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Mieux connaitre un "Guide lumière" pour notre démocratie, Frédéric BASTIAT

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La science économique a payé, depuis quelques années, un cruel tribut à la mort. Après un long intervalle d'abandon et d'atonie, elle avait réussi à réunir, à grouper quelques intelligences d'élite, qui s'efforçaient de continuer la tradition des Quesnay, des Turgot, des J.-B. Say et des Charles Comte.

 

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BASTIAT vu des Etats-Unis, comme une aubaine

 

 

La Société des Économistes servait de point de réunion à ces hommes, que préoccupait un ardent désir de propager et de faire avancer une science devenue plus que jamais nécessaire au bien-être et au repos de l'humanité. Comme leurs illustres devanciers les économistes du dix-huitième siècle, ils poursuivaient la recherche de la vérité économique, dans le seul but d'être utiles à leurs semblables. Si quelque divergence d'opinion se manifestait parmi eux, aussitôt une discussion commune venait éclairer le point sur lequel portait le dissentiment, et il était rare que l'obstacle qui avait arrêté l'intelligence d'un seul ne cédât point à l'effort de tous. C'est ainsi, grâce à cette fréquentation d'hommes animés du même esprit, émus de la même passion, que s'est maintenu parmi nous, en s'enrichissant chaque jour, le dépôt de la science économique. C'est ainsi que l'économie, quoique repoussée de l'enseignement officiel, et en butte aux imputations calomnieuses ou ineptes de la mauvaise foi et de l'ignorance, a pu conserver en France le rang honorable où ses fondateurs et ses maîtres l'avaient placé au dix-huitième siècle.

 

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La Société des économistes n'a pas cessé de réunir les mais de la science économique ; mais, depuis quelque temps, des vides nombreux se sont faits dans son sein. En 1845, elle perdait Théodore Fix, le judicieux auteur des Observations sur les classes ouvrières ; en 1847, Eugène Daire, dont nos lecteurs connaissent les savantes annotations à la Collection des principaux économistes ; en 1848, Rossi, cet esprit si merveilleusement flexible, ce vulgarisateur si habile des théories de Malthus et de Ricardo ; en 1849, Fonteyraud, cette vive et charmante intelligence, l'une des plus chères espérances de l'économie politique ; enfin, le 24 décembre 1850, la mort lui enlevait Frédéric Bastiat, l'homme qui savait le mieux rendre accessibles et populaires les vérités économiques, et l'un de ceux qui ont le plus honoré la science.

 

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Frédéric Bastiat naquit à Bayonne, le 25 juin 1801. Demeuré orphelin de bonne heure, il fit ses études au collège de Sorrèze, que dirigeaient des ecclésiastiques. C'était alors la mode, plus encore aujourd'hui, d'exalter les Grecs et les Romains, et de proposer les héros de l'antiquité pour modèles à la jeunesse. Bastiat n'échappa point à l'épidémie régnante ; mais, plus heureux que bien d'autres, il réussit à tirer sa raison saine et sauve de cette épreuve. Cependant, il ne jugea pas à propos de la pousser jusqu'au bout. Lui, qui a écrit une si spirituelle brochure sur le baccalauréat, il n'était pas même bachelier, et il en convenait volontiers. Sorti du collège à l'âge de vingt ans environ, il s'associa d'abord aux opérations d'un oncle qui était négociant à Bayonne ; mais bientôt dégoûté d'une carrière qui contrariait les propensions naturelles de son esprit vers la médiation et l'étude, il se retira dans un domaine de famille situé au fond des Landes. Là, le futur économiste partageait son temps entre les travaux de l'agriculture et les délassements de l'esprit. Voulant savoir à quoi s'en tenir sur les produits de son exploitation rurale, et sur les perfectionnements qu'il s'efforçait d'y introduire, il tenait, en parties doubles, un compte séparé pour chaque pièce de terre, et même pour chaque engrais. Néanmoins, ses opérations agricoles ne furent point couronnées d'un grand succès. Son esprit était ailleurs : il s'était pris d'un bel enthousiasme pour l'étude des langues ; il alla même jusqu'à étudier le vieil idiome des Basques, l'escualdan, dont les beautés pittoresques et originales impressionnaient vivement son intelligence d'artiste. Ce goût des langues, en l'obligeant à analyser les mécanismes compliqués qui servent à l'expression de la pensée, contribua, en même temps, à aiguiser son esprit, et à donner à son style plus de ressources et plus de sûreté.


A l'étude des langues il joignit celle de la philosophie et de l'histoire, puis enfin celle de la science à laquelle il devait, plus tard, s'adonner tout entier. J.-B. Say, Charles Comte et M. Dunoyer furent ses guides et ses maîtres dans l'étude de l'économie politique. Il avait voué surtout à Charles Comte, dont les oeuvres sont peut-être trop délaissées de nos jours, un véritable culte : "Je ne connais, disait-il, en parlant du Traité de législation, aucun livre qui fasse plus penser, qui jette sur l'homme et la société des aperçus plus neufs et plus féconds." C'est par cette étude patiente des maîtres, étude qu'un de ses amis d'enfance, M. Félix Coudroy, poursuivait et fécondait avec lui, comme aussi par ses observations de chaque jour sur la petite société au sein de laquelle il vivait, que Bastiat se préparait à ses travaux futurs. Il accumulait ainsi, sans autre dessein que d'éclairer son esprit, tout un précieux capital de science acquise et d'observations originales. Nous l'avons entendu souvent regretter de n'avoir pu utiliser plus tôt ce capital, qu'il avait ajouté à un fonds naturellement si riche. Il se plaignait de n'avoir trouvé qu'à une époque déjà avancée de sa vie un débouché pour les laborieuses moissons de son intelligence. Mais qui sait ? Si Bastiat avait été, comme tant d'autres, lancé nativement dans le monde de la science et des lettres, s'il avait mis de bonne heure son esprit en coupe réglée, peut-être ses oeuvres n'auraient pas été aussi fortement empreintes du cachet de l'originalité. S'il n'avait pas vécu vingt ans ignoré dans un obscur village, peut-être n'aurait-il pas acquis au même degré cette bonhomie narquoise et ce goût du terroir gaulois, dont la saveur semblait perdue depuis Rabelais et La Fontaine. Son intelligence est demeurée longtemps repliée sur elle-même, inactive en apparence ; mais que riche bouquet n'a-t-elle pas gagné en vieillissant !

 

 

Le son BASTIAT, le son de la Liberté


Le premier écrit que nous connaissions de Bastiat date du mois de novembre 1830. C'est une brochure politique qui fut lancée pour soutenir la candidature de M. Faurie, homme fort estimé et parfaitement libéral, mais qui avait eu le malheur de ne point faire partie de la Chambre avant la révolution de Juillet, et qui n'avait pu, en conséquence, voter avec les 221. Or, il paraît qu'en ce temps-là un bon nombre d'électeurs tenaient par-dessus tout à voter pour les 221. Bastiat s'insurgea contre ce préjugé électoral, et l'on reconnaît déjà la plume qui devait écrire les Sophismes :

"... Voici enfin, écrivait-il après une énumération des différentes variétés de la famille électorale, voilà un électeur qui tient obstinément à renommer à tout jamais les 221.
"Vous avez beau lui faire les objections les mieux fondées, il répond à tout par ces mots : Mon candidat est des 221.
"Mais ses antécédents ? - Je les oublie : il est des 221.
"Mais il est membre du gouvernement. Pensez-vous qu'il sera très-disposé à restreindre un pouvoir qu'il partage, à diminuer des impôts dont il vit ? - Je ne m'en mets pas en peine : il est des 221.
"Mais songez qu'il va concourir à faire des lois. Voyez quelles conséquences peut avoir un choix fait par un motif étranger au but que vous vous proposez. - Tout cela m'est égal. Il est des 221."

Mais Bastiat ne se bornait pas, dans ce premier essai de sa plume, à combattre des sophismes électoraux ; il émettait déjà sur le gouvernement et sur ses attributions naturelles des considérations où se retrouve toute la doctrine libérale, dont il est devenu plus tard le champion infatigable.

"Si la vaste machine gouvernementale se renfermait toujours dans le cercle de ses attributions, une représentation élective serait superflue ; mais le gouvernement est au milieu de la nation un corps vivant, qui, comme tous les êtres organisés, tend avec force à conserver son existence, à accroître sa puissance et son bien-être, à étendre indéfiniment sa sphère d'action. Livré à lui-même, il franchit bientôt les limites qui circonscrivent sa tâche ; il augmente outre mesure le nombre et la richesse de ses agents ; il n'administre plus, il exploite ; il ne juge plus, il persécute ou se venge ; il ne protège plus, il opprime..."
..."Peut-il exister de la liberté là où, pour soutenir d'énormes dépenses, le gouvernement, forcé de prélever d'énormes tributs, se voit réduit à recourir aux contributions les plus vexatoires, aux monopoles les plus injustes, aux exactions les plus odieuses ; à envahir le domaine des industries privées, à rétrécir sans cesse le cercle de l'activité individuelle, à se faire marchand, fabricant, courrier, professeur, et non-seulement mettre à très-haut prix ses services, mais encore à éloigner, par l'aspect des châtiments destinés au crime, toute concurrence qui menacerait de diminuer ses profits ? Sommes-nous libres, si le gouvernement épie tous nos mouvements pour les taxer, soumet toutes nos actions aux recherches des employés, entrave toutes les entreprises, enchaîne toutes les facultés, s'interpose entre tous les échanges, pour gêner les uns, empêcher les autres, et les rançonner presque tous ?"

Deux ans après, il renouvelait et complétait, dans une circonstance où sa propre candidature se trouvait en jeu, cette profession de foi, bien digne de l'élève et du futur héritier des J.-B. Say, des Comte et des Dunoyer. M. le général Lamarque, qui était son voisin de campagne, et qui n'avait pas eu de peine à discerner son rare mérite, s'était chargé de le présenter aux électeurs des Landes. Bastiat formula ainsi son crédo politique :

"Dans ma pensée, dit-il, les institutions que nous possédons et celles que nous pouvons obtenir par les voies légales suffisent, si nous en faisons un usage éclairé, pour porter notre patrie à un haut degré de liberté, de prospérité, de grandeur.
"Le droit de voter l'impôt, en donnant aux citoyens la faculté d'étendre ou de restreindre à leur gré l'action du pouvoir, n'est-il pas l'administration par le public de la chose politique ? Où ne pouvons-nous pas arriver par l'usage judicieux de ce droit ?
"Pensons-nous que l'ambition des places est la source de beaucoup de luttes, de brigues et de factions ? Il ne dépend que de nous de priver de son aliment cette passion funeste, en diminuant les profits et le nombre des fonctions salariées.
"L'industrie est-elle à nos yeux entravée, l'administration trop centralisée, l'enseignement gêné par le monopole universitaire ? Rien ne s'oppose à ce que nous refusions l'argent qui alimente ces entraves, cette centralisation, ces monopoles..."
"... Vous le voyez, messieurs, ce ne sera jamais d'un changement violent dans les formes ou les dépositaires du pouvoir que j'attendrai le bonheur de ma patrie ; mais de notre bonne foi à le seconder dans l'exercice utile de ses attributions essentielles et de notre fermeté à l'y restreindre. Il faut que le gouvernement soit fort contre les ennemis du dedans et du dehors, car sa mission est de maintenir la paix intérieure et extérieure. Mais il faut qu'il abandonne à l'activité privée tout ce qui est de son domaine. L'ordre et la liberté sont à ce prix."

Mais il paraît que les électeurs des Landes n'étaient pas à la hauteur d'un tel langage. Ils préférèrent à notre économiste, encore inédit, un candidat quelconque. Bastiat demeura donc dans sa solitude. A quelque temps de là, il fut nommé membre du Conseil général des Landes. Il exerçait déjà, si nous ne nous trompons, les modestes fonctions de juge de paix à Mugron.


Au commencement de 1844, il alla faire un voyage en Espagne, où son père lui avait laissé des créances importantes à recouvrer. Son voyage demeura infructueux sous ce rapport, car il s'agissait principalement de créances sur le gouvernement ; mais Bastiat, qui aimait le caractère chevaleresque des Espagnols, leur goût pour l'indépendance individuelle, et surtout ce bon gros sens spirituel dont Sancho Pança, cet économiste sans le savoir, est demeuré le type immortel, Bastiat ne regretta point ses frais de voyage. Après avoir séjourné à Madrid, à Séville, à Cadix et à Lisbonne, il se décida à prendre le plus long pour retourner chez lui. Il s'embarqua sur le paquebot de Southampton, et s'en alla visiter l'Angleterre. Là, ayant eu l'occasion d'assister à des meetings de la Ligue contre les lois-céréales et de faire la connaissance des principaux chefs de cette grande et généreuse Association, sa vocation d'économiste se décida tout à fait. Son âme s'embrasa au souffle de l'esprit de liberté dont la Ligue était devenue le foyer, et il eut honte de n'avoir rien fait jusqu'alors pour une cause qui avait rallié en Angleterre de si nobles intelligences et des coeurs si dévoués. Il se promit de réparer le temps perdu, et nos lecteurs savent s'il a tenu parole. A son retour d'Angleterre, il écrivit un article intitulé : De l'influence des tarifs anglais et français sur l'avenir des deux peuples, qu'il envoya au Journal desÉconomistes. L'article arrivait du fond des Landes, sans être appuyé par la moindre recommandation. Aussi devons-nous dire qu'on le laissa bien quelque peu languir dans les cartons. Un journal est exposé à recevoir tant d'articles, et quels articles ! Mais enfin, sur les instances de l'éditeur M. Guillaumin, le rédacteur en chef du Journal, M. Dussard jeta les yeux sur ce travail d'un aspirant économiste. Dès les premières lignes il reconnut la touche ferme et vigoureuse d'un maître ; ex ungue leonem. Il s'empressa aussitôt de mettre en lumière ce diamant, qu'il avait pris d'abord pour un simple morceau de quartz. L'article parut dans le numéro d'octobre 1844, et il obtint un succès complet. Tout le monde admira cette argumentation serrée et incisive, ce style sobre, élégant et spirituel. Le Journal des Économistes demanda de nouveaux articles à ce débutant, qui venait de se placer d'emblée parmi les maîtres, et plusieurs membres de la Société d'économie politique, notamment MM. Horace Say et Michel Chevalier, lui adressèrent leurs félicitations, en l'engageant à poursuivre avec eux l'oeuvre de la propagande des vérités économiques.


Bastiat ne se fit pas prier. Il sentait bourdonner sous son front, comme des abeilles dans une ruche, les pensées que vingt années d'études et de méditations y avaient amassées. Il n'eut qu'à ouvrir la porte à cet essaim pressé de prendre son vol. Il publia d'abord la première série des Sophismes économiques, une série de petits chefs-d'oeuvre ! On avait eu déjà les Sophismes parlementaires de Bentham ; mais si l'on retrouvait chez le philosophe anglais, comme chez l'économiste français, la même solidité de jugement et la même rectitude d'esprit, quel contraste entre la forme lourde et compassée de l'un et les allures vives et primesautières de l'autre ! Avec quelle verve pleine d'audace et de malice notre économiste déclarait la guerre à ses ennemis naturels, les protectionnistes ! Quels bons tours il jouait aux sophistes émérites de la protection, MM. Ferrier et Saint-Chamans ! Comme il s'entendait à casser les oeufs de ces corneilles de la protection, avec son bâton de paysan gaulois, ferré et aigu ! Quel coup de maître que ce coup d'essai de notre fin dénicheur de sophismes !

 

 

 

 


Tout en écrivant ses premiers Sophismes, qui ont si promptement et à si juste titre rendu son nom populaire, Bastiat s'occupait de traduire les principaux discours des grands orateurs de la Ligue, les Cobden, les Bright, les Fox, les Thompson. Il publia sa traduction dans le courant de l'année 1845. Le livre s'ouvrait par une introduction renfermant l'histoire de l'origine et des progrès de la Ligue. Jusqu-là on avait sinon ignoré en France l'existence de cette grande et féconde Association, du moins complètement méconnu son importance. On ne voyait dans la question des corns-laws qu'une affaire toute spéciale à l'Angleterre, et les traducteurs des journaux anglais ne croyaient pas, en conséquence, que les comptes-rendus des meetings de la Ligue valussent la peine d'être livrés au public français. Bastiat, qui appréciait autrement la portée du grand mouvement libéral suscité par la Ligue, ne pouvait concevoir un semblable oubli. Il ne pouvait comprendre qu'on s'occupât assidûment du droit de visite ou de Taïti, et qu'on ne donnât aucune attention à un fait qu'il regardait à bon droit comme le plus considérable des temps modernes. Il était persuadé que les journalistes parisiens avaient organisé une vaste conspiration du silence contre cette Association, qui s'efforçait de ruiner l'industrie des dénonciateurs quotidiens de la perfide Albion, en tendant cordialement à la France la main du peuple anglais, et l'on eut beaucoup de peine à le faire revenir de son idée. Quoi qu'il en soit, son livre Cobden et la Ligue eut un grand retentissement. Vers la même époque, paraissaient les Études sur l'Angleterre, de M. Léon Faucher, avec deux chapitres substantiels sur le même sujet, et deux étincelantes notices sur la Ligue et les Ligueurs, publiées par Fonteyraud dans la Revue Britannique et dans l'Annuaire de l'économie politique. Ces divers travaux nous firent connaître enfin l'Association contre les lois-céréales.


Dans le Midi, cette Ligue, qui s'était constituée pour procurer aux masses le bienfait de la vie à bon marché, tout en fondant la paix du monde sur la base inébranlable de la solidarité des intérêts internationaux, cette Ligue de la liberté contre la restriction, de la justice contre la force, excita un véritables enthousiasme. Saisis d'une louable émulation, les départements méridionaux, qui supportaient depuis de longues années la plus grosse part des injustices et des inégalités du régime protecteur, songèrent à leur tour à relever le drapeau de la liberté du commerce. Bastiat, qui voyait avec une satisfaction profonde se développer ce mouvement libéral dont il avait été le principal promoteur, s'empressa de leur fournir le plan d'une "ligue française." Une première réunion eut lieu à Bordeaux, le 23 février 1846, dans laquelle l'Association bordelaise pour la liberté des échanges fut constituée. Bientôt le mouvement se propagea dans toutes la France. A Paris, un premier noyau, formé parmi les membres de la Société des Économistes, auxquels s'adjoindraient des pairs de France, des députés, des industriels et des négociants, jeta les bases d'une association qui devait embrasser la France entière. Des groupes importants se formèrent aussi à Marseille, à Lyon et au Havre. Ce vieil esprit de liberté, qui avait produit les grandes réformes de 89, mais dont les excès de la Terreur et les réactions qui s'en étaient suivies avaient plus tard amoindri et mutilé l'oeuvre, cet esprit renaissait jeune, vivace, ardent. Le gouvernement s'en émut bien un peu ; mais comme la propagande des libre-échangistesétait toute pacifique, comme il était d'ailleurs bien aise d'opposer un contre-poids aux exigences intraitables des protectionnistes, il laissa faire. Le ministre de l'intérieur, M. Duchâtel, se compromit même jusqu'à adresser à un représentant de l'Association bordelaise ces paroles encourageantes : Soyez forts, et nous vous soutiendrons ! Il s'agissait donc de devenir forts, Bastiat comprit que dans un pays de centralisation comme le nôtre, l'impulsion devait partir du centre, et il n'hésita pas à abandonner sa chère solitude de Mugron pour venir s'établir à Paris. Il nous semble encore le voir, faisant sa première tournée dans les bureaux des journaux qui s'étaient montrés sympathiques à la cause de la liberté du commerce. Il n'avait pas eu le temps encore de prendre un tailleur et un chapelier parisiens ; d'ailleurs, il y songeait bien, en vérité ! Avec ses longs cheveux et son petit chapeau, son ample redingote et son parapluie de famille, on l'aurait pris volontiers pour un bon paysan en train de visiter les merveilles de la capitale. Mais la physionomie de ce paysan à peine dégrossi était malicieuse et spirituelle ; son grand oeil noir était vif et lumineux, et son front, de grandeur moyenne mais taillé carrément comme en pleine étoffe, portait l'empreinte de la pensée. Au premier coup d'oeil on s'apercevait que ce paysan-là était du pays de Montaigne, et, en l'écoutant, on reconnaissait un disciple de Franklin. Bastiat ne perdit pas son temps à Paris ; il y était venu pour servir la cause de la liberté du commerce, il ne s'occupa que de la liberté du commerce. Son activité était vraiment prodigieuse : il donnait à la fois des lettres, des articles de polémique et des Variétés au Courrier français, au Commerce, au Journal des Débats, sans interrompre les travaux plus étendus dont il enrichissait le Journal des Économistes. Chaque jour il prenait à partie les champions de la protection, et il leur livrait des combats à outrance. Voyait-il le matin poindre un sophisme (et Dieu sait si la denrée était rare !) dans un journal un peu accrédité, aussitôt il prenait la plume, démolissait le sophisme avant même d'avoir songé à déjeuner, et notre langue comptait un petit chef-d'oeuvre de plus. En même temps, il se livrait à des démarches actives pour hâter l'organisation de l'Association parisienne, et il entretenait une correspondance suivie avec les Associations naissantes de Bordeaux, de Lyon et de Marseille. Il correspondait aussi avec M. Cobden, qui lui avait voué une amitié toute fraternelle. Tant et de si énergiques efforts ne pouvaient manquer d'être couronnés de succès. L'opinion publique, travaillée par cette conviction ardente, commença à s'émouvoir à Paris, comme elle s'était émue à Bordeaux. L'Association parisienne put se constituer. Bastiat fut charger d'écrire son programme. A l'exemple de Turgot affranchissant les travailleurs de l'oppression des maîtrises et des jurandes, il invoquait la justice pour les débarrasser du fardeau écrasant du système protecteur. Et le langage du promoteur de l'Association parisienne n'avait pas moins de hauteur et de force que celui du ministre de Louis XVI. N'était-ce pas, à trois-quarts de siècle de distance, le même esprit réclamant, au nom de la justice, pour la liberté et pour le bonheur du genre humain ?


Bastiat fut nommé secrétaire général de l'Association parisienne, qui se constitua sous la présidence de M. le duc d'Harcourt, et, à quelques temps de là, rédacteur en chef du journal le Libre-Échange. Le comité de l'Association se reposait sur son zèle pour la direction de la Société et pour la propagande des principes de la liberté du commerce. Malheureusement, Bastiat, dont la santé ne secondait pas le zèle, ne pouvait toujours suffire à tout. Il lui était impossible de diriger la marche compliquée d'une administration, tout en continuant ses travaux de propagandiste. Il le comprit, et il s'effaça modestement pour remettre la direction de la Société à un esprit plus apte que le sien à ce laborieux emploi. Mais s'il renonça à être le Georges Wilson de l'Association française, il continua d'en être le Cobden. Il demeura le plus actif collaborateur du journal le Libre-Échange, et, malgré la faiblesse de sa voix, il n'hésita pas à payer de sa personne dans les réunions de la salle Montesquieu. Ses discours, en forme d'apologues, étaient toujours forts applaudis. Cependant Bastiat n'avait rien de l'orateur ; sa voix était sourde et voilée, il manquait d'animation dans le geste, de sûreté dans l'intonation. Mais sa parole était spirituelle, sa physionomie expressive, et son accent empreint d'une conviction si forte, que l'auditoire oubliait les imperfections de l'orateur en applaudissant au style de l'écrivain et en se laissant gagner à la conviction communicative de l'apôtre. Vers la fin de 1847, en se rendant à la session du Conseil général des Landes, il tint à Lyon deux conférences qui furent très-suivies. Il y traita des conséquences comparées du régime protecteur et du libre échange, et de l'influence du régime protecteur sur les salaires. S'étant rencontré à Marseille avec M. de Lamartine, qui aimai son talent et qui honorait son caractère, il provoqua une admirable improvisation de l'illustre orateur en faveur de la liberté du commerce. De retour à Paris, il commença dans la salle Taranne un cours d'économie politique, que suivit avec empressement l'élite de la jeunesse des écoles.

 

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Mais la révolution de février, qui éclata sur ces entrefaites, vint détourner brusquement le cours de ses travaux. Un ennemi, plus redoutable encore que le protectionnisme, avec lequel il avait, du reste, de nombreuses affinités, le socialisme, avait surgi, menaçant et formidable, des barricades de Février.

 

Bastiat se retourna contre ce nouvel adversaire, et il combattit M. Louis Blanc et ses séides avec la même ardeur, la même verve qu'il avait déployées naguère contre MM. Odier, Lebeuf et Mimerel. Dans les premiers jours de la révolution, il apporta son concours à une feuille que la destruction, hélas ! provisoire, des vieilles entraves apportées à la liberté de la presse, avait fait surgir le lendemain du combat. Citons à ce propos une anecdote caractéristique. C'était le 25 février. Deux de ses amis viennent lui demander sa collaboration pour cette feuille, qui devait s'intituler la République française. Bastiat la leur accorde avec empressement, car toutes les tribunes lui semblaient bonnes pour faire arriver la vérité aux oreilles du peuple ; mais voilà qu'au moment où le premier numéro allait paraître, avec un article de lui, un scrupule lui vient : "Nous ne savons pas, dit-il, si la vieille législation de la presse est abrogée. En fait, elle l'est sans doute ; mais cela ne saurait nous suffire. Donnons l'exemple du respect de la légalité, en allant demander à l'un des membres du nouveau gouvernement l'autorisation de publier notre feuille." Et il entraîne aussitôt ses deux amis à l'Hôtel-de-Ville, où se précipitait la foule des vainqueurs pressés de recueillir le fruit de la victoire. Ceux qui le virent se jeter bravement au plus épais de cette foule orageuse et faire des efforts incroyables pour arriver jusqu'au saint des saints où se tenaient les nouveaux distributeurs de places, ceux-là durent penser qu'il allait solliciter quelque emploi important ; car il fallait avoir envie d'une ambassade ou tout au moins d'un commissariat général pour oser se risquer, ce jour-là, au milieu de l'immense saturnale révolutionnaire. Cependant Bastiat n'allait pas demander la faveur de vivre aux dépens de ses concitoyens ; il allait simplement réclamer l'autorisation de les éclairer.


Malgré des efforts surhumains, Bastiat ne put parvenir à percer complètement le mur épais des solliciteurs, et la République Française parut sans autorisation. Bastiat publia, dans les premiers numéros de cette feuille, plusieurs articles remarquables sur les questions du moment : il engageait les gouvernements étrangers, et spécialement l'Angleterre, à donner à la France l'exemple du désarmement ; il flétrissait la curée des places, et comme remède à cette huitième plaie d'Égypte, il indiquait spirituellement la réduction du nombre des places. Enfin, l'un des premiers, il travaillait à arrêter l'invasion du torrent bourbeux du socialisme. A la Démocratie Pacifique, qui demandait, à grands cris, une lieue carrée de terrain pour expérimenter son système, il opposait, le 2 mars, la Pétition d'un économiste qui réclamait, lui aussi, sa lieue carrée, en affirmant que son expérience ne coûterait rien au gouvernement. Au contraire !

"Notre plan, disait-il, est fort simple.
"Nous percevons sur chaque famille, et par l'impôt unique, une très-petite part de son revenu, afin d'assurer le respect des personnes et des propriétés, la répression des fraudes, des délits et des crimes. Cela fait, nous observerons avec soin comment les hommes s'organisent d'eux-mêmes.
"Les cultes, l'enseignement, le travail, l'échange y seront parfaitement libres. Nous espérons que, sous ce régime de liberté et de sécurité, chaque habitant ayant la faculté, par la liberté des échanges, de créer sous la forme qui lui conviendra la plus grande somme de valeur possible, les capitaux se formeront avec une grande rapidité. Tout capital cherchant à s'employer, il y aura donc une grande concurrence parmi les capitalistes. Donc, les salaires s'élèveront ; donc, les ouvriers, s'ils sont prévoyants et économes, auront une grande facilité pour devenir capitalistes, et alors il pourra se faire entre eux des combinaisons, des associations dont l'idée sera conçue et mûrie par eux-mêmes.
"La taxe unique étant excessivement modérée, il y aura peu de fonctions publiques, peu de fonctionnaires, peu de forces perdues, peu d'hommes soustraits à la production.
"Les impôts ainsi réduits au minimum indispensable pour procurer à tous la sécurité, les solliciteurs, les abus, les privilèges, l'exploitation des lois dans le intérêts particuliers aussi réduits au minimum.
"Cette petite communauté étant intéressée à n'attaquer personne, et toutes les autres étant intéressées à ne pas l'attaquer, elle jouira de la paix la plus profonde.
"Les citoyens s'attacheront au pays, parce qu'ils ne s'y sentiront jamais froissés et restreints par les agents du pouvoir, et à ses lois, parce qu'ils reconnaîtront qu'elles sont fondées sur la justice."

Malheureusement, cette expérience n'était pas du goût des socialistes, qui voulaient organiser le travail et "refaire la société." Ah ! s'ils avaient accordé à Bastiat sa "lieue carrée !" mais ils préféraient s'occuper du rachat forcé de toutes les industries, de la remise, aux mains de l'État, de toutes les propriétés, de l'organisation des ateliers sociaux, de la création d'un ou de plusieurs milliards de papier-monnaie, etc., etc. Bastiat ne cessa pas un seul jour de combattre ces funestes rêveries, soit dans la presse quotidienne, soit dans le Libre-Échange qui publiait alors ses derniers numéros, soit dans le Journal desÉconomistes, soit enfin dans de petits pamphlets dont le succès est, grâce au Ciel, devenu populaire. Et ajoutons-le, à l'honneur des économistes : tous rivalisèrent de zèle dans cette croisade de la raison contre l'utopie. Tandis que Bastiat se servait de la première tribune venue pour combattre les sophismes et les illusions du socialisme, M. Michel Chevalier publiait, dans le Journal des Débats, ses courageuses et remarquables lettres sur l'organisation du travail ; M. Wolowski allait réfuter M. Louis Blanc au Luxembourg ; M. Léon Faucher attaquait l'imprudent novateur dans la Revue de Deux-Mondes ; MM. Coquelin, Joseph Garnier, Fonteyraud, aidés de MM. Potonié et de plusieurs autres libre-échangistes dévoués, fondaient le club de la liberté du travail. Chacun luttait, dans la mesure de ses forces, contre l'ennemi commun. Ce qui ne devait pas empêcher, plus tard, M. Thiers d'accuser les économistes d'avoir engendré les socialistes. Mais où était alors M. Thiers.


Aux élections générales du mois d'avril, les électeurs des Landes envoyèrent notre économistes, maintenant illustre, siéger à l'Assemblée nationale. Éloigné de la tribune par la faiblesse de sa voix, Bastiat n'en participa pas moins activement aux travaux de l'Assemblée. Il s'était fait inscrire au nombre des membres du Comité des finances, qui le choisit même pour son vice-président. On sait quel rôle important ce Comité a joué à l'Assemblée constituante. Il avait accepté la mission pénible de préserver les finances des embûches que leur tendaient journellement les socialistes avoués et les socialistes sans le savoir de l'Assemblée. Il défendait la bourse de la France, cette bourse dans laquelle tout le monde voulait puiser et que personne ne songeait à remplir. Bastiat fut de ceux qui contribuèrent le plus efficacement à maintenir les bonnes doctrines au sein du Comité. Sa voix était d'autant mieux écoutée et respectée, qu'on connaissait toutes ses sympathies pour les souffrances des masses. On savait qu'en recommandant l'économie dans les dépenses, en refusant, par exemple, de voter des millions pour transporter en Algérie de malheureux artisans parisiens, il n'agissait point par dureté de coeur, mais qu'il obéissait, au contraire, à un sentiment éclairé de sympathie pour les classes laborieuses. On savait qu'il était un véritable philanthrope, quoiqu'il repoussât impitoyablement toutes les mesures que suggérait une superficielle ou hypocrite philanthropie. Il ne put, sans doute, prévenir toutes les fautes qui furent commises ; il ne réussit pas toujours à faire goûter à ses collègues cette vérité si simple, mais à laquelle l'intelligence des législateurs semble répugner instinctivement : "qu'ils ne pouvaient rien donner aux uns, par une loi, sans être obligés de prendre aux autres par une autre loi." Cependant, de l'aveu de tous, la présence, au Comité des finances, de ce républicain-phénomène, qui s'obstinait à vouloir une république à bon marché, n'en fut pas moins des plus salutaires. Lors de la discussion du préambule de la Constitution, il demanda la parole contre le droit du travail, mais trop tard pour l'obtenir [1]. Quelque temps après, il fit une motion purement politique. Il demanda que les ministres ne pussent être pris au sein de l'Assemblée, et il présenta, à l'appui de sa proposition, les considérations les plus ingénieuses. Il était convaincu que cette "incompatibilité" couperait court aux mauvaises intrigues parlementaires que suscite l'amour désordonné des portefeuilles ministériels, intrigues dont le pays a été souvent le témoin et la victime. Peut-être s'exagérait-il l'efficacité du procédé, et n'en appréciait-il pas suffisamment les inconvénients. Quoi qu'il en soit, l'Assemblée, à laquelle il avait distribué une attrayante petite brochure, sur les "incompatibilités parlementaires", l'Assemblée demeura un moment indécise. Si l'on avait voté le jour même, la proposition passait ; mais la nuit porta conseil aux représentants "qui sont du bois dont on fait mes ministres", et la proposition fut repoussée, non certainement à cause des bonnes raisons qu'on pouvait lui opposer, mais à cause des mauvaises. Réélu membre de l'Assemblée législative, Bastiat prit encore deux fois la parole : la première fois sur l'impôt des boissons, la seconde, sur les coalitions d'ouvriers. Il voulait soulager la nation de l'impôt oppressif et onéreux qui pèse sur l'une de ses consommations les plus usuelles, mais il comprenait parfaitement que cela ne pouvait se faire sans réduire sensiblement le budget des dépenses. Aussi proposait-il à l'Assemblée un vaste plan de réformes financières, comprenant l'ensemble des services publics. Un plan semblable ne pouvait être du goût de l'Assemblée ; mais, publié sous forme de brochure [2], il a recruté et il recrute tous les jours de nombreux partisans à la cause des réformes économiques. Dans la discussion relative aux coalitions, Bastiat soutint, contre les légistes de la majorité, et notamment contre M. de Vatimesnil, le droit que possèdent les ouvriers de refuser leur travail, soit isolément, soit de concert, et il démontra qu'en les empêchant d'user de ce droit, on intervenait contre eux dans les débats du salaire. Mais, hélas ! il y perdit sa peine. Il y a aujourd'hui des gens qui voient du socialisme dans les améliorations les plus utiles, dans le redressement des plus justes griefs. Nous ne jurerions point qu'auprès de ces gens-là, Bastiat, en réclamant l'abrogation de nos vieilles et iniques lois sur les coalitions, ne passât pour un socialiste.


A l'Assemblée, Bastiat ne s'était inféodé à aucun parti. Il avait voulu conserver pleinement son libre arbitre, et sur toute question il donnait, non un vote de parti, mais un vote de conscience. Toutefois, il s'était sincèrement rallié à la République. Il ne l'avait pas appelée, car il n'attribuait pas une importance exagérée à la question de la forme du gouvernement ; mais, à ses yeux, c'était le devoir de tout bon citoyen de travailler à maintenir des institutions que les représentants du pays avaient acceptées d'un accord unanime. Il avait confiance dans le suffrage universel, et il ne voulut point consentir à le restreindre. Cependant, il ne dissimulait pas les dangers que les erreurs généralement répandues du protectionnisme et du communisme pouvaient faire courir à un pays où les masses avaient été soudainement appelées à se gouverner elles-mêmes. Aussi employait-il le peu qui lui restait de forces et de vie à les éclairer sur leurs droits et sur leurs intérêts. Il commença, dans ce but, la publication de l'admirable série de pamphlets qui s'ouvre à Propriété et loi, justice et fraternité, pour se fermer hâtivement, hélas ! à Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas. Dans ces petits écrits, où les notions élémentaires de l'économie politique et du droit naturel se trouvent exposées avec une éblouissante clarté, où les fausses doctrines du protectionnisme et du communisme sont réfutées avec une inimitable verve, Bastiat s'efforçait de donner aux masses, émancipées d'hier, les lumières qui leur étaient indispensables pour bien pratiquer le self-government ; il leur montrait les écueils redoutables sur lesquels une ignorance présomptueuse pouvait les faire échouer, et il leur signalait la route à suivre pour les éviter.

 

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Vers la fin de 1849, la publication et le succès des pamphlets fournirent à Bastiat l'occasion d'engager une lutte des plus utiles et des plus glorieuses avec l'un des chefs du socialisme, M. Proudhon. On sait que M. Proudhon avait réussi à populariser le sophisme de la gratuité du crédit, et à en faire une des armes les plus redoutables du socialisme. dans son pamphlet intitulé Capital et rente, Bastiat réfuta vigoureusement ce sophisme. Quelques ouvriers socialistes de Lyon, embarrassés par sa réfutation, firent part de leurs perplexités à la Voix du peuple. Un disciple de M. Proudhon, M. C.-F. Chevé, essaya de lever leurs doutes dans un article critique sur Capital et rente. Bastiat répondit à M. Chevé, et il envoya sa lettre à la Voix du peuple. Alors le maître prit la place de son élève : exalté par le succès de ses récentes polémiques avec MM. Considérant, Louis Blanc et Pierre Leroux, M. Proudhon se chargea d'exterminer, en un clin d'oeil, l'audacieux qui s'aventurait ainsi dans la tanière du lion. Mais jusque-là, M. Proudhon n'avait eu affaire qu'à des sophistes de son espèce, et rien ne lui avait été plus facile que d'opposer à sophisme, sophisme et demi. Il était en fonds pour cela. Cette fois, il se trouvait en présence d'un homme de science, dont le clair et ferme bon sens repoussait, comme une armure de diamant, ses sophismes les mieux aiguisés et les plus crochus. Vraiment épuisa-t-il l'arsenal de sa dialectique contre le champion de l'économie politique, vainement chercha-t-il dans l'histoire, dans la casuistique, dans la philologie et jusque dans la tenue des livres, des arguments contre l'intérêt de l'argent, aucun de ses traits ne portait. Bastiat les ramassait un à un avec le sang-froid le plus ironique et le plus désespérant du monde, puis il les brisait en mille pièces. Notre sophiste suant, soufflant et maugréant, en fut réduit à lui reprocher de les briser toujours de la même manière. Mais les applaudissements de la galerie convainquirent Bastiat que cette manière-là était la bonne, et M. Proudhon dépité, et confus, se hâta d'abandonner un si rude jouteur pour aller chercher une nouvelle querelle à M. Pierre Leroux.


A quelque temps de là, Bastiat, toujours infatigable, publiait un volume d'Harmonieséconomiques. Dans ce livre, son oeuvre de prédilection, il voulut donner un exposé synthétique des lois naturelles qui président à l'organisation et au développement de la société. S'inspirant de la grande idée des économistes du dix-huitième siècle, il s'attacha d'abord à démontrer que ces lois forment un ensemble harmonieux, et qu'elles concourent, par une action commune, au développement du bien-être et du progrès de l'humanité ; il s'attacha ensuite à prouver qu'elles sont empreintes du caractère de la justice aussi bien que de l'utilité. La conception certes était grandiose : elle comprenait non-seulement l'économie politique, mais encore le droit naturel, deux sciences qui se touchent sans toutefois se confondre. Malheureusement Bastiat ne suivit pas toujours, dans l'exécution d'une si belle oeuvre, la voie que lui avaient tracée les maîtres de la science. Croyant apercevoir dans la théorie de Malthus sur la population, et dans la théorie de Ricardo sur la rente, des dissonances qui troublaient l'harmonie des lois sociales, il entreprit de détrôner ces deux théories fondamentales de l'économie politique. Tentative fâcheuse, et dans laquelle il avait eu la mauvaise chance d'être devancé par les socialistes, sans parler de M. Carey. Nos lecteurs ont pu lire, dans le précédent numéro du Journal des Économistes, la réclamation de l'économiste américain. M. Carey a reproché à Bastiat de lui avoir emprunté sa réfutation des doctrines de Malthus et de Ricardo. Nous ne connaissons pas assez les oeuvres de M. Carey pour prononcer sur sa réclamation ; mais si elle est fondée, c'est un grand malheur pour Bastiat d'avoir lu les oeuvres de M. Carey. Il y a d'admirables parties dans les Harmonies économiques ; les chapitres sur l'organisation naturelle et l'organisation artificielle, sur laconcurrence, sur la propriété et la communauté, pour ne citer que ceux-là, sont de véritables chefs-d'oeuvre ; et le livre tout entier est le plus attrayant qui soit jamais sorti de la plume d'un économiste, car nul n'a possédé au même degré que Bastiat le secret de rendre la science accessible et attachante. Mais pourquoi faut-il qu'au lieu d'employer, à l'exemple de Rossi, ce style plein de magie à illuminer d'une clarté nouvelle les vérités fondamentales de l'économie politique, Bastiat s'en soit servi parfois pour les combattre comme s'il ne les avait pas comprises ? Pourquoi faut-il qu'au lieu de démontrer, ce qui lui eût été pourtant si facile, que les économistes n'ont jamais enseigné autre chose que la solidarité et l'harmonie des intérêts, il les ait presque signalés comme les docteurs de l'antagonisme. Et l'on s'étonne d'autant plus de la façon dont il les traite, qu'en examinant de près les innovations qu'il a voulu introduire dans la science, on s'aperçoit que le dissentiment porte presque toujours sur les mots, non sur les choses. Ainsi, par exemple, la formule affectionnée de Bastiat : les services s'échangent contre des services, ressemble à s'y méprendre à la formule des économistes : les produits s'échangent contre des produits ; sa théorie de la valeur ne diffère que par l'expression de celle des économistes, car l'erreur de la matérialité de la valeur, qu'il combat avec raison, date de l'enfance de la science, et celle de l'utilité prise pour la valeur n'a jamais été générale chez les économistes, qui ont toujours distingué fort bien la "valeur en utilité" de la "valeur en échange." Sur la population Bastiat ne se sépare de Malthus qu'en ce qu'il pense : "que la densité croissante de la population équivaut à une facilité croissante de la production" ; apophthegme que l'exemple de l'Irlande et de la Chine suffirait au besoin à réfuter. Enfin, sur la rente, son schisme ne provient que d'une fausse interprétation de la doctrine de Ricardo, doctrine qui n'implique nullement, comme Bastiat le suppose, "l'opulence progressive des hommes de loisir ; la misère progressive des hommes de travail [3]." Mais ces dissentiments, si peu considérables qu'ils soient au fond, ne s'en trouvent pas moins fortement accusés dans la forme. Il résulte de là qu'en lisant les Harmonies, les hommes étrangers à la science ne peuvent manquer de prendre une assez fausse idée des doctrines et des tendances des maîtres de l'économie politique, résultat fâcheux et auquel Bastiat n'a certes aucunement visé.


Les Harmonies économiques devaient avoir un second volume. Après avoir exposé les harmonies bienfaisantes des lois économiques, Bastiat voulait faire le tableau des perturbations funestes que ces lois ont, de tout temps, subies ; il voulait démontrer que les maux qui affligent l'humanité proviennent, non pas des lois de la nature, mais des infractions que les hommes, dans leur ignorance ou dans leur perversité, ont commises à ces lois ; il voulait développer, en le motivant, l'admirable apophthegme de Quesnay : "Qu'il faut bien se garder d'attribuer aux lois physiques les maux qui sont la juste et inévitable punition de la violation de l'ordre même de ces lois, instituées pour opérer le bien." Malheureusement, il n'eut pas le temps d'achever son oeuvre. la mort réclamait cette existence si utile et si glorieuse.

 

 

 

 


Depuis longtemps Bastiat était atteint d'une maladie du larynx. Un repos complet, ce repos méditatif et studieux, dont il avait joui pendant vingt années, aurait pu seul prolonger ses jours. Bastiat ne l'ignorait point ; il savait que le travail incessant et presque fébrile auquel il se livrait depuis six ans lui était mortel ; mais comme tous les grands esprits, comme toutes les nobles âmes, qui ont conscience de l'utilité de leur mission, il préféra sacrifier sa vie à son oeuvre. Soldat de la science, occupé à défendre la civilisation contre la barbarie, il voulut demeurer à son poste de combat jusqu'à ce que la mort vînt l'y chercher. Exténué par la maladie, il n'interrompit le cours de ses travaux qu'au moment où ses forces l'abandonnèrent. Un mois seulement avant sa mort, il publiait le dernier et peut-être le plus brillant de ses pamphlets : Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, suprême et rayonnante lueur du lumineux flambeau qui allait s'éteindre pour jamais !

 

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Cependant, au mois de septembre de l'année dernière, ses amis, qui suivaient avec une anxiété douloureuse les progrès de sa maladie, le contraignirent à se rendre en Italie, pour réparer ses forces épuisées. Il séjourna d'abord à Pise, puis il s'en alla s'établir à Rome, où l'un de ses amis les plus dévoués, M. Paillotet, et un de ses cousins, M. l'abbé de Monclar, lui prodiguèrent leurs soins. Mais, hélas ! tout fut inutile. La maladie triomphait de cette organisation hâtivement usée par le travail. Bastiat expira le 24 décembre 1850, après de longues et cruelles souffrances patiemment supportées.

 

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Nous empruntons à un touchant récit de M. Paillottet quelques détails pleins d'intérêt sur ces derniers moments :

"A une heure, il dicta son testament à M. de Gérando, chancelier de l'ambassade, puis il le signa lisiblement. A deux heures et demie, malgré la fatigue qu'il venait d'éprouver, il voulut quitter son lit. M. l'abbé de Monclar, son cousin, venait de rentrer. Nous aidâmes le malade à se lever, et nous vîmes que ses forces diminuaient sensiblement. Il resta silencieux, et vers quatre heures il demanda à se recoucher. Quand il fut près de son lit, ses jambes fléchirent... Il eut un court assoupissement... puis une nouvelle crise survint. J'étais assis auprès de lui, les yeux fixés sur son visage, écoutant cette respiration qui rencontrait tant d'obstacles. L'impression que je ressentis devint si poignante, que je dus me retirer dans la pièce voisine. L'abbé de Monclar, que j'avais laissé en prières près de la fenêtre, vint bientôt me chercher. Le malade me demandait. Quand je fus près de lui, assis à son chevet, il désigna du geste son cousin et fit entendre ces mots : "Tous deux", c'était à nous deux qu'il voulait s'adresser.
"Il souleva un peu la tête, l'appuya sur sa main droite et se disposa à parler. L'intelligence brillait encore dans ses yeux. Son regard avait une expression que j'avais souvent remarquée au milieu de nos entretiens. Il semblait annoncer la solution d'un problème. La première phrase qu'il prononça sortait si faible de ses lèvres, que l'abbé, placé debout à la tête du lit, n'en put rien entendre et que je n'en recueillis que le dernier mot. C'était le mot philosophique. Après une courte pause, il prononça distinctement : "La vérité"..., puis s'arrêta, redit le même mot, le répéta encore en s'efforçant vainement de compléter sa pensée. Émus à ce spectacle, nous le conjurâmes de suspendre son explication et de se reposer un peu. L'abbé se pencha pour l'aider à replacer sa tête sur l'oreiller. Alors le souffle de ses lèvres ne pouvait plus m'arriver. Il dit, sans que je les entendisse, ces mots, que l'abbé me transmit immédiatement et me répéta le jour suivant : "Je suis heureux de ce que mon esprit m'appartient." L'abbé ayant changé de position, je pus entendre le mourant articuler encore ceci : "Je ne puis pas m'expliquer." Ce furent les dernières paroles qui sortirent de ses lèvres.
"A ce moment arriva le docteur Lacauchie. Pendant qu'il se trouvait avec l'abbé, je crus pouvoir m'absenter un instant et je sortis à cinq heures et quart... Quand je revins, mon ami n'existait plus. Cinq minutes après ma sortie, il avait rendu le dernier soupir.
"Voici ce que m'apprirent MM. de Monclar et Lacauchie, tous deux témoins de sa fin. Au moment où je m'éloignais, ils s'approchèrent de son lit et virent presque aussitôt que la mort allait le frapper. M. de Monclar se mit en devoir d'administrer l'extrême-onction, et pour s'assurer de ses dispositions à recevoir le dernier sacrement (Bastiat s'était confessé le 20 et avait communié de 22), il lui dit : "Min ami, baise le crucifix." Les lèvres du mourant s'avancèrent et obéirent à l'exhortation. A cette vue, le docteur fit un geste d'étonnement ; il ne s'expliquait pas que l'intelligence et la volonté fussent encore là quand la vie se retirait.
"Je contemplai longtemps cette tête chérie, que l'âme venait d'abandonner, et je vis que la mort n'y avait laissé aucune trace de souffrance.
"Deux jours après, dans l'église de Saint-Louis-des-Français, on fit à l'homme éminent qui avait vécu si simple et si modeste, de pompeuses funérailles."

L'ambassadeur de France, accompagné des principaux officiers de la légation ; le général Gémeau, commandant des troupes de la garnison, les membres de l'Académie de France, et plusieurs personnages considérables de Rome assistèrent aux funérailles de l'illustre économiste. Les honneurs militaires lui furent rendus à titre de représentant du peuple. Son corps repose dans l'église Saint-Louis-des-Français.


Frédéric Bastiat était membre correspondant de l'Institut de France (section d'économie politique) et de la Société des géorgophiles de Florence.


Six années avaient suffi à Bastiat pour se créer une réputation qui ne saurait périr. Son rôle dans la science a été court mais brillant. Avant lui, l'économie politique avait possédé sans doute des intelligences de premier ordre ; elle avait eu ses esprits créateurs, les Quesnay, les Turgot, les Smith, les Malthus, les Ricardo, les J.-B. Say ; elle avait eu aussi ses vulgarisateurs savants et habiles, les Dupont de Nemours, les Baudeau, les Morellet, les Droz, les Rossi ; mais il lui avait manqué un de ces rares esprits, qui savent donner un tour attrayant et original aux vérités scientifiques ; il lui avait manqué un artiste. Au dix-huitième siècle, l'abbé Galiani avait su, il est vrai, donner une forme spirituelle et fines à ses dissertations sur le commerce des grains ; malheureusement Galiani n'avait guère soutenu et embelli que des sophismes.

 

Bastiat sut employer, lui, des facultés artistiques plus exquises et plus originales encore que celles de l'abbé napolitain, à populariser des vérités. Il sut revêtir les démonstrations économiques d'une étoffe à la fois solide et légère, durable et brillante. Il eut l'art de les rendre agréables, tandis que les maîtres n'avaient su que les rendre utiles. Aussi est-il incontestablement l'homme qui a le plus contribué à propager, à vulgariser l'économie politique ; disons mieux, il a concouru efficacement à la relever du discrédit où elle était tombée. Trop souvent l'économie politique avait paru dure et inhumaine, en condamnant des institutions destinées, en apparence, à soulager les souffrances des masses. Trop souvent aussi, elle s'était fait maudire, en dissipant des illusions chères aux déshérités de la fortune. trop souvent, enfin, ses formules sévères avaient pu être interprétées d'une manière hostile à l'amélioration du sort de la classe la plus nombreuses et la plus pauvre. On avait finit par la considérer, en quelque sorte, comme la gardienne officielle du statu quo, et les novateurs, dont elle renversait les plans chimériques, ne manquaient jamais une occasion de l'accuser d'être "sans entrailles." Bastiat pris ce reproche à coeur, et il employa tout ce qu'il avait de verve dans l'esprit et de chaleur dans l'âme à en démontrer l'injustice. Pour attester que l'économie politique ne défendait pas le statu quo, il demanda, en son nom, une grande et féconde réforme : pour la justifier du reproche de manquer d'entrailles, il s'éleva, en son nom toujours, contre les impôts onéreux et les entraves oppressives qui pèsent sur le travail et sur la subsistance des masses. Il ne se contenta pas de détruire l'erreur, il sut faire aimer la vérité !


Combien la présence d'un tel homme n'était-elle pas précieuse dans les temps orageux où nous vivons ! car c'est surtout à une époque où les masses émancipées influent directement sur le gouvernement de la société qu'il est essentiel que les bonnes doctrines trouvent auprès d'elles des interprètes lumineux et sympathiques.

 

Brusquement affranchie de ses tuteurs officiels, notre démocratie n'a-t-elle pas besoin, aujourd'hui plus que jamais, d'être éclairée et guidée ?

 

Bastiat aurait pu être son guide, comme l'auteur de la Science du bonhomme Richard a été celui de la démocratie américaine. Pourquoi donc faut-il que le Ciel, qui nous fait attendre un Washington, nous ait déjà ravi notre Franklin ?

 

Notes

[1] On trouvera son opinion dans le Droit au travail à l'Assemblée nationale, recueil des débats relatifs à cette question, publié par M. Joseph Garnier, p. 373.

[2] Paix et liberté, ou le Budget républicain.

 

[3] Harmonies économiques, p. 9.

 

Frédéric Bastiat

 Nécrologie publiée dans le Journal des économistes. (p. 180-196).

par M. Gustave de Molinari.

 

 

Le collectif ANTIGONE, merci à Daniel TOURRE et Benoît MALBRANQUE

 

 

 

Frédéric Bastiat

De Wikiberal:

Frédéric Bastiat (30 juin 1801 - 24 décembre 1850) est un économiste libéral français.

Économiste et pamphlétaire, élu député des Landes en 1848, il n'a de cesse de combattre leprotectionnisme et le socialisme, et de promouvoir le libre-échange et les droits de l'individu. Il a été la figure centrale de l'école de Paris.

Écrivain au style direct, ses écrits (articles ou pamphlets) manient les comparaisons pédagogiques et les fables satiriques, et visent à débusquer les principaux mythes ou sophismes entretenus autour de l'État (la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde), du socialisme (la spoliation légale), de la richesse (le profit de l'un est le profit de l'autre), de la solidarité (il m'est tout à fait impossible de concevoir la Fraternité légalement forcée, sans que la Liberté soit légalement détruite, et la Justice légalement foulée aux pieds), de l'impôt, de l'interventionnisme, du machinisme, etc.

La satire de Bastiat la plus célèbre (qui vise le protectionnisme) est sapétition au Parlement français de la part des fabricants de chandelles[1], qui demandent à être protégés « de la compétition ruineuse d'un rival étranger » (qui s'avère finalement être le soleil !). Cette pétition s'achève par la demande d'une « loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes, (...) par lesquelles la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons ».

En matière économique, il insiste souvent sur la distinction entre ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas (on parlerait aujourd'hui des coûts cachés). Ce thème, élargi pour critiquer l'activité interventionniste de l'État, est développé à l'origine dans sa parabole de la vitre cassée. L'argent dépensé pour réparer une fenêtre cassée apportera du travail au réparateur ; ce dernier pourra augmenter ses dépenses, ce qui produira plus d'affaires pour d'autres. Ce qu'on ne voit pas ici, c'est comment l'argent aurait été dépensé si la fenêtre n'avait pas été cassée. La fenêtre cassée a seulement détourné de l'argent vers d'autres dépenses. Selon Bastiat, l'État agit continuellement de la sorte en prenant aux plus actifs pour subventionner des groupes d'intérêt, des associations corporatistes ou assister les inactifs.

L'accent qu'il met sur le rôle économique de l'individu consommateur en fait un précurseur d'économistes du XXe siècle tels que Ludwig von Mises, Friedrich Hayek ou Pascal Salin.Ronald Reagan a dit de lui qu'il était son économiste préféré.


Il a été redécouvert en France par Gilbert Fournier.

 

Différents liens sur L&L qui concerne Frédéric BASTIAT

 

Citation #3: richesse et redistribution f. Bastiat

La securite sociale vue par bastiat de j. Garello et g. Lane

Frédéric bastiat et les taxes…Voyez-vous?

F. Bastiat, la reconnaissance d'une droite américaine plus que française

Frederic bastiat et la science économique

 


Mensonge, manip, intox, A. MONTEBOURG:" des années de délocalisation outrancière"; Faux!

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Alors qu'Arnaud Montebourg doit annoncer vendredi des mesures pour inciter les entreprisesà relocaliser en France, une étude de l'Insee fait le point sur l'ampleur de ce phénéomèneéconomique qui angoisse les salariés français.

 

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Seules 4% des entreprises françaises ont délocalisé entre 2009 et 2011, majoritairement versdes pays européens, selon une étude de l'Insee publiée mercredi 12 juin. (REUTERS/StephaneMahe)

Arnaud Montebourg a dénoncé lundi, lors d'un déplacement à Cestas en Gironde, desannées de "délocalisation outrancière". Le ministre du Redressement productif va annoncer cevendredi une série de mesures pour inciter les entreprises à relocaliser en France. Les Françaisont une peur obsessionnelle des délocalisations d'entreprises françaises vers des pays à bascoûts tels la Chine, l'Inde ou encore le Bangladesh. Une étude de l'Insee publiée mercredi12 juin montre qu'il s'agit d'un fantasme plus que d'une réalité. Explications.

 

 

A.Montebourg, un acteur, excellent dans la comédia d'el arté et .....RAS

 


Quelle est l'ampleur des délocalisations?
Entre 2009 et 2011, 4,2% des entreprises marchandes non financières de plus de 50 salariésimplantées en France, soit 1176 sur 28.000, ont procédé à des délocalisations d'activités, selonl'Insee. Ces sociétés employaient près de 500.000 salariés en 2011, soit 6,5% de l'emploi dessociétés étudiées. Sur la même période, 3,1% des entreprises ont envisagé des délocalisations,mais ne l'ont finalement pas fait. Parallèlement, 7,3% des sociétés ont externalisé une partiede leurs activités dans une autre société implantée en France. Au total, 10,1% des sociétésmarchandes non financières de 50 salariés ou plus ont externalisé en France ou délocalisé desactivités au cours des trois dernières années.


Quelles sont ces entreprises qui délocalisent?
L'industrie manufacturière et les services de l'information et de la communication sont lesdeux secteurs qui ont le plus fréquemment délocalisé, avec 8,8% de sociétés concernées dansles deux cas. Dans l'industrie manufacturière, la fabrication d'équipements électriques (25%de sociétés concernées) et celle de produits informatiques, électroniques et optiques (22%)sont particulièrement concernées. Dans les services d'information et de communication, cesont surtout les services liés aux activités informatiques qui ont délocalisé (11%). À l'inverse,la construction, les transports, l'hébergement, la restauration et l'immobilier ont très peudélocalisé entre 2009 et 2011 (moins de 1%de sociétés concernées). L'envergureinternationale des groupes favorise cette stratégie de délocalisation: 12,7% des sociétés déjàprésentes à l'étranger par le biais de filiales ont délocalisé au cours des trois dernières années.


Ce taux atteint 20,8% lorsqu'elles appartiennent en plus à un groupe étranger. Les sociétésexportatrices ont également délocalisé beaucoup plus souvent (7,7%) que celles dont lemarché est uniquement français (0,7%). À secteur, taille et type de société donnés, une sociétéexportatrice a délocalisé en moyenne quatre fois plus souvent qu'une société non exportatrice.


Où délocalisent-elles?
Une majorité (55%) des entreprises ayant délocalisé leurs activités entre 2009 et 2011 l'ontfait vers des pays de l'Union européenne: 38% vers l'UE des quinze et 22% vers les nouveauxEtats membres. L'Afrique, en raison de sa proximité avec la France et de l'usage du françaisdans certains pays, est également en bonne place avec 24% des délocalisations. La Chine(18%) et l'Inde (18%) compensent leur éloignement et un environnement des affaires parfoismoins attrayant par leurs atouts en matière de tissu industriel, de coût de la main-d'oeuvre oude taille du marché intérieur. L'UE est de très loin la destination privilégiée desdélocalisations d'activités support des sociétés françaises (65%), en raison de la qualité del'environnement contractuel. Un quart des sociétés ayant délocalisé de telles fonctions l'ontfait en Inde, notamment des services administratifs ou de gestion, des services informatiquesou de télécommunications et des activités de design, recherche et développement (R&D),ingénierie et services techniques. Les délocalisations d'activités support vers l'Afriqueconcernent essentiellement le marketing, les services de commercialisation, services aprèsventeet centres d'appels, pour des raisons évidentes de langue commune.


Quelles sont leurs motivations?
La recherche de coûts plus bas, mais pas uniquement salariaux. Les délocalisations dans lespays émergents comme l'Inde et la Chine sont souvent motivées à la fois par l'accès à descoûts bas, salariaux ou non, et à des marchés prometteurs. Dans le cas des nouveaux Etatsmembres de l'UE, les coûts salariaux peuvent également être attractifs. Pour lesdélocalisations vers l'UE15, les sociétés ont d'abord recherché la réduction des coûts deproduction autres que les salaires et les motifs sont plus diversifiés. À l'opposé, lesdélocalisations vers l'Afrique sont majoritairement motivées par la recherche de salaires baspour des activités intensives en main-d'oeuvre. Pour les sociétés appartenant à un groupe, ladécision d'opérer des délocalisations provient souvent de stratégies élaborées par la tête degroupe, quelle que soit la zone de délocalisation.

 

montebourg-anerie.jpgMontebourg ou le ministre de l'Agitation Improductive par H16 via Contrepoints


Pourquoi certaines entreprises ont renoncé à délocaliser?
3,1% des sociétés ont envisagé des délocalisations sans les effectuer. Dans huit cas sur dix, ils'agit de sociétés exportatrices. L'incertitude sur la qualité des biens et services produits unefois les délocalisations effectuées est un obstacle important pour plus de la moitié de cessociétés, de même que le besoin d'une proximité avec les clients actuels. Les barrièresjuridiques ou administratives et l'inquiétude des employés et des syndicats viennent justeaprès. L'inquiétude des employés et des syndicats est le seul obstacle vraiment important lorsdes délocalisations vers l'UE15. L'incertitude sur la qualité des biens et services produits est leproblème majeur pour les sociétés ayant délocalisé en Chine, en Inde ou en Afrique. Lebesoin de proximité avec les clients actuels est également souvent un obstacle très importantlors des délocalisations vers l'Afrique et la Chine. Sont également mentionnés commeobstacles très importants, lors des délocalisations en Afrique, les barrières juridiques ouadministratives, l'insuffisance de management et de savoir-faire, et l'instabilité politique etéconomique de la zone. S'agissant des délocalisations en Chine, le risque de non-respect de lapropriété intellectuelle est considéré comme un obstacle très importants.

 

La vérité sur les délocalisations d’entreprises françaises
. Source, journal ou site Internet : l’expansion
Date : 12 juin 2013

 

Alain Madelin : « La peur des délocalisations n’est pas fondée ! »

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Ou:http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202820368097-delocalisations-l-insee-tord-le-cou-aux-idees-recues-574523.php

Délocalisations : l'Insee tord le cou aux idées reçues

Par Frédéric Schaeffer

 

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Et pendant ce temps là en Hollandie, les conneries continues...Idéologie quand tu nous tiens!

 

Un rappel de l'INSEE

 

Dans l’édition 2007 de « L’économie française : comptes et dossiers », l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) consacre un chapitre aux flux de main-d’oeuvre et aux flux d’emplois dans un contexte d’internationalisation, ce qui inclut notamment l’étude des conséquences des délocalisations.


Selon l’Insee, 15 000 emplois industriels ont fait l’objet, chaque année durant la période 2000-2003, d’une stricte délocalisation (déplacement vers l’étranger d’une activité existant précédemment en France). En tenant compte des effets indirects (fournisseurs étrangers supplantant des fournisseurs français, produits étrangers consommés à la place de produits français,...) le nombre d’emplois perdus dans l’industrie du fait de la concurrence internationale serait compris entre 20 000 et 34 000 par an, chiffre auquel il faut souvent ajouter les emplois de service (les centres d’appel par exemple). Ces délocalisations, en augmentation régulière, se dirigent de plus en plus vers les pays émergents comme la Chine qui représente à elle seule près de la moitié du total.


L’Insee insiste pourtant sur la relative faiblesse de ces chiffres : si 1 million d’emplois disparaissent au total chaque année, ces pertes sont largement compensées par les créations avec un solde positif d’environ 200 000 emplois par an, dont 40 000 emplois créés en France par des entreprises étrangères.

 

 

Sur la période 1995-2001, les délocalisations auraient touché un nombre limité d’emploisdans l’industrie française. En moyenne, 13 500 emplois auraient été délocaliséschaque année, soit 0,35 % de l’emploi industriel, ou encore 12 % des « fortes » réductionsd’effectifs.


Ce chiffrage ne constitue qu’une estimation. La méthode utilisée ne permet en effet derepérer que des présomptions de délocalisation, les cas avérés n’étant pas détectables àpartir des données statistiques disponibles. La méthode se fonde sur l’observationconcomitante d’une diminution d’effectifs en France et d’une augmentation des importationspar le groupe du même type de bien qui était auparavant produit en France. Il nes’agit pas d’un « bilan » ni de l’impact du phénomène de délocalisation sur l’emploi industrielfrançais. On ne s’intéresse qu’aux réductions d’effectifs qui seraient dues à desdélocalisations, sans prendre en compte les délocalisations qui ont lieu vers la France.


Les pays à bas salaires représenteraient un peu moins de lamoitié des destinations de délocalisation.
Parmi ces pays, la Chine constituerait la principale destination, loin devantl’Europe de l’Est, l’Afrique du Nord (Maroc et Tunisie), l’Amérique du Sud (principalementle Brésil) et les autres pays d’Asie. Les délocalisations seraient donc un peu plusnombreuses à destination des pays développés, notamment des pays limitrophes de laFrance et des États-Unis. Dans ce cas, le phénomène de « délocalisation » s’inscrit surtoutdans un cadre de restructuration des grands groupes multinationaux. En cohérence avec cette logique, une délocalisation semble s’opérer le plus souvent par filialisationdans les pays industrialisés et par sous-traitance dans les pays à bas coûts.
 

 

Pratiquement tous les secteurs industriels seraient touchés par les délocalisations, mêmesi l’ampleur de ce phénomène varie d’un secteur à l’autre. Les délocalisations vers lespays à bas salaires seraient nombreuses dans les secteurs de l’habillement et du textile,dans l’électronique et dans les industries des équipements du foyer. Vers les pays développés,les « délocalisations » concerneraient surtout des secteurs très concentrés, oùagissent de grands groupes multinationaux : automobile, aéronautique, pharmacie,électronique.


Certaines zones d’emploi auraient été fortement touchées par les délocalisations sur lapériode 1995-2001, alors que d’autres auraient été relativement épargnées. Il est néanmoinsdifficile de déterminer si des zones sont plus « vulnérables » que d’autres aurisque de délocalisation : ainsi, les zones les plus pauvres ou celles ayant le taux de chômagele plus élevé ne paraissent pas avoir été plus touchées par les délocalisations enmoyenne que les zones riches ou ayant un chômage faible.


Enfin, les délocalisations étant plus nombreuses dans les secteurs à faible valeur ajoutée,les salariés non qualifiés sont en moyenne plus touchés que les qualifiés. Cependant, aucunedes catégories de qualification n’aurait été épargnée.


Les estimations qui précèdent ne valent naturellement que pour la période sur laquelleelles ont été effectuées. Du fait de la disponibilité des données, il n’est pas possible àl’heure actuelle de savoir comment le phénomène a évolué depuis 2001. Il est possibleque depuis cette date et dans l’avenir, ces mouvements progressent à la faveur de l’intégrationéconomique des nouveaux membres de l’Union européenne et de la levée d’obstaclesaux importations de textile et d’habillement, en particulier en provenance deChine. Il sera donc intéressant de renouveler régulièrement l’exercice.


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Délocalisation

De Wikiberal:

On appelle délocalisation la fermeture d’une unité de production dans un pays suivie de sa réouverture à l’étranger en vue de réimporter sur le territoire national les biens produits et / ou de continuer à fournir les marchés d’exportation à partir de cette nouvelle unité[1].

 

Présentation

Ce terme apparaît pour la première fois en 1985. Il sera ensuite popularisé en France par le rapport du sénateur Jean Arthuis en 1993.

Les motifs des « délocalisations » énoncés par les médias, les hommes politiques sont souvent les deux suivants :

  • faire baisser le prix de revient des productions (gains dus au taux de change par rapport au dollar, gains réalisés sur les coûts de main-d’œuvre) ;
  • satisfaire la pression des donneurs d’ordre qui ont réalisé des implantations stratégiques majeures sur les marchés en croissance.

Les « délocalisations » sont souvent perçues comme « l’horreur économique », « l’ennemi » venu de l'étranger (souvent d’Asie ou de pays de l’Est) qui va « prendre » nos emplois et tuer notre économie (en France, le mythe du plombier polonais offrant ses services à bas prix). Or, la concurrence de ces économies n’a pas remis en cause la puissance des pays développés et est à l’origine du décollage de nombreux pays peu développés, ce qui est bénéfique pour tous. Peut-on à la fois tenir des discours généreux sur les rapports Nord-Sud et se plaindre que les régions les plus pauvres accèdent au développement ?

D'autre part, ces délocalisations ne doivent pas être un prétexte pour imposer tel ou tel protectionnisme, au niveau des marchandises ou de l'emploi. Enfin, il convient de s'interroger sur la réalité et l'étendue de ces phénomènes de délocalisations.

Pourquoi les délocalisations profitent à tous

Une erreur fréquente que font ceux qui ne comprennent pas le marché et la nature de l'échange consiste à affirmer que « le marché ne profite qu'aux plus compétitifs ».

Par exemple, la mondialisation rend les coûts de production moins élevés dans certains pays où le coût de la main d'œuvre est plus faible et les rigidités du marché du travail moindres (moins de règlementation). Ce n'est cependant pas toujours le cas, ces pays peuvent également abriter en leur sein des compétences qui n'existent plus dans les pays développés.

De nombreux pays souvent pauvres profitent de ce phénomène de mondialisation qui leur permet de poursuivre leur ascension économique.

Dans les délocalisations d'entreprises (et donc d'emplois), il y a « ce qu'on voit et ce qu'on voit pas », pour paraphraser Frédéric Bastiat :

  • ce qu'on voit : des emplois perdus dans le secteur objet de délocalisations, en raison de la concurrence mondiale.
  • ce qu'on voit pas : lorsque le consommateur achète par exemple un produit importé à un prix plus bas que celui qu'il aurait payé pour un produit national, il bénéficie d'un pouvoir d'achat supplémentaire qu'il pourra utiliser pour l'achat d'autres produits ou services.

Or, souvent la structure de ces achats supplémentaires se déplace aussi vers des services, par exemple santé, culture, loisirs qui sont en grande partie produits nationalement.

On s'enrichit ainsi à faire faire par d'autres ce que nous ferions à prix plus élevé. C'est typiquement une relation gagnant-gagnant dans le cadre d'une division du travailà l'échelle mondiale, qui illustre bien la loi des avantages comparatifs.

Faut-il « lutter » contre les délocalisations ?

« Lutter contre les délocalisations » est une absurdité : à supposer que ce soit souhaitable, cela n'est possible que de façon autoritaire en augmentant les règlementations et les contrôles, ce qui alimente un cercle vicieux qui conduit au déclin, ou bien au contraire en diminuant les contraintes (par des dispositions fiscales anti-délocalisations), ce qui montre bien à quel niveau se situe réellement le « problème » pour le pays concerné : trop d'impôts, trop de prélèvements « sociaux », trop de législations liberticides.

Un pays qui prétend ainsi « lutter contre les délocalisations », au lieu de profiter de la concurrence mondiale pour générer des emplois à haute valeur ajoutée et diminuer les barrières à l'emploi (salaire minimum, protection sociale, législation du travail), se place d'emblée en situation de faiblesse. Toutes les politiquesprotectionnistes proposées pour lutter contre les délocalisations constituent des remèdes pires que le mal.

Voir aussi Protectionnisme - erreur courante : « protéger l'emploi »

Le mythe des délocalisations

Comme le dit la maxime populaire, « une forêt qui pousse ne fait pas de bruit, un arbre qui tombe fait du bruit », et, suivant Hegel, il faut « écouter la forêt qui pousse plutôt que l'arbre qui tombe ». Ces deux citations permettent d'introduire un fait indéniable et surprenant : tous les médias, et hommes politiques des pays développés (notamment et en pointe, la France) focalisent leur attention sur telle entreprise transférant telle ou telle partie de son activité à l'étranger, sans jamais évoquer, dans l'autre sens, les entreprises qui se développent et qui sont issues d'implantations de groupes étrangers. On pourra par exemple noter de façon proche l'exemple donné par les économistes David Thesmar et Augustin Landier : après ses « licenciements boursiers » de 1998, la masse salariale de Michelin a en fait augmenté de 10% en 7 ans[2].

Rares sont les événements de ce type qui ne créent pas un psychodrame politique, le summum ayant été atteint par le député UDF des Pyrénées-Orientales Jean Lassalle qui entama une grève de la faim le 7 mars 2006 contre la « délocalisation » d'un site du groupe Toyal à ... 60 km de son lieu d'origine. (voir ce débat sur le forum Liberaux.org)

Une analyse des faits ne peut conduire qu'à une seule conclusion :

  • sur le plan quantitatif, les cris d'orfraie des hommes politiques au sujet des délocalisations sont extraordinairement exagérés sur l'ampleur de la « menace » en termes d'emplois,
  • sur le plan qualitatif surtout, l'idée selon laquelle une délocalisation a en général pour but de baisser les coûts de main d'œuvre est fausse,
  • enfin, de très nombreuses entreprises ont une base de production dans les pays développés, alors qu'on aurait pu s'attendre à ce qu'elles délocalisent, citons notamment le cas du fabricant américain de tee-shirts American Apparel.

Les travaux de l'économiste indo-américain Jagdish Bhagwati (etal) ont confirmé que les délocalisations avaient peu de chance de menacer l’emploi[3].

  • Les emplois de services représentent 70% de l’emploi total dans ce pays (et dans les économies des pays riches en général). Très peu d’entre eux sont susceptibles d’être délocalisés car ils supposent une proximité des producteurs et des consommateurs.
  • Les emplois qualifiés ne sont pas menacés par la concurrence des pays low cost du fait du retard de ces pays gardant de faible taux de scolarisation dans les études supérieures.
  • Les délocalisations de certaines étapes du processus de production permettent de stimuler la compétitivité des entreprises résidentes, ce qui est source de croissance et d’emploi. Selon ces auteurs ce gain de compétitivité permettrait un gain de croissance d’environ 0,3% du PIB aux États-Unis.

Les délocalisations sont un phénomène négligeable pour les pertes d'emploi

Une récente étude de l'INSEE[4] a chiffré, pour la période 1995-2001 l'ampleur des emplois perdus dans le secteur industriel à cause de délocalisations : en moyenne, 13.500, dont plus de la moitié vers des pays à hauts salaires. Ce chiffre est à comparer aux 6,8 millions d'emplois dans le secteur secondaire en France[5].

Une seconde étude du Conseil d'Analyse Economique[6], reprise notamment dans un article de Le Libéralisme expliqué[7], écrit ainsi : « les restructurations d’entreprises s’étant produites en Europe entre le 1er Janvier 2002 et le 15 juillet 2004 concernent 1456 entreprises et ont entrainé la suppression de 780 394 emplois, ce qui correspond à 0,42% des 192 millions emplois européens. Ramené à 1 an, on obtient un taux de 0,17%. Chaque année, c’est donc 0,17% des emplois européens qui disparaissent dans des restructurations. »

Et Libex d'ajouter : « Mais les délocalisations ne représentent, selon le rapport, que 4,74% des emplois supprimés (36 977) pour restructuration et 7,14% (100) des entreprises restructurées. En terme d’emploi, cela correspond donc en deux ans et demi à 36 977 suppressions donc 0,019% de la totalité des emplois européens. Rapporté à 1 ans, on obtient un taux de 0,0076%. Chaque année, c’est donc 0,0076% des emplois européens qui disparaissent dans des délocalisations. ». « Au niveau de la France, les 8 000 suppressions d’emplois survenues en 2001 suite à des fermetures d’unités de productions correspondent à 0,032% des 25 millions d’emplois français. »

Un rapport du Sénat expose les mêmes conclusions que les précédents rapports[8].

Les délocalisations n'ont en général pas du tout comme but la baisse des coûts de main d'œuvre

Un travail d'analyse mené par l'équipe de Suzanne Berger (professeur au MIT) auprès de 500 entreprises aux États-Unis, en Europe, et en Asie a un résultat sans appel :

  • Non, les délocalisations n'ont pas systématiquement pour motivation, loin s'en faut, l'accès à une main-d'œuvre moins chère :
    • l'analyse de Suzanne Berger et de son équipe démontre qu'en général, la stratégie d'entreprise consistant à ne baser sa compétitivité sur la baisse de ses coûts salariaux est une stratégie perdante. C'est l'innovation, le découpage de la chaîne de valeur, l'intelligence de la sous-traitance, l'agilité, la faculté d'adaptation aux changements qui font toujours la différence.
    • ce qui compte, d'ailleurs, ce n'est pas le coût horaire du travail, mais son coût unitaire : la productivité d'un salarié, basée sur sa compétence, permet de baisser le coût unitaire du travail à coût horaire constant, par exemple, à tel point que dans certains secteurs, il est bien plus intéressant de produire aux USA qu'en Chine.
  • Les délocalisations font partie du panel des choix de stratégie d'entreprise au même titre que beaucoup d'autres.
  • Le vrai problème à adresser n'est pas celui du transfert d'emplois des pays développés vers les pays à bas salaires, c'est plutôt celui du manque de créations d'emplois dans les pays développés. Suzanne Berger de déclarer ainsi : « Le problème de l’emploi est bien réel en France et dans d’autres pays développés, mais il ne vient pas tant des délocalisations que du manque de créations d’emplois. »[9]

De très nombreuses entreprises ont avantage à ne pas délocaliser

Le mieux ici est de citer un article d'octobre 2006 de la revue Horizons Stratégiqueséditée par le très dirigiste Centre d'Analyse Stratégique, organisme successeur du Commissariat au Plan[10] : « contrairement à ce que disent les médias, nombreuses sont les compagnies qui conservent une base de production nationale. La proximité est à la fois un avantage commercial et une réduction des risques. American Apparel, qui produit des T-shirts à Los Angeles, a fondé sa stratégie commerciale sur la proximité avec ses clients, ce qui lui permet d’être très réactif à la commande. Le transport est parfois un obstacle à la sous-traitance mondialisée : aux États-Unis, l’édition est un secteur très peu délocalisé car le gain financier de la baisse du coût de production est annulé par la durée du transport en bateau (les livres sont trop lourds et ne se vendent pas assez chers pour voyager en avion). Enfin, la réputation joue un rôle important dans la décision d’implantation : dans le prêt-à-porter, le label « Made in Italy » sous-entend un degré de qualité qui permet d’exiger des prix plus élevés. Mais la raison la plus souvent invoquée pour ne pas délocaliser est l’absence ou l’inadéquation du savoir-faire local. Ainsi, durant la crise de l’électronique, les sociétés japonaises n’ont pas massivement transféré leurs unités de production en Chine, malgré la proximité géographique, car le niveau de compétence de leurs ouvriers est loin d’être atteint par les ouvriers chinois. »

En outre, des coûts de main d'œuvre très bas ne signifient pas qu'il soit intéressant pour l'entreprise d'investir dans un pays, car c'est le coût total qui est à prendre en compte : quelle productivité? quelles infrastructures? Ainsi, une étude menée en 1995 par la réserve fédérale de San Francisco a montré que les Philippines, l'Inde ou la Malaisie avaient des coûts unitaires de travail supérieurs à ceux des États-Unis, c'est-à-dire qu'il coutait plus cher pour une entreprise de produire en Inde qu'aux États-Unis[11].

Les délocalisations (et le libre-échange) sont néfastes pour l'environnement

Si ceux qui reconnaissent l'efficacité économique du libre-échange et des éventuelles délocalisations pour tous, beaucoup pensent que cela présente malgré tout des risques pour l'environnement : plus de coûts de transport, utilisation de carburants, etc.

Cependant, cette vue sous-estime « ce qu'on ne voit pas ». Prenons quelques exemples :

  • l'implantation d'entreprises étrangères dans les pays en développement permet d'y diffuser des technologies propres, protégeant l'environnement. En se développant, par l'implantation d'entreprises étrangères, les pays concernés deviennent plus propres, polluent moins. Phénomène illustré par exemple par la courbe de Kuznets.
  • le libre-échange permettrait une meilleure utilisation des ressources naturelles disponibles, limitant le gaspillage. Ainsi, la libéralisation de l'agriculture permettrait selon l'économiste Kym Anderson de produire dans des pays au climat plus adapté, en limitant l'utilisation des ressources en eau par exemple.
  • la restriction des implantations d'usine à l'étranger peut aussi aboutir à des conséquences négatives pour l'environnement, comme le montra un rapport du GATT intitulé « Commerce et environnement » (1992). Ainsi, l'économiste indien Jagdish Bhagwati montre-t-il que le contingentement des constructeurs japonais sur le marché américain les poussa à s'éloigner des modèles classiques qu'ils produisaient (de petites voitures à bonnes qualités energétiques) pour produire de gros modèle à marge unitaire plus élevée mais surtout beaucoup plus polluants[12].

Pour info: Pétrole, développement, recherche : le réveil de la "Françarctique" ?

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Les masques tombent et les fantasmes s'effacent: l'Arctique fond inexorablement, sans quenous n'ayons plus la main. L'heure n'est plus au débat sur le fait de savor si c'est une mauvaisenouvelle pour la planète, tout le monde s'accordant à dire que la déglaciation de l'Arctique estune catastrophe aux conséquences écologiques, économiques, politiques et géostratégiquesconsidérables pour les siècles à venir. Mais ce n'est pas pour autant la fin du monde... Dansce bouleversement majeur en préparation, nous sommes souvent confrontés au discoursenvironnementaliste d’ONGs bénéficiant de publics crédules à grands renforts de matraquagemédiatique pour obtenir des financements. Capitalisant sur le pouvoir de l’ours blanc dansl’imaginaire collectif occidental elles tendent à souvent désinformer le grand public dans un
déni coupable de la réalité : le développement de l’Arctique est invariablement inévitable.

 

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Une dynamique inéluctable
Historiquement basés sur l’horizontalité géostratégique de nos planisphères, les équilibresmondiaux connus étaient valables dans un monde où Russie et Canada étaient encore séparéspar un Arctique infranchissable par la mer ; dans un monde où Dubaï, Suez et Singapour ne sesentaient pas menacés par de lointains nouveaux marchés ; dans un monde où l’OPEC pensaitson cartel inébranlable ; dans un monde où Chine et Japon ne se considéraient pas comme desEtats du « Proche-Arctique » comme on parle du Proche-Orient. Pourtant, chaque jour, lesspécialistes du secteur -dans un microcosme de plus en plus bruyant- sont confrontés à desévénements qui témoignent de cette dynamique supportée par toutes les puissancesindustrielles de la planète. Dernier témoignage : le tournant inclusif des nations arctiques audernier sommet interministériel du Conseil Arctique, le 15 mai dernier dans la ville minière deKiruna (Laponie Suédoise). En acceptant de donner le statut d’observateur permanent àChine, Japon, Corée du Sud, Singapour, Inde, et Italie, les nations arctiques ont entérinédéfinitivement la dynamique qui place l’Arctique au coeur de l’hémisphère nord ; donc aucoeur de la géopolitique mondiale à terme.


L’exemple des hydrocarbures
Depuis l’appel à un moratoire sur les activités de Shell en Alaska lancé mi-février par CarolBrowner, ancienne conseillère de Barack Obama au climat, et John Podesta, ancien directeurde son cabinet de transition —aujourd’hui lobbyistes sur K Street— nombre de journalistespourtant bien intentionnés sont malheureusement tombés dans le piège d’une « pause » dansle développement Arctique au rythme des actions coup de poings de Greenpeace. La vérité estque l’Arctique monolithique tel qu’il est quasi-exclusivement dépeint dans les medias n’existenaturellement pas. Il existe des Arctiques, dans lesquels la confiance populaire dans ledéveloppement local passe par l’investissement dans l’innovation à travers la R&D techniqueet la prospective géoéconomique et politique. C’est ainsi qu’à l’inverse de la politique deslobbys à l’américaine, le gouvernement fédéral canadien ouvrait dans le même temps denouvelles concessions pétrolières aux enchères dans l’archipel à l’extrême nord du Nunavut(Baffin, Cameron), en osant appeler publiquement la recherche privée à l’aide pourdéterminer les nouvelles concessions à ouvrir en fonction de leur profitabilité et attractivitéestimée.


L'enjeu politique du pétrole
Plus près de chez nous, toujours au printemps dernier, le Directorat Norvégien du Pétrole(NPD) annonçait avec fierté l’augmentation de 15% des réserves offshore du pays grâce à uneestimation corrigée des ressources offshore en Mer de Barents. L’ancien gouvernementislandais annonçait lui son intention d’exploiter le pétrole offshore localisé aux confins nord-estde sa zone économique exclusive, allant jusqu’à faire du sujet un enjeu clé des électionsgénérales du 27 avril qui virent la victoire ex-aequo des deux partis pro-offshore de centredroit.


De même, à trois heures de vol de Reykjavík, l’intensification de l’exploitationpétrolière, gazière et minière était au coeur de la campagne électorale au Groënland où l’on avoté le 12 mars, à une large majorité, en faveur d’un développement énergétique et miniervertueux à travers la candidature de la nouvelle Premier ministre sociale-démocrate AleqaHammond. Enfin, nous avons assisté durant tout le printemps à l’interminable tournéeeurasiatique du président exécutif du numéro un énergétique russe Rosneft, Igor Sechin,également ancien Vice-Premier ministre de Dmitri Medvedev. Chinois, Coréens, Japonais,Malais, indiens...l’ancien Vice-Premier ministre russe, après ses coups de maître avec le géantaméricain ExxonMobil et avec BP, trouva de nombreux interlocuteurs tant publics que privéspour financer un plan d’investissement pharaonique de 250 milliards d’euros sur 10 ans surl’ensemble de la façade arctique.


La prospective pour revitaliser la « Françarctique »
En France aussi nous sommes à un tournant : face à la multiplication des effets dubouleversement arctique, la grande famille polaire française se politise et regarde à nouveauvers l’avenir. Sous l’impulsion d’une nouvelle generation de chercheurs embrassant l’outilprospectif à long-terme, il y a bon espoir que la décennie à venir s’apparente pour la France àun retour aux grandes heures du développement scientifique et diplomatique en Arctique etAntarctique des années 50-60. Bien en retard sur nombre de nos concurrents, ses initiatives semultiplient aujourd’hui. L’Institut Polaire Paul-Emile Victor (IPEV) va officiellement ouvriraux Italiens en 2015 la base de recherche fondamentale AWIPEV qu’elle co-administre avecson homologue allemand (AWI) dans l’archipel du Svalbård. Par ailleurs, le Comité NationalFrançais de la Recherche Arctique & Antarctique (CNFRA) et le think tank Le Cercle Polairegagnent en puissance. Ce mois de juin, trois jeunes chercheuses ont lancé la branche françaisede l’Association des Jeunes Scientifiques Polaires (APECS) et la French Polar Week. Leréseau universitaire se mobilise lui aussi à travers des institutions pionnières commel’Université de Saint-Quentin en Yvelines (UVSQ) ou l’Université de Bretagne Occidentale.


Mais l’initiative la plus importante est sans nul doute le Chantier Arctique Français (CAF) —dont la dénomination anglaise est plus équivoque : French Arctic Initiative. Premierprogramme national de recherche pleinement transdisciplinaire sur les enjeux arctiques, leCAF est le premier à rassembler la communauté nationale autour d’un travail de prospectivehumaine en osant enfin accorder une vraie place au futurisme géopolitique et géoéconomiquetant d’un point de vue temporel que spatial.


Les médias doivent donner à l'Arctique sa vraie place
Point d’orgue d’une dynamique discrète mais constante engagée en 2010, le CAF proposaitdu 3 au 6 juin derniers un colloque fondateur où ont été arrêtées les grandes orientations de larecherche Arctique française pour la décennie à venir. Aujourd’hui, il ne tient plus qu’auxmedias français de donner à l’Arctique la vraie place politique, économique, technologique etsécuritaire qu’il mérite au lieu de toujours le réduire à quelques brèves dans les pagesenvironnement. Toutes ces initiatives sont autant d’outils que la France développe bon an malan, malgré le manque de moyens financiers, pour renouer avec cette politique fortementambitieuse qui a toujours caractérisé notre relation aux pôles depuis les premières expéditionsroyales. Si les politiques manquent encore d’embrasser pleinement cette réalité, la nouvellegénération polaire française, elle, se mobilise pour voir l’avenir. La génération DIY (Do ityourself) l’a bien compris : au fond, nous sommes bien plus riverains de l’Arctique que nousl’imaginons ! Et c’est bien parce que nos relations aux pôles seront une des clés du 21èmesiècle que revitaliser la "Françarctique" pionnière de Yves Joseph de Kerguelen ou Paul-Emile Victor doitêtre une de nos priorités impératives en ce début de siècle.


*Mikå Mered est CEO chez Polariis A.S., une société de conseil en risques politiquesinternationaux et stratégies d'investissement dans les régions polaires (cercle Arctique &Antarctique).

 

Pétrole, développement, recherche : le réveil de la "Françarctique" ?
Source, journal ou site Internet : la Tribune
Date : 11 juin 2013
Auteur : Mika Mered *

RETRAITE: le rapport Moreau

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Voici la conclusion du rapport MOREAU ci-dessous et détail ici:

le rapport Moreau

 

Le système de retraite à la Madoff, l'exception culturelle française

 

Invitée par le cahier des charges qui lui a été remis à traiter de nombreux sujets, laCommission n’a pas pu tous les traiter de manière aussi approfondie. A fortiori, elle n’a pasexaminé des sujets qui ne faisaient pas partie de ce cahier des charges comme l’épargneretraite.


La Commission a concentré son examen sur des questions qui lui paraissaient essentiellessans chercher à proposer une réforme bouclée et d’un seul tenant. Les pistes de réformeprésentées constituent une invitation au débat et à la concertation, dans les formes quechoisira le Gouvernement.


Pour autant, les membres de la Commission, avec leur sensibilité et leurs parcours propres despécialistes des questions sociales, d’universitaires, de responsables d’entreprises, ont acquisau fil de ces travaux des convictions profondes qu’ils souhaitent partager.


Le sentiment de défiance envers notre système de retraite est compréhensible mais excessif.
Il s’explique par des déséquilibres financiers trop fréquents qui doivent être corrigés. Lepremier impératif est d’assurer l’équilibre financier à l’horizon 2020.
La complexité des règles et la multiplicité des régimes ne doivent pas masquer les méritesréels de notre système notamment en matière de niveau de retraite et de redistribution.


Lorsque l’espérance de vie s’allonge significativement, il est souhaitable de faire évoluer lesâges de départ. Ceci n’a de sens que dans une société qui s’organise pour permettre l’emploides seniors.

 

 

Il faut en finir avec les réformettes...Pensons à nos jeunes, arrêtons de délapider; voyons la retraite par point!!

 


Une fois l’équilibre rétabli à l’horizon 2020, son maintien est possible. Les questions neseront pas uniquement financières. Le système de retraite évolue dans un monde enmutation : entrées plus tardives dans la vie active, nouvelles trajectoires professionnelles,développement du travail féminin sans que l’égalité salariale progresse au même rythme. Lesystème de retraite ne peut pas tout résoudre mais le débat doit tenir compte de cesdimensions.
Les choix sur les âges de départ sont la source de gains financiers significatifs et permettentde maintenir une augmentation de la population active. Ils devraient être faits avec unemeilleure connaissance des trajectoires de fin de vie professionnelle. Les solutions que nousdevons trouver face aux défis auxquels est confronté le système doivent concilier justice etéquilibre financier. Elles doivent procéder d’un débat collectif et régulier.


Le renforcement du pilotage du système que propose la Commission n’a pas d’autre finalité :
il s’agit d’examiner régulièrement les résultats du système par rapport aux objectifs sociauxet économiques que lui assignent les pouvoirs publics et par rapport aux attentes de nosconcitoyens et de proposer, de manière anticipée et réactive, les ajustements qui permettrontà froid de corriger d’éventuels déséquilibres en cours de développement.


Les réformes des retraites entendant soigner ou guérir le système proposaient des évolutionsprofondes et parfois brutales : il s’agit désormais de développer une action plus préventive etplus ciblée, dans le cadre d’un processus permanent d’examen exigeant de notre système.


Les contraintes qui pèsent sur notre pays dans cette phase de forte évolution démographiqueet d’incertitude économique pour les pays développés ne permettent pas de faire toutes lesaméliorations que l’on pourrait souhaiter. Elles n’interdisent pas des adaptations à conditionque le financement en soit prévu, ni des réformes comme celles que peut inspirer le souhaitd’apporter une vraie réponse à la pénibilité.


Source:www.gouvernement.fr

 

 

 

 

Allongement de la durée de cotisation, augmentation des cotisations d'assurance-vieillesse pour les salariés et les employeurs ou encore mise à contribution des retraités avec une hausse de la CSG: le rapport Moreau, remis vendredi à Matignon, suggère des efforts partagés afin d'assurer le financement des retraites.

Pour combler un déficit de l'ensemble des régimes de retraites estimé à 20 milliards d'euros en 2020, le rapport de la Commission d'experts propose de faire au total 7 milliards d'économies.

Augmenter la durée de cotisation

Il propose de répartir l'effort soit à parts égales entre actifs et retraités, soit à hauteur de 2/3 pour les actifs et 1/3 pour les retraités.

Le rapport de la Commission pour l'avenir des retraites suggère d'augmenter «rapidement» la durée de cotisation à 43 ans pour la génération née en 1962, puis à 44 ans pour les personnes nées en 1966, contre une durée maximale de 41,5 ans actuellement.

Ce dispositif, qui relève d'une première hypothèse, procurerait un gain de 600 millions d'euros en 2020 pour le régime général. Une deuxième hypothèse consiste à adopter un rythme «moins rapide», en allongeant la durée de cotisation d'un trimestre toutes les deux générations jusqu'à la porter à 42,25 ans pour les générations nées en 1961 et 1962. Ce dispositif procurerait 200 millions d'euros en 2020.

Augmenter les cotisations d'assurance-vieillesse

Le rapport évoque également une augmentation des cotisations d'assurance-vieillesse de 0,1 point par an pendant 4 ans au-delà d'un certain plafond de salaire.

Cette hausse serait répartie à parts égales entre salariés et employeurs et produirait un gain de 2,6 milliards d'euros, selon le rapport.

Mettre à contribution les retraités

Autre piste: mettre à contribution les retraités en alignant le taux de la contribution sociale généralisée (CSG), qui est de 6,6%, sur celui des actifs (7,5%), ainsi que réviser certains de leurs avantages fiscaux.

La hausse de la CSG permettrait un gain «pérenne» estimé à 2 milliards d'euros à l'horizon 2020, selon ce rapport, qui propose également une sous-indexation «exceptionnelle» des pensions. Les différentes hypothèses de révision des mesures fiscales (abattement, avantages familiaux) proposées dans ce rapport rapporteraient entre 500 millions et jusqu'à 2,7 milliards d'euros.

Les 25 prochaines années s'annoncent difficiles pour financer les retraites, mais l'avenir sera ensuite «plus dégagé» pour les jeunes générations en raison des évolutions démographiques, souligne le rapport.

 

par M. Go. avec AFP via 20'

 

 

 

L’Institut de formation politique (site) vient de mettre en ligne sa dernière note intitulée « Retraites et liens intergénérationnels ». Un outil indispensable pour comprendre la complexité, l’inéquité du système français et le pourquoi d’une faillite programmée.

 

 

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Retraites : l'égalité entre le public et le privé ferait économiser 10 milliards d'euros par an

Par , Bloggeuse

Read more at http://www.economiematin.fr/les-experts/item/4051-inegalite-public-prive-economies#KZoypucOhsWbd5uX.99

Retraite

De Wikiberal:

La retraite est la situation d'une personne qui se caractérise par :

  • l'arrêt de toute activité professionnelle et le retrait du marché du travail,
  • des revenus basés sur le produit d'un capital accumulé, le versement d'une rente viagère et/ou le bénéfice d'une pension de vieillesse (ou pension de retraite) obtenue, généralement sous certaines conditions (âge minimal, durée passée en emploi, etc.), à titre gratuit ou contre cotisations préalables. Ces cotisations ont pu être versées en partie par un tiers (un employeur, l'état...) à une caisse de retraite ; par ailleurs la pension de retraite peut être elle aussi complétée par un tiers.

La retraite, historiquement rare et courte, a été créée par Bismarck au XIXe siècle (l'anecdote veut qu'il ait demandé à fixer l'âge de la retraite de façon à n'avoir presque jamais à la verser). La retraite se généralise au siècle avec l'allongement de la durée de vie et l'augmentation sans précédent des richesses.

Devenue perspective probable, elle pose des problèmes aigus de financement lorsqu'elle est gérée par l'État-providence, du fait de l'horizon temporel inhabituellement lointain du départ à la retraite (décalage de plusieurs dizaines d'années) et donc de l'incertitude sur les conditions dans lesquelles elle pourra s'exercer ; les hommes politiques peuvent profiter de cette incertitude pour spolier les jeunes actifs, en augmentant les cotisations sans que les citoyens réagissent, ainsi que les générations futures. A contrario, une gestion libre et responsable d'une épargne-retraite aboutit à des rendements élevés dans un cadre pérenne. Des revers de capitaux ponctuels (hedge-funds, ENRON) ne remettent pas en cause cet état de choses dans son ensemble.

 

Position libérale

Retraite par répartition et solidarité intergénérationnelle

Les systèmes de capitalisation et de répartition sont très différents : la capitalisation est un système individuel ou collectif de placement, alors que la répartition est forcément un système collectif, sinon collectiviste, de "protection sociale" que ses promoteurs font passer pour une assurance vieillesse (alors que les techniques de l'assurance ne sont en fait jamais employées) ce qui est d'autant plus surprenant que la vieillesse n'est plus un « risque » peu probable, mais un événement à très forte probabilité.

Lorsque la croissance démographique est modérée, le rendement d'un système de retraite par capitalisation est largement supérieur à celui d'un système par répartition. Dans le système par répartition, les cotisations sont en fait analogues à un impôt (proportionnel au revenu) dont les fonds recueillis ne sont pas investis, mais immédiatement redistribués par les organismes de retraite publics ou parapublics (privés avec mission de "service public").

Le système par répartition est proche de ce qu'on appelle la vente pyramidale, où le revenu est basé sur le "recrutement" de nouvelles personnes, et non sur la constitution de droits réels : on vend à prix coûtant un produit futur (la future pension de retraite), qui n'est en fait qu'une simple promesse de ce produit. Ce revenu futur n'est pas officiellement garanti et est constamment révisable. Ce système sacrifie l'avenir au nom de l'immédiat, au nom d'une soi-disant solidarité intergénérationnelle (alors que la "solidarité" est une action volontaire par définition qui n'existe plus lorsqu'elle est rendue obligatoire). Il ne peut fonctionner que si la coercitionétatique s'applique et oblige tout le monde à cotiser (c'est la fonction, dans un certain nombre de pays, des institutions de "sécurité sociale").

Les "solutions" étatiques au phénomène de transition démographique et de vieillissement de la population consistent à diminuer le montant des retraites, augmenter les cotisations ou obliger les salariés à travailler toujours plus longtemps : les victimes sont tantôt les actifs, tantôt les retraités, souvent les deux. De plus, la gestion des retraites tend à être discriminatoire en France, les bénéficiaires des régimes spéciaux de retraite et les fonctionnaires étant avantagés par rapport aux actifs du secteur privé. Une autre injustice tient au fait qu'avec la répartition, celui qui décède avant sa retraite a cotisé pour rien, ses héritiers n'obtenant rien[2].

L'injustice fondamentale, qui remonte à la mise en place du système par répartition, est que la première génération de retraités qui a bénéficié du système n'a jamais cotisé ; cette "dette cachée", perpétuée par le système, empêche aujourd'hui un passage brutal de la répartition à la capitalisation (le passage, dans le sens inverse, de la capitalisation à la répartition est très facile, et les gouvernements ne se sont jamais privés de mettre en œuvre cette action confiscatoire et de détruire les systèmes individuels qui existaient déjà). On pourrait dire que la spoliation des générations suivantes a été installée dès le début, permettant alors aux politiciens promoteurs du système d'empocher leurs profits sur le marché politique. Afin de corriger ou d'atténuer ce passage " brutal " de la répartition à la capitalisation, il convient de dire que ce passage peut être réalisé et qu'une méthodologie traduisant cette évolution existe et a été appliquée. En effet, des procédures et des élargissements progressifs à toute la population ont été menées, non en France, mais au Chili, dans le cadre de la libéralisation et de la Privatisation de l'Economie, lorsque, entre 1978 et 1980, José Piñeraétait Ministre du Travail et des Retraites.

La seule issue est un passage progressif de la répartition à la capitalisation, avec à terme la suppression de l'obligation de cotiser à un organisme de retraite étatique ou pseudo-étatique :

Passer d'un système de répartition à un système de capitalisation, c'est stimuler le seul véritable moteur de la croissance, à savoir l’épargne. Dans ce système les individus ont en effet intérêt à épargner, c'est-à-dire à accumuler du capital et à créer de la richesse, de manière à subvenir à leurs propres besoins une fois qu'ils ne seront plus en âge de travailler. Dans un système de capitalisation, on ne compte plus sur la générosité obligatoire des autres dans le futur pour subvenir à ses besoins lorsqu'on sera retraité. On compte sur soi-même, et c'est en ce sens que le passage à la capitalisation constitue une véritable révolution morale. Elle représente en effet le retour à la responsabilité individuelle. (Pascal Salin, Libéralisme, 2000)

Pour certains libéraux, une obligation d'épargner pour sa propre retraite devrait être maintenue, tout en permettant aux actifs de choisir leur mode d'épargne ou de cotisation. En France, avec l'abrogation du monopole de la Sécurité Sociale, des organismes de retraite concurrents proposeraient différentes solutions, permettant un choix libre et responsable des individus.

Pour d'autres libéraux et pour les libertariens, au même titre que les cotisations d'assurance maladie ou d'assurance chômage, les cotisations retraite obligatoires constituent tant une spoliation qu'une déresponsabilisation des individus, qui ressortit à un paternalisme méprisant[3]("si on les laisse faire ce qu'ils veulent, ils vont dépenser tout leur revenu et n'épargneront pas pour leurs vieux jours"), les mêmes individus étant cependant jugés assez responsables pour pouvoir voter et influer ainsi sur l'évolution de leur pays.

Par conséquent, les personnes doivent retrouver une liberté de choix totale, ce qui signifie qu'on les laisse préparer leur retraite comme elles l'entendent. Une mauvaise solution serait de décréter que la gestion des retraites soit confiée à l'entreprise dans laquelle travaillent les salariés, celle-ci pouvant alors avoir tendance à placer le fonds de retraite des personnels dans ses propres actions, ce qui engendre un risque énorme pour les salariés concernés (perte à la fois de son emploi et de son épargne en cas de faillite : voir le scandale du fonds de retraite Enron en 2001 aux Etats-Unis). Les moyens éprouvés d'investir à long terme, en diversifiant son risque, ne manquent pas[4] et permettent de se passer avantageusement des "services" de l'État, ou, si on est salarié, des services très "intéressés" de son propre employeur.

Les opposants à la capitalisation soulignent le risque plus élevé de ce type de système (le cas d'Enron est fréquemment cité), en oubliant que la sécurité des placements s'obtient par la diversification (alors que pour Enron le fonds de pension de l'entreprise était investi en actions Enron). Il n'y a aucune raison valable de confier la gestion de sa retraite à son propre employeur ou à un fonds de pension unique, il est capital que la liberté de choix et de gestion appartienne à chacun. Dans ce contexte, l'offre peut être très large, qu'elle soit à but lucratif ou non : assurances, organismes financiers, mutuelles, associations, etc., sans compter la solidarité familiale, qui a toujours été historiquement la vraie solidarité intergénérationnelle (par le don, l'héritage, la mise en commun). Dans les cas de retraite de capitalisation problématiques constatés par le passé, il est trop facile d'accuser le marché quand justement ce marché n'a pas pu fonctionner librement du fait de contraintes étatiques particulières.

 

La lettre et vision de Tony BLAIR sur l'"Islam"

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Tout le monde considère le meurtre de Lee Rigby, le soldat britannique assassiné il y a troissemaines dans une rue d’une banlieue de Londres, comme une horreur. Par contre, on peutl’interpréter de deux manières différentes. On peut y voir un acte sans autre portée que celuid’un fou, sous-tendu par une conception pervertie de l’islam ; il ne faut donc pas y réagir demanière excessive. Mais on peut y voir avant tout la conséquence d’une idéologieéminemment dangereuse. C’est à mon avis cette deuxième interprétation qui est la bonne.

 

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Certes, nous ne devons pas surréagir. Nous ne l’avons pas fait après les attentats du 7 juillet2005 dans les transports en commun londoniens. Mais nous avons agi, et nous avons euraison. Nos services de sécurité ont ainsi évité d’autres graves attentats. Le programmePrévention mis en place au niveau local a été judicieux. Les nouvelles mesures prises par legouvernement paraissent également raisonnables et proportionnées. Mais ne nous berçons pasd’illusions en croyant que nous pouvons nous protéger en agissant exclusivement sur le planintérieur. Car l’idéologie que j’évoquais est là, et elle ne faiblit pas. Considérons le Moyen-Orient. La Syrie se trouve sur la voie d’une désintégration de plus en plus rapide. Le présidentBachar el-Assad pulvérise brutalement des communautés entières hostiles à son régime. Plusde 80 000 personnes ont perdu la vie, le nombre de réfugiés atteint presque un million etdemi, et celui des personnes déplacées à l’intérieur du pays dépasse quatre millions. Beaucoupde gens dans la région pensent qu’Assad veut chasser les sunnites des zones qu’il contrôle etcréer à proximité du Liban un État indépendant, débarrassé des sunnites. Ces derniersconstitueraient dans le reste de la Syrie un État dépourvu des richesses du pays et sans accès àla mer. L’opposition syrienne est formée de nombreux groupes. Mais les combattants associésau groupe Jabhat al-Nosra affilié à el-Qaëda bénéficient d’un soutien grandissant, qu’ils’agisse de livraisons d’armes ou d’argent en provenance de l’étranger. Assad utilise en outredes armes chimiques à une échelle limitée, mais elles sont mortelles. Certaines sont stockéesdans des zones qui donnent lieu à d’âpres combats. La réticence de l’Occident à s’impliquerest tout à fait compréhensible. Néanmoins, nous sommes seulement au début d’une tragédiesusceptible de déstabiliser la région. La Jordanie fait preuve d’un courage exemplaire, maisil y a une limite au nombre de réfugiés qu’elle peut raisonnablement absorber. Le Liban estfragilisé, tandis que l’Iran pousse le Hezbollah dans la bataille. El-Qaëda essaye à nouveau deprovoquer un carnage en Irak, tandis que l’Iran continue son ingérence. En Égypte et enAfrique du Nord, les Frères musulmans sont au pouvoir, mais la contradiction entre leuridéologie et leur incapacité à gérer des économies modernes alimente les pressions desgroupes extrémistes et une instabilité croissante. Quant au régime iranien, il veut toujoursparvenir à l’arme nucléaire, et continue à exporter terreur et instabilité. En Afriquesubsaharienne, le Nigeria fait face à une vague d’attentats abominables. Au Mali, la France amené de rudes batailles pour empêcher les extrémistes de mettre la main sur le pays. Il fautaussi compter avec le Pakistan et le Yémen. Plus à l’est, la frontière entre la Birmanie et leBangladesh est sous haute tension. Et l’on pourrait allonger la liste avec les événementsrécents au Bangladesh même ou dans la province à majorité musulmane de Mindanao auxPhilippines. Dans nombre de ces zones affectées par la violence, un autre facteur estapparent : une population en croissance rapide. Au Moyen-Orient, l’âge médian est d’environ25 ans. Au Nigeria, il est de 19 ans. À Gaza, où le Hamas est au pouvoir, un quart de lapopulation a moins de cinq ans. Je retournerai prochainement à Jérusalem pour aider à laconstruction d’un État palestinien, ce sera ma 100e visite au Moyen-Orient depuis que j’aiquitté ma fonction de Premier ministre. Je suis donc aux premières loges pour voir ce qui sepasse dans la région. Je comprends donc le désir d’expliquer les conflits par des problèmeslocaux, l’aliénation économique et évidemment la « folie ».

 

Pourtant, une question se pose :


Ne pouvons-nous pas trouver un élément commun à ces conflits, une idéologie qui y conduitou au moins les exacerbe ?


Il n’y a pas de problème avec l’islam. Ceux qui l’ont étudié saventqu’il est pacifique. Il n’y a pas de problème non plus avec les musulmans en général.

 

EnGrande-Bretagne, la majorité est horrifiée par l’assassinat de Rigby. Mais il y a un problèmeau sein de l’islam. Nous devons en toute honnêteté le prendre en considération. Certes, ilexiste des extrémistes chrétiens, juifs, bouddhistes ou hindous. Mais je crains que la tensionqui se manifeste actuellement au sein de l’islam ne soit pas due simplement à une poignéed’extrémistes. Elle tient intrinsèquement à une conception de la religion et de son rapport à lapolitique qui est incompatible avec une société plurielle, ouverte et libérale. Ce ne sont passeulement les terroristes qui adhérent à cette conception de la religion, car elle est plusprofonde et plus répandue que nous ne sommes généralement enclins à l’admettre – sansdoute parce que cela nous met mal à l’aise. Cela a deux conséquences. D’une part, lesextrémistes croient que nous sommes faibles et que cette faiblesse les renforce ; d’autre part,ceux des musulmans – heureusement ils sont nombreux – qui savent que le problème se poseet veulent réagir perdent espoir. À travers le Moyen-Orient et au-delà, un combat se déroule.


D’un côté, les islamistes et leur idéologie exclusive et réactionnaire qui constituent uneminorité significative, bruyante et bien organisée. De l’autre, les partisans de la modernité, quiméprisent la nouvelle oppression exercée aujourd’hui par les fanatiques religieux, comme ilsdétestaient hier l’oppression des anciens dictateurs corrompus. Ils constituent potentiellementla majorité, mais hélas, ils sont mal organisés. Des groupes sont en train de semer les germesdu fanatisme et de la terreur de demain (peut-être même ceux d’un conflit majeur). C’estpourquoi nous devons répandre ceux de la réconciliation et de la paix. Mais ouvrir la voie à lapaix n’est pas toujours une entreprise pacifique. Du fait des conflits longs et difficiles enAfghanistan et en Irak, les pays occidentaux sont peu enclins à intervenir. Mais n’oublionspas pourquoi ces conflits ont été longs et difficiles : c’est parce que nous avons autorisél’émergence d’États défaillants. Saddam Hussein a été responsable de deux guerres majeuresqui ont fait des centaines de milliers de victimes, notamment au moyen d’armes chimiques. Ila tué un nombre à peu prés équivalent d’Irakiens. Les talibans ont pris le pouvoir à la fin del’occupation soviétique en Afghanistan et ont fait de ce pays un terrain d’entraînement pourterroristes.

 

Ces deux régimes une fois renversés, l’Irak et l’Afghanistan ont commencé àcombattre les mêmes forces qui prônent un peu partout la violence et la terreur au nom de lareligion. Tous les engagements ne doivent pas être militaires et tous les engagementsmilitaires ne doivent pas faire intervenir les troupes. Mais le désengagement à l’égard de cecombat ne nous apportera pas la paix. Une politique de défense n’y suffira pas non plus. Siune politique de défense résolue a permis de résister au communisme révolutionnaire, cedernier a été finalement vaincu par une meilleure idée : la liberté. On peut faire la mêmechose ici, la meilleure idée étant alors une conception moderne de la religion et de sa placedans la société, un modèle basé sur le respect et l’égalité entre les personnes de foisdifférentes.

 

La religion peut avoir son mot à dire dans le système politique, mais ce n’est pas àelle de le gouverner. Nous devons commencer avec les enfants, ici et à l’étranger. C’estpourquoi j’ai créé une fondation dans l’objectif spécifique d’éduquer les enfants de religionsdifférentes à se connaître et à vivre ensemble. Nous sommes présents dans 20 pays et nosprogrammes fonctionnent. Mais c’est une goutte d’eau dans l’océan, comparé au tsunamid’intolérance enseigné à un si grand nombre.

 

Aujourd’hui plus que jamais, nous devons êtreforts et avoir une bonne stratégie.


Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz © Project Syndicate/« Mail on Sunday », 2013.

 

par Tony BLAIR

 

Tension au sein de l’islam : quelle réponse ?
Source, journal ou site Internet : L’Orient le Jour via l'IHEDN
Date : 12 juin 2013
Auteur : Tony Blair

 

 

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Tony Blair: Terrorism, extremism point to ‘a problem within Islam’

By Elizabeth Tenety

source: http://www.washingtonpost.com

 

Former British prime minister Tony Blair wrote Sunday in the UK’s Daily Mail about what he said was ”a problem within Islam” that must be faced in the aftermath of the slaying of British soldier Lee Rigby by men reportedly claimed to be avenging the deaths of Muslims. 

Blair, who has launched a religious activist organization called the Tony Blair Faith Foundation in the years since he left office, dismissed the argument that religiously-motivated terrorists attacks are the work of a fringe few. He instead pointed to a “exclusivist and reactionary world view” that he detailed as found throughout the Muslim world.

“There is a problem within Islam – from the adherents of an ideology that is a strain within Islam. And we have to put it on the table and be honest about it.

 

“Of course there are Christian extremists and Jewish, Buddhist and Hindu ones. But I am afraid this strain is not the province of a few extremists. It has at its heart a view about religion and about the interaction between religion and politics that is not compatible with pluralistic, liberal, open-minded societies.”

Pointing to Syria, Jordan, Egypt, Iran, Nigeria, Mali, Pakistan and a number of other countries, Blair wrote:

“I understand the desire to look at this world and explain it by reference to local grievances, economic alienation and of course ‘crazy people’. But are we really going to examine it and find no common thread, nothing that joins these dots, no sense of an ideology driving or at least exacerbating it all?”

Instead, the former prime minister called for resources to be allocated to make religion more modern, with an awareness and open-mindedness about other faiths.

“The better idea is a modern view of religion and its place in society and politics. There has to be respect and equality between people of different faiths. Religion must have a voice in the political system but not govern it.”

Blair’s pointedness about the relationship between Islam and terror mirrors remarks made by President Obama at the National Defense University in May.

 ”Most, though not all, of the terrorism we face is fueled by a common ideology – a belief by some extremists that Islam is in conflict with the United States and the West, and that violence against Western targets, including civilians, is justified in pursuit of a larger cause. Of course, this ideology is based on a lie, for the United States is not at war with Islam; and this ideology is rejected by the vast majority of Muslims, who are the most frequent victims of terrorist acts.

 

“Nevertheless, this ideology persists, and in an age in which ideas and images can travel the globe in an instant, our response to terrorism cannot depend on military or law enforcement alone. We need all elements of national power to win a battle of wills and ideas.”

Transhumanisme "Pour un monde meilleur"! Logique d'une évolution.

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Aujourd'hui les progrès de la science sont tels qu'ils nous permettent d'imaginer un humain "augmenté". Pour la première fois de notre histoire, nous avons la possibilité de modifier radicalement ce que seront nos enfants, et nos petits-enfants. Dans les laboratoires, un nouvel individu, partiellement reconfiguré, est en train d'être imaginé, testé... fabriqué.

 

Attention certaines images pourraient choquer

Même en France, notamment à Grenoble....stimulant!!

 

 

Bientôt, promettent certains scientifiques, nous considérerons l'Homo Sapiens (c'est à dire nous !) comme une version charmante, certes, mais totalement démodée ! L'Homo Technologicus sera tellement mieux ! C'est précisément ce que propose le marché de l'amélioration de l'être. Le temps est venu, disent ses promoteurs, de passer à la vitesse supérieure : un corps parfait et sans âge, un cerveau infaillible, une reproduction maîtrisée, et à terme... l'immortalité.

 

Quitte à acheter quelques pièces détachées pour faire du "tuning" avec notre propre corps comme certains le font avec leur automobile. Voyage à la recherche de cet homme du futur... hybride mi-homme mi-machine, humain génétiquement modifié. Un homme presque parfait.


Documentaire. Réalisé par Cécile Denjean.
Produit par Pascal Dupont, Martine Michon et Woods TV - Dissidents. Avec la participation de France Télévisions, Planète et Centre National du Cinéma et de l'Image animée. Avec le soutien du Programme MEDIA de l'Union Européenne, de la Procirep Angoa et de la Région Rhône-Alpes.

 

Source via Kevin Amagi

 

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Ici un débat est ouvert:

Ethique : faut-il condamner le transhumanisme ?

 

 

Un peu d'histoire et idées du future selon les transhumanistes eux même

 

Les bases de la philosophie transhumaniste remontent à la Renaissance quand des philosophes-chercheurs ont commencé à prôner l'usage de la science pour améliorer le corps humain.

L'homme est au centre du transhumanisme, principe que l'on retrouve déjà dans la philosophie de Pic de la Mirandole. En 1486, dans son "Discours sur la dignité de l'homme", il appelle à "sculpter sa propre statue" et être "le créateur de soi-même".

  Pic de la Mirandole

 

 Au XVIIIe siècle, le philosophe Nicolas de Condorcet pose les bases d'une philosophie alliée à la biologie et aux sciences cognitives, dans la recherche de vie prolongée. "Serait-il absurde de supposer quel'amélioration de la race humainesoit considérée comme un progrès illimité ?",interroge Condorcet. A l'avenir, "l'homme ne deviendra pas immortel, mais il pourra constamment augmenter le temps entre le moment où il commence à vivre et quand naturellement, sans maladie ou accident, il trouve que sa vie est un fardeau", poursuit-il.


 Nicolas de condorcet

 

En 1923, le biochimiste J. B. S. Haldane estime encore qu'à l'avenir la génétique serait utilisée pour rendre les hommes plus intelligents, plus sains, plus grands... "Le chimiste ou le physicien est toujours un Prométhée", estime-t-il dans son essai "Daedalus, Science and the Future".


 J. B. S. Haldane

 

En 1978, le philosophe Fereidoun Esfandiary, plus connu sous le pseudonyme "FM-2030", formule la première déclaration transhumaniste baptiséeUpwinger's Manifesto: "Nous voulons accélérer l'avancée de l'humanité jusqu'à la prochaine étape de son évolution. Nous voulons surmonter nos tragédies suprêmes :le vieillissement et la mort. Nous voulons aider à accélérer l'essor des mondes à venir avec une abondance inespérée : de l'énergie propre et bon marché illimitée, des ressources alimentaires illimitées, des matières premières illimitées", prône-t-il.

 Fereidoun Esfandiary

 

Onze ans plus tard, l'Association transhumaniste mondiale énonceune nouvelle déclaration envisageant que "l'humain puisse subir des modifications telles que son rajeunissement, l'accroissement de son intelligence par des moyens biologiques ou artificiels, la capacité de moduler son propre état psychologique,l'abolition de la souffrance ''



 

Avec son projet de "prévenir et guérir le vieillissement", l'informaticien et biologiste Aubrey de Grey estime que "dans le futur, quand la médecine deviendra encore plus puissante, nous serons inévitablement en mesure de faire face au vieillissement tout aussi efficacement que nous abordons aujourd'hui de nombreuses maladies'', lançait-il convaincu en 2004sur la BBC.


 Aubrey de Grey

 

Pour l'informaticien Ray Kurzweil, pape du transhumanisme, nous pourrons bientôt "transcender les limites de nos corps et cerveaux biologiques". Dans "Humanité 2.0", il développe son concept de "Singularité", une période future où "les changements technologiques seront si rapide et si profonds que la vie humaine sera transformée de manière irréversible". "Dans trente ans, nous aurons les moyens technologiques de créer une intelligence surhumaine. Peu après, l'ère humaine cessera", prédit-il.


 Ray Kurzweil,

 

Ce rêve d'immortalité passe aussi par le numérique. Certains transhumanistes imaginent bientôt pouvoir brancher et télécharger tout le contenu d'uncerveau sur ordinateur, afin d'avoir un esprit dématérialisé, envoyé dans le cyberespace, ou d'être réimplanté sur un corps robotique. On parle d'"uploading", un scénario digne des films de science-fiction tel "Matrix".

 

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    Ces différentes technologies permettent certes d’améliorer la détection, les opérations, les soins des maladies mais certains pensent que plus loin que le domaine médical, la " machine est l'avenir de l'homme " pose de nombreux problèmes d'un point de vue éthique.

 

Le transhumanisme est une approche interdisciplinaire ( qui regroupe plusieurs sciences ) qui nous amène à comprendre et à évaluer les avancées qui nous permettrons de surmonter nos limites biologiques par les progrès technologiques.


     Les transhumanistes cherchent à développer les possibilités techniques afin que les gens vivent plus longtemps et en santé tout en augmentant leurs capacités intellectuelles, physiques et émotionnelles.

Les nouvelles technologies soulèvent des questions de fond importantes tant scientifiques, sociales qu’éthiques. L’association transhumaniste mondiale (ATM) a été fondée en 1998 afin d’encourager la discussion, la recherche et augmenter la visibilité de la pensée transhumaniste auprès du public. Sur le site internet de l’association, vous trouverez de l’information pertinente à propos du transhumanisme, des organisations transhumanistes de votre région, un journal académique en ligne et le calendrier des conférences à venir et beaucoup plus encore.


     Les technologies modernes telles que l’ingénierie génétique, la technologie de l’information, la médecine pharmaceutique ainsi que l’anticipation des capacités futures dont la nanotechnologie, l’intelligence artificielle, le téléchargement des données du cerveau dans un ordinateur ou uploading, la félicité perpétuelle par modification chimique (paradise engineering) et la colonisation de l’espace font partie de la sphère d’intérêt des transhumanistes. Les risques autant que les avantages potentiels sont analysés dans le but ultime de développer des stratégies de travail et des politiques pouvant permettre aux sociétés et aux individus de faire face au futur qui arrive.


     Les enjeux ne peuvent pas être plus hauts. Des scénarios plausibles font aussi bien état de l’extinction de toute vie intelligente que de l’avènement d’un futur posthumain merveilleux et radieux. Vous êtes invités à vous joindre au nombre sans cesse croissant de gens de sciences ou de personnes intéressées à prendre part à une discussion sérieuse sur l’avenir de l’humanité.

 

 

Dossier « Philosophie » apparenté (Philosophie de la médecine d'amélioration) :

ONU : la population mondiale devrait atteindre 9,6 milliards en 2050 voire 11ou15 en 2100; rhâaa le libéralisme!!

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La population mondiale actuelle de 7,2 milliards devrait augmenter de près d'un milliard depersonnes au cours des douze prochaines années, pour atteindre 8,1 milliards en 2025 et 9,6milliards en 2050, selon un nouveau rapport des Nations Unies « Perspectives de lapopulation mondiale : révision de 2012 » lancé jeudi au Siège des Nations Unies à New York.

 

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Les régions en développement enregistreront la plus grande augmentation de population enpassant de 5,9 milliards en 2013 à 8,2 milliards en 2050. Sur la même période, la populationdes régions développées restera, quant à elle, largement inchangée à environ 1,3 milliard depersonnes. Selon ce rapport, la croissance devrait être la plus rapide dans les 49 pays lesmoins développés, qui devraient doubler en taille, passant d';environ 900 millions d'habitantsen 2013 à 1,8 milliard en 2050. Les nouvelles projections apportent également des éclairagesintéressants au niveau des pays. Ainsi, l'Inde devrait dépasser la Chine autour de 2028, date àlaquelle les deux pays auront des populations de l'ordre de 1,45 milliard d'habitants. Lapopulation indienne devrait continuer de croître pendant plusieurs décennies pour atteindre1,6 milliard, diminuer lentement et se stabiliser à 1,5 milliard d';habitants en 2100. Lapopulation chinoise, quant à elle, devrait amorcer une diminution après 2030, pour atteindre1,1 milliard d'habitants en 2100. Le Nigeria devrait, lui, dépasser les Etats-Unis avant 2050,pour, à la fin du siècle, rivaliser avec la Chine comme le deuxième pays le plus peuplé dumonde. En 2100, plusieurs autres pays devraient compter des populations de plus de 200millions d';habitants, à savoir l'Indonésie, la Tanzanie, le Pakistan, la Républiquedémocratique du Congo, l'Éthiopie, l'Ouganda et le Niger.

 

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Le rapport montre également queplus de la moitié de la croissance de la population mondiale d'ici 2050 devrait se produire enAfrique. La population de ce continent pourrait ainsi plus que doubler d'ici 2050, passant de1,1 milliard aujourd'hui à 2,4 milliards en 2050, pour atteindre 4,2 milliards d'ici 2100. Alorsque la population du reste du monde devrait augmenter d';un peu plus de 10% entre 2013 et2100, la population européenne devrait, quant à elle, diminuer de 14%, en raison d'unefécondité en dessous du taux de remplacement - 2,1 enfants par femme en moyenne - danspresque tous les pays européens

 

 

 

 

Enfin, le rapport indique que l'espérance de vie devraitaugmenter dans les années à venir, poursuivant une tendance apparue au 20ème sièclelorsqu'elle était passée de 47 ans en 1950-1955 à 69 ans en 2005-2010. Au cours des 40prochaines années, l'espérance de vie au niveau mondial devrait atteindre 76 ans en 2045-2050 et 82 ans en 2095-2100, conclut le rapport.

 

ONU : la population mondiale devrait atteindre 9,6 milliards en 2050
Source, journal ou site Internet : ONU
Date : 14 juin 2013

Quelle démocratie dans le monde arabe ?

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Dans son ouvrage De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville défend l’idée que laconfiance de l’opinion publique allège les pressions sur l’État, lui permettant ainsi defonctionner plus efficacement.

 

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Ce constat devrait quelque peu réconforter les gouvernementsdu monde arabe, où une enquête menée en 2012 auprès des jeunes a montré que 72 pour centdes sondés avaient une confiance accrue dans leurs gouvernements. Mais comment expliqueralors la poursuite des troubles civils et la paralysie des gouvernements dans les pays duprintemps arabe ? Une version plus récente de cette enquête offre un début de réponse. Unegrande majorité des jeunes Arabes, 70 pour cent environ, indique qu’ils sont surtoutinfluencés par leurs parents, famille et religion, alors qu’un tiers seulement affirme que lesélites – écrivains, chefs d’entreprise, dirigeants communautaires et médias – avaient uneinfluence sur leur vision de l’existence. En fait, seulement 16 pour cent d’entre eux ont citéles pop stars comme source d’influence. Ces chiffres offrent un éclairage utile sur l’évolutiondu tissu social des sociétés arabes.

 

D’ordinaire, les individus sont ouverts à l’influence deceux en qui ils ont confiance et qu’ils souhaitent émuler.

Le fait qu’une grande majoritéd’Arabes se tourne vers la famille et la religion est extrêmement révélateur. Les sociétésarabes, et en particulier celles qui traversent des temps troublés, régressent vers ce que lesociologue français Émile Durkheim a qualifié de « solidarité mécanique ». Il s’agit d’uneforme de solidarité sociale qui s’articule autour de liens familiaux et religieux, sous-tenduepar le sentiment d’appartenir au même groupe « homogène ».

 

Durkheim oppose ce concept àcelui d’une « solidarité organique » plus progressiste qui, dans les sociétés modernes, s’établiten fonction des relations professionnelles et fonctionnelles. En période de risques élevés, réelsou perçus, les individus commencent de plus en plus à se regrouper sur la base d’identitéshomogènes, avec pour conséquence la progression de la « solidarité mécanique » aux dépensde la « solidarité organique ». Cette tendance est souvent accentuée par les pertes d’emplois,qui incitent les individus à renoncer à leurs identités professionnelles et fonctionnelles enfaveur d’identités basées sur leur appartenance ethnique, leur parenté ou leur religion.


Dans les sociétés culturellement diverses, comme l’Irak et le Liban, les réseaux de solidaritésociale sont presque entièrement fondés sur des affinités religieuses et ethniques. Dans lessociétés plus homogènes, comme la Libye, la solidarité sociale tend à suivre des lignestribales et sectaires. En Tunisie, on constate également une régression similaire vers desformes de solidarité mécanique organisée autour d’identités tribales, régionales et religieuses.
 

 

 

 

 

Une expression dramatique de la forme mécanique de solidarité émerge également en Syrie.
Alors que les Syriens sont confrontés depuis deux ans à la mort, à la violence et audéplacement forcé, la communauté internationale s’est attachée à débattre de la nature desrebelles syriens. Abandonnée à son sort, la société syrienne a commencé à se désintégrer et àse réorganiser sur une base sectaire. Avec l’intensification du conflit, les identités établies etbasées sur la profession ont commencé à céder le pas à des solidarités familiales, régionales etreligieuses. Les groupes professionnels et de la société civile n’ont pas été en mesure de réagirde façon à préserver une cohésion sociale organique, par manque de ressources, en raison decapacités insuffisantes, ou les deux. La solidarité mécanique est apparue comme un moyenplus efficace de mobiliser les gens et les ressources Une part notable d’indifférence est aucoeur de cette crise. Les classes moyennes arabes se sont par exemple distinguées par leurmanque d’empressement à venir en aide aux réfugiés syriens. Les visites fortementmédiatisées qu’a effectuées l’actrice américaine Angelina Jolie dans des camps de réfugiés enJordanie et en Turquie ont souligné l’absence quasi totale de campagnes de sensibilisationsimilaires par des célébrités arabes. Alors que des millions d’Arabes regardent chaquesemaine des émissions de télévision comme la version arabe de The Voice et Arab Idol etvotent pour leurs chanteurs préférés, une campagne de collecte de fonds au bénéfice desréfugiés syriens reste à organiser. Par contre, les chaînes de télévision ayant des affiliationsreligieuses et sectaires spécifiques ont été très actives, y compris sur les médias sociaux, pourcollecter des fonds. Il n’est peut-être pas surprenant que la plupart des jeunes Arabes nevoient pas de modèles au-delà de leurs cercles sociaux immédiats. En bref, les pays arabesfont l’expérience d’une hémorragie de leur capital social, en mesure de faire sérieusementdérailler la reprise économique et la consolidation de l’État. Comme l’a dit Kenneth Arrow,lauréat du prix Nobel d’économie 1972, « une grande partie du retard économique dans lemonde s’explique par l’absence d’une confiance mutuelle ». Dans ce contexte, le Plan destabilisation arabe, une initiative récemment annoncée et lancée par un acteur arabe du secteurprivé, qui vise la création de dizaines de milliers d’emplois par le biais d’investissements àgrande échelle dans les infrastructures, est exactement le genre d’action nécessaire pourpréserver la cohésion sociale. Les efforts de la communauté internationale, menés par laBanque mondiale et d’autres donateurs internationaux, ont surtout mis l’accent sur lerenforcement des relations entre l’État et les citoyens de façon à obtenir des avantagestocquevilliens – c’est-à-dire, une démocratie opérationnelle et un gouvernement efficace.

 

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Mais il est urgent de mettre un accent complémentaire fort sur la création d’emplois pourpréserver et favoriser la solidarité organique durkheimienne.


Traduit de l’anglais par Julia Gallin. © Project Syndicate, 2013.

 

Quelle démocratie dans le monde arabe ?
Source, journal ou site Internet : L’Orient le Jour
Date : 15 juin 2013
Auteur : Sami Mahroum

Sami Mahroum est directeur du programme universitaire d’innovation et de politique àl’Institut européen d’administration des affaires (Insead).

 

 

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Quelle démocratie demain ?

 

 

La démocratie a-t-elle plusieurs visages ? Les nouvelles voix nées du Printemps arabe amèneront-elles une stabilité durable ? Face aux crises qui secouent les pays occidentaux, faut-il re-démocratiser ces sociétés ? Des questions, toutes débattues, au sein du premier Forum mondial de la démocratie (organisé conjointement par le Conseil de l’Europe et la ville de Strasbourg). Les récentes évolutions politiques dans de nombreux pays mettent la démocratie à l’épreuve. Débats et reflexions ci-dessous. 

Tawakkul Karma, première femme arabe à recevoir le prix Nobel de la Paix en 2011, appelle l’Onu à sortir de sa paralysie concernant la situation en Syrie.


Tawakkul Karma est l’une des figures emblématique du soulèvement populaire qui a secoué le Yémen. Elle milite depuis des années pour la liberté d’expression et les droits des femmes.

 

 

 

 

 

Traduction :« Je ne pense pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises révolutions. Les gens se battent pour les droits de l’homme, pour des questions d’égalité, pour la liberté, pour la justice, pour le droit…. Même si certains de ces soulèvements ne se passent pas de manière idéale, le plus important, c’est qu’ils ont permis de briser la peur.


La situation en Syrie est très difficile, et elle se complique de jour en jour… Je pense que la communautée internationale aurait dû intervenir depuis longtemps… Si elle l’avait fait, Bachar Al Assad n’assasinerait pas son peuple. Ce que je demande, et c’est aussi ce que demande les syriens, c’est qu’on crée des zones de protections, il faut protéger les citoyens, les femmes, les enfants. Sans cela, Bachar Al-Assad continuera à tuer les Syriens… Et les pays qui le soutiennent vont continuer à le soutenir.


Chacun de nous, chaque pays, chaque organisation qui a la possibilité d’aider le peuple syrien doit le faire ! Ce n’est pas seulement une question syrienne. Faire la paix, ce n’est pas stopper la guerre, c’est stopper la violence, stopper les tueries qui ont lieu à l’intérieur d’un pays, particulièrement si ces violences sont orchestrées par un dictateur. Regardez le sang couler… Regardez ces gens mourir alors qu’ils descendent dans la rue pour défendre leurs libertés, ce n’est pas possible ! Ils n’ont rien fait de criminel, ils participent à des manifestations, font des sitting… Cela fait plus de 8 mois qu’ils se battent, qu’ils demandent à Bachar Al Assad de quitter le pouvoir… Depuis, ce sont les armes qui parlent, je suis contre cela, mais on ne peut pas empêcher les gens de se défendre eux-même.


Si la communautée internationale continue à regarder ce qui se passe, la situation va empirer. Je suis sûre qu’à la fin, le peuple syrien gagnera, mais quel sera le prix à payer ? Combien de sang doit couler ? La Syrie est déjà détruite… Où est notre compassion, notre engagement, en tant qu’être humain ? C’est difficile, pas seulement pour les syriens, mais aussi pour nous tous, car c’est de notre responsabilité d’entendre leur voix, et de les aider… Nous avons les outils pour stopper Bachar Al Assad. La communautée internationale a les moyens de le stopper, et de faire pression sur les pays qui soutiennent le régime.. et elle ne fait rien !


Je le répète : il faut créer des couloirs humanitaires, des zones de protections, et apporter de l’aide au peuple syrien. »

 

Véronique Barondeau / ARTE Journal

Source:Le monde arabe en révolution(s)


Hollandissimo!! Economie: la France décroche

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Attractivité. Coût du travail, fiscalité et absence de visibilité… Pour les investisseurs étrangers,la France n’est plus une économie d’envergure internationale. Ils lui préfèrent le Royaume-Uni et l’Allemagne.

 

 

Les investisseurs étrangers ne trouvent pas la France assez compétitive, ils rechignent donc à venir s'y installer.
Le coût du travail est France est trop cher et venir s'y implanter relève du parcours du combattant pour les entrepreneurs étrangers.
Travail trop cher et trop de contraintes font que la France décroche sur le plan de l'investissement international.


 

« Il faut bien comprendre que la crise dans la zone euro est terminée ! »


Du Japon, où il était en voyage officiel la semaine dernière, François Hollande est bien le seulà le penser. Importations (— 0,7 %), exportations (— 0,6 %), investissements (— 1,8 %),stocks (— 0,1 %), PIB (— 0,3 %) et chômage (10,4 %) acquis selon l’Insee pour 2013…

 

 

La France arrive au bout de l'impasse économique, les impôts sont au maximum, les recettes fiscales ne sont pourtant pas au rendez-vous, le déficit va bien sûr augmenter par rapport aux prévisions, beaucoup d'entrepreneurs assommés par les charges et sans aucune visibilité quittent la France et les investisseurs ne veulent plus y venir.
Tous les agents capables de créer de la croissance et donc des recettes fiscales ont été ciblés et découragés.

Casting : Laurent Vronski, Guillaume Dard, Philippe Portier et Nicolas Doze.

 


Tous les moteurs de la croissance française sont aujourd’hui en panne. Début juin, la situations’est encore aggravée : notre pays ne fait plus rêver les investisseurs étrangers. C’est ce quiressort du baromètre de l’attractivité de la France 2013, une étude publiée par Ernst & Young,sur la base des flux d’investissements étrangers en Europe et en France et après l’analyse de laperception et des atten tes des décideurs internationaux. « Les résultats sont d’autant plusdécevants lorsqu’ils sont observés à la lumière des chiffres européens », constate le cabinet deconseil. En 2012, il y a eu environ 3 800 investissements directs étrangers en Europe.

 

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Conséquence de la crise économique et financière, ce nombre a très légèrement fléchi mais lerecul est nettement plus marqué en France : — 13 %. Elle est revenue à son niveau de 2003 :dix ans pour rien ! C’est dans l’industrie que la baisse a été la plus brutale : les projetsd’investissements se sont effondrés de 25 % en un an ! Côté nombre d’emplois créés, cela neva pas mieux : le chiffre a plongé de 20 %… « C’est un décrochage ! », s’alarme MarcLhermitte, associé chez Ernst & Young et coordinateur de l’étude. En 2011, la France s’étaitfait doubler par l’Allemagne en nombre de projets. En 2012, la situation s’est aggravée : elle acertes conservé sa troisième place mais elle s’est fait distancer par les deux premiers duclassement : le Royaume-Uni (+ 3 %) et l’Allemagne (+ 5 %). Ils ont accueilli plus du tiersdes investissements en Europe. Ernst & Young les qualifie de « leaders » : « Ils sontspontanément comparés à des compétiteurs d’envergure mondiale tels que la Chine ou lesÉtats-Unis. » Le cabinet de conseil range la France parmi les « vulnérables », aux côtés de laSuisse, des Pays-Bas et de l’Italie, et dresse un constat sans appel : « La France n’est plusperçue par les investisseurs étrangers comme une économie d’envergure internationale. »

 

A-t-elleencore la capacité de répondre à l’appel de la mondialisation ? Première raison dudécrochage, le coût du travail. Trop élevé en France, il est responsable de l’écart decompétitivité avec nos deux voisins : « En temps de crise, les marges diminuent, lacompétitivité par les coûts devient un élément essentiel de choix pour s’implanter, expliqueMarc Lhermitte. La France présente certes des atouts, mais ils sont jugés insuffisants par lesinvestisseurs étrangers pour justifier l’écart de prix ! » Eurostat a calculé qu’en 2012 le coûthoraire moyen était de 34,20 euros en France ; c’est 13 euros de plus qu’au Royaume-Uni, 4euros de plus qu’en Allemagne et en moyenne 11 de plus que dans l’Union européenne.

 

«Nous étions moins chers que l’Allemagne, il y a encore cinq ans, se souvient Marc Lhermitte.Depuis plusieurs années, nous étions sur une pente stagnante, elle est désormais déclinante. »


Pourtant il y a un an, lors du bras de fer qui a opposé Philippe Varin au gouvernement, Jean-Marc Ayrault avait balayé d’un revers de main l’argument du coût horaire, élément clé de lacompétitivité d’une entreprise, développé par le président du directoire de PSA. CarlosGhosn, le président de Renault-Nissan, était venu à son secours, dénonçant lui aussi un coûtdu travail trop élevé pesant sur la compétitivité de son groupe. À la fin de 2012, Jean-MarcAyrault a jugé que ce coût « n’était plus un sujet tabou ». Depuis, le crédit d’impôt pour lacompétitivité et pour l’emploi (CICE) — bien compliqué à mettre en oeuvre — a été mis enplace et devrait avoir pour conséquence une baisse des charges de 20 milliards d’euros. « Il vaaider un peu », estime Laurence Parisot, présidente du Medef. Il ne sera toutefois pas suffisantpour redresser l’écart de compétitivité, qui serait de 80 milliards avec l’Allemagne.

 

« EnFrance, on met toujours l’accent et à juste titre, sur les coûts et les charges qui pèsent sur letravail, reconnaît Bruno Luisetti, président de Mondelez France (ex-Kraft Foods), qui a étéinterrogé par Ernst & Young.Pour être compétitive, une entreprise doit avant tout opérer dansun climat favorable, où elle ne risque pas de voir les règles du jeu changer en cours de route. »


Une crainte relayée par Olivier Campenon, vice-président de BT Global Services :

 

« Lorsqueje dois convaincre mon board des atouts du site France, je suis confronté à deux handicaps : lepremier a trait à l’instabilité de l’écosystème français, qui subit trop de changements ; elleintroduit une incertitude dommageable. Le second tient au poids jugé trop lourd de la fiscalité.»

 

 

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C’est donc sans surprise que les patrons interrogés par Ernst & Young considèrent que lestrois mesures les plus attendues pour renforcer l’attractivité de notre pays sont l’allégement ducoût du travail, la fiscalité des entreprises et l’assouplissement de l’environnementadministratif et juridique des entreprises. Nous en sommes aujourd’hui bien loin… Le choc desimplification que François Hollande a appelé de ses voeux lors de sa dernière conférence depresse sera-t-il suffisant pour attirer de nouveau les entrepreneurs étrangers ? Pas sûr, car lepassif de la France s’est incroyablement alourdi depuis un an : le président de la Républiqueet le gouvernement ne cessent de montrer qu’ils n’aiment ni les entreprises, ni les patrons ; cesont pourtant eux seuls qui créent des emplois et la richesse.

 

Sans que ce soit clairementexprimé dans l’étude, les atermoiements gouvernementaux sur la taxe à 75 % sur les revenussupérieurs à un million d’euros — et surtout qui doit la payer : le salarié ou l’employeur ? —ont dû peser sur les réponses des patrons. Leurs craintes sont multiples : projet de taxation desplus-values lors de la cession d’entreprises qui a donné naissance au mouvement des Pigeons,menaces de nationalisation partielle, projet de loi Florange qui oblige, en cas de fermeture desite, à chercher un repreneur, messages confus et contradictoires des ministres à Bercy, etc.
 

 

Les hauts taux tuent les totaux, trop d'impôt tue l'impôt, l'économie est en berne, plus rien ne bouge, les ménages consomment moins, les investisseurs sont refroidis et les rentrées fiscales ne sont donc plus au rendez-vous.
François Hollande apprend (un peu tard) ce qu'est la courbe de Laffer.
Nicolas Doze.

 

 

Depuis la réalisation de l’étude, la cession bloquée de Dailymotion à Yahoo! a dû renforcerles investisseurs internationaux dans l’idée que la France n’était pas le meilleur pays européenoù s’implanter. Notre pays tient parce que les patrons américains l’apprécient encore. Ilsportent en effet près du tiers des implantations ou des extensions en France. Que ce soit legéant de l’e-commerce Amazon, le groupe GE (General Electric) ou le transporteur Fedex, lessociétés américaines ont multiplié les projets ces derniers mois. Mais le risque de voir se tarirle flux d’investissement venu d’outre-Atlantique est grand : « Une trop forte médiatisation desdivergences entre les parties prenantes — de Titan à Goodyear — pourrait avoir un effetdévastateur », considère Ernst & Young, d’autant que le nombre de projets en provenanced’Allemagne, du Royaume-Uni, de Suisse ou de Belgique s’est effondré en 2012.

 


Economie: la France décroche


Source, journal ou site Internet : Valeurs actuelles
Date : 16 juin 2013

Pape en blanc, normal au Vatican on blanchit l'argent!! Ou sont passées les valeurs?

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La réforme attendue de la "banque du pape", l’Institut pour les oeuvres de religion(IOR), semble s’accélérer. Lundi 1er juillet, le directeur général, Paolo Cipriani, et son adjoint,Massimo Tulli ont annoncé leur démission "dans l’intérêt de la banque et du Saint-Siège".

 

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"Bien que nous soyons reconnaissants des résultats obtenus, il est clair aujourd'hui que nousavons besoin d'une nouvelle direction pour accélérer le rythme de ce processus detransformation",

 

a diplomatiquement indiqué le président de la banque, le juriste allemandErnst von Freyberg, nommé en février par Benoît XVI. Mais cette "démission" porteclairement la marque du pape François, pour qui les errements de cette institution constituentun contre-témoignage dans son entreprise de promotion d’une "Eglise pauvre pour lespauvres".

 

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Blanchiment d'argent et écoutes téléphoniques
Ce nouvel épisode intervient quelques jours après l’arrestation d’un prélat romain, détenteurde plusieurs comptes à l’IOR, le comptable Nunzio Scarano mis en cause pour corruption etblanchiment d’argent. C’est dans ce contexte que le pape a annoncé, le 26 juin, la créationd’une commission pour enquêter sur le fonctionnement de la banque. Les cinq enquêteurs,parmi lesquels le cardinal français Jean-Louis Tauran, auront accès aux documentshabituellement couverts par le secret, a précisé le pape, qui souhaite "ajuster la [banque] etses activités aux exigences du temps et aux principes de l'Evangile". Il avait quelques joursauparavant procédé à la nomination de Mgr Battista Ricca, un homme de confiance, au postede "prélat" de l'IOR, une sorte de numéro deux qui a droit de regard absolu. Il y a un an, surfond de querelles internes, le président de la banque, Ettore Gotti Tedeschi, qui avait étédémis de ses fonctions pour "incompétence". M. Cipriani, lui, avait déjà fait l’objet d’uneenquête en 2010 pour violation de la loi anti-blanchiment. Mais aucune charge n’avait étéretenue contre lui et Benoît XVI l'avait maintenu à son poste. Selon des écoutes téléphoniquesmenées dans l’enquête toujours en cours, le directeur général et son adjoint étaient en contactrégulier avec M. Scarano pour discuter de retraits et de dépôts de sommes importantes sur des
comptes d’IOR. En juin, M. Cipriani estimait encore dans un entretien au journal italien IlGiornale l’importance de l’IOR pour garantir "l’indépendance de l’Eglise" en matièrefinancière.

 

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Un prélat du Saint-Siège a été arrêté vendredi par la police italienne dans le cadre d'une enquête plus vaste sur la banque du Vatican (IOR). Il a rejeté lundi les accusations de blanchiment d'argent et de corruption pesant sur lui.

Mgr Nunzio Scarano, 61 ans, prêtre, « a réaffirmé avec force sa moralité et sa disponibilité vis-à-vis des autorités judiciaires italiennes à tout moment », ont indiqué ses avocats, cités par la presse italienne. « Il s'est défendu et nous avons demandé son assignation à domicile dans un lieu où il puisse célébrer la messe », ont précisé Francesco Caroleo Grimaldi, Silverio Sica et Luca Paternostro à l'issue de l'entretien de trois heures de leur client avec la juge Barbara Callari.

20 millions d'euros

Nunzio Scarano travaillait à l'époque à l'Administration du patrimoine du siège apostolique (APSA), l'organisme qui gère les biens du Saint-Siège. Selon le Parquet, lui et deux autres personnes - un sous-officier membre des services de contre-espionnage italiens et un intermédiaire financier - ont tenté de rapatrier à partir de la Suisse 20 millions d'euros en espèces, "fruit d'une fraude fiscale".

Remettre de l'ordre

Cette affaire n'est qu'un des aspects d'une enquête beaucoup plus vaste, ouverte en septembre 2010, sur le fonctionnement de l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR).

Le pape Benoît XVI, puis son successeur François ont décidé de remettre de l'ordre dans l'IOR, nommant successivement de nouveaux responsables et instaurant des contrôles de plus en plus sévères sur cet institut tristement célèbre dans la péninsule en raison de son implication dans plusieurs scandales retentissants.

L'IOR gère 19 000 comptes appartenant en majorité au clergé catholique.


Sept tentatives de recyclage d'argent sale en 2013
Depuis plusieurs années, l’IOR est soumis à la pression des organismes internationaux delutte anti-blanchiment pour se mettre en conformité avec la réglementation. En 2012, le Saint-Siège a décelé six tentatives de recyclage d'argent sale au Vatican ; et, alors que les contrôlessont désormais plus systématiques, on en dénombre sept sur les six premiers mois de l’année2013. L’IOR a été fondé en 1942 par le pape Pie XII pour gérer les avoirs des oeuvresreligieuses. La banque héberge aujourd’hui 18 900 comptes, principalement ceux de religieuxet religieusesà travers le monde, mais aussi ceux d’employés du Vatican ou de diplomatesauprès du Saint-Siège, pour un montant de quelque 7 milliards d'euros. L'image de l'IOR a éténotamment ternie par son implication dans la banqueroute du Banco Ambrosiano, dont leprésident, Roberto Calvi, avait été retrouvé pendu en juin 1982 au pont de Blackfriars àLondres.

 

Le ménage continue à la banque du Vatican
Source, journal ou site Internet : Le Monde
Date : 2 juillet 2013
Auteur : Stéphanie Le Bars

Les soi-disant « anticommunistes de gauche » par Ludwig von Mises

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La stabilité et l'immobilité ne se trouvent jamais et nulle part dans l'univers. Le changement et la transformation sont des traits essentiels de la vie. Tout état de choses est transitoire ; toute époque est époque de transition. Il n'y a jamais dans la vie humaine ni calme ni repos. La vie est un processus et non la persistance d'un statu quo. L'esprit humain s'est pourtant toujours laissé bercer par l'image d'une existence immuable. Le but avoué des mouvements utopiques est de mettre fin à l'histoire et d'établir un calme final et permanent.

 

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Les raisons psychologiques de cette tendance sont évidentes. Tout changement modifie les conditions extérieures de la vie et du bien-être et oblige les gens à s'adapter de nouveau à la modification de leur environnement. Il nuit aux intérêts établis et menace les méthodes traditionnelles de production et de consommation. Il gêne tous ceux qui sont intellectuellement inertes et qui craignent de modifier leur mode de pensée. Le conservatisme est contraire à la nature même de l'action humaine, mais il a toujours été le programme chéri de nombreuses personnes, des individus apathiques qui résistent obstinément à toute tentative d'améliorer leur propre situation, tentative que la minorité de personnes entreprenantes met en marche. En utilisant le terme de réactionnaires on se réfère la plupart du temps uniquement aux aristocrates et aux prêtres qui désignent leurs partis comme conservateurs. Pourtant, les exemples les plus remarquables de l'esprit réactionnaire furent fournis par d'autres groupes : par les guildes des artisans qui bloquaient l'entrée de nouveaux venus dans leur domaine d'activité ; par les fermiers qui demandaient des tarifs protecteurs, des subventions et la « parité des prix » ; par les salariés hostiles aux améliorations techniques, encourageant la limitation du rendement et d'autres pratiques similaires.

 

 

Libertarien TV relaye certaines vidéos d'auditeurs nous ayant fait l'honneur de nous le demander.
Aujourd'hui nous vous présentons la chronique du Minarchiste de MrDarksholos : socialisme national et international

Vidéo d'origine :
http://www.youtube.com/watch?v=biDyvk...

 


La vaniteuse arrogance des gens de lettres et des artistes bohèmes rejette les activités des industriels, considérées comme des affaires lucratives non intellectuelles. La vérité est que les entrepreneurs et les promoteurs font preuve de plus grandes facultés intellectuelles et de plus d'intuition que l'écrivain et le peintre moyens. L'infériorité de nombreux intellectuels autoproclamés se manifeste précisément dans le fait qu'ils n'arrivent pas à saisir quelle capacité et quel pouvoir de raisonnement sont nécessaires pour conduire avec succès une entreprise commerciale.


L'émergence d'une classe nombreuse de ce genre d'intellectuels frivoles est l'un des phénomènes les moins bien venus de l'époque du capitalisme moderne. Leur agitation affichée rebute les personnes avisées. Ils représentent une nuisance. On ne ferait directement de tort à personne en faisant quelque chose pour mettre un frein à tout leur tintouin, voire mieux, pour éliminer totalement leurs cliques et leurs coteries.


Toutefois, la liberté est indivisible. Toute tentative de restreindre la liberté de ces littérateurs et pseudo-artistes pénibles et décadents donnerait aux autorités le pouvoir de déterminer ce qui est bien et ce qui est mal. Ce serait une socialisation des entreprises intellectuelles et artistiques. Il est peu probable que cela éliminerait les individus inutiles et critiquables, mais il est certain que cela mettrait des obstacles insurmontables sur la route du génie créateur. Les pouvoirs en place n'aiment pas les nouvelles idées, les nouvelles façons de penser et les nouveaux styles artistiques. Leur suprématie conduirait à une discipline stricte : elle apporterait stagnation et déclin.


La corruption morale, la licence et la stérilité intellectuelle d'une classe de soi-disant auteurs et artistes obscènes est le tribut que l'humanité doit payer si l'on ne veut pas empêcher les pionniers créateurs d'accomplir leur œuvre. La liberté doit être accordée à tous, même aux individus abjects, afin de ne pas gêner le petit nombre qui peut en user au bénéfice de l'humanité. La licence dont ont pu jouir quelques personnages minables du quartier Latin aétait l'une des conditions ayant rendu possible l'avènement de quelques grands écrivains, peintres et sculpteurs. La première chose dont un génie a besoin, c'est de respirer un air libre.


Après tout, ce ne sont pas les doctrines superficielles des bohèmes qui créent le désastre, mais le fait que le public soit prêt à les accueillir favorablement. Le véritable mal, c'est la réponse à ces pseudo-philosophies en provenance des faiseurs de l'opinion publique puis plus tard en provenance des masses abusées. Les gens désirent ardemment soutenir les principes qu'ils considèrent comme étant à la mode, de peur d'apparaître rustres et ringards.


L'idéologie la plus pernicieuse des soixante dernières années fut le syndicalisme de Georges Sorel et son enthousiasme pour l'action directe b. Créée par un intellectuel français frustré, elle s'empara rapidement des gens de lettres de tous les pays d'Europe. Ce fut un facteur déterminant dans la radicalisation de tous les mouvements subversifs. Elle influença le royalisme, le militarisme et l'antisémitisme français. Elle joua un rôle important dans l'évolution du bolchevisme russe, du fascisme italien et du jeune mouvement allemand qui conduisit finalement au développement du nazisme. Elle transforma les partis politiques, qui cherchaient alors à remporter la victoire lors des campagnes électorales, en factions comptant sur l'organisation de bandes armées. Elle porta le discrédit sur le gouvernement représentatif et sur la « sécurité bourgeoise ». Elle prêcha l'évangile de la guerre civile et de la guerre contre l'étranger. Son slogan principal était : la violence et encore la violence. L'état actuel des affaires européennes est en grande partie le résultat de la prédominance des enseignements de Sorel.


Les intellectuels furent les premiers à saluer les idées de Sorel : ils les rendirent populaires. Mais la teneur de son idéologie était évidemment anti-intellectuelle. Elle s'opposait au raisonnement froid et à la réflexion posée. Ce qui comptait pour Sorel, c'était uniquement l'action, à savoir l'acte de violence pour la violence. Battez-vous pour un mythe, quoi qu'il puisse vouloir dire, tel était son conseil. « Quand on se place sur ce terrain des mythes, on est à l'abri de toute réfutation. » 1 Quelle merveilleuse philosophie que de détruire pour détruire. Ne parlez pas, ne raisonnez pas, tuez ! Sorel rejetait « l'effort intellectuel », même celui des champions littéraires de la révolution. Le but essentiel du mythe est de conduire « les hommes à se préparer à un combat pour détruire ce qui existe. » 2


Pourtant, la responsabilité de la diffusion de la pseudo-philosophie destructionniste ne vient pas de Sorel ni de ses disciples, Lénine, Mussolini et Rosenberg, ni encore de la cohorte de littérateurs et d'artistes irresponsables. La catastrophe est survenue parce que, depuis des décennies, presque personne n'a essayé d'examiner de manière critique, et d'éradiquer, le goût de la gâchette des desperados fanatiques. Même les auteurs qui s'abstenaient d'accepter sans réserve l'idée d'une violence imprudente essayaient de trouver une interprétation bienveillante aux pires excès des dictateurs. Les premières objections timides furent émises quand — très tardivement en réalité — les instigateurs intellectuels de ces politiques commencèrent à comprendre que même le soutien enthousiaste à l'idéologie totalitaire ne leur garantissait pas l'immunité contre la torture et l'exécution.

 

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Il existe aujourd'hui un faux front anticommuniste. Ce que ces individus, qui s'appellent eux-mêmes « anticommunistes de gauche » c et que les gens sérieux appellent plus correctement « anti-anticommunistes », recherchent, c'est le communisme sans les caractéristiques nécessaires et intrinsèques du communisme qui sont encore difficiles à avaler pour les Américains. Ils font une distinction illusoire entre communisme et socialisme et — assez paradoxalement — cherchent un appui à leur proposition d'un socialisme non communiste dans un ouvrage que ses auteurs ont intitulé le Manifeste communiste. Ils pensent avoir démontré le bien-fondé de leur cas en employant des noms d'emprunt pour le socialisme, comme planification ou État-providence. Ils prétendent rejeter les aspirations révolutionnaires et dictatoriales des « Rouges » et font en même temps l'éloge, dans des livres et des revues, dans les écoles et les universités, de Karl Marx, le champion de la révolution communiste et de la dictature du prolétariat, en le saluant comme l'un des plus grands économistes, philosophes et sociologues et comme le bienfaiteur et le libérateur éminent de l'humanité. Ils veulent nous faire croire que le totalitarisme non totalitaire, sorte de carré triangulaire, serait le remède miracle à tous nos maux. A chaque fois qu'ils émettent la moindre réserve sur le communisme, ils s'empressent d'insulter le capitalisme avec des termes empruntés au vocabulaire des injures de Marx et de Lénine. Ils soulignent qu'ils exècrent le capitalisme bien plus fortement que le communisme et justifient tous les actes répugnants des communistes en parlant des « horreurs innommables » du capitalisme. Bref, ils prétendent lutter contre le communisme en essayant de convertir les gens aux idées du Manifeste communiste.

 

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Ce que ces soi-disant « anticommunistes de gauche » combattent, ce n'est pas le communisme en tant que tel, mais un système communiste dans lequel ils ne seraient pas eux-mêmes au sommet. Ce qu'ils veulent, c'est un système socialiste, c'est-à-dire communiste, où eux-mêmes, ou leurs plus proches amis, tiendraient les rênes du gouvernement. Il serait peut-être exagéré de dire qu'ils brûlent d'un désir de liquider les autres. Ils ne veulent tout simplement pas être liquidés. Dans une communauté socialiste, seuls l'autocrate suprême et ses sbires en sont assurés.


Un mouvement « anti-quelque chose » ne fait preuve que d'une attitude négative. Il n'a strictement aucune chance de réussir. Ses diatribes enflammées font en fait la publicité du programme qu'il attaque. Les gens doivent se battre pour quelque chose qu'ils veulent faire réussir, et non pas simplement pour repousser un mal, aussi grand soit-il. Ils doivent, sans réserve, soutenir le programme de l'économie de marché.


Le communisme aurait aujourd'hui, après les désillusions apportées par les actions des soviétiques et le lamentable échec de toutes les expériences socialistes, peu de chance de succès dans l'Occident s'il n'y avait pas ce faux anticommunisme.


La seule chose qui puisse empêcher les nations civilisées de l'Europe de l'Ouest, de l'Amérique et de l'Australie d'être réduites en esclavage par la barbarie de Moscou, c'est un soutien ouvert et sans réserve du capitalisme de laissez-faire.


Notes

 

a. En français dans le texte. NdT.

b. En français dans le texte. NdT.

c. Mises utilise le terme « anticommunist liberals ». NdT.

1. Cf. G. Sorel, Réflexions sur la violence, 3ème éd. Paris, 1912, p. 49 [Introduction, partie 4. NdT].

2. Cf. Sorel, loc. cit., p. 46.

 

par Ludwig von Mises

traduit par Hervé de Quengo

« Anticommunisme » contre capitalisme

La Mentalité anti-capitaliste

Première édition en anglais (sous le titre The Anti-Capitalistic Mentality) en 1956

 

 

Vidéo réalisée par Liberté Chérie Grenoble. (http://www.grenoble-liberale.org)

"Il apparaît que les régimes totalitaires ont pour point commun l'idée que la société transcende les individus qui la composent. C'est là leur point commun avec le socialisme. Le parti "nasi" ne veut-il pas dire "national-socialisme" ?

Face à cela seul le libéralisme, qui prône la liberté pour les individus à s'autodéterminer tant qu'ils ne nuisent pas à autrui, permet d'espérer la paix et le respect entre les personnes.

Narrateur : Serge Schweitzer à la fête de la liberté en 2006 (http://www.grenoble-liberale.org/inde...)
Musique : Hans Zimmer, The Coral Atoll in Thin Red Line."

Communisme

De Wikiberal:

Le communisme est un système théorique d'organisation sociale reposant sur la propriété commune des moyens de production. C'est également un mouvement politique qui prétend renverser le capitalisme pour instaurer une société sans classe.

Le communisme désigne également le système politique proposé par Karl Marx dont voici les 10 points-clés du Manifeste du Parti Communiste[1] :

  1. Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l'État;
  2. Impôt fortement progressif;
  3. Abolition de l'héritage;
  4. Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles;
  5. Centralisation du crédit entre les mains de l'État, au moyen d'une banque nationale, dont le capital appartiendra à l'État et qui jouira d'un monopole exclusif;
  6. Centralisation entre les mains de l'État de tous les moyens de transport;
  7. Multiplication des manufactures nationales et des instruments de production; défrichement des terrains incultes et amélioration des terres cultivées d'après un plan d'ensemble;
  8. Travail obligatoire pour tous; organisation d'armées industrielles, particulièrement pour l'agriculture;
  9. Combinaison du travail agricole et du travail industriel; mesures tendant à faire graduellement disparaître la distinction entre la ville et la campagne;
  10. Éducation publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants dans les fabriques tel qu'il est pratiqué aujourd'hui. Combinaison de l'éducation avec la production matérielle, etc.

Au plan politique, les libéraux sont opposés au communisme d'une part parce que celui-ci ne peut exister qu'avec la coercition et la violence, et d'autre part parce que l'idéal communiste est total et collectif.

Si des communautés veulent mettre en œuvre une espèce de communisme en leur sein par mise en commun de tous les biens de leurs membres, rien ne s'y oppose dans un régime libéral - tant que les droits de chacun sont respectés et que chacun a exprimé son consentement, comme c'est le cas pour certaines formes de coopération comme le mutualisme, ou dans certaines communautés religieuses monastiques ou laïques, adeptes d'une pauvreté volontaire (par exemple les huttérites).

Christian Michel résume ces remarques :

« Le communisme est un bel idéal. Que les communistes s'organisent dans leurs communes et phalanstères, qu'ils affichent leur bonheur d'y vivre, et ils seront rejoints par des millions et des milliards de gens. […] Ce qu'il faut combattre n'est pas le communisme, ni aucune autre idéologie, mais la traduction politique de cette idéologie. »

La raison de l'échec de toute idéologie collectiviste telle que le communisme est que, dans un tel type d'organisation sociale, les personnes les plus capables ne voient pas leurs mérites reconnus et récompensés, et finissent par rejeter un collectif qui les exploite ; un système où la responsabilité est collective pousse chacun à vivre aux dépens des autres. La pauvreté (faute de motivation à produire des biens et services) et l'oppression sont ainsi le résultat inéluctable du communisme politique.

 

 

France et communisme

De Wikiberal
La Une du journal communiste l'Humanité après la mort de Staline

 

Il est intéressant d'examiner dans quelle mesure le programme du Manifeste du parti communiste est mis en œuvre à des degrés divers, sous prétexte de justice sociale, dans les social-démocraties.

Il est patent qu'en ce domaine, la France a des longueurs d'avance sur les autres pays, comme on peut s'en rendre compte en examinant chacun des points du manifeste communiste. Peu de pays sont allés aussi loin dans la réalisation du programme communiste - en laissant de côté les pays ouvertement communistes ou socialistes (Corée du Nord, Cuba, URSS d'antan, Allemagne nazie ou nationale-socialiste...).

Le manifeste du Parti communiste, Karl Marx - Friedrich Engels, 1847, liste des 10 propositions :

Sommaire

Les objections non économiques au capitalisme par Ludwig von Mises

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1. L'argument du bonheur

Les critiques portent deux accusations contre le capitalisme : Premièrement, disent-ils, posséder une automobile, un poste de télévision et un réfrigérateur ne rend pas un homme heureux. Deuxièmement, ils ajoutent qu'il existe encore des gens ne possédant aucune de ces choses. Ces deux remarques sont exactes mais ne constituent pas un reproche à l'encontre du système capitaliste de coopération sociale.

 

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Les gens ne travaillent pas et ne se dérangent pas afin d'atteindre le bonheur total, mais afin d'éliminer autant que possible un certain malaise ressenti pour devenir ainsi plus heureux qu'ils ne l'étaient avant. Un homme qui achète un poste de télévision démontre par là qu'il pense que la possession de cette invention améliorera son bien-être et le rendra plus content qu'il ne l'était sans. S'il en était autrement, il ne l'aurait pas acheté. Le rôle d'un médecin n'est pas de rendre le patient heureux, mais d'éliminer sa douleur et de le remettre en meilleure forme en vue de poursuivre le but principal de tout être vivant : lutter contre tous les facteurs préjudiciables à sa vie et à son bien-être.

Il est peut-être vrai qu'il y a parmi les mendiants bouddhistes, vivant de l'aumône dans la saleté et la misère, certains individus se sentant parfaitement heureux et n'enviant aucun nabab. Toutefois, c'est un fait que pour l'immense majorité de la population une telle vie apparaîtrait insupportable. Pour ceux-ci, l'élan les poussant à améliorer continuellement les conditions matérielles de l'existence est inscrit en eux. Qui prétendrait donner un mendiant asiatique comme exemple à l'Américain moyen ? Une des plus grandes réussites du capitalisme est la baisse de la mortalité infantile. Qui niera que ce phénomène a au moins éliminé l'une des causes du chagrin de nombreuses personnes ?

Le second reproche qui est fait au capitalisme — à savoir que les innovations techniques et thérapeutiques ne bénéficient pas à tout le monde — n'est pas moins absurde. Les modifications des conditions humaines proviennent des premiers pas effectués par les hommes les plus intelligents et les plus énergiques. Ces derniers prennent la tête et le reste de l'humanité les suit petit à petit. L'innovation est d'abord un luxe de seulement quelques-uns, jusqu'à ce qu'elle arrive peu à peu à la portée du grand nombre. On ne peut pas raisonnablement reprocher à l'utilisation de chaussures ou de fourchettes le fait qu'elles ne se soient répandues que lentement et qu'aujourd'hui encore des millions vivent sans elles. Les dames et gentilshommes délicats qui furent les premiers à utiliser du savon annonçaient la production de savon à grande échelle pour l'homme ordinaire. Si ceux qui ont aujourd'hui les moyens d'acheter un poste de télévision s'abstenaient de le faire parce que certaines personnes ne peuvent se le permettre, ils n'assureraient pas la promotion mais empêcheraient la popularisation de cette invention 1.

 

 

Merci à l'Institut COPPET: De grands économistes ont montré que le capitalisme fonctionne, ils ont montré pourquoi il fonctionne. Et l'Histoire a prouvé que le capitalisme, dans la mesure où nous l'avons eu véritablement, fonctionne. Donc pourquoi, nous, défenseurs du capitalisme, nous perdons ?
Yaron Brook explique ici que ce n'est pas une question de science économique. Comme l'a montré Ayn Rand, c'est une question de code moral.

 

2. Le matérialisme

Il y a aussi des râleurs qui reprochent au capitalisme ce qu'ils appellent son matérialisme mesquin. Ils ne peuvent refuser d'admettre que le capitalisme possède une tendance à améliorer les conditions matérielles de l'humanité. Mais, disent-ils, il a détourné les hommes de poursuites plus nobles et plus hautes. Il nourrit les corps, mais affame les âmes et les esprits. Il a conduit à un déclin des arts. Finis les jours des grands poètes, sculpteurs et architectes. Notre époque ne produit que de la camelote.

Le jugement sur les mérites d'une œuvre d'art est entièrement subjectif. Certaines personnes vantent ce que d'autres méprisent. Il n'y a pas d'étalon permettant de mesurer la valeur esthétique d'un poème ou d'un bâtiment. Ceux qui sont enchantés par la cathédrale de Chartres et Les Ménines de Vélasquez peuvent penser que ceux qui ne sont pas touchés par ces merveilles sont des rustres. Beaucoup d'étudiants s'ennuient à mort quand l'école les oblige à lire Hamlet. Seuls ceux qui possèdent une lueur d'esprit artistique peuvent apprécier et jouir du travail d'un artiste.

Chez ceux qui prétendent à l'appellation de personnes instruites, il y a beaucoup d'hypocrisie. Certains prennent un air de connaisseur et feignent l'enthousiasme pour l'art du passé et les artistes morts depuis longtemps. Ils ne montrent aucune sympathie du même type pour les artistes contemporains qui se battent encore pour être reconnus. L'adoration feinte envers les vieux maîtres est chez eux un moyen de dénigrer et de tourner en ridicule les nouveaux, qui s'écartent des canons traditionnels pour créer les leurs.

On se souviendra de John Ruskin — avec Carlyle, les Webb, Bernard Shaw et quelques autres — comme l'un des grands fossoyeurs de la liberté, de la civilisation et de la prospérité britanniques. Personnage misérable dans sa vie privée comme dans sa vie publique, il glorifiait la guerre et l'effusion de sang, et calomniait les enseignements de l'économie politique qu'il ne comprenait pas. C'était un grand détracteur de l'économie de marché et un apologiste romantique des guildes. Il rendait hommage aux arts des siècles passés. Mais quand il se trouva en face de l'œuvre d'un grand artiste vivant, Whistler, il la critiqua avec un langage tellement infect et tellement plein de reproches qu'il fut poursuivi pour diffamation et condamné par le jury. Ce furent les écrits de Ruskin qui popularisèrent le préjugé selon lequel le capitalisme, en plus d'être un mauvais système économique, aurait remplacé la beauté par la laideur, la grandeur par l'insignifiance, l'art par l'ordure.

Comme les gens sont en grand désaccord quant à l'appréciation des œuvres artistiques, il n'est pas possible de démolir le discours sur l'infériorité artistique de l'époque capitaliste de la manière apodictique avec laquelle on réfute les erreurs d'un raisonnement logique ou la démonstration de faits d'expérience. Cependant, aucun homme raisonnable ne serait assez insolent pour diminuer la grandeur des exploits artistiques de l'âge du capitalisme.

L'art prééminent de cette époque de « matérialisme mesquin et d'argent » fut la musique. Wagner et Verdi, Berlioz et Bizet, Brahms et Bruckner, Hugo Wolf et Mahler, Puccini et Richard Strauss, quelle illustre cavalcade ! Quelle ère que celle où des maîtres comme Schumann et Donizetti étaient éclipsés par des génies encore plus grands !

Il y a aussi les grands romans de Balzac, Flaubert, Maupassant, Jens Jacobsen, Proust, et les poèmes de Victor Hugo, Walt Whitman, Rilke, Yeats. Comme nos vies seraient appauvries si nous devions nous priver des œuvres de ces géants et de nombreux autres auteurs tout aussi sublimes.

N'oublions pas les peintres et les sculpteurs français, qui nous ont appris de nouvelles façons de regarder le monde et de tirer plaisir de la lumière et des couleurs.

Personne n'a jamais contesté que cette époque a encouragé toutes les branches d'activités scientifiques. Mais, disent-ils, ce fut principalement le travail de spécialistes, tandis qu'une « synthèse » manquait. Il serait difficile d'interpréter d'une manière plus absurde les enseignements de la biologie, de la physique et des mathématiques modernes. Et que dire des livres de philosophes comme Croce, Bergson, Husserl et Whitehead ?

Chaque époque a son propre caractère quant à ses hauts faits artistiques. L'imitation des chefs-d'œuvre du passé n'est pas un art : c'est de la routine. Ce qui donne sa valeur à une œuvre, ce sont les traits qui la distinguent des autres. C'est ce qu'on appelle le style d'une époque.

Sur un point, les apologistes du passé semblent avoir raison. Les dernières générations n'ont pas légué au futur de monuments comparables aux pyramides, aux temples grecs, aux cathédrales gothiques, aux églises et aux palais de la Renaissance et de la période baroque. De nombreuses églises et même des cathédrales ont été construites au cours des cent dernières années, et encore davantage de palais gouvernementaux, d'écoles et de bibliothèques. Mais ces constructions ne montrent aucune conception originale : elles reflètent des styles anciens ou en mélangent plusieurs. Ce n'est que dans les immeubles d'habitation et de bureaux, ainsi que dans les maisons individuelles, que nous pouvons voir se développer ce qui pourrait être qualifié de style architectural de notre époque. Bien que ce ne serait que du pédantisme que de ne pas apprécier la grandeur spécifique de vues comme la ligne de toits de New York, on peut admettre que l'architecture moderne n'a pas atteint l'éminence des siècles du passé.

Les raisons en sont variées. En ce qui concerne les édifices religieux, le conservatisme accentué des églises fait fuir toute innovation. Avec la disparition des dynasties et des aristocraties, l'impulsion poussant à construire de nouveaux palais s'est perdue. La richesse des entrepreneurs et des capitalistes est, quoi qu'en raconte les démagogues anti-capitalistes, tellement inférieure à celle des rois et des princes qu'ils ne peuvent se permettre de telles constructions luxueuses. Personne n'est aujourd'hui assez riche pour décider de construire des palais comme ceux de Versailles ou de l'Escorial. La construction des bâtiments du gouvernement n'est plus décidée par des despotes qui étaient libres, au mépris de l'opinion publique, de choisir un maître qu'ils tenaient eux-mêmes en haute estime et de financer un projet scandalisant la majorité bornée. Les comités et les conseils ont peu de chances d'adopter les idées de pionniers courageux. Ils préfèrent se ranger du côté sûr.

Il n'y a jamais eu d'ère dans laquelle le grand nombre soit préparé à rendre justice à l'art contemporain. La révérence envers les auteurs et les artistes a toujours été limitée à de petits groupes. Ce qui caractérise le capitalisme n'est pas le mauvais goût des foules, mais le fait que ces foules, rendues prospères par le capitalisme, sont devenues « consommatrices » de littérature — de mauvaise littérature, bien sûr. Le marché des livres est noyé sous un déluge de fiction sans valeur à destination de semi-barbares. Mais cela n'empêche pas les grands auteurs de créer des œuvres impérissables.

Les critiques versent des larmes sur le déclin des arts industriels. Ils opposent par exemple les anciens meubles conservés dans les châteaux des familles aristocratiques d'Europe et dans les collections des musées, avec les choses bon marché fabriquées par la production de masse. Ils n'arrivent pas à voir que ces articles de collectionneurs étaient uniquement fabriqués pour les gens aisés. On ne trouvait pas les coffres ciselés et les tables de marqueterie dans les misérables masures des couches pauvres. Ceux qui ergotent sur les meubles bon marché du salarié américain devraient traverser le Rio Grande et examiner les demeures des péons mexicains, qui n'ont pas de meubles du tout. Quand l'industrie moderne commença à approvisionner les masses avec tout un attirail améliorant la vie, sa principale préoccupation était de produire à un prix aussi bas que possible, sans faire attention à la valeur esthétique. Plus tard, après que les progrès du capitalisme eurent augmenté le niveau de vie des masses, elle se tourna petit à petit vers la fabrication de choses ne manquant pas de raffinement et de beauté. Seules des préoccupations romantiques peuvent conduire un observateur à ignorer le fait que de plus en plus de citoyens des pays capitalistes vivent dans un environnement que l'on ne peut pas simplement écarter comme laid.

 

3. L'injustice

Les détracteurs les plus passionnés du capitalisme sont ceux qui le rejettent en raison de sa prétendue injustice.

C'est un passe-temps gratuit que de dépeindre ce qui devraitêtre et n'est pas parce que contraire aux lois inflexibles de l'univers réel. De telles rêveries peuvent être considérées comme inoffensives tant qu'elles ne restent justement que des rêvasseries. Mais quand leurs auteurs commencent à ignorer la différence entre l'imagination et la réalité, ils constituent l'obstacle le plus sérieux aux tentatives humaines d'améliorer les conditions matérielles de la vie et du bien-être.

La pire de ces illusions est l'idée selon laquelle la « nature » aurait donné à tout homme certains droits. Selon cette doctrine la nature est généreuse avec tout nouveau-né. Il y a abondance de tout pour tout le monde. Par conséquent, chaque individu a le droit inaliénable et juste, vis-à-vis de ses semblables et de la société, d'obtenir la pleine part que la nature lui a allouée. Les lois éternelles de la justice naturelle et divine demandent que personne ne s'approprie pour lui ce qui appartient de droit aux autres. Les pauvres ne sont dans le besoin que parce que des personnes injustes les ont privés des droits qu'ils acquièrent à leur naissance. C'est le rôle de l'Église et des autorités séculières que d'empêcher une telle spoliation et de rendre tout le monde prospère.

Chaque élément de cette doctrine est faux. La nature n'est pas généreuse mais avare. Elle a limité la quantité de tous les biens indispensables à la préservation de la vie humaine. Elle a peuplé le monde d'animaux et de plantes qui possèdent en eux un aiguillon les poussant à détruire la vie et le bien-être humains. Elle déploie des pouvoirs et des éléments dont l'effet est dommageable à la vie humaine et aux tentatives des hommes pour la préserver. La survie et le bien-être de l'homme sont la conséquence du talent avec lequel il a utilisé le principal instrument que la nature lui a donné : la raison. Les hommes, en coopérant dans le système de la division du travail, ont créé toute la richesse que les rêveurs considèrent comme un don gratuit de la nature. En ce qui concerne la « répartition », la « distribution », de cette richesse, c'est un non-sens que de se référer à un prétendu principe de justice divine ou naturelle. Ce qui compte, ce n'est pas l'allocation des parts d'un fonds offert à l'homme par la nature. Le problème est plutôt de promouvoir les institutions sociales permettant aux individus de continuer et d'augmenter la production de toutes les choses dont ils ont besoin.

 

 

 

Le Conseil Œcuméniques des Églises, organisation qui rassemble diverses églises protestantes, a déclaré en 1948 : « La justice exige que les habitants d'Asie et d'Afrique, par exemple, tirent les bénéfices de la plus grande production obtenue grâce à l'emploi des machines. » 2 Cela n'a de sens que si l'on suppose que le Seigneur a offert à l'humanité une quantité bien déterminée de machines et que l'on s'attend à ce que ces dispositifs soient distribués de manière égale entre les diverses nations. Et les pays capitalistes auraient été assez mauvais pour s'emparer d'une quantité de ce stock bien plus grande que celle que leur aurait attribué la « justice ». Ils auraient ainsi privé les habitants de l'Asie et de l'Afrique de la juste part qui leur revenait. Quelle honte !

La vérité est que l'accumulation de capital et son investissement en machines, source de la richesse comparativement plus grande des populations occidentales, sont dus exclusivement au capitalisme de laissez-faire que le même document produits par les églises dénature avec passion et rejette sur des bases morales. Ce n'est pas la faute des capitalistes si les Asiatiques et les Africains n'ont pas adopté les politiques et les idéologies qui auraient permis l'évolution d'un capitalisme autochtone. Ce n'est pas non plus la faute des capitalistes si les politiques de ces nations ont contrarié les tentatives des investisseurs étrangers de leur apporter « les bénéfices de la plus grande production obtenue grâce à l'emploi des machines. » Personne ne conteste que ce qui plonge dans le dénuement des centaines de millions de gens en Asie et en Afrique est qu'ils s'accrochent à des méthodes de production primitives et passent à côté des bénéfices que l'emploi de meilleurs outils et de projets techniques modernes leur aurait conféré. Or il n'y a qu'une manière de soulager la misère — à savoir adopter complètement le capitalisme de laissez-faire. Ce dont ils ont besoin, c'est de l'entreprise privée et de l'accumulation de nouveaux capitaux, de capitalistes et d'entrepreneurs. C'est un non-sens que d'accuser le capitalisme et les nations capitalistes occidentales de la triste situation que les peuples arriérés ont entraînée eux-mêmes. Le remède indiqué n'est pas la « justice » mais le remplacement de politiques malsaines par des politiques saines, c'est-à-dire de laissez-faire.

Ce n'est pas une discussion inutile sur un concept vague de la justice qui a élevé dans les pays capitalistes le niveau de vie de l'homme ordinaire à ce qu'il est aujourd'hui, mais les activités de ces hommes qualifiés de « farouches individualistes » et « d'exploiteurs ». La pauvreté des nations arriérées est due au fait que leurs politiques d'expropriation, de taxation discriminatoire et de contrôle des changes ont écarté l'investissement de capitaux étrangers alors que leurs politiques intérieures ont empêché l'accumulation de capitaux nationaux.

Tous ceux qui rejettent le capitalisme sur des bases morales comme étant un système injuste sont induits en erreur par leur incapacité à comprendre ce qu'est le capital, comment il est créé et maintenu, et les bénéfices qui découlent de son emploi dans les processus de production.

La seule source de création de biens du capital supplémentaires est l'épargne. Si tous les biens produits sont consommés, aucun capital neuf n'est créé. Mais si la consommation est inférieure à la production et que le surplus de biens nouvellement créés par rapport aux biens consommés est utilisé dans des processus de production additionnels, ces processus sont par là réalisés avec l'aide de davantage de biens du capital. Tous les biens du capital sont des biens intermédiaires, des étapes sur le chemin de la production qui mène du premier emploi des facteurs originels de la production, c'est-à-dire des ressources naturelles et de la main-d'œuvre, à la fabrication finale de biens prêts à être consommés. Tous sont périssables. Ils sont, tôt ou tard, totalement usés par le processus de production. Si tous les biens sont consommés sans qu'il y ait remplacement des biens du capital usés par la production, le capital est consommé. Quand ceci se produit, la production future ne sera assistée que par une quantité moindre en biens du capital et fournira par conséquent une quantité de biens plus faible par unité de ressources naturelles et de main-d'œuvre employées. Pour éviter ce type de dissipation de l'épargne et de l'investissement, il faut consacrer une part de l'effort productif à maintenir le capital, à remplacer les biens du capital utilisés dans la production de biens utilisables.

Le capital n'est pas un don gratuit de Dieu ou de la nature. Il vient de ce que l'homme réduit, de manière prévoyante, sa consommation. Il est créé et accru par l'épargne et maintenu par le fait de s'abstenir de consommer l'épargne.

Ni le capital ni les biens du capital n'ont en eux-mêmes le pouvoir d'augmenter la productivité des ressources naturelles et de la main-d'œuvre. Ce n'est que si les fruits de l'épargne sont employés ou investis de manière sage qu'ils accroissent la production par unité de ressources naturelles et de travail employés. Si tel n'est pas le cas, ils sont dissipés ou gaspillés.

L'accumulation de nouveaux capitaux, le maintien du capital déjà accumulé et l'utilisation du capital afin d'augmenter la productivité de l'effort humain sont les fruits d'une action humaine réfléchie. Ils sont le résultat d'une part du comportement économe de gens qui épargnent et s'abstiennent de consommer leur épargne, à savoir les capitalistes (qui touchent l'intérêt) ; et d'autre part de ceux qui réussissent à utiliser le capital disponible pour satisfaire au mieux les besoins des consommateurs, à savoir les entrepreneurs (qui touchent un profit).

Ni le capital (ou les biens du capital), ni le comportement des capitalistes et des entrepreneurs dans leurs rapports avec le capital, ne pourraient améliorer le niveau de vie du reste de la population, si celui-ci, constitué de gens qui ne sont ni capitalistes ni entrepreneurs, ne réagissait pas d'une certaine façon. Si les salariés se comportaient comme le décrit la fallacieuse « loi d'airain des salaires » et n'utilisaient leurs revenus que pour se nourrir et procréer davantage d'enfants, l'accroissement du capital accumulé suivrait l'accroissement de la population. Tous les bénéfices découlant de l'accumulation de capitaux supplémentaires seraient absorbés par la multiplication de la population. Cependant, les hommes ne répondent pas à l'amélioration de leurs conditions de vie matérielles comme le font les rongeurs et les microbes. Ils connaissent aussi des satisfactions autres que manger et proliférer. Par conséquent, dans les pays de civilisation capitaliste, l'accroissement du capital accumulé va plus vite que l'accroissement de la population. Dans la mesure où cela se produit, la productivité marginale du travail est accrue par rapport à la productivité marginale des facteurs matériels de production. Il en ressort une tendance à la hausse des salaires. La proportion du montant total de la production qui va aux salariés est augmentée par rapport à celle qui va comme intérêt aux capitalistes et comme rente aux propriétaires de sol 3.

Parler de la productivité du travail n'a de sens que si l'on se réfère à la productivité marginale du travail, c'est-à-dire à la baisse de production nette causée par la suppression d'un travailleur. Elle se réfère alors à une quantité économique bien définie, à une quantité déterminée de biens ou à son équivalent monétaire. Le concept de productivité générale du travail, tel qu'il est utilisé dans le discours populaire à propos d'un prétendu droit naturel des travailleurs à obtenir la totalité de l'accroissement de la productivité, est vide de sens et indéfinissable. Il se base sur l'illusion qu'il serait possible de déterminer les parts revenant à chacun des divers facteurs complémentaires de production ayant physiquement contribué à fabriquer le produit. Si l'on coupe une feuille de papier avec des ciseaux, il est impossible d'attribuer une partie du résultat aux ciseaux (ou à chacune des deux lames) et une autre à celui qui les tenait. Pour fabriquer une voiture, il faut diverses machines et divers outils, différentes matières premières, le travail de divers travailleurs manuels et, avant tout, le plan d'un concepteur. Mais personne ne peut décider quel pourcentage de la voiture une fois terminée doit être physiquement attribué à chaque facteur dont la coopération fut nécessaire à la production de l'automobile.

Pour simplifier le raisonnement, nous pouvons un moment mettre de côté toutes les considérations qui montrent les erreurs du traitement populaire du problème et demander : Lequel de ces deux facteurs, main-d'œuvre ou capital, a-t-il entraîné l'accroissement de productivité ? Or précisément, si nous posons la question de cette façon, la réponse doit être : le capital. Ce qui fait que la production totale des États-Unis d'aujourd'hui est plus élevée (par tête de main-d'œuvre employée) que celle des époques passées ou que celle des pays économiquement arriérés — comme la Chine, par exemple — est le fait que le travailleur américain contemporain a à sa disposition davantage et de meilleurs outils. Si l'équipement du capital (par tête d'ouvrier) n'était pas plus abondant qu'il ne l'était il y a trois cents ans ou qu'il ne l'est aujourd'hui en Chine, la production (par tête d'ouvrier) ne serait pas plus grande. Ce qui est nécessaire pour augmenter, en l'absence d'un accroissement du nombre de travailleurs employés, le montant total de la production industrielle de l'Amérique, c'est l'investissement de capitaux supplémentaires, qui ne peuvent être accumulés que par davantage d'épargne. Ce sont ceux qui épargnent et qui investissent qu'il faut remercier pour la multiplication de la productivité de la force de travail totale.

Ce qui fait monter le taux des salaires et alloue aux salariés une part sans cesse croissante de la production accrue grâce à l'accumulation de capitaux additionnels, c'est le fait que le taux d'accumulation du capital dépasse le taux d'accroissement de la population. La doctrine officielle passe ce fait sous silence, voire le nie catégoriquement. Mais la politique des syndicats montre clairement que leurs dirigeants sont pleinement conscients que la théorie qu'ils dénoncent publiquement comme apologétique bourgeoise est correcte. Ils désirent restreindre le nombre des chercheurs d'emplois dans l'ensemble du pays par des lois anti-immigration et dans chaque branche du marché du travail en empêchant l'arrivée de nouveaux venus.

Que l'augmentation des taux de salaire ne dépende pas de la « productivité » du travailleur individuel, mais de la productivité marginale du travail, a été clairement démontré par le fait que les taux des salaires ont également grimpé dans les emplois où la « productivité » de l'individu n'a pas changé du tout. Il y a quantité de tels métiers. Un barbier rase de nos jours un client exactement de la même façon que ses prédécesseurs le faisaient il y a deux siècles. Un maître d'hôtel attend à la table du premier ministre britannique de la même manière que les maîtres d'hôtel qui servaient autrefois Pitt et Palmerston. Dans l'agriculture, certains travaux sont encore accomplis avec les mêmes outils et de la même façon qu'il y a plusieurs siècles. Et pourtant les taux des salaires touchés par tous ces travailleurs sont aujourd'hui bien plus élevés qu'ils ne l'étaient par le passé. Il en est ainsi parce qu'ils sont déterminés par la productivité marginale du travail. L'employeur d'un maître d'hôtel veut éviter que cet homme parte travailler dans une usine et doit donc payer l'équivalent d'une augmentation de production que l'emploi additionnel d'une personne apporterait dans une usine. Ce n'est nullement un quelconque mérite de la part du maître d'hôtel qui cause la hausse de son salaire, mais le fait que l'augmentation du capital investi dépasse l'accroissement du nombre de paires de bras.

Toutes les doctrines pseudo-économiques dévalorisant l'épargne et l'accumulation de capital sont absurdes. Ce qui constitue la grande richesse de la société capitaliste par rapport à la richesse plus faible d'une société non capitaliste, c'est le fait que la quantité de biens du capital disponibles est plus élevée dans la première que dans la seconde. Ce qui a amélioré le niveau de vie des salariés est le fait que l'équipement en capital par tête d'homme désireux de toucher un salaire a augmenté. C'est en raison de ce fait qu'une part de plus en plus grande du montant total des biens utilisables produits va aux salariés. Aucune des tirades enflammées de Marx, Keynes et d'une foule d'auteurs moins connus n'a pu montrer le moindre point faible dans l'affirmation selon laquelle il n'y a qu'une manière d'augmenter les taux de salaire de manière permanente et au bénéfice de tous ceux voulant toucher un salaire — à savoir accélérer l'accroissement du capital disponible rapporté à la population. Si cela est « injuste », alors la responsabilité en incombe à la nature et non à l'homme.

 

 

Tom Woods - Mises Institute.

 

4. Le « préjugé bourgeois » de la liberté

L'histoire de la civilisation occidentale est celle d'une lutte incessante pour la liberté.

La coopération sociale dans le cadre de la division du travail est l'unique et ultime source du succès de l'homme dans son combat pour la survie et dans ses efforts pour améliorer autant que possible les conditions matérielles de son bien-être. Mais, la nature humaine étant ce qu'elle est, la société ne peut pas exister s'il n'y a pas de dispositions prises pour empêcher des individus indisciplinés d'entreprendre des actions incompatibles avec la vie en communauté. Afin de préserver la coopération pacifique, il faut être prêt à avoir recours à la suppression violente de ceux qui perturbent la paix. La société ne peut se passer d'un appareil social de coercition et de contrainte, c'est-à-dire d'un État et d'un gouvernement. Un nouveau problème se pose alors : comment faire en sorte que les hommes en charge des fonctions gouvernementales n'abusent pas de leur pouvoir et ne transforment pas en pratique les autres individus en esclaves. Le but de toutes les luttes pour la liberté est de maintenir dans certaines limites les défenseurs armés de la paix, les gouvernants et leurs agents. Le concept politique de liberté individuelle signifie liberté vis-à-vis d'une action de la part des pouvoirs de police.

L'idée de liberté est et a toujours été particulière à l'Occident. Ce qui sépare l'Orient et l'Occident est avant tout le fait que les peuples de l'Orient n'ont jamais conçu l'idée de la liberté. La gloire impérissable des Grecs antiques fut d'être les premiers à saisir la signification et l'importance des institutions garantissant la liberté. Les recherches historiques récentes ont fait remonter l'origine de certaines réalisations scientifiques auparavant attribuées aux Hellènes à des sources orientales. Mais personne n'a jamais contesté que l'idée de la liberté trouve son origine dans les cités de la Grèce antique. Les écrits des philosophes et historiens grecs la transmirent aux Romains, puis plus tard à l'Europe moderne et à l'Amérique. Elle devint une préoccupation essentielle de tous les plans occidentaux pour établir la bonne société. Elle engendra la philosophie du laissez-faire à laquelle l'humanité doit toutes les réussites sans précédent de l'âge du capitalisme.

Le but des institutions politiques et judiciaires modernes est de sauvegarder la liberté des individus contre les empiètements de la part du gouvernement. Le gouvernement représentatif et l'état de droit, l'indépendance des cours et des tribunaux par rapport à l'interférence des agences administratives, l'habeas corpus, l'examen juridique et le redressement des erreurs de l'administration, la liberté d'expression et de la presse, la séparation de l'Église et de l'État, ainsi que de nombreuses autres institutions visaient à un seul objectif : limiter le pouvoir discrétionnaire des fonctionnaires et mettre les individus à l'abri de l'arbitraire. L'époque du capitalisme a aboli tous les vestiges de l'esclavage et de la servitude. Elle a mis fin aux punitions cruelles et a réduit la peine pour les crimes commis au minimum indispensable pour décourager les délinquants. Elle a éliminé la torture et autres méthodes contestables infligées aux suspects et aux contrevenants.

Elle a repoussé tous les privilèges et promulgué l'égalité de tous devant la loi. Elle a transformé les sujets de la tyrannie en citoyens libres.

Les améliorations matérielles furent le fruit de ces réformes et de ces innovations concernant la direction des affaires du gouvernement. Comme tous les privilèges disparurent et que tout le monde avait obtenu le droit de contester les intérêts établis de tous les autres, on laissa les mains libres à tous ceux qui avaient l'ingéniosité nécessaire pour développer toutes les nouvelles industries qui rendent aujourd'hui les conditions matérielles du peuple plus satisfaisantes. Le chiffre de la population s'est multiplié et pourtant la population plus nombreuse a pu bénéficier d'une vie meilleure que ses aïeux.

Il y a également toujours eu dans les pays de la civilisation occidentale des avocats de la tyrannie — de la loi de l'arbitraire absolu d'un autocrate ou d'une aristocratie d'un côté, de la sujétion de tous les autres de l'autre. Mais à l'époque des Lumières, ces voix devinrent de plus en plus rares. La cause de la liberté prévalut. Dans la première partie du XIXe siècle, l'avancée victorieuse du principe de liberté semblait être irrésistible. Les philosophes et les historiens les plus éminents avaient la conviction que l'évolution historique tendait à l'établissement d'institutions garantissant la liberté et qu'aucune intrigue et aucune machination de la part des champions de la servilité ne pourraient empêcher cette tendance vers le libéralisme.

En traitant de la philosophie sociale libérale, il existe une disposition à ne pas voir le pouvoir d'un facteur important qui œuvra en faveur de l'idée de liberté, à savoir le rôle éminent joué par la littérature de la Grèce antique dans l'éducation de l'élite. Parmi les auteurs grecs, il y avait aussi des champions de l'omnipotence du gouvernement, comme Platon. Mais la teneur principale de l'idéologie grecque était la poursuite de la liberté. D'après les critères des institutions modernes, les cités grecques doivent être considérées comme des oligarchies. La liberté que les hommes d'État, philosophes et historiens grecs ont glorifiée comme étant le bien le plus précieux de l'homme, était un privilège réservé à une minorité. En la déniant aux métèques et aux esclaves, ils défendaient en fait la loi despotique d'une caste héréditaire d'oligarques. Ce serait pourtant une sérieuse erreur de considérer leurs hymnes à la liberté comme des mensonges. Ils n'étaient pas moins sincères dans leurs louanges et dans leur recherche de la liberté que ne l'étaient, deux mille ans plus tard, les propriétaires d'esclaves qui signèrent la Déclaration d'Indépendance américaine. Ce fut la littérature politique des Grecs antiques qui donna naissance aux idées des Monarchomaques, à la philosophie des Whigs, aux doctrines d'Althusius, de Grotius et de John Locke, à l'idéologie des pères des constitutions modernes et des déclarations des droits. Ce furent les études classiques, caractéristique essentielle de l'éducation libérale, qui maintint vivant l'esprit de liberté dans l'Angleterre des Stuarts, dans la France des Bourbons et dans l'Italie soumise au despotisme d'une constellation de princes. Un homme comme Bismarck, qui était avec Metternich le principal ennemi de la liberté parmi les hommes d'État du XIXe siècle, témoigne du fait que, même dans la Prusse de Frédéric-Guillaume III, le Gymnasium, éducation basée sur la littérature grecque et romaine, fut un bastion du républicanisme 4. Les tentatives passionnées visant à éliminer les études classiques du cursus de l'éducation libérale et à détruire ainsi en réalité sa véritable nature constituèrent l'une des manifestations principales du renouveau de l'idéologie servile.

C'est un fait qu'il y a une centaine d'années seules quelques personnes anticipaient la force irrésistible que les idées antilibérales étaient destinées à acquérir en très peu de temps. L'idéal de la liberté semblait être si fermement enraciné que tout le monde pensait qu'aucun mouvement réactionnaire ne pourrait jamais réussir à l'éradiquer. Il est vrai que c'eût été une aventure sans espoir que d'attaquer ouvertement la liberté et de défendre sincèrement un retour à la sujétion et à l'esclavage. Mais l'antilibéralisme s'empara des esprits en se camouflant comme super-libéralisme, comme la réalisation et le couronnement des idées mêmes de la liberté. Il arriva déguisé en socialisme, communisme, planisme.

Aucun homme intelligent ne pouvait manquer de comprendre que les socialistes, les communistes et les planificateurs visaient à l'abolition la plus radicale de la liberté individuelle et à établir l'omnipotence du gouvernement. Pourtant, l'immense majorité des intellectuels socialistes étaient convaincus qu'en luttant en faveur du socialisme ils se battaient pour la liberté. Ils se disaient eux-mêmes de gauche et démocrates, et revendiquent même de nos jours pour eux l'épithète « libéral ». Nous avons déjà traité des facteurs psychologiques qui affaiblirent le jugement de ces intellectuels et des masses qui les suivirent. Dans leur subconscient, ils comprenaient parfaitement le fait que leur échec à atteindre les vastes buts que leur ambition les poussait à poursuivre était dû à leurs propres insuffisances. Ils savaient très bien qu'ils n'étaient soit pas assez intelligents soit pas assez travailleurs. Mais ils ne voulaient pas s'avouer leur infériorité, ni l'avouer à leurs semblables, et cherchèrent un bouc émissaire. Ils se consolaient et essayaient de convaincre les autres que la cause de leur échec n'était pas leur propre infériorité mais l'injustice de l'organisation économique de la société. Avec le capitalisme, déclaraient-ils, la réalisation de ses objectifs n'est possible que pour un petit nombre. « La liberté dans une société de laissez-faire ne peut être atteinte que par ceux qui ont la richesse ou l'occasion de l'obtenir. » 5 Ainsi, concluaient-ils, l'État doit intervenir afin de réaliser la « justice sociale » — ce qu'ils veulent dire en réalité étant : afin de donner à la médiocrité frustrée « selon ses besoins ».

Tant que les problèmes du socialisme n'étaient qu'un sujet de débats, les gens manquant de discernement et de compréhension pouvaient être victimes de l'illusion que la liberté pourrait être préservée dans un régime socialiste. Une telle illusion ne peut plus être entretenue depuis que l'expérience soviétique a montré à tout le monde quelles sont les conditions dans une communauté socialiste.

Aujourd'hui, les apologistes du socialisme sont forcés de déformer les faits et de dénaturer la signification des mots quand ils veulent faire croire à la compatibilité du socialisme et de la liberté.

Feu le professeur Laski — qui fut en son temps un membre éminent et le président du Parti travailliste britannique, soi-disant non communiste, voire anticommuniste — nous disait qu'il n'y avait « aucun doute qu'en Russie soviétique un communiste a un sentiment total de liberté ; et il a également sans aucun doute le sentiment aigu que la liberté lui est refusée dans l'Italie fasciste. » 6 La vérité est qu'un Russe est libre d'obéir à tous les ordres édictés par ses supérieurs. Mais dès qu'il s'écarte d'un centième de centimètre de la bonne façon de penser telle qu'elle est établie par les autorités, il est liquidé sans merci. Tous les politiciens, fonctionnaires, auteurs, musiciens et scientifiques qui furent « purgés » n'étaient — à coup sûr — pas des anticommunistes. Ils étaient, au contraire, des communistes fanatiques, des membres importants du parti, que les autorités suprêmes, en reconnaissance de leur loyauté envers les principes soviétiques, avaient promus à des postes élevés. Leur seule infraction était de n'avoir pas su adapter assez rapidement leurs pensées, politiques, livres ou compositions aux derniers changements des idées et des goûts de Staline. Il est difficile de croire que ces gens avaient « un sentiment total de liberté » si l'on n'attache pas au mot de liberté un sens qui est précisément le contraire de celui que tout le monde lui avait toujours attaché.

L'Italie fasciste était certainement un pays où il n'y avait pas de liberté. Elle avait adopté le célèbre modèle soviétique du « principe du parti unique » et supprimait en conséquence toutes les idées dissidentes. Il y avait pourtant une différence manifeste entre les applications bolchevique et fasciste de ce principe. Par exemple, il y avait en Italie un ancien membre du groupe parlementaire des députés communistes, qui resta loyal jusqu'à sa mort aux principes communistes, le professeur Antonio Graziadei. Il touchait une pension du gouvernement à laquelle il avait droit comme professeur émérite, et était libre d'écrire et de publier, chez un des éditeurs italiens les plus importants, des livres marxistes orthodoxes. Son absence de liberté était certainement moins grande que celle des communistes russes qui, comme le professeur Laski avait choisi de le dire, avaient « sans doute » « un sentiment total de liberté ».

Le professeur Laski prenait plaisir à répéter le truisme selon lequel la liberté signifie toujours en pratique la liberté au sein de la loi. Il ajoutait que la loi vise toujours à « assurer la sécurité d'un mode de vie jugé satisfaisant par ceux qui dominent la machine de l'État. » 7 C'est une description correcte des lois d'un pays libre si elle signifie que la loi vise à protéger la société contre les conspirations voulant enflammer la guerre civile et renverser le gouvernement par la violence. Mais le professeur Laski commet une grosse erreur quand il ajoute que dans une société capitaliste « un effort de la part du pauvre pour modifier de manière radicale les droits de propriété du riche met immédiatement en danger tout l'édifice des libertés. » 8

Prenons le cas de la grande idole du professeur Laski et de tous ses amis, Karl Marx. Quand en 1848 et 1849 ce dernier prit une part active à l'organisation et à la conduite de la révolution, d'abord en Prusse puis plus tard aussi dans d'autres États allemands, il fut — étant un étranger sur le plan légal — expulsé et déménagea, avec sa femme, ses enfants et sa bonne, d'abord à Paris puis à Londres 9. Par la suite, quand la paix revint et que les instigateurs de la révolution avortée furent amnistiés, il fut libre de retourner dans toutes les régions allemandes et fit souvent usage de cette possibilité. Il n'était plus un exilé et choisit de son propre chef de demeurer à Londres 10. Personne ne le brutalisa lorsqu'il fonda, en 1864, l'Association internationale des travailleurs, organisme dont l'unique but avoué était de préparer la grande révolution mondiale. Il ne fut pas arrêté quand, au nom de son association, il visita plusieurs pays du continent. Il était libre d'écrire et de publier des livres et des articles qui, pour utiliser les mots du professeur Laski, étaient certainement un effort pour « modifier de manière radicale les droits de propriété du riche. » Et il mourut tranquillement dans sa maison londonienne, 41 Maitland Park Road, le 14 mars 1883.

Ou prenons le cas du Parti travailliste britannique. Son effort pour « modifier de manière radicale les droits de propriété du riche » ne fut pas, comme le professeur Laski le savait parfaitement, empêché par la moindre action incompatible avec le principe de liberté.

Marx, le dissident, pouvait vivre, écrire et préconiser la révolution, parfaitement à l'aise, dans l'Angleterre victorienne tout comme le Parti travailliste pouvait se lancer dans toutes les activités politiques, tranquillement, dans l'Angleterre post-victorienne. En Russie soviétique, pas la moindre opposition n'est tolérée. C'est la différence entre la liberté et l'esclavage.

5. La liberté et la civilisation occidentale

Les critiques du concept légal et constitutionnel de liberté et des institutions créées pour le mettre en pratique ont raison de dire que la liberté par rapport aux actions arbitraires de la part des fonctionnaires n'est en elle-même pas suffisante pour rendre un individu libre. Mais en soulignant cette vérité indiscutable, ils enfoncent des portes ouvertes. Car aucun avocat de la liberté n'a jamais prétendu que restreindre l'arbitraire de l'administration est tout ce dont on a besoin pour rendre un citoyen libre. Ce qui donne à l'individu autant de liberté qu'il est compatible avec la vie en société, c'est le fonctionnement de l'économie de marché. Les constitutions et les déclarations des droits ne créent pas la liberté. Elles ne font que protéger la liberté qu'accorde le système économique concurrentiel aux individus contre les empiètements de la part des pouvoirs de police.

Dans l'économie de marché, les gens ont l'occasion de lutter pour obtenir la position qu'ils souhaitent atteindre dans la structure de la division sociale du travail. Ils sont libres de choisir la vocation dans laquelle ils prévoient de servir leurs semblables. Dans une économie planifiée, ils ne disposent pas de ce droit. Les autorités déterminent le métier de chacun. L'arbitraire des supérieurs assure la promotion d'un homme à un meilleur poste ou la lui interdit. L'individu dépend entièrement des bonnes grâces de ceux au pouvoir. Mais dans un régime capitaliste, tout le monde est libre de contester les intérêts de n'importe qui. Celui qui pense pouvoir approvisionner le public mieux et moins cher que les autres, peut essayer de démontrer son efficacité. Le manque de fonds ne peut pas frustrer ses projets. Car les capitalistes sont toujours à la recherche d'hommes pouvant utiliser leurs fonds de la manière la plus rentable. Le résultat des activités industrielles d'un homme ne dépend que du comportement des consommateurs qui achètent ce qu'ils préfèrent.

Le salarié ne dépend pas plus de l'arbitraire de son employeur. Un entrepreneur qui n'arrive pas à embaucher les travailleurs les plus adaptés au travail concerné et à les payer suffisamment pour les empêcher de prendre un autre emploi est pénalisé par une réduction de son revenu net. L'employeur n'accorde pas une faveur à ses employés. Il loue leurs services, moyen indispensable au succès de son entreprise, de la même façon qu'il achète les matières premières et les équipements de l'usine. Le travailleur est libre de trouver l'emploi qui lui convient le mieux.

Le processus de sélection sociale déterminant la position et le revenu de chacun continue sans cesse dans une économie de marché. De grandes fortunes diminuent et finissent par disparaître complètement alors que d'autres personnes, nées dans la pauvreté, grimpent vers des positions éminentes et des revenus considérables. Quand il n'y a pas de privilèges et que le gouvernement n'accorde pas sa protection à des avantages établis et menacés par la plus grande efficacité de nouveaux venus, ceux qui ont acquis la richesse par le passé sont obligés de la regagner chaque jour à nouveau, dans une compétition avec tous les autres.

Dans le cadre de la coopération sociale avec division de travail, tout le monde dépend de la reconnaissance de ses services de la part du public acheteur dont il est lui-même membre. Tout le monde, en achetant ou en s'abstenant d'acheter, est un membre de la cour suprême qui attribue à tous — et donc à lui-même — une place donnée dans la société. Tout le monde joue un rôle dans le processus qui donne à certains un revenu plus élevé, à d'autres un revenu plus faible. Chacun est libre de faire une contribution que ses semblables sont prêts à récompenser en lui offrant un revenu plus élevé. La liberté dans un régime capitaliste veut dire : ne pas dépendre davantage de l'arbitraire des autres que les autres ne dépendent du sien. Aucune autre liberté n'est concevable quand la production est accomplie par la division du travail, et il n'y a pas d'autarcie économique parfaite possible.

Il n'est pas nécessaire de souligner que l'argument essentiel avancé en faveur du capitalisme et contre le socialisme n'est pas le fait que le socialisme doive nécessairement abolir tous les vestiges de la liberté et transformer tout le monde en esclaves des gens au pouvoir. Le socialisme est irréalisable en tant que système économique parce qu'une société socialiste n'aurait aucune possibilité de recourir au calcul économique. C'est pourquoi il ne peut pas être considéré comme un système d'organisation économique de la société. Il est une façon de désintégrer la coopération sociale et de conduire à la pauvreté et au chaos.

En traitant de la question de la liberté, on ne fait pas allusion au problème économique essentiel de l'antagonisme entre capitalisme et socialisme. On souligne plutôt que l'homme occidental, contrairement aux Asiatiques, est un être adapté à la vie en liberté et formé par la vie en liberté. Les civilisations de Chine, du Japon, de l'Inde et des pays musulmans du Proche-Orient telles qu'elles existaient avant que ces nations ne se familiarisent avec le mode de vie occidental, ne peuvent certainement pas être écartées comme simple barbarie. Ces peuples, il y a déjà plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d'années, engendrèrent de merveilleuses réalisations dans les arts industriels, en architecture, en littérature, en philosophie et dans le développement des institutions éducatives. Ils fondèrent et organisèrent de puissants empires. Mais leurs efforts s'interrompirent alors, leurs cultures s'engourdirent et ils perdirent leur capacité de se débrouiller avec succès face aux problèmes économiques. Leur génie intellectuel et artistique s'évanouit. Leurs artistes et leurs auteurs copièrent carrément les modèles traditionnels. Leurs théologiens, philosophes et spécialistes du droit s'adonnèrent à des exégèses constantes des œuvres anciennes. Les monuments érigés par leurs ancêtres s'effondrèrent. Leurs empires se désintégrèrent. Leurs citoyens perdirent vigueur et énergie, et devinrent apathiques face à l'appauvrissement et au déclin progressifs.

Les anciens ouvrages de philosophie et de poésie orientales peuvent être comparés avec les plus grandes œuvres occidentales. Mais pendant plusieurs siècles, l'Orient ne généra aucun livre important. L'histoire intellectuelle et littéraire des époques modernes ne font guère mention du nom d'un quelconque auteur oriental. L'Orient n'a plus participé en quoi que ce soit à l'effort intellectuel de l'humanité. Les problèmes et les controverses qui agitèrent l'Occident demeurèrent étrangers à l'Orient. En Europe il y eut de l'agitation ; en Orient il y eut stagnation, indolence et indifférence.

La raison en est évidente. Il manque à l'Orient la chose primordiale, l'idée de liberté vis-à-vis de l'État. L'Orient n'a jamais levé la bannière de la liberté, il n'a jamais essayé de souligner les droits de l'individu face aux pouvoirs des dirigeants. Il n'a jamais remis en question l'arbitraire des despotes. Et, par conséquent, il n'a jamais établi le cadre légal qui protégerait la richesse des citoyens privés contre la confiscation de la part des tyrans. Au contraire, dupés par l'idée que la fortune du riche est la cause de la misère du pauvre, tous ces peuples ont soutenu la pratique des gouvernants consistant à exproprier les hommes d'affaires qui réussissaient. L'accumulation de capital à grande échelle fut ainsi empêchée et ces nations durent se passer de toutes les améliorations demandant un investissement considérable en capital. Aucune « bourgeoisie » ne put se développer et il n'y eut par conséquent aucun public pour encourager et soutenir les auteurs, artistes et inventeurs. Toutes les voies permettant de se distinguer étaient fermées aux fils du peuple, à l'exception d'une seule. Ils pouvaient essayer de trouver une issue en se mettant au service des princes. La société occidentale était une communauté d'individus pouvant concourir pour les plus hautes récompenses. La société orientale était un agglomérat de sujets totalement dépendants des bonnes grâces des souverains. La jeunesse alerte de l'Occident regarde le monde comme un champ d'action dans lequel elle peut gagner la célébrité, l'éminence, les honneurs et la richesse ; rien ne semble trop difficile à son ambition. L'humble progéniture des parents orientaux ne sait faire rien d'autre que de suivre la routine de son environnement. La noble confiance en soi de l'homme occidental a trouvé une expression triomphante dans des dithyrambes comme l'hymne du chœur de Sophocle d'Antigone à propos de l'homme et de son effort d'entreprise et comme la Neuvième Symphonie de Beethoven. Rien de ce genre n'a été entendu en Orient.

Est-il possible que les descendants des bâtisseurs de la civilisation de l'homme blanc renoncent à leur liberté et se rendent volontairement à la suzeraineté du gouvernement omnipotent ? Qu'ils cherchent la satisfaction dans un système où leur seule tâche serait de servir de rouages dans une vaste machine construite et dirigée par un planificateur tout-puissant ? La mentalité des civilisations arrêtées doit-elle balayer les idéaux pour lesquels des milliers et des milliers ont sacrifiés leurs vies ?

Ruere in servitium, ils plongèrent dans la servitude, observa tristement Tacite en parlant des Romains de l'époque de Tibère.


Notes

 

1. Voir pp. 33-34à propos de la tendance inévitable du capitalisme à raccourcir l'intervalle qui sépare l'apparition d'une nouvelle amélioration du moment où elle se généralise.

2. Cf. The Church and the Disorder of Society, New York, 1948, p. 198.

3 Les profits n'en sont pas affectés. Ils constituent la rémunération découlant de l'ajustement de l'emploi des facteurs matériels de production et de la main-d'œuvre aux changements se produisant dans l'offre et dans la demande. Ils ne dépendent que de l'ampleur du mauvais ajustement préalable et de l'ampleur dans laquelle il a été éliminé. Ils sont transitoires et disparaissent une fois que le mauvais ajustement a été complètement éliminé. Mais comme des changements de l'offre et de la demande se produisent toujours et encore, de nouvelles sources de profit émergent elles aussi sans cesse.

4 Cf. Bismarck, Gedanken und Erinnerungen, New York, 1898, vol. I, p. 1.

5 Cf. H. Laski, article « Liberty » dans Encyclopedia of the Social Science, IX, p. 443.

6 Cf. Laski, loc. cit., p. 446-447.

7 Cf. Laski, loc. cit., p. 446.

8 Cf. Laski, loc. cit., p. 446.

9. Sur les activités de Marx dans les années 1848 et 1849, voir Karl Marx, Chronik seines Lebens in Einzeldaten, publié par l'Institut Marx-Engels-Lénine de Moscou, 1934, pp. 43-81.

10. En 1845, Marx renonça volontairementà sa nationalité prussienne. Quand plus tard, dans le début des années 1860, il envisagea de faire une carrière politique en Prusse, le gouvernement refusa de lui rendre sa citoyenneté. Une carrière politique se ferma ainsi devant lui. Peut-être que ce fait lui fit décider de rester à Londres.

 

par Ludwig von Mises

traduit par Hervé de Quengo

La Mentalité anti-capitaliste

Première édition en anglais (sous le titre The Anti-Capitalistic Mentality) en 1956

Notre galaxie contiendrait plus de 60 milliards d'exoplanètes habitables

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 Notre galaxie contiendrait plus de 60 milliards d'exoplanètes habitables, selon une nouvelle étude. Les naines rouges pourraient abriter un nombre de planètes habitables plus élevé que prévu.

 

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Le nombre de planète où pourraient vivre des extra-terrestres est plus important que ce que l'on croyait jusqu'ici. Notre galaxie, la Voie Lactée, abriterait 60 milliards de planètes habitables. Les naines rouges, des étoiles plus petites et moins brillantes que le soleil, pourraient en effet abriter un nombre de planètes habitables plus élevé que prévu, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Astrophysical  Journal Letters et reprise par le site MaxiSciences.

 

 

A seulement 15 ans, il a introduit une petite révolution dans le monde de l'astrophysique, et même eu droit aux honneurs de la couverture de la revue scientifique Nature... Avec son père, astrophysicien du CNRS, Neil Ibata, élève de première à Strasbourg, a cosigné une étude sur la formation de galaxies naines autour d'Andromède. Leur théorie a remis en cause les fondements même de la physique depuis Einstein.

 


"La plupart des planètes de la Voie lactée orbitent autour de naines rouges", explique Nicolas Cowan, du Northwestern's Center for Interdisciplinary Exploration and Research in Astrophysics. Pour que la vie soit possible sur ce type de planète, il est impératif que l'eau y soit présente à sa surface à l'état liquide. Ce qui implique que la planète ne se situe ni trop près, ni trop loin de son étoile.


Jusqu'ici les spécialistes supposaient qu'au moins une planète habitable tournait autour de chacune de ces étoiles. Mais ce chiffre aurait été sous-estimé, car on n'aurait pas assez tenu compte de l'importance des nuages, selon cette nouvelle étude. "Les nuages causent à la fois le réchauffement et le refroidissement de la Terre", précise  l'un des auteurs.


Effet de serre

"Les nuages reflètent la lumière du soleil pour refroidir les choses et ils absorbent les radiations infrarouges depuis la surface pour provoquer un effet de serre. C'est ce qui contribue à garder la Terre suffisamment chaude pour abriter la vie".

Cela implique que la zone habitable autour des naines rouges est plus vaste que ce qu'on croyait. Pour confirmer la présence et le rôle des nuages, les chercheurs comptent sur le télescope spatial James Webb qui sera opérationnel en 2018.


Source: TF1 news

 

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  1. Il y aurait 60 milliards de planètes habitables dans la Voie Lactée

L'économiste: Alberto ALESINA pour M. Hollande

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Né en 1957 aux Etats-Unis Alesina est un économiste qui collabore avec différents organismes tels que le CEPR en Angleterre et le NBER aux Etats-Unis. Il enseigne actuellement à l'Université de Harvard aux Etats-Unis. Il travaille sur plusieurs sujets, mais il est surtout connu et reconnu pour ses travaux portant sur l'Economie Politique, domaine qui ambitionne d'étudier les phénomènes contemporains à l'aide de l'interconnexion des sciences économiques et des sciences politiques.

 

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L'économie politique

La politique et l'économie sont des domaines liés car l'étude de l'un nécessite souvent la considération de l'autre. En effet, la situation économique influe sur les votes, les choix politiques et le positionnement politique des dirigeants, alors que parallèlement les décisions politiques se répercutent sur l'environnement économique.


Le mode de gouvernance d'un pays est le reflet d'un choix collectif se traduisant par l'émergence d'une constitution, laquelle donne le cadre dans lequel la vie politique doit s'exercer. Dans ce contexte, et dans une société démocratique, les politiques publiques correspondent à un équilibre entre des intérêts souvent contradictoires d'électeurs différents et qui reflètent les divergences socio-économiques d'une société. Toutefois la politique menée doit nécessairement être approuvée et soutenue par une majorité de citoyens et/ou de leurs représentants.


De façon schématique, l'idée de l'économie politique est de prêter les outils d'analyse des sciences économiques aux sciences politiques, afin notamment d'attribuer la même rationalité aux agents politiques (électeurs, politiciens...) qu'aux agents économiques (ménages, entreprises, Etats, institutions financières...). Parallèlement, l'économie politique emprunte à la science politique l'intégration des choix de politique gouvernementale dans les modèles économiques.


La théorie de la modération rationnelle des institutions politiques

La thèse d'Alesina est que les évènements économiques et politiques s'influencent réciproquement. Il développe notamment cette idée dans ce qui est probablement son ouvrage le plus connu (co-écrit avec le politologue Howard Rosenthal), à savoir "Partisan Politics, Divided Government and the Economy" publié en 1995. Dans cet ouvrage, il modélise tout d'abord le système politique américain et étudie les interactions entre le pouvoir exécutif (le Président) et le pouvoir législatif (le Congrès), avant ensuite de développer un modèle d'équilibre général.


La thèse d'Alesina part de deux hypothèses. Tout d'abord, (1) que les partis politiques et les électeurs veulent le pouvoir et veulent également rester fidèles à leurs choix politiques. Dès lors, les programmes politiques ne convergent pas vers une position consensuelle centriste, mais se polarisent à gauche et à droite de l'échiquier politique. Les raisons de cette polarisation sont que les partis politiques veulent garder leur crédibilité, n'osent pas trahir leur idéologie de peur de décevoir leurs électeurs et donc ne pas se faire réélire aux prochaines élections. Au final, les partis politiques se polarisent pour une notion de fidélité, d'où la notion de "partisan politics" qui pourrait se traduire par "politiques partisanes". (2) La seconde hypothèse d'Alesina est que l'utilité des politiciens et des électeurs dépend de la distance entre la politique économique développée par le pouvoir et les politiques économiques préférées (au regard de l'idéologie, des discours...). Plus la distance entre la politique économique appliquée et la politique économique préférée est petite, plus l'utilité du parti est considérée comme grande par les électeurs. L'utilité est donc maximale lorsque la politique réalisée correspond parfaitement à la politique préférée.


Dans ce cadre, chaque électeur vote en fonction de son espérance de voir réaliser sa politique préférée. Après l'élection du Président, en fonction du positionnement politique de celui-ci et de la distribution des électeurs entre la gauche et la droite, il convient d'élire le pouvoir législatif. Aux Etats-Unis, l'équilibre entre les pouvoirs exécutif et législatif a une influence forte car c'est la répartition des deux pouvoirs qui détermine la politique économique mise en place. Les électeurs utilisent généralement cette interaction pour assurer un contrôle et une modération réciproque des pouvoirs. Dès lors, en pratique, cela conduit à mettre en œuvre une politique plus centriste quand les deux pouvoirs appartiennent à des partis différents. Ainsi, la cohabitation des pouvoirs ne correspond pas à un accident mais à l'expression collective d'une volonté rationnelle des électeurs. De plus, il y a la possibilité de pouvoir changer la majorité ou de la faire évoluer en cours de mandature aux Etats-Unis avec un vote de mi-mandat. Le changement de majorité qui peut en résulter peut alors entraîner une évolution du cycle politique. La politique économique sera alors différente selon que le Président ou le Congrès appartiennent à des partis différents. Au final, ce mode de fonctionnement pousse le Président à prôner une politique plus radicale car il sait qu'elle sera naturellement pondérée au nom de ce principe de modération des institutions politiques.


La modélisation de ces phénomènes s'effectue donc dans un cadre où l'équilibre prix-salaire est fixe et où toutes les décisions correspondent à des choix rationnels, que ce soit de la part des électeurs ou des politiciens, qui cherchent tous à maximiser leur utilité. Dans ce contexte, l'élection présidentielle correspond à des variables telles que le taux de croissance économique du pays, l'inflation et les chocs externes, c'est-à-dire qui proviennent de situations extérieures au pays. L'utilité prêtée aux partis politiques dépend de l'importance que chaque parti attache à la croissance économique et à l'inflation. Les conclusions empiriques, autrement dit sur l'observation des résultats, indiquent dans un premier temps que les partis chercheront à développer des politiques économiques différentes et conformes à leurs idéologies au nom du principe de "Partisan politics". Ensuite, que les électeurs choisissent délibérément une politique modérée dans un second temps au nom de l'équilibre des pouvoirs.


Enfin, il est intéressant d'ajouter à ces constats les études de Nordhaus et de Lindbeck qui démontrent que les partis politiques sont opportunistes et expliquent ainsi en partie les cycles économiques. En effet, dans leurs modèles, les partis s'adaptent aux attentes des électeurs quel que soit le niveau de pertinence de ces attentes, car leur seul but est d'être élu. Les électeurs sont réputés "naïfs" dans cette conception et oublient les leçons du passé car ils ont tendance à croire les solutions simples qui leurs sont présentées. Dès lors, les partis opportunistes adoptent un comportement de court terme en stimulant l'économie si le parti est au pouvoir, ou en promettant de le faire si le parti est dans l'opposition, dans la période précédant les élections. Le résultat de cette politique expansionniste est généralement de créer de l'inflation et/ou des déséquilibres économiques qui inciteront dans un second temps le gouvernement élu à mener une politique de contraction pour corriger ces déséquilibres.

 

Par: Sylvain Fontan

L'économiste de la semaine : Alberto ALESINA

Source:

Comprendre l'économie : leconomiste.eu

Economie - YouTube

www.youtube.com/playlist?list=PLaABMw3Ql1jj_XdnM...
Par Vincent Bénard, ingénieur et économiste, à l'université d'été des libéraux 2010. ..... "Monetary and Fiscal Policy" - Alberto Alesina, Harvard University.

 

 

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Alberto Alesina

De Wikiberal:

Alberto Alesina (né le 29 avril1957à Broni, Italie) est un économiste italien, qui a principalement travaillé dans le champ de l'économie politique et enseigne actuellement à l'Université Harvard.

Il commence des études d'économie en Italie, à l'Université Bocconi. Il obtient en 1986 un Ph.D en économie à l'Université Harvard. Il rejoint alors le corps professoral de l'Université Carnegie Mellon puis en 1993 devient professeur permanent à l'Université Harvard. Il a été entre 2003 et 2006 directeur du département d'économie de l'université.

Il est éditorialiste pour La Stampa (2003-2005), pour le quotidien Il Sole 24 Ore depuis 2005, pour LaVoce.info et pour Voxeu.org. Il aégalement travaillé pour le Fonds Monétaire International, la Commission Européenne ou la Banque mondiale[1].

Il était considéré en 1988 par le magazine britannique The Economist comme l'un des économistes susceptibles de remporter le Prix Nobel d'économie[2].

Il collabore au National Bureau of Economic Research à Cambridge et au Centre for Economic Policy Research à Londres[1]

Travaux économiques

Ses principaux sujets d'étude portent sur des comparaisons macroéconomiques entre l'Europe et les États-Unis, les cycles politiques, les unions monétaires, et les déterminants de la croissance, comme la taille d'un pays ou le calendrier électoral.

Spécialiste d'économe politique, il s'est intéressé à l'effet des mesures prises par les hommes politiques sur l'économie : en particulier dans Political Cycles and the Macroeconomy il distingue des « cycles politiques » et en étudiant leur influence sur la croissance économique, le chômage ou l'inflation. Les caractéristiques de ces effets sont similaires dans l'ensemble des pays développés selon Alesina. Il remet par ailleurs en cause la thèse selon laquelle les électeurs voteraient pour les hommes politiques qui amélioreraient la situation économique juste avant les élections, au détriment de la situation future.

Il est très critique du « modèle social européen » actuel, condamné selon lui au déclin si il ne se réforme pas. Il développe dans The future of Europe, Reform or Decline l'idée selon laquelle il n'existe pas de « Troisième Voie » entre le modèle américain et européen; pour se réformer, l'Europe doit selon lui développer les incitations individuelles, accentuer le rôle du marché et permettre une plus grande mobilité des individus, en particulier pour que les pauvres ne soient plus condamnés à le rester.

Dans un livre publié en 2007 avec Francesco Giavazzi, il développe l'idée que le libérisme ou libéralisme de laissez-faire est profondément une idéologie de gauche, en ce qu'il réduit les privilèges et permet dans les faits d'améliorer la situation des plus pauvres, là où le « modèle » actuel, tant en Italie qu'en France, n'a réussi principalement qu'à augmenter la pression fiscale sans réduire la pauvreté. Ils écrivent ainsi :


Notre argument est que ce sont les objectifs traditionnellement chers aux partis de gauche européens – comme la protection des plus faibles ou le refus de trop grandes inégalités et des privilèges – qui doivent les amener à adopter des politiques pro-marché. Ce qui a souvent été la norme depuis les années 1960, comme une forte règlementation, la protection des statuts, un secteur public très développé qui ne bénéficie pas aux plus pauvres mais aux plus connectés et impose de lourds prélèvements, des universités qui produisent la médiocrité au nom du principe d’égalitarisme (alors que les très riches se débrouillent d’une manière ou d’une autre pour obtenir une bonne éducation), tout cela n’est pas seulement inefficace, mais socialement injuste.

 

 

 

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Perspective 2013 : Non, Monsieur le Président, votre méthode n'est pas la bonne !


En réponse aux bons voeux de notre Président, nous vous proposons de lire la traduction d'un article signé par Alberto Alesina et publié à la fin novembre (sous le titre "Cutting Deficits by Cutting Spending") sur l'excellent site d'analyse économique VoxEU.org.

Alberto Alesina est cet économiste de Harvard qui vient de démontrer à nouveau combien il est préférable de baisser les dépenses plutôt que d'augmenter les impôts pour relancer la croissance et l'emploi (mais à la condition - importante - de coupler cette stratégie avec de véritables réformes de fond). Dans ce texte, il livre les conclusions de ses recherches.


Les Etats qui croulent sous les dettes et se débattent dans les difficultés économiques croissantes doivent-il à tout prix donner la priorité à la réduction de leurs déficits budgétaires ?

Les réponses données à cette question sont particulièrement confuses – pas seulement en Europe où c'est une question particulièrement pressante, mais aussi aux Etats-Unis.

Pour ceux qui conseillent une réduction immédiate du déficit, il s'agit là d'une précondition nécessaire au retour de la croissance. Les déficits d'aujourd'hui, disent-ils, sont la dette de demain, ce qui ne peut se terminer que par une crise budgétaire avec une possible faillite à la clé. Les marchés, inquiets de la dégradation de ses perspectives de solvabilité, demanderont à l'Etat de payer des taux d'intérêt plus élevés pour acheter ses obligations, ce qui renchérit le service de sa dette. Le défaut d'un Etat risque d'entrainer l'effondrement des banques dont les bilans sont gorgés de titres de sa dette publique, ce qui à son tour est susceptible de provoquer une réaction en chaîne menant à d'autres faillites. Le retour à la croissance est impossible, disent ces faucons du déficit, tant que l'on ne corrige pas les déficits.

Leur adversaires sont d'accord pour reconnaître qu'il faut bien sûr combattre les déficits, mais, ajoutent-ils, pour l'instant, tant que l'économie mondiale ne ne se porte pas mieux, ce n'est pas le moment. Pour réduire le déficit, expliquent-ils, il faut soit relever les impôts, soit réduire les dépenses budgétaires. Dans les deux cas, le résultat est de réduire la demande, ce qui aggrave les ratés de l'économie déjà vacillante. Le rapport dette/PIB – cet indicateur que tout le monde suit avec attention – gonfle de plus belle parce que la croissance ralentit plus vite qu'on ne réduit l'endettement. Il s'ensuit que cette politique est vouée à l'échec. Pour le moment, mieux vaudrait que les Etats acceptent de rester en déficits et les couvrent avec de l'argent emprunté, en attendant que la reprise économique leur permette enfin de rééquilibrer leurs budgets.

Deux techniques pour réduire les déficits budgétaires

Ce débat sur les déficits est souvent trompeur car on y oublie l'énorme différence qui oppose les deux techniques de réduction des déficits. Les faits démontrent clairement que lorsqu'un gouvernement entreprend de réduire ses déficits en augmentant les impôts, il a toutes chances de le payer d'une longue et profonde récession ; mais que lorsqu'il s'y attaque en donnant la priorité aux réductions de dépenses, les résultats sont très différents.

En 2011, les chercheurs du Fonds monétaire international ont dressé la liste de tous les épisodes, entre 1980 et 2005, au cours desquels des pays développés – ils en ont identifié 17 – ont mené une politique agressive de réduction des déficits budgétaires. Ces épisodes ont été classés en deux catégories : d'un côté, ceux caractérisés principalement par une politique de réduction des dépenses publiques, de l'autre, ceux donnant la priorité au relèvement de la fiscalité. Lorsque Carlo Favero, Francesco Giavazzi et moi-même avons étudié les résultats de ce classement, il nous est clairement apparu que ces deux types de politiques débouchaient sur des résultats finaux étonnamment différents : dans le premier cas (action par les économies budgétaire), cela se traduit par des récessions certes (et encore !) mais d'ampleur relativement limitée et de durée plutôt courte, alors que dans le second (action par la hausse des impôts) on obtient des récessions prolongées.

Bien sùr, nous n'êtions pas les premiers à distinguer ces deux types de politiques. Dans le passé, d'autres comme Paul Krugman, Christina Romer et des économistes du FMI se sont posé le même genre de questions, mais ils y ont répondu en observant que leurs résultats n'étaient pas très différents. Si on constate qu'a la suite d'une opération de coupe dans les dépenses budgétaires l'économie se relève, en réalité, expliquent-ils, c'est parce que cela coïncide avec une reprise du cycle conjoncturel, ou bien parce que l'on est passé dans une phase d'expansion monétaire. Dans notre recherche, mes collègues et moi-même avons cherché à tenir compte de ces deux éléments. Les mouvements du cycle économique et de la politique monétaire ont été attentivement étudiés en rapport avec la politique budgétaire poursuivie au cours de chaque épisode entrant dans notre enquête. Notre analyse a confirmé les conclusions auxquelles nous êtions précédemment arrivés. La différence dans les résultats observés entre les deux types de politiques demeure.

Encourager les investissements privés

La grande question qui se pose alors est la suivante : qu'est-ce qui maintient l'activité économique alors que les dépenses de l'Etat, l'une des principales composantes de la demande globale, viennent d'être réduites ? Autrement dit, si l'économie ne tombe pas en récession, c'est nécessairement que les réductions budgétaires se trouvent compensées par l'accroissement d'un autre élément de la demande globale. Lequel ? Réponse : l'investissement privé. Notre travail montre que les investissements privés ont augmenté après que l'on ait procédé aux réductions budgétaires, les entreprises investissant davantage dans des activités productives, comme l'achat de machines où l'ouverture de nouvelles usines. Lorsque la diminution du déficit est recherchée via l'alourdissement de la fiscalité, il se passe le contraire : on assiste à une chute de l'accumulation du capital.

La raison de cette différence est sans doute liée à l'indice de confiance des entreprises dont nous avons observé qu'il s'effondrait lorsque l'Etat jouait en priorité de la fiscalité, mais qu'il augmentait (ou tout au moins restait étale) lorsqu'il préfère agir sur ses dépenses. L'explication vient probablement de ce que lorsque l'Etat réduit ses budgets, ceci est compris comme un signal indiquant qu'à l'avenir la fiscalité ne sera pas appelée à augmenter, ce qui encourage les investisseurs (mais aussi, peut-être, les consommateurs) à se montrer plus actifs. Notre résultat en ce qui concerne le rôle de l'indice de confiance des entreprises est cohérent avec l'argument plus large selon lequel, aujourd'hui, bien que leurs marges restent positives, les firmes américaines n'investissent pas ou n'embauchent pas autant qu'elles le pourraient tout simplement en raison des incertitudes qui pèsent sur l'évolution à venir de la politique budgétaire, fiscale, mais aussi en matière de réglementations.

Coupler les économies budgétaires avec une politique favorable à la croissance.

Mais il y a une seconde raison qui explique que l'investissement privé reprenne après que l'Etat ait coupé dans ses dépenses : le programme d'économie budgétaires fait généralement partie d'un paquet global de réformes économiques qui incluent d'autres mesures , de natures plus structurelles, favorables à la croissance. Dans une autre étude, j'ai montré avec Silvia Ardagna (2009) que les politiques de réduction du déficit budgétaire qui ont effectivement réussi à diminuer le rapport de l'endettement au PIB, sans pour autant provoquer de récession, présentent généralement pour caractéristique de combiner l'action sur la dépense publique avec d'autres mesures comme une action par la déréglementation, la libéralisation du marché du travail (y compris, dans certains cas, un accord explicite de modération des salaires avec les syndicats), et leur accompagnement par des réformes fiscales dont l'objet est d'accroître le taux d'emploi de la population.

Réduire les dépenses coûte moins cher qu'augmenter les impôts.

Soyons clairs : tout ce qui précède ne signifie pas qu'il suffit de réduire les dépenses publiques pour qu'à chaque fois cela suffise à rallumer la croissance. La leçon à en retenir est simplement que réduire les dépenses de l'Etat est une méthode qui revient finalement moins cher que de chercher à éliminer le déficit par la hausse des impôts . Cela signifie aussi qu'une stratégie soigneusement conçue de réduction du déficit, fondée à la fois sur la recherche de coupes budgétaires et sur des réformes structurelles, peut réussir à éliminer complètement les pertes de production que l'on serait normalement en droit d'attendre en conséquence de telles politiques d'économies. Alors qu'à l'inverse, rechercher l'élimination du déficit prioritairement par la voie de hausses d'impôts s'accompagne toujours de conséquences récessives.

Le diable est dans les détails

Avec ces résultats en tête, revenons aux deux points de vue par lesquels nous avons commençé. Les gens qui exigent que l'Etat réduise son déficit ont raison, pour autant que cette réduction est obtenue via la recherche d'économies budgétaires idéalement accompagnées d'autres mesures d'ordre plus structurel favorables à la croissance. Cela n'a rien à voir avec l'idée, beaucoup trop simpliste, que, par définition, toute réduction du déficit serait nécessairement une bonne chose, et que cela suffirait pour ramener à tout coup le calme sur les marchés.

A l'opposé, l'autre idée que toute diminution du déficit ne peut que ralentir l'économie et déboucher sur un échec, est elle aussi tout aussi simpliste. Un programme soigneusement élaboré d'économies budgétaires peut permettre de réduire l'endettement sans pour autant tuer la croissance, il n'y a donc pas lieu d'afficher une attitude aussi protectrice à l'égard des économies aujourd'hui les plus faibles.

Les partisans "modérés" de la réduction du déficit ont raison de s'inquiéter lorsque l'objectif de réduction de l'endettement public est recherché en priorité par la voie fiscale, comme le démontre par exemple l'Italie qui, depuis vingt ans, n'arrive pas à se débarrasser d'un endettement public record. Tous les gouvernements italiens successifs ont essayé de réduire la dette en levant davantage d'impôts, une stratégie qui n'a fait que paralyser l'économie italienne et n'a eu pour résultat que de maintenir le rapport dette sur PIB toujours au même niveau. En Novembre 2011, le gouvernement de Mario Monti a fait passer un programme comprenant une très forte augmentation des impôts . Aussitôt la conjoncture du pays a plongé, et on s'attend à une croissance globalement négative pour 2012. (L'Italie est cependant en train de réaliser son erreur. Depuis lors, le gouvernement de Mario Monti a lancé une opération de rééxamen systématique des dépenses publiques qui devrait déboucher sur un programme à venir d'économies budgétaires détaillées, cependant qu'il mettait également en route un certain nombre de réformes du marché du travail).

Quant aux « faucons » de la réduction du déficit ils ont raison sur un autre point : l'urgence qu'il y a pour l'Amérique a réduire sa dette nationale. Les travaux de Carmen Reinhart et de Kenneth Rogoff (2010) établissent de manière convaincante que la dette devient un handicap pour la croissance dès lors qu'elle dépasse les 90 % du PIB. Or les Etats-Unis en sont aujourd'hui à 80 %, et l'on devrait atteindre les 120 % d'ici pas si longtemps (merci aux dépenses de santé, et notamment à Medicare!).

En Europe une affaire de réelle urgence

En Europe, où le taux d'endettement est en moyenne plus élevé qu'aux Etats-Unis, il est encore plus urgent de réduire les déficits. Si la Grèce, l'Espagne, le Portugal , l'Irlande et l'Italie n'arrivent pas à redresser l'état de leurs finances, il courent le risque de faire défaut – un événement qui entraînerait des conséquences désastreuses non seulement pour eux, mais également pour l'ensemble de la zone euro qui pourrait imploser et entraîner une véritable catastrophe économique mondiale. Ils ne retrouveront jamais la capacité de s'endetter à des taux raisonnables tant qu'ils n'auront pas redressé la barre au plan budgétaire. Bien sûr, on peut discuter de savoir jusqu'à quel point la BCE doit les aider, mais de toute façon il faut qu'ils commencent par mettre leurs propres affaires en ordre. Relever les impôts et réduire la croissance n'est certainement pas la bonne solution. Réduire les dépenses, oui.

Plus les USA attendront, plus cela coûtera cher

Pour le moment, les marchés semblent encore faire confiance aux Etats-Unis et la demande pour les titres du Trésor reste forte, ce qui permet à l'Amérique de continuer à emprunter à bon marché. Mais les USA vont devoir très vite rectifier la trajectoire de leur endettement. L'idée que l'on pourrait continuer sans procéder à un fort redressement budgétaire ne relève pas seulement du wishfull thinking, c'est une faute à l'égard de nos enfants qui se retrouveront un jour écrasés par un fardeau fiscal insoutenable. Plus nous attendrons, plus le prix à payer pour sortir de ce problème sera élevé.

Couper dans les dépenses n'est bien sûr pas chose facile en raison du poids politique que représentent, dans l'arène publique, tous ceux qui bénéficient des subventions et avantages distribués par l'Etat - les fonctionnaires, les jeunes retraités, les grandes entreprises qui bénéficient des coûteuses faveurs de la puissance publique, les collectivités locales sans véritable discipline budgétaire, etc.. - alors que les contribuables restent mal représentés. Il n'en reste pas moins que l'idée reçue selon laquelle tout gouvernement qui mène une politique budgétaire trop prudente court inéluctablement à l'échec électoral semble fausse. Dans une récente étude de 2011, Dorian Carloni, Giampaolo Lecce et moi-même montrons que même les gouvernements qui ont adopté les politiques de réduction des dépenses publiques les plus sévères sont loin d'avoir systématiquement perdu leurs élections. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas, mais il arrive parfois que les électeurs reconnaissent l'inéluctable nécessité de réduire la dépense publique et soutiennent l'action de gouvernements qui résistent aux appels des groupes de pression, surtout lorsque ces gouvernement leur parlent clairement et se montrent justes dans la répartition des coupes.

Les coupes budgétaires se font-elle au détriment des pauvres ?

Certainement pas dans des pays comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie, où le secteur public est tellement inefficace qu'il pourrait sans difficulté fonctionner avec beaucoup moins d'argent sans pour autant abaisser le niveau et la qualité des services rendus. Même dans des pays qui disposent d'un service public fonctionnant nettement mieux – comme la France, où la dépense publique atteint presque les 60 % du PIB - il y a encore de la marge pour faire d'importantes économies sans pour autant porter préjudice aux plus pauvres et aux plus vulnérables. C'est également le cas aux Etats-Unis où la dépense publique, qui était de 34 % en 2000, est aujourd'hui de 43 %, un niveau qui était encore celui de l'Europe il n'y a pas si longtemps. A condition de mieux cibler leurs systèmes de transferts et de redistribution les Etats occidentaux peuvent faire pas mal d'économies sans réduire le bien être de leurs concitoyens. Il leur faut accepter de réduire les programmes sociaux qui, comme le Medicare américain, sont pour l'essentiel financés par des impôts prélevés sur les classes moyennes et qui servent pour l'essentiel à produire des services publics destinés aux mêmes classe moyennes. Il faudra sans doute progressivement porter l'âge de la retraite à 70 ans. Si les Français croient qu'ils pourront impunément continuer à partir en retraite à l'âge de 60 ans, ils se mettent le doigt dans l'oeil.

Imposer les 1% les plus riches ?

Une fois que l'on a diminué la dépense publique, on peut réduire les impôts. La question devient alors de savoir comment répartir ces baisses d'impôts parmi les contribuables. Notamment de savoir si imposer plus lourdement les gens les plus riches risque de compromettre la croissance. Et si c'est vrai, jusqu'à quel point. Les économistes les plus honnêtes vous avoueront qu'en fait ils n'en savent rien. Ils vous diront même qu'en raison de l'affreuse complexité des systèmes fiscaux modernes, ils ne savent même pas quelle part d'impôt les riches paient exactement. Régulièrement, le New York Times publie des articles très richement documentés qui démontrent qu'en réalité les riches paient proportionnellement moins d'impôts que les classes moyennes. Non moins régulièrement, le jour suivant, le Wall Street Journal publie un autre article, tout aussi rigoureusement documenté, qui explique que les Etats-Unis ont en réalité le système fiscal le plus progressif du monde.

L'essentiel, c'est le taux d'endettement

Mon propre point de vue est qu'en tout état de cause il est plus important de réduire la taille de l'Etat que de défendre ce que les 1 % les plus riches ont dans la poche. Quelle que soit la répartition du fardeau fiscal, l'essentiel est de couper dans les dépenses. Quel que soit celui qui gagnera les prochaines élections présidentielles (article écrit avant que la réélection de Barack Obama soit acquise – NdT), il devra présenter au pays un programme qui modifie la trajectoire d'évolution de son rapport dette/PIB. Il sera alors plus que jamais essentiel qu'il adopte pour cela la bonne manière de le faire.

Alberto Alesina

Traduction française par Henri Lepage

Source:Institut Turgot

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Références

- Alesina, Alberto, and Silvia Ardagna (2009), “Large Changes in Fiscal Policy: Taxes Versus Spending”, NBER Working Paper, 15438.

- Alesina, Alberto, Dorian Carloni, and Giampaolo Lecce (2011), “The Electoral Consequences of Large Fiscal Adjustments”, NBER Working Paper, 17655, Decembre 2009.

- Alesina, Alberto, Carlo Favero, and Francesco Giavazzi (2012), “The output effect of fiscal consolidations”, Harvard University.

- Reinhart, Carmen M, and Kenneth S Rogoff (2010), "Growth in a Time of Debt", American Economic Review, American Economic Association, 100(2), 573-78, Mai 2010.

Merci Hollande!! je suis juste un tout petit chef d’entreprise qui décide de quitter la France.

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Ni star de cinéma multimillionnaire, ni richissime homme d’affaires, ni homme politique tricheur, non, juste un tout petit chef d’entreprise, qui, à cause du racket fiscal organisé dans son pays, a décidé de partir vers d’autres horizons moins austères et où l’entreprise est une vertu. Non une maladie…

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L’aventure me paraissait exaltante. Après une vingtaine d’années dans une collectivité territoriale où rien ne pouvait m’arriver, je décidais en 2004 de renoncer à mon statut, mes horaires bien réglés, mes tickets restaurants, etc. J’avais à l’époque la certitude que je détenais quelques compétences en ressources humaines. Un cursus universitaire puis de longues années consacrées à la négociation, des responsabilités d’équipe (presque 50 agents sous ma responsabilité) m’avaient convaincu que cette expertise pouvait se décliner d’une autre manière.

 

 

Par prof Kuing: Depuis quelques années, il y a de nouvelles motivations pour les jeunes Français pour quitter la France et s'installer au Canada.
Ces gens veulent tout simplement améliorer leurs conditions de vie en fuyant la France.
C'est la ruée vers l'ouest.

Le Canada est 6e au classement mondial de la liberté économique (2013 Index of Economic Freedom) quand la France est à la 62e place :

Index of Economic Freedom : http://www.heritage.org/index

Ranking : http://www.heritage.org/index/ranking

Crédit vidéo : Radio Canada :
https://www.youtube.com/watch?v=M9Ujf...

 


Je partais en renonçant à tout et avec le seul soutien de ma famille. Je n’avais plus de chef ni de collaborateurs et subordonnés. J’avais trois mille euros de réserve pour créer une entreprise ! C’était mon souhait, développer une activité de conseils en ressources humaines, animer des sessions de formation à la négociation sociale, apporter de l’expertise à des directions d’entreprise. J’avais une profonde envie de partir sur des chemins incertains, mais motivants.


Mon business plan tenait en quelques lignes et je fus encouragé à l’époque par une association d’anciens directeurs d’entreprise qui m’apporta outils et méthodes. Je me lançais et grâce à mes efforts, je lançais ma petite entreprise de conseil et formation en ressources humaines. À l’époque, j’étais tenté par le portage salarial, mais je trouvais assez vite que l’addition était salée pour des formalités administratives et comptables assez basiques. Et puis je voulais à tout prix mon indépendance.

 

 

Par Prof Kuing, source idem que ci-dessus: Ils sont allés chercher et ont trouvé en Australie ce que la France n'a pas su leur offrir.
Quand la jeunesse française se barre pour fuir l'enfer du marché du travail en France et son cadre de vie.

L'Australie est 3e au classement mondial de la liberté économique (2013 Index of Economic Freedom) quand la France est à la 62e place :

 


Très rapidement en 2006, je créais une EURL et je bouclais mon premier chiffre d’affaires autour de 30 000 €. Sept ans plus tard, j’ai multiplié ce chiffre par 6. Mes semaines font 60 heures et je consacre au moins un week-end sur deux à travailler. Mais j’adore mon métier et rien, jamais, ne me fera regretter quoi que ce soit. Alors oui, je sais profiter de mon travail. Je pars souvent en voyage, j’ai acheté une jolie maison à crédit, j’ai une vie de famille épanouie. Comme dans la publicité, cela c’était avant.


Avant que je comprenne que la France n’aime pas les entrepreneurs qui réussissent. Avant que je saisisse qu’il est toujours plus confortable d’être salarié que de prendre des risques quotidiens pour développer une activité. Le système est pervers. Certes, les dispositifs existent pour entreprendre, mais c’est surtout pour mieux récolter par la suite. Comprendre aussi que notre pays n’aime pas les entreprises, toujours regardées comme des lieux de profits exorbitants. Chef d’entreprise, c’est comme avoir une maladie honteuse. Il est vrai que nos hommes politiques ignorent tout du fonctionnement des entreprises.

 

 

Par Prof Kuing: Les entreprises françaises sont asphyxiées par l'État obèse, par ses lourdes charges et par son administration écrasante, elles n'en peuvent plus, mais le gouvernement actuel a beaucoup de mal à le comprendre car aucun de ses membres n'est passé par la sphère du privé, aucun d'eux n'a jamais géré une entreprise ni créé lui-même de la richesse et des emplois.
La France doit faire le pari de l'entreprise plutôt que de leur mettre des bâtons dans les roues, quand les entreprises vont mal, elles n'embauchent pas.
Pierre Gattaz est chef d'entreprise.

 


Notre président n’a jamais dirigé une société, ni M. Montebourg et ni tous les autres, aujourd’hui comme hier. Nous sommes dirigés par des technocrates englués dans leurs privilèges d’élus alors que la véritable force de notre pays, c’est la richesse créée par les entreprises et leurs salariés. J’aurais dû prendre garde en 2012 quand le premier ministre annonçait à grand coup de médiatisation que la formalité de déclaration d’activité des entreprises dans les tribunaux de commerce était abrogée. Oui, c’est vrai, la déclaration n’est plus nécessaire, mais la taxe, elle, est toujours à payer…

 

 

 

Jean-Louis Mullenbach explique à quel point François Hollande a une méconnaissance effrayante de la gouvernance des entreprises.

http://www.lesechos.fr/entreprises-se...

 


Car j’en arrive à ce constat amer. Il ne faut pas gagner d’argent en France. Ce n’est pas bien. Ce n’est pas moral. Le système pousse à la honte. Et pourtant, il n’y a vraiment rien de très réjouissant. J’ai fait le calcul que sur 100 € gagnés, 55 partent aux racketteurs totalement préhistoriques que sont l’URSSAF, la CIPAV ou le RSI.


En 2012, l’ordre des experts comptables a proposé que l’ensemble des formalités de cotisations sociales soit regroupé et appliqué sur une même année fiscale et non décalée l’année suivante. Refus des fermiers généraux pour la raison que cela aurait conduits à la suppression de centaines de postes. Un système totalement aberrant et archaïque, mais qui perdure dans l’indifférence générale.


Il me reste donc 45 € à intégrer bien entendu dans ma déclaration de revenus. Évidemment, comme j’ai plutôt bien travaillé, je me suis versé des rémunérations et donc je dois payer 35 % d’impôts sur ces 45 €. Il me reste environ 30 euros. Motivant non ? Nos jeunes entrepreneurs le savent ? Nos étudiants qui veulent créer des entreprises perçoivent la perversité du système ? Et nos gouvernants ont-ils une idée de cette réalité ? Des charges sociales totalement démesurées et qui étouffent les entreprises les unes après les autres. Et il y a pire. Les entreprises individuelles, selon une étude de KPMG, sont encore plus taxées. Sur 100 € de facturés, il ne reste que 18 € après le rabotage…

 

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L’État, après s’être attaqué aux grosses entreprises, s’en prend désormais aux artisans, aux TPE, aux PME puisque la banqueroute nationale nous guette. Il faut trouver de l’argent pour payer les intérêts de notre déficit national ou les dépenses somptuaires et totalement inutiles de certaines collectivités territoriales conduites par des barons ignorants des réalités quotidiennes. Et les Français doivent tous payer. Enfin, surtout ceux qui travaillent...


Alors après avoir dressé ce constat, j’ai décidé de quitter la France et d’aller vendre mon expertise ailleurs. Là où les charges sur les entreprises sont limitées à 29 %, là où les entreprises sont considérées comme des leviers de croissance et non comme des vaches à lait, là où diriger une entreprise est une vertu. Je pars, je vends tout, je ne dissimule rien.


J’ai mis la clef sous la porte pour échapper aussi à l’ambiance étouffante de notre pays, un air de plus en plus irrespirable, pollué par les conflits permanents, par l’incompétence répétée des gouvernements qui n’osent jamais prendre des décisions significatives et d’ampleur pour redresser notre économie et qui ne trouvent toujours que la seule solution : taxer, imposer. Et ils tuent le travail, la liberté d’entreprendre.

 

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Je pars et je n’ai pas honte. J’ai payé mes impôts. J’ai créé une entreprise et le système me conduit à la fermer. Je ne suis affilié à aucun syndicat, aucun mouvement professionnel, aucune corporation, aucune loge, aucun lobby.

 

Non, je suis juste un tout petit chef d’entreprise qui décide de quitter la France.

 

PS J’ai dit au revoir à mon jardinier, un jeune de 23 ans. Il a négocié son départ d’une entreprise de climatisation où le travail était trop dur. Avec son chômage et son travail au noir, il touche 2657 € par mois. Net de taxes…


ParClovisVaincu

Source: Les Echos.fr via CGPME (twitter)

 

Et pendant ce temps là, ailleurs:

Grande-Bretagne : forte hausse des CDI et des CDD


Comment expliquer aux français que le libre-échange est plus souhaitable que le protectionnisme.

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Si l’économie va mal, il y a un domaine qui va bien, c’est le protectionnisme. C’est d’autant plus désolant, que, comme nous l’avions montré il y a peu, les échanges internationaux sortent les pays de la pauvreté. La Nouvelle Lettre du 15 juin avait déjà tiré le signal d’alarme à propos de la guerre commerciale entre l’Union Européenne et la Chine, puis la France a contraint ses partenaires à mettre en avant l’exception culturelle dans les relations entre l’Europe et les Etats-Unis (Jacques Garello lui a consacré son éditorial du 24 juin). Au-delà de ces exemples, on voit fleurir partout les innovations protectionnistes. Ce n’est pas une bonne nouvelle : le nationalisme économique est un facteur de tension, voire de guerre.

 

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Le libre-échange, porteur de concurrence et de paix

Il est habituel d’expliquer les bienfaits du libre échange par l’idée de Ricardo : la division internationale du travail. Le monde entier s’organiserait comme un vaste atelier au sein duquel chaque pays se spécialiserait dans l’activité pour laquelle il aurait « l’avantage comparatif » le plus élevé. Les parfums et la haute couture seraient l’apanage de la France, les voitures celui de l’Allemagne, les ordinateurs celui du Japon, les avions celui des Etats Unis, etc. Ces exemples démontrent l’insanité de la thèse, les deux tiers des échanges extérieurs sont « croisés » (ou intra-sectoriels), pratiqués entre pays produisant les mêmes biens et services : voitures allemandes importés par des Français et réciproquement. Cette erreur d’analyse conduit malheureusement à des conclusions dangereuses : le libre échange condamnerait un pays à renoncer à des pans entiers de son activité (par exemple, l’agriculture française serait condamnée). Elle conduit aussi à penser que le commerce extérieur est une affaire d’Etat, alors qu’il est naturellement échange entre individus, agents économiques consommateurs et producteurs, sans considération de leur nationalité.

 

 

 

Par Prof Kuing: Le protectionnisme est une atteinte au marché libre, à la liberté du commerce et des échanges.
C'est une décision politique, toujours engagée par un ou plusieurs États.
Et ça finit toujours mal.

crédit vidéo : Atlas Network :
http://www.youtube.com/watch?v=LhlEey...

 


Le vrai sens du libre échange est d’élargir l’espace des échanges, le nombre et la diversité des échangistes, et de permettre ainsi une concurrence plus féconde. La concurrence est un puissant stimulant pour les entreprises en les poussant à s’adapter, à découvrir de nouveaux produits, de nouveaux marchés, de nouvelles techniques, etc. Mais aussi, comme l’expliquait Frédéric Bastiat, puisque l’économie doit toujours être regardée du point de vue des consommateurs, le libre-échange leur offre des produits plus diversifiés et moins coûteux : il accroît le pouvoir d’achat, ce qui explique que l’ouverture au libre échange a permis à des milliards d’individus de continents entiers d’ échapper à la misère.


Le « doux commerce », comme disait Montesquieu, est un facteur de paix : pour échanger, pas besoin d’être d’accord sur tout ; des peuples qui se sont durablement opposés, s’ils se mettent d’accord sur les règles du jeu, vont tisser des liens économiques qui rendront la guerre quasi-impossible. C’est ce qu’avait compris Napoléon III, lorsqu’il a signé sous l’influence de Cobden et de Michel Chevalier le traité de commerce avec l’Angleterre ; c’est ce qu’avaient compris les pères fondateurs de l’Europe, Gasperi, Schuman et Adenauer : c’est la liberté économique qui a ramené la paix sur notre continent et les liens culturels et amicaux sont venus après les échanges commerciaux. En sens inverse, le nationalisme économique a joué un rôle, aux côtés du nationalisme politique, dans l’enchaînement fatal qui a suivi la crise de 1929.

 

 

Par Prof Kuing: Les marchés du présent et du futur se trouvent hors de l'Europe, dans les endroits du monde en croissance.
L'Europe ne peut pas se permettre de faire du protectionnisme sinon elle court à sa perte.

Daniel Hannan - MEP :
http://www.europarl.europa.eu/meps/fr...

Crédit vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=Uk4oSw...

Merci à Stéphane Geyres : http://lamaininvisible.org

 

 

Protectionnisme monétaire

Si nous ne sommes pas en 1929, nous pouvons cependant être inquiets des signes de protectionnisme. Il y a le protectionnisme monétaire : nous sommes théoriquement en changes flottants, mais ce flottement est impur et les Banques Centrales ne se privent pas d’intervenir pour manipuler leurs monnaies, par les taux d’intérêt ou une intervention directe. Les Chinois, dont le Yuan n’est pas convertible, sous-estiment volontairement la valeur de leur monnaie, les Japonais font tout pour que le Yen perde de la valeur, les Américains font de même avec le dollar : chacun pousse aux « dévaluations compétitives », terme impropre, mais qui dit bien que l’on cherche à regagner par la manipulation des monnaies ce que l’on a perdu en compétitivité. Que de plaidoiries entendues sur les dégâts de l’« euro fort » qui, visiblement, n’a pas freiné les exportations allemandes ! 

 

Protectionnisme tarifaire

La forme habituelle du protectionnisme, en dehors des contingentements qui ont largement disparu, c’est d’enchérir artificiellement les prix des produits importés par des droits de douane. Les mercantilistes utilisaient le procédé, aux XVI° et XVII° siècles, et le protectionnisme de l’entre-deux guerres reposait largement sur ce principe. En 1947, les droits de douane étaient en moyenne supérieurs à 40% et c’est grâce aux négociations du Gatt puis de l’OMC qu’ils ont été réduits, tombant autour de 5%, mais pas supprimés, surtout dans certains secteurs. Le blocage du cycle de Doha est un signe des résistances qui existent dans ce domaine.


Un autre signe est fourni par les « exceptions » : nous sommes pour le libre-échange, certes, mais pas partout. La France a convaincu ses partenaires de la nécessité d’une exception culturelle, qui n’aura pour effet que d’affaiblir encore plus ce secteur, déjà rendu fragile par les subventions. Chacun veut son exception. Les agriculteurs de la FNSEA défendent « l’exception agricole française ». Lors du salon « Vinexpo », le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a expliqué que « le vin n’est pas un produit comme les autres ».


Le problème n’est pas spécifiquement français, et chacun est tenté de voir dans ses « spécialités » une exception qui doit échapper au libre-échange. D’exception en exception, on entre dans une logique mortifère de sanctions successives : on met un embargo contre les importations de panneaux solaires fabriqués en Chine, les Chinois ripostent à propos du vin français ou des voitures allemandes. On bloque l’acier américain, les Américains se vengent sur le fromage. Le protectionnisme est contagieux, il se répand comme un virus.

 

 

Par Prof Kuing: L'État français veut pousser l'UE à taxer les panneaux solaires chinois ? Qu'à cela ne tienne, le Chine va taxer le vin français avec des conséquences dramatiques sur de petites exploitations viticoles françaises.

 

 

Les obstacles non-tarifaires

Mais il y a aussi la multiplication des normes, mises en place, officiellement pour des raisons sociales ou environnementales. Le but affiché est toujours « social » : protéger les enfants, la santé, les salariés, etc. La réalité est moins avouable : ces normes servent juste à écarter les produits étrangers, car elles correspondent, heureux hasard, aux habitudes nationales !


Le Monde consacrait récemment deux pages à ce « nouveau visage du protectionnisme ». On compte dans les pays membres de l’OMC 11 288 mesures sanitaires et phytosanitaires, concernant les produits alimentaires et les animaux et végétaux, (dont plus de 2 000 depuis le début de l’année !) et 15 560 obstacles techniques au commerce, concernant des règlements, normes et autres procédures de certification. Le Monde cite un bref florilège. On appréciera la pêche de crevettes uniquement par des moyens respectueux des tortues marines, la couleur imposée des fusées de détresse d’un yacht, les interdictions de maïs OGM, de viande de bœuf aux hormones ou de poulet lavé au chlore, les seuils de pollution des voitures ou les fleurs sans résidus de pesticide. Il n’est pas certain que tout cela soit uniquement justifié par des raisons de santé publique ! C’est l’un des rôles de l’OMC que de lutter contre ce type de protectionnisme galopant.

 

 

L'Europe va taxer les produits chinois et faire du protectionnisme, faisant ainsi payer plus cher les consommateurs européens.
N'oublions pas que c'est toujours le consommateur en bout de chaine qui paye une taxe. Autant d'argent dont il serait privé et qu'il ne pourra pas injecter lui-même dans l'économie.
Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas... l'histoire du panneau solaire cassé.

 


Faut-il être pessimiste devant cette renaissance du nationalisme économique? Certes la vigilance s’impose, les Etats montent les peuples les uns contre les autres. Mais la mondialisation a maintenant plus de vingt ans d’âge, depuis la chute du mur de Berlin, et il n’y a plus de « vrais » produits nationaux : produire français ne signifie plus grand-chose. Les pays émergents ont besoin du libre-échange pour soutenir leur développement. Beaucoup de membres de l’Union Européenne et le G8 lui-même s’inquiètent des risques protectionnistes. Mais le péril protectionniste disparaîtra quand on aura appris aux Français, comme aux autres, qu’ils peuvent bénéficier des bienfaits du libre-échange. Ce ne sera pas le plus facile.


par Jean Yves Naudet


LE PROTECTIONNISME, UN SECTEUR EN PLEIN BOOM !

 


Source: Libres.org , Aleps parJacques Garello

 

 

 

Un avis contraire en lien avec les commentaires du parti de gauche et son protectionnisme solidaire:

Le Protectionnisme: notre espoir économique (François Ruffin)

Le manque d'efficience de nos gouvernances, pourquoi?

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La question de la compétence des décideurs politiques est un débat récurrent, notamment dans les domaines liés à l'économie, et à fortiori en période de crise. L'idée sous-jacente est que des gouvernants incompétents ont une propension plus forte à prendre de mauvaises décisions.

 

90676549.jpg"Le changement c'est maintenant"

 

En prenant ces mauvaises décisions, ils auraient engendré la crise, ou en tout cas l'auraient favorisée ou aggravée, et ils seraient maintenant incapables d'y mettre un terme du fait de leur incompétence. Une étude américaine (voir l'étude) essaye de mettre en relation compétences techniques et niveau de responsabilité. Si l'étude ne permet pas d'identifier un effet de cause à effet entre compétence et résultats, il en ressort néanmoins un certain nombre de conclusions intéressantes.

 

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Eléments de compréhension des données

L'étude concerne 1200 décideurs politiques issus des pays de l'Union Européenne et de l'OCDE entre 1973 et 2010.  L'étude se concentre uniquement sur les postes politiques dont le domaine est directement lié à la gestion de la politique économique d'un pays, et pas aux fonctions périphériques. L'étude se concentre uniquement sur les périodes démocratiques des pays étudiés. Typiquement, l'analyse du Chili ne porte pas sur les années antérieures à 1990 pendant lesquelles le Général Pinochet était à la tête du pays.

 

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Les hauts taux tuent les totaux, trop d'impôt tue l'impôt, l'économie est en berne, plus rien ne bouge, les ménages consomment moins, les investisseurs sont refroidis et les rentrées fiscales ne sont donc plus au rendez-vous.
François Hollande apprend (un peu tard) ce qu'est la courbe de Laffer.
Nicolas Doze.

 


Les trois figures en anglais ci-dessus sont directement tirées de l'étude en question. Chaque figure représente une catégorie de décideur politique : Premiers Ministres, Ministres des Finances, gouverneurs des banques centrales. L'axe vertical représente les pays étudiés. L'axe horizontal représente la part de décideurs qui se sont succédé au poste étudié en fonction de leur niveau de diplôme en économie depuis 1973. Le rond rouge correspond à un Doctorat en économie, le triangle bleu correspond à un Master en économie, et enfin le carré gris correspond à une Licence en économie.

 

 

Par Prof Kuing:  

Fiscalité et amendement de la Loi Hamon, Nicolas Doze met de doigt sur les dernières incohérences du gouvernement Ayrault.


Afin de donner un exemple de lecture, prenons le cas des Ministres français des Finances qui se sont succédé depuis 1973. L'analyse des résultats indique que seulement 10% d'entre eux détenaient un Doctorat, 15% une Licence et 20% un Master. Il est probable que les Ministres ayant ces titres universitaires soient en réalité les mêmes, autrement dit que ceux avec un Doctorat détiennent probablement aussi une Licence et un Master.


L'observation rapide des trois figures indique que la grande majorité des premiers ministres qui se sont succédé depuis 1973 dans les pays étudiés ne détenaient pas de diplômes universitaires en économie. Le constat est le même pour les Ministres des Finances, même si la proportion est néanmoins un peu plus élevée. En revanche, la grande majorité des banquiers centraux détenaient un diplôme universitaire en Economie.

 

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Sept conclusions majeures de l'étude

Dans les conclusions qui suivent, le sens de "compétent" doit être entendu comme "diplômé en économie".


1) Les décideurs politiques ont tendance à devenir plus compétent lorsque le pays est touché par une crise financière.

2) Les pays de la zone euro sont les pays avec le moins de premiers ministres compétents.

3) Plus les pays sont une démocratie récente, plus les décideurs politiques sont compétents.

4) Les gouvernements de gauche sont moins compétents hors période de crise mais plus compétents en période de crise.

5) Les systèmes présidentiels ont des Ministres des Finances plus compétents.

6) Plus le gouvernement est en poste depuis longtemps, moins les Ministres des Finances sont compétents, mais plus les banquiers centraux le sont.

7) Plus le niveau général moyen des diplômes tous domaines confondus est élevé parmi les décideurs politiques, plus le niveau de compétence technique en économie est faible.

 

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L'étude soulève un certain nombre de réflexions

Il est généralement reconnu deux qualités à un décideur politique: sa probité et sa compétence. Autant le critère de la probité est difficile à évaluer et revêt un caractère subjectif, autant celui de la compétence peut être évalué au regard de critères objectifs : les diplômes dans une spécialité donnée. Dès lors, même si le critère du diplôme n'est pas forcément pertinent pour évaluer la compétence d'un homme, il permet néanmoins d'appliquer une grille de lecture objective permettant de réaliser des comparaisons.

 

 

Par Prof Kuing: Le gouvernement continue d'enfumer les Français
Un agent public coût environ 1,5 million d'euros au contribuable mais Vincent Peillon crée de nouveaux postes coûtant 100 milliards d'euros hors bilan.
Quant aux 60 milliards de baisse des dépenses 2017, ça semble très mal parti.
Rajoutons les emplois bidon de François Hollande et le dérapage du déficit budgétaire pour 2013, nous sommes en pleine dérive du gouvernement.

 


Le critère de compétence ne garantit pas l'efficacité des politiques. En effet, au-delà du caractère pertinent ou non des mesures prises, l'efficacité d'une politique tient au moins autant à la capacité de s'entourer qu'à la compétence intrinsèque du décideur politique. Ainsi, le fait de maîtriser un domaine donné (ici l'économie) n'implique pas nécessairement la capacité à comprendre et à utiliser à bon escient les rouages  de l'administration pour rendre efficaces les politiques menées. Enfin, un bon technicien peut également être un piètre politicien, qui ne réussit pas à faire accepter les réformes et les changements dans la société, autrement dit la forme est souvent aussi importante que le fond dans les sociétés démocratiques.

 

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La compétence des décideurs politiques correspond aussi à une logique d'offre et de demande.

  • En effet, du côté de la demande, il ne faut pas oublier que dans les sociétés démocratiques, c'est le choix du peuple qui détermine les dirigeants politiques d'un pays. Autrement dit, même si les postes en question ne sont pas forcément issus du suffrage universel direct, il n'en demeure pas moins que les décideurs politiques en poste sont généralement le reflet du souhait né d'un vote démocratique. Si ce dernier n'est pas en faveur de personnalités compétentes, il n'y a pas de raison pour que les décideurs politiques reflètent un choix différent de celui du peuple.
  • Enfin, du côté de l'offre, il faut d'une part que les pays en question aient suffisamment de personnes compétentes, et d'autre part, il faut que les partis politiques traditionnels proposent aux électeurs ces personnels compétents.

Par Sylvain Fontan

Etude sur les compétences techniques des décideurs politiques

 

Source:

Comprendre l'économie : leconomiste.eu

"Détruire la concurrence, c’est tuer l’intelligence" - Frédéric BASTIAT

Les fondations du libéralisme strict par Anthony de Jasay

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Ce passage est extrait de la deuxième partie de l'exposé d'Anthony de Jasay sur le libéralisme. Cette partie s'occupe du "libéralisme strict" (strict liberalism), opposé au "libéralisme vague" (loose liberalism) analysé dans la première partie et qui est, lui, orienté vers des buts précis, en particulier celui de maximiser la liberté en définissant de nombreux droits, sans vraiment saisir la contrepartie : les nombreuses obligations.


Il est une propriété du raisonnement déductif dont peu de gens sont conscients : lorsque nous énonçons un système d'axiomes (de propositions qu'il faut considérer comme acceptées), nous ne pouvons pas, en règle générale, prédire toutes les conséquences qui en résulteront au cours du temps [1]. Les principes fondamentaux énoncés dans ce chapitre ont été sélectionnés en espérant que l'exploration de leur contenu latent dévoilera petit à petit les contours théoriques d'une ordre politique qui sera "strictement libéral".


Cet ordre est voulu libéral, un terme que j'interprête de façon minimale comme : présentant le moins d'obstacles aux hommes et aux femmes qui veulent atteindre, avec les moyens disponibles, les fins qu'ils ont choisi pour eux-mêmes. Un ordre libéral n'est pas conçu pour augmenter, transformer ou redistribuer les moyens, ni pour promouvoir la conquête maximale de certaines fins spécifiées, que ce soit "la liberté" ou tout autre but désirable. Cet ordre est voulu strict, n'offrant que peu de possibilités d'interprétation discrétionnaire ; il doit fournir des conseils non ambigus, non seulement à propos de ce que l'Etat peut ou ne peut pas faire aux individus sans leur consentement, mais aussi de manière plus cruciale à propos de ce sur quoi ils sont supposés ou non avoir consenti. Libéral et strict, cet ordre cherche à extraire la politique du champ de la coexistence sociale autant qu'elle se laissera enlever - un objectif peut-être un peu énigmatique, dont le sens deviendra progressivement plus clair au fur et à mesure de la discussion.


La théorie, si elle était totalement développée et soumise au test du temps, pourrait ne pas tourner comme prévu. Pour le moins, cependant, ses fondations doivent être posées de telle manière qu'il soit aussi difficile que possible à la structure éventuelle de revenir au libéralisme vague. Il doit être difficile à la théorie de fournir, même caché entre les lignes, un mandat implicite au gouvernement pour "faire le bien" à chaque fois que cela est considéré possible. Et elle ne doit pas finir par justifier l'imposition de choix politiques sous le motif que les avantages qui en résulteraient pour certains auraient plus de poids que les revers subis par les autres.


Travailler à partir des résultats attendus pour retourner aux principes fondamentaux qui devraient les produire n'est possible, et intellectuellement honnête, que jusqu'à un certain point. Les principes choisis ne doivent pas être argumentés. Ils doivent être auto-évidents ; si ce n'est pas le cas, les hommes raisonnables doivent les considérer comme indiscutables ; si ce n'est pas non plus le cas, ils doivent au moins faire grandement appel à l'intuition. En outre, ils ne doivent pas être redondants et doivent être suffisants, ce qui veut dire que, pris ensemble, ils doivent décrire de façon adéquate les contours de base d'un système politique sans affirmations superflues.


Enfin - et c'est l'exigence la plus évidente mais une exigence plutôt délicate - ils ne doivent pas permettre des déductions mutuellement contradictoires. Pour prendre un exemple classique, un système de principes politiques fondamentaux qui, une fois que ses implications sont étudiées, se trouve demander à la fois une allocation des ressources par les décisions décentralisées de ceux-là mêmes qui possèdent ces ressources (afin de permettre l'efficacité du marché libre), et leur distribution par un choix collectif (pour assurer la justice sociale), présente une auto-contradiction interne. Un tel système ne peut pas fournir de conseils ; ses indéterminations et ses ambiguïtés doivent être surmontées par la discrétion d'un jugement et l'utilisation du pouvoir politique. Les résultats sembleront bons à certains et mauvais à d'autres, mais on aurait pu les atteindre plus directement, sans suivre le chemin douteux et confus de la théorie politique hybride en question, et la société ne serait pas en plus mauvaise position si une telle théorie n'avait jamais été proposée.


Pour toutes ces raisons, en plus de n'être que partiellement renseignés sur les résultats stricts et cohérents que nous voulons en tirer, le choix des principes est désespérément limité par la rareté des candidats potentiels. Rien de tout cela n'excuse les défauts du résultat, tel qu'il est.


Je propose d'utiliser six "pierres de fondation" - trois axiomes de choix, troix préceptes de coexistence sociale :

(1) Les individus peuvent, et seuls eux peuvent, choisir (axiome de l'individualisme).

(2) Les individus peuvent choisir pour eux-mêmes, pour d'autres ou pour les deux (axiome de la politique).

(3) Le but de choisir est de prendre le terme préféré d'une alternative (axiome de la non-domination).

(4) Les promesses doivent être tenue (précepte du contrat).

(5) Premier arrivé, premier servi (précepte de la priorité).

(6) Toute propriété est privée (précepte de l'exclusion).

Même si nous ne pouvons pas prévoir totalement les conséquences de ces principes et affirmer catégoriquement ce qu'ils impliquent, nous essaieront au moins, dans la suite de ce chapitre, d'explorer leur signification la plus apparente. [..., suite dans le livre de De Jasay] 

 

Note

[1]. Ce point a été porté à mon attention par Gerard Radnitzky, le philosophe allemand (cf. W.W. Bartley III, Unfathomed Knowledge, Unmeasured Wealth, La Salle, Ind. : Open Court, 1990, pp. 34-39).

 

par Anthony de Jasay

traduit par Hervé de Quengo

A la recherche des fondations du libéralisme strict

extrait de Choice, Contract, Consent : A Restatement of Liberalism (1991)

publié par The Institute of Economic Affairs;

 

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Anthony de Jasay

De Wikiberal:

Anthony de Jasay, né à Aba, Hongrie, en 1925, est un économiste anglo-hongrois vivant en France. C'est un représentant contemporain de l'école autrichienne et de l'école du Choix Public.

Bien que sa formation initiale soit en tant qu'économiste, ses écrits portent également intérêt à la philosophie politique, s'appuyant sur ces deux axes il est un des plus grands philosophes libéraux.

 

Auteur de L'État, (en)The State, le thème essentiel concerne la manière dont l'État et la société interagissent. Il se questionne sur la nature intrinsèque du pouvoir politique et sur les différentes visions instrumentales de l'État. Il évoque notamment l'obéissance politique provoquée par l'État à travers le recours à la vieille triade de la répression, la légitimité et le consentement d'une infime fraction de la société qui fini par réprimer le reste de la société.

 

Détail de la cagnotte parlementaire "d'intérêt général" ou l'argent des contribuables pour pérenniser l'élection de barons locaux

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Le classement des députés les plus dépensiers

Presque hors compétition, Bernard Accoyer remportait en 2011 la palme de la plus grosse réserve, avec près de 12 millions d’euros. Au menu des dépenses : une Maison de la danse, l’aménagement d’un stade de football ou encore la construction d’une crèche, avec chaque fois un chèque de 200 000 euros. En deuxième position, Gilles Carrez, député du Val-de-Marne et rapporteur général de la commission des Finances de l’Assemblée, avait à sa disposition 3,85 millions d’euros. L’ex-président du Sénat Gérard Larcher ferme le podium, avec 3,1 millions d’euros. À noter que la répartition de l’enveloppe entre majorité et opposition était aussi très inégalitaire. Les députés UMP avaient en moyenne cinq fois plus de moyens à leur disposition que les élus PS. Pas revancharde, la majorité socialiste a décidé que chaque élu devait désormais disposer de la même somme, soit 130 000 euros par tête.

Source Le Point

 

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Plus de mille pages de documents, des dizaines de tableaux, des centaines de communes, des milliers de projets… Pour la première fois, la valise de la réserve parlementaire est ouverte. Grâce à la ténacité d’un professeur de mathématiques, Hervé Lebreton, qui voulait "montrer que les citoyens peuvent agir en démocratie", le ministère de l’intérieur a fini par dévoiler l’utilisation, pour l’année 2011, de cette enveloppe de 150 millions d’euros distribuée chaque année entre les parlementaires pour financer des projets "d’intérêt général".

 

 

 

 


Une ligne budgétaire en hausse constante depuis 2008 (+ 29 % en cinq ans), orientée à 90 % sur les collectivités et à 10 % vers les associations et les fondations – seules subventions sur lesquelles l’intérieur n’a pas transmis d’informations. Inscrit dans aucun texte, le système repose sur une coutume qui remonte, pour certains, aux années 1970, pour d’autres à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. La réserve parlementaire se maintient et l’exploration des informations recueillies sur l’année 2011 donne des enseignements précieux sur cet archaïsme de la République.


Lire : "A quelles associations profite la réserve parlementaire ?"

 

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Un système arbitraire Avant les premières réformes impulsées par la nouvelle majorité, l’arbitraire régnait en maître. Au début, même, "seuls les membres de la commission des finances étaient au courant de son existence. Ils se partageaient la cagnotte entre eux", selon le député René Dosière (PS, Aisne). En 2011, encore, les mieux lotis étaient dans la majorité : quand un député UMP pouvait octroyer, en moyenne, 191 000 euros de subventions, un élu PS devait se contenter de 39 000 euros.


Au sein même de l’UMP, les écarts étaient flagrants entre le premier d’entre eux, le président de l’Assemblée de l’époque, Bernard Accoyer (11,9 millions) et le tout dernier, le député du Nord Sébastien Huyghe (1 319 euros). Dans le carré de tête, trois autres hommes, tous haut placés : Gilles Carrez, alors rapporteur du budget à l’Assemblée (3,85 millions), Gérard Larcher, à l’époque président du Sénat (3,13 millions) et Philippe Marini, ex-rapporteur du budget au Sénat (2,7 millions).

 

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Une aide au financement pour les communes Parmi les 222 parlementaires également maires en 2011, plus de la moitié (112) ont utilisé une partie de leur réserve parlementaire pour financer un projet dans leur commune, et 78 d’entre eux y ont consacré plus de la moitié de leur enveloppe. Ainsi, M. Carrez a versé l’intégralité de sa réserve à sa ville du Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) pour aider à financer 51 projets, allant de l’aménagement urbain à l’acquisition de matériel informatique. Jean-François Copé, député de Seine-et-Marne et maire de Meaux, a quant à lui utilisé ses 200 000 euros pour subventionner une nouvelle salle des fêtes, dans sa ville de Meaux.

Noël Mamère, député écologiste de la Gironde et maire de Bègles, a utilisé sa réserve dans sa commune pour un montant total de 26 000 euros, auxquels s’ajoutent 3 000 euros perçus au titre de la réserve d’Yves Cochet, ancien député écologiste de Paris.

 

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Des subventions externalisées Ils sont un petit pourcentage (4,8 %) à utiliser leur réserve en dehors de leur circonscription – ce qui représente tout de même 14 % du montant global de la réserve parlementaire. Ainsi, M. Accoyer a certes pu octroyer les subventions les plus généreuses, mais il en a fait bénéficier 44 départements, en portant des projets au nom d’autres députés.

Idem pour Gérard Larcher, qui a financé des projets dans 39 départements ou encore pour le sénateur socialiste David Assouline, vice-président de la commission de la culture, dont l’importante réserve de 636 000 euros correspond à l'ensemble des doléances de ses collègues qu'il était chargé de rassembler. Laurent Fabius, à l’époque député de la Seine-Maritime, ou Xavier Bertrand (UMP, Aisne) ont externalisé leurs subventions vers leur lieu de vacances : Carla-Bayle en Ariège pour le premier et le village d’Aregno (Haute-Corse) pour M. Bertrand, d’où est originaire sa femme, et où il a participé à la rénovation des portes de l’église.

 

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Des fonds à visée électoraliste L’utilisation de la réserve parlementaire soulève un véritable conflit d’intérêts en ce qui concerne les sénateurs, dont l’élection dépend des élus locaux. Selon un calcul de Mediapart, M. Larcher, l’ancien président du Sénat, a orienté 83 % de ses 3,13 millions de réserve vers des communes concernées par le renouvellement sénatorial de septembre 2011. Le président du groupe radical du Sénat, Yvon Collin, admettait à cette époque avoir fait bénéficier des collègues renouvelables d’une partie de sa réserve.


Côté Assemblée, M. Carrez, député du Val-de-Marne, a financé le renforcement d’une route dans la Vienne… où son attaché parlementaire entre 2004 et 2010, Enguerrand Delannoy, allait être candidat aux législatives de 2012. En Eure-et-Loir, le maire de Maillebois, Vincent Gajas, a bénéficié d’une part de la réserve de François Trucy, sénateur (UMP) du Var, dont il est l’attaché parlementaire.

 

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Réformer sans supprimer Les réformes mises en place par la gauche, fin 2011 au Sénat puis en 2012 à l’Assemblée, ont changé la donne. Chaque parlementaire se voit désormais attribuer le même montant (environ 130 000 euros), avec double ration pour les responsables de groupe et bonus pour les élus à des postes à responsabilités. Claude Bartolone, président de l’Assemblée, a décidé de rendre publique, chaque année, l’utilisation de la réserve parlementaire.


Rares sont ceux qui plaident pour sa suppression, à l’instar de René Dosière. Les partisans de son maintien la jugent nécessaire pour compenser les inégalités entre Paris et les régions, d’autant plus en période de restriction des dotations publiques. Personne ne veut être le premier à baisser la garde, car les élus locaux connaissent le système et attendent à la caisse.

 

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Par Hélène Bekmezian et Alexandre Léchenet

 

Explorez les 150 millions de subventions de la réserve parlementaire

Source:Le Monde

 

Voir détail aussi ici source directe:

Hervé Lebreton vient de le rendre disponible à tous sur le site de son association.

Le "peuple"trompé par les fausses idées de l'anti-capitalisme, il est disposé en faveur du socialisme.

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1. La capitalisme tel qu'il est et tel qu'il est vu par l'homme ordinaire

L'émergence de l'économie comme nouvelle branche de la connaissance fut l'un des événements les plus prodigieux de l'histoire de l'humanité. En ouvrant la voie à l'entreprise capitaliste privée, elle transforma en quelques générations toutes les affaires humaines de façon plus radicale que ne l'avaient fait les dix mille années précédentes. A partir du jour de leur naissance et jusqu'à leur mort, les habitants d'un pays capitaliste tirent bénéfice à chaque minute des merveilleuses réalisations des méthodes capitalistes de pensée et d'action.

 

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La chose la plus étrange concernant le changement sans précédent des conditions matérielles auquel a conduit le capitalisme, c'est qu'il fut accompli par un petit nombre d'auteurs et un nombre à peine plus grands d'hommes d'État qui assimilèrent leurs enseignements. Non seulement les masses apathiques, mais aussi la plupart des industriels qui mettaient en œuvre les principes du laissez-faire dans leurs affaires commerciales, n'arrivaient pas à comprendre les caractéristiques essentielles de leur action. Même aux beaux jours du libéralisme, seules quelques personnes comprenaient pleinement le fonctionnement d'une économie de marché. La civilisation occidentale a adopté le capitalisme sur la recommandation d'une petite élite.

 

 

Par Prof Kuing: À l'occasion de la tentative de retour de Nicolas Sarkozy dans la vie politique, Alain Madelin, Jean-Marc Daniel et Jean-Louis Mullenbach reviennent sur la politique socialiste et keynésienne menée par l'ancien président lors de son mandat.

 

Il y avait, dans les premières décennies du XIXe siècle, de nombreuses personnes qui considéraient leur propre manque de familiarité avec les problèmes en jeu comme un sérieux défaut et qui souhaitaient ardemment y remédier. Dans les années qui séparent Waterloo de Sébastopol, il n'y avait en Grande-Bretagne pas de livres dans lesquels on se plongeait avec plus d'ardeur que les traités d'économie. Mais la mode tomba rapidement. Le sujet était trop dur pour le lecteur moyen.

L'économie est tellement différente des sciences naturelles et de la technique d'une part, de l'histoire et de la jurisprudence de l'autre, qu'elle semble étrange et repoussante au débutant. Sa singularité heuristique est regardée avec suspicion par ceux dont le travail de recherche est effectué en laboratoire ou dans les archives et les bibliothèques. Sa singularité épistémologique apparaît comme un non-sens aux doctrinaires à l'esprit étroit du positivisme. Les gens voudraient trouver dans un livre d'économie une connaissance qui corresponde parfaitement à leur image préconçue de ce que devrait être l'économie, à savoir une discipline modelée selon la structure logique de la physique ou de la biologie. Ils sont désorientés et cessent d'affronter sérieusement les problèmes dont l'analyse nécessite un effort mental inaccoutumé.

Le résultat de cette ignorance est que les gens attribuent toutes les améliorations des conditions économiques aux progrès des sciences naturelles et de la technique. D'après eux, il prévaudrait dans le cours de l'histoire humaine une tendance automatique au progrès continuel des sciences expérimentales de la nature et de leur application pour ce qui est de résoudre les problèmes techniques. Cette tendance serait irrésistible, elle serait inhérente à la destinée de l'humanité et son action se manifesterait quelle que puisse être l'organisation économique et politique de la société. Selon eux, les améliorations techniques sans précédent des deux cents dernières années ne furent pas causées ou favorisées par les politiques économiques de l'époque. Elles ne furent pas une réussite du libéralisme classique, du libre échange, du laissez-faire et du capitalisme. Elles continueront par conséquent avec tout autre système d'organisation économique de la société.

Les doctrines de Marx n'ont reçu l'assentiment que parce qu'elles avaient adopté cette interprétation populaire des événements et qu'elles l'ont recouvert d'un voile pseudo-philosophique la rendant agréable à la fois au spiritualisme hégélien et au matérialisme sommaire. Dans la construction de Marx, les « forces matérielles de production » sont une entité surhumaine indépendante de la volonté et des actions des hommes. Elles suivent leur propre chemin, qui est prescrit par les lois inévitables et insondables d'une puissance supérieure. Elles changent mystérieusement et obligent l'humanité à ajuster son organisation sociale à ces changements ; car les forces matérielles de production évitent une chose : rester enchaînées par l'organisation sociale de l'humanité. Le contenu essentiel de l'histoire se situe dans la lutte des forces matérielles de production pour se libérer des liens sociaux qui les maintiennent prisonnières.

Autrefois, enseigne Marx, les forces matérielles de production prenaient la forme du moulin à bras, et elles ont arrangé les affaires humaines selon le modèle du féodalisme. Quand, plus tard, les lois impénétrables déterminant l'évolution des forces matérielles de production ont remplacé le moulin à bras par le moulin à vapeur, le féodalisme dut faire place au capitalisme. Depuis, les forces matérielles de production se sont encore développées, et leur forme actuelle réclame impérativement de substituer le socialisme au capitalisme. Ceux qui essaient d'empêcher la révolution socialiste se sont engagés dans une tâche sans espoir. Il est impossible d'endiguer la vague du progrès historique.

Les idées des partis dits de gauche diffèrent entre elles de bien des façons. Mais elles sont toutes d'accord sur un point. Elles considèrent toutes l'amélioration continue des conditions matérielles comme un processus automatique. Le syndicaliste américain considère son niveau de vie comme garanti. Le destin a déterminé qu'il devait jouir de biens qui étaient refusés même aux personnes les plus prospères des générations précédentes et qui sont encore refusés à de nombreux hommes non américains. Il ne lui vient pas à l'esprit que le « farouche individualisme » du grand capital ait pu jouer un quelconque rôle dans l'émergence de ce qu'il appelle le « mode de vie américain ». A ses yeux, le « patronat » représente les revendications injustes des « exploiteurs » qui veulent le priver de ses droits innés. Dans le cours de l'évolution historique il existe, pense-t-il, une tendance à l'accroissement continu de la « productivité » du travail. Il est évident que les fruits de cette amélioration lui appartiennent exclusivement de droit. C'est grâce à ses mérites que — à l'époque du capitalisme — tend à s'accroître le rapport obtenu par la valeur du produit fabriqué par les industries de transformation divisée par le nombre de bras employés.

En vérité, l'accroissement de ce qu'on appelle la productivité du travail est dû à l'utilisation de meilleurs outils et de meilleures machines. Une centaine d'ouvriers d'une usine moderne produisent par unité de temps plusieurs fois ce qu'une centaine d'ouvriers avaient l'habitude de produire dans les ateliers des artisans pré-capitalistes. Cette amélioration n'est pas conditionnée par un talent supérieur, une meilleure compétence ou une application plus grande de la part du travailleur individuel. (C'est un fait que la compétence réclamée aux artisans médiévaux se situait bien plus haut que celle de nombreuses catégories d'ouvriers d'usine actuels). Elle est due à l'emploi d'outils et de machines plus efficaces qui, à leur tour, sont un effet de l'accumulation et de l'investissement d'un capital plus grand.

Les termes capitalisme, capital et capitalistes ont été employés par Marx et le sont aujourd'hui par la plupart des gens — y compris par les agences de propagande officielle du gouvernement des États-Unis — avec une connotation d'opprobre. Ces mots pointent pourtant de manière pertinente vers le facteur principal, dont l'action a produit toutes les merveilleuses réussites des deux cents dernières années : l'amélioration sans précédent du niveau de vie moyen pour une population continuellement en augmentation. Ce qui distingue la situation industrielle moderne des pays capitalistes de celle des âges pré-capitalistes ainsi que de la situation ayant cours aujourd'hui dans les pays dits sous-développés, c'est le montant de l'offre de capitaux. Aucune amélioration technique ne peut être mise en pratique si le capital nécessaire n'a pas été auparavant accumulé par l'épargne.

L'épargne — l'accumulation de capital — est l'intermédiaire qui a fait évoluer étape par étape la difficile quête de nourriture de l'homme des cavernes primitif vers les méthodes modernes de l'industrie. Ce qui a stimulé cette évolution, ce furent les idées qui créèrent le cadre institutionnel au sein duquel l'accumulation de capital fut rendue sûre grâce au principe de la propriété privée des moyens de production. Chaque pas en direction de la prospérité est le résultat de l'épargne. Les plus ingénieuses inventions techniques seraient pratiquement inutiles si les biens du capital nécessaires pour les mettre en œuvre n'avaient pas été accumulés par l'épargne.

Les entrepreneurs emploient les biens du capital rendus disponibles par les épargnants en vue de satisfaire de la manière la plus économique les besoins les plus pressants et non encore satisfaits des consommateurs. Avec les techniciens, qui cherchent à perfectionner les méthodes de fabrication, ils jouent, à côté des épargnants eux-mêmes, une part active dans le cours des événements qu'on appelle progrès économique. Le reste de l'humanité profite des activités de ces trois classes de pionniers : quoi que puissentêtre ses propres actions, il n'est que le bénéficiaire de changements à l'émergence desquels il n'a en rien contribué.

Le trait caractéristique de l'économie de marché est qu'elle attribue la plus grande part des améliorations apportées par les efforts de ces trois classes à l'origine du progrès — les épargnants, les investisseurs en biens du capital et ceux qui élaborent de nouvelles méthodes pour utiliser ces biens du capital — à la majorité de la population qui, elle, ne crée pas le progrès. L'accumulation de capital étant plus grande que l'accroissement de la population, elle augmente d'une part la productivité marginale du travail et, d'autre part, fait baisser le prix des produits. Le processus du marché fournit à l'homme ordinaire l'occasion de jouir des fruits des accomplissements des autres. Il oblige les trois classes créant le progrès à servir de la meilleure façon possible la majorité qui n'y contribue pas.

Tout le monde est libre de rejoindre les rangs des ces trois classes progressistes de la société capitaliste. Ces classes ne sont pas des castes fermées. Y appartenir n'est pas un privilège conféré à l'individu par une autorité supérieure et ne s'hérite pas non plus de ses aïeux. Ces classes ne sont pas des clubs et leurs membres n'ont pas le pouvoir de laisser dehors les nouveaux venus. Ce qu'il faut pour devenir capitaliste, entrepreneur ou inventeur de nouvelles méthodes techniques, c'est de l'intelligence et de la volonté. L'héritier d'un homme riche jouit d'un certain avantage car il débute dans des conditions plus favorables que d'autres. Mais sa tâche au sein de la concurrence du marché n'est pas plus facile, elle est même parfois plus fastidieuse et moins rémunératrice que celle d'un nouveau venu. Il doit réorganiser ce dont il a hérité afin de l'adapter aux changements de la situation du marché. Ainsi, par exemple, les problèmes auxquels l'héritier d'un « empire » du rail avait à faire face étaient, au cours des dernières décennies, certainement plus épineux que ceux rencontrés par quelqu'un qui avait commencé à partir de zéro dans le transport par camion ou par avion.

La philosophie populaire de l'homme ordinaire se trompe lamentablement sur tous ces points. Pour M. Dupond, toutes les nouvelles industries qui l'approvisionnent en biens inconnus à son père viennent au monde par un procédé mythique appelé le progrès. L'accumulation de capitaux, l'entrepreneuriat et l'imagination technique ne contribuent en rien à la génération spontanée de la prospérité. S'il faut créditer quelqu'un de ce que M. Dupond considère comme l'augmentation de la productivité du travail, c'est l'ouvrier de la chaîne de montage. Malheureusement, dans ce monde scandaleux, il existe l'exploitation de l'homme par l'homme. Le monde des affaires garde la crème et, comme le souligne le Manifeste communiste, il n'abandonne au créateur de toutes les bonnes choses, au travailleur manuel, qu'à peine le « coût de ce qu'il lui faut pour s'entretenir et perpétuer sa descendance ». Par conséquent « l'ouvrier moderne, au contraire, loin de s'élever avec le progrès de l'industrie, descend toujours plus bas [...]. Le travailleur devient un pauvre et le paupérisme s'accroît plus rapidement encore que la population et la richesse ». Les auteurs de cette description de l'industrie capitaliste sont glorifiés dans les universités comme les plus grands philosophes et bienfaiteurs de l'humanité et leurs enseignements sont acceptés avec une crainte mêlée de révérence par les millions de gens dont les maisons, en plus d'autres gadgets, sont équipées de postes de radio et de télévision.

La pire exploitation, expliquent les professeurs, les leaders syndicaux et les politiciens, est l'œuvre de la grande industrie. Ils n'arrivent pas à voir que ce qui caractérise la grande industrie c'est la production de masse visant à satisfaire les besoins du grand nombre. Dans un régime capitaliste ce sont les travailleurs eux-mêmes qui, directement ou indirectement, sont les consommateurs de toutes les choses que produisent les usines.

Aux débuts du capitalisme il s'écoulait encore un temps très long entre l'émergence d'une innovation et le moment où elle était accessible aux masses. Il y a environ soixante ans, Gabriel Tarde avait raison d'indiquer qu'une innovation industrielle était le caprice d'une minorité avant de devenir le besoin de tout le monde ; ce que l'on considérait au départ comme une fantaisie devenait plus tard une nécessité habituelle pour tout le monde. Cette remarque était encore correcte en ce qui concerne la démocratisation de l'automobile. Mais la production à grande échelle a réduit et presque éliminé ce délai. Les innovations techniques ne peuvent être faites de manière profitable qu'avec des méthodes de production de masse et deviennent donc accessible au plus grand nombre au moment même de leur inauguration pratique. Il n'y a ainsi pas eu, aux États-Unis, de période notable pendant laquelle des nouveautés comme la télévision, les bas nylon ou les petits pots pour bébés, ont été réservées à une minorité de gens aisés. La grande industrie tend, en réalité, vers une standardisation des moyens de consommation et d'amusement.

Dans une économie de marché, personne n'est dans le besoin parce que d'autres personnes sont riches. Les richesses du riche ne sont pas la cause de la pauvreté de quiconque. Le processus qui rend certaines personnes riches est, au contraire, le corollaire du processus qui améliore la satisfaction des désirs de nombreux individus. Les entrepreneurs, les capitalistes et les techniques nouvelles prospèrent tant qu'ils réussissent à approvisionner au mieux les consommateurs.

2. Le front anti-capitaliste

Dès les tout débuts du mouvement socialiste et des tentatives de faire revivre les politiques interventionnistes des époques pré-capitalistes, le socialisme et l'interventionnisme ont tous les deux été totalement discrédités aux yeux des gens au courant de la théorie économique. Mais les idées de l'immense majorité du peuple ignorant furent exclusivement dirigées par les plus puissantes passions humaines : l'envie et la haine.

La philosophie sociale des Lumières qui avait ouvert la voie à la mise en œuvre du programme libéral — liberté économique, accomplie dans l'économie de marché (le capitalisme), ainsi que son corollaire constitutionnel, le gouvernement représentatif — n'avait pas proposé la suppression des trois anciens pouvoirs : la monarchie, l'aristocratie et les églises. Les libéraux européens voulaient substituer la monarchie parlementaire à l'absolutisme royal, non la mise en place d'un gouvernement républicain. Ils voulaient abolir les privilèges des aristocrates, mais non les priver de leurs titres, de leurs écussons et de leurs terres. Ils désiraient octroyer la liberté de conscience à tout le monde et mettre fin à la persécution des dissidents et des hérétiques, mais tenaient fortement à donner à toutes les églises et à toutes les dénominations une parfaite liberté de poursuivre leurs objectifs spirituels. Les trois grands pouvoirs de l'ancien régimeétaient ainsi préservés. On aurait pu s'attendre à ce que les aristocrates et les hommes d'église proclamant sans cesse leur conservatisme fussent prêts à s'opposer à l'assaut socialiste contre les fondements de la civilisation occidentale. Après tout les partisans du socialisme ne cachaient pas que le totalitarisme socialiste ne laisserait aucune place à ce qu'ils appelaient des vestiges de la tyrannie, des privilèges et de la superstition.

 

 

Cependant, même au sein de ces groupes privilégiés, le ressentiment et l'envie étaient plus forts que le raisonnement froid. Ils donnèrent en fait la main aux socialistes, oubliant que le socialisme voulait aussi confisquer leurs biens et qu'il n'y aurait aucune liberté religieuse dans un système totalitaire. Les Hohenzollern d'Allemagne inaugurèrent une politique qu'un observateur américain appela le socialisme monarchique 1. Les Romanov, autocrates de Russie, jouèrent avec le syndicalisme, afin de lutter contre les tentatives « bourgeoises » d'établir un gouvernement représentatif 2. Dans chaque pays d'Europe, les aristocrates coopéraient de fait avec les ennemis du capitalisme. Partout, des théologiens éminents essayaient de discréditer le système de la libre entreprise et soutenaient ainsi, par conséquent, soit le socialisme soit l'interventionnisme radical. Certains dirigeants éminents du protestantisme actuel — Barth et Brunner en Suisse, Niebuhr et Tillich aux États-Unis, et feu l'Archevêque de Canterbury, William Temple — condamnèrent ouvertement le capitalisme et rendirent même les prétendus échecs du capitalisme responsables des excès du bolchevisme russe.

On peut se demander si Sir William Harcourt avait raison quand, il y a plus de soixante ans, il affirmait : Nous sommes désormais tous socialistes. En tout cas, aujourd'hui, les gouvernements, les partis politiques, les enseignants et les écrivains, les militants athées comme les théologiens chrétiens sont presque unanimes pour rejeter avec passion l'économie de marché et pour vanter les prétendus bénéfices de l'omnipotence de l'État. La génération montante a été élevée dans un environnement qui baigne dans les idées socialistes.

L'influence de l'idéologie prosocialiste se perçoit à la façon dont l'opinion publique, presque sans exception, explique les raisons conduisant les gens à adhérer aux partis socialistes ou communistes. En ce qui concerne la politique intérieure, on suppose que, « naturellement et nécessairement », ceux qui ne sont pas riches préfèrent les programmes radicaux — planisme, socialisme, communisme — alors que seuls les riches ont des raisons de voter en faveur de la préservation de l'économie de marché. Cette hypothèse suppose admise l'idée socialiste selon laquelle l'action du capitalisme nuirait aux intérêts économiques des masses, et ce au seul bénéfice des « exploiteurs », alors que le socialisme améliorerait le niveau de vie de l'homme ordinaire.

Cependant, les gens ne réclament pas le socialisme parce qu'ils sauraient que ce dernier améliorera leur situation, et ils ne rejettent pas le capitalisme parce qu'ils sauraient qu'il s'agit d'un système préjudiciable à leurs intérêts. Ils sont socialistes parce qu'ils croient que le socialisme améliorera leur situation et ils détestent le capitalisme parce qu'ils croient qu'ils leur fait du tort. Ils sont socialistes parce qu'ils sont aveuglés par l'envie et l'ignorance. Ils refusent obstinément d'étudier l'économie et repoussent la critique dévastatrice que les économistes ont faite des plans socialistes, parce qu'à leurs yeux l'économie, étant une science abstraite, est un simple non-sens. Ils prétendent ne faire confiance qu'à l'expérience. Mais ils refusent tout aussi obstinément de prendre connaissance des faits indéniables de l'expérience, à savoir que le niveau de vie de l'homme ordinaire est incomparablement plus élevé dans l'Amérique capitaliste que dans le paradis socialiste des Soviets.

Sur la situation des pays économiquement arriérés, les gens font preuve des mêmes erreurs de raisonnement. Ils pensent que ces peuples doivent « naturellement » avoir de la sympathie pour le communisme parce qu'ils sont touchés par la pauvreté. Il est pourtant évident que les nations pauvres veulent se débarrasser de leur misère. Pour améliorer leur situation déplaisante, ils devraient par conséquent adopter le système d'organisation économique de la société qui garantit au mieux la réalisation de cet objectif : ils devraient se décider en faveur du capitalisme. Or, trompés par les fausses idées de l'anti-capitalisme, ils sont favorablement disposés en faveur du communisme. Il est en vérité paradoxal que les dirigeants de ces populations orientales, tout en regardant avec envie la prospérité des nations occidentales, rejettent les méthodes qui ont rendu l'occident prospère et sont enchantés par le communisme russe, qui maintient les Russes et leurs satellites dans la pauvreté. Il est encore plus paradoxal que les Américains, qui jouissent des produits de la grande industrie capitaliste, exaltent le système soviétique et considèrent comme assez « naturel » que les nations pauvres de l'Asie et de l'Afrique préfèrent le communisme au capitalisme.

Les gens peuvent ne pas être d'accord sur la question de savoir si tout le monde devrait étudier l'économie sérieusement. Mais une chose est certaine. Un homme qui parle en public ou écrit à propos de l'opposition entre le capitalisme et le socialisme sans s'être pleinement familiarisé avec tout ce que l'économie dit de ces sujets, est un bavard irresponsable.


Notes

 

1. Cf. Elmers Roberts, Monarchical Socialism in Germany, New York, 1913.

2. Cf. Mania Gordon, Workers Before and After Lenin, New York, 1941, pp. 30 ff.

 

par Ludwig von Mises

traduit par Hervé de Quengo

La philosophie sociale de l'homme ordinaire

La Mentalité anti-capitaliste

Première édition en anglais (sous le titre The Anti-Capitalistic Mentality) en 1956

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