de 5 à 7 Md€, ne sont pas à la hauteur de l'enjeu. Celle-ci n’a été en effet que tardivement orientée vers la recherche d'économies.

Surtout, près de 15 Md€ d'économies prévues reposent sur des administrations dont l'État ne maîtrise pas les dépenses : les régimes complémentaires de retraite, pour 2 Md€, l'assurance chômage, pour 1,5 Md€ et les collectivités territoriales pour 11 Md€. Le Gouvernement anticipe un ralentissement marqué des dépenses de ces dernières sous l'effet du gel des dotations de l'État et d’un moindre effort d'investissement. Plus précisément, il anticipe qu'un euro de dotations en moins entraînera aussitôt un euro de moindres dépenses. Or rien n'empêche des collectivités territoriales de relever la fiscalité locale ou de recourir à l'endettement pour accroître le niveau de leurs dépenses. L'expérience de 2013 ne peut, à cet égard, qu’attirer l’attention. Alors que les communes subissaient le gel des dotations de l'État, leurs dépenses de fonctionnement se sont accrues et leur déficit a progressé. En particulier, les dépenses de personnel ont progressé de 2,6 % dans les communes et de 7,2 % dans les intercommunalités.

La demande d’un effort accru au secteur local devrait prendre en compte le fait que la situation des différents niveaux de collectivités est de plus en plus différenciée, les départements se situant en moyenne dans une situation plus contrainte que les communes. Au sein de chaque catégorie, les situations sont elles-mêmes hétérogènes, ce qui devrait appeler une modification des mécanismes de partage des recettes entre collectivités.

Le choix d'un partage équilibré des efforts entre toutes les administrations publiques répond à une préconisation de la Cour. Mais pour assurer la réalisation de la trajectoire, un tel choix devrait se traduire simultanément par un renforcement des outils de programmation et de suivi des finances publiques. Les normes de dépenses concernant l'État et ses opérateurs pourraient être élargies. Les lois de finances et de financement votées par le Parlement ne concernent actuellement que l'État et la sécurité sociale. Leur champ pourrait être étendu à l'ensemble des régimes de protection sociale obligatoire, incluant les régimes d'assurance chômage et de retraite complémentaire. Des lois de finances locales pourraient aussi être instaurées. Elles fixeraient des objectifs d'évolution des dépenses et des recettes et prévoiraient les mesures permettant de les atteindre. L’effort demandé aux collectivités, dans le respect de leur libre administration, encadrée par les lois, serait précisé, avec des mécanismes de suivi en cours d’exécution. De son côté, l’État devrait clarifier ses engagements s’agissant de celles de ses décisions qui peuvent avoir un impact important sur les finances locales, notamment celles relevant de la politique salariale des fonctionnaires ou de l’édiction de normes diverses.

Le dépassement des objectifs de dépenses représente aujourd’hui le principal risque de déviation de la trajectoire. Mais la Cour identifie également un risque sensible sur le niveau de recettes pour les prochaines années. Le scénario macroéconomique retenu est fragile, particulièrement en matière de progression de la masse salariale et de reprise de l'emploi. Si le Haut Conseil des finances publiques n'a pas jugé hors d'atteinte la prévision de croissance pour 2015, de 1,7 %, il a estimé néanmoins qu'elle reposait sur une conjonction d'hypothèses favorables. Il considère que les prévisions de croissance pour 2016 et 2017 sont optimistes.

J'en viens au dernier message : pour ambitieux qu'il soit, l'objectif de maîtrise des dépenses est réalisable, d'autres pays comparables l'ont fait, et les marges de manœuvre existent.

De nombreux pays sont parvenus à infléchir sensiblement la progression de leurs dépenses. Au Pays-Bas, entre 1995 et 1999, la dépense publique a été réduite de 10,3 % dans le PIB. La Cour prend l'exemple de l'Allemagne, qui est parvenue à assurer le retour à l'équilibre structurel de ses comptes en agissant principalement sur ses dépenses.

Alors que le taux de dépenses publiques progressait de 5,4 points de PIB en France entre 2001 et 2013, il se réduisait de 2,9 points en Allemagne. Les deux pays avaient et ont toujours une répartition comparable de leurs dépenses par politiques publiques. Mais la France dépense davantage pour la quasi totalité des postes. L'évolution du poids des prestations sociales et des dépenses de fonctionnement explique l'essentiel de la divergence de trajectoire entre la France et l'Allemagne.

Un niveau de dépenses publiques élevé ne trouve toute sa justification que si ces dépenses sont financées dans la durée et si leur efficacité et leur efficience sont garanties.

Or, il existe incontestablement d’importantes marges de progrès pour améliorer la performance des politiques publiques et des organismes publics, sans remettre en cause la qualité du service rendu ni remettre en cause les principes du modèle social français. Les résultats atteints par nombre de politiques publiques ne sont pas à la hauteur des moyens investis. Faire aussi bien, voire mieux, est possible, en dépensant moins. C’est d’autant plus nécessaire que des marges de manœuvre manquent à notre pays pour investir dans les projets d’avenir et redresser sa compétitivité.

La recherche d’économies doit être comprise et utilisée comme une opportunité pour initier des réformes plus profondes, touchant à l’adaptation et à la modernisation des politiques publiques. En 2013, la Cour a livré une panoplie de leviers possibles pour réaliser des économies.

Cette année, elle consacre des développements détaillés à trois champs de dépenses particulièrement concernés par les économies à venir. Pour chacun d’eux, les objectifs affichés sont réalisables, mais supposent des arbitrages clairs et des décisions explicites.

Je commencerai par la maîtrise de la masse salariale publique, qui est incontournable pour permettre un freinage des dépenses publiques dans leur ensemble, puisqu’elle représente 23,2 % de celles-ci. Le programme de stabilité prévoit un ralentissement très sensible de la masse salariale, qui devrait croître à un rythme désormais inférieur à l’inflation. Pour l’État, à effectifs constants, les mesures utilisées dans la période récente – gel du traitement de base, baisse des mesures catégorielles ne suffiront pas à atteindre les objectifs. Si l’on souhaite conserver une fonction publique attractive, il convient de préserver quelques marges de manœuvres salariales. Aussi convient-il d’envisager le recours au levier que constitue la baisse des effectifs des administrations publiques, porteuse d’économies importantes et durables. Une hausse du temps de travail effectif des fonctionnaires, qui se situe parfois en-deçà de la durée légale, pourrait rendre possible cette baisse des effectifs sans réduire la quantité et la qualité des services publics. A cet égard, il serait particulièrement utile d’établir un état des lieux de la durée effective de travail dans les trois fonctions publiques.

L’État a déjà consenti beaucoup plus d’efforts que les autres administrations publiques pour maîtriser sa masse salariale. Depuis 2009, les effectifs des collectivités territoriales ont augmenté de 1,3 % par an en moyenne, alors qu’aucun transfert de compétence n’est intervenu sur cette période. A l’hôpital, la tendance est comparable. Dès lors, ces administrations devraient apporter une contribution sensiblement accrue à la maîtrise de la masse salariale publique. Cela pourrait passer par une forte inflexion des recrutements dans les collectivités territoriales et par des réorganisations hospitalières.

Le deuxième domaine qu’évoque le rapport concerne le secteur des collectivités territoriales. Une grande partie des économies attendues du secteur local peuvent être trouvées dans les dépenses de fonctionnement des communes et des intercommunalités, dans les dépenses d’intervention des régions et dans une plus grande sélectivité des investissements locaux. 

Le dernier domaine évoqué est celui de l’assurance maladie, où réside encore la principale source de déficit de la sécurité sociale. Le retour à l’équilibre de celle-ci passe par une mobilisation résolue des très importants gisements d’économies que recèle notre système de soins, sans pour autant réduire sa qualité ni l’accès de tous à celui-ci. La Cour, année après année, livre des exemples variés de réformes permettant de rendre plus efficace la dépense de santé. Ainsi, le développement de la chirurgie ambulatoire, c’est à dire pour laquelle l’intervention est réalisée sans nuit passée à l’hôpital, très en retard dans notre pays, peut entraîner des économies allant jusqu’à 5 Md€. Plusieurs milliards d’euros peuvent encore être trouvés dans la politique du médicament, s’agissant de baisses de prix ou d’un développement nettement accru des médicaments génériques, comme dans des pays voisins. Certains postes de dépenses peuvent être bien mieux maîtrisés, notamment le transport des patients, les analyses médicales, les indemnités journalières en cas d’arrêt maladie ou les dépenses de gestion des caisses d’assurance maladie.

***

La Cour des comptes est une juridiction indépendante. À ce titre, elle est une composante de notre démocratie. Elle essaie de contribuer à une démocratie mature : c’est-à-dire une démocratie qui ne décide pas sans savoir et qui évalue les conséquences de ses choix.

La Cour a pour rôle d’assister le Parlement et le Gouvernement dans l’évaluation des politiques publiques, et d’informer le citoyen. C’est pourquoi elle est tenue à un devoir de vérité. Face à la gravité de la situation, nous ne pouvons pas fermer les yeux.

On ne reproche pas à la lampe d’éclairer la pièce, même si elle révèle que la pièce est en désordre. Les constats, les diagnostics sont là. Nos concitoyens savent que la situation appelle des décisions difficiles et courageuses de la part des responsables politiques. Derrière chaque dépense publique, il y a un bénéficiaire ou un intérêt particulier. Mais leur addition ne fait pas l’intérêt général. La maîtrise de son destin par la France passe par sa capacité à restaurer ses marges de manœuvre, grâce au désendettement et à la réduction des déficits.

Tout en restant à sa place, qui n’est pas celle du décideur, la Cour des comptes s’efforce, année après année, rapport après rapport, d’ouvrir des pistes, de montrer qu’il y a des solutions. J’espère que ce rapport aura tout à la fois mis en évidence le caractère préoccupant de la situation de notre pays en matière de finances publiques, et montré qu’il était possible d’y remédier.

Je vous remercie de votre attention.

 

 

 

 

 

 

Rappelez-vous les libéraux le disent depuis 2006...

Rappelez-vous les libéraux le disent depuis 2006...

2013 : une réduction du déficit moins forte que prévu

Le déficit public (4,3 % du PIB) a été réduit de manière moins importante que prévu. L’évolution modérée des dépenses publiques n’a pas compensé la faiblesse des recettes, hors mesures nouvelles. Malgré un effort structurel considérable (1,5 point de PIB), le déficit structurel (3,1 % du PIB) reste loin de la trajectoire de la loi de programmation (1,6 % du PIB prévu en 2013).
Si le déficit de l’État a diminué de près de 13 Md€, celui des administrations de sécurité sociale ne se réduit quasiment plus depuis 2011 et celui des administrations publiques locales s’est creusé, à 0,4 % du PIB.

 

Des comptes publics qui restent plus dégradés que ceux de la moyenne de l’Union européenne

En dépit d’une croissance économique en moyenne plus élevée, la France n’a pas amélioré la situation relative de ses déficits publics. Sa dette publique, qui a augmenté plus que la moyenne européenne, se situe désormais au-dessus de celle-ci. Les dépenses publiques ont crû en France en 2013, alors qu’elles ont baissé dans le reste de l’Europe, et la progression des recettes y a été plus forte qu’ailleurs.
L’écart entre la France et l’Allemagne en termes de poids des dépenses publiques s’est accru entre 2001 et 2013 : la part des dépenses publiques dans le PIB a progressé de 5,4 points, alors qu’elle a baissé de 2,9 points en Allemagne. Cet écart tient pour l’essentiel aux évolutions des prestations sociales et des dépenses de fonctionnement des administrations publiques.

 

2014 : des risques de dépassement de l’objectif de déficit

La prévision de croissance de 1 % du PIB en 2014 retenue par le programme de stabilité a été jugée élevée, sans être considérée hors d’atteinte, par le Haut Conseil des finances publiques.
Compte tenu des pertes de recettes enregistrées en 2013, le programme de stabilité prévoit, pour 2014, un rendement des prélèvements obligatoires inférieur de 10 Md€ à la prévision de septembre dernier. Malgré cette correction, la Cour identifie encore un risque à la baisse, de 2 à 3 Md€, lié à la prévision d’élasticité des prélèvements obligatoires.
Même s’ils ne laissent aucune marge de sécurité, les nouveaux objectifs de dépenses de l’État devraient être atteints, de même que ceux des administrations de sécurité sociale (hormis ceux de l’Unédic). En revanche, malgré leur révisionà la hausse, les prévisions de croissance des dépenses des administrations publiques locales paraissent encore sous-estimées, masse salariale et prestations sociales notamment.
Le déficit des administrations publiques pourrait donc être proche de 4,0 % du PIB en 2014, voire légèrement supérieur si la prévision de croissance du Gouvernement ne se réalise pas.
Enfin, même si les objectifs de déficit du programme de stabilité sont atteints, la dette publique dépassera 2 000 Md€ à la fin de 2014.

 

Des perspectives pour 2015 à 2017 très fragiles

Le retour à l’équilibre structurel des comptes publics, prévu en 2016 dans la loi de programmation, est reporté à 2017 dans le programme de stabilité 2015-2017. Ce programme intègre désormais le pacte de responsabilité et de solidarité et la montée en charge du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Compte tenu par ailleurs de la hausse programmée de certaines taxes, les prélèvements obligatoires devraient ainsi baisser de 14 Md€. Cette baisse nette ne s'élevant qu'à 6 Md€ dans les prévisions de finances publiques associées à la loi de finances initiale pour 2014, le complément a été compensé par une diminution de 8 Md€ des dépenses publiques prévues à l'horizon de 2017, afin d’atteindre le même objectif de déficit. Comme le montant des économies de dépenses prévues (50 Md€) n’est pas augmenté, le Gouvernement a donc implicitement révisé à la baisse son estimation de la croissance tendancielle des dépenses.
Si une partie des 50 Md€ d’économies est acquise ou suppose le prolongement d’efforts déjà engagés, 30 Md€ d’économies sont encore peu documentées, voire pour certaines d’entre elles incertaines car elles devront être réalisées par des administrations publiques dont l’État ne maîtrise pas les dépenses : régimes complémentaires d’assurance vieillesse, Unédic et, surtout, collectivités territoriales à hauteur de 11 Md€. Ces dernières peuvent en effet compenser en partie la baisse des dotations que leur verse l’Etat par une hausse des taux des impôts locaux ou un accroissement de leur endettement.
Les objectifs d’économies pour l’année 2015 sont très ambitieux. Or les économies identifiées dans le cadre de la modernisation de l’action publique ne sont pas à la hauteur de cet enjeu : seuls 5 à 7 Md€ d’économies sont annoncés, sans que des mesures documentées et un calendrier précis soient présentés.
Les incertitudes qui s’attachent à la réalisation des économies prévues en dépenses, ajoutées aux risques pesant sur les prévisions de recettes, rendent très fragile la trajectoire des finances publiques 2015-2017, plus particulièrement pour l’année 2015.

 

Des mesures structurelles d’économies à engager

Le programme de stabilité prévoit 18 Md€ d’économies pour l’État et ses opérateurs, 11 Md€ pour les collectivités locales et 10 Md€ pour l’assurance maladie. La Cour a choisi d’éclairer les réformes susceptibles d’infléchir durablement les dépenses relatives à la masse salariale publique, aux dépenses des collectivités locales et à l’assurance-maladie.

La masse salariale représente 23 % des dépenses publiques. Si la politique mise en œuvre à partir de 2013 (stabilité globale des effectifs, poursuite du gel du point d’indice et réduction de l’enveloppe des mesures catégorielles) est maintenue, la masse salariale de l’État augmentera d’environ 750 M€ par an, soit trois fois plus que l’objectif du budget triennal 2013-2015. De leur côté, les dépenses de personnel des administrations publiques locales et de sécurité sociale ont augmenté respectivement de 2,8 % et 1,2 % par an en volume au cours des dix dernières années (contre une baisse annuelle de 0,1 % pour les administrations centrales).
Les mesures utilisées dans la période récente risquent donc d’être insuffisantes et le recours à des leviers complémentaires doit être envisagé. Ils pourraient concerner notamment les rémunérations accessoires et régimes indemnitaires, les effectifs et la durée effective du travail, pour laquelle un bilan d’ensemble devrait être réalisé pour les trois fonctions publiques.
Les charges de fonctionnement des collectivités locales augmentent tendanciellement de près de 3 % par an. La hausse des dépenses de personnel pourrait être freinée par le ralentissement des recrutements ainsi qu’une révision des règles de gestion relatives aux avancements, à la durée du travail et aux régimes indemnitaires. Des économies sont possibles sur les achats de biens et services au moyen d’une politique d’achats plus efficiente et mieux coordonnée entre communes et intercommunalités. Les régions peuvent également réaliser des économies sur l’offre de transports régionaux de voyageurs et leur politique tarifaire.

Il apparaît enfin indispensable de mobiliser les gisements d’économies considérables que recèle le système de santé, ce qui est possible sans compromettre la qualité et l’égalité d’accès aux soins.
Les établissements de santé représentent 44 % des dépenses de l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie. L’accélération du développement de la chirurgie ambulatoire y représente un enjeu majeur, permettant à terme de l’ordre de 5 Md€ d’économies.
La consommation française de médicaments, bien qu’elle ait nettement ralenti, est encore de 22 % supérieure en volume à celle observée par les pays voisins. Si la part de marché des médicaments génériques en volume était du même ordre qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni, l’assurance maladie pourrait économiser de 2 à 5 Md€.
Sur les dépenses d’analyses médicales ou de transports sanitaires, la Cour a également mis en évidence un potentiel très important d’économies.

 

Des outils de programmation des finances publiques à renforcer

La Cour constate de fréquents écarts entre prévisions et réalisation. Ainsi, en moyenne, pour les lois de finances des années 2003 à 2013 (hors 2009), la croissance spontanée des prélèvements obligatoires a été surestimée de 4 Md€ par an et l'augmentation des dépenses publiques en valeur sous-estimée de 5 Md€.
Afin d’améliorer le respect des prévisions, certaines règles pourraient être adaptées pour être plus efficaces. Ainsi, les lois de programmation devraient comporter un objectif d’évolution en valeur des dépenses de l’ensemble des administrations publiques, décliné en objectifs par sous-catégories d’administrations. S’agissant de l’État, la loi de programmation pourrait également établir une règle encadrant l’évolution des crédits d’impôts, comme c’est le cas pour les dépenses budgétaires, et un objectif d’évolution du coût des autres dépenses fiscales.
Enfin, une loi de financement de la sécurité sociale dont le champ serait élargi à l’ensemble de la protection sociale obligatoire et une « loi de finances des collectivités territoriales » constitueraient des outils d’autant plus nécessaires que l’effort d’économies visé porte, pour une part importante, sur des administrations publiques non couvertes par une loi financière.

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Par Kuing Yamang

Par Kuing Yamang

En Hollandie vive le changement !! Rapport et discours de la CC sur la dette publique
En Hollandie vive le changement !! Rapport et discours de la CC sur la dette publique

CGT= 93M€/an (CE de la SNCF), détournements, corruptions....Gouvernementissimo en Hollandie, quel changement !!!

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Détournements de subventions, abus de confiance, favoritisme, fausses factures, opacité : bienvenue dans le monde merveilleux du comité d’entreprise des cheminots.

La SNCF est noyautée par la CGT

A la SNCF, la CGT se porte bien, merci pour elle. Doté d’une subvention de 93 millions d’euros par an (pour 155 000 salariés), le comité d’entreprise de l’établissement public ne connaît pas la crise. Cette manne est versée par la SNCF à ses 27 comités d’établissements (CE), qui restituent 33% de cette dotation au tout-puissant Comité central d’entreprise (CCE). Les comités d’établissement correspondent aux régions SNCF et à ses directions centrales. Sur ces 27 CE, 25 sont dirigés par la CGT ! L’expression « place forte » ou « bastion imprenable » pour exprimer l’emprise du syndicat sur la SNCF n’est en rien exagérée… Les comités sont gérés dans la plus grande opacité par la CGT, qui n’oublie pas de s’arroser copieusement au passage. Et, quand un individu un peu trop regardant entend tirer au clair certaines affaires, on lui réplique que « ce n’est pas le moment de parler de ça » ou on le sermonne sur le mode « camarade, ce sont des enjeux qui te dépassent. »

Détournements de fonds : des millions d’euros disparaissent

Il y a eu Strasbourg, et la mystérieuse disparition d’une somme rondelette (1,3 millions d’euros pour un budget d’environ 3 millions d’euros) du comité d’établissement régional (CER), chaque année pendant au moins dix ans. C’est le secrétaire du CE qui a révélé ce système de détournement de fonds échafaudé à l’échelle locale. Fin septembre 2012, deux personnes ont été mises en examen et placées en détention provisoire pour détournement de fonds. Le parquet de Strasbourg a ouvert une information judiciaire.

Et il y a eu Lyon : huit syndicats du comité d’entreprise régional de la SNCF (la CGT, UNSA, Sud-Rail, CFTC, CFDT, FO, FGAAC, CFE-CGC) pris en flagrant délit de détournement de la subvention de fonctionnement allouée à leur comité d’entreprise. Ils ont été poursuivis pour abus de confiance et faux et usage de faux. Près de 340 000 euros auraient été détournés, dont la plus grosse part au profit de la CGT, majoritaire au CE, via des fausses factures.

Reprenons l’histoire : depuis 1994, les huit syndicats du comité d’établissement de la région de Lyon passent un accord secret. L’objectif ? Se partager un pactole équivalent aux deux tiers du budget de fonctionnement, calculé au prorata du nombre de représentants syndicaux au sein du CER. Sur les 4 millions d’euros récoltés chaque année par le comité d’établissement lyonnais, 3,2 millions d’euros sont consacrés aux activités sociales pour les salariés, et 500 000 euros au fonctionnement du CE. Ce montant est défini par la loi. Ce sont les deux tiers de ce budget de fonctionnement que les syndicats, sous l’autorité de la CGT, se partagent. Avec ses cinq élus, la CGT s’arroge 100 000 euros, l’UNSA touche 90 000 euros pour ses quatre élus, Sud-Rail et la CFDT perçoivent 50 000 euros pour leurs deux représentants… Toutes ces sommes sont «maquillées» en fausses factures : formations, achats d’ordinateurs, de fournitures de bureau. Les représentants syndicaux sont tous au courant de cet accord, comme ils le reconnaîtront plus tard. Un élu CFDT confirmera même que le secrétaire CGT du CER Lyon veillait au grain sur les modalités de répartition de la somme ! L’affaire prend de l’ampleur, elle est jugée, mais personne n’est condamné car les accusés sont des personnes morales. Mais le pire est ailleurs ! L’accord illicite incriminé n’est jamais cassé, et continue d’être appliqué…

En effet, deux ans après le jugement, deux anciens membres du CE avoueront que «cet accord n’a jamais été remis en cause. Nous n’avons pas changé une virgule»… Personne n’y trouve rien à redire ! Et d’ajouter : «La répartition se fait dans les mêmes conditions. (…) Ce n’est pas un accord écrit, mais décrété par la CGT (…) Nos avocats nous ont conseillé de le poursuivre. L’interrompre brutalement aurait été considéré comme un aveu de culpabilité.» La commission d’enquête parlementaire de 2011 sur le financement des syndicats révèle dans son rapport caché que Bernard Thibault, alors à la tête du syndicat, ne pouvait ignorer « l’affaire de Lyon ». Thibault est lui-même cheminot ( son salaire – 2 300 euros nets, versés par la SNCF ! – lui est dû au titre de son statut de «dégagé syndicalement d’une entreprise publique», et la CGT prend en charge sa voiture de fonction, une Citroën C6 !). Son épouse, elle, travaille au CCE de la SNCF. On pourrait croire au hasard, si Mme Thibault n’avait pas témoigné pour favoriser le licenciement d’un contrôleur de gestion qui dénonçait ces pratiques ! On pourrait aussi croire à une coïncidence si l’on ignorait que l’un des fils de Bernard Thibault avait – lui aussi ! – été embauché au CCE de la SNCF… L’audition de syndicalistes auprès de la commission parlementaire révèle aussi que le CCE organise avec ses fonds des apéritifs, loue des voitures. Coût estimé de ces pratiques : 800 000 euros. Le tout justifié par de fausses factures…

Par Antoine Renaud

Le train de vie délictueux du comité d’entreprise de la SNCF

Extrait du Dossier du contribuable n°10 « Enquête sur la CGT ». Commandez en ligne et recevez le magazine (68 pages) pour 3.5 euros seulement !

Rappelez-vous et BT était un ancien cheminot

Rappelez-vous et BT était un ancien cheminot

par Kuing Yamang

Château de fontenay par exemple. Le gouvernement ressort des cartons un projet visant à imposer par la loi la certification et la publication des comptes des gros comités d'entreprise, alors que plusieurs scandales retentissants sont en ce moment examinés par la justice : RATP, SNCF, Eurodisney... Les syndicats sont associés à la démarche ; ils assurent qu'il est de leur propre intérêt d'éviter d'être mêlés à des affaires de gestion douteuse voire frauduleuse des CE. Reste à voir jusqu'où ira réellement cette volonté de transparence.

Château de fontenay par exemple. Le gouvernement ressort des cartons un projet visant à imposer par la loi la certification et la publication des comptes des gros comités d'entreprise, alors que plusieurs scandales retentissants sont en ce moment examinés par la justice : RATP, SNCF, Eurodisney... Les syndicats sont associés à la démarche ; ils assurent qu'il est de leur propre intérêt d'éviter d'être mêlés à des affaires de gestion douteuse voire frauduleuse des CE. Reste à voir jusqu'où ira réellement cette volonté de transparence.

ET PENDANT CE TEMPS LA:

Les contribuables financent la SNCF qui alimente la CGT qui investit dans des opérations dans la bande de Gaza ou mieux pour nuire à l'image de la SNCF elle-même ! On marche sur la tête...

Les contribuables offrent des bateaux aux palestiniens de Gaza sans le savoir

La CGT profite largement du juteux comité d’entreprise de la SNCF (voir Le train de vie délictueux du comité d’entreprise de la SNCF). Quand cela lui prend, la CGT peut se lancer dans des opérations de type «humanitaire», qui essaient à peine de cacher un militantisme forcené ! Ainsi, la CGT tient à «dénoncer et briser le siège israélien contre Gaza », et à « promouvoir et faire respecter le droit international». Le CE des cheminots de la région PACA a ainsi hérité de «la lourde tâche de trouver un bateau» pour Gaza, selon les mots de son secrétaire, Marcel Almero. L’opération Un bateau français pour Gaza, lancée le 26 octobre 2011 à Paris, bénéficiait d’un budget de 450 000 euros, somme à laquelle il faut ajouter 100 000 euros de «dons». Toujours selon le syndicat, 16 % des ces fonds provenaient de «financements institutionnels». Autrement dit, l’argent des contribuables et des usagers de la SNCF, qui, selon l’ancien député UMP des Bouches-du-Rhône Roland Blum, «ne doit pas servir à financer, à leur insu, un tel collectif.» Ce fut pourtant le cas.

La CGT utilise l’argent de la SNCF dans des campagnes de dénigrement contre… la SNCF

Il y a pire : souvenons-nous, tout cet argent, utilisé allègrement par les CE de la SNCF, leur est versé par la SNCF elle-même ! Eh bien, quand elle le décide, la CGT ne s’interdit pas de cracher dans la soupe, et de mordre la main qui la nourrit… à l’occasion des dernières élections syndicales de 2011, la CGT décide d’utiliser 300 000 eurosà vocation sociale pour sa campagne électorale. La CGT commande une campagne publicitaire de 1 939 panneaux, opportunément situés à proximité des gares de voyageurs et des gares de triage… Problème : cette commande n’est pas payée par le syndicat lui-même, mais par le richissime CCE de la SNCF, censé financer seulement les œuvres sociales… Et cette campagne s’attaque à la direction de l’entreprise, au simple motif qu’elle a réduit l’offre de «wagon isolé», en déficit depuis plusieurs années, et qu’elle concentre ses efforts sur des secteurs plus rentables. Un slogan très hostile est affiché : «Tous les jours, on tue le fret ferroviaire». La SNCF assigne alors le CCE en référé pour «dénigrement» et atteinte à son image. Elle est déboutée et doit accepter sans broncher que ses subventions soient utilisées pour l’attaquer…

par Kuing Yamang: “Il est urgent de privatiser le transport ferroviaire en France, rien ne va plus ! Entre multiplication des retards, service en décrépitude (et grèves à répétition), la coupe est pleine pour les usagers à tel point que certaines régions ne veulent plus financer les trains régionaux. Mais bonne nouvelle, 2019 verra enfin l’ouverture à la concurrence”

CGT= 93M€/an (CE de la SNCF), détournements, corruptions....Gouvernementissimo en Hollandie, quel changement !!!
Résumé:
 
Traditionnellement performant, le système de transport français peine à s’adapter aux besoins nouveaux et risque de se dégrader rapidement
 
La France dispose aujourd’hui d’infrastructures et de services de transport de bon niveau. Dans la compétition internationale, c’est unatout incontestable et un facteur d’attractivité. L’importance destransports dans le développement économique est largementétablie : l’évolution du trafic de voyageurs est corrélée à celle du produit intérieur brut. Notre pays a, de longue date, fortement investi dans ses infrastructures. Ses réseaux se classent avantageusement : nous avons le deuxième réseau ferroviaire d’Europe après l’Allemagne, et le premier réseau à grande vitesse.
Le réseau urbain francilien est parmi les plus denses du monde et parmi les plus fréquentés (trois milliards de voyageurs par an).
Le réseau routier est le premier d’Europe, le réseau autoroutier le deuxième (et le mieux entretenu). Dans le transport aérien, Roissy Charles-de-Gaulle est la deuxième plate-forme européenne.
Pourtant, des signes de dégradation apparaissent. Les problèmes financiers sont plus aigus. Notre système peine à s’adapter aux besoins nouveaux. Le constat est préoccupant pour l’avenir : le poids considérable des concours publics dans le financement des transports, les nombreuses rigidités qui empêchent de choisir les solutions optimales, le goût prononcé des décideurs publics pour les grands projets au détriment du maintien en l’état de l’existant sont autant de faiblesses qui menacent à terme la qualité de nos transports.
L’importance de ceux-ci tant pour la croissance économique que pour la qualité de vie de nos concitoyens appelle une révision de notre modèle de financement comme de certains principes d’organisation, faute de quoi nous pourrions connaître une dégradation de notre système de transport aussi rapide que dommageable.
 
La contrainte financière impose de mieux cibler les projets d’investissement et de privilégier la maintenance
 
Le contexte général est celui de la contrainte financière. Les administrations publiques sont le premier contributeur des transports collectifs principalement à cause du ferroviaire et des transports urbains. Malgré cela, le secteur ferroviaire a connu en 20 ans une augmentation de 80 % de sa dette : en cumulant celle de RFF et de la SNCF, on atteint en 2010, 33 milliards d’euros et l’on prévoit qu’elles dépassent 50 milliards en 2025. Ceci impose une sélectivité accrue dans les investissements.
Or, à côté des projets inscrits au schéma national d’infrastructures de transports (SNIT), dont personne ne pense aujourd’hui qu’ils pourront être intégralement réalisés, les dépenses de maintenance et de modernisation des réseaux existants ont été négligées : cela est vrai pour le ferroviaire, où 20 % du réseau ne seraient plus à niveau, et où la vitesse doit être réduite en raison de la vétusté des lignes sur 7 % du réseau - cette proportion augmentant d’un point par an. Au demeurant, les dépenses de maintenance ont été mal orientées, concernant souvent les axes à faible trafic. Cela est vrai aussi pour le réseau routier : mis à part les autoroutes concédées, où l’entretien est partie intégrante du contrat, les routes nationales et départementales sont insuffisamment entretenues : les départements par exemple, y consacrent un milliard d’euros de moins en 2012 qu’en 2009.
Les propositions de l’Institut Montaigne
 
I. Concentrer les dépenses sur la maintenance et la modernisation du réseau ainsi que sur le développement de la mobilité en agglomération
 
La culture des grands projets a permis à la France de construire des réseaux ferroviaires et routiers parmi les plus importants d’Europe avec 30 000 km de voies ferrées (dont 1 800 km de grande vitesse) et plus d’un million de kilomètres
de routes (dont 11 000 km d’autoroutes). Cependant, si le réseau ferroviaire français est aujourd’hui très développé, il connaît un important déficit de maintenance : les dépenses de renouvellement des voies ont été divisées par deux à partir des années 1990. Tout en recommandant de surseoir à des projets trop nombreux et dont l’ordre de priorité doit être revu, il nous apparaît qu’en revanche des réserves foncières doivent être constituées pour le développement de réseaux futurs à long terme.

Dans le même temps, des insuffisances de services ou des saturations critiques impliquent de nouveaux investissements : ceci est surtout vrai en région Île-de-France, où les points noirs sont nombreux, et où l’offre de transports pour les personnes les plus éloignées de la capitale est très insuffisante. À ce titre, le projet du Grand Paris revêt une importance de premier plan.

Proposition 1 : Sanctuariser un budget pluri-annuel dédié à la maintenance et à la modernisation des infrastructures.
 
Proposition 2 : Redéfinir les priorités d’investissement du SNIT.
 
Proposition 3 : Concentrer l’effort sur les déplacements contraints du quotidien
 
Proposition 4 : Investir sur la régénération et la désaturation du réseau de transports actuel en Île-de-France.
 
Proposition 5 : Promouvoir une organisation de la mobilité dans les périphéries permettant le développement des transports partagés sur voies rapides et leurs interconnexions avec les transports guidés.
 
II. Optimiser les dépenses de fonctionnement
 
Les collectivités publiques dépensent beaucoup pour les transports; il arrive qu’elles dépensent mal. Les comparaisons avec des pays voisins, ou entre Régions françaises, l’illustrent éloquemment.
Les régions ont des budgets de transports considérables (près de 4 milliards par an) sans vraie recherche d’optimisation. Deux voies nous paraissent susceptibles
d’améliorer la situation : il faut mettre fin, tout d’abord, à la compétence séparée des Départements et des Régions qui entraîne une répartition modale quasi-exclusive, les premiers voués aux autocars et les secondes au ferroviaire sans que cela soit économiquement et techniquement justifié. Une compétence régionale unique (hors transports urbains, qui ont leur logique propre) permettrait une meilleure cohérence d’ensemble.
L’autre voie est celle de la concurrence : les transports régionaux devraient faire l’objet d’appel d’offres mettant à même les opérateurs de proposer des solutions variées et imaginatives. Cet appel à la concurrence devrait concerner l’exploitation mais aussi, pourquoi pas, la maintenance des lignes et la gestion des gares. La Région Île-de-France appelle quant à elle à une réforme profonde de sa gouvernance.
 
Proposition 6 : Donner aux Régions la responsabilité de tous les transports dans leur périmètre et l’optimisation entre modes, notamment grâce à des appels d’offres multi-modaux.
 
Proposition 7 : Transférer la responsabilité de la gestion de certaines lignes TET (Trains d’Équilibre du Territoire) vers les Régions.
 
Proposition 8 : Mettre en place des appels d’offres pour des délégations de service public incluant l’exploitation des services de transport tous modes, la maintenance des infrastructures et potentiellement les gares régionales.
 
Proposition 9 : Inciter à la maîtrise des budgets d’investissement et de fonctionnement du TER (Transport Express Régional).
 
Proposition 10 :Établir et communiquer un calendrier ferme sur l’ouverture à la concurrence.
 
Proposition 11 : Fixer par voie législative un socle social commun entre les entreprises ferroviaires ainsi que des règles d’organisation stables pour la nouvelle chaîne de valeur.
 
Proposition 12 : Poursuivre la mise en place d’une autorité de régulation des transports forte et indépendante.
 
Proposition 13 : Réformer la gouvernance et la régulation de l’intermodalité en Île-de-France.
 
Proposition 14 : Créer des plateformes d’échanges inter-modales et intra-modales pour améliorer l’interconnexion en Île-de-France.
 
Proposition 15 : Renforcer l’efficacité et la qualité de service, au travers d’une coopération accrue entre la SNCF et RFF en Île-de-France
 
III. Diversifier les modes de financement
 
Le transport aérien, les autoroutes concédées sont entièrement financés par l’usager. Le ferroviaire à grande vitesse s’autofinance en exploitation, mais les péages ferroviaires ne couvrent pas le coût total de l’infrastructure qui reste subventionné. Les autres transports ferroviaires, les transports routiers et urbains sont quant à eux largement financés par les collectivités.
En raison du besoin de financement, qui ne pourra être trouvé éternellement auprès de collectivités soumises à l’impératif d’une baisse de leurs dépenses, et du respect minimal de vérité des coûts, gage d’une meilleure allocation des ressources, il sera nécessaire d’augmenter en valeur relative la participation financière des usagers. Dans certains cas, les automobilistes pourraient également être mis à contribution, de même que l’on pourrait envisager de prélever une part des plus-values foncières réalisées lors de la création d’infrastructures nouvelles.
Au préalable, un considérable effort de pédagogie est bien sûr indispensable, tant la réalité des coûts est mal connue du grand public et parfois même des responsables de collectivités.
Enfin, en ce qui concerne les techniques de financement, la combinaison des apports publics et privés aux contrats de PPP (Partenariats Public-Privé), qu’il s’agisse de concessions ou de contrats de partenariat proprement dits, garde tout son intérêt. Dans le contexte financier actuel, un appel direct à des investisseurs institutionnels pourrait aussi venir pallier le manque d’appétence actuel des banques pour le financement à long terme des infrastructures.
 
Proposition 16 : Communiquer auprès des usagers, des contribuables et des élus sur le coût réel du transport public.
 
Proposition 17 : Accroître la contribution des usagers tout en veillant à l’acceptabilité des prix.
 
Proposition 18 : Inciter au recours à des formes contractuelles globales public-privé et à l’utilisation de financements obligataires.
 
Proposition 19 : Expérimenter des solutions de décongestionnement comme les péages d’infrastructures à tarification variable.
 
Proposition 20 : Inciter les entreprises et collectivités à organiser en propre le transport de leurs employés et/ou à assouplir les horaires de travail.
 
 
INSTITUT MONTAIGNE
Institut Montaigne : 38, rue Jean Mermoz - 75008 Paris
Tél. +33 (0)1 58 18 39 29 - Fax +33 (0)1 58 18 39 28 -
www.institutmontaigne.org - www.desideespourdemain.fr
CGT= 93M€/an (CE de la SNCF), détournements, corruptions....Gouvernementissimo en Hollandie, quel changement !!!
CGT= 93M€/an (CE de la SNCF), détournements, corruptions....Gouvernementissimo en Hollandie, quel changement !!!
Protection des non-grévistes  Selon un autre observateur, le risque de voir le mouvement se radicaliser existe : « Le nombre de grévistes s’effrite, mais la détermination de ceux qui restent augmente. » Signe d’une montée des tensions sur le terrain, l’Unsa, deuxième syndicat de la SNCF, qui protestait contre certains aspects de la réforme mais ne s’est pas associé à la grève, a envoyé un courrier à la direction pour lui demander d’assurer la protection des salariés non-grévistes.

Protection des non-grévistes Selon un autre observateur, le risque de voir le mouvement se radicaliser existe : « Le nombre de grévistes s’effrite, mais la détermination de ceux qui restent augmente. » Signe d’une montée des tensions sur le terrain, l’Unsa, deuxième syndicat de la SNCF, qui protestait contre certains aspects de la réforme mais ne s’est pas associé à la grève, a envoyé un courrier à la direction pour lui demander d’assurer la protection des salariés non-grévistes.

Blagounette de la web-amoureuse de la semaine

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Papa, il faut que je dise que je suis amoureuse.

Avec Sébastien, nous nous sommes rencontrés sur Meetic, puis sommes devenus amis sur Facebook. Nous avons eu des discussions sur WhatsApp et il m’a fait sa déclaration sur Skype.
 
Et maintenant, j’ai besoin de ta bénédiction mon Papa chéri.

 

  • Ma chérie, un conseil : mariez-vous sur Twitter, achetez vos enfants sur eBay, recevez-les sur Gmail et, après quelques années, si tu es fatiguée de ton mari, mets-le sur le Bon Coin....:)

 

Blagounette de la web-amoureuse de la semaine

Ouvrons l'assurance maladie à la concurrence par Aurélien VÉRON du PLD (Fra)

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L'assurance santé en France est trop complexe et coûteuse. Il faut instaurer la concurrence, ce qui n'interdit pas un cadre destiné à maintenir l'universalité de la couverture santé.

L'annonce d'un déficit supérieur aux prévisions, à 9,9 milliards, est devenue un rite annuel pour la sécurité sociale. Année après année, la dette sociale grossit pour atteindre près de 200 milliards d'euros à ce jour. Coupes, rabotages, chasse à la fraude, rien n'y fait. L'assurance maladie reste un trou sans fond qu'aucun gouvernement ne parvient à boucher. Notre système santé est l'un des plus coûteux dans les comparaisons internationales (au moins 7,2 milliards d'euros par an de plus que l'Allemagne, selon une analyse comparative de l'Institut Thomas Moore).

Les Français en ont pourtant de moins en moins pour leur argent. Les charges sociales de la branche maladie pèsent lourd, les remboursements sont de plus en plus faibles et le personnel médical et paramédical reste mal rémunéré. L'enjeu n'est pas simplement comptable.

 

L'assurance maladie n'apporte pas de plus-value au secteur de la santé

Organisme actuellement sans tête, la compétence de l'assurance maladie se réduit à encaisser les cotisations et à payer les producteurs de soin sans apporter la moindre plus-value au secteur de la santé. Cet aspect inquiétant du monopole semi-nationalisé explique pour bonne part le déclin de notre système de soins. Le gouvernement se charge de négocier seul les conditions tarifaires avec les médecins, les établissements publics et privés et les groupes pharmaceutiques dans un esprit de planification d'un autre âge.

Or, la santé n'a pas de prix, mais elle a un coût. Le secteur de la santé est une industrie qui pèse 12% du PIB et emploie 2,5 millions de personnes. Il est impensable qu'un pan aussi vaste de notre économie obéisse aux seules logiques clientélistes d'un ministre, de quelques conseillers et des représentants des corporations médicales et paramédicales.

 

La sécurité sociale ne se réformera pas d'elle-même

Les différents modèles de santé qui nous entourent en Europe montrent qu'un bon système de santé repose sur une bonne architecture assurantielle. Construire et faire évoluer l'architecture d'un système de santé complexe constitue précisément la mission des mutuelles et assurances de santé. Or, la sécu ne se réformera pas d'elle-même. C'est pourquoi nous devons l'ouvrir à la concurrence.

Comme dans l'aviation ou la téléphonie mobile, c'est la fin du monopole qui permet à une vieille structure bureaucratique de se moderniser. L'émulation d'un secteur libre favorise l'innovation et une amélioration, au meilleur prix, des services au consommateur. Instaurer la concurrence n'interdit pas de fixer un cadre qui maintienne l'universalité actuelle de la couverture santé pour les soins lourds, les urgences et la maternité.

 

Des partenariats assureurs/acteurs de la santé seraient plus rationnels

Nous devons distinguer l'assurance de la solidarité. Interdisons aux assureurs de sélectionner leurs assurés en fonction de leur état de santé ou de leurs antécédents. La seconde existe déjà, c'est la CMU financée par l'impôt.

Avec la concurrence d'assureurs de santé dignes de ce nom, disposant de managers qualifiés et d'outils modernes de pilotage de l'offre de soin, les acteurs de la santé se retrouveraient partenaires des assureurs par des accords bien plus rationnels que l'arbitraire d'Etat : passage du remboursement à l'acte à la capitation, système d'urgences bien plus agile et économe, meilleure articulation entre cliniques privées et hôpitaux publics, entre structures plus légères et médecine ambulatoire, suivi renforcé des médecins, de leur formation tout au long de leur carrière et de leurs protocoles de soin, tarifications bien plus fines, etc.

 

31% des Français prêts à opter pour une assurance privée

Les Français sont de plus en plus nombreux à souhaiter une telle réforme. Pendant de nombreuses années, les 170.000 frontaliers avec la Suisse ont eu la possibilité de quitter la sécu pour choisir une assurance privée. Neuf sur dix ont fait ce choix tant la différence de prix était grande. L'année dernière, Marisol Touraine a supprimé arbitrairement ce régime au 1er juin 2014, suscitant de nombreuses manifestations et pétitions. Preuve supplémentaire de l'évolution des mentalités, un sondage de l'Ifop pour L'Opinion début avril indique que 31% des Français seraient prêts à opter pour une assurance privée. La santé des Français mérite l'ouverture de ce débat.

Par Aurélien Véron, Président du Parti Libéral Démocrate.

Ouvrons l'assurance maladie à la concurrence par Aurélien VÉRON du PLD (Fra)

La Liberté guide ses pas ! L'incroyable "artiste" Simon Beck.

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  Il est fort possible de ne jamais avoir entendu parler en ce moment de Simon Beck, mais à compter d'aujourd'hui vous ne serez certainement plus en mesure de l'oublier, ni lui ni son art .... hibernant… ?. Simon est un artiste et ses créations sont connues en particulier pour leur extrême délicatesse détaillée .... en neige, après qu’il eût marché pendant des heures dans la neige fraîchement tombée. Il marche des km juste pour créer ces images uniques. Qui plus est ....c'est fou ce que Simon peut passer des heures dans la neige pour créer un modèle, mais la neige souvent fraiche ou des rafales de blizzard recouvrent son travail et il doit tout recommencer le lendemain. L'artiste, cependant, n'a jamais abandonné son travail.


  Simon marche sur la neige fraîche avec des chaussures spécialement conçues pour donner ces formes d'art incroyables.

Simon Beck : les cropes circles des neiges

Simon Beck, diplômé d’Oxford en ingénierie scientifique et cartographe confirmé dans son pays, c’est installé depuis 2004 dans un chalet de la station des Arcs dans les Alpes françaises. Un lieu où il vient passer une partie de l’hiver, une période durant laquelle il s’adonne à un hobby surprenant : réaliser d’immense oeuvres éphémères de land art. Des créations qui rappel les crops circles, ces immenses dessins réalisés dans les champs pour être vu du ciel, et qu’il partage avec les skieurs et randonneurs de la vallée.

Le dessin le plus importante qu’il est réalisé à l’heure actuelle est un dessin d’une superficie de 2,5 hectares, une création qui lui a pris près de 18 heures, et pour laquelle il n’a utilisé, comme à chaque fois, qu’une simple paire de raquettes et une boussole ! Mais pour Simon Beck, il ne s’agit là que d’un simple plaisir et d’un défouloir physique qu’il peut prolonger parfois jusque dans la nuit, grâce à une lampe frontale.

Depuis 2004, Simon Beck, un anglais de 54 ans, dessine chaque hiver de gigantesques et magnifiques formes sur la neige des lacs gelés et enneigés de la vallée de la station des Arcs dans les Alpes françaises.Depuis 2004, Simon Beck, un anglais de 54 ans, dessine chaque hiver de gigantesques et magnifiques formes sur la neige des lacs gelés et enneigés de la vallée de la station des Arcs dans les Alpes françaises.
Depuis 2004, Simon Beck, un anglais de 54 ans, dessine chaque hiver de gigantesques et magnifiques formes sur la neige des lacs gelés et enneigés de la vallée de la station des Arcs dans les Alpes françaises.

Depuis 2004, Simon Beck, un anglais de 54 ans, dessine chaque hiver de gigantesques et magnifiques formes sur la neige des lacs gelés et enneigés de la vallée de la station des Arcs dans les Alpes françaises.

L’UE, entre fédération et confédération

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Un système institutionnel hybride

Si le projet de Jean Monnet créant la Communauté européenne du charbon et de l’acier opte clairement pour la supranationalité, le traité de Rome de 1957 est un compromis comportant des éléments supranationaux et intergouvernementaux.

La Commission européenne est un organe supranational qui dispose du monopole de proposition, pour tout ce qui relève à l’époque du domaine communautaire, mais elle n’a pas de pouvoir de décision. Celui-ci est dévolu au Conseil des Ministres, qui vote les propositions de la Commission. Or, le Conseil peut voter à la majorité, ce qui est un élément clairement supranational, puisque des États s’étant opposés à un texte se voient dans l’obligation de l’appliquer s’il a été adopté. Cependant, il peut aussi, dans certains domaines, comme le social ou la fiscalité, voter à l’unanimité, ce qui constitue un élément intergouvernemental préservant la souveraineté des États.

Le compromis de Luxembourg en janvier 1966, issu de la "crise de la chaise vide" (juin 1965-janvier 1966), permet à un État estimant que ses intérêts vitaux sont en jeu d’exiger le report du vote et la poursuite de la négociation jusqu’au compromis. Ceci a bloqué le recours au vote à la majorité pendant vingt ans jusqu’à sa réhabilitation par l’Acte unique en 1986 pour tout ce qui concernait la réalisation du marché intérieur. L’utilisation du vote à la majorité, étendue par les traités de Maastricht, de Nice puis enfin de Lisbonne qui la redéfinit (double majorité), redonne un aspect plus fédéral à l’Union européenne (UE).

Un droit d’essence fédérale

L’élément sans doute le plus fédéral du système européen est le droit. En effet, l’existence d’une Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) – devenue Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) par le traité de Lisbonne – disposant de l’autorité de la chose jugée et dont les décisions s’imposent aux États membres constitue le fondement du fédéralisme européen. Sur cette base, la Cour a en outre développé une jurisprudence qui a confirmé l’essence fédérale du droit dit alors communautaire. En affirmant l’applicabilité directe de ce droit (arrêts "Van Gend en Loos", 1963 ; "Van Duyn", 1974) et sa primauté sur les droits nationaux (arrêts "Costa contre ENEL", 1964 et Simmenthal", 1978), elle a posé les principes même d’un droit dans une fédération.

Pourtant, l’UE n’est toujours pas une véritable fédération et reste un "objet politique non identifié" selon la formule de Jacques Delors.

L’affirmation du Conseil européen

L’instauration en 1974 du Conseil européen, qui réunit les chefs d’État et de gouvernement sur une base strictement intergouvernementale, a redonné du poids à l’Europe des nations. Le Conseil se tient quatre fois par an – périodicité décidée au Conseil de Séville (juin 2002) et maintenue par le traité de Lisbonne (art. 15 TUE) –, sauf si les circonstances nécessitent des réunions plus fréquentes, comme cela est le cas depuis 2008 avec la crise de la zone euro. L’importance que le Conseil a prise dans le processus de construction européenne au cours des quatre dernières décennies et le fait qu’il soit devenu, avec le traité de Lisbonne, une institution à part entière montrent à quel point la coopération intergouvernementale fait partie intégrante du processus d’unification européenne.

L’apport du Conseil a parfois été essentiel, comme lors des années 1984-1994. Ainsi, le Conseil européen de Fontainebleau de juin 1984 a permis de régler la crise de la contribution britannique qui bloquait l’Europe depuis 1979. Le Conseil européen de Hanovre en juin 1988 a décidé la création du comité Delors chargé de réfléchir à la mise en place d’une union économique et monétaire, tandis que le Conseil européen de juin 1990 à Dublin a, quant à lui, ouvert la voie à l’ouverture d’une conférence intergouvernementale sur l’union politique.

Cependant, depuis le milieu des années 1990, les conseils européens se sont avérés moins fructueux, ce qui montre la limite du fonctionnement intergouvernemental. Lorsqu’il est composé de dirigeants politiques moins "européistes" et qu’il n’est pas accompagné d’une Commission européenne volontariste, le Conseil européen a du mal à être le moteur des avancées de la construction européenne. Dès lors, son renforcement par le traité de Lisbonne (reconnaissance comme une institution et présidence stable) a été l’objet de débats entre partisans d’une Europe intergouvernementale et avocats d’une Europe supranationale qui auraient souhaité un renforcement de la Commission européenne ou, à tout le moins, que le président stable du Conseil européen soit le président de la Commission européenne. Cette possibilité de fusion des deux postes, qui présenterait l’avantage d’une visibilité accrue de l’UE en interne comme sur la scène internationale, n’est d’ailleurs pas explicitement exclue par les traités.

L’évolution du cadre institutionnel vers le fédéral

Le traité de Maastricht, en faisant cohabiter trois piliers, le premier communautaire à tendance fédérale (comprenant les acquis de la CEE, de l’Acte unique et de l’Union économique et monétaire) et les deuxième (politique étrangère et de sécurité commune) et troisième (coopération policière et judiciaire en matière pénale, ex-JAI) de nature intergouvernementale, donnait à l’UE une nature hybride. Le traité de Lisbonne l’a fait évoluer en supprimant les piliers, le caractère intergouvernemental n’étant conservé que pour un nombre limité de domaines comme la PESC (politique étrangère et de sécurité commune).

Et les régions ?

Elles profitent incontestablement de la construction européenne pour s’affirmer face à leur tutelle étatique, en prenant souvent Bruxelles comme interlocuteur, sans passer par leur pouvoir national. Elles tentent souvent de se regrouper entre elles de part et d’autres des frontières pour faire valoir leurs intérêts propres (régions de l’arc Atlantique, Catalogne française et espagnole, régions de l’axe central de l’UE, dit "banane bleue"…). La création du Comité des régions par le traité de Maastricht a confirmé cette tendance à dépasser le cadre étatique et à créer un lien direct entre régions et Union européenne. Ce Comité doit obligatoirement être consulté par le Conseil des ministres et par la Commission dès qu’une décision peut concerner les collectivités locales.

Les raisons de cette complexité

Si l’Europe peine à trancher pour un modèle plutôt que pour un autre, c’est parce que s’affrontent dans la construction européenne deux légitimités, celle des États et celle de l’Union. Il s’agit de préserver à la fois les intérêts des États qui restent les acteurs principaux de la construction européenne et continuent de veiller jalousement sur leur souveraineté, et l’intérêt général de l’Union et de ses peuples.

Les États souhaitent la poursuite de l’aventure européenne parce qu’elle leur donne plus de poids économique et politique, mais nombre d’entre eux demeurent attachés à leur souveraineté et à leurs spécificités. Il faut donc sans cesse trouver un équilibre entre ces deux objectifs. Pour l’instant, il a pu être préservé tant bien que mal, avec des phases d’avancée et de stagnation. Mais le prix de cet équilibre est la complexité du système institutionnel difficilement compréhensible par les citoyens. Rapprocher l’Europe des citoyens passe donc en partie par une simplification de ce système.

Le traité de Lisbonne, adopté par les chefs d’État et de gouvernement le 13 décembre 2007 et entré en vigueur le 1er décembre 2009, va dans le sens de cette simplification. Il ne tranche cependant pas encore l’épineuse question du modèle. Avec une présidence fixe pour le Conseil européen, les Vingt-sept prennent le risque de renforcer cette institution de nature intergouvernementale face à une Commission affaiblie par la montée en puissance du Parlement, élément de démocratisation, celle-ci allant dans le sens d’un renforcement du fédéralisme.

Le texte adopté ne résout donc pas la question de la nature du projet européen qui restera longtemps sans doute un système à mi-chemin entre confédération et fédération, ce qui en fait un modèle unique au monde.

http://www.vie-publique.fr/

L’UE, entre fédération et confédération
L’UE, entre fédération et confédération

Subsidiarité

De Wikiberal
 

La subsidiarité peut se définir comme la hiérarchisation des pouvoirs au sein d'une société en fonction des compétences propres à chacun des éléments constitutifs de cette dernière.

Le principe de subsidiaritéénonce le souhait que les compétences des groupements d’ordre supérieur doivent se limiter aux tâches que les groupements d’ordre inférieur ne peuvent faire par eux-mêmes. Les décisions devraient donc être prises à l'échelon le plus adapté (si possible au niveau de l'individu), de façon à permettre la résolution la plus rapide et la plus efficace des problèmes.

Le contraire du principe de subsidiarité est la centralisation, qu'elle soit le fait d'une autorité centrale coercitive, ou que les groupements d’ordre inférieur (individus, communes, cantons, régions...) cèdent leur droit à l'entité supérieure, en échange de subventions : on n'accepte pas aisément une atteinte à sa propre souveraineté - à moins de recevoir de l'argent en compensation !

La subsidiarité rejoint l'idée fédérale et s'oppose au modèle jacobin centralisateur de l'État-nation.

  • Conception remontante de la subsidiarité : la collectivité de base doit transférer à la collectivité dite supérieure les pouvoirs qu'elle n'est pas à même de gérer efficacement.
  • Conception descendante de la subsidiarité : la collectivité de base doit conserver toutes les compétences qu'elle est capable de gérer efficacement.

Un exemple : la Suisse

La Suisse, qui est une confédération, offre un exemple de système fédératif à trois niveaux particulièrement souple et adapté à des populations historiquement de cultures, langues et religions différentes :

  • un gouvernement fédéral s'occupe de la politiqueétrangère, de la défense nationale, des chemins de fer fédéraux, de la monnaie ; il lève un impôt fédéral ;
  • chaque canton (il y en a 26) gère l'éducation et mène sa politique économique et sociale ; il a son propre parlement, sa constitution, son drapeau ; il lève un impôt cantonal ; l'armée est cantonale mais contrôlée et financée par l'État fédéral ; la concurrence fiscale entre cantons est âpre, certains étant considérés comme de véritables paradis fiscaux (Zoug, Schwyz) ;
  • chaque commune a son conseil municipal élu et lève un impôt communal.

Ce système qui fonctionne ainsi depuis plusieurs siècles (bien que l'État fédéral, lui, ne date que du XIXe siècle) fait preuve d'une grande stabilité, ce qui fait que la Suisse regarde avec méfiance des « constructions » technocratiques telles que l'Union européenne :

«Nous voulons que chaque citoyen porte une responsabilité politique et refusons que quelques rares fonctionnaires politiques ou diplomates décident du sort de la grande majorité des citoyens. La foi dans la toute-puissance de l'État a malheureusement une longue tradition et continue à marquer de son sceau la pensée de politiciens européens, chez les socialistes de tous les partis. C'est pourquoi nous souhaitons ne pas nous intégrer à l'UE et à ses instances, quelles que soient les sympathies que nous puissions avoir pour ces pays et les habitants de ce continent. L'idée d'une UE organisée de manière centralisée et bureaucratique «du haut vers le bas» plaît aux socialistes et socio-démocrates. Le mot magique dangereux est en l'occurrence «l'harmonisation». Les socialistes souhaitent que la politique et l'administration décident de tout à un niveau le plus élevé possible et qu'ils décident par conséquent partout de la même façon. Ils souhaitent adhérer au plus vite à l'UE. Nous souhaitons en revanche que les décisions soient prises à un niveau le plus bas possible. C'est pourquoi nous nous battons pour une Suisse qui reste fidèle à elle-même et à ses valeurs que sont la liberté, l'indépendance, la démocratie directe et le fédéralisme. »

Christoph Blocher

Un principe juridique international

La subsidiarité est un principe juridique international. En effet, la notion de subsidiarité avait été, en tout premier lieu, il y a plusieurs siècles, un principe juridique envisagé par l’Église Catholique (ou le Vatican) pour améliorer le fonctionnement de l’Église, visant à une décentralisation opérationnelle, tout en maintenant une certaine hiérarchie, voire une centralisation structurelle.

Ce principe de subsidiarité a été introduit en 1992 dans le Traité de Maastricht, puis, notamment, dans la Constitution Européenne, en 2005 et enfin dans le Traité de Lisbonne (élaboré en raison de l'échec de la Constitution Européenne, mais qui en reprend les principales orientations). Cette subsidiarité n'était plus de nature religieuse, mais est devenue politique, économique et administrative, au travers des Directives Européennes. Ces Directives, dans n'importe quel domaine, énoncent le principe de subsidiarité de la façon suivante :

Les compétences des États de l'Union Européenne ne sont pas remises en cause, dès lors que ces États respectent le Droit Communautaire et de façon réciproque le Droit Communautaire doit être la règle, à condition qu'il soit tenu compte des compétences des États, dans la transposition des principes européens dans les Droits nationaux.

Mais cette subsidiarité peut être source de confusion entre les conceptions européennes et celles nationales. Par exemple, dans le domaine de l'Abrogation du monopole de la Sécurité Sociale, la notion de "régime légal" revêt une double connotation (en Europe, le "régime légal" désigne le domaine très restreint des assurances sociales purement étatiques, en France, le "régime légal" concerne les caisses privées alimentées par des cotisations dites obligatoires).

Subsidiarité européenne

L’Union Européenne définit ainsi la subsidiarité : « dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, la Communauté n’intervient, conformément au principe de subsidiarité, que si, et dans la mesure où, les objectifs de l’action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les États membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l’action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire ».

Cette définition est une définition différente, et même contraire à la définition traditionnelle de la subsidiarité.

Felipe VI (Philippe, car Bourbon) Roi de toute l'Espagne

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Felipe VI et Letizia d'Espagne montent sur le trône à Madrid, ce jeudi matin. Après la signature de l'abdication de Juan Carlos mercredi soir, le prince et la princesse des Asturies deviennent roi et reine d'Espagne. Un couronnement même s'il se fait sans cérémonie religieuse.
 
Voici un peu d'histoire:
 

Le prince Felipe, prince des Asturies, futur Felipe VI est le descendant direct de Louis XIV, roi de France et de Saint-Louis.

Voici comment et pourquoi.

 

C'est une histoire qui commence le 1er novembre 1700. Epileptique, hérédosyphilitique et stérile, le roi d'Espagne Charles II de Habsbourg meurt sans descendance. L'évènement va bouleverser l'Europe. Les Bourbon, en France, et les Habsbourg, en Autriche, ne cachent pas leurs velléités pour mettre la main sur ce trône à la faveur de leurs liens familiaux respectifs avec le défunt. L'enjeu est de dominer l'Europe, rien de moins. Et cette domination passe par le trône d'Espagne.

Par testament, Charles II a légué sa couronne à un jeune homme de 17 ans. Il s'agit de Philippe, duc d'Anjou, petit-fils du roi de France Louis XIV et à ce titre descendant des premiers capétiens et donc de Saint-Louis.

Son père Louis de France (1661-1711), fils aîné de Louis XIV, est alors le Grand Dauphin. Mais notez que Philippe est le frère cadet d'un autre Louis, duc de Bourgogne celui-là, le père du futur Louis XV. A l'hiver 1700, Philippe d'Anjou devient Philippe V d'Espagne.

En imposant ainsi son petit-fils, Louis XIV entend constituer une alliance solide avec l'Espagne qui était à l'époque une immense puissance coloniale. Quoi de mieux que de placer sa progéniture pour y parvenir ?

Seulement, les autres puissances européennes ne l'entendent pas de cette oreille. Elles engagent la France dans la fameuse Guerre de Succession d'Espagne.

Après 12 ans de conflit, le traité d'Utrecht (1713) permet de trouver une solution. Philippe V conserve son trône mais doit renoncer à ses droits sur la couronne de France. La cause et le droit sont entendus. C'est donc une branche cadette des Bourbons qui monte sur le trône d'Espagne au début du XVIIIe siècle. Si vous êtes perdus à cet instant dans ces histoires de famille, voici un arbre généalogique qui résume bien les choses.

 

L'ainée des Bourbons ? Non.

Seulement, cette branche cadette est devenue aînée à la mort du Comte de Chambord, dernier descendant de la fratrie composée de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, en 1883. Et elle pourrait aux yeux des royalistes légitimistes prétendre au trône de France dans la mesure où la loi salique "impose" une primogéniture mâle.

 

 

Une loi que contestent les Bourbon Orléans, branche descendante de Louis XIII et de Louis- Philippe Ier et prétendante elle aussi au trône de France, par l'existence du traité d'Utrecht. Les Orléans sont aujourd'hui représentés par Henri d'Orléans, comte de Paris.

Seulement si en France les royalistes se disputent entre légitimistes et orléanistes, en Espagne, deux clans s'affrontent depuis la moitié du XIXe. Les carlistes et les autres. 

Sans enfants mâles, Ferdinand VII d'Espagne (descendant direct de Philippe V) a abrogé en 1830 la loi qui régissait l'ordre de succession au trône espagnol afin de favoriser… sa fille, la future Isabelle II, barrant ainsi la couronne à son frère Charles. C'est de cette Isabelle, marié à son cousin germain, fils deuxième frère de son père, que descend directement Felipe VI.

 

Une ascendance assez commune en réalité

Mais descendre de Louis XIV n'a rien d'exceptionnel en soi. Selon la base généalogique Roglo, ils seraient aujourd'hui plus de 17.200 à descendre directement , légitimement ou pas, du grand Roi Soleil. Dont plus de 11.000 par Philppe V d'Espagne.

Felipe VI d'Espagne, un descendant direct de Louis XIV

Par Direct Matin,

Monarchie constitutionnelle

De Wikiberal
 

Une monarchie constitutionnelle est un régime politique comprenant un monarque (dont le titre peut varier : empereur, roi, prince, etc.) et une constitution. Cette monarchie est généralement dotée d'une chambre de députés. La personne du monarque possède plus ou moins de pouvoir selon les pays.

Le Luxembourg par exemple possède une monarchie dans laquelle le grand-duc règne et gouverne ; de même au Liechtenstein (principauté qui est une monarchie réelle et constitutionnelle). En Espagne et dans les pays scandinaves, en revanche, le Roi se contente de régner. En Andorre, coprincipauté parlementaire, le régime est plus proche d'une république (les deux coprinces, français et catalan, n'ayant qu'un rôle honorifique historique).

Il existe beaucoup de monarchies de ce type dans le monde.

Si la reine d'Angleterre notamment règne sur un grand nombre de pays de par le Commonwealth, la monarchie britannique n'a pas de constitution écrite à proprement parler.

Question de monarchie par Wikibéral:

 

Définition

La monarchie (du grec mono« seul », archein« pouvoir » : « pouvoir non d'un seul, mais en un seul ») est un système politique où l'unité du pouvoir est symbolisée par une seule personne, appelée monarque. Elle n'est ni nécessairement une royauté, ni nécessairement héréditaire : il a toujours existé des monarchies électives, par exemple chez les Gaulois. Selon la définition de Montesquieu, une monarchie se définit par le gouvernement absolu d'un seul, mais ce pouvoir est limité par des lois.

La monarchie est dite constitutionnelle lorsque les pouvoirs du monarque sont définis par une constitution qui fixe par écrit des lois fondamentales prévoyant une séparation des pouvoirs.

La monarchie est dite parlementaire lorsque le chef du gouvernement, nommé par le roi lorsqu'il y en a un, est responsable devant le Parlement. Dans ce cas, le monarque est le représentant de l'État au titre de Chef de l'État, un arbitre, et le garant de la continuité des institutions (exemple : Grande-Bretagne, Espagne, Belgique).

La monarchie est dite absolue lorsque le monarque détient tous les pouvoirs.

Points de vue libéraux

Les libéraux se soucient moins de qui détient le pouvoir (monarque, assemblée...) que de la façon dont les droits individuels sont respectés. Ainsi, un despote éclairé est préférable à une démocratie totalitaire, et une démocratie libérale est préférable à une tyrannie ou une dictature.

Hans-Hermann Hoppe, en absence d'idéal anarcho-capitaliste, accepte comme moindre mal la monarchie. Il soutient que celle-ci est supérieure à la démocratie parce que le Roi, comme propriétaire ultime du royaume, est plus incité à protéger le territoire et ses habitants que le président d'une République, dont les incitants s'achèvent à la fin de son mandat:

L’exploitation du pays par le gérant démocratiquement élu est moins consciencieuse, moins rationnelle qu’en régime monarchique, car le chef de l’Etat n’a aucune incitation à entretenir le capital du pays. Il l’exploite à court terme, et donc à courte vue, consommant le capital du pays au lieu de le préserver et de le faire fructifier.

Pour des raisons similaires, Arthur Schopenhauerétait partisan d'une monarchie héréditaire.

Pour François Guillaumat[1], les sociétés monarchiques d'Ancien Régime étaient proches de la minarchie et de l'état minimum ; elles se "contentaient" de voler à hauteur de 10 à 15% du produit intérieur, alors que les sociétés "démocratiques" d'aujourd'hui volent à hauteur de plus de 50%. Les sociétés d'Ancien Régime étaient donc des sociétés libérales au sens de Milton Friedman, qui définissait comme libérale une société où les dépenses publiques, toutes collectivités confondues, ne dépassent pas 10 à 15 % du produit national. Ce point de vue est contesté, car il est difficile aujourd'hui d'évaluer vraiment la fiscalité d'Ancien Régime ainsi que le "produit intérieur"[2].

Pour Mencius Moldbug, la monarchie est une garantie de stabilité, au contraire de la dictature : au contraire d'un dictateur, un roi est remplacé par son héritier. Il n'y a jamais eu d'attentat contre Frédéric le Grand, alors qu'il y en a eu plusieurs contre Hitler. La souveraineté du dictateur, toujours précaire, dépend de sa popularité : "Staline avait le pouvoir des tsars, mais pas la sécurité des tsars".

Otto de Habsbourg-Lorraine présente le risque dans son article écrit en 1958 (la monarchie ou la république) qu'un roi incompétent puisse occuper le trône selon le principe d'un légitimisme inflexible. Il pourrait, malheureusement, déplacer les garanties de liberté de ses sujets, garanties que l'on trouve dans la plupart des monarchies classiques. Aussi, il recommande que le roi soit assisté par un organisme représentant la plus haute autorité judiciaire, un organisme qui pourrait éventuellement remplacer l'héritier présomptif dans la lignée de la succession dynastique.

La monarchie c'est l'anarchie plus un.

Charles Maurras

Felipe VI (Philippe, car Bourbon) Roi de toute l'Espagne

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Budget de la Défense réduit aux modèles....

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Proust pas le poète mais Gaz part....

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Hollande au Brésil, non un sosie; il est à l'Elysée....
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Eh oui notre Président a beaucoup à faire ....
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Ce n'est pas le PS et autres politiques que vous devez sauver, mais la France Monsieur le Pdt

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Les blaguimages du jeudi !

Défense/Dissuasion: Urgence! Quelle doctrine stratégique pour une sécurité mondiale ?

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Il se pourrait que le monde évolue vers une situation politico-militaire d’un genre véritablement nouveau. C’est une occurrence assez rare pour être énoncée avec prudence. La dernière véritable rupture en la matière fut l’apparition des armes nucléaires. Leur nature radicale n’a pas assuré la paix, c’est seulement la guerre entre ses grands détenteurs qui n’a pas eu lieu. En revanche, ils ont poursuivi un conflit de puissance des plus classiques par tiers interposés chez qui leurs querelles ont fait plusieurs millions de victimes en trente ans. La retenue imposée par les armes nucléaires a permis de la même façon que l’Union soviétique s’écroule sans que nul ne songe à menacer l’intégrité territoriale et politique de la Russie. Mieux, les autres puissances nucléaires ont joint leurs efforts à ceux de Moscou pour faire comprendre aux Etats satellites redevenus indépendants qu’il n’y avait pas de partage des dépouilles dans ce domaine : la Russie seule succédait à l’Union soviétique en matière d’armes atomiques.

Le remarquable pouvoir régulateur de ces armes s’est maintenu depuis. Le nombre et le comportement des puissances nucléaires “illégitimes” ont été efficacement contenus depuis trente ans en dépit de nombreux pronostics pessimistes à ce sujet. La nouveauté qui pointe n’est donc pas celle attendue d’un monde infesté de petites puissances nucléaires plus ou moins stables. Elle est celle de grandes puissances qui utilisent implicitement leur parapluie nucléaire pour entreprendre des politiques de déstabilisation voire de conquête régionale. Depuis près de cinq ans, mais avec une accentuation considérable depuis deux ans, la Chine a entrepris d’imposer sa propre définition de ses zones d’intérêt économique au moyen d’actions de plus en plus musclées. Ses derniers mouvements depuis six mois ne laissent guère de doute sur sa détermination, qu’il s’agisse d’une zone unilatéralement étendue de contrôle aérien, de gesticulations militarisées face au Japon ou d’une implantation de plateforme pétrolière sous forte escorte navale dans une zone revendiquée par le Vietnam. Simultanément, les nouveaux dirigeants chinois accélèrent le développement et les démonstrations de leurs capacités militaires tout en faisant un ménage inhabituellement brutal de la haute hiérarchie de l’Armée populaire. De son côté, la Russie a entrepris de consolider son “étranger proche” sans douceur excessive. Si les opérations en Tchétchénie ou en Géorgie pouvaient encore passer pour un souci de stabilisation de zones frontalières à risque, la récupération de la Crimée et la mise sous contrôle de l’est de l’Ukraine révèlent un projet politique sous- jacent plus ample et plus agressif. Les deux pays sont dans des santés économiques très différentes mais cette distinction est de peu de conséquence ici et pèse beaucoup moins que leurs convergences politico-militaires.

Dans les deux cas, il s’agit d’Etats ayant des obligés mais sans alliés véritables. L’un et l’autre sont des régimes autoritaires mais qui bénéficient du fort soutien d’une opinion publique très nationaliste dont les deux régimes jouent avec efficacité – parfois trop comme l’a montré l’embarrassante agressivité des manifestations contre le Japon l’an dernier en Chine. Enfin, leurs dirigeants partagent une culture de “realpolitik” qu’ils maîtrisent remarquablement et dont ils constatent que leurs opposants sont désormais dépourvus. L’affligeant spectacle offert par les Européens depuis le début de la crise ukrainienne n’a d’égal que les réactions tout aussi nerveuses et désordonnées des pays de l’ASEAN. Et tous constatent l’extrême faiblesse des Etats-Unis qui a bien des explications mais pour cause racine l’absence complète de pensée stratégique américaine.

Cette situation présente deux caractéristiques nouvelles de grande portée.

La première est l’absence de doctrine stratégique – a fortiori collective de la part des voisins de la Russie et de la Chine et de leur grand allié commun américain. En dépit des anxiétés rapidement croissantes suscitées par ces comportements offensifs, il n’y a aucune vision commune de sécurité capable de fonder un projet politico-militaire collectif entre les pays des deux régions concernées que sont l’Europe et l’Asie du Sud-Est. Cette lacune est par elle-même une dangereuse source d’instabilité, surtout face à des Etats qui possèdent de leurs intérêts nationaux une vision très construite et partagée aux seins de leurs élites dirigeantes.

La seconde est que, pour la première fois, des puissances nucléaires légitimes s’appuient sur la sécurité que leur confère leur arsenal pour poursuivre une politique d’expansion territoriale directe. La sanctuarisation devient impunité et c’est lourd de dangers. Le premier est naturellement l’encouragement à poursuivre, accentué par les faiblesses précitées des voisins. Le deuxième est l’exemple ainsi offert aux puissances nucléaires “illégitimes” et à tous ceux qui rêvent de le devenir. Le troisième est que soixante ans de pensée de la dissuasion n’ont jamais envisagé les armes nucléaires de la sorte. Nous sommes ainsi ramenés à l’observation de George Kennan, alors ambassadeur des Etats-Unis à Moscou, que Truman interrogeait sur la “rationalité” de l’URSS face à l’emploi des armes nucléaires : 

Il est certain que les Soviétiques sont rationnels, mais pourquoi auraient-ils la même rationalité que nous ?

Une doctrine reste à créer. Et c’est urgent.

Défense/Dissuasion: Urgence! Quelle doctrine stratégique pour une sécurité mondiale ?

RELATIONS INTERNATIONALES - EUROPE

DE LA DEFENSE - OTAN :

Vers une nouvelle donne stratégique ?

la face noire de la mondialisation

Source, journal ou site Internet : le nouvel économiste

Date : 20 juin 2014

Défense/Dissuasion: Urgence! Quelle doctrine stratégique pour une sécurité mondiale ?

Près de 17 millions de réfugiés en 2013 (sans compter les déplacés >45 millions) ! Persécutions, guerres et violences, merci aux Etats.

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Le nombre de réfugiés ne cesse de progresser dans le monde. En 2013, les réfugiés ont dépassé les 16 millions. Les Afghans, les Syriens et les Somaliens représentent à eux seuls la moitié de l'ensemble des réfugiés. C'est ce que révèle un rapport du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) publié ce vendredi 20 juin, à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés. Ils étaient 16,7 millions de réfugiés à la fin de l'année 2013, soit 1,5 million de plus qu’en 2012. A l’origine de cette augmentation, la multiplication des persécutions, des guerres et des violences dans le monde. Rien qu'en Syrie, ce sont 2,5 millions de personnes qui ont dû fuir le pays. C'est l'exode le plus important depuis le génocide rwandais de 1994. Les conflits au Mali, en République centrafricaine et au Soudan du Sud ont également amplifié les mouvements de population. « Nous constatons ici le coût énorme qui découle de l’incapacité à mettre un terme aux guerres et de l’échec à résoudre ou à prévenir les conflits », a déclaré le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres. Les Somaliens sont la première population africaine, en termes de réfugiés. Une situation qui a pour cause la guerre civile qui fait rage depuis plus de dix ans. Arrivent ensuite les Soudanais puis les habitants de la République démocratique du Congo. Le Kenya est le premier pays africain d'accueil des réfugiés. On en dénombre plus de 500 000 à travers le pays. Vient ensuite le Tchad où le nombre d’exilés accueillis augmente pour la douzième année consécutive. Ils sont principalement originaires du Soudan et de la Centrafrique. Dans la corne de l'Afrique, l'Ethiopie continue de recevoir Erythréens et Somaliens.

Les pays en développement : première destination des réfugiés

Contrairement aux idées reçues, les pays en développement représentent la première destination pour les réfugiés. Ils accueillent plus des quatre cinquièmes des réfugiés. Le Pakistan, l'Iran et le Liban sont les principaux pays d’accueil. Comme en 2012, les Afghans continuent de représenter la majeure partie des réfugiés mais les Irakiens pourraient grossir les rangs l'année prochaine. Ces derniers jours, des centaines de milliers d'entre eux ont fui les combats à Mossoul et dans les villes du nord de l'Irak. 51,2 millions de personnes étaient déracinées à la fin de l'année 2013, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Il faut faire une différence entre les personnes déplacées qui restent dans leur pays - ils sont 33 millions - les demandeurs d'asile - 1 million - et les réfugiés qui représentent 17 millions. L'année dernière, c'est un peu plus de 400 000 personnes qui ont pu regagner leur foyer ou qui ont pu être réinstallées dans des pays tiers, c’est à dire 100 000 de moins qu'en 2012.

Près de 17 millions de réfugiés en 2013 (sans compter les déplacés >45 millions) ! Persécutions, guerres et violences, merci aux Etats.

Journée mondiale des réfugiés: ils étaient 16,7 millions fin 2013

Source, journal ou site Internet : RFI

Date : 20 juin 2014

Auteur : Coralie Pierret

Près de 17 millions de réfugiés en 2013 (sans compter les déplacés >45 millions) ! Persécutions, guerres et violences, merci aux Etats.
Près de 17 millions de réfugiés en 2013 (sans compter les déplacés >45 millions) ! Persécutions, guerres et violences, merci aux Etats.
Près de 17 millions de réfugiés en 2013 (sans compter les déplacés >45 millions) ! Persécutions, guerres et violences, merci aux Etats.
Près de 17 millions de réfugiés en 2013 (sans compter les déplacés >45 millions) ! Persécutions, guerres et violences, merci aux Etats.

Brésil, l'envers d'un décor footballistique, un autre carnaval !

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Depuis des mois, le Brésil n’arrive pas à faire baisser la tension sociale et la hausse de la criminalité. En pleine Coupe du monde, deux voix de la littérature brésilienne s’elèvent à partir d’Alger et nous racontent les problèmes du plus vaste pays d’Amérique du Sud. Loin du foot, les réalités au Brésil sont inquiétantes. Que se passe-t-il au Brésil ?

Le déroulement de la 20e Coupe du monde de football est accompagné de contestations sociales et de critiques politiques dans cette nation émergente de 200 millions d’habitants. Le Brésil ? C’est la 7e puissance économique dans le monde, une surface de 8 511 965 km2, le plus grand pays d’Amérique du Sud dont les frontières se partagent avec dix pays, y compris la France ! (pour la Guyane). Le Brésil est le seul pays lusophone (d’expression portaugaise) du sous- continent américain. Le Brésil, c’est également le café, la samba, la forêt d’Amazonie, le puma, le jaguar, le perroquet, le poisson pirarucu (le plus grand d’eau douce du monde), les avions Embraer, la danse de la Capoeira, la plage de Copacabana, 240 chaînes de télévision, 2000 radios, les grillades du Churrasco, le maillot b..., le carnaval de Rio, la bossa nova et, bien sûr, le football. Le Brésil est cinq fois champion du monde de football depuis 1958. Invités au 7e Festival international de la littérature et du livre de jeunesse d’Alger (Feliv), qui s’achève aujourd’hui, deux écrivains brésiliens sont venus parler de la balle ronde, de la littérature, mais d’autres choses aussi. Rodrigo Ciriaco, 32 ans, vit à Sao Paulo, plus grande ville du Brésil. Il enseigne dans une école publique, écrit le slam, poésie urbaine, fait du théâtre et publie des nouvelles. Des textes au ton vivace et réaliste comme Pochette surprise, édité dans le recueil Le football au Brésil, onze histoires d’une passion, paru aux éditions Anacaona en France et au Brésil. «Moi aussi, j’ai voulu être joueur de foot, rêve de gamin. Tombeur comme Pelé, dribbleur comme Garrincha, culotté comme Maradona, élégant comme Socrates... des idoles plein la tête», écrit-il. Rogerio Pereira, 41 ans, habite à Curitiba, troisième ville du Brésil, où il dirige une bibliothèque publique. Rogerio Pereira, qui vient de publier son premier roman au Brésil, est fondateur de Rascunho, une revue littéraire de référence dans le pays. Il est mécontent. Comme la plupart des Brésiliens qui ne sont pas satisfaits. D’où les manifestations visibles de colère avant et durant le Mondial 2014. «Le Brésil a été champion du monde de football, a des superclubs, des stars, des passionnés de foot. Cela n’empêche pas les Brésiliens d’avoir la sensation que quelque chose cloche. Ce n’est pas comme autrefois où le foot était un outil d’aliénation du peuple que les politiques utilisaient. Aujourd’hui, on se rend compte que les Brésiliens ont un sens critique aigu», nous dit-il autour d’un café dans le salon du Feliv, à l’esplanade Riad El Feth. «Il y a sept ans, lorsque le Brésil a été désigné comme pays d’accueil de la Coupe du monde 2014, ce fut un grand moment de joie. Depuis les années 1950, le Brésil avait ce désir fort d’organiser le Mondial pour pouvoir gagner la Coupe chez lui. L’autre joie de la désignation du Brésil pour le Mondial 2014, c’était l’héritage de la Coupe. Comme pour les Jeux olympiques, ce genre d’événements sportifs permet un développement des villes, des infrastructures, de la mobilité urbaine, des transports... Les Brésiliens se sont dit, c’est une opportunité pour un pays qui a un développement anarchique de pouvoir enfin tout organiser ou réorganiser», reprend Rodrigo Ciriaco.

Morts sur chantier

Pour Rogerio Pereira, le gouvernement brésilien s’est montré particulièrement incompétent pour gérer le processus de préparation de la Coupe du monde. «Nous avons vu que les travaux étaient en retard, d’autres ne sont même pas finis. Il y a de la surfacturation partout. Et des ouvriers sont morts sur les chantiers», estime-t-il. Rodrigo Ciriaco est également déçu : «On se rend compte que tout se fait au dernier moment, que le planning est mauvais, ce qui est très brésilien. C’est déplorable. L’héritage n’est donc pas à la hauteur des espérances. Beaucoup de projets ont été revus à la baisse ne rapportant donc pas tous les bénéfices qui étaient attendus. La Coupe du monde évoque pour moi aussi la question de l’impunité, de la corruption, du mauvais usage de l’argent public. C’est simple : le Brésil a de l’argent, mais qui ne va pas là où il devrait aller. Sur le chemin, il existe des trous où l’argent se perd. L’idée est réapparue grâce à la Coupe du monde. Le débat a pris une proportion plus grande.» Selon lui, le Parti des travailleurs (PT, gauche) de la présidente Dilma Roussef, est quelque part à l’origine de la corruption au Brésil. «Mais le PT, au pouvoir depuis dix ans, n’est pas le seul responsable, c’est tout un système. Les gens ont été quelque peu loins en sifflant la présidente Dilma Roussef au stade (lors du match d’ouverture du Mondial 2014 le 12 juin). Il y a un respect à préserver pour les institutions», dit-il. Pour Rogerio Pereira, le processus de préparation de la phase finale de la Coupe du monde a été problématique, mais les bénéfices économiques pour les Brésiliens sont évidents. «Le nombre de touristes a sensiblement augmenté. Les Brésiliens vont également bénéficier des infrastructures construites pour cette manifestation. Certains stades ne vont pas se remplir. Je cite l’exemple de l’Amazonie où il n’existe pas de tradition footballistique. Donc, les Brésiliens savent bien qu’il existe des bénéfices, mais quel en est le prix ? Pourquoi le gouvernement a-t-il été capable de libérer de l’argent pour l’organisation de la Coupe du monde et ne l’a pas été pour l’éducation ou la santé ? Combien de routes ou d’écoles aurions-nous pu construire avec l’argent qui a été affecté aux stades ? Les priorités des Brésiliens sont reléguées au deuxième plan par le gouvernement. Aujourd’hui, les Brésiliens estiment que l’éducation et la santé ont plus d’importance qu’une Coupe du monde de foot qui dure un mois», proteste-t-il.

Contradiction permanente

Les Brésiliens veulent, selon Rogerio Pereira, montrer à travers ces manifestations sociales qu’ils aiment le foot, mais ne se laissent pas faire, n’oublient pas que des inégalités existent. «Les Brésiliens ont la capacité d’organiser la Coupe du monde et ont également la capacité de faire une meilleure nation. Le Brésil est le pays de la contradiction permanente. D’un côté, c’est un pays richissime, vaste, mais qui a d’énormes fragilités avec sa périphérie des villes. A Sao Paulo, il y a des rues de millionnaires et des quartiers complètement pauvres. Les poches de pauvreté côtoient celles de la richesse», relève-t-il précisant qu’il faut rompre le cliché Brésil = foot.

Pochettes-surprises

Alors une question : dire que le Brésil est une puissance émergente relève-t-il du marketing ? Pour les deux écrivains, cette question est souvent abordée par les milieux intellectuels brésiliens. Parfois, le débat est abordé sous forme de blague : quelle est donc la définition du Brésil ? «Il est vrai que le Brésil est une puissance agricole, industrielle et technologique. C’est un pays qui fabrique des avions et des automobiles. Une puissance économique qui importe et qui exporte. En interne, c’est aussi un pays inégal, pauvre et avec des analphabètes. Il y a des problèmes sociaux absurdes. L’éducation est un désastre. Mes parents sont totalement analphabètes», s’indigne Rogerio Pereira. Il rappelle que Rodrigo Ciriaco enseigne sans grands moyens dans une école d’Etat à Saô Paulo. «Tous ces problèmes structurels ont une influence sur la société. La santé, c’est une honte dans tous les Etats du Brésil et surtout dans le Nordeste où vit un quart des Brésiliens», dit-il. Le Nordeste, qui regroupe neuf Etats dont Bahia, Sergipe, Ceara et Rio Grande Do Norte, connaît actuellement de graves problèmes économiques malgré ses puits de pétrole et ses terres fertiles. Rodrigo Ciriaco n’est pas sûr que le Brésil va emporter sa sixième Coupe du monde de football le soir du 13 juillet 2014, même si le désir en est très fort. Pour lui, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Argentine sont des favoris. «Le résultat importe peu. L’essentiel est que grâce à la Coupe du monde, nous avons entamé un processus historique. Les Brésiliens se posent des questions politiques. Les consciences se sont éveillées. Il n’y a plus de recul possible. Le débat va se poursuivre après la Coupe du monde, d’autant que nous avons une élection présidentielle l’automne prochain. Il faut s’attendre à des pochettes-surprises. On ne peut rien prévoir pour l’instant. Curieusement, les politiques brésiliens ne s’associent plus au football comme auparavant. Ils ne cherchent plus à récupérer les victoires en football. Ils ont tout simplement peur qu’on critique leur utilisation du foot», conclut Rodrigo Ciriaco.

La littérature périphérique

La littérature marginale est un mouvement d’écriture périphérique brésilien né au début des années 2000. «Le chef de fil de ce mouvement est Ferrez qui est notamment publié par les éditions Anacaona», précise Paula Anacaona, directrice de ces éditions. Ferrez est célèbre par son roman urbain Manuel pratique de la haine sur les violences dans les favelas au Brésil. «Ferrez a lancé ces dernières années les Sarau. Il s’agit de rassemblements populaires hebdomadaires durant lesquels les gens viennent lire des textes qu’ils ont eux-mêmes écrits comme la poésie, les nouvelles. Parfois, il y a du théâtre ou de la danse. C’est quelque chose d’interactif. Ces créations sont souvent en marge du marché éditorial classique. Parfois, ce sont des prisonniers ou des personnes en marge de la société qui écrivent. D’où l’appellation de littérature marginale», explique Rodrigo Ciriaco, lui-même impliqué dans le mouvement à Sao Paulo. Il rappelle que le Brésil a connu plusieurs mouvements littéraires comme «Les modernistes» (les années 1930) ou «La poésie concrète». Les auteurs qui écrivent sur les favelas sont souvent classés dans le courant de la littérature marginale. «Et de plus en plus d’auteurs s’intéressent aux favelas et à ses problèmes aujourd’hui. Le terme “marginal“ n’est plus négatif comme auparavant», constate-t-il.

Brésil, l'envers d'un décor footballistique, un autre carnaval !

Le foot n’aliène plus les Brésiliens

Source, journal ou site Internet : El Watan

Date : 20 juin 2014

Auteur : Fayçal Métaoui

Brésil, l'envers d'un décor footballistique, un autre carnaval !Brésil, l'envers d'un décor footballistique, un autre carnaval !
Brésil, l'envers d'un décor footballistique, un autre carnaval !
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La Loi Santé du PS, est-ce encore une nouvelle idylle ?

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Le discours de Marisol Touraine:

Mesdames les ministres,
Mesdames et messieurs les parlementaires et les élus,
Mesdames et messieurs les Présidents,
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames et messieurs,

Le 23 septembre dernier, j’ai présenté la stratégie nationale de santé dont l’enjeu est de refonder notre système de santé. Cette refondation est nécessaire pour relever les grands défis auxquels il est confronté. Celui du vieillissement, qui impose une réorientation de notre politique. Celui des maladies chroniques, ensuite, qui touchent aujourd’hui près d’un Français sur quatre.
La mobilisation, enfin, de l’innovation au service de la qualité et de l’efficacité des prises en charge.

Face à ces bouleversements, une seule question se pose : comment répondre à ces défis pour que, dans les années qui viennent, les Français, tous les Français, aient encore accès à un système de santé d’excellence ?
Cette loi, dont je vais vous présenter les grandes orientations, et non le détail des mesures, transformera le quotidien de millions de Français.
Il changera le rapport des Français à leur santé. Il leur apportera les moyens de se prémunir et de se protéger. Il leur donnera, lorsque survient la maladie, les armes pour y faire face : un remboursement des soins simplifié, des délais de consultation plus brefs, une prise en charge plus fluide et compréhensible par tous.

Il y aura un avant et un après. Parce que ce projet de loi marque des priorités clairement définies. Parce qu’il s’inscrit dans la durée. Parce qu’il mobilise des instruments nouveaux pour les patients comme pour les professionnels, qui garantissent l’efficacité des mesures proposées.
Ce texte ne sera ni un nouveau grand mécano institutionnel, ni une loi de santé publique, où les objectifs se comptent par dizaines.
Ce sera une réforme structurante, qui permet d’attaquer les inégalités de santé à la racine, en affirmant la place déterminante de la prévention et de l’éducation en santé dans nos politiques.
Ce sera une réforme durable, qui installera le parcours dans notre système de santé, c’est-à-dire une prise en charge dans la proximité et la continuité. Ce sera une réforme mobilisatrice, enfin, qui fait le pari de l’innovation. Dans un contexte économique contraint, seule l’innovation nous permettra de porter des réformes en profondeur, tout en maintenant à son plus haut niveau la qualité des soins.

Ce projet de loi prolonge, bien sûr, la feuille de route de la stratégie nationale de santé, si amplement débattue depuis quelques mois. Plus de 200 forums régionaux se sont tenus dans toute la France. Ils ont connu une affluence sans précédent. Je veux remercier chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont participé à ces rencontres et qui nous ont ainsi permis de progresser. Je salue les nombreuses contributions, notamment issues des rangs parlementaires, qui m’ont été adressées. Ces mois de préparation furent l’occasion de démontrer, si besoin en était, que la santé mobilise les Français.

Ce sont eux qui ont directement inspiré le projet de loi.

I/ La première orientation stratégique du projet de loi est d’inscrire la prévention comme un des socles de notre politique de santé.

Engager une politique de santé publique, ce n’est pas accumuler dans un rapport annexé des indicateurs épidémiologiques complexes. C’est affirmer dans la loi que la responsabilité de l’Etat, en matière de santé, commence par la prévention. La prévention, elle n’est pas là pour punir, pour tout réglementer, encore moins pour tout taxer. Ce projet ne comporte donc aucune mesure de fiscalité.

Quel est le constat ? L’état de santé moyen des Français est parmi les meilleurs qui soient. Mais derrière ces résultats existent de fortes inégalités. En classe de CM2, les enfants d’ouvriers sont dix fois plus touchés par l’obésité que les enfants de cadres. C’est parmi eux que se recruteront les futures victimes de la « diabésité », cette épidémie silencieuse qui progresse de façon massive. Le diabète frappe aujourd’hui plus de 3,5 millions de personnes dans notre pays. Elles seront 30% de plus dans 5 ans.
C’est pour cela que je propose un parti pris clair : donner la priorité à la jeunesse et renforcer toujours notre soutien aux plus fragiles.

S’engager envers la jeunesse, dès le plus jeune âge, donc dès l’école. C’est là que tout se joue. Avec Benoît HAMON, et en complémentarité de la loi de refondation de l’école, nous instaurerons un parcours éducatif en santé. Il permettra à tous les enfants, de la maternelle au lycée, d’acquérir des connaissances en santé et d’adopter les bons réflexes. Il ne s’agit pas d’avoir une heure de cours par-ci, par-là sur la santé. Il s’agit que les enjeux de santé imprègnent le contenu de tous les enseignements.
Les bons réflexes en santé s’apprennent aussi en famille. Je suis en faveur d’un outil permettant de rendre compréhensible une information, aujourd’hui trop complexe, sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires industriels. De nombreuses marques m’ont fait part de leur intérêt pour une telle démarche. Il nous faut faire aboutir la réflexion sur ce que pourra être cet outil.

La prévention se construit aussi, à l’évidence, avec les professionnels de santé, dont la responsabilité en la matière doit être affirmée clairement. Aujourd’hui, les jeunes de moins de 16 ans n’ont toujours pas de médecin traitant. Le projet de loi permettra aux parents de choisir un médecin traitant pour leur enfant, qu’il s’agisse d’un généraliste ou d’un pédiatre. Le médecin traitant sera le responsable au long cours du suivi du parcours de soins de chaque enfant.

Après l’enfance, l’adolescence est un moment clé ; c’est bien sûr vrai pour la santé et nous devons mieux protéger notre jeunesse contre les addictions. Je n’accepte pas que l’adolescence soit si souvent l’âge de l’entrée dans le tabac. A 17 ans, un jeune sur trois fume tous les jours ; un sur deux en mourra. Chaque année, le tabac tue 73000 personnes en France. Nous pouvons gagner cette bataille en quelques années à condition de nous y engager pleinement. On ne peut vouloir vaincre le cancer sans agir face au tabac. Dans le cadre du plan cancer, le Président de la République m’a confié l’élaboration d’un programme national de réduction du tabagisme, que j’annoncerai prochainement.
Autre fléau contre lequel il faut protéger les jeunes : les séances d’alcoolisation excessive, plus connues sous le terme de « binge drinking ». A 17 ans, un jeune sur deux est concerné. Il s’agit de se donner les moyens de lutter contre ce phénomène nouveau, en particulier lors de manifestations ou de réunions liées au milieu universitaire ou socio-éducatif.

Protéger notre jeunesse, c’est aussi, en matière de sexualité, garantir aux jeunes femmes mineures l’accès sans condition à la contraception d’urgence auprès de l’infirmière scolaire. Je proposerai de supprimer la condition de « détresse caractérisée » exigée aujourd’hui.

Engager une politique de prévention résolue, c’est évidemment n’oublier personne, en particulier ceux qui sont le plus éloignés des soins.
L’héritage précieux que constitue la mobilisation historique de notre pays, dès les premiers temps du sida, dans la politique de réduction des risques, doit être reconnu et prolongé notamment au travers de son développement en milieu carcéral. Il conviendra également de définir le cadre de l’expérimentation de salles de consommation à moindre risque. Enfin, pour faciliter l’accès au dépistage des personnes les plus exposées, nous généraliserons la pratique des Tests Rapides d’Orientation Diagnostique.

Fixer des priorités ne suffit pas. Il faut se donner les moyens de les mettre en œuvre avec efficacité.

D’abord, en coordonnant l’action gouvernementale. Parce que la prévention concerne chaque ministère, chaque administration. C’est le sens du comité interministériel pour la santé qui est créé aujourd’hui même et qui permettra au ministre de la santé de faire partager, par l’ensemble du gouvernement, les priorités de santé. Cette transversalité est particulièrement nécessaire, par exemple, dans le champ de la santé environnementale : la lutte contre les perturbateurs endocriniens et l’usage intensif de pesticides ou encore l’amélioration de la qualité de l’air sont autant de sujets pour lesquels nous avons besoin d’une politique coordonnée.
Par ailleurs, il nous faut renforcer l’efficacité de nos structures administratives. Nos moyens sont trop éclatés et les efforts trop dispersés. Je veux donc doter la France d’un Institut pour la prévention, la veille et l’intervention en santé publique, qui disposera d’une taille critique suffisante. Une concertation sera conduite avec l’ensemble des équipes concernées, dont je salue le professionnalisme.

Enfin, pour déployer une politique de prévention efficace, le projet de loi confortera la mobilisation des acteurs locaux et sociaux.
Je salue, à ce titre, l’action des collectivités territoriales, cruciale pour la santé.
Je salue le rôle des associations qui, sur le terrain, vont vers ceux qui en ont le plus besoin. La démarche de médiation sanitaire, qu’elles ont initiée, sera ainsi inscrite dans la loi.
Je veux accompagner la mobilisation des acteurs sociaux pour promouvoir la santé en milieu professionnel. La grande conférence sociale, qui se tiendra au début du mois de juillet, en débattra.
De même, parce que la prévention concerne l’ensemble de nos territoires, je veillerai à ce que les avancées majeures contenues dans ce projet de loi soient appliquées de manière adaptée aux « outre-mer ».

II/ La deuxième orientation stratégique du projet de loi, c’est la mise en place d’un service territorial de santé au public pour améliorer la prise en charge des Français.

Je reçois régulièrement des témoignages enthousiastes de malades sauvés par l’un des meilleurs systèmes de santé au monde. Mais je reçois aussi des lettres me racontant des histoires de patients perdus dans un système de santé devenu trop complexe, opaque, où la moindre erreur d’aiguillage peut marquer le début de grandes difficultés.
Des témoignages si différents qui illustrent le risque bien réel de voir émerger une médecine à deux vitesses. Qui montrent que les Français n’ont pas tous les mêmes chances d’être bien pris en charge.

1/ Le service territorial de santé au public est une réponse à ces inquiétudes. Une réponse de proximité. Une réponse organisée en fonction des besoins des patients.
Il renforcera l’accès aux soins de tous les Français. Il leur proposera l’information dont ils ont besoin. Il organisera les parcours de demain à partir d’un premier recours efficace et d’un service public hospitalier rénové.

Concrètement, le service territorial de santé au public mettra en place une organisation accessible, lisible, compréhensible. Il doit faciliter la structuration territoriale des soins primaires. Il concernera au moins cinq domaines clefs : les soins de proximité, la permanence des soins, la prévention, la santé mentale et l’accès aux soins des personnes handicapées. Ces domaines seront proposés dans la loi pour être déclinés territoire par territoire.
Je veux prendre un exemple : aujourd’hui, il est souvent difficile pour les parents d’un enfant handicapé de trouver le bon professionnel pour, par exemple, des soins dentaires. Demain, grâce à l’organisation du service territorial, ils sauront à quelle porte frapper.
Ce sont les acteurs concernés, au premier chef les acteurs de soins primaires et les médecins traitants, les professionnels libéraux, hospitaliers, médico-sociaux, qui devront proposer aux agences régionales de santé des organisations pertinentes prenant en compte les expérimentations déjà lancées et les réalités de terrain. Il faut donner aux acteurs de terrain, public et privé, des outils pour agir et organiser eux-mêmes la proximité.
Pour soutenir cette démarche, le rôle des agences régionales de santé doit être renforcé. Elles pourront réorienter leurs financements : par exemple, pour être autorisées, certaines activités seront conditionnées à la participation de leur titulaire à la permanence des soins.

Au fond, il y a trois enjeux majeurs : lever les obstacles financiers ; garantir l’accès aux soins partout ; mettre en place un parcours organisé.

2/ Pour commencer, il faut garantir l’accès aux soins de tous.

Je redis ma détermination à lutter contre les barrières financières et toutes les formes de discrimination.

Le 23 septembre, j’ai pris l’engagement de généraliser le tiers-payant à la fois pour la part correspondant à celle de l’assurance maladie et pour celle des complémentaires. J’ai depuis installé le comité technique en charge de le faire et j’ai nommé son chef de projet. Dès l’an prochain, les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé seront ainsi dispensés d’avance de frais. Pour parvenir à une solution rapide, l’Assurance maladie sera pour cette première étape l’interlocuteur privilégié des médecins, comme elle l’est déjà pour la couverture médicale universelle. Cette décision n’emporte pas de conséquences sur les dispositifs déjà existants chez d’autres professionnels de santé, comme les pharmaciens, par exemple. D’ici 2017, le tiers-payant sera étendu à tous les assurés. Il apportera au médecin une garantie de paiement sans délai et sera simple à utiliser.
Par ailleurs, le projet de loi garantira aux personnes modestes des prix accessibles pour des produits de santé, tels que les lunettes. Je proposerai, enfin, un dispositif renforcé contre le refus de soins.

Mais l’argent n’est pas la seule barrière à l’accès aux soins.
Les Français doivent pouvoir trouver un professionnel de santé près de chez eux. Nous devrons approfondir les résultats encourageants du Pacte territoire-santé, en particulier pour permettre un accès continu aux soins. C’est tout l’enjeu de la permanence des soins.
Le service territorial organisera la réponse aux soins urgents et non-programmés. Comment faire face à la poussée de fièvre d’un enfant au milieu de la nuit ? Où trouver un médecin un dimanche après-midi ? Pour permettre aux Français de se repérer, je proposerai la mise en place d’un numéro d’appel unique à 3 chiffres dans chaque département pour la garde en ville : il sera le repère dans l’accès aux soins de nos concitoyens.

Enfin, le manque d’information est encore trop souvent un obstacle.
La loi proposera d’instaurer un « GPS en santé ». Ce que nous avons réussi avec le site medicaments.gouv.fr, nous le ferons pour l’ensemble du système de santé. Le service public d’information en santé, qui se met en place au niveau national, prendra la forme d’un portail web, avec une adresse unique, facile à mémoriser. Il sera aussi accessible par téléphone. Les ARS auront pour mission de le décliner au niveau régional.

Pour pouvoir bien s’orienter, il faut enfin être suffisamment autonome. C’est tout l’intérêt des dispositifs d’accompagnement, notamment associatifs, de certains patients : c’est une thématique nouvelle qui figurera dans la future loi.

3/ Et ensuite, il faut mettre en place un parcours organisé.

On parle beaucoup de parcours avec le sentiment que c’est abstrait. Mais c’est très concret. C’est ce que les initiés font en ouvrant leur carnet d’adresses.
Il s’agit de mieux coordonner les professionnels, de faciliter les coopérations pour que les patients, notamment les malades chroniques qui ont besoin d’un suivi complexe, ne soient plus ballottés. Et ça, cela se passe en proximité.
Il y a 40 ans, la psychiatrie a eu l’intuition du territoire. Le service territorial de santé au public disposera d’un volet spécifique sur la santé mentale, qui sera le nouveau cadre d’organisation de la santé mentale et de la psychiatrie où le secteur aura toute sa place. Il s’agira d’assurer la permanence des soins, la continuité des soins, la prévention, l’insertion, la coordination des acteurs. Je réaffirme d’ailleurs ma volonté d’œuvrer en faveur d’une reconnaissance dans la loi de la mission de psychiatrie de secteur. Au-delà de ce nouvel ancrage au secteur, je lancerai un chantier avec l’ensemble des acteurs concernés.

Le parcours, c’est donc la coordination. Ce qui change avec cette loi, c’est qu’elle propose des instruments concrets pour mettre en œuvre le parcours.

Des points de repère pour les patients d’abord.
Demain, chaque patient qui sort de l’hôpital se verra remettre le jour-même une lettre de liaison. Elle permettra le lien avec les professionnels de ville, notamment le médecin traitant, et pourra être dématérialisée.
Lorsqu’ils iront chez leur professionnel en ville, les patients chroniques disposeront, pour les guider dans leur parcours, d’un programme personnalisé de soins.

Evidemment, les professionnels vont avoir besoin d’appui. Il faut leur donner les moyens d’échanger plus simplement. Les agences régionales de santé soutiendront à leur intention des plateformes territoriales d’appui qui devront être conçues avec les professionnels. Elles faciliteront la prise en charge de leurs patients, notamment les plus complexes.
Par ailleurs, la relance du dossier médical est d’ores et déjà engagée. J’ai entendu la nécessité d’en faire un outil de coordination et de partage. La maîtrise d’œuvre en sera confiée à l’assurance maladie. Ce nouveau dossier médical partagé intègre naturellement l’enjeu de la messagerie sécurisée. Le projet de loi facilitera par ailleurs l’exercice des professionnels avec un accès organisé à un thésaurus de connaissances actualisées des dernières données de la science.

Cette implication des professionnels de santé de ville comme ceux des centres de santé doit pouvoir être reconnue.
Le développement des parcours conduira à une évolution progressive et négociée des modes de rémunération des professionnels - et des établissements - de santé.
Les négociations, qui se sont ouvertes entre l’assurance-maladie et les représentants des professionnels de santé libéraux ont pour objet de mettre en place des rémunérations d’équipe. Je renouvelle ma confiance aux partenaires conventionnels pour aboutir avant la fin du mois de juillet. S’ils ne parvenaient pas à un accord, alors je procéderais par voie d’un règlement arbitral.

4/ Il ne peut y avoir de premier recours efficace sans que celui-ci s’adosse à un médecin spécialiste de second recours ou à un établissement de santé.

La loi consacrera un service public hospitalier rénové. C’est-à-dire indivisible, conçu comme un « bloc d’obligations ». Les établissements privés à but non lucratif sont évidemment appelés à y participer. Les établissements privés à but lucratif le pourront, s’ils respectent ce bloc d’obligations.
La loi garantira aux usagers la permanence d’accueil et de la prise en charge ; le respect d’un délai de prise en charge raisonnable compte tenu de l’état du patient ; l’égalité d’accès aux soins.

Un service public hospitalier rénové, cela implique de tourner la page de certaines pratiques. Nous clarifierons les conditions de l’exercice libéral à l’hôpital. Nous ferons de même pour l’intérim médical, en plafonnant les rémunérations et en encadrant ce qui est devenu un véritable marché de mercenaires.
Dans le même temps, l’hôpital sera doté d’une responsabilité nouvelle vis-à-vis de son territoire. Pour y parvenir, la loi rendra obligatoires les groupements hospitaliers de territoire qui permettront la mutualisation de certaines activités comme par exemple les systèmes d’information, la formation initiale ou les fonctions centrales comme les achats. Et, désormais, sur un même territoire, les établissements porteront un projet médical commun.

Le financement des hôpitaux doit lui aussi permettre aux établissements d’intégrer une logique de parcours. Des expérimentations sur la tarification sont déjà conduites. Je veux que nous allions plus vite et le prochain projet de financement de la sécurité sociale le permettra.

Un hôpital rénové, c’est aussi une gouvernance rééquilibrée : la cohérence de l’exécutif des établissements sera renforcée avec la claire volonté de mieux traduire, dans le respect des attributions du chef d’établissement, le caractère nécessairement médical de la gouvernance hospitalière.
L’attractivité de l’hôpital est un chantier majeur qui, au-delà de la loi, nous mobilisera dans le cadre de travaux auxquels je serai attentive.

III/ Ma troisième orientation stratégique, c’est de faire le pari de l’innovation.

Les progrès scientifiques et technologiques révolutionnent désormais les soins au quotidien. Biotechnologies, nanotechnologies, médecine personnalisée et prédictive, thérapie génique : les enjeux liés à la recherche et à l’innovation en santé sont immenses pour les patients et les professionnels.
Ils sont décisifs, aussi, pour la croissance française, comme pour l’avenir de notre système de prise en charge. La santé de l’économie passe aussi par l’économie de la santé !
Dans ce domaine, notre pays occupe les premières places : les 98 premières mondiales signées par nos CHU y sont pour beaucoup. Nos entreprises et nos startups construisent, elles aussi, la France des technologies médicales. Le secteur de l’e-santé connaîtra à lui seul une croissance de 4% à 7% par an dans les prochaines années. Cette position, nous devons la consolider, car la concurrence internationale est vive.

1/ Le rôle de l’Etat est d’être un facilitateur et de garantir un écosystème favorable à l’innovation.

Les délais trop longs, les lourdeurs administratives sont autant d’ennemis de l’innovation. Pour emporter un marché, être compétitifs, conserver un avantage concurrentiel s’engage une lutte contre le temps.
Pour les hôpitaux, les délais concernant les essais cliniques à promotion industrielle vont d’ores et déjà passer de 18 mois à 2 mois. Le projet de loi proposera de généraliser le dispositif de la convention unique à l’ensemble des catégories d’établissements de santé.

2/ L’innovation concerne aussi les métiers de la santé.

Les jeunes qui s’engagent aujourd’hui dans ces métiers veulent exercer autrement. Les métiers évoluent partout.
Ce projet de loi reconnaîtra de nouveaux métiers, notamment les professions paramédicales à pratiques avancées. Je pense aux infirmiers cliniciens. Je pense aussi au rôle et à la place des sages-femmes. Elles pourront participer à la prise en charge de l’interruption volontaire de grossesse médicamenteuse. Avec Geneviève FIORASO, nous avons depuis 18 mois lancé une réflexion toujours en cours sur la réorganisation du troisième cycle des études médicales pour le rendre plus professionnalisant encore. Nous corrigerons également les imperfections du dispositif du développement professionnel continu.

3/ L’innovation permettra à la France d’être au rendez-vous de l’open data.

L’open data est un enjeu technique, scientifique et démocratique majeur. Il nous faut prolonger le mouvement d’ouverture des données de santé. J’attache une importance toute particulière aux conditions de mise à disposition des données, et en particulier celle du respect de la vie privée. Un important travail a été conduit par la commission open data ; il inspirera les dispositions de la future loi.

IV/ La quatrième orientation stratégique établira une nouvelle gouvernance pour une politique de santé plus performante.

1/ Ce projet de loi rappellera avec force l’unité de la politique de santé.
Il est plus que jamais nécessaire de faire travailler ensemble les services de l’Etat et ceux de l’assurance maladie, dont l’Etat assure la tutelle.
La loi donnera ainsi les moyens d’une meilleure articulation des interventions de l’Etat et de l’assurance maladie : les professionnels le réclament, les défis que nous avons à relever l’exigent. Il n’y a qu’une seule politique de santé et chacun doit y contribuer pour sa part, acteurs nationaux comme acteurs locaux, acteurs publics comme acteurs privés.
La loi engagera également la rénovation du dispositif conventionnel ; si la négociation nationale reste le cadre de référence, elle devra d’emblée intégrer l’exigence de sa nécessaire adaptation régionale et territoriale.
Dans le même esprit, la loi confortera le dialogue social. Elle proposera, par exemple, à la suite des recommandations formulées par Edouard Couty, la création d’un conseil supérieur des personnels médicaux hospitaliers.

2/ Si je devais ne retenir qu’un seul élément des 200 forums régionaux qui se sont tenus sur la stratégie nationale de santé, ce serait la vitalité de notre démocratie sanitaire.

La future loi poursuivra le mouvement engagé en 2002, en permettant aux patients de co-construire davantage les politiques de santé. Les associer, les impliquer pour bâtir un système à leur image.
Le rapport que m’a remis Claire COMPAGNON formule notamment des propositions visant à mieux représenter les usagers. Celles-ci seront largement reprises dans le projet de loi : extension de l’obligation de représentation des usagers dans toutes les agences nationales de santé et création de la commission des usagers. J’ai entendu les difficultés que rencontrent les associations pour remplir les mandats qui leur sont confiés. C’est un sujet sur lequel je souhaite que nous avancions ensemble dès que possible.
Au-delà de l’enjeu de la représentation, la maturité de la démocratie sanitaire exige que nous renforcions le débat public en santé. Mieux se connaître pour mieux débattre et mieux travailler ensemble : nous devons poursuivre dans cette voie. Je réaffirme aujourd’hui le soutien du gouvernement au projet d’un Institut du patient, confié à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique.

La démocratie sanitaire, c’est mieux associer les patients, mais c’est également simplifier leur relation avec le système de santé. En commençant par instaurer les mêmes droits pour tous. Grâce au projet de loi, le concubin ou le partenaire de PACS d’une personne décédée pourra avoir accès à son dossier médical. Cette possibilité existe pour les personnes mariées, rien ne justifie qu’elle leur soit réservée.
La maturité de la démocratie sanitaire, c’est également le renforcement du pouvoir des patients lorsqu’ils sont les victimes de dommages. Face aux dommages sériels en santé, un droit nouveau pourrait être envisagé : l’instauration d’une action de groupe. Cela représentera une avancée majeure. Les indemnisations y seront, certes, déterminées de manière individuelle, mais désormais nos concitoyens ne seront plus seuls face à la puissance de certaines industries.

Mesdames et messieurs,

Dans les prochains jours, la concertation se poursuivra avec l’ensemble des acteurs du monde de la santé, jusqu’à l’envoi du texte au Conseil d’Etat cet été. En septembre, je présenterai le projet de loi en Conseil des ministres. Il sera ensuite transmis à l’Assemblée nationale et son examen commencera au début de l’année 2015.
Dès le lendemain de la promulgation de la loi, nous devrons être en mesure de déployer rapidement les dispositifs votés par le Parlement.
De nombreuses mesures techniques sont nécessaires, des négociations sont en cours ou à venir : elles n’attendront pas la loi pour se mettre en place. Elles devront être prêtes au moment où ce texte entrera en application. Par ailleurs, le secteur de la santé doit participer à l’objectif général de simplification de nos procédures administratives. Des propositions en ce sens seront faites en concertation notamment avec les fédérations d’établissements.
Je sais pouvoir compter sur l’engagement de chacun pour enrichir et pour nourrir ce texte. Les professionnels, les associations, les élus, l’ensemble des Français : leur mobilisation est indispensable pour permettre à notre système de santé de relever les immenses défis auxquels il est confronté et de préserver ainsi son excellence.
Je vous remercie.

Prévention, santé des jeunes, "service territorial de santé", généralisation du tiers payant, création d'un numéro d'appel unique, "rénovation" du service public hospitalier... Le futur projet de loi de Marisol Touraine viendra prolonger la Stratégie nationale de santé sur une multitude de questions, dont certaines restent à préciser. Marisol Touraine a présenté, le 19 juin, les grandes lignes du futur projet de loi Santé. Le texte législatif ne sera toutefois connu qu'à la rentrée. La ministre des Affaires sociales et de la Santé a d'ailleurs insisté sur le fait qu'il s'agissait là de présenter "les grandes orientations, et non le détail des mesures" d'une loi "qui transformera le quotidien de millions de Français" et "changera le rapport des Français à leur santé". En attendant, les orientations présentées s'inscrivent dans le prolongement de la stratégie nationale de santé, elle-même exposée le 23 septembre dernier (voir notre article ci-contre du 23 septembre 2013).

La prévention comme socle commun

La future loi de santé comportera quatre "orientations stratégiques", qui regrouperont elles- mêmes une série de mesures d'ampleur variée. La première orientation stratégique consistera à "inscrire la prévention comme un des socles de notre politique de santé". Ceci passe notamment par la création - en liaison avec l'Education nationale - d'un "parcours éducatif en santé". Parmi les autres mesures figurent aussi l'extension du principe du médecin traitant aux jeunes de moins de seize ans, la lutte contre le "binge drinking", l'accès des mineures à la contraception d'urgence auprès de l'infirmière scolaire (en supprimant la condition de "détresse caractérisée")... Ce programme ambitieux - qui entend combler un point faible traditionnel du système de santé français, très orienté vers le curatif - posera toutefois très rapidement la question de l'état actuel de la médecine scolaire. Enfin, les grandes villes pourraient être concernées par "la définition du cadre de l'expérimentation de salles de consommation à moindre risque" (les "salles de shoot"). Les précautions oratoires qui encadrent cette mesure témoignent de son caractère sensible. En termes d'organisation, ce premier axe se traduit par la création immédiate d'un "comité interministériel pour la santé" et par celle - plus éloignée - d'un "Institut pour la prévention, la veille et l'intervention en santé publique, qui disposera d'une taille critique suffisante". Bien que Marisol Touraine ne le précise pas, il s'agira du résultat de la fusion - déjà annoncée par ailleurs - de l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) et de l'InVS (Institut de veille sanitaire).

Vers un "service territorial de santé au public"

La seconde orientation stratégique consiste en la mise en place d'un "service territorial de santé au public", issu pour partie des préconisations du rapport Devictor (voir notre article ci- contre du 24 avril 2014). Dans l'attente du projet de loi, le contenu reste encore assez flou, si ce n'est que la mesure "doit faciliter la structuration territoriale des soins primaires". D'autres mesures connexes relèvent également de ce second axe. La principale concerne la généralisation du tiers payant, pour les prestations de l'assurance maladie, mais aussi pour celles des complémentaires santé (voir notre article ci-contre du 19 février 2014). L'objectif est d'aboutir à une extension généralisée en 2017. L'autre mesure phare concerne la mise en place d'une sorte de "15" de la médecine libérale. En l'occurrence la création d'un numéro d'appel unique à trois chiffres dans chaque département, pour la garde en ville hors des horaires d'ouverture des cabinets. D'autres dispositions sont également prévues au titre de ce second axe, comme la coordination des parcours, la relance du dossier médical partagé (un serpent de mer du système de santé depuis plus de dix ans), ou encore le "service public hospitalier rénové", avec la "clarification" de l'exercice libéral à l'hôpital et de l'intérim médical, les groupements hospitaliers obligatoires pour certaines fonctions ou les expérimentations sur la tarification. Sans oublier "la claire volonté de mieux traduire, dans le respect des attributions du chef d'établissement, le caractère nécessairement médical de la gouvernance hospitalière" (un sujet qui ne devrait pas manquer de relancer les tensions entre directeurs d'hôpitaux et médecins et promet un intense lobbying au Parlement).

Le pari de l'innovation

Troisième orientation stratégique : "faire le pari de l'innovation". Ce ne sera pas l'axe majeur du projet de loi, car les mesures prévues restent assez limitées. On retiendra notamment des dispositions sur les essais cliniques à promotion industrielle, la reconnaissance de nouveaux métiers comme les "professions paramédicales à pratiques avancées" (infirmiers cliniciens, sages-femmes...), la réorganisation du troisième cycle des études médicales et - autre sujet polémique - l'accélération du mouvement d'ouverture des données de santé dans le cadre de la politique d'Open Data. L'accès à ces données (anonymisées) est en effet demandé par les complémentaires santé, mais suscite de fortes réticences du côté de la Sécurité sociale.

Une nouvelle gouvernance

Enfin, la quatrième orientation stratégique consistera à établir "une nouvelle gouvernance pour une politique de santé plus performante". Dans l'attente du texte du projet de loi, son contenu semble lui aussi assez incertain. Il comprendra notamment une rénovation du dispositif conventionnel, une extension de l'obligation de représentation des usagers dans toutes les agences nationales de santé et la création de la commission des usagers, ou encore certaines mesures plus ponctuelles comme l'accès du concubin ou du partenaire de Pacs au dossier médical de la personne décédée (possibilité qui n'existe aujourd'hui que pour les couples mariés). La mesure qui sera sans doute la plus discutée reste toutefois l'instauration d'une action de groupe en matière de santé, en lien direct avec l'affaire des prothèses PIP. Ultime précision : le projet de loi sera soumis au Conseil des ministres en septembre prochain. Il sera ensuite transmis à l'Assemblée nationale, avec un début d'examen prévu pour le début de 2015.

La Loi Santé du PS, est-ce encore une nouvelle idylle ?
La Loi Santé du PS, est-ce encore une nouvelle idylle ?La Loi Santé du PS, est-ce encore une nouvelle idylle ?

Marisol Touraine dévoile les grandes orientations du futur projet de Loi Santé

Source, journal ou site Internet : localtis

Date : 20 juin 2014

L'engagement de chacun

Marisol Touraine l'a rappelé en conclusion, la présentation de ces orientations s'inscrit dans les grandes lignes de la stratégie nationale de santé présentées en septembre 2013, soulignant ceci : Je sais pouvoir compter sur l’engagement de chacun pour enrichir et pour nourrir ce texte. Les professionnels, les associations, les élus, l’ensemble des Français : leur mobilisation est indispensable pour permettre à notre système de santé de relever les immenses défis auxquels il est confronté et de préserver ainsi son excellence.

L'ANPDE réagit aux orientations du projet de loi santé

Dans un communiqué de presse, le 19 juin 2014, l'Association Nationale des Puéricultrices(eurs) Diplômé(e)s et des Étudiants (ANPDE) souligne que les infirmières puéricultrices sont en première ligne pour lutter contre les inégalités sociales de santé, qui commencent dès la conception de l'enfant. Quel que soit le lieu d'exercice [...] le coeur de métier des infirmières puéricultrices est constitué d'activités de prévention et d'éducation à la santé pour l'enfant et sa famille. Bien que les IPDE répondent d'ores et déjà aux demandes et besoins de la population, ces activités ne sont ni valorisées par l'Assurance Maladie, ni reconnues par le Code de la Santé Publique. Profitons de cette loi de santé pour y remédier : l'infirmière puéricultrice est l'infirmière spécialisée de l'enfant, de l'adolescent et de leur famille, au même titre que le pédiatre est le médecin spécialisé de l'enfant, de l'adolescent et de la famille. Il paraît donc indispensable d'élaborer des missions exclusives pour les IPDE concernant la santé de l'enfant, en fonction des compétences attendues pour garantir des réponses adaptées aux besoins de la population.

Prawda o Auschwitz - Правда об Освенциме - Vérité sur Auschwitz

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Depuis près de cinquante ans, on attendait l'ouverture des archives nazies conservées à Moscou par le KGB. Jean-Claude Pressac les a consultées. Résultat: un document terrifiant sur la construction et le fonctionnement du camp. Et des révélations sur le nombre des victimes comme sur la date de mise en application de la solution finale. Un ouvrage qui servira de référence aux historiens du monde entier. 
 

Il aura donc fallu attendre près d'un demi-siècle pour voir s'ouvrir les archives soviétiques de la Solution finale: 80 000 documents saisis à Auschwitz en 1945 et conservés aujourd'hui dans les Archives centrales de Moscou, au 3 de la rue Vyborskaïa. Grâce à ces pièces - la majeure partie des archives relatives au camp d'extermination - vient d'être réalisée la première synthèse des connaissances sur l'un des événements majeurs du xxe siècle. Il s'agit là d'une avancée historique considérable. Non seulement elle permet une compréhension désormais totale de la mise en place et du fonctionnement technique des chambres à gaz et des fours crématoires, mais elle conduit à réviser la chronologie de l'extermination et débouche sur un nouveau comptage, précis et sans doute définitif, des victimes. 

L'auteur de ce travail, le premier à avoir dépouillé les archives d'Auschwitz conservées depuis la fin de la guerre par le KGB, est un Français. Jean-Claude Pressac attendait cette opportunité depuis des années. Consultant du musée d'Auschwitz, conseiller du musée de l'Holocauste, à Washington, ce pharmacien de formation est le spécialiste incontesté des recherches sur les techniques de l'extermination nazie. Déjà auteur de l'ouvrage essentiel (en anglais) sur la question (1), écrit à partir des archives polonaises et allemandes, il ne lui manquait plus que l'accès aux archives soviétiques pour connaître l'intégralité des procédés techniques, combler de nombreuses lacunes et répondre à bien des interrogations. C'est l'objet de l'ouvrage que publie aujourd'hui le CNRS et qui va désormais faire office de référence mondiale sur le sujet: Les Crématoires d'Auschwitz. La machinerie du meurtre de masse (2). 

Tous les travaux sur la politique d'extermination nazie se heurtent au problème de la dissimulation: la décision et l'exécution du judéocide furent entourées par leurs auteurs d'un secret absolu. Il n'existe ni film ni photo représentant un gazage homicide et aucun discours officiel ne mentionne le processus de l'entreprise criminelle. Les diverses opérations aboutissant à la disparition physique des victimes étaient camouflées derrière un langage de service anodin ("traitement spécial", "action spéciale", etc.). Et, lors de l'évacuation du complexe concentrationnaire, en janvier 1945, les SS prirent soin de dynamiter les installations criminelles (et elles seules) et de brûler la quasi-totalité des archives de la "section politique" du camp. Ne restèrent intactes que les archives de la Direction des constructions SS (SS Bauleitung), chargée des travaux de construction et d'entretien et des rapports avec les différentes entreprises intervenant dans le camp. Mais ces archives essentielles furent immédiatement partagées en deux: les Soviétiques, ayant libéré le camp, en saisirent les deux tiers (transportés à Moscou et bloqués par le KGB pour des dizaines d'années), l'Etat polonais conservant le reste, déposé aux Archives du musée d'Auschwitz. 

L'événement "indicible"

Pendant longtemps, même la petite partie disponible en Pologne demeura inexploitée. D'abord parce que les récits des témoins et de certains exécutants, et la présence de nombreux survivants, paraissaient suffisants. Mais aussi parce qu'un courant important de la mémoire juive refusait toute approche rationnelle de la Solution finale, qualifiée d'événement "indicible" et "impensable". Or, à partir des années 70, la littérature négationniste choisit précisément comme angle d'attaque les modalités techniques du génocide, pour contester l'existence même des chambres à gaz. Cette stratégie du soupçon se limitait en fait à relever systématiquement les erreurs, imprécisions ou invraisemblances techniques, logiquement nombreuses dans les récits de témoins ou dans les textes soviétiques et polonais de l'après-guerre qui firent d'Auschwitz un thème de propagande idéologique. Pharmacien et scientifique, Jean-Claude Pressac partagea au départ plusieurs objections d'ordre technique avancées par les négationnistes. Il se plongea alors dans la lecture des archives polonaises et fit rapidement le tri entre les inexactitudes, faciles à relever ici ou là, et la réalité du génocide. Il s'aperçut cependant que, contrairement aux apparences, l'étude détaillée de l'extermination des juifs, simple dans son principe, mais complexe dans sa machinerie, n'avait pas, jusque-là, été entreprise. L'histoire technologique de la Solution finale restait encore à écrire. 

Dans une première étape, le dépouillement des pièces disponibles en Pologne et en Allemagne lui permit de démontrer, sur le terrain technique, qu'ils avaient choisi, les contrefaçons des négationnistes. Ce travail, encouragé et publié il y a quatre ans par la fondation Beate Klarsfeld, ouvrait les pistes d'une histoire du processus de mise à mort industrielle à Auschwitz: malgré les consignes nazies de dissimulation et la destruction des archives politiques d'Auschwitz, l'étude de ces archives techniques permettait de retracer précisément l'activité du camp et de répondre à un certain nombre de questions restées jusqu'ici ouvertes. Mais les archives polonaises (250 dossiers, contenant 50 000 documents et plans) et allemandes, suffisantes pour répliquer aux négationnistes, ne permettaient pas de reconstituer l'intégralité du processus. On comprend ainsi l'enjeu que représentait l'ouverture des Archives centrales (ex-spéciales) de Moscou, où se trouve depuis 1945 la partie la plus importante de ces archives techniques (600 dossiers, contenant 80 000 documents et plans). Après deux années de travail sur les documents de Moscou et de Weimar (archives de l'ex-Allemagne de l'Est), Jean-Claude Pressac livre donc, aujourd'hui, la première reconstitution des techniques d'extermination, à partir des seules sources écrites contemporaines (et donc affranchie des témoignages). 

Ainsi, derrière Hitler, Himmler ou Eichmann, apparaissent de nouveaux personnages, bien moins connus, alors qu'ils jouèrent un rôle décisif: les fonctionnaires de cette Direction des constructions SS (Bauleitung SS), mais aussi les ingénieurs et responsables des firmes civiles chargées des travaux. Karl Bischoff, le "Bauleiter". Ses adjoints directs, Walter Dejaco et Fritz Ertl. Et surtout l'ingénieur principal Kurt Prüfer, qui équipa Auschwitz de crématoires surpuissants, fabriqués par la société qui l'employait, la Topf und Söhne d'Erfurt, totalement associée à l'entreprise criminelle. 

Tout ce qui fut projeté, étudié, édifié et réparé à Auschwitz, y compris chambres à gaz et crématoires, dépendait de la Bauleitung. Laquelle consignait et archivait tout. Lorsqu'elle entreprenait la construction ou l'aménagement de bâtiments, elle établissait des dessins, des tirages de "bleus", des devis des matériaux nécessaires et lançait des offres de marché ciblées auprès des firmes régionales, en fonction de leur spécialité (terrassement, isolation, toiture, plomberie, etc.). Jean-Claude Pressac a découvert que la Bauleitung conservait également les pièces des entreprises ayant emporté les marchés: plans, états d'avancement des travaux, bordereaux récapitulatifs des travaux effectués, lettres mentionnant les obstacles rencontrés, factures, etc. A la fin, chacune des réalisations était réceptionnée officiellement par la Bauleitung, ce qui donnait lieu à de nouveaux documents (répertoriant les différentes installations qu'elle remettait à l'administration du camp). 

Ingénierie criminelle

Au sein de cette masse de documents, Jean-Claude Pressac a retrouvé les preuves de l'organisation de l'homicide. Ici ou là, et souvent à propos de questions techniques incontournables, la vérité apparaît: sur un plan, dans un devis ou dans une lettre urgente, des indications précises trahissent les consignes de secret en attestant l'existence des chambres à gaz homicides. 

Quelques exemples peuvent illustrer ces "bavures". Pourtant très prudent, le chef de la Bauleitung lui-même, Karl Bischoff, commet un lapsus dans une lettre adressée le 29 janvier 1943 à son supérieur, à Berlin: il désigne la morgue 1 du crématoire II comme "cave à gazage". Le 6 mars suivant, un technicien en chauffage de la Bauleitung, Rudolf Jährling, presse la firme Topf d'effectuer rapidement l'installation du système de réchauffement de cette morgue 1: un tel local doit par définition rester frais, mais son utilisation en chambre à gaz réclamait une température supérieure à 27 degrés, afin de permettre la vaporisation rapide du zyklon B (granulés de silice imprégnés d'acide cyanhydrique). Le 14 mars, c'est un contremaître civil de Topf, Heinrich Messing, qui laisse échapper le terme de "cave à déshabillage" à propos d'une salle du crématoire II. Le 31 mars, Hans Kirschneck, ingénieur sous-lieutenant SS de la Bauleitung, signale que la morgue 1 du crématoire II est équipée d'une porte étanche au gaz avec un oeilleton de verre épais de 8 millimètres. Dans la lettre et le télégramme échangés les 11 et 12 février 1943 entre la Bauleitung et Topf est mentionnée une soufflerie en bois destinée à désaérer une salle désignée comme "morgue": preuve que l'air extrait n'était plus celui d'une morgue, mais de l'air contenant de l'acide cyanhydrique, gaz corrosif, ne pouvant être aspiré par une soufflerie classique en métal. Le même mois, juste au moment de la pose d'un système de ventilation, la Bauleitung demande à Topf de lui envoyer des détecteurs de gaz mesurant les restes d'acide cyanhydrique dans le crématoire II. Or, dans une vraie morgue, on utilise des désinfectants (comme, à l'époque, l'eau de Javel ou le Crésyl), mais non un produit destiné à tuer les poux... Le crématoire III fut livré le 24 juin 1943. Les bordereaux de réception mentionnent que sa "morgue" comprend une "porte étanche au gaz" et quatorze (fausses) douches, ce qui trahit une fois de plus son utilisation en chambre à gaz. Etc. 

La richesse du fonds russe d'archives permet une compréhension presque parfaite de l'ingénierie criminelle et de sa conception. La technique des fours d'incinération en fut l'élément central: la difficulté principale, pour les nazis, était non pas le gazage, mais l'élimination des cadavres. Le rythme de l'extermination dépendait donc de celui de la crémation. D'où l'enjeu représenté par la conception de fours crématoires d'une capacité et d'une efficacité inégalées. Jean-Claude Pressac retrace minutieusement le rôle essentiel joué par la firme Topf und Söhne, ses dirigeants, et en particulier l'un de ses ingénieurs, Kurt Prüfer, considéré alors comme un génie de la crémation. Jour après jour, à travers l'histoire industrielle de cette entreprise, nous pouvons suivre les efforts de Prüfer et de son équipe, qui vont faire passer la technique des crématoires d'un stade artisanal et purement sanitaire, dans les premiers camps de concentration, à l'usine de mort d'Auschwitz II-Birkenau, disposant de complexes constitués de chambres à gaz reliées (parfois par monte-charge d'une capacité de 1 500 kilos) à des fours d'incinération. A partir de son four civil, modèle 1934, chauffé au gaz de ville, Prüfer, essai après essai, adapte ses fours au coke, améliore le tirage, la puissance des souffleries d'air pulsé, l'isolation. Objectif: réduire au minimum la durée d'incinération, afin d'accélérer le débit. Il parvient ainsi à passer de quelques incinérations par jour, dans un crématoire normal, à un rendement de 1 000 et même de 1 500, dans les crématoires II et III de Birkenau. 

Des pannes fréquentes

La sécheresse technique de l'étude de Jean-Claude Pressac, dénuée de tout commentaire et de tout témoignage, nous fait pénétrer la réalité humaine d'une usine. Sa vie quotidienne. Ses problèmes. Il y a des pannes fréquentes: il est rare que l'ensemble des crématoires fonctionnent en même temps. Certains sont abandonnés, déficients après avoir été surexploités ou à cause d'un défaut de structure. La Bauleitung a aussi de gros ennuis avec les cheminées, qui, soumises à un rythme de plus en plus rapide, se fissurent souvent sous l'effet de la chaleur. Topf, comme toutes les entreprises, a des contentieux de facturation avec son client. Il lui arrive de faire du dumping pour évincer ses concurrents (notamment Kori, à Berlin) et emporter le maximum de marchés dans les différents camps du Reich. Prüfer, qui touche personnellement 2% sur les bénéfices des ventes, veut être présent partout. 

La chronique de la vie professionnelle de ces fonctionnaires, techniciens et employés, constitue par sa banalité l'un des plus terribles documents sur la Solution finale. Car c'est à cause de ce travail appliqué de mise au point de techniques incinératrices surpuissantes qu'Auschwitz devint un lieu d'anéantissement massif des juifs. Les premiers gazages eurent lieu à Auschwitz I, le camp principal, en décembre 1941 (et non en septembre, comme on le pensait jusque-là), sur des malades qualifiés d' "irrécupérables" et des prisonniers soviétiques, et en 1942 et 1943 furent réalisés à Auschwitz II-Birkenau les crématoires II, III, IV et V, à très grande capacité. 

"Traitement spécial"

Les documents soviétiques analysés par Jean-Claude Pressac apportent donc des confirmations minutieuses, décisives et sans réplique à ce que l'on savait des camps d'extermination. Ils donnent aussi un nouvel éclairage au processus et à la chronologie de la Solution finale. La date du début de la phase industrielle de l'extermination apparaît ainsi plus tardive que ne le pensaient les historiens. Plus précisément, et au détriment de l'importance accordée jusqu'ici à la conférence de Wannsee (20 janvier 1942), la nouvelle chronologie publiée par Jean-Claude Pressac montre que l'opération a eu lieu en deux temps. Quand, en septembre 1941, Hitler ordonne la déportation vers l'Est des juifs du Reich, il a clairement décidé de les éliminer à plus ou moins long terme, progressivement ou rapidement, en fonction de la résistance des organismes, soumis à des épreuves destructrices. Cette procédure est élargie à l'ensemble des territoires occupés lors de la conférence de Wannsee. Mais ce n'est que fin mai-début juin 1942 que la volonté politique et idéologique de mort trouve dans les innovations techniques mises en oeuvre à Auschwitz (grâce à Prüfer) les moyens d'une extermination industrielle, devenue alors un objectif prioritaire du régime nazi. 

La première "sélection" date ainsi du 4 juillet 1942 et vise un convoi de juifs slovaques: les "aptes au travail" (hommes et jeunes femmes sans enfants) étaient séparés des "inaptes au travail" (enfants, femmes et vieillards), voués au gaz. C'est précisément à la fin du mois de juillet qu'apparaît, pour la première fois, l'expression "traitement spécial". Dès cette époque, gênés par de fréquentes pannes des fours d'incinération du crématoire I, incapable d'assurer un rendement suffisant pour la réalisation du programme d'extermination, les responsables de la Bauleitung signent avec Topf un contrat pour l'installation urgente de quatre nouveaux crématoires. 

Autre apport décisif rendu possible par l'étude des documents soviétiques: le bilan précis des victimes d'Auschwitz, en retrait par rapport aux calculs connus et déjà récemment révisés à la baisse. Plusieurs chiffres erronés ont été avancés après guerre. En 1945, la Commission soviétique d'Auschwitz estimait le nombre total de morts à 5 500 000. La Pologne communiste s'en est longtemps tenue au chiffre de 4 millions de victimes, affiché jusqu'en 1990 sur le site d'Auschwitz II-Birkenau et repris en 1956 dans le célèbre film d'Alain ResnaisNuit et brouillard. La première estimation sérieuse, établie par l'Américain Raul Hilberg (3), s'élevait à 1,2 million (1 million de juifs et 200 000 non-juifs) et la plus récente, proposée par l'historien polonais Francis Piper, à 1,1 million.  

Environ 800 000 tués

Jean-Claude Pressac a pu, quant à lui, s'appuyer, le premier, sur la source exceptionnelle que constituent pour Birkenau les registres de décès ("Sterbebücher") des déportés astreints au travail (et donc immatriculés), soit 46 registres conservés à Moscou. Pour les autres victimes, sélectionnées comme "inaptes" et gazées dès leur arrivée (sans immatriculation), Jean-Claude Pressac se sert des données techniques afin de modifier sensiblement le comptage des victimes polonaises et hongroises. 

Environ 800 000 personnes ont été tuées à Auschwitz: 15 000 prisonniers de guerre soviétiques, une dizaine de milliers de Tsiganes, morts du typhus ou par gazage, 130 000 détenus, juifs et non-juifs, morts de maladie ou d'épuisement par le travail, et 630 000 juifs, adultes et enfants, assassinés dans les chambres à gaz dès leur arrivée. 

Un travail du même type, sur les autres camps, amènera sans doute d'autres révisions et, parallèlement, une réévaluation de la responsabilité de la Wehrmacht dans ses opérations de massacres de juifs, comme sans doute de l'importance de la mortalité dans les ghettos. Mais la nature de la Solution finale reste inchangée: des millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont morts, comme l'a écrit Arthur Koestler, "d'être nés dans un lit et non dans un autre". 

* Chargé de recherches au CNRS, Institut d'histoire du temps présent. (1) " Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers ", The Beat Klarsfeld Foundation, New York, 1989. Non traduit en français. 

(2) Editions du CNRS. 

(3) "La Destruction des juifs d'Europe", Fayard, 1988.


En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/informations/auschwitz-la-verite_595879.html#gDZu66Boqkp7hh5P.99

Auschwitz: la vérité

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Prawda o Auschwitz - Правда об Освенциме - Vérité sur Auschwitz
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Des économistes français pour la suppression du SMIC

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Selon eux, les demandeurs d'emploi peu qualifiés n'ont de réelles chance de rebondir que si les employeurs sont autorisés à les payer en dessous du salaire minimum.

En France, le risque de chômage est très inégalement réparti selon que l’on a ou non un diplôme. Le taux de chômage des salariés qualifiés, ceux qui sont titulaires au minimum du baccalauréat, n’a presque pas bougé avec la crise, aux alentours de 5%. En revanche, les actifs faiblement qualifiés, ceux qui ont un niveau d’études inférieur au baccalauréat, se sont enfoncés : leur taux de chômage est passé de 9% en 2008 à 13% aujourd’hui. Il est illusoire de penser que  leur situation s’améliorera avec le retour de la croissanceLes professions faiblement qualifiées sont soumises à une mutation très forte. Les jobs d’ouvrier dans l’industrie ou d’employé de bureau disparaissent au profit d’automates ou de programmes informatiques : c’est le basculement dans la société postindustrielle. Beaucoup de ceux qui occupaient ces fonctions doivent aujourd’hui s’orienter vers d’autres métiers, comme le tourisme, la santé ou, plus généralement, les services à la personne.

Mais pour créer un grand nombre de jobs dans ces secteurs, il faudrait d’abord résoudre la barrière que constitue le niveau du smic, qui est un véritable frein à la création d’emplois. En effet, la productivité des actifs faiblement qualifiés est insuffisante pour que de potentiels employeurs puissent s’offrir leurs services au tarif du smic. Nous avons en France une forte préférence pour l’égalité : collectivement, le pays n’a pas envie de tomber dans le système des minijobs à l’allemande, mal payés, ou de voir se multiplier les working poors comme aux Etats-Unis.

Un moyen de lutter contre le vote FN

Mais, aujourd’hui, le smic n’est plus l’instrument adapté pour lutter contre la pauvreté. A une époque, il servait à redistribuer les revenus de façon intelligente dans l’entreprise, entre les équipes très qualifiées et celles qui l’étaient peu. Cela fonctionnait pendant les Trente Glorieuses, quand cadres et ouvriers cohabitaient dans les mêmes groupes industriels. Aujourd’hui, l’entreprise n’est plus le lieu possible de la redistribution des richesses : les grandes sociétés qui réalisent des profits n’emploient presque plus de salariés peu qualifiés. Il faut donc redistribuer les revenus autrement, par le biais de l’Etat via un impôt négatif ou une baisse de cotisations sociales…

Les responsables, quelle que soit leur couleur politique, doivent saisir la question à bras le corps et cesser de dire que la courbe du chômage s’inversera pour tous de la même manière après la crise. Pour renverser la tendance, il faut aider les actifs dont la productivité est inférieure au coût du smicà rester employables s’ils ont un job, ou à en retrouver un s’ils sont au chômage. Ce faisant, on pourra faire reculer le vote en faveur du Front national, qui est corrélé au taux de chômage.

Des économistes français pour la suppression du SMIC

Pharrell Williams - Happy - Dale Carnegie - Libres le Livre V1/V2!

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Si on ne voulait qu'être heureux cela serait bientôt fait. Mais on veut être plus heureux que les autres et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu'ils ne sont.

Montesquieu

Être heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections.

Aristote

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