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Rappel: Hollande donnera-t-il des leçons de libéralisme à Sarkozy ?

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Elu à la présidence de la République, le candidat socialiste entend se donner les moyens de relancer l'économie. Comment ? En appliquant les principes de la théorie keynésienne ou en cassant les rigidités de l'économie française ?

 

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« A long terme, nous serons tous morts », avait écrit John Maynard Keynes dans ses « Essais sur la monnaie et l'économie » publiés en 1931.


Même lui ? Lorsque Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) évoquait mercredi la nécessité de relancer les économies européennes, faisait-il allusion à un interventionnisme étatique d’inspiration keynésienne ? Evidemment non. Les pays de la zone euro n’en ont tout simplement plus les moyens.

 

 

 

 


En attendant des jours meilleurs, qui n’arriveront pas tant que l’équilibre, voire l’excédent des finances publiques ne sera pas atteint, la relance des économies européennes et en particulier de l’économie française ne pourra être impulsée que par des réformes structurelles. Un chemin sur lequel s’est récemment engagé l’Italie depuis l’accession de Mario Monti à la présidence du conseil. « Oui aux réformes structurelles, non aux éphémères politiques de dépenses », a-t-il déclaré ce jeudi lors d’un colloque organisé à Bruxelles à l'initiative d'organisations patronales.


« Le débat sur la croissance prend de l’ampleur actuellement. Mais il n’avait jamais disparu, il était simplement moins visible », recadre Herman Van Rompuy, le président de l’Union européenne, également présent à ce colloque, à ceux qui voient dans la relance keynésienne en Europe l’ultime solution à la crise. « Il n’y a pas de formule magique. Réformer prend du temps. Et les réformes prennent du temps à produire leurs effets ».

 

L'exemple italien

Des réformes structurelles ? Mais lesquelles? Mario Monti, le président du conseil italien et membre de la "Commission de Libération de la Croissance » présidée par Attali qui avait formulé en 2008 316 propositions pour libérer la croissance, a les idées claires sur le sujet. Depuis son arrivée au pouvoir, il a fait voter une série de réformes libéralisant l’économie de la Péninsule. Et pas n’importe lesquelles. En ouvrant à la concurrence les professions réglementées (numerus clausus, obtention de brevets professionnels..), qui sont peu ou prou  les mêmes qu’en France, c'est-à-dire les taxis, les pharmaciens, les notaires, les coiffeurs, entre autres, en abolissant les tarifs minimum pratiqués par les ordres professionnels, en accordant aux commerçants la liberté de fixer les horaires d’ouverture de leur magasin, y compris le dimanche, Mario Monti a réussi là où Nicolas Sarkozy a échoué : prendre des mesures qui peuvent réellement libérer les énergies et, plus délicat, les faire accepter par l’opinion publique.

Les taxis dans la rue

Certes, plus des deux tiers des propositions de la Commission ont été réalisées. Mais ce n’était peut-être pas les plus dures à lancer. A l’exception des comptables de l’argent public de Bercy, qui pouvait s’opposer avec raison au développement de la biomasse, des cursus en langues étrangères, à l’orientation de la fiscalité vers la protection de l’environnement, à l'augmentation des moyens financiers alloués à l’enseignement supérieur, à la nécessité d'attirer les financements des fonds et des banques vers les PME… ? En revanche, celles qui auraient permis de réellement casser les rigidités de l’économie française n’ont pas été lancées. On se souvient encore de la levée de boucliers des taxis en France lors de la publication du rapport Attali.


A condition que François Hollande, qui souhaite par ailleurs brider le régime de l’auto-entrepreneur dont la création était suggérée par la commission Attali ait bien compris les discours des responsables européens sur la relance et la croissance, suivra-t-il le même chemin que Mario Monti ? Parviendra-t-il à convaincre du bien-fondé de libérer la croissance en réformant les structures de l’économie française, une méthode moins coûteuse mais plus dangereuse pour relancer l’économie ? On en saura plus après le 6 mai si François Hollande, tout fraîchement élu à la présidence de la République, ressuscitera Keynes. Ou s’il le laissera un peu en paix.


Par Fabien Piliu

Hollande donnera-t-il des leçons de libéralisme à Sarkozy ?

Source:


PC & SS sont des enfants de chœurs à côté de ces "Robespierre"!

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Le Canard Enchaîné affirme dans son édition du 22 mai 2013, que deux enquêtes sont actuellement en cours au sein des armées, qui visent essentiellement ceux qui voient d’un œil favorable le mouvement de la “Manif pour tous”.

 

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“Troublé par le nombre d’enfants d’officiers parmi les jeunes interpellés”, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, “a demandé à la DCRI de s’informer sur ce que ces ‘agités’ (sic) manigançaient”, écrit le Canard Enchaîné.

L’autre enquête a été confiée à la DPSD (Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense) afin de “repérer les meneurs au sein de l’Institution” militaire.


"L’activisme des militaires antigays a été jugé assez sérieux pour que le gouvernement ordonne deux enquêtes", affirme le journal satirique.

L’objectif serait de surveiller les militaires ayant des liens avec l’Institut Civitas, une organisation catholique proche de l’extrême-droite et qui se veut aussi être un mouvement politique (4 officiers généraux en 2e section siègent à son conseil d’administration) ou encore avec le Bloc Identitaire.

 

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Manuel Valls a demandé à la DCRI de surveiller les militaires opposés au mariage gay

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Sources : Canard Enchaîné / Opex360 / Le Journal du Siècle

Subventions Etatiques à "Cannes la braguette" Hollandissime!!

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Derrière le glamour, les paillettes et la magie du cinéma, le Festival de Cannes est aussi une entreprise. "Le budget du Festival représente environ 20 millions d’euros dont la moitié provient de fonds publics", explique l'organisation sur son site internet.

 

Et sans argent, pas de fête. C'est ce qui s'est passé en 1948 et 1950, où le festival a tout bonnement été annulé faute de financement suffisant.

 

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Mais aujourd'hui les fonds sont là. Le ministère de la Culture (Centre National de la Cinématographie) alloue un peu plus de 3 millions d'euros. La Ville de Cannes est également un gros contributeur. La précédente édition du festival lui a coûté quelque 5,3 millions d'euros dont 2,1 millions d'euros de subventions. Le reste correspond à des achats d'espace et des prestations assurées par la ville. Sans compter la mise à disposition de la luxueuse Villa Domergue, les réceptions presse et toute la logistique urbaine. D’autres collectivités territoriales comme le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur et le Conseil Général des Alpes Maritimes sont également mises à contribution.


Le président du festival, se plaint toutefois de voir les subventions s'évaporer. Comme celle de 72.000 euros que le ministère des Affaires étrangères a supprimée en raison du "contexte budgétaire" et de la priorité donnée au "soutien à la production et à la diffusion des cinémas du Sud".

"Le financement (public) est complété par les apports d'un certain nombre de groupements professionnels, partenaires institutionnels et de sociétés privées, partenaires officiels du Festival", peut-on lire sur le site officiel.

 

 

 

 


La liste des partenaires officiels est longue: de la chaîne de télévision Canal+, à la compagnie aérienne Air France en passant par la maison d'horlogerie-joaillerie Chopard, le coiffeur Jacques Dessange, Kodak, Orange, Nestlé et Renault.


Le montant des droits donnés au festival par les partenaires est un secret bien gardé par les clauses des contrats de droit privé. Mais l'investissement financier pour obtenir cette "mention dorée de partenaire officiel" ainsi que pour être présent au festival est conséquent.

Canal + débourse "6 millions d'euros pour descendre à Cannes". La chaîne du cinéma depuis 15 ans diffuse en exclusivité, en clair et en direct la cérémonie d'ouverture ainsi que le palmarès. Et une couverture quasi exhaustive de la quinzaine. Ce partenariat, renouvelé jusqu'en 2011 permet à la chaîne de bénéficier de l'aura du Festival et Cannes bénéficie ainsi d'une tribune de premier choix. Canal+ finance le cinéma et trouve son intérêt à le promouvoir.

Tous les partenaires sont mis à contribution. La maison Chopard réalise, elle, La Palme d'Or, les mini palmes et la caméra d'Or. Kodak dote le Prix de la Caméra d'Or de 50.000 euros en pellicules prises de vues.

Mais la crise atteint aussi les paillettes de la Croisette. Même si Gilles Jacob assure que les partenaires privés du festival sont au complet cette année. "La fréquentation risque d'enregistrer une érosion légère pour la première fois depuis plusieurs années", reconnaît-il.

Il est sûrement de moins bon ton de faire couler le champagne à flot en cette année de crise. Le magazine Vanity Fair a par exemple tout simplement annulé sa traditionnelle fête.

Renault qui accompagne le festival depuis 26 ans a pour sa part "réduit fortement son budget" en renonçant à une campagne publicitaire, en réduisant de 30% le nombre de ses invités et en ne prêtant plus de voitures aux partenaires du Festival. Renault va tout de même fournir une flotte d'une centaine de véhicules (70 Vel Satis, 30 Espace, 10 Kangoo be bop).

Ces voitures sont destinées à assurer le transport des acteurs et des personnalités jusqu'en bas des marches du Palais du Festival. Elles sont fabriquées spécifiquement 9 mois avant à l'usine de Sandouville. Ces dernières bénéficient de petits aménagements particuliers comme les petits fanons à l'avant des véhicules.

"Le Festival de Cannes est l'événement le plus médiatique au monde juste après les Jeux olympiques" ce qui offre une vitrine incroyable à l'automobiliste et en plus "certaines stars redemandent nos voitures par la suite", explique le service de presse Renault.

Coiffeur officiel du festival depuis plus de 20 ans, Jacques Dessange a, lui, aussi réduit son budget de 10% à 15%. Cette année, seuls 15 coiffeurs, contre une vingtaine en 2008, seront présents sur la terrasse, partagée avec L'Oréal au 7e étage de l'hôtel Martinez, pour magnifier la chevelure de la présidente du jury Isabelle Huppert, des membres du jury, des ambassadrices L'Oréal et "des acteurs et actrices qui n'ont pas leur propre coiffeur", explique le service de presse Dessange.

Cette miseà disposition de coiffeurs se fait en contrepartie de l'utilisation exclusive de la mention partenaire officiel du Festival de Cannes. Le coiffeur qui réalise 45% de son chiffre d'affaires à l'export attache une grande importance à l'image du cinéma.

 

Delphine Halgand sur 20'


 

LE FINANCEMENT
Le budget du Festival représente environ 20 millions d’euros dont la moitié provient de fonds publics par l'intermédiaire du Ministère de la Culture (Centre National de la Cinématographie), de la Ville de Cannes et d’autres collectivités territoriales (le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur et le Conseil Général des Alpes Maritimes). Le financement est complété par les apports d'un certain nombre de groupements professionnels, partenaires institutionnels et de sociétés privées, partenaires officiels du Festival.



LES FILMS
Un comparatif du nombre de longs et courts métrages présentés dans les différentes sections du Festival depuis 1994. Notez que les films projetés au Marché ont plus que doublés depuis cette date tandis que le Festival s’est volontairement tenu au même nombre au fil des ans.

> Téléchargez le tableau 2011 au format PDF


LA COUVERTURE MEDIATIQUE
Une présentation en chiffres et par types de supports de la couverture médiatique du Festival depuis 1966. Remarquez que le nombre de journalistes présents à Cannes a été multiplié par 5 en 40 ans.

> Téléchargez le tableau 2012 au format PDF

 


LES ACCREDITATIONS
Combien de professionnels sont accrédités chaque année à Cannes ? D’où viennent-ils ? Quel est la catégorie professionnelle la plus représentée ? Des réponses en chiffres.

> Téléchargez le tableau 2012 au format PDF

 

 

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Le Festival de Cannes, édition 2013, déroule son tapis rouge du 15 au 26 mai. La SOFICA (Société de financement de l'industrie cinématographique et de l'audiovisuel) de BNP Paribas Banque Privée a participé au financement de cinq films sélectionnés pour ce rendez-vous incontournable du cinéma international : un concourt à la Palme d’Or, trois autres figurent dans la sélection Un Certain Regard et un autre est à l’affiche de la section parallèle, La quinzaine des réalisateurs.


> En Sélection Officielle : « Grigris » de Mahamat-Saleh Haroun.

> En sélection Un Certain Regard : « Les Salauds » de Claire Denis, « Grand Central » de Rebecca Zlotowski et « L’inconnu du lac » de Alain Guiraudie.

> En sélection La Quinzaine des Réalisateurs : « Tip Top » de Serge Bozon

Acteur incontournable de l'économie du cinéma en France, BNP Paribas contribue au financement de la production cinématographique française depuis plus de 20 ans.

 

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La polémique sur le financement du cinéma s'invite à Cannes

Le débat sur le financement des films en France, déconnecté de la réalité économique pour certains, est relancé par le réalisateur de The Artist. De quoi animer le 66e Festival de Cannes.

 

C’est un comble ! Michel Hazanavicius n’est ni patron de start-up ni libéral façon Financial Times. Mais sa récente tribune dans Le Monde n’a pas fini d’agiter les festivaliers à Cannes. Sous le titre "Cinéma : jusqu’ici tout va bien", il dresse l’inventaire des maux à venir, en germe pour qui sait ouvrir les yeux. Au détour de son article, cette remarque fera sursauter les habitués de l’impitoyable loi du marché : "Nous sommes dans une industrie où le succès public n’est plus une condition pour gagner de l’argent."

Allons bon ! Grandi dans une famille de militants CFDT, remarqué pour ses pastiches OSS 117, l’oscarisé Hazanavicius pour The Artist a été poussé par ses pairs à la tête de l’ARP (société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs), ce puissant lobby du cinéma créé par Claude Berri. En proclamant haut et fort que, tout de même, il y a au royaume du septième art des choses qui ne tournent pas rond, sa voix porte.


Un petit film coûté 100 fois plus cher qu'un album

 C’est le second électrochoc après celui provoqué, fin décembre, par l’un des principaux distributeurs de la place, Vincent Maraval : "Toute la profession sait pertinemment, mais tente de garder [le] secret : le cinéma français repose sur une économie de plus en plus subventionnée." Un sacré outing aux yeux du grand public qui imaginait, benoîtement, que cinéma et prise de risque étaient indissociables.

Toutes les apparences accréditent pourtant l’idée d’un libéralisme triomphant. "Le film, dès sa fabrication, est une économie de prototype coûteux, rappelle Laurent Vallet, directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic). Avec 20.000 euros, dans la musique, vous produisez, voire distribuez, un album. Un petit film, c’est 100 fois plus cher."

Quant à l’exploitation en salles, elle tourne au jeu de massacre. Pas un mercredi où un film serait seul au monde, attendu par un public captif. Au contraire, 550 longs-métrages, toutes nationalités confondues, sortent chaque année ! Et les Américains préemptent de 45 à 50% des entrées. Ajoutez, enfin, la diffusion frénétique de films par les télévisions : 7.000 par an, selon une estimation interne de Canal+. Pour résister à cette concurrence sauvage, permettre à des petits d’exister avec un risque minimisé, les pouvoirs publics ont peaufiné un système protecteur, chef-d’œuvre de sophistication.


La fragilité permanente de cette industrie

Dans la vraie vie, nul entrepreneur ne peut se lancer sans fonds pro-pres. Eh bien, dans le cinéma, c’est possible. C’est même une clé d’explication majeure, rarement relevée. "Il suffit de 1.000 euros, note Anne Flamant, directeur à Neuflize OBC, la banque spécialisée du secteur. Il y a quelques années, obtenir sa carte de producteur supposait un capital minimum de 45.000 euros. Ce n’est plus le cas." Un héritage de Mai-68, comme le raconte René Bonnell, ancien patron du cinéma à Canal+, dans son livre Mon cinéma : "La Société des réalisateurs de films obtient [alors] plusieurs mesures en faveur des créateurs : possibilité pour les réalisateurs de créer leur propre société de production avec un capital divisé par trois."

A titre individuel, cette fragilité devrait être transitoire, puisque chaque film enrichit le catalogue, et les passages à la télévision assurent des rentrées régulières. Dans les faits, certains producteurs, plutôt que de consolider leur structure, préfèrent vendre leur catalogue au fur et à mesure, prendre leurs gains et repartir de zéro, ou presque.

 

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L'Etat défend les petits contre les gros

Du coup, les sociétés pullulent de manière déraisonnable. Audiens, qui gère les retraites complémentaires du secteur, recense 2. 071 producteurs cotisants en 2012 sur l’ensemble du territoire, 60% de plus qu’en 2001 ! Dans l’intervalle, la quantité de films s’est accrue de 37%. Ce qui signifie que beaucoup vivotent, ressassent un seul projet, parfois pendant des années. Les entreprises pérennes, réellement actives, tournent autour de 200. "A mettre en regard des 200 films français qui sortent par an, ce qui induit une extrême fragilité industrielle, dit un dirigeant de chaîne de télévision. Beaucoup de producteurs tournent des scénarios pas assez travaillés, car ils n’ont pas les reins assez solides pour attendre. Cela se paie à l’arrivée. S’ils étaient deux fois moins nombreux, ils seraient capables de gérer l’échec et de prendre plus de risques."

Soutenant une politique culturelle qui considère que la diversité du cinéma contribue au rayonnement français, les pouvoirs publics ont toujours défendu les petits contre les gros. Ainsi, le producteur ne mise pas son propre argent, mais fait le tour des guichets pour préfinancer le film et se payer sur la préparation. A l’instar d’un promoteur immobilier. Le guichet des télévisions est particulièrement fréquenté : celles-ci ont l’obligation de dépenser dans le -septième art une somme indexée sur leur chiffre d’affaires. Cette contrainte les rend peu regardantes sur la rentabilité. Pour France Télévisions, voir un de ses films sélectionné à Cannes ou décrocher un césar compte au moins autant que le retour sur investissement. Et tant mieux s’il y a une divine surprise comme Des hommes et des dieux : 468 % de rentabilité !


"Le problème du cinéma, c’est qu’on baigne dans l’argent"

Ces entrelacs de soutiens publics, crédit d’impôt, niche fiscale des Sofica, financements privés des télévisions, quotas en tout genre, garantie de l’Ifcic qui supprime l’éventualité de faillite personnelle faisaient s’interroger André Rousselet, ancien patron de Canal+: "Ce souci d’aider le cinéma n’engendre-t-il pas un système iatrogène ?" Traduction : le médicament ne tuerait-il pas le malade ? Un distributeur s’étrangle : "Le problème du cinéma, c’est qu’on baigne dans l’argent, le niveau de risque est nul !" La réalité est un peu plus subtile.

Vulnérable, le producteur l’est, en effet, pendant les phases de développement. D’autant qu’il est en général engagé sur plusieurs projets en parallèle. "Les droits d’adaptation d’un livre coûtent en moyenne 100.000 euros, et peuvent dépasser 300 .000 pour un best-seller", explique Anne Flamant. "Si, de surcroît, un scénariste de renom a réécrit plusieurs versions de l’histoire, l’addition peut, dans certains cas, atteindre jusqu’à 2 millions d’euros", assure Laurent Vallet.


Menace de dérapage décuplée

Deuxième danger: ne pas tenir les coûts. Le producteur est – juridiquement – celui qui prend le risque de bonne fin. En clair, il doit mener le film à son terme et le livrer. Qu’il trébuche, et les financiers prendront d’autorité les commandes, les sortiront, lui et le réalisateur, de la salle de montage, pour les remplacer par un directeur de production à leur main. Bien sûr, le financement d" imprévus" figure toujours au budget.

Précaution bien utile dans le cas d’Astérix et Obélix au service de Sa Majesté, car le réalisateur a été malade durant deux semaines et la faillite d’une des sociétés prestataires a obligé à refaire les effets numériques. Mais dès qu’un tournage a lieu à l’étranger – c’est le cas de Jimmy P., le film d’Arnaud Desplechin en compétition à Cannes, filmé dans le Montana –, la menace de dérapage est décuplée. Sans même parler de cas atypiques comme L’Ecume des jours, "a priori inadaptable, juge un distributeur, admiratif. Tournage long, costumes, effets spéciaux, imaginaire de Michel Gondry, c’est le genre de projet qui peut dépasser dans tous les sens…"

De fait, plutôt que de brider la créativité de Gondry, le producteur Luc Bossi a géré l’inflation du budget originel. Il raconte dans l’hebdomadaire professionnel Ecran totalêtre allé "chercher le financement complémentaire durant le tournage. Ce qui a été une assez grosse source de stress". Résultat de ses efforts : 1,2 million d’euros qui "ont “sauvé” le film".


Le cas d'Astérix est emblématique

Chaque mercredi, quand tombent les premiers chiffres de fréquentation, le plus stressé n’est pas le producteur, mais le distributeur qui, lui, a misé du "vrai argent". En clair, il a payé toute la promotion (bandes-annonces, affiches…) et un minimum garanti, sorte d’à-valoir qu’il récupérera sur les recettes… à condition que celles-ci existent. En cas de flop, la perte sèche est garantie. "Nous sommes aujourd’hui les plus exposés en termes de risques et les moins protégés de tous les -métiers du cinéma", dit Stéphane Célérier, PDG de Mars (La vérité si je mens ! 3, Polisse…).

Le cas d’Astérix est emblématique. Il n’a réuni que 3,8 millions de spectateurs, or son point mort se situait à 5,5 millions. Le producteur n’a pas été affecté : grâce à l’attente que suscitait le film, il avait très bien couvert, en amont, le budget de 61,2 millions d’euros. Pour le distributeur Wild Bunch, c’est une autre histoire. Il a parié 27 millions et le Gaulois lui laisse une ardoise de 4,5 à 5 millions.

C’est que le cinéma est facétieux. A priori, Danièle Thompson, réalisatrice chevronnée qui sortait de deux gros succès, filait vers un troisième. Las ! Des gens qui s’embrassent, sorti le 10 avril, avec Kad Merad et Monica Bellucci, n’a pas remporté de succès critique ("Il va falloir se lever de bonne heure pour faire pire", a écrit L’Express) et restera un des flops retentissants de l’année. Quant à Turf, de Fabien Onteniente, valorisé par la présence des comiques bankable Alain Chabat et Edouard Baer, il n’a fait galoper que 380.000 spectateurs. Pour 21 millions d’euros de budget ! A ce niveau, les termes "accident industriel" sont un euphémisme.

 

Véronique Groussard

 

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Trop peu de femmes dans la sélection du festival de Cannes, dans les commissions de financement et sur les plateaux télé. Vous reprendrez bien un peu de parité ?


Par Baptiste Créteur.

Voir source contrepoints:

Festival de Cannes : Vous reprendrez bien un peu de parité ?


L'UMP et le lobby homo ! Pernicieuse politique...

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Pour info: 


Vous connaissez tous ‘’ Manif pour tous ‘’ et la volonté des manifestants de s’opposer à une déviation du mariage qui, de par la loi Taubira, n’est plus la célébration d’un homme et d’une femme pour fonder une famille dans laquelle naîtraient des enfants, fruits de cette union, pour le plus grand bien de la société et sa continuité.

 

Vous savez aussi que les dirigeants de ce mouvement, Frigide Barjot et Xavier Bongibault, ont été conspués et rejetés par  la masse des manifestants.

 

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Pour ma part, j’ai toujours pensé que, en bons politiques, les partis ne pouvaient laisser se réunir plusieurs fois 1 million de personnes sans essayer de ‘’ récupérer ‘’ le mouvement. Dès le début, au mois d’octobre 2012, on a vu Frigide Barjot jouer des coudes pour prendre la direction du mouvement, et mon impression était qu’elle était infiltrée par l’UMP pour récupérer et canaliser le mouvement.

 

Je trouvais que cette méthode ainsi que la présence de l’UMP dans les dernières manifestations, avec tambours et trompettes, sonnait faux. Je n’ai toujours pas de réponse à la question que j’ai posée de savoir comment il se pouvait qu’un parti qui a introduit le GENDER en France pouvait en même temps se lever contre la dénaturation du mariage ; si on peut choisir son sexe, le maire doit obligatoirement accepter l’union de deux personnes de même sexe.

 

Le film, dont le lien est ci-dessous, vous montre le double visage non pas uniquement de Sarkozy, mais aussi des membres du partis. Dans la vie ont n’est jamais trop aidé

 

http://fr.gloria.tv/?media=448544

 

par Baudouin de Lapasse 

Source: IHEDN

L'éclat de Turgot par Murray N. Rothbard (1986). A méditer en ces temps de crise monétaire!

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1. Introduction

 

 Il est d'usage, lors des tournois d'échecs, d'attribuer un prix particulier aux actions d'éclat, aux victoires particulièrement brillantes. Les "coups d'éclat" aux échecs sont brefs, lucides et fulgurants. Le maître y déploie son imagination pour trouver de nouvelles manières de parvenir à de nouveaux résultats, de nouvelles combinaisons dans la discipline. S'il nous fallait donner un prix pour un coup d'éclat en Histoire de la pensée économique, il irait certainement à Anne Robert Jacques Turgot, Baron de l'Aulne (1727-1781). Sa carrière d'économiste fut brève mais éclatante et remarquable à tous les points de vue. Mort assez jeune, il avait consacré relativement peu de temps et d'énergie à l'économie politique. C'était un homme d'affaires occupé, né à Paris d'une famille normande distinguée, qui avait compté de nombreux Grands Commis du Roi. Il y avait des "Maîtres des Requêtes", des magistrats, des intendants (gouverneurs de Province). Le père de Turgot, Michel-Etienne, était Conseiller d'Etat, Président du Grand Conseil (Tribunal d'appel auprès du Parlement de Paris), Maître des Requêtes et grand administrateur de la Ville de Paris. Sa mère était l'aristocrate et intellectuelle Magdelaine-Francoise Martineau.

 

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Turgot avait eu un cursus universitaire étincelant, recevant les félicitations au Séminaire de Saint-Sulpice, puis à la Faculté de Théologie de la Sorbonne. Cadet d'une famille élevée mais sans fortune, Turgot aurait dû entrer dans les Ordres, carrière privilégiée pour un homme de son état dans la société française du XVIII¡ siècle. Cependant, bien que devenu abbé, Turgot décida de suivre la tradition familiale et d'entrer dans l'Administration royale. Il y devint magistrat, Maître des Requêtes, intendant et finalement un ministre des Finances (ou Contrôleur Général) bref et controversé, au cours d'une tentative héroïque mais malheureuse pour supprimer les entraves à l'économie de marché dans une sorte de révolution par en-haut.


Turgot n'était pas seulement un administrateur affairé: il était curieux de tout et passait la plupart de son temps libre à écrire et à lire, non en économie, mais en Histoire, en Littérature, en Philologie et dans les Sciences de la Nature. Pour ce qui est de ses écrits économiques, ils sont brefs, dispersés, écrits à la hôte, et représentent une douzaine de textes, en tout seulement 188 pages. Son ouvrage le plus fameux et le plus long, Réflexions sur la formation et la distribution des richesses (1766), ne comprenait que 53 pages. Cette brièveté n'en fait que mieux ressortir les vastes contributions de cet homme remarquable à la théorie économique.


Les historiens ont la manie de mettre Turgot dans le même sac que les Physiocrates. Ils le traitent seulement comme un adepte de la physiocratie au sein de l'Administration, même si, dans un désir d'esthète de ne pas passer pour trop schématique, il arrive qu'on le présente comme un simple sympathisant. Rien de tout cela ne rend justice à Turgot. "Sympathisant", il ne l'était que dans la mesure où il partageait le parti pris des Physiocrates pour le libre échange et le laissez-faire. Mais il n'était d'aucune école: c'était un génie unique, ce qu'il est quand même difficile de dire des Physiocrates. Sa compréhension de la théorie économique était incommensurablement supérieure à la leur, et la manière dont il traita le capital et l'intérêt est quasiment inégalée encore aujourd'hui.


Dans l'histoire de la pensée, le style, c'est souvent l'homme. La clarté et la lucidité du style de Turgot reflètent les vertus de sa pensée, et forment un contraste rafraîchissant avec la prose verbeuse et ampoulée de l'Ecole physiocratique.

2. Le laissez-Faire et le libre échange

Le mentor de Turgot en théorie économique et en science administrative fut son grand ami Jacques Claude Marie Vincent, Marquis de Gournay (1712-1759). Gournay, négociant prospère, était devenu inspecteur royal des manufactures et ministre du commerce. Quoiqu'il eût peu écrit, Gournay était un grand maître de la théorie économique dans le meilleur des sens, grôce à d'innombrables conversations non seulement avec Turgot, mais avec les Physiocrates et autres. Ce fut Gournay qui fit connaître en France les conclusions de Cantillon. En outre, Gournay traduisit en français des économistes anglais tels que Sir Josiah Child, et les manuscrits de ses commentaires fouillés sur de telles traductions circulèrent largement dans les cercles intellectuels français. C'est de Gournay que Turgot tenait sa ferveur pour le laissez-faire; on lui a même souvent - à tort - attribué la paternité de l'expression "laissez-faire, laissez-passer".


Il est naturel, par conséquent, que ce soit dans l'un de ses premiers ouvrages l'Eloge de Vincent de Gournay (1759) que Turgot donne la présentation la plus complète de ses conceptions laissez-fairistes. l'Elogeétait un tribut offert au Marquis après qu'il fut mort d'une longue maladie (1).


Turgot y montrait que, pour Gournay, le réseau serré de réglementation mercantiliste de l'industrie n'était pas seulement une erreur intellectuelle, mais un véritable système de cartellisation forcée et de privilèges particuliers conférés par l'Etat. Turgot décrivait ces "statuts sans nombre dictés par l'esprit de monopole, dont tout l'objet [sic] est de décourager l'industrie, de concentrer le commerce dans le plus petit nombre de mains possibles par la multiplication des formalités et des frais, par l'assujettissement à des apprentissages et des compagnonnages de dix ans, pour des métiers qu'on peut savoir en dix jours, par l'exclusion de ceux qui ne sont pas fils de maîtres, de ceux qui sont nés hors de certaines limites, par la défense d'employer les femmes à la fabrication des étoffes, etc."


Pour Turgot, la liberté des échanges, à l'intérieur comme à l'extérieur se déduisait également des énormes avantages mutuels de l'échange libre. Toutes ces entraves oublient "qu'aucune nation ne [peut] faire à elle seule le commerce de toute la terre", et qu'il est absurde d'essayer de vendre tout ce qu'il est possible aux étrangers sans jamais rien leur acheter en retour. Turgot entreprend ensuite, dans son Eloge, de présenter un argument essentiel, pré-hayékien, sur l'utilisation de leur information personnelle et irremplaçable par les entrepreneurs et acteurs individuels sur le marché libre. Ces participants sur place, réellement engagés dans le processus de marché, en savent bien davantage sur leur situation personnelle que des intellectuels au-dessus de la mêlée. "Il est inutile de prouver que chaque particulier est le seul juge de cet emploi le plus avantageux de la terre et de ses bras. Il a seul les connaissances locales sans lesquelles l'homme le plus éclairé ne raisonne qu'à l'aveugle. [...] Il s'instruit par des essais réitérés, par ses succès, par ses pertes, et acquiert un tact dont la finesse, aiguisée par le sentiment du besoin, passe de bien loin toute la théorie du spéculateur indifférent."


En procédant à une analyse plus détaillée de ces processus, Turgot souligne que l'intérêt personnel en est le premier moteur, et que, comme Gournay l'avait déjà noté, que l'intérêt individuel sur le marché doit toujours coïncider avec l'intérêt général. L'acheteur choisira le vendeur qui lui propose le meilleur prix pour le produit le mieux approprié, et le vendeur vendra sa marchandise la meilleure au prix concurrentiel le plus bas. A l'inverse, les entraves et privilèges particuliers imposés par les hommes de l'Etat forcent les consommateurs à acheter de plus mauvais produits à un prix élevé. Turgot conclut que "la liberté générale d'acheter et de vendre est donc le seul moyen d'assurer, d'un côté, au vendeur, un prix capable d'assurer la production; de l'autre, au consommateur, la meilleure marchandise au plus bas prix". Turgot en déduisait que les hommes de l'Etat devaient se limiter strictement à protéger les individus contre un "tort considérable" et la nation contre l'invasion. "Il suffit évidemment que le gouvernement protège toujours la liberté naturelle que l'acheteur a d'acheter et le vendeur de vendre."


Il est possible, concédait Turgot que sur le marché libre il y ait parfois "un marchand fripon et un consommateur dupe.". Mais alors, le marché apportera ses propres remèdes: "le consommateur trompé s'instruira, et cessera de s'adresser au marchand fripon; celui-ci sera discrédité et puni par là de sa fraude."


Turgot, en fait, tournait en dérision les tentatives des hommes de l'Etat pour "protéger les consommateurs" contre la fraude et les accidents. Dans une réfutation prophétique des Ralph Naders de tous les temps, Turgot démasque dans un remarquable passage les nombreux sophismes de la prétendue "protection" étatique:

"Vouloir que le gouvernement soit obligé d'empêcher qu'une telle fraude n'arrive jamais, c'est vouloir l'obliger à fournir des bourrelets à tous les enfants qui pourraient tomber. Prétendre réussir à prévenir par des règlements toutes les malversations possibles en ce genre, c'est sacrifier à une perfection chimérique tous les progrès de l'industrie; c'est resserrer l'imagination des artistes dans les limites étroites de ce qui se fait; c'est leur interdire toutes les tentatives nouvelles..."

"C'est oublier que l'exécution de ces règlements est toujours confiée à des hommes, qui peuvent avoir d'autant plus intérêt à frauder, ou à conniver à la fraude, que celle qu'ils commettraient serait couverte, en quelque sorte, par le sceau de l'autorité publique et par la confiance qu'elle inspire aux consommateurs."

Turgot ajoutait ce toutes les réglementations et inspections de ce genre "entraînent toujours des frais; que ces frais sont toujours prélevés sur la marchandise et, par conséquent, surchargent le consommateur national, éloignent le consommateur étranger".

Et Turgot de conclure avec panache:

"Par une injustice palpable, on fait porter au commerce en général et, par conséquent, à la nation, un impôt onéreux pour dispenser un petit nombre d'oisifs de s'instruire ou de consulter pour n'être pas trompés. [...] en supposant tous les consommateurs dupes et tous les marchands et fabricants fripons, les autoriser à l'être, et avilir toute la partie laborieuse de la nation."

Turgot reprend le thème "hayékien" de la connaissance supérieure possédée par les acteurs particuliers sur le marché. L'ensemble de la doctrine laissez-fairiste de Gournay, rappelle-t-il, est fondée sur l'examen continu d'une multitude de transactions qui, du fait de leur seule immensité, ne sauraient être entièrement connues, et qui, en outre, sont perpétuellement dépendantes d'une multitude de circonstances toujours changeantes qui ne peuvent être traitées ni même prévues.


Turgot conclut l'éloge de son ami et mentor en rappelant la conviction de Gournay que la plus grande partie des hommes étaient "naturellement portée aux principes doux de la liberté du commerce", mais que le préjugé, ou la recherche de privilèges particuliers se mettent souvent en travers. Chacun, soulignait Turgot, souhaite faire une exception au principe de la liberté personnelle et "cette exception est généralement fondée sur un intérêt personnel."


Un des aspects intéressants de l'Eloge est ce que Turgot révèle de l'influence hollandaise sur les idées laissez-fairistes de Gournay. Gournay avait acquis en Hollande une vaste expérience du commerce, et le modèle hollandais d'un commerce et d'échanges relativement libres au cours des XVII¡ et XVIII¡ siècles, particulièrement sous la République, servaient de modèle à l'ensemble de l'Europe. En outre, Turgot rappelle que l'un des livres qui avait le plus influencé Gournay était les Maximes Politiques de Johan de Witt (1623-1672), martyr et grand dirigeant du parti Républicain libéral de Hollande. Turgot avait même, dans un article intitulé "Foire", écrit deux ans plus tôt pour la grande Encyclopédie, cité l'éloge que Gournay avait fait de la liberté des marchés internes en Hollande. Alors que les autres nations confinaient le commerce à certaines périodes et certains emplacements, "En Hollande, il n'y a point de foires; mais toute l'étendue de l'Etat et toute l'année ne forment pour ainsi dire qu'une foire continuelle, parce que le commerce y est toujours et partout également florissant."


Turgot écrivit ses derniers textes d'économie au cours de ses quelques années comme intendantà Limoges, juste avant de devenir Contrôleur-Général en 1774. Ils reflètent son implication dans une lutte interne à l'Administration royale pour la liberté du commerce. Dans son dernier ouvrage, la "Lettre au Contrôleur-Général sur la marque des fers" (1773), Turgot s'en prend de façon cinglante au système de tarifs protecteurs comme à une guerre de tous contre tous, où chacun se sert comme arme du privilège de monopole étatique, aux dépens des acheteurs:

"Je conçois, en effet, que des maîtres de forges, qui ne connaissent que leurs fers, imaginent qu'ils gagneraient davantage s'ils avaient moins de concurrents. Il n'est point de marchand qui ne voulût être le seul vendeur de sa denrée; il n'est point de commerce dans lequel ceux qui l'exercent ne cherchent à écarter la concurrence, et ne trouvent quelque sophisme pour faire accroire que l'Etat est intéressé à écarter du moins la concurrence des étrangers, qu'ils réussissent plus aisément à représenter comme les ennemis du commerce national. Si on les écoute, et on ne les a que trop écoutés, toutes les branches de commerce seront infectées de ce genre de monopole. Ces imbéciles ne voient pas que ce même monopole qu'ils exercent, non pas comme ils le font accroire au Gouvernement contre les étrangers, mais contre leurs concitoyens, consommateurs de la denrée, leur est rendu par ces mêmes concitoyens, vendeurs à leur tour dans toutes les autres branches de commerce, où les premiers deviennent à leur tour acheteurs."

Turgot, préfigurant Bastiat trois quarts de siècle plus tard, appelle même ce système "guerre d'oppression réciproque, où le Gouvernement prête sa force à tous contre tous", bref un "équilibre de vexation et d'injustice entre tous les genres d'industrie" où tout le monde est perdant. Il conclut que "Quelques sophismes que puisse accumuler l'intérêt particulier de quelques commerçants, la vérité est que toutes les branches du commerce doivent être libres, également libres, entièrement libres;"


Turgot ne se rapprochait pas seulement des Physiocrates pour sa défense de la liberté des échanges. Il appelait aussi à un impôt unique sur le "produit net" de la terre. Avec Turgot, plus encore que dans le cas des Physiocrates, on a l'impression que sa véritable passion était de se débarrasser des impôts étouffants dans tous les autres domaines de l'existence, et non de les imposer à la terre agricole. C'est dans son "Plan pour un mémoire sur l'imposition en général" (1763) que ses idées sur l'impôt sont le plus développées, même brièvement: il s'agissait de l'esquisse d'une étude inachevée écrite comme intendantà Limoges au profit du Contrôleur Général. Turgot affirmait que les impôts sur les villes étaient reportées sur l'agriculture; il montrait à quel point l'imposition paralysait le commerce, et comment les "droits" sur les villes faussaient les implantations et conduisaient à la fraude généralisée. En outre, les privilèges de monopole pesaient gravement à la hausse sur les prix et incitaient à la contrebande. Les impôts sur le capital détruisaient l'épargne accumulée et entravaient l'industrie. L'éloquence de Turgot se déployait bien plus à dénoncer les mauvais impôts qu'à faire l'éloge des prétendues vertus de l'impôt foncier. Contre le système fiscal, Turgot frappait dur et fort: "on dirait que le Trésor public, comme un monstre avide, est tapi à l'affût de toute la richesse du peuple."


Il est un point sur lequel Turgot différait apparemment des Physiocrates: sa stratégie ostensible était la même que la leur: essayer de convaincre le Roi des vertus du laissez-faire. Or, l'un des épigrammes les plus incisifs de Turgot, adressé à un ami, comprenait la phrase: "Je ne suis pas un encyclopédiste parce que je crois en Dieu- Je ne suis pas un économiste parce que je voudrais qu'il n'y eût point de roi". Malgré tout, ce n'était pas là son opinion affichée, et elle n'inspirait pas non plus ses actes publics.

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3. La valeur, l'échange et le prix

Une des contributions les plus remarquables de Turgot se trouve dans un texte inédit et inachevé, Valeurs et monnaies,écrit vers 1769 (2). Dans ce texte, suivant une méthode d'approximations et d'abstractions successives, il développe une théorie de type autrichien: d'abord l'économie de Robinson Crusoé, plus un échange isolé à deux personnes, qu'il étend ensuite à quatre puis à un marché complet. En commençant par l'étude du personnage isolé de Robinson, Turgot réussit à dégager des lois économiques qui dépassent le cadre de l'échange, étant applicables à toutes les actions individuelles. En somme, la théorie praxéologique transcende l'échange marchand. Elle est plus profonde et générale que lui, étant applicable à toute action humaine.


Turgot commence donc par examiner un homme isolé, ce qui lui permet d'élaborer une analyse raffinée de son échelle de valeur ou d'utilité. En établissant ses jugements de valeur et ses échelles de préférence concernant divers objets, Robinson donne leur valeur aux différents biens économiques, les compare et les choisit sur la base de leur importance relative pour lui. C'est ainsi que ces biens acquièrent des valeurs différentes. Robinson ne choisit pas seulement entre différentes utilisations actuelles des biens, mais aussi entre une consommation immédiate et une accumulation pour des "besoins à venir". Il comprend aussi clairement que plus d'abondance pour un bien conduit à une moindre valeur, et vice-versa. Ainsi, comme ses précurseurs français (et continentaux), Turgot a bien vu que l'utilité perçue d'un bien diminue à mesure que s'accroît sa disponibilité pour une personne; et comme pour eux, il ne lui manque que le concept de l'unité à la marge pour que la théorie soit complète. Cependant, il va beaucoup plus loin que ses prédécesseurs dans la clarté et la précision de son analyse. Il voit aussi que la valeur subjective des biens (leur "valeur estimative" pour les consommateurs) doit changer rapidement sur le marché, et on trouve dans son exposé au moins une allusion au fait que cette valeur perçue est strictement ordinale et ne se prête à aucune mesure (ni par conséquent à la plupart des opérations mathématiques).

Turgot commence son analyse par le commencement même: un seul homme isolé, un seul objet de son évaluation:

"Nous considérerons cet homme n'exerçant ses facultés que sur un seul objet; il le recherchera, l'évitera ou le laissera avec indifférence. Dans le premier cas, il a sans doute un motif de rechercher cet objet: il le juge propre à sa jouissance; il le trouvera bon, et cette bonté relative pourrait absolument être appelée valeur. Mais cette valeur, n'étant point comparée à d'autres valeurs, ne serait point susceptible de mesure, et la chose qui vaut ne serait pointévaluée..."

Ensuite, Turgot introduit les autres produits:

"Si ce même homme a le choix entre plusieurs objets propres à ses usages, il pourra préférer l'un à l'autre, trouver une orange plus agréable que des chôtaignes, une fourrure meilleure pour le défendre du froid qu'une toile de coton: il jugera qu'une de ces choses vaut mieux qu'une autre. il comparera dans son esprit, il appréciera leur valeur. Il se déterminera, en conséquence, à se charger des choses qu'il préfère et à laisser les autres."

Cette "comparaison de valeurs", cette évaluation des différents objets, change continuellement comme les besoins de la personne. Turgot débouche non seulement sur l'utilité décroissante, mais sur une forte anticipation de l'utilité marginale décroissante, car il se concentre sur chaque unité de biens particuliers: "Lorsque le sauvage a faim, il fera plus de cas d'un morceau de gibier que de la meilleure peau d'ours; mais, que sa faim soit satisfaite et qu'il ait froid, ce sera la peau d'ours qui lui deviendra précieuse."

Après avoir introduit dans son étude la prévision des besoins à venir, Turgot traite de l'utilité décroissante comme fonction de l'abondance. Armé de cet outil d'analyse, il apporte sa pierre à la solution du paradoxe de la valeur:

"... l'eau, malgré sa nécessité et la multitude d'agréments qu'elle procure à l'homme, n'est point regardée comme une chose précieuse dans les pays bien arrosés, que l'homme ne cherche point à s'en assurer la possession, parce que l'abondance de cette substance la lui fait trouver sous la main."

Turgot poursuit alors par un exposé véritablement remarquable, qui préfigure l'accent mis aujourd'hui par la théorie économique sur l'affectation des ressources rares à un nombre bien moins limité, à un grand nombre de fins concurrentes:

"[l'homme] n'a, pour se procurer la satisfaction de ses besoins qu'une mesure plus bornée encore de forces ou de facultés. Chaque objet particulier de ses jouissances lui coûte des soins, des fatigues, des travaux et au moins du temps. C'est cet emploi de ses facultés appliquées à la recherche de chaque objet qui fait la compensation de sa jouissance et pour ainsi dire le prix de l'objet."

Quoiqu'il y ait dans le traitement du coût par Turgot un regrettable arrière-goût de "coût matériel", lorsqu'il appelle le coût d'un produit sa "valeur fondamentale" (3), mais revient généralement à une version rudimentaire de la conception "autrichienne" plus avancée suivant laquelle tous les coûts sont en fait des "coûts d'opportunité", c'est-à-dire le sacrifice d'une certaine quantité de ressources qui auraient été produites ailleurs. Ainsi, l'individu agissant de Turgot (dans ce cas un acteur isolé) évalue et juge les objets sur la base de leur signification pour lui-même. Turgot commence par dire que cette signification, ou utilité, est l'importance de son "travail [...] et de son temps" tels qu'il les a dépensés, mais traite ensuite son concept comme équivalent aux occasions de produire que son choix aura laissées de côté: comme "la portion de ses facultés qu'il peut employer à la recherche de l'objet évalué sans y sacrifier celle d'autres objets également ou plus importants"


Ayant analysé les actions d'un Robinson isolé, Turgot introduit Vendredi. Il suppose donc qu'il y a deux personnes, puis examine comment l'échange va se développer. C'est là que, dans une analyse fine, il développe la théorie "autrichienne" d'un échange isolé à deux personnes, presque identique à ce que Carl Menger allait en faire un siècle plus tard. Tout d'abord, il met deux sauvages sur une île déserte, chacun ayant des biens de valeur en sa possession, mais les biens en question sont appropriés à des usages. L'un a un surplus de poissons et l'autre de peaux de bêtes, et le résultat sera que chacun échange une partie de son surplus contre celui de l'autre, de sorte que les deux parties à l'échange en profitent. Le commerce, ou échange, a fait son apparition. Turgot modifie ensuite les conditions de son exemple, supposant que les deux biens sont désormais le blé et le bois, de sorte que chacun d'entre eux peut être stocké pour des utilisations futures. Ainsi, ni l'un ni l'autre ne sont automatiquement pressés d'échanger leur surplus. Chaque homme soupèsera alors l'"estimation" relative pour lui des deux produits, et pondérera en conséquence l'échange éventuel. Chacun ajustera ses offres et ses demandes jusqu'à ce que les deux parties parviennent à un prix auquel chacune donnera à ce qu'elle obtient en échange plus de valeur qu'à ce qu'il y abandonne. De sorte que les deux parties profitent de l'échange.

Turgot présente cette conclusion avec sa lucidité habituelle:

"Cette supériorité de la valeur estimative, attribuée par l'acquéreur à la chose acquise sur la chose cédée, est essentielle à l'échange, car elle en est l'unique motif. Chacun resterait comme il est s'il trouvait un intérêt, un profit personnel, à échanger; si, relativement à lui-même, il n'estimait ce qu'il reçoit plus que ce qu'il donne."

Turgot dévie ensuite malheureusement du droit chemin de la valeur perçue en ajoutant, inutilement, que les termes de l'échange découverts au cours de ce processus de marchandage auront "valeur appréciative égale", car sinon la personne la moins disposée à l'échange "forcerait l'autre à se rapprocher de son prix par une offre plus forte" Il est difficile de voir ce que Turgot voulait dire avec son "chacun donne valeur égale pour recevoir valeur égale"; il y a peut-être là une compréhension embryonnaire du fait que le prix résultant de la négociation se trouvera à mi-chemin entre les échelles de valeur de l'un et de l'autre.


Turgot n'en a pas moins parfaitement raison quand il souligne que l'acte d'échanger accroît la richesse des deux parties à l'échange. Il introduit ensuite un vendeur concurrent pour chacun des deux produits et montre comment la concurrence affecte les échelles de valeur des deux participants.

Comme Turgot l'avait souligné quelques années auparavant dans son ouvrage le plus important, Les Réflexions sur la formation et la distribution des richesses(4), le processus de négociation, où chaque partie essaie d'obtenir autant qu'elle le peut en donnant le moins possible en échange, a pour effet la tendance pour chaque produit vers un prix uniforme en termes de l'autre. Le prix de tout bien changera conformément à l'urgence du besoin parmi les participants. Il n'existe pas de "vrai prix" auquel le marché tendrait, ou devrait tendre à se conformer.


Finalement, dans son analyse répétée d'une action humaine inspirée par des anticipations, plutôt qu'en termes d'équilibre ou d'une prétendue "information parfaite", Turgot préfigure l'accent mis par les Autrichiens sur le fait que les anticipations en question sont la clé des actions sur la marché. L'insistance même de Turgot sur lesdites anticipations implique, bien sûr, que celles-ci peuvent être déçues -et qu'elles le sont effectivement.

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4. Théorie de la production et de la distribution

En un sens, la théorie de la production de Turgot suivait celle des Physiocrates: cette idée malencontreuse d'une agriculture seule productrice de richesses, de sorte qu'il devrait y avoir un seul impôt sur le foncier agricole. Mais l'argument principal de sa théorie de la production était tout à fait différent de celui de la physiocratie. Ainsi, avant le fameux exemple des épingles et l'accent mis sur la division du travail qu'on trouve chez Adam Smith, Turgot avait, dans ses Réflexions, présenté une analyse perçante de cette division:

"Si le même homme qui fait produire à sa terre ces différentes choses, et qui les emploie à ses besoins, était obligé de leur faire subir toutes ces préparations intermédiaires, il est certain qu'il réussirait fort mal. La plus grande partie de ces préparations exige des soins, une attention, une longue expérience, qui ne s'acquiert qu'en travaillant de suite et sur une grande quantité de matières."

Même en supposant que seule la terre devait être productive, Turgot admettait volontiers que les "ressources naturelles" doivent être transformées par le travail humain, et que ce travail doit être fait à toutes les étapes du processus de production. Turgot y avait donc élaboré les rudiments de cette théorie autrichienne essentielle suivant laquelle la production prend du temps et passe par diverses étapes, dont chacune aussi prend du temps, et qu'il en résulte que les grandes classes de facteurs de production sont la terre, le travail et le temps.


L'une des contributions les plus remarquables de Turgot à la science économique, dont le sens demeura méconnu jusqu'au début du XX¡ siècle, était sa présentation brillante et presque improvisée de la loi des rendements décroissants, ou, comme on pourrait aussi l'appeler, la loi des proportions variables. Ce petit bijou était né d'un concours dont avait inspiré l'organisation à la Société royale d'Agriculture de Limoges, pour primer des essais sur l'imposition indirecte. Son insatisfaction devant le texte lauréat, écrit par Guérineau de Saint-Péravy dans la veine physiocratique, l'avait conduit à développer ses propres idées dans ses observations "Sur le mémoire de Saint-Péravy" (1767). Turgot s'y attaque au coeur de l'hérésie physiocratique, laquelle consistait à supposer que les différentes classes de gens dépensaient leur argent dans des proportions fixes (5). Mais, objecte Turgot, ce proportions sont bien plutôt variables, de même que celles des différents facteurs de production. Il n'existe pas de proportions constantes des facteurs en agriculture, par exemple, puisque les proportions varient suivant les connaissances des agriculteurs, la valeur du sol, ainsi que la nature du sol et des conditions climatiques.


Elaborant sur ce thème, Turgot déclare que "les productions ne peuvent être proportionnelles aux avances; elles ne le sont même pas, placées dans le même terrain, et l'on ne peut jamais supposer que des avances doubles donnent un produit double". Non seulement les proportions de facteurs sont variables, mais en outre après un certain point, "il est évident que toute dépense ultérieure serait nuisible. Dans ce cas, les avances seraient augmentées sans que le produit le fût. Il y a donc un maximum de production qu'il est impossible de passer..." Bien plus, une fois passé ce point maximum, il est "plus que probable qu'en augmentant par degrés les avances, [...] jusqu'à ce point où elles ne rapportent rien, chaque augmentation serait de moins en moins fructueuse". En revanche, si l'exploitant réduit les facteurs en-deçà du point de production maximum, on trouvera les mêmes changements dans les proportions.


De sorte que Turgot avait présenté, sous une forme entièrement développée, une analyse de la loi des rendements décroissants qui n'allait pas être dépassée, voire égalée, avant le vingtième siècle (à en croire Schumpeter, pas avant un article de revue par Edgeworth en 1911!).


Un accroissement de la quantité des facteurs, par conséquent, accroît le produit marginal (la quantité produite par chaque accroissement de chaque facteur), jusqu'à ce qu'un point maximum soit atteint. Après quoi, la productivité marginale descend, finit par atteindre zéro, et ensuite devient négative.

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5. La théorie du capital, la fonction d'entreprise, l'épargne et l'intérêt

Dans la liste des contributions exceptionnelles d'A.R.J. Turgot à la théorie économique, la plus remarquable est sa théorie du capital et de l'intérêt. Celle-ci, contrairement à d'autres telles que la valeur et l'utilité, apparut presque complète et sans lien aucun avec des contributions antérieures. Et ce n'est pas tout: Turgot avait presque complètement développé la théorie autrichienne du capital et de l'intérêt un siècle avant qu'elle ne soit mise sous sa forme définitive par Eugen von Bšhm-Bawerk.


La théorie du capital proprement dite de Turgot fut plus ou moins reprise par les économistes classiques britanniques de même que par les Autrichiens. Ainsi, dans ses grandes Réflexions, Turgot remarquait qu'on accumule la richesse à partir d'un produit annuel non consommé puis épargné. L'épargne est accumulée sous forme de monnaie, puis investie dans diverses formes de biens. Bien plus, Turgot fait remarquer que l'"entrepreneur capitaliste" doit d'abord accumuler du capital épargné pour "faire l'avance" de leur paie aux travailleurs, tandis qu'on travaille sur le produit. Dans l'agriculture, l'entrepreneur-capitaliste doit épargner des fonds pour payer les ouvriers, acheter du bétail, payer les bôtiments et les outils, etc., jusqu'à ce que la récolte ait été moissonnée et vendue, et qu'il puisse récupérer ses avances. Et il en est ainsi dans tous les domaines de la production.


Adam Smith et les classiques britanniques qui lui succédèrent avaient récupéré une partie de ces développements. Cependant, deux points essentiels leur avaient échappé. Le premier était que le capitaliste de Turgot était aussi un entrepreneur. Il ne se bornait pas à faire l'avance de son épargne aux travailleurs et autres facteurs de production - il subissait aussi, comme Cantillon l'avait déjà souligné, les risques dus à l'incertitude sur les marchés. La théorie de Cantillon d'un entrepreneur assumant tous les risques dus à l'incertitude, contribuant ainsi à l'équilibre du marché, n'avait manqué que d'un seul élément-clé: d'une analyse du capital et d'une compréhension du fait que la force motrice essentielle de l'économie de marché n'est pas seulement un entrepreneur, mais un capitaliste-entrepreneur. Il combine les deux fonctions (6).


Et pourtant, la réussite mémorable de Turgot en développant la théorie de l'entrepreneur-capitaliste aura été, comme le Professeur Hoselitz l'a fait remarquer, "complètement passée sous silence" jusqu'au vingtième siècle (7).

Si les Classiques britanniques avaient totalement négligé l'entrepreneur, ils avaient été tout aussi incapables d'assimiler l'insistance proto-autrichienne de Turgot sur le rôle essentiel du temps dans la production, et le fait que les secteurs d'activité puissent nécessiter de nombreuses étapes de production et d'échange. Turgot avait bien compris que c'est le propriétaire du capital "qui attendra que la vente des cuirs lui rende non seulement toutes ses avances, mais encore un profit suffisant pour le dédommager de ce que lui aurait valu son argent, s'il l'avait employé en acquisition de fonds, et, de plus, du salaire dû à ses travaux, à ses soins, à ses risques, à son habileté même." Dans ce passage, Turgot annonce le concept autrichien de coût d'opportunité, et rappelle que le capitaliste aura tendance à gagner l'équivalent de son salaire, plus les occasions qu'il avait sacrifiées en n'investissant pas son argent ailleurs. Bref, les bénéfices comptables du capitaliste tendront vers un taux d'intérêt d'équilibre de long terme, plus le salaire implicite de son propre travail qualifié. En agriculture, dans l'industrie, ou dans tout autre domaine de la production, il y a deux classes de producteurs dans la société: (a) les entrepreneurs, propriétaires de capitaux, "qu'ils font valoir en faisant travailler par le moyen de leurs avances" et (b) les travailleurs ou "simples artisans, qui n'ont d'autre bien que leurs bras, qui n'avancent que leur travail journalier et n'ont de profit que leurs salaires."


C'est là que Turgot incorpore un germe de vérité tiré du Tableau des physiocrates- à savoir que le capital investi doit rapporter une rentabilité constante grâce à une circulation continue des dépenses, faute de quoi des dislocations se produiront dans la production et les paiements. Intégrant son analyse de la monnaie avec celle du capital, Turgot remarque qu'avant l'apparition de monnaies telles que l'or et l'argent, l'extension possible de l'entreprise, de l'industrie et du commerce était étroitement limitée. En effet, pour développer la division du travail et les étapes de la production, il faut accumuler d'énormes montants de capital financier, et constituer un réseau d'échange très dense. Tout cela est impossible en l'absence de monnaie.


Ayant compris que les "avances" de l'épargne aux facteurs de production sont une clé de l'investissement, et que ce processus ne se développe que dans une économie monétaire, Turgot n vient alors à une conclusion "autrichienne" cruciale: dans la mesure où les avances en argent et en capital sont indispensables à toutes les entreprises, alors les travailleurs sont disposés à verser aux capitalistes un escompte pris sur la production en échange du service de les avoir payés à l'avance sur la recette future. Bref, le revenu d'intérêt sur l'investissement (ce que le Suédois de tradition "autrichienne" Knut Wicksell appellera un siècle plus tard le "taux d'intérêt naturel") est le paiement versé par les travailleurs aux capitalistes pour leur service spécifique, à savoir: leur avancer l'argent tout de suite afin qu'ils n'attendent pas pendant des années la rémunération de leur travail. Comme Turgot le dit dans ses Réflexions: "Puisque les capitaux sont la base indispensable de toute entreprise, [...] ceux qui, avec l'industrie et l'ardeur du travail, n'ont point de capitaux ou n'en ont point assez pour les entreprises qu'ils veulent former, n'ont pas de peine à se résoudre à céder aux possesseurs de capitaux ou d'argent qui veulent leur en confier, une portion des profits qu'ils espèrent recueillir outre la rentrée de leurs avances."


L'année suivante dans son commentaire étincelant sur l'essai de Saint-Péravy, Turgot développe son analyse de l'épargne et du capital pour présenter une excellente anticipation de la Loi de Say. Turgot balaie les frayeurs pré-Keynésiennes des Physiocrates, qui craignaient que l'argent non dépensé dans la consommation, en "fuyant" du flux circulaire, ne sabote l'économie. En conséquence, les Physiocrates avaient tendance à s'opposer à l'épargne en tant que telle. Turgot, en revanche, fait remarquer que les avances en capital sont indispensables à toute entreprise. Or, d'où les avances pourraient-elles provenir, sinon de l'épargne ? Il remarquait aussi que cela ne faisait aucune différence que cette épargne soit fournie par des propriétaires terriens ou par des entrepreneurs. Pour que l'épargne entrepreneuriale soit suffisamment importante pour accumuler du capital et développer la production, il faut que les bénéfices soient plus importants que le montant nécessaire pour reproduire la dépense actuelle des entrepreneurs (c'est-à-dire pour remplacer le stock, les capitaux matériels, etc., à mesure que ceux-ci sont consommés ou amortis).


C'est sans raison, poursuit Turgot, que les Physiocrates supposent que l'épargne "fuit" la circulation et fait baisser les prix. Bien au contraire, l'argent retourne immédiatement à la circulation. Car l'épargne sera utilisée soit (a) pour acheter de la terre, soit (b) pour être investie sous forme d'avances aux travailleurs et autres facteurs de production, ou alors (c) pour être prêtée à intérêt. Toutes ces utilisations de l'épargne ramènent l'argent vers le flux de la circulation. Les avances en capital, par exemple, retournent à la circulation en payant l'équipement, les bâtiments, les matières premières ou les salaires. L'achat de la terre transfère l'argent au vendeur d'icelle, lequel à son tour ira acheter quelque chose avec l'argent, payera ses dettes ou reprêtera le montant; en tous cas, l'argent retourne promptement à la circulation.


Turgot s'engage ensuite dans une analyse similaire des flux de dépenses dans le cas où l'épargne est prêtée à intérêt. Si ce sont des consommateurs qui empruntent l'argent, ils le font pour dépenser, et l'argent dépensé retourne à la circulation. S'ils empruntent pour rembourser d'autres dettes ou pour acheter de la terre, la même chose se produit. Et si ce sont des entrepreneurs qui empruntent l'argent, il sera déboursé en avances et en investissement, et l'argent, une fois de plus, retourne à la circulation.


L'argent épargné, par conséquent, n'est pas perdu; il retourne au flux des dépenses. En outre, la masse de l'épargne investie est bien plus grande que celle de l'argent thésaurisé: c'est rapidement que l'argent retourne à la circulation. En outre, rappelle Turgot, même si l'épargne accrue retirait effectivement une faible somme d'argent de la circulation pour une durée notable, l'entrepreneur verra la baisse de ses prix plus que compensée par le développement des avances, qui développe la production et réduit ses coûts. Ici, Turgot tient en germe l'analyse bien ultérieure de Mises-Hayek sur la manière dont l'épargne rétrécit mais allonge la structure de production (8).


Le summum de la contribution de Turgot à la théorie économique était le raffinement de sa théorie de l'intérêt. Nous avons déjà vu sa lucidité remarquable lorsqu'il décrivait le revenu d'intérêt sur l'investissement comme un prix payé par les travailleurs aux capitalistes-entrepreneurs pour leurs avances d'épargne sous forme de versements immédiats. Turgot démontrait aussi -tellement en avance sur son temps- le lien entre taux d'intérêt naturel et le taux d'intérêt sur les prêts financiers. Il montrait, par exemple, que les deux doivent tendre à l'égalité sur les marchés, dans la mesure où les possesseurs de capitaux comparent sans arrêt leurs rentabilités attendues dans les différentes affectations possibles, qu'elles soient faites de prêts ou d'investissements directs dans la production. Le prêteur vend l'utilisation immédiate de son argent, et l'emprunteur achète cette disponibilité, et le "prix" de ces prêts, c'est-à-dire le taux d'intérêt, sera déterminé, comme celui de toute marchandise, par la négociation et le marchandage des offreurs et demandeurs sur les marchés. Une demande supplémentaire de fonds prêtables ("beaucoup d'emprunteurs") fera monter les taux d'intérêt; une offre de prêts accrue ("beaucoup de possesseurs d'argent qui offrent à en prêter") les fera baisser. Nous l'avons vu: les gens ont bien des raisons pour emprunter. Pour essayer de faire un profit d'entrepreneur, pour acheter de la terre, pour rembourser une autre dette, ou pour consommer; tandis que les prêteurs ne se soucient que de deux choses: le revenu d'intérêt et la sûreté de leur capital.


Alors qu'il existera une tendance sur le marché à égaliser les taux d'intérêt sur les prêts et les taux de rentabilité des investissements, les prêts ont aussi tendance à être forme moins risquée d'affectation pour l'épargne. De sorte que l'investissement dans les entreprises risquées ne sera accepté que dans la mesure où les entrepreneurs en attendent une rentabilité plus élevée que le taux d'intérêt des prêts. Turgot remarque aussi que les obligations d'Etat auront tendance à être l'investissement le moins risqué, de sorte que ce seront eux qui rapporteront le plus faible revenu d'intérêt. Et Turgot de déclarer ensuite que le "vrai mal" de la dette publique est qu'elle offre des avantages au public détenteur mais oriente son épargne vers des utilisations "stériles" et improductives, et maintient un taux d'intérêt élevé qui fait concurrence aux utilisations productives.


Poussant plus avant son analyse de la nature et de l'usage du prêt à intérêt, Turgot s'engage dans une critique incisive et péremptoire des lois sur l'usure, que les Physiocrates essayaient encore de défendre.


Le prêt, insiste Turgot, "est un contrat réciproque, libre entre les deux parties, et qu'elles ne font que parce qu'il leur est avantageux." Mais alors, un contrat de prêt estipso facto avantageux aussi bien pour le prêteur et pour l'emprunteur. Turgot en vient à l'argument-massue: "or, d'après quel principe peut-on imaginer du crime dans un contrat avantageux aux deux parties, dont toutes deux sont contentes, et qui certainement ne nuit à personne autre ?" Il n'y a aucune exploitation à faire payer un intérêt, pas plus que dans la vente de quelque marchandise que ce soit. S'en prendre à un prêteur parce qu'il "profiterait" du besoin que l'emprunteur a de son argent en demandant un intérêt c'est parler "avec autant d'absurdité que si l'on disait qu'un boulanger qui exige de l'argent pour le pain qu'il vend, abuse du besoin qu'en a l'acheteur."


Et si on peut considérer l'argent dépensé pour du pain comme étant son équivalent, alors de même "l'argent que l'emprunteur reçoit aujourd'hui est également l'équivalent du capital et de l'intérêt qu'il promet de rendre dans un certain terme." En somme, un contrat de prêt établit la valeur actuelle du paiement à venir d'un capital et d'intérêts. L'emprunteur obtient l'usage de l'argent pour la durée du prêt, et le prêteur en est privé; le prix de cet avantage, ou désavantage, est l'"intérêt".


Il est vrai, dit Turgot à l'aile anti-usure des Scolastiques, que l'argent employé avec succès dans des entreprises rapporte un bénéfice. Quand on l'investit dans la terre il rapporte un loyer. Le prêteur renonce, pendant la durée du prêt, non seulement à la possession du métal, mais au bénéfice qu'il aurait pu obtenir en investissant. Le "profit ou [le] revenu qu'il aurait pu se procurer, et l'intérêt qui le dédommage de cette privation ne saurait être regardé comme injuste" Ainsi, Turgot intègre son analyse et sa justification de l'intérêt dans une conception plus générale du coût d'opportunité, du revenu auquel on renonce en prêtant de l'argent (9). En outre, et avant tout, déclare Turgot, il y a le Droit de propriété du prêteur, élément essentiel qui ne saurait être passé sous silence. Car un prêteur a:

"le droit d'exiger l'intérêt par la seule raison que l'argent est à lui. Puisqu'il est à lui, il est libre de le garder; rien ne lui fait un devoir de le prêter; si donc il le prête, il peut mettre à son prêt telle condition qu'il veut. Il ne fait en cela aucun tort à l'emprunteur, puisque celui-ci se soumet à la condition et n'a aucune espèce de droit à la somme prêtée."

Quant au passage de l'évangile de Luc qui avait été invoqué pendant des siècles pour dénoncer le prêt à intérêt, Turgot affirme que cet avis n'était qu'un précepte charitable, une "action louable que la générosité inspire", non une exigence de la justice. Les adversaires de l'usure, dit Turgot, ne poussent jamais jusqu'à une position cohérente, qui consisterait à essayer de forcer tout le monde à prêter sans intérêt.


Dans une de ses dernières contributions, le très influent "Mémoire sur les prêts d'argent" (1770), A.R.J. Turgot développe sa critique des lois sur l'usure, tout en développant sa déjà remarquable théorie de l'intérêt (10).


Il fait remarquer que les lois sur l'usure ne sont pas imposées rigoureusement, ce qui conduit à une prolifération de marchés noirs. Mais l'opprobre de l'usure demeure, de même que la fraude et le mépris général de la loi. En outre, de temps en temps, on fait une application brutale de la loi, de manière imprévisible, avec des peines sévères.


Plus important, Turgot, dans ce "Mémoire sur les prêts d'argent", s'interroge sur le problème essentiel de l'intérêt: pourquoi les emprunteur sont-ils d'accord pour payer la prime d'intérêt en échange du droit d'utiliser cet argent ? Les adversaires de l'usure, remarque-t-il, tiennent que le prêteur, en exigeant qu'on leur rende davantage que le principal, reçoit une valeur excessive par rapport au montant du prêt, et que cela est d'une certaine manière profondément immoral. C'est alors que Turgot en arrive à la question critique: "il est certain qu'en rendant le sort principal, l'emprunteur rendra précisément le même poids de métal que le prêteur lui avait donné." Mais pourquoi, ajoute-t-il, est-ce le poids en métal de la monnaie qui devrait être essentiellement considérée, et non "la valeur et l'utilité dont il est pour celui qui prête et pour celui qui emprunte ?" Turgot en arrive donc spécifiquement au concept essentiel de la préférence temporelle, développé par les Autrichiens à la suite de Bšhm-Bawerk. C'est à ce moment qu'il nous demande de comparer "la différence d'utilité qui existe à l'époque du prêt entre une somme possédée actuellement et une somme égale qu'on recevra à une époque éloignée". La clé est donc la préférence temporelle -l'escompte de l'avenir et la prime par conséquent donnée au présent. Turgot rappelle le proverbe bien connu, "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras". Comme une somme d'argent actuellement possédée "est préférable à l'assurance de recevoir une pareille somme dans une ou plusieurs années" la même somme d'argent payée et remboursée ne peut guère avoir la même valeur, car le prêteur "donne l'argent et ne reçoit qu'une assurance". Or, cette perte de valeur ne serait-elle pas "compensée par l'assurance d'une augmentation sur la somme proportionnée au retard ?" Turgot conclut que "cette compensation est précisément l'intérêt de l'argent." Il ajoute que ce qu'il convient de comparer au cours d'un contrat de prêt, ce n'est pas la valeur de l'argent prêté avec la somme d'argent remboursée, mais la "valeur de la promesse d'une somme d'argent, qu'il faut comparer avec la valeur d'une somme d'argent effective." car un prêt est justement le transfert d'une somme d'argent dans l'avenir. De sorte qu'un taux d'intérêt maximum imposé par la loi priverait virtuellement de crédit l'ensemble des entreprises risquées.


En plus de sa découverte du concept autrichien de préférence temporelle, Turgot, dans ses Réflexions, avait été le premier à développer le concept corollaire de capitalisation, à savoir que la valeur actuelle de la terre ou d'un autre bien de capital sur le marché tend à être équivalente à la somme des loyers ou rendements annuels attendus à l'avenir, escomptés par le taux de préférence temporelle du marché -le taux d'intérêt (11).


Et comme s'il n'avait pas assez donné à la théorie économique, Turgot se fait le pionnier d'une analyse raffinée de la relation entre le taux d'intérêt et la "théorie quantitative" de la monnaie. Il y a peu de rapport, souligne-t-il, entre la valeur du numéraire en terme des prix, et le taux d'intérêt. L'offre de monnaie peut bien être abondante, de sorte que sa valeur soit faible en terme de marchandises, alors que l'intérêt serait très élevé dans le même temps. Suivant peut-être en cela le modèle similaire de Hume, Turgot demande ce qui se passerait si la quantité de monnaie argent dans un pays doublait subitement, et si cet accroissement était magiquement distribué en proportions égales à chaque personne. Plus précisément, Turgot demande de supposer qu'il y ait un million d'onces de monnaie-argent dans un pays, et "qu'il survienne, de quelque manière que ce soit, dans l'Etat, un second million d'onces d'argent, et que cette augmentation soit distribuée dans toutes les bourses suivant la même proportion que le premier million, en sorte que celui qui avait précédemment deux onces d'argent en ait maintenant quatre." Turgot souligne alors que les prix vont monter, peut-être doubler, de sorte que la valeur de l'argent en termes de marchandises baissera. Cependant, ajoute-t-il, cela n'implique en rien que le taux d'intérêt baisse, si la répartition des dépenses demeure la même chez les gens, "si tout cet argent est porté au marché et employé aux dépenses courantes de ceux qui le possèdent," le nouvel argent ne sera pas entièrement prêté, car seul l'argent épargné fait l'objet des prêts et des investissements (12).


En fait, Turgot remarque même que, suivant la manière dont la part de l'épargne dans la dépense sera affectée, un accroissement de la quantité de monnaie pourrait tout aussi bien accroître les taux d'intérêt. Supposons, dit-il, que tous les gens riches décident de consacrer à la consommation leurs revenus et bénéfices annuels, et dépensent leur capital dans des folies. La consommation accrue augmentera le prix des biens de consommation, et comme il y aura bien moins d'argent à prêter pour faire des investissements, les taux d'intérêt augmenteront en même temps que les prix. Bref, la dépense va s'accroître et les prix augmenter, alors qu'en même temps, le taux de préférence temporelle s'accroîtra, les gens consommeront davantage et épargneront moins, et les taux d'intérêt augmenteront. Ainsi Turgot a-t-il plus d'un siècle d'avance sur son temps, ayant dégagé la relation complexe, développée par les Autrichiens, entre ce que von Mises aurait appelé la "relation monétaire" -relation entre l'offre et la demande de monnaie, qui détermine les prix ou le "niveau" des prix- et les taux de préférence temporelle. On y trouve aussi le début des rudiments de la théorie autrichienne de la conjoncture, de la relation entre l'expansion de la masse monétaire et le taux d'intérêt.


Pour ce qui est des mouvements du taux de préférence temporelle ou taux d'intérêt, un progrès de l'esprit d'épargne abaissera le taux d'intérêt en accroissant le montant épargné et, partant, l'accumulation du capital. Un progrès de l'esprit de jouissance fera l'inverse. L'esprit d'épargne, note Turgot, augmente régulièrement en Europe depuis plusieurs siècles, de sorte que les taux d'intérêt ont eu tendance à baisser. Les divers taux d'intérêt et taux de rentabilité sur les prêts, investissements, sur la terre, etc. s'ajustent réciproquement sur l'ensemble des marchés et tendent vers un taux de rentabilité unique. Le Capital, remarque Turgot, quittera les activités où le bénéfice est faible au profit de celles où il est plus élevé.

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6. Théorie monétaire

Alors que Turgot n'avait pas prêté beaucoup d'attention à la théorie de la monnaie en tant que telle, il avait là aussi des contributions importantes à apporter. En plus d'avoir repris le modèle de Hume et de l'intégrer avec son analyse de l'intérêt, Turgot avait un démenti formel à opposer à l'idée aujourd'hui dominante suivant laquelle la monnaie serait un jeton purement conventionnel. Dans sa critique à un texte primé de J.J. Graslin (1767), Turgot déclare que Graslin a entièrement tort en "ne regardant l'argent que comme un gage conventionnel des richesses." Bien au contraire, déclare Turgot, "Ce n'est point du tout en vertu d'une convention, que l'argent s'échange contre toutes les autres valeurs: c'est parce qu'il est lui-même un objet de commerce, une richesse, parce qu'il a une valeur, et que toute valeur s'échange dans le commerce contre une valeur égale."


Dans son article de dictionnaire inachevé sur "Valeur et monnaies", Turgot développe sa théorie monétaire. S'appuyant sur ses connaissances linguistiques, il déclare que la monnaie est une sorte de langage, amenant la forme de divers objets conventionnels sous un "terme commun". Le terme commun de toutes les monnaies est la valeur actuelle, ou prix, des objets qu'ils essaient de mesurer. Ces "mesures", cependant, sont loin d'être parfaites, reconnaît Turgot, dans la mesure où la valeur de l'or et de l'argent varie sans cesse relativement aux autres marchandises, de même que l'une avec l'autre. Toutes les monnaies sont faites des mêmes matières, essentiellement l'or et l'argent, et ne diffèrent que par les unités de mesure. Et toutes ces unités sont réductibles l'une à l'autre, comme le sont d'autres mesures de longueur ou de volume, par l'expression du poids de chacune des unités dans chaque étalon monétaire. Il y a deux types de monnaie, signale Turgot: la vraie monnaie, pièces de métal marquées d'inscriptions; et la monnaie fictive, servant d'unité de compte ou numéraire (13). Quand de vraies unités monétaires sont définies en termes d'unités de compte, les différentes unités sont liées l'une à l'autre et à des poids définis d'or et d'argent.


Des problèmes apparaissent, montre Turgot, parce qu'il n'y a pas une seule vraie monnaie dans le monde mais deux : l'or et l'argent. La valeur relative de l'or et de l'argent sur le marché changera donc suivant l'abondance et la rareté relative de l'or et de l'argent dans les divers pays.

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7. L'influence

Un des exemples les plus choquants d'injustice en histoire de la pensée économique est le traitement réservé à la brillante analyse du capital et de l'intérêt de Turgot par le grand fondateur de la théorie autrichienne du capital et de l'intérêt, Eugen von Bšhm-Bawerk. Au début des années 1880, Bšhm-Bawerk commence, dans le premier tome de son Kapital und Kapitalzins, par ouvrir le chemin de sa propre théorie en étudiant et démolissant les théories antérieures et concurrentes. Hélas, au lieu de reconnaître Turgot comme son prédécesseur dans la nouvelle théorie autrichienne, Bšhm-Bawerk balaie brutalement le Français comme un simple Physiocrate, adepte de la théorie naïve de la productivité (ou "fructification") du capital. Cette injustice envers Turgot est d'autant plus aggravée par la découverte récente d'un texte de séminaire encore inédit de 1876 où Bšhm-Bawerk, dans les premiers jugements qu'il portait sur la théorie de l'intérêt de Turgot, révélait l'influence énorme de ses conceptions sur les développements ultérieurs de sa pensée. Peut-être nous faut-il conclure que, dans ce cas, comme dans d'autres, le besoin qu'avait Bšhm-Bawerk de prétendre à l'originalité et de démolir l'ensemble de ses prédécesseurs l'avait emporté sur les exigences de la vérité et de la justice (14).


A voir les mauvais traitements de Bšhm-Bawerk, cela fait chaud au coeur de voir avec quels éloges Schumpeter résume les grandes contributions de Turgot à la théorie économique. S'appuyant presque exclusivement sur les Réflexions de Turgot, Schumpeter déclare que sa théorie de la formation des prix est "presque irréprochable et, mis à part une formulation explicite du principe marginaliste, se trouve à une distance palpable de celle de Bšhm-Bawerk." La théorie de l'épargne, de l'investissement et du capital est "la première analyse sérieuse de ces questions" and "a tenu remarquablement longtemps. Il est douteux qu'Alfred Marshall soit parvenu à la dépasser, et certain que J.S. Mill ne l'avait pas fait. Bšhm-Bawerk y a sans doute ajouté une nouvelle branche mais, pour l'essentiel, il avait repris les propositions de Turgot." La théorie de l'intérêt de Turgot est "non seulement le plus grand exploit [...] du XVIII¡ siècle, mais elle préfigurait nettement une bonne partie des meilleures réflexions des dernières décennies du XIX¡. En somme,

"il n'y a pratiquement aucune erreur discernable dans ce tout premier traité de la valeur et de la distribution, traité dont la mode allait tellement se développer dans les dernières décennies du XIX¡ siècle. Ce n'est pas exagérer que de dire que l'analyse économique a pris un siècle pour se retrouver où elle aurait pu en être vingt ans après la publication du Traité de Turgot si son contenu avait été correctement compris et assimilé par une profession plus éveillée " (15).

L'influence de Turgot sur la pensée économique ultérieure fut sérieusement restreinte, probablement surtout parce que ses écrits furent injustement discrédités auprès des générations suivantes par son association avec les Physiocrates, et par le mythe suivant lequel Adam Smith serait le fondateur de l'économie politique. Et les économistes du XIX¡ siècle qui se trouvèrent lire Turgot ne comprirent pas l'importance de ses théories du capital, de l'intérêt et de la production. Alors qu'Adam Smith connaissait Turgot personnellement, et qu'il avait lu les Réflexions, leur influence fut apparemment minime. Mis à part une approche vaguement laissez-fairiste, ses conclusions étaient singulièrement différentes. Ricardo, comme à son habitude, était indifférent et incompréhensif, se bornant à admirer Turgot pour son rôle ingrat comme réformateur libéral. James Mill, bien entendu, eut la même réaction. Malthus admirait les conceptions de Turgot sur la valeur, mais la seule influence sensible de Turgot en Angleterre se trouve chez Samuel Bailey, grand champion de la théorie subjective de la valeur. Quoique l'influence de Turgot sur Bailey soit patente, il avait malheureusement négligé de le citer dans ses écrits, de sorte que la tradition de l'Utilité en Grande-Bretagne ne put redécouvrir son champion.


C'est sur le Français J.B. Say, officiellement adepte de Smith, que Turgot a finalement eu le plus d'influence, particulièrement en théorie de la valeur-utilité perçue, et dans une certaine mesure en théorie du capital et de l'intérêt. C'est Say qui fut l'héritier authentique de la tradition française, proto-autrichienne, du laissez-faire développée au XVIII¡ siècle. Malheureusement, ces citations de Turgot minimisaient son influence, et ses références envers Smith étaient lourdement exagérées. L'une et l'autre attitude reflétaient probablement chez J. B. Say une réticence, caractéristique après la Révolution française, à se trouver étroitement associé à ces physiocrates partisans de la monarchie absolue et de l'agriculture, avec lesquels Turgot se confondait malencontreusement aux yeux des Français les plus éclairés. D'où les prosternations rituelles devant Adam Smith.



* Murray N. Rothbard (2 mars 1926 - 7 janvier 1985) était à l'époque (1986) S.J. Hall Distinguished Professor of Economics à l'University du Nevada à Las Vegas. Il était aussi Vice-président pour les Questions Scientifiques de l'Institut Ludwig von Mises, et Rédacteur en chef de sa Review of Austrian Economics.

(1) L'Eloge avait été rédigé par Turgot en quelques jours à partir de quelques textes pour le panégyriste officiel de Gournay, l'écrivain Jean-François Marmontel. Marmontel se borna à tirer des extraits du texte de Turgot et les publia comme éloge officiel.

(2) Même si l'article inachevé est resté inédit pendant des décennies, il avait été écrit pour un Dictionnaire du Commerce qui aurait dû être constitué par l'Abbé André Morellet (1727-1819), ami de toujours de Turgot et son condisciple auprès de Gournay. Morellet avait publié la même année un prospectus pour le nouveau dictionnaire, prospectus qui répétait très fidèlement le modèle d'échange isolé développé par Turgot et dont on sait en outre qu'Adam Smith en possédait un.

(3) Rothbard cite cette expression, mais on n'y trouve aucune allusion dans le texte disponible en français. Bien au contraire, dans le Mémoire sur les prêts d'argent, Turgot précise bien que : "cette chose n'a point, à proprement parler, de valeur réelle et intrinsèque, à moins qu'on n'entende par là le prix qu'elle a coûté au vendeur ; ce qui ne serait pas exact, car le prix de la façon ou du premier achat n'est point la valeur dans le commerce, ou sa valeur vénale uniquement fixée par le rapport de l'offre à la demande." (italiques ajoutés) Alors, ajout d'un traducteur anglais ou version différente ? [N.d.T.]

(4) Ces Réflexions (1766) sont d'autant plus remarquables qu'elles avaient été "griffonnées" à la hôte pour expliquer à deux étudiants chinois de Paris les questions que Turgot s'apprêtait à leur poser sur l'économie de la Chine. Il est rare qu'une oeuvre d'une telle importance soit née d'un motif aussi quelconque ! Et, plus loin, même si un homme "quand il réussirait à tanner un cuir tout seul, il ne lui faut qu'une paire de souliers : que ferait-il du reste ? Tuera-t-il un boeuf pour avoir cette paire de souliers ? Coupera-t-il un arbre pour se faire une paire de sabots ? On peut dire la même chose de tous les autres besoins de chaque homme qui, s'il était réduit à son champ et à son travail, consumerait beaucoup de temps et de peine pour être fort mal équipé à tous égards, et cultiverait très mal son terrain."

(5) Erreur commune aux "planificateurs" contemporains à la Léontief [N.d.T].

(6) Dans un texte pénétrant récemment paru sur l'histoire des théories de l'entrepreneur, les Professeurs Hebert et Link examinent la question de savoir si un entrepreneur ne peut être que capitaliste ou si tout le monde est entrepreneur, y compris les travailleurs. On considère que Turgot est en retrait par rapport au concept plus large de la fonction d'entreprise chez Cantillon. Mais le point le plus important ici est que capitaliste-entrepreneur est la force motrice de l'économie de marché, et qu'en se concentrant pour la première fois sur ce personnage d'une importance vitale, Turgot faisait un énorme pas en avant. Et nous pouvons saluer cet exploit même s'il est aussi vrai que Turgot avait négligé les autres domaines, moins importants de l'esprit d'entreprise. Cf. Robert F. Hebert et Albert N. Link, The Entrepreneur : Mainstream Views and Radical Critiques (New York : Praeger Pubs., 1982), pp. 14-29 et passim.

(7) Bert F. Hoselitz, "The Early History of Entrepreneurial Theory", in Spengler and Allen, Essays in Economic Thought, p. 257.

(8) C'est-à-dire que, pour une quantité de monnaie donnée, elle fait baisser les prix à la consommation mais développe l'activité en finançant davantage d'entreprises en amont, ce qui allonge la durée moyenne des processus productifs [N.d.T.].

(9) Rappelons que les Scolastiques appelaient "usure" toute forme de prêt à intérêt. Probablement impressionnés par l'apparence d'un rendement physique des investissements directs, ils admettaient fort bien que ceux-ci rapportent des bénéfices. En revanche, ne voyant pas quel fruit pouvait sortir d'une somme d'argent prêtée (Pecunia pecuniam patere non potest), la majorité jugeait anti-naturel le prêt à intérêt. Comme par ailleurs ils avaient une théorie de la valeur (y compris de la valeur de la monnaie) fondée sur l'utilité perçue et la rareté (ou sur l'offre et la demande), c'était bien plus une incohérence de leur part qu'une déduction de prémisses fondamentalement fausses, comme ce sera le cas pour Marx. Les scolastiques avaient d'ailleurs bien vu une partie des raisons avancées par Turgot : le coût d'opportunité du capital investi (qu'ils appelaient lucrum cessans) et même la contrainte de liquidité (carentia pecuniae). Mais il faudra attendre le XVII¡ siècle pour qu'un Scolastique en tire toutes les conséquences. Cf. Murray Rothbard, Economic Thought Before Adam Smith, Aldershot : Edward Elgar, 1995 [N.d.T.].

(10) Le texte de Turgot faisait l'objet d'éloges dans la remarquable Defense of Usury de Bentham, et fut rééditée avec le texte de Bentham dans ses traductions française et espagnole à la fin des années 1820.

(11) Comme le dit Turgot : "un capital est l'équivalent d'une rente égale à une portion déterminée de ce capital, et réciproquement une rente annuelle représente un capital égal au montant de cette rente répété un certain nombre de fois suivant que l'intérêt est à un denier plus ou moins haut."

(12) Même si le modèle de Hume-Turgot est fort utile pour isoler et clarifier les distinctions entre le niveau des prix et le taux d'intérêt, et pour éclairer l'impact d'un changement dans la quantité de monnaie, il s'agit quand même d'une régression par rapport à l'analyse avancée des processus faite par Cantillon.

(13) La livre de compte ou numéraire, composée de vingt sous, eux-mêmes divisés en douze deniers, était la monnaie fictive. L'écu et le Louis, valant respectivement 3 et 24 livres, étaient des pièces de monnaie réelle.

(14) Ce texte, écrit pour le séminaire de Karl Knies à Heidelberg, fut offert à l'Autrichien F.A. Hayek par la veuve de Bšhm-Bawerk en 1922-23. Cf. P.D. Groenewegen, ed., The Economics of A.R.J. Turgot (La Haye : Martinus Nijhoff, 1977), pp. xxix-xxx. Pour l'injustice de Bšhm envers Turgot, cf. Eugen von Bšhm-Bawerk, Capital and Interest (South Holland, IL. : Libertarian Press, 1959), I, 39-45. Pour Frank Fetter, Américain de l'Ecole autrichienne, cf. Capital. Interest. and Rent : Essays in the Theory of Distribution, ed. par M. Rothbard (Kansas City : Sheed Andrews and McMeel, 1977), pp. 264-266. Pour en savoir plus sur le traitement par les économistes de la théorie de l'intérêt chez Turgot, cf. Groenewegen, "A Reinterpretation of Turgot's Theory of Capital and Interest," Economic Journal, 81 (juin 1971), pp. 327-328, 33, 339-340. Pour Schumpeter sur l'injustice de Bšhm envers Turgot, cf. Schumpeter, History, p. 332n. Sur la controverse de Marshall-Wicksell-Cassel sur le traitement par Bšhm-Bawerk de la théorie de l'intérêt chez Turgot, cf. Peter D. Groenewegen, "Turgot's Place in the History of Economic Thought : A Bicentenary Estimate", History of Political Economy, 115 (hiver 1983), pp. 611-615.

(15) Schumpeter, History of Economic Analysis, pp. 249, 325.

 

Source: l'ami du laissez-faire.


Merci au Pr. Mark Skousen, pour la publication de ce chapitre de l'Histoire de la pensée économique du Pr. Rothbard, la première jamais écrite du point de vue de l'analyse économique autrichienne.
Auburn, Alabama 36849

 

 

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Laissez-faire

De Wikiberal:

Le laissez-faire désigne la possibilité d'échanges entre acteurséconomiques sans entraves de l'État (règlementations, protectionnisme, subventions...) autres que pour protéger le droit de propriété.

Le laissez-faire n'a rien à voir avec le "laisser-faire", auquel certains font allusion. Les libéraux sont conscients qu'une société ne peut exister sans règles.

 

Le libéralisme n'est pas le laisser faire généralisé

Si seulement il pouvait en aller ainsi ! Mais nous en sommes loin. C'est d'ailleurs une chose étrange que la maxime "laissez-faire" puisse figurer en tête du réquisitoire contre le libéralisme. Appliquée à un individu, l'idée qu'il vaut mieux le laisser faire plutôt que de le contraindre remporte le plus souvent la faveur de tous : c'est le traiter en adulte. Appliquée à une nation, laisser faire les citoyens deviendrait l'horreur. Le fait qu'il y ait là un objet de détestation en révèle plus sur ceux qui profèrent l'anathème que sur ceux qui, la première fois, ont brandi la maxime comme un cri en faveur de la liberté. Considérer que "laisser faire", cela ne serait pas bien, c'est dire à l'inverse qu'on se méfie du peuple et des êtres humains en général, qu'on ne croit qu'au contrôle, à l'embrigadement, à la surveillance, à la coercition.

Remarquons d'abord qu'associer le libéralismeà la maxime "laissez-faire" répond, en creux, à l'objection selon laquelle nous vivrions dans une société libérale. Qui peut avoir le sentiment que nous vivons dans une société économique du "laissez-faire" alors que règne le "harcèlement textuel" ?

Pour prendre l'exemple français, sur une population active de 23 millions de personnes, il y a 2,5 millions de fonctionnaires d'État et un peu plus de 5 millions d'individus qui travaillent dans le secteur public. Quel que soit leur rôle, de l'employé d'état-civil au vice-président du Conseil d'État, en passant par l'enseignant, le postier, l'infirmière d'hôpital ou le gendarme, ces cinq millions de personnes ont en commun une mission : prendre soin de nous, de notre argent, de notre éducation, de notre santé, de notre cadre de vie, de nos déplacements, en bref, qu'on le veuille ou non, contrôler nos façons d'être. Il peut y avoir du "laisser aller" dans la société, sûrement pas du "laissez-faire".

 

 

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Murray Newton Rothbard (2 mars 1926 - 7 janvier 1995), fut un économiste américain, théoricien de l'École autrichienne d'économie (élève de Ludwig von Mises), du libertarianisme et de l'anarcho-capitalisme. En1942, il se rend à la High School, Birch Wathen School, à New York City. Il poursuit ses études à l'université de Columbia où il est d'abord diplômé en mathématique (B.A en 1945) puis en économie (M.A en 1946).

 

L'économiste du laissez-faire

En économie, Murray Rothbard a popularisé la pensée de Ludwig von Mises, dans un langage et avec des arguments plus propres à convaincre les économistes contemporains, formés à l'empirisme. Son premier essai économique fut un coup de maître : dans un recueil d'articles publiés en 1956, sous le nom de Towards Liberty il publiait un article intitulé "Toward a Reconstruction of Utility and Welfare Economics", il y réfutait dès l'origine ces rationalisations encore courantes de l'étatisme que sont les « externalités » et les « services collectifs » — aussi parfois appelés « biens publics », montrant que ces rationalisations refusent le seul critère objectivement observable de l'accroissement d'utilité — l'action volontaire — au profit de gloses arbitraires sur des préférences dont la prétendue mise en forme mathématique n'est là que pour faire oublier qu'en réalité on ne peut pas les connaître, ni les mesurer, ni les comparer : l'action, et seule l'action, permet de connaître les préférences, elle en est la preuve authentique et unique.

Le critère de la préférence démontrée comme seule preuve de l'action productive permettra à Rothbard de dépasser son maître Mises dans la compréhension du monopole. Mises admettait la possibilité d'un « monopole » sur un marché libre; dans le chapitre 10 de Man, Economy and State, intitulé "Monopole et concurrrence", Rothbard démontre que le concept est contradictoire — et il l'est depuis ses origines grecques : toute forme d'organisation contractuelle est a priori productive (et conforme à la justice naturelle), tout acte de violence agressive fausse la concurrence (et viole la justice naturelle) et de ce fait mérite qu'on l'appelle « privilège de monopole ».

C'est ainsi que Murray Rothbard établit le caractère productif de tout acte pacifique, et l'impossibilité de prétendre scientifiquement qu'un acte qui viole le consentement d'un propriétaire ajouterait à une quelconque « production totale ». Ce qui lui permet de conclure que le laissez-faire capitaliste réalise la production maximum, et que quiconque affirme que l'intervention de l'État pourrait accroître cette production est ipso facto un charlatan.

À l'imitation de L'Action humaine de Mises, Rothbard entendait mettre en avant un système complet d'économie politique. D'où les deux tomes de Man, Economy and State, complétés par Power and Market, développement des effets destructeurs de l'intervention étatique déjà évoqués à la fin du premier Traité. Rothbard y fait un large usage du raisonnement à l'équilibre, mais dans les conditions énoncées par Mises. Il y développe aussi la théorie autrichienne de la conjoncture, et le caractère nécessaire du revenu d'intérêt.

 

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Turgot « Laissez-faire » (1997), Textes choisis et présentés par Alain Laurent

Livre complet à télécharger en PDF


Quand on évoque le nom de Turgot, on pense aussitôt à cette maxime : “laissez-faire, laissez-passer”, que Turgot attribue à Vincent de Gournay. Turgot fût nommé contrôleur général des finances par Louis XVI. Pendant deux ans il se battit pour libéraliser l’économie à travers le libre-échange dans le secteur des grains, réduire drastiquement les dépenses publiques, supprimer les corporations et les jurandes etc. Les oppositions étaient vives et Turgot se retira en 1776 . Mais il laisse un héritage intellectuel exceptionnel, et dont il recueillit environ deux siècles plus tard les admirations de Murray Rothbard : “c’était un génie unique, ce qu’il est quand même difficile de dire des Physiocrates. Sa compréhension de la théorie économique était incommensurablement supérieure à la leur, et la manière dont il traita le capital et l’intérêt est quasiment inégalée encore aujourd’hui


Quatrième de couverture :

 

Universellement reconnu comme homme d’État animé d’une volonté de réforme radicale et pionnier de la science économique, Turgot fut aussi un homme de réflexion, auteur de textes provocants et stimulants qui érigent la liberté individuelle (de conscience, de travailler, d’échanger et de disposer de sa propriété…) en principe suprême devant guider l’action humaine tant privée que publique.

Son credo : “laissez faire “, protégez par le Droit les individus poursuivant leur intérêt particulier bien compris, et ils concourront spontanément à l’intérêt général comme au progrès de tous.

Pour la première fois présentés en un ensemble cursif et cohérent, les textes rassemblés ici (pour certains non réédités depuis trois quarts de siècle) illustrent le regain d’actualité des convictions de cet anti-dirigiste et anti-protectionniste tant apprécié des “philosophes des Lumières” que fut Turgot.

Table des matières :

Eloge d’un “ultra-libéral” avant la lettre, par Alain Laurent

Contre les entraves à la liberté du commerce (extraits des Fragments d’économie politique, 1753-54)

“La société n’a pas droit de consciences” (extraits de la Deuxième Lettre à un grand vicaire sur la tolérance, 1754)

“Laissez-faire” (article “Fondation” de l’Encyclopédie, 1757)

Eloge de M. de Gounay (extraits, 1759)

Arrêt établissant la liberté du commerce des grains (extraits, 1774)

Édit de la suppression des Jurandes (extraits, 1776)

Le droit de l’individu d’être libre (extrait d’une lettre au Dr Price, 1778)

Extrait de la Vie de Monsieur Turgot, de Condorcet (1786)

Index

Chronologie de Turgot

Download (PDF, 14.2MB)

Podcast audio Institut Coppet : Histoire de la liberté par David Boaz, 3ème partie (mp3)

 

 

Pascal Salin : "La finance reste l'ennemi de François Hollande" (dernière vidéo)

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La France aurait près de 60 milliards d’euros à récupérer. Les spécialistes savent que l’amnistie fiscale permettrait d’en rapatrier une grande partie.

 

 

 

 

 

 

Le traitement de l'évasion fiscale tourne au casse-tête chinois pour le gouvernement et sa majorité. En fait, on sait très bien à Bercy que si l'on veut régler tout à la fois, on ne réglera rien !

 

La suppression des paradis fiscaux ne peut être le résultat que d'un accord international. Or, beaucoup de pays s'accommodent des paradis fiscaux. L'expatriation des contribuables vers des pays à la fiscalité plus généreuse ne disparaitra pas tant que les contribuables auront la possibilité de profiter des disparités fiscales.

 

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L'expatriation fiscale n'existe que parce que le poids de l'impôt est trop élevé.


Dans la plupart des cas, l'expatriation vers la Belgique ou la Suisse est parfaitement légale et elle est réglementée par des conventions internationales. Ces contribuables-là sont parfaitement en règle. Ils pourraient revenir en France si la fiscalité française était allégée.


L'évasion illégale de capitaux est, elle, plus difficile à débusquer et à réprimer. Elle consiste à mettre à l'abri du fisc, sans le déclarer à qui que ce soit, des capitaux généralement acquis dans des conditions douteuses. Ces opérations illégales sont rendues possibles par l'existence de paradis fiscaux qui organisent l'opacité et par des banques qui pratiquent un secret bancaire absolu. Dans ce cas, il y a fraude manifeste.


Le traitement de l'évasion fiscale illégale pourrait avancer très vite si on acceptait l'idée d'une amnistie fiscale pour les exilés qui consentiraient à revenir en France


La fraude fiscale et l'évasion représenteraient 1000 milliards d'euros en Europe. Tous les grands pays européens sont donc concernés. La France aurait près de 60 milliards d'euros à récupérer. Les spécialistes savent que l'amnistie fiscale permettrait d'en rapatrier une grande partie. Le retour est possible à condition de ne pas matraquer les exilés.

 

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Il ne s'agit pas de les exonérer de toute sanction mais il faudrait :


- Que les conditions de retours soient clairement expliquées et garanties.


- Que les sanctions financières ne soient pas confiscatoires. Sinon les expatriés ne reviendront pas. Bercy a imaginé des sanctions limitées au paiement de l'impôt non réglé avec une pénalité de retard.


- Oublier toute sanction pénale. Parce qu'actuellement ce qui empêche un contribuable de rapatrier sa fortune c'est le risque d'aller en prison. Et c'est là où le bas blesse.


Ces trois séries de conditions sont actuellement inacceptables pour une majorité du Parti socialiste viscéralement attachée à la question morale.

 

Quitte à bloquer la réforme. On préfère au PS, pour des raisons morales qui sont évidemment légitimes, avancer des menaces de sanctions et de pénalités. On va donc mettre en place une panoplie de sanctions très sévères mais qui ne pourront pas être appliquées. Faute de justiciables.


Tous les pays qui ont instauré une amnistie fiscale ont vu revenir une partie des exilés. A Bercy, comme dans le reste du gouvernement, on sait très bien qu'à vouloir punir les exilés, on ne les retrouvera pas.

 

 

 

 

 

 

L'idée est donc d'organiser une amnistie relative sans le dire trop fort. Politiquement, bonjour les dégâts.

 

Pourquoi le gouvernement sera obligé de faire une amnistie fiscale

Par , Editorialiste

Source:

Costa Concordia et le système de secours out !

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Le black-out du Costa Concordia, premières explications

 

 

 

Pourquoi le Costa Concordia s’est-il retrouvé en black-out quelques dizaines de secondes après sa collision avec le rocher Scole, devant l’île du Giglio ? Mais, surtout, pourquoi le système de secours n’a-t-il jamais pris le relais une fois la propulsion principale noyée ?

 

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Le rapport du ministère italien des Transports a analysé les facteurs techniques et humains de l’accident, en se basant à la fois sur le système de "boite noire" (Voyage Data Recorder - VDR, qui est en fait une boite de couleur orange, comme sur les avions) et les témoignages recueillis auprès des marins du bord. L'enquête donne les premiers éléments de réponse sur la panne gigantesque subie par le paquebot.


Ceux-ci semblent montrer que cette panne n’est, a priori, pas dûe à un défaut de conception des équipements, ni à une mauvaise supervision ou un mauvais entretien, ni encore aux choix effectués par les marins au moment de l’accident. Il semblerait que l’explication réside davantage dans l’ampleur de la brèche subie par le navire et par le volume d’eau l’ayant envahi.

 

 

La propulsion diesel-électrique du Costa Concordia

 Pour mémoire, le Costa Concordia est équipé d’une propulsion diesel-électrique : six moteurs diesel entraînaient chacun une génératrice produisant de l’électricité. Celle-ci était distribuée par un réseau alimentant les moteurs électriques de propulsion, qui entraînaient eux-mêmes les deux hélices du navire.  Ce réseau alimentait par ailleurs tous les systèmes électriques du bord.


Le Costa Concordia était également équipé d’un groupe électrique de secours (constitué également d’un moteur diesel et d’une génératrice), situé sur un pont supérieur à la salle des machines. Son rôle est de démarrer automatiquement, en cas de défaillance sur le réseau électrique principal (black-out). Une fois en route, il est censé alimenter un réseau électrique secondaire, dit de secours, via son propre tableau d’alimentation. Ce dernier ne va distribuer l’électricité ainsi produite qu’aux fonctions vitales du navire, en prenant le relais jusqu’au rétablissement du fonctionnement électrique normal. En l’espèce, le groupe de secours du Concordia avait été testé avec succès trois jours avant l’accident.

 

 

Envahissement du local barre et des moteurs électriques de propulsion

 L’analyse chronologique des évènements commence au moment de l’impact et de l’ouverture de la brèche dans la coque. L’eau envahit massivement et très rapidement le local barre, dans lequel se situent les systèmes hydrauliques et électriques commandant le gouvernail. Elle envahit en même temps le local dans lequel se trouvent les moteurs électriques de propulsion ainsi que les transformateurs d’alimentation.  Ce qui provoque immédiatement des dégâts irréversibles, à savoir la perte de la manoeuvrabilité du navire.

 

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La coque éventrée du Concordia (© : EPA)

 

L’eau de mer se retrouve en contact avec le réseau électrique

 Le black-out intervient 51 secondes après le choc. Le contact de l’eau de mer sur les transformateurs d’alimentation et le tableau de distribution des groupes électrogènes provoque un court-circuit généralisé sur les réseaux électriques principaux et de secours. Il faut bien comprendre que ces circuits électriques sont de très forte tension. Et qu’un contact brutal avec le puissant conducteur qu’est l’eau a provoqué un énorme arc électrique, sans doute même des explosions. Et que cet arc s’est propagé dans l’ensemble des réseaux électriques du bord. Ce qui a provoqué des détériorations et même des destructions d’équipements, notamment les points sensibles que sont les disjoncteurs, remplis d’éléments électroniques et situés sur les tableaux de distribution de l’électricité.

 

 

Le disjoncteur du circuit de secours hors service empêche le redémarrage du groupe

 Le bateau est brièvement plongé dans le noir. Les batteries de secours, qui équipent certains instruments vitaux pour la navigation et la sécurité des passagers (éclairage de secours, diffusion générale….), prennent instantanément le relais. Le groupe de secours démarre automatiquement. Mais il ne fonctionne que 41 secondes avant de stopper. Le chef mécanicien demande à trois de ses adjoints de redémarrer le groupe et d’analyser la cause de la non-alimentation du réseau de secours. Ils découvrent que le disjoncteur reliant le groupe de secours au tableau (et donc au réseau) de secours ne fonctionne pas. Ce disjoncteur fait partie des équipements détériorés par le court-circuit massif.


Les marins comprennent ensuite rapidement que la détérioration du disjoncteur a un autre effet fatal. Le ventilateur du système de réfrigération du moteur diesel du groupe de secours est alimenté par un circuit électrique. Et, bien sûr, comme le disjoncteur ne fonctionne pas, le circuit électrique alimentant ce ventilateur ne peut être en état de marche. En l’absence de réfrigération, la température du moteur monte très vite, ce qui provoque automatiquement une alarme « haute température » puis un arrêt. Voilà pourquoi le groupe de secours s’est arrêté au bout de 41 secondes (durée au bout de laquelle l’eau de réfrigération a atteint une température supérieure à 110 degrés).

 

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Le Concordia en pleine évacuation (© : LA REPUBBLICA)

 

Un « cercle vicieux » fatal

 Face à cette situation, véritable cercle vicieux, les mécaniciens tentent une solution « manuelle ». Pour pallier la panne du disjoncteur, ils utilisent un tournevis pour créer une connexion entre le circuit de sortie du groupe et le réseau électrique de secours. Ils répètent cette opération trois fois de suite, sans succès. En effet, la température du groupe restant très élevée, ce dernier stoppe au bout de quelques secondes. C’est donc dans une ambiance particulièrement précaire et stressante (les hommes travaillent dans la pénombre, avec seulement l'éclairage de secours, dans des espaces restreints et avec un bateau qui s'incline de plus en plus) que les mécaniciens essaient de trouver une solution à ce qui s’avèrera être un problème insoluble. Ils vont tenter de redémarrer le groupe jusqu’au signal d’abandon. Le chef mécanicien qui, entre temps, a rapidement pris la mesure des dégâts, a d’ailleurs été le premier à suggérer au commandant d’ordonner l’alarme générale et de faire évacuer le navire.

 

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Le Concordia le lendemain du naufrage (© : EPA

 

En résumé, l’analyse de cette succession d’évènements montre que c’est le choc électrique créé par l'immersion massive et simultanée de plusieurs éléments électriques qui a conduit à la panne générale et l’impossibilité d’utiliser le groupe de secours. Il est d’autant plus frappant de constater que, dans ces conditions, le seul élément ayant permis au navire de revenir à la côte et de ne pas sombrer en pleine mer, fut un élément naturel : le vent de nord-est. Sans cette incroyable circonstance, qui a poussé le bateau vers la côte et lui a permis ne ne pas chavirer, le bilan, qui fut de 32 victimes, aurait été autrement plus lourd.

 

Source: Mer et Marine

via IHEDN

 

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Concordia disaster: How safe are modern cruise ships?

 

 

The capsizing of the Costa Concordia has raised many questions about the safety of modern cruise ships.

They have doubled in weight over the past decade, they sit higher in the water and are flatter underneath to enable them to enter more harbours. To the untrained eye they look top heavy, and with up to 6,000 people on board, they look difficult to evacuate quickly. But is that the case?

One maritime union, Nautilus International, thinks the regulations need looking at. It has been warning for some time that something like this might happen.

Look at this quote, which raises the spectre of the Titanic.

"The grounding of a cruise ship carrying more than 4,000 passengers and crew two weeks into the Titanic centenary year should serve as a wake-up call to the shipping industry and those who regulate it. Attention needs to be paid to existing evacuation systems and more innovative systems for abandonment."

The evacuation of the Costa Concordia didn't go well. The fact that the ship listed so quickly and so far meant they couldn't launch all the lifeboats. Passengers have complained of chaos, confused staff - some of whom didn't speak their language - and the fact they hadn't been taken through a drill.

The International Maritime Organization, which regulates ship safety across the world, sets the rules on evacuating ships and providing drills for new passengers.

 

Every ship will sink if you make the hole big enough”

Prof Philip WilsonUniversity of Southampton

Here is what they sent me:

Regulation 19: Emergency training and drills.

  • 1 This regulation applies to all ships.
  • 2 Familiarity with safety installations and practice musters.
  • 2.1 Every crew member with assigned emergency duties shall be familiar with these duties before the voyage begins.
  • 2.2 On a ship engaged on a voyage where passengers are scheduled to be on board for more than 24h, musters of the passengers shall take place within 24h after their embarkation. Passengers shall be instructed in the use of the life jackets and the action to take in an emergency.

Effectively, the company has 24 hours to take you through a drill once you are on board. The Costa Concordia was only a few hours into its voyage. Some people arriving back at Heathrow started flashing their drill cards around. They had been scheduled for a rehearsal on Saturday afternoon, by which time the ship was lying on its side.

I suspect, in the light of this accident, all cruise companies will now make sure they drill passengers before they set sail.

But what about the time it took to get everyone off?


Regulation III/21.1.3: All survival craft required to provide for abandonment by the total number of persons on board shall be capable of being launched with their full complement of persons and equipment within a period of 30 min from the time the abandon ship signal is given after all persons have been assembled, with life jackets donned.


Nighttime image of ship evacuation
With lifeboats unable to launch, passengers had to evacuate the ship any way they could

In practice, this means all passengers and crew are ordered to lifeboat stations first and then, when everyone is mustered, the captain orders abandon ship. So Coast Guards test to see if ships can load the boats and place them in the water within 30 minutes.

Regulations also state that a ship's systems should last for at least three hours because that is how long it is expected to take to completely abandon a large ship.

It took a good five hours to get most passengers off the ship. One former sea captain I spoke to had some sympathy with the crew in this situation. Once the ship was listing heavily, he told me, and the lifeboats were sitting on what had become the top of the boat, everyone just had to leave the ship any way they could.

The regulations work to the principle that the ship itself is the best lifeboat, and is designed to be able to limp back to port in most situations.

Prof Philip Wilson at the University of Southampton specialises in ship dynamics and we spoke alongside his 29ft (9m) testing tank.

"Modern ships are safe as they can possibly be," he told me.

"The centre of buoyancy is in the right place... instinctively it doesn't look right but it is in fact very, very stable, the beam of the boat being very large."

We have also heard a lot about watertight compartments since the Costa Concordia went down. The theory is that if one side of the hull is breached, the other side can be flooded to keep the ship upright. The big question is then, why didn't it work in this case? The truth is we won't know until the investigation is finished.

But Prof Wilson wasn't too surprised, saying: "Every ship will sink if you make the hole big enough."


Submerged damage to hull of ship 
Latest underwater images reveal previously unseen damage to the hull of the ship

He added, however, that something was "puzzling" him.

The hole in the hull is sticking out of the water. It should be under the sea, because that is where the water came rushing in. In other words, the ship seems to be lying on the wrong side.

"We're working on information that's incomplete so we don't know really what's happened. Potentially of course, the crew could have been pumping water to bring the ship upright, and maybe took too much water on board."

What many people are keen to stress is that cruise ships are still among the safest ways to travel. Companies emphasise that training and regulations are rigorous and that this kind of accident is very rare. But no-one argues that there isn't room for improvement.

The International Maritime Organization has not had a lot to say on this accident so far, but it has released a statement, and once again, it revives memories of the Titanic.

"IMO must not take this accident lightly," it says.

"We should seriously consider the lessons to be learnt and, if necessary, re-examine the regulations on the safety of large passenger ships in the light of the findings of the casualty investigation. In the centenary year of the Titanic, we have once again been reminded of the risks involved in maritime activities."

Allocation Universelle - Revenu de base: Le débat des libéraux pour et/ou contre, qu'en serait-il exactement ? Dossier complet

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L’homme est roi et l’argent à son service.

« Absolument, le revenu de base créerait la possibilité de faire ce qui est nécessaire dans le monde. Les gérants de fortune nous disent que le gros problème, c’est qu’il y a des masses d’argent, trop d’argent. La situation actuelle est totalement absurde : il y a presque partout en plus des surcapacités de production et un chômage qui ne fait que croître, alors qu’il y a partout des travaux non exécutés. Il y a donc beaucoup de choses que l’on changer maintenant et d’urgence si l’on ne veut pas sombrer dans une catastrophe globale.»

Jakob von Uexküll, fondateur du Prix Nobel alternatif, Londres / Stockholm

 

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«A moins de nous montrer tout à fait naïf, il faut admettre qu’à l’avenir le marché du travail ne pourra plus assurer l’intégration sociale de toute la population. Cependant, en refusant l’alternative du RB, nous sommes obligés de parier sur la croissance économique à n’importe quel prix. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans la politique aujourd’hui. De l’extrême droite à l’extrême gauche, l’ensemble du monde politique en appelle à grands cris à la croissance économique. Ainsi, nous persistons dans une approche quantitative des problèmes et nous perdons toute chance de développer de nouveaux modèles d’organisation sociale d’une qualité supérieure.»

 

Professeur Peter Ulrich Institut d’éthique économique, Université de St Gall

 

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« Soutenir les populations sans poser de conditions ? – à la longue, c’est un principe qui, je pense, devra s’imposer mais il lui faudra affronter les nombreux droits et privilèges dont nous bénéficions aujourd’hui.»

 

Klaus Wellershof, économiste en chef d’UBS le plus grand gestionnaire mondial de fortune.

 

 

 

« Pour moi, le temps des signes des nouveaux, c’est l’individualisation absolue de la société. Les hommes ont des buts personnels, des représentations personnelles et il recherche les moyens des les réaliser. L’argent joue un rôle énorme dans une société caractérisée par la division du travail, autrement dit l’argent comme moyen d’être libre. C’est à cela que l’on en revient toujours. Mais beaucoup de gens n’arrivent ni à éviter l’esclavage de l’argent, ni à poursuivre leurs réelles aspirations à la liberté. C’est le côté tragique et aussi ironique de la situation présente. »

 

Kaus Wellershof, directeur économique d’UBS

 

 

Les Suisses n’en finissent pas de nous épater. Alors qu’il y a un an, peu croyaient en cette initiative, le mouvement suisse pour le revenu de base est en train de prendre de l’élan. Stanislas Jourdan, qui était sur place la semaine dernière, nous raconte.

 

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La presse francophone est désormais unanime : avec plus de 110.000 signatures à 4 mois avant la fin de la campagne, l’initiative fédérale est sur le point d’aboutir. Selon la constitution suisse, il faut en effet 100.000 signatures pour qu’une initiative citoyenne aboutisse, déclenchant alors une votation sur le projet de loi proposé par les initiants bâlois et zurichois il y a un an.

Mais les représentants du BIEN-Suisse, qui s’est rallié aux efforts de leurs concitoyens germanophones pour organiser la récolte en Suisse Romande, ne cessent de le répéter : l’ambition est maintenant d’obtenir plus de 130.000 signatures d’ici début août, afin de se couvrir du risque qu’un certain nombre de signatures ne soient pas validées par les autorités communales (en raison de doublons et autres données non conformes).

Un référendum d’ici deux ans ?

Si cet objectif est atteint, alors le gouvernement soumettra le projet de loi à une votation populaire, c’est-à-dire un référendum où chaque électeur suisse sera invité à s’exprimer sur l’idée du revenu de base. En général, cette votation est organisée entre une et quatre années après que les autorités nationales aient officiellement reconnu le succès de l’initiative.


« Mais rien ne presse » précise Ralph Kundig, membre du comité du BIEN-Suisse, « car si la votation intervient trop tôt, cela réduit aussi le temps nécessaire à ce que le peuple soit informé et fasse son propre jugement. En fait, le Conseil fédéral et le Parlement sont susceptibles d’accélérer le processus afin de prendre de court les initiants, sans nous laisser le temps nécessaire de préparer la (coûteuse) campagne précédant la votation » explique-t-il avant de relativiser : « d’un autre côté, écourter ce délai leur fait courir le risque qu’on surfe sur le capital sympathie de l’initiative Minder. »


Minder, c’est le surnom d’une autre initiative contre les rémunérations abusives qui vient d’être couronnée de succès lors d’une récente votation.


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Autre danger pour le revenu de base : la chancellerie de la confédération a également la possibilité de soumettre un contre-projet, lui aussi soumis à votation populaire. Cette contre-proposition est souvent moins radicale que celle des initiants, si bien que, dans les rangs des activistes du revenu de base, on l’imagine déjà proposer un « faux revenu de base », soumis à condition, avec un montant au rabais.


À propos de montant justement, précisons que les 2 500 francs mis en avant par les activistes suisses ne figurent pas dans le texte officiel de l’initiative, qui se contente de tenter d’inscrire le principe du revenu de base dans la constitution Suisse, comme c’est déjà le cas au Brésil (pdf).

Le succès de l’initiative n’indique en rien que les suisses plébisciteront la proposition de revenu de base. Il faut en effet rappeler que si les Suisses ont récemment accepté l’initiative Minder, ils en ont aussi rejeté une autre pour une augmentation des congés payés


A l’inverse de la plupart des autres initiatives fédérales, l’initiative pour un revenu de base inconditionnel n’a obtenu jusque-là qu’un faible soutien des syndicats et des partis politiques suisses. À l’exception notable du syndicat SYNA, des Verts Vaudois et Valaisans et des Jeunes Verts, plusieurs syndicats se sont exprimés ouvertement contre le revenu de base, dénonçant une « prime à la paresse » ou encore une hypothétique baisse des salaires en cas d’instauration du revenu de base. Myret Zaki, célèbre journaliste économique très critique à l’égard de la finance, dénonce quant à elle « un projet démagogique qui crée une mentalité de rentier. »


Ces critiques vont-elles dissuader le peuple Suisse de voter pour le revenu de base ? « Malheureusement, les initiants pourraient avoir raison trop tôt » craint Didier Berberat, Conseiller aux États neuchâtelois interrogé dans un reportage diffusé par la télévision Alpha Canal :

Pourtant, on sous-estime certainement l’impact d’ores et déjà acquis par ce succès, s’il se confirme.

Une première mondiale

Car quel que soit le résultat du vote, l’organisation d’une votation constitue en elle-même un événement historique majeur. Pour la première fois, un peuple de 8 millions d’habitants va s’exprimer directement à ce sujet, ce qui serait ni plus ni moins qu’une première mondiale pour cette idée vieille de plus de deux siècles.

Concrètement, cela signifie aussi que tous les citoyens en âge de voter recevront dans leur boîte aux lettres des documents informatifs sur le revenu de base, en amont de la votation. Cela signifie aussi que tous les partis politiques devront prendre position vis-à-vis de l’initiative. Un activiste s’enthousiasme :

On espère ainsi briser pour de bon le  tabou (ou la timidité?) qui entoure généralement l’idée du revenu de base dans les milieux politiques

« Maintenant, on nous prend au sérieux »

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Et ce n’est pas tout : « Le regard des médias sur le revenu de base a fortement changé depuis que nous avons passé la barre des cent mille » constate Anne-Béatrice Duparc, membre du comité du BIEN-Suisse. Pour preuve, cette une du journal de gauche Le Courrier, qui titrait lundi dernier : « Le revenu de base s’est imposé dans le débat. »

« Maintenant, on nous prend au sérieux » résume Anne-Béatrice. « Tous les suisses ont désormais l’occasion de réfléchir au fait que le droit à l’existence n’est pas forcément lié à une activité salarié. En soi c’est déjà est une réussite pour notre initiative. »

Certes une bonne partie de la gauche reste à convaincre, mais les soutiens continuent malgré tout d’affluer. Ainsi, M. Guy Mettan, représentant du parti de centre droite PDC a exprimé son soutien à l’initiative le 21 mai dernier lors d’une conférence à Genève en présence de Philippe Van Parijs, l’un des avocats majeurs de cette cause, et devant un public convaincu.

De bon augure pour l’initiative citoyenne européenne ?

Le succès de l’initiative est-il de bon augure pour l’initiative citoyenne européenne qui est actuellement en cours dans l’Union Européenne ? Hélas, nous avons encore beaucoup à apprendre, non pas sur le revenu de base, mais plutôt sur la démocratie.

« C’est en fait plus facile en Suisse car ici, signer et faire signer une initiative est un sport national » explique Ralph Kundig, l’un des champions reconnus dans la discipline.


Et puis, comme les Suisses ne peuvent pas signer par voie électronique, cela force les initiants à aller dans la rue pour récolter des signatures sur des formulaires papier, créant au passage une vraie visibilité auprès des passants.

L’expérience de l’initiative citoyenne européenne montre à ce stade que récolter les signatures est plus difficile qu’en Suisse car les gens ne sont pas habitués à ce genre de procédure. Beaucoup pensent signer une simple pétition et manifestent donc leur inquiétude au moment de fournir un numéro d’identité.


Comme le dispositif de l’initiative citoyenne européenne n’est pas connu du grand public, nous devons parallèlement expliquer le principe du revenu de base, et celui de l’initiative citoyenne européenne.


Quoi qu’il en soit, ces difficultés ne doivent pas nous décourager, car s’il y a bien une leçon à retenir de ce qui se passe aujourd’hui en Suisse, c’est qu’un groupe de citoyens, aussi petit soit-il, peut accomplir de très grandes choses… s’il ose en relever le défi !

 

parStanislas Jourdan

 

Et si la révolution du revenu de base venait de Suisse ?

 

Source:

Le MLG soutien le Mouvement Français pour un Revenu de Base
 

 

« La réalité nous montre toujours plus clairement que le revenu doit être séparé du travail. A mon avis, le RB apporterait aussi une solution pour les chômeurs car il y a une quantité incroyable de travail, mais il n’y a pas d’argent pour le payer. Le revenu de base serait une façon d’introduire l’argent là où il répond à un besoin et de libérer les hommes pour qu’ils puissent faire ce pour quoi ils sont doués.»

 

Renate Ignazio Keller, Projet Favela Monte Azul, Sao Paulo

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L’allocation universelle : une voie libérale vers le communisme, par Jacques Marseille

Jacques Marseille, disparu le 4 mars dernier, était un économiste et un historien aussi brillant qu’iconoclaste. Issu de la gauche marxiste, il était devenu l’un des rares – et probablement le meilleur – défenseur d’un libéralisme authentique dans les médias hexagonaux.

Dans son ouvrage « L’argent des Français », paru en 2009, il jetait une fois de plus un pavé dans la mare de la pensée économique unique, en proposant une réforme radicale de notre système social, fondée sur l’« allocation universelle ». Si l’idée avait déjà été avancée en France dans les années 90, notamment par le philosophe André Gorz, l’économiste Marseille en détaillait le chiffrage, démontrant ainsi qu’elle était parfaitement réalisable.

Nous voulons lui rendre hommage en publiant ici cet extrait, qu’il avait à l’époque choisi de diffuser sur son site personnel.


 

« Tant pis pour les paresseux » est bien, en effet, la seule réponse des partisans de l’allocation universelle à ceux qui pensent que tout homme est obligé de travailler pour avoir le « droit de vivre ». Car s’il faut « contraindre » les salariés français à travailler pour qu’aujourd’hui 15 % d’entre eux gagnent le SMIC, soit 1 000 euros nets par mois, comment construire sur cette « contrainte » une société moins aliénante et moins soumise à la précarité que celle dans laquelle sont aujourd’hui plongés trop d’entre eux ? En fait, le pari de l’allocation universelle est que l’insertion sociale ne peut se construire sur la contrainte mais sur la confiance placée dans les bénéficiaires de ce nouveau droit.


Une utopie, sans doute, pour tous ceux qui n’accordent aucune confiance aux individus et pensent que seule la contrainte de « gagner son pain à la sueur de son front » est le meilleur garde-fou contre la paresse. Un pari sur l’intérêt et la nature humaine pour tous ceux qui pensent au contraire qu’un individu préférera toujours cumuler ce revenu à un autre salaire, surtout quand ce salaire correspondra à un travail qu’il aura plus librement choisi. Dans notre hypothèse, en effet, un couple de smicards toucherait désormais 3 500 euros par mois (deux SMIC à 1 000 euros nets plus deux allocations universelles à 750 euros), au lieu de 2 000 euros aujourd’hui.


Utopie sans doute aussi pour ceux qui pensent qu’une telle somme est incompatible avec l’état des finances de la France. Pari fondé pourtant sur les comptes, pour ceux qui connaissent le bilan de la protection sociale en France. En 2007, l’ensemble des prestations de protection sociale versées par l’État aux Français a représenté 578 milliards d’euros, soit 29 % du PIB, soit près de 60 % du total des dépenses publiques, soit un peu plus de 9 000 euros par Français. 44,9 % de cette somme sont constitués par les prestations vieillesse, 35,5 % par les remboursements des dépenses de santé, 9,2 % par les aides à la maternité et à la famille, 6,2 % par les aides à l’emploi, 2,6 % par les aides au logement et l,5 % par les aides destinées à combattre l’exclusion sociale. Neuf mille euros donc par Français — le même montant que celui ici envisagé — pour des résultats qui ne sont toutefois pas à la hauteur des sommes engagées.


 Si l’on versait une allocation universelle de 750 euros par mois à tous les Français âgés de plus de 18 ans et 375 euros à chaque Français de la naissance à l’âge de 18 ans, cette prestation sociale « révolutionnaire » représenterait 510 milliards d’euros. En échange toutefois, l’instauration de ce revenu garanti de la naissance à la mort serait accompagnée de la suppression de nombreuses prestations aujourd’hui versées, un dispositif unique, simple à verser et totalement compréhensible, remplaçant le maquis des innombrables dispositifs de protection sociale existants. Seraient ainsi supprimé l’ensemble des sommes versées pour ne pas résoudre vraiment la question du chômage. Soit ce qu’on appelle les « dépenses passives », qui comprennent les prestations accordées aux chômeurs et les incitations au retrait d’activité, auxquelles il faut ajouter les « dépenses actives », qui sont l’ensemble des sommes consacrées à améliorer l’employabilité des salariés et à leur proposer un emploi : 76,5 milliards d’euros en 2006, soit 38 000 euros par chômeur recensé !


Seraient aussi supprimés les allocations familiales et l’ensemble des aides à la famille, qui représentent 58 milliards d’euros. Chaque ménage percevrait, en effet, la moitié de l’allocation universelle par enfant jusqu’à l’âge adulte, soit 375 euros par mois. C’est-à-dire bien plus que le montant des allocations familiales aujourd’hui versées (120 euros par mois au-delà de deux enfants). De la même manière seraient évidemment supprimées l’ensemble des bourses accordées aux lycéens et aux étudiants qui, à partir de l’âge de 18 ans, percevraient 750 euros par mois, soit bien plus que les bourses étudiantes les plus élevées, qui atteignent aujourd’hui 400 euros par mois. Seraient encore supprimées l’ensemble des aides au logement, dont le montant atteint aujourd’hui près de 15 milliards d’euros.


Seraient supprimés enfin les droits à la retraite, qui représentent à ce jour près de 180 milliards d’euros. Une véritable révolution dont il faut ici mesurer l’enjeu. Comme on l’a vu plus haut, notre système de retraite par répartition est condamné à la faillite dans la mesure où le ratio de dépendance démographique — qui désigne le nombre de personnes à l’âge de la retraite par rapport au nombre de personnes en âge de travailler — va quasiment atteindre 100 cotisants pour 80 retraités en 2050, alors qu’il était de 400 cotisants pour 100 retraités dans les années 1980 et de 1 500 cotisants pour 100 retraités au moment où il est entré dans la loi en 1945. En 2050, l’espérance de vie des hommes à 60 ans serait de 27,2 ans, contre 20,4 ans en 2000, et celle des femmes de 32,1 ans, contre 25,6 ans en 2000. A législation inchangée, chaque Français ayant travaillé toucherait quasiment autant en pension de retraite qu’en revenu d’activité. Un moindre mal s’il avait financé lui-même sa retraite. Un scandale s’il fallait faire peser cette charge sur les générations nées après 1970, qui seraient amenées à supporter la charge des retraites d’une génération qui a bénéficié de carrières longues et a laissé filer une dette dont les intérêts et le capital devront être remboursés par ceux qui « bénéficient » de contrats précaires et d’un avenir moins assuré.


En attribuant à chacun 750 euros par mois jusqu’à la mort, l’allocation universelle distribuée de la même manière à l’ouvrière qu’au cadre de la SNCF rétablirait totalement l’équité. Surtout lorsqu’on sait que cette ouvrière se voit aujourd’hui prélever près de 250 euros par mois sur sa rémunération totale pour payer la retraite de ceux qui vivront plus longtemps qu’elle et qui bénéficient de régimes spéciaux. Imaginons qu’elle place la même somme prélevée de son allocation universelle (250 euros) en placement sécurisé (à 4 %) pendant quarante ans. Au terme de ces quarante années, elle disposerait d’un capital d’un peu moins de 300 000 euros, dont le rendement à 4 % (soit 1 000 euros par mois) s’ajouterait à son allocation universelle de 750 euros. Un doublement de sa retraite actuelle ! Une arithmétique simple qui tend à démontrer — c’était le but de l’utopie ici proposée — que l’allocation universelle permet d’améliorer surtout le sort des pauvres tout en les incitant à travailler pour épargner une partie du « revenu garanti » qui leur serait distribué. Une arithmétique qui cherche surtout à prouver qu’un système de capitalisation couplé avec un revenu garanti est bien plus équitable que le régime actuel de répartition qui permet avant tout aux Français les plus protégés de faire financer leur retraite et leur santé par les plus défavorisés.


Dans ce nouveau système serait maintenu le remboursement des dépenses de santé, qui ont atteint 160 milliards d’euros en 2007, et qui resteraient à la charge de la solidarité nationale. Au total, à périmètre inchangé, les dépenses de protection sociale se monteraient ainsi à 670 milliards d’euros, 16 % de plus qu’aujourd’hui, sans même prendre en compte l’économie que représenteraient la suppression des bureaucraties tatillonnes fort budgétivores et les gaspillages des sommes qui sont distribuées à tous alors que certains n’en ont nul besoin. Sans même prendre en compte le surcroît de recettes que représenterait la TVA sur la consommation supplémentaire des ménages bénéficiaires, qu’on peut grossièrement chiffrer à un peu moins de 100 milliards d’euros.

 

 


 


En somme, distribuer à chaque Français un revenu garanti pendant toute la vie ne coûterait pas beaucoup plus au budget de l’État-providence que le système actuel qui a réussi l’exploit de dépenser autant pour faire de la France le pays où le sentiment d’insécurité est le plus élevé. Bien loin d’être une méthode grossière et utopique de lutte contre la pauvreté, l’allocation universelle, dont le coût de distribution est négligeable au regard des dispositifs actuels, apparaît donc comme un moyen d’atteindre toutes les personnes pauvres à moindre coût.


Aurait-on pour autant résolu le problème des relations troubles entre les Français et l’argent ? Rien n’est moins sûr, sauf qu’à dépense égale, le pari en vaut certainement la peine. En garantissant tout d’abord qu’un emploi, même faiblement rémunéré, ne supprimerait pas l’allocation de base, elle conforterait, bien mieux qu’aujourd’hui, l’idée que le travail « paie ». Versée automatiquement à chacun, sans égard pour sa situation familiale et ses ressources, l’allocation universelle revaloriserait en effet paradoxalement le travail. Certes, pour ses adversaires, elle pourrait encourager la multiplication d’emplois peu rémunérés. Reste que ces derniers ne trouveraient preneurs que s’ils sont suffisamment enrichissants, formateurs ou susceptibles d’ouvrir des perspectives de carrière. A l’inverse, il est vrai, les emplois repoussants et sans perspectives ne seraient pas favorisés. Faut-il s’en désoler ?


En offrant par ailleurs un revenu garanti sur lequel s’appuyer, l’allocation universelle faciliterait les va-et-vient, tout au long de l’existence, entre les plages de travail, les activités familiales et les moments de formation. En offrant une véritable bourse à tous les étudiants, en sécurisant un budget de consommation minimale, elle rendrait en effet plus facile pour tous le fait de ralentir ou d’interrompre des activités professionnelles afin de faire face à des obligations familiales, d’acquérir une formation complémentaire ou de se réorienter. Avec bien plus d’efficacité que la formation professionnelle qui engloutit aujourd’hui 24 milliards d’euros pour satisfaire la demande de ceux qui n’en ont pas réellement besoin. Loin de décourager l’envie de travailler qui est surtout liée, aujourd’hui, aux faibles perspectives d’ascension sociale qu’offre une société fort peu solidaire, l’allocation universelle serait au contraire susceptible de marier ce qui paraît pour l’instant incompatible : une sécurité indispensable et une flexibilité accrue du travail. Un bénéfice dont les femmes, qui subissent aujourd’hui plus que les autres salariés le temps partiel et les interruptions de carrière, sortiraient massivement gagnantes.


Enfin, en nourrissant une forme de patriotisme renouvelé autour d’un tel projet national de solidarité, cette allocation faciliterait l’intégration plus efficace de populations immigrées qui ne pourraient en jouir qu’en devenant citoyens français et qu’en adhérant aux valeurs d’une nation aussi exemplaire. Une véritable rupture par rapport aux allocations et subventions multiples distribuées sans conditionnalité et qui ne font qu’entretenir de vastes poches de personnes difficilement intégrables dans le système productif et souvent radicalement hostiles aux valeurs de la patrie qui les héberge et les nourrit.


A tous ceux qui pensent que cette allocation universelle est un fantasme d’excentrique, rappelons que peu de monde, à l’époque de Guizot, acceptait l’utopie du suffrage universel, les uns parce qu’ils le croyaient révolutionnaire, les autres parce qu’ils considéraient, comme les Constituants de 1789, que seul un homme riche pouvait avoir une opinion indépendante et que seule la richesse assurait un vote sincère et libre. N’oublions pas toutefois que la Déclaration d’indépendance américaine s’ouvrait en 1776 par ces mots :

 

« Nous tenons pour évidentes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux, ils sont dotés par leur créateur de certains droits inaliénables au nombre desquels figurent la liberté, la vie et la poursuite du bonheur ; les gouvernements sont institués parmi les hommes pour garantir ces droits et ils tirent leurs justes pouvoirs du consentement des gouvernés.»


Mettre en place demain ce droit inaliénable à la vie pour tous les jeunes Français qui naissent et pour tous les jeunes Français qui atteignent l’âge de 18 ans coûterait aux finances publiques 11 milliards d’euros la première année, desquels il faudrait défalquer les allocations familiales et les bourses étudiantes. Une telle somme, qui représente moins de 1 % des dépenses publiques, n’est-elle pas un pari sur l’avenir moins risqué que le financement d’un Revenu de solidarité active qui peine à répondre aux situations de pauvreté ?


C’est bien le paradoxe de cette allocation qui renvoie à la question d’un droit au revenu, c’est-à-dire d’un droit à la vie. Prestation destinée à libérer l’individu de la pression marchande, elle se présente aussi comme l’incontournable auxiliaire du marché en permettant aux plus pauvres d’accéder aux « choses » livrées sur le marché. Prestation accordée sans condition, elle implique le démantèlement de tous les secours et contrôles étatiques. Prestation accordée à tous, elle satisfait en partie l’idéal communiste qui est de permettre à chacun de vivre en partie « selon ses besoins ». A condition toutefois que chacun reconnaisse en même temps que c’est le progrès historiquement réalisé par les logiques du marché qui permettrait son instauration. Une voie libérale vers le communisme, en somme !

 

Extrait de « L’argent des Français », Chapitre 32

Source:

  • Mouvement des Libéraux de Gauche

 

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Ici des liens pour et contre:


http://www.paradism.org

 

http://fr.liberpedia.org/Loi_de_Bitur-Camember

 

http://www.facebook.com/group.php?gid=440852660023

 

http://vimeo.com/16999193


http://www.viddler.com/explore/tree2share/videos/23/1096.12/


http://www.facebook.com/frbig

 

http://revenudebase.free.fr/

 

http://art-psy.com/misere.html


http://www.lepetitlivrevert.fr/les-projets-et-reflexions-complementaires-dependants-ou-pas-du-revenu-dexistence/


http://www.lepost.fr/article/2011/03/03/2422959_comprendre-le-revenu-d-existence_1_0_1.html

 

http://www.wikiberal.org/wiki/Géolibertarianisme

 

http://www.amazon.fr/gp/product/images/2724630483/ref=dp_image_0?ie=UTF8&n=301061&s=books

 

http://www.youtube.com/watch?v=dN2pK7qHSPY&feature=related

 

http://nouvellegauche.fr


http://fr.wikipedia.org/wiki/Crédit_social

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Déficit_de_la_Sécurité_sociale_en_France


http://blogs.mediapart.fr/blog/gerard-foucher/030312/monnaie-dette-chomage-et-pouvoir-dachat-0

 

Site de l’AIRE ( Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence)

 

Une clémente économie « Au-delà du revenu d’existence », condensé (pdf) du livre de Yoland Bresson

 

Philippe Van Parijs : L’allocation universelle : une idée simple et forte pour le XXIème siècle. (pdf)

 

Une expérience en Namibie

 

Le rapport en anglais sur l’expérience namibienne (pdf)

 

Revenu garanti pour tous : quand la réalité devance l’utopie

 

Le revenu de base : une noble et belle idée

 

Le Dividende Universel : valorisation de la couche libre et non marchande de la société

 

Quel montant pour le revenu de base ?

 

 

Et pourquoi la gauche entière est contre le dit projet: IDEOLOGIQUE

 

On peut dès lors s’interroger sur le relatif consensus qui entoure le revenu maximum à gauche et sur le rejet dont le revenu inconditionnel fait l’objet au sein de cette même gauche. En militant pour un revenu maximum tout en négligeant le revenu inconditionnel, les partis de gauche trahissent en fait leur attachement religieux à la "valeur travail".

Si revenu maximum et revenu inconditionnel s’appuient l’un comme l’autre sur une redistribution verticale des richesses ils se distinguent en fait par le mode de répartition choisi. Répartition par les salaires d’activité pour l’un, répartition par un salaire social pour l’autre. Or, le choix du mode de répartition est en fait lourd de sens.

En confirmant le rôle du travail comme vecteur privilégié de la répartition des richesses (le travail demeure la source quasi-exclusive de revenu) le revenu maximum conforte en effet la place exorbitante et la valeur absurde accordée aujourd’hui au travail. À l’inverse, en s’appuyant sur une déconnexion entre revenu et travail, le revenu inconditionnel appelle une remise en cause du travail dans la société. C’est d’ailleurs l’attachement de la gauche à la "valeur travail" (et au droit du travail qui en découle) qui explique les plus sérieuses objections opposées au revenu inconditionnel.

 

Par Baptiste Mylondo, auteur (entre autres) de l’ouvrage "Un revenu pour tous", membre du Mouvement Utopia, mouvement politique de gauche altermondialiste et écologique, aborde dans le livre cité la question  résumée ici (extrait de la page 52)

À méditer…

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Allocation universelle

De Wikiberal:

L'allocation universelle se présente comme un revenu de base versé à tous, d'un montant permettant de vivre, indépendamment du besoin qu'en a celui qui la reçoit, et sans obligation de travail en contrepartie.

L'idée est ancienne et remonte à Thomas Paine, Jeremy Bentham, voire le De subventione pauperum sive de humanis necessitatibus de l'humaniste judéo-catalan Joan Lluís Vives i March (1526)...


Même si ce concept n'est pas purement libéral, un certain nombre de libéraux le jugent préférable aux allocations actuelles (comme le « revenu minimum d'insertion » en France, devenu ensuite « revenu de solidarité active ») qui sont des trappes à pauvreté. En effet, l'allocation universelle n'entraîne pas un phénomène de désincitation au travail, puisqu'elle est versée sans conditions (pour ceux qui ont des revenus suffisants, elle se traduit par une baisse de l'impôtéquivalente). Il est donc toujours avantageux de travailler plutôt que de se contenter de l'allocation. C'est à cette fin qu'un parti comme Alternative Libérale proposait un revenu d'existence (ou "revenu de liberté") inconditionnel. Milton Friedman proposait la même chose sous forme d'« impôt négatif ».


Dans certaines propositions libérales, comme celle de Philippe van Parijs, le salaire minimum serait diminué ou supprimé en contrepartie de l'allocation universelle, ce qui permettrait d'abaisser le coût du travail et de relancer l'emploi. D'autres proposent un "revenu minimum du travail" (RMT) qui viendrait compléter le revenu mensuel de tout salarié en-dessous d'un certain niveau de salaire, avec en contrepartie la suppression du salaire minimum[1].

 

Critique libertarienne

Étonnamment, pour certains libéraux l'allocation universelle ne serait pas du vol en raison de son universalité ! Or il s'agit bien d'une redistribution issue de l'impôt, donc de la coercition, celui qui ne paie pas d'impôt étant assisté par celui qui en paie[2]. Les inconvénients de cette allocation sont les mêmes que pour d'autres formes d'assistanat, avec des désavantages supplémentaires :

  • encouragement à la paresse d'une partie de la population, qui choisira de vivre aux dépens des actifs (et pourra trouver en cas de besoin des compléments de revenu dans le travail "noir")[3] ; des sondages montrent que si une telle allocation existait, une proportion importante de la population (30 à 40 %[4]) choisirait de moins travailler ;
  • cette population assistée aura tendance à toujours croître, et comme on ne pourra décemment diminuer l'allocation, les impôts devront être augmentés d'autant ;
  • par effet d'aubaine, l'allocation attirera de nombreux nouveaux résidents, pauvres ou riches (ces derniers pourront toujours avoir à l'étranger des revenus ou une fortune non déclarés[5])
  • cette allocation pourrait être conçue, d'un point de vue libéral pragmatique, comme une mesure temporaire avant une suppression complète de l'assistanat (c'est dans cet esprit que Milton Friedman la défendait, pour éviter l'empilement actuel d'allocations sociales) ; en réalité, sous la pression de la démagogie, elle risque au contraire d'être le début d'un engrenage redistributeur social-démocrate préparé par des libéraux naïfs.

Alain Wolfelsperger juge immorale l'allocation universelle, d'une part parce que "les laborieux sont injustement exploités par les paresseux", d'autre part parce que cette allocation n'impose en contrepartie aucune obligation aux bénéficiaires :

Ce qui choque, à cet égard, dans l'AU c'est justement qu'elle exonère explicitement les bénéficiaires de toute obligation de réciprocité et non pas qu'elle est contraire à on ne sait quelle éthique puritaine du travail. Ce n'est pas la sacralisation du "droit à la paresse" qu'on peut lui reprocher mais la condamnation de facto du principe de réciprocité (ou de non-exploitation) qu'elle implique. (...) [Le projet d'AU] repose sur une contradiction, pour ainsi dire, constitutionnelle : d'un côté il fait vaguement appel à la conscience morale des plus favorisés sur cette terre pour accepter les sacrifices qu'implique sa mise en place mais, de l'autre, il conduirait au rejet formel de certains des principes les mieux universellement inscrits dans cette conscience morale.

 

 

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EXCELLENT DEBAT A TOUTES ET TOUS


Crédit Photos : CC Stanislas Jourdan


La lettre d'Elisabeth Durand: Le mariage pour tous: une arme perverse.

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« La vérité est si obscurcie en ces temps et le mensonge si établi, qu'à moins d'aimer la vérité, on ne saurait la reconnaître. » (Pascal)

 

Le mariage pour tous: une arme perverse

 

Diaboliser son adversaire est une technique bien connue utilisée par les régimes totalitaires. Tout opposant à l’idéologie du régime est considéré comme un ennemi de la communauté.

 

Or, depuis qu’est né le mouvement citoyen appelant à faire obstacle à la Loi Taubira, le gouvernement français n’a cessé de tout mettre en œuvre pour en faire un ennemi de la communauté.

 

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Pour cela, les plus grands moyens ont été utilisés jusqu’à la caricature, ce qui ne les a pas pour autant rendus plus visibles au regard de l’opinion publique.

 

Comment cela est-il donc possible? Si ces moyens de perversion ont été si flagrants, pourquoi l’opinion publique ne réagit-elle pas? Pourquoi la presse ne se lève-t-elle pas?

 

Parce qu’elles ont été soigneusement rendues aveugles et sourdes. C’est d’ailleurs la grande habileté de tout régime idéologique.

 

Cela commence par la maîtrise de la presse.

 En utilisant une partie de la presse acquise à sa cause (faut-il rappeler que Pierre Bergé, égérie du mariage pour tous, figure de proue de la théorie du genre, est propriétaire de plusieurs organes de presse dont le quotidien Le Monde?), les tenants du régime ont commencé par planter le décor.

 

Ensuite, suivra l’autre partie de la presse, une presse molle, qui mange goulument ce que lui jettent en pâture des communiqués gouvernementaux.

 

Une fois toute la presse acquise, la partie est déjà presque gagnée. Presque parce qu’il ne faudrait pas que la mollesse journalistique se retrouve titillée par une réaction hostile du peuple qui viendrait leur mettre «la puce à l’oreille», ne réveillez-pas un journaliste qui dort... Il faut donc faire d’une pierre deux coups et aveugler le peuple en se servant de la presse et vice versa. Qu’à cela ne tienne: mensonges, désinformation, récupération et omissions soigneuses amèneront le bon peuple à haïr ces êtres éminemment méprisables qui s’opposent à la doctrine.

 

Alors ils donnent le ton: lâchant le mot qui fera mouche: l’homophobie et tout ce qu’il a de plus méprisable: le refus de l’autre. Ceux qui s’opposent au projet de loi sont homophobes et donc par définition méprisables. Alors méprisez-les à loisir, comprenez que nous les méprisions, car vraiment, ils le méritent. Et de lâcher presque immédiatement après l’autre mot, qui en soi n’était pas encore assez méprisable mais qu’il faudra désormais attacher avec un noeud indéfectible à celui d’homophobie: Catholique.

 

C’est fait: les anti sont catholiques et homophobes. Les catholiques sont anti et homophobes. Les homophobes sont catholiques et anti. Vous lirez cela en boucle dans la presse engagée et dans la presse molle. Vous l’entendrez à la radio, déclamé sur un ton mélo-dramatique tous les jours par d’ardents défenseurs de la paix et de la fraternité, comme Caroline Fourest, égérie de la liberté, presque prix nobellisée ou Najat Vallaut Belkacem, désolée et émue par tant de haine et de refus de l’Egalité.

 

Car pour justifier l’homophobie déclarée des catholiques, il aura suffi de prononcer des mots chers à tous, fédérateurs et profonds: Liberté, Egalité, Fraternité. Des mots si forts qu’ils fondent notre déclaration des Droits de l’Homme. Des mots qui, dès qu’on les évoque, font gonfler les poitrines d’émotion et chatouillent notre fibre civique la plus profonde. Une fois ces mots prononcés, rien ne saurait plus alors arrêter notre volonté de défendre l’opprimé. D’autres dans l’Histoire ont utilisé des mots de la même force pour mobiliser les foules et leur faire avaler des couleuvres atroces. La méthode est connue. Mais elle fonctionne encore. Une fois la fibre humaniste chatouillée, le peuple devient aveugle et reçoit comme parole «laïquement divine» tout argument visant à bouter l’opposant.

 

C’est immanquablement l’arme perverse des régimes totalitaires: justifier un message appelant à la haine commune en utilisant la propension naturelle à l’amour des individus.

 


 

Voici le peuple mûr pour accepter la propagande sans broncher.

 La marche est en route, rajoutons quelques couches pour enfoncer le clou: qui sont ces odieux êtres qui n’ont pas grand chose d’humain, niant l’Egalité, refusant des droits à leurs semblables?

 

Ce sont les catholiques, soufflent et sifflent les sirènes médiatiques. Et d’expliquer pourquoi c’est logique: les catholiques vivent dans un autre temps: celui où l’Eglise toute puissante dictait ses dogmes sectaires et liberticides à une France soumise et triste. La toute puissance de la très dépassée culture judéo-chrétienne qu’il faut non seulement oublier mais encore soigneusement renier.

 

Dès lors, tous les coups sont permis, car tous les coups seront admis, même les plus tordus. Désormais, l’opinion est acquise à la cause, au nom de l’Egalité, de la Fraternité, de la Liberté mais aussi de la belle laïcité.

 

Alors les mensonges sur les chiffres sont admis : Ils disent être plus d’un million? Non, ils étaient à peine 300 000, n’exagérons rien. Les photos de la préfecture ont été retouchées? Non, rétorque le gouvernement. D’accord répondent simplement les journalistes de la presse acquise. D’accord répondent en écho les journalistes de la presse molle. N’allons pas plus loin, vous le savez bien ils sont mytho en plus d’être catho, fachos, réac et homophobes.

 

Alors les violences policières sont admises : des femmes et des enfants ont été blessés? Que faisaient-ils là? Vous rendez-vous compte? Emmener des enfants dans une manifestation à laquelle participent une horde de gens violents? Vous le savez bien, ils sont de mauvais parents en plus d’être catho, mythos, fachos, réac et homophobes.

 

Alors les arrestations arbitraires sont admises : porter un sweat shirt rose sur lequel figure un logo de leur mouvement pacifique? C’est contraire aux bonnes moeurs. 70 jeunes calmes, silencieux et pacifiques sont arrêtés et placés en garde à vue 12 heures. Un homme est arrêté et gardé 44 heures en garde à vue pour avoir lancé un simple «bon courage» à un jeune manifestant. Avez-vous remarqué à quel point ils sont provocateurs ces gens-là en plus d’être catho, fachos, réac, homophobes, mytho et parents indignes.

 

Alors des tombes et des églises sont profanées dans le plus grand silence : le 17 avril, 16 tombes sont profanées à Besançon, quatre églises sont profanées et vandalisées dans les bouches du Rhône dans la semaine du 8 au 14 avril, une église vandalisée à Avezé dans la Sarthe le 22 avril, la basilique Saint Michel de Bordeaux est taguée le soir du 20 avril dernier, ce sont les exemples les plus récents. La presse et le gouvernement, si prompt à condamner unanimement le collage de quelques affiches sur l’espace des Blancs Manteaux à Paris est bien silencieuse. Mais cela ne choquera personne. Allez, c’est quand même pas bien méchant! Ils ont en plus le culot d’être susceptibles ces gens-là, en plus d’être catho, fachos, réac, homophobes, mytho et parents indignes.

 

Alors les agressions et les appels au meurtre sont admis : des jeunes mamans accompagnées de leurs bébés sont insultées au retour d’une manifestation, un jeune homme est poignardé après avoir reçu des menaces explicites mais la police décide le soir même que l’agression n’a rien à voir, Pierre Bergé ne serait pas fâché qu’une bombe explose lors de la manif pour tous du 24 mars, un jeune manifestant pro mariage brandit joyeusement une pancarte invitant à tuer Frigide Barjot, les twittos appelant à «bouffer du curé» sont légion. . Mais cela n’émeut personne. C’est dans l’air du temps. Cela convient. Je vais vous dire, ils n’ont que ce qu’ils méritent ces gens-là.

 

Alors on impute à ces gens-là des actes odieux, pour souligner à quel point ils sont méprisables, l’amalgame est en route. Ils condamnent l’acte? Il faut donc trouver autre chose... Ha oui, imputons leur la responsabilité de l’acte en raison du climat odieux qu’ils génèrent avec leurs idées dont on ne manquera pas de rappeler toute l’horreur.

 

Alors on décrypte leurs messages cachés, tout ce qu’ils peuvent déclarer et surtout on ne manque pas d’interpréter les propos. Regardons de plus près le message qu’ils véhiculent: «un père, un mère, c’est élémentaire». Pour trouver où se cache l’homophobie subliminale dans ce message, ne sentez-vous l’ombre d’un raisonnement qui vous aurait été suggéré? En 2006, le chanteur Louis Chédid compose un conte musical intitulé «le soldat rose» dont est extraite une chanson intitulée «un papa, une maman». Voici les paroles du refrain: «il n’y a pas de bonheur plus grand que d’être dans les bras de ses parents, il n’y a pas plus réconfortant, qu’un papa, une maman». En entendant cette chanson en 2006, vous être vous levés, furieux et offusqués par ces propos homophobes? Cela m’étonnerait. Mais avec une petite explication de texte, quelques années plus tard, ces mêmes paroles sont devenues un puissant et violent message de haine détourné et véhiculé par des personnages infâmes qui n’ont de cesse que de haïr les homosexuels tout en s’en défendant.

 

En son temps aussi, un homme a pratiqué l’amalgame, justifié des actions inqualifiables envers un peuple et a fait accepter des actes infâmes après avoir soigneusement appris à l’opinion publique pourquoi ce peuple était méprisable. Il avait entrepris son oeuvre en 1933.

 

Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer des grandes dates, comme on allume des flambeaux. Victor Hugo

 

C’est donc au nom de l’Egalité et de la fraternité que l’on sacrifiera ces opposants, catholiques de préférence, sur l’autel de la morale laïque, nom de scène de la foi laïque, portée aux nues et qu’il devient subitement urgent de délivrer dans les écoles.

 

Car c’est en réalité cette foi laïque est le fondement de l’idéologie portée par le régime.

 

Le mariage pour tous n’aura été qu’un sésame pour cristalliser la haine et matérialiser l’ennemi: le religieux au sens large, avec le catholicisme en tête de gondole, ennemi public numéro un.

 

Ce socialisme-religion, cette foi laïque, dont le ministre de l’Education Vincent Peillon, expose les grands traits (Vidéos iciici ici et ) s’inspirant de la Kabbale et de l’Illuminisme permettent alors, par une similitude incontestable, de mettre enfin un nom sur cette idéologie soigneusement amenée à s’inscrire dans les esprits sans qu’ils s’en aperçoivent : la Franc Maçonnerie.

 

Le dessein ne se découvre pas, mais il se devine lorsqu’on analyse la progression des événements.

 

Le mariage pour tous était l’outil rêvé en ce sens qu’il a permis l’utilisation d’une minorité pour agiter les affres de l’oppression, de l’inégalité, des esprits bornés, du caractère réactionnaire de l’Eglise et de l’omniprésence insupportable de cette culture judéo-chrétienne qu’il faut annihiler rapidement. D’une seule pierre, le régime fait ainsi tous les coups.

 

Après avoir diaboliquement diabolisé l’adversaire, il s’agit maintenant de passer à la phase deux.

 

Ce qui caractérise et différencie le régime totalitaire d’une dictature c’est le fait de s’immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée en imposant l’idéologie. Et pour se faire, l’arme nucléaire en la matière, c’est l’éducation.

 

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Et d’ailleurs pour Vincent Peillon, ministre de l’Education :

 

« Il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel… » mais encore :

 

« C’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Église, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi »

 

« c’est au socialisme qu’il va revenir d’incarner la révolution religieuse dont l’humanité a besoin » (extraits de «La révolution française n’est pas terminée» Vincent Peillon)

 

C’est ainsi que la réforme scolaire apportera donc aux petits cerveaux tout neufs l’enseignement de l’idéologie du genre d’une part, et de la «morale laïque» alias de cette foi laïque, alias le socialisme version révolution religieuse, alias la doctrine franc-maçonnique d’autre part.

 

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, ces deux points ne sont pas un fantasme, ils font réellement partie de la réforme scolaire et seront enseignées dès la rentrée prochaine pour la première et dès 2015 pour la seconde.

 

La théorie du genre, qui n’est pas une science mais une idéologie, leur apprendra donc, au mépris du vrai savoir, qu’ils ne sont pas des garçons ou des filles mais qu’ils sont des êtres humains, un point c’est tout. A eux de choisir ensuite ce qu’ils voudront être, homme femme, trans, au choix... Les hommes et les femmes, c’est une invention de la société. En vrai ça n’existe pas.

La foi laïque leur apprendra le bien et le mal selon les critères établis par la franc-maçonnerie, la Kabbale et l’illuminisme prônés par monsieur Peillon.

 

Se servir de pensées nobles en apparence pour servir un dessein malsain est la couverture favorite des régimes totalitaires. Ils l’utilisent pour justifier leurs actes de diabolisation dans un premier temps. Lorsque l’opinion publique leur est acquise, ils la déclinent sous sa forme «pédagogie et éducation». Ainsi, après s’être servi de l’Egalité, de la liberté, de la fraternité, sans oublier la démocratie qu’ils bafouent sans vergogne mais jettent à la figure de tout opposant pour taire sa légitimité, viennent le temps de la morale et celui de l’esprit républicain, à leur tour détournés.

 

Ainsi, si vous lisez les 12 points fondamentaux de la franc-maçonnerie, vous les trouverez très beaux et très honorables. Nul doute que la présentation de la «morale laïque» de Vincent Peillon «présente bien» également. A grands coups de tolérance, de liberté, de respect, et d’aide envers les plus défavorisés, vous aurez envie de vous jeter dedans la tête la première.

 

Mais prenez garde au dessein de tout cela. C’est lui qui doit vous interpeller. Car le dessein exprimé par Vincent Peillon dans son interview (voir ci-dessus) est clair :

 

Instaurer une nouvelle religion d’Etat. Avec un chef spirituel à cette nouvelle église. Tout comme la franc-maçonnerie!

 

Un grand architecte de l’univers.

 Et c’est là qu’on entre dans la dimension ésotérique de la franc-maçonnerie. Car ce chef spirituel, grand architecte de l’univers dont la morale/foi/idéologie laïque permettra d’appréhender la connaissance, qui est-il?

 

Monsieur Peillon ne vous répondra pas là-dessus pour le moment. Il préfèrera rester abstrait, vous n’êtes pas encore prêts. Un jour peut-être, quand la morale laïque aura fait son oeuvre dans les écoles et les esprits tout neufs.

 

Sachez simplement que pour la Kabbale et l’illuminisme (également appelé illuminatis), sur lesquels se fonde la doctrine maçonnique, le péché est la seule vraie forme de rédemption.

 

Il vous appartient maintenant d'en déduire la nature de ce grand architecte de l’univers (1), décrit par notre ministre de l’Education, et qui représente son idéal de foi laïque, celle-là même qui sera enseignée dans nos écoles, à vos enfants...


Elisabeth Durand 

journaliste

 

(1) c'est bien entendu (et connu) LUCIFER !

Source: A lire, cet article de la journaliste Elisabeth Durand, publié sur le site de Chrétienté Info.

 

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Tout cela se passe au niveau mondial, il faut lire : la nouvelle éthique mondiale : défis pour l'église de Marguerite A. Peeters. voici un lien.


http://lesuisseromain.hautetfort.com/media/02/00/4080284016.pdf

 

Le communisme et son planning familial:

" Nous sommes conscients que ce combat n’est pas seulement technique, mais philosophique. La vie comme matériau, tel est le principe de notre lutte. […] La révision du concept de vie, induite par la contraception, transformera la société dans son intégralité ».(3)

Sources : Pierre Simon(Nahum) - (1) Son maitre ouvrage à lire absolument : « De la vie avant toute chose ». Editions Mazarine . 1979 .


(2) http://henrivedas.blogspot.fr/2006/03/origine-et-idologie-du-planning.html

(3) http://notredamedesneiges.over-blog.com/

 

Autre info:

http://www.ndf.fr/nouvelles-deurope/06-05-2013/document-le-president-du-ppe-a-lassemblee-parlementaire-du-conseil-de-leurope-soutient-les-manifs-pour-tous

L'action syndicale fait-elle monter les salaires par Henry Hazlit ?

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On a beaucoup exagéré le pouvoir des Syndicats de faire monter les salaires pour une longue durée et pour l'ensemble de la classe ouvrière. Cela tient surtout à ce qu'on ne veut pas reconnaître que le niveau des salaires est déterminé avant tout par le rendement du travail.

 

C'est pour cette raison en particulier que les salaires aux États-Unis étaient beaucoup plus élevés qu'en Angleterre ou en Allemagne au cours de la période où cependant le mouvement ouvrier s'était beaucoup plus développé dans ces deux pays qu'en Amérique.

 

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Cette vérité évidente que le rendement du travail est la cause déterminante de l'accroissement des salaires est généralement oubliée ou tournée en dérision par les chefs syndicalistes, tout autant que par les nombreux écrivains en matière économique qui cherchent à se faire une réputation d' « avancés » en copiant leurs discours. Mais cette vérité ne repose pas, comme ils paraissent le croire, sur le postulat que les patrons sont tous des hommes justes et généreux, qui font toujours ce qu'ils croient équitable. Elle repose sur un tout autre postulat, à savoir que le patron, dans son entreprise, cherche à réaliser un profit maximum. Si des ouvriers consentent à travailler pour des salaires plus bas que ceux qu'il est prêt à leur payer, pourquoi les paierait-il davantage ? Pourquoi ne préférerait-il pas donner un dollar par semaine à ses ouvriers plutôt que deux comme le fait son voisin ? Aussi longtemps que cet état de concurrence existe, les patrons auront tendance à payer leurs ouvriers en proportion de leur valeur professionnelle.


Tout cela ne veut pas dire que les syndicats n'aient pas à remplir un rôle utile et légitime. Ce rôle consiste surtout à veiller à ce que tous leurs membres reçoivent bien toute la valeur marchande de leur travail. Il est rare en effet que la concurrence des travailleurs à la recherche du travail, et des patrons à la recherche des ouvriers, joue parfaitement. Ni les patrons, ni les ouvriers, pris individuellement, ne sont toujours renseignés sur les conditions du marché du travail. Un travailleur isolé peut très bien ignorer, et les cours du travail, et la valeur marchande qu'il représente pour son patron, s'il n'est pas aidé par le syndicat. Et s'il reste seul, il est beaucoup plus désarmé pour en discuter les éléments. Ses erreurs de jugement lui sont plus préjudiciables qu'à son patron. Celui-ci, en effet, peut commettre l'erreur de ne pas embaucher un homme dont le travail lui eût été très utile, il perd alors le profit que celui-ci eût pu lui apporter, mais il lui arrive d'en embaucher une centaine ou un millier. Tandis que l'ouvrier qui commet l'erreur de refuser du travail parce qu'il espère en trouver facilement d'autre, mieux rétribué, risque de la payer cher. Ce sont ses moyens d'existence même qui sont en jeu. Non seulement il peut ne pas trouver rapidement d'autre travail mieux rétribué, mais il se peut aussi qu'il attende longtemps avant de retrouver un travail payé au taux qu'il avait refusé. Or, dans son cas, le temps est l'essence même du problème, car il lui faut vivre et faire vivre sa famille. Il peut alors être tenté d'accepter du travail à un taux qu'il sait inférieur à sa « valeur réelle », plutôt que de courir le risque d'avoir trop à attendre. Mais quand les ouvriers d'un patron ont affaire à lui en un corps constitué, et s'offrent à travailler à un « salaire type » pour telle espèce de travail, ils peuvent espérer ainsi traiter d'égal à égal et éviter les erreurs néfastes.


Mais l'expérience montre que les syndicats — outrepassant leur droit légitime à défendre l'ouvrier, et aidés en cela par une législation partiale du travail qui n'use de contrainte qu'envers les patrons — s'embarquent souvent dans une politique antisociale et à bien courte vue. C'est ce qu'ils font, par exemple, chaque fois qu'ils cherchent à faire monter les salaires de leurs membres au-dessus du cours du marché. Il en résulte toujours du chômage. Les accords réalisés sur ces bases n'arrivent, en fait, à se maintenir que par la menace ou la contrainte.


Parfois le syndicat réduit le nombre de ses membres en n'acceptant ceux-ci que sur une base autre que celle de la valeur professionnelle. Cette restriction prend alors les formes suivantes : on impose aux nouveaux venus des droits d'entrée excessifs, ou bien la justification de qualifications arbitraires, ou bien encore des discriminations, avouées ou dissimulées, tenant à la religion, à la race ou au sexe ; ou bien le nombre des membres se limite à un chiffre donné, ou enfin, on boycottera par la force, non seulement les produits du travail non syndiqué, mais même celui des ouvriers affiliés à des syndicats d'autres villes ou d'autres États voisins.


Le cas le plus évident où l'on emploie l'intimidation et la force pour maintenir ou faire monter les salaires des membres d'un syndicat, au-dessus du cours normal du marché, est celui de la grève. Il existe des grèves pacifiques. Dans la mesure où elle demeure calme, la grève est une arme ouvrière légitime, bien qu'on ne doive l'utiliser que rarement et en dernier ressort. En quittant tous ensemble leur travail, les ouvriers d'un patron sottement obstiné, qui ne les a pas payés à leur prix, le ramènent à la raison. Il peut alors se rendre compte qu'il lui sera difficile de remplacer ses ouvriers par d'autres qui soient aussi bons et qui acceptent le salaire que les premiers ont refusé. Mais à partir du moment où les ouvriers emploient l'intimidation ou la force pour faire valoir leurs revendications, à partir du moment où ils installent des piquets de grève pour empêcher d'anciens ouvriers de travailler ou pour empêcher le patron d'embaucher d'autres ouvriers à leur place, leur cas devient discutable. Car les piquets de grève sont placés, non surtout contre le patron, mais contre d'autres ouvriers. Ces nouveaux ouvriers ne demandent pas mieux que de faire le travail que les grévistes ont abandonné, et pour le salaire que ceux-ci répudiaient. Ceci prouve que ces nouveaux ouvriers n'ont pas trouvé de conjoncture meilleure que celle que ces ouvriers ont refusée. Si donc les grévistes réussissent par la force à empêcher ces nouveaux ouvriers de prendre leur place, ils les privent ainsi de travailler dans les conditions qui leur paraissaient les meilleures, et les obligent à prendre un travail moins bien rémunéré.


Les grévistes combattent donc pour se faire une position privilégiée, et usent de la force pour défende ce privilège. contre d'autres travailleurs.

Si cette analyse est correcte, réprouver indifféremment tous les « briseurs de grèves » est une position indéfendable. On est en droit de les haïr, si ces briseurs de grève ne sont que des bandits professionnels qui eux-mêmes emploient la violence, ou des ouvriers incapables, en fait, d'exécuter le travail des grévistes, ou des gens payés temporairement très cher uniquement pour avoir l'air de continuer à fonctionner, jusqu'à ce que les anciens ouvriers, fatigués de lutter, reviennent travailler au tarif ancien. Mais si vraiment ces briseurs de grève sont des hommes et des femmes qui recherchent sérieusement du travail et qui acceptent de plein gré les anciens salaires, alors les repousser serait les condamner à se voir rejetés dans des occupations moins bien payées, simplement pour permettre aux grévistes de se faire donner des salaires supérieurs. Et cette situation privilégiée des anciens ouvriers ne pourrait se maintenir que par l'arme toujours menaçante de la force.

 

 

Une économie sentimentale donne naissance à des théories qu'un examen objectif ne peut accepter. L'une d'entre elles consiste à soutenir que, en général, le travail est payé au-dessous de sa valeur. Ce qui reviendrait à dire que, en général, sur un marché libre, les prix sont trop bas d'une manière chronique. Une autre théorie curieuse, mais tenace, consiste à affirmer que les intérêts de tous les travailleurs d'un pays donné sont identiques les uns aux autres, et que l'augmentation du salaire obtenue par un syndicat va, par quelque obscur cheminement, aider tous les autres ouvriers. Non seulement cette idée ne contient pas la moindre parcelle de vérité, mais au contraire, on peut affirmer que si un syndicat donné obtient par la force pour ses membres, une augmentation de salaire sensiblement au-dessus du cours normal du marché des services, cela portera préjudice à tous les autres travailleurs comme à tout l'ensemble du monde économique.


Afin de voir plus nettement comment cela se produit, imaginons une collectivité dans laquelle nous supposerons tous les faits arithmétiquement simples. Supposons, par exemple, un ensemble de six groupes de travailleurs, et disons que ces groupes gagnent la même somme totale, et apportent sur le marché des produits de même valeur. Dénombrons ces différents groupes : 1° ouvriers agricoles ; 2° vendeurs du commerce de détail ; 3° ouvriers de confection ; 4° mineurs ; 5° maçons ; 6° cheminots. Leurs salaires, librement déterminés, ne sont pas forcément égaux, mais quels qu'ils soient, disons que leur indice de départ est à 100. Supposons maintenant que chacun de ces groupes adhère à un syndicat national et acquiert ainsi la possibilité d'imposer ses revendications, non pas à cause de sa productivité, mais bien plutôt grâce à sa puissance politique ou à sa situation stratégique. Supposons que les ouvriers agricoles n'ont pas été capables de faire monter leur salaire, mais que les employés de commerce ont obtenu 10 % les ouvriers de la confection 20 %, les mineurs 30 %, les maçons 40 % et les cheminots 50 %.


Étant donné nos prémisses, cela revient à dire que l'augmentation moyenne des salaires a été de 25 %. Pour conserver la même simplicité arithmétique, supposons que le coût de production de chaque groupe augmente dans la même proportion que le salaire. Pour différentes raisons, parmi lesquelles se trouve le fait que le salaire n'est qu'un des éléments du coût du produit, cela ne se produira pas, en tout cas, sur une courte période. Mais ces chiffres ne vont pas moins servir à la démonstration de notre principe fondamental.


Nous nous trouverons donc dans une situation telle que le coût de la vie aura monté d'environ 25 %. Les ouvriers agricoles, quoique leurs salaires n'aient pas été réduits, se trouvent dans une situation moins bonne qu'avant, quant à leur pouvoir d'achat. Les employés de commerce, malgré leur augmentation de 10 % sont en plus mauvaise posture qu'avant la course des prix. Et même les ouvriers en confection, bien qu'ils aient 20 % de plus, se trouvent désavantagés par rapport à leur position ancienne. Les mineurs, avec leur 30 % n'ont gagné qu'une très légère augmentation de pouvoir d'achat. Les maçons et les cheminots ont, certes, réalisé un gain substantiel, mais en réalité plus petit qu'il ne paraît.


Ces calculs eux-mêmes reposent sur l'hypothèse que cette hausse imposée de salaires n'a causé aucun chômage. Il n'en sera vraisemblablement ainsi que si, parallèlement, s'est manifesté un accroissement de la monnaie et du crédit en banque ; en même ainsi, il reste improbable que de telles disproportions des taux de salaires puisse se produire sans créer çà et là des poches de chômage, surtout dans les métiers où la hausse a été plus forte. Si cette inflation monétaire ne se produit pas, alors cette hausse de salaires artificiellement demandée donnera naissance à un chômage généralisé.


Ce chômage n'atteindra pas forcément le plus grand pourcentage dans les syndicats qui ont obtenu la plus grande augmentation de salaire, car le chômage sera transféré, et dépendra de l'élasticité de la demande pour différentes sortes de travail, et en fonction aussi des corrélations de la demande vis-à-vis de plusieurs sortes de travail. Puis, quand on aura tenu compte de toutes ces circonstances, les groupes mêmes qui ont été le plus favorisés se trouveront sans doute en plus mauvaise posture que précédemment, quand on aura fait la moyenne de leurs gains, en tenant compte des chômeurs de la corporation.


Leur perte en bien-être sera beaucoup plus grande encore que leur perte arithmétiquement chiffrée, car le malaise psychologique de ceux qui seront jetés au chômage dépassera de beaucoup le gain psychologique de ceux qui ont vu leur pouvoir achat monter légèrement.


Cette situation ne saurait être modifiée par l'octroi d'indemnités de chômage. D'abord, directement ou indirectement, c'est sur la paye des travailleurs qu'on prend les fonds du chômage. Ce qui réduit d'autant leur salaire. D'autre part, des indemnités de chômage « adéquates », nous l'avons vu, sont créatrices d'autre chômage. Et cela pour plusieurs raisons. Quand les syndicats puissants d'autrefois avaient pour principal objet de venir en aide à leurs adhérents en chômage, ils y regardaient à deux fois, avant de réclamer des hausses de salaires susceptibles de créer du chômage. Mais quand il existe un système de secours de chômage dont le contribuable fait les frais, même quand le chômage est provoqué par les salaires excessifs, les syndicats perdent toute retenue.


De plus, comme nous en avons déjà fait la remarque, une indemnité de chômage intégrale incitera beaucoup de travailleurs à ne pas chercher d'emploi, et ceux qui en ont un, s'ils réfléchissent un peu, s'apercevront vite qu'ils travaillent, non pour le salaire qu'ils touchent, mais seulement pour la différence entre ce gain et l'allocation de chômage donnée à leurs camarades.

Or, un chômage généralisé entraîne une production réduite, une nation moins riche et crée bientôt une rareté dont tout le monde souffre.


Les avocats du salut par les syndicats trouvent une autre solution à ce problème. Il se peut, admettent-ils, que les membres des grands syndicats exploitent, entre autres, les ouvriers non syndiqués et ils ajoutent : le remède est bien simple : syndiquons tout le monde ! Non, le remède n'est pas si simple. D'abord, malgré les extraordinaires encouragements politiques — dans certains cas même, ce fut une contrainte — à se syndiquer, grâce aux lois comme la loi Wagner et autres, ce n'est pas par accident si un quart seulement environ des ouvriers salariés de ce pays est syndiqué. Les conditions favorables à la formation des syndicats sont beaucoup plus particulières qu'on a coutume de le croire.


Mais même si on arrivait à syndiquer tous les ouvriers, les différents syndicats ne pourraient être également puissants, pas plus qu'ils ne le sont aujourd'hui. Quelques-uns d'entre eux ont une bien meilleure situation stratégique que d'autres, soit que leur effectifs soient plus nombreux, soit que leurs ouvriers fabriquent des produits essentiels à la vie de la nation, soit que leur industrie en commande plusieurs autres, soit enfin parce qu'ils sont plus habiles dans l'emploi de méthodes de contrainte. Mais admettons qu'il n'en soit pas ainsi et supposons que, malgré ce que notre hypothèse a de contradictoire, tous les travailleurs, grâce à des méthodes de coercition, voient leurs salaires hausser d'un égal pourcentage. A la fin du compte, aucun d'eux ne serait plus à l'aise que si les salaires n'avaient pas bougé.

 

 

Ceci nous conduit au cœur du problème. On soutient généralement que l'augmentation des salaires est prise sur les bénéfices du patron. Cela peut évidemment se produire en des circonstances spéciales et pour de courtes périodes. Si on oblige une entreprise donnée à augmenter les salaires, et que cette entreprise soit en concurrence telle avec les autres qu'elle ne puisse monter ses prix de vente, il lui faudra bien payer la hausse des salaires avec ses bénéfices. Mais il est moins probable qu'il en puisse être ainsi si l'augmentation de salaires a lieu dans toute une industrie. Dans la plupart des cas, l'industrie augmentera ses prix, et passera la charge aux clients. Et comme ces clients sont pour la plupart des ouvriers, ils verront alors leur salaire réel réduit dans la mesure même où ils auront à payer plus cher ce produit particulier. Il est vrai aussi que l'augmentation du prix aura pour résultat de faire tomber la vente, si bien que les bénéfices, eux aussi, seront réduits et, finalement, l'embauche et le total des salaires payés dans cette industrie seront réduits d'autant.


Il est fort possible que dans certains cas les bénéfices d'une industrie se trouvent réduits sans qu'il y ait réduction parallèle dans l'emploi de la main-d'œuvre, et où, en d'autres termes, la hausse du taux des salaires s'accompagne d'une augmentation du total des salaires payés, et où le coût total de l'opération est supporté par les profits, sans que cela mette hors de jeu aucune entreprise de cette industrie. Il est peu probable que de tels cas se produisent, mais on peut les imaginer.


Soit, par exemple, une industrie comme celle des chemins de fer, qui ne peut pas toujours faire supporter l'augmentation des salaires par le public sous forme d'une augmentation des tarifs, car elle est soumise à la surveillance des pouvoirs publics. En fait, la forte augmentation des salaires accordée aux cheminots a eu les plus rudes répercussions sur l'embauche. Le nombre des travailleurs de première catégorie employés dans les chemins de fer américains s'élevait, en 1920, à un maximum de 1 685 000, au taux moyen de 66 cents l'heure ; il est descendu à 959 000 en 1931, au taux moyen de salaire de 67 cents l'heure ; il est tombé à 699 000 en 1938, au taux de salaire de 74 cents l'heure. Mais pour la commodité de la démonstration, nous pouvons négliger ces réalités et discuter comme si nous avions affaire à une hypothèse abstraite.


Enfin, il peut fort bien arriver que les syndicats réalisent des augmentations de salaires aux dépens des employeurs et des actionnaires. Ceux-ci avaient des fonds liquides ; ils les ont placés, disons, dans les chemins de fer. On transformé leurs capitaux liquides en voies, en wagons et en locomotives. Ils auraient pu placer ce même capital dans mille autres entreprises, mais ils ne l'ont pas fait et aujourd'hui tout leur avoir se trouve pour ainsi congelé dans une seule affaire. Les syndicats des cheminots peuvent très bien les obliger à accepter un plus faible intérêt pour ce capital déjà investi. Les capitalistes continueront à faire marcher les chemins de fer pourvu que, toutes dépenses payées, ils puissent encore y trouver un léger bénéfice, même s'il ne se chiffre qu'à 1/10 de 1 % de leur capital investi.


Mais un corollaire inéluctable découle de tout cela. Si l'argent que ces capitalistes ont placé dans les chemins de fer rapporte moins que celui qu'ils peuvent placer dans d'autres entreprises plus avantageuses, ils ne mettront pas un centime de plus dans les chemins de fer. Ils y investiront encore quelques petites sommes afin de sauver le faible revenu qu'ils en retirent encore ; mais à la longue ils ne se soucieront même pas de payer pour remplacer le matériel ou l'équipement vieilli et hors d'usage.


Si le capital qu'ils placent dans leur propre pays rapporte moins que celui placé à l'étranger, ils l'investiront dans d'autres pays. Et s'ils ne trouvent nulle part aucun bénéfice pour compenser les risques de leurs investissements, ils s'abstiendront désormais d'en faire.

On voit que l'exploitation du capital par le travail ne peut guère être que temporaire. Elle prendra vite fin. Elle s'arrêtera en réalité, non pas tant de la manière que notre exemple indique qu'en amenant la fermeture des entreprises marginales, la généralisation du chômage, le réajustement forcé des salaires et des profits jusqu'au point où la perspective d'un bénéfice normal (ou anormal) conduise à une reprise de l'embauchage et de la production. Mais entre-temps, le résultat de l'affaire aura été un chômage et une production réduite qui auront appauvri tout le monde. Même si le monde du travail se partage pendant un certain temps une plus grande part relative du revenu national, ce revenu lui-même ne tardera pas à fléchir en chiffres absolus, tant et si bien que les travailleurs, avec leurs gains relatifs et de courte durée, auront remporté une victoire à la Pyrrhus, car ces gains eux-mêmes, convertis en pouvoir d'achat, pourront eux-mêmes avoir diminué.

 

 

Nous aboutissons ainsi à la conclusion suivante : les syndicats, s'ils peuvent bien pour un temps faire bénéficier leurs membres d'une hausse des salaires, aux dépens en partie des patrons, et en partie plus grande encore des ouvriers non syndiqués, ne peuvent, à la longue et pour l'ensemble de tous les travailleurs, faire aucunement monter les salaires réels.

Croire qu'ils le peuvent c'est tabler sur une série d'illusions. L'une est le sophisme post hoc ergo propter hoc, qui constate l'énorme augmentation des salaires depuis la seconde moitié du XIXe siècle, due principalement à l'énorme accroissement de capitaux investis et aux progrès de la science pure et appliquée, mais qui l'attribue aux syndicats, parce que ceux-ci également se sont développés durant cette même période. Mais l'erreur qui engendre le plus d'illusions consiste surtout à ne vouloir envisager qu'un seul aspect des choses, et le plus immédiat, à savoir ce que la hausse de salaires obtenue par le syndicat a pu donner momentanément à quelques ouvriers qui ont pu garder leur travail, sans vouloir remarquer les conséquences qui s'ensuivront plus tard sur l'emploi de main-d'œuvre, sur le volume de la production, sur la hausse des prix que tous les travailleurs dans leur ensemble auront à supporter, y compris ceux-là mêmes qui ont exigé une augmentation.


On peut aller au-delà même de cette conclusion, et se demander par exemple si les syndicats n'ont pas, à la longue et pour tout l'ensemble des travailleurs, contribué à empêcher les salaires réels de monter jusqu'au niveau où, sans leur intervention, ils eussent pu monter.

Ils ont certainement, par leur action, constitué une force qui a pu contribuer à réduire ces salaires ou à les empêcher de monter si, tout compte fait, leurs agissements ont réduit la productivité du travail, et l'on peut réellement se demander s'il n'en a pas été ainsi.


En ce qui concerne la productivité, d'ailleurs, il y a certaines choses dans la politique suivie par les syndicats qu'on doit mettre à leur actif. Dans plusieurs métiers, ils ont contribué par leur insistance à relever le niveau de la capacité et de la compétence professionnelles. Et, au début de leur histoire, ils ont fait beaucoup pour améliorer les conditions de travail et protéger la santé de leurs membres. Quand il y avait beaucoup de main-d'œuvre, il arrivait parfois que de petits patrons exploitaient leurs ouvriers par un travail intensif durant des heures trop longues et épuisantes, car ils pouvaient à ce moment-là trouver à les remplacer à volonté. Certains patrons étaient même assez ignorants ou assez peu clairvoyants pour réduire leurs propres bénéfices en surmenant leur personnel. Dans tous ces cas, les syndicats, en réclamant de meilleures conditions de travail, assurèrent aux ouvriers une santé meilleure, un confort plus grand, en même temps qu'ils amélioraient leur salaire réel.


Mais à notre époque, à mesure que leur pouvoir grandissait et que la sympathie du public, fort mal orientée, acceptait ou tolérait des habitudes nuisibles à la société, les syndicats ont dévié de leurs buts légitimes. Ce fut, sans nul doute, un gain, non seulement en santé et en bien-être, mais, à la longue, pour la production en général que d'avoir fait réduire la semaine de 70 heures à 60. C'en fut un autre pour la santé et les loisirs que de la réduire de 60 à 48 heures. Ce fut un gain en loisirs, mais pas forcément en production ou en revenus, de l'avoir réduite de 48 à 44 heures. Le bénéfice en santé et en loisirs produit par la semaine de 40 heures est moins clairement apparent que la réduction des rendements et des revenus qu'elle a causée. Pourtant, nous entendons maintenant les syndicats réclamer, et souvent même imposer, la semaine de 35 ou de 34 heures et nier que cette réduction puisse exercer la moindre influence sur les rendements ou les revenus.


Mais ce n'est pas seulement en réduisant les heures de travail que la politique des syndicats a été néfaste à la productivité. En réalité, sur ce point, elle a été moins dangereuse que sur d'autres, car il y a eu ici au moins une compensation visible. Mais beaucoup de syndicats ont voulu obtenir une subdivision rigide du travail qui a alourdi les frais de production et entraîné des discussions d'attribution coûteuses et ridicules. Ils se sont opposés à ce que la paye fut basée sur le rendement et sur la qualité du travail, et ont exigé que les salaires horaires fussent les mêmes pour tous les ouvriers sans égard à leur productivité. Ils ont insisté pour que l'avancement soit donné à l'âge et non au mérite.


Sous prétexte de combattre la « presse », ils ont prôné le travail au ralenti. Ils ont dénoncé ou fait débaucher, et parfois brutalement malmener les ouvriers qui produisaient plus vite que leurs camarades. Ils se sont opposés à une généralisation du machinisme. Ils ont multiplié les règlements de travail afin d'obliger le patron à prendre plus d'ouvriers, ou à allouer plus de temps pour remplir une tâche. Ils l'ont contraint même à embaucher un personnel inutile, menaçant au besoin de ruiner son entreprise.


La plupart de ces mesures ont été préconisées sous l'empire de cette idée qu'il n'existe qu'une quantité de travail donnée, une « masse de travail » qu'il convient de partager entre un aussi grand nombre donné de travailleurs que possible, et en autant d'heures que possible afin de ne pas l'épuiser trop vite. Cette croyance est complètement fausse. Il n'y a, en réalité, pas de limite à la quantité de travail possible. Le travail crée le travail. Ce que A fabrique devient la demande pour ce que B doit à son tour fabriquer ; mais parce que cette thèse est fausse, et parce qu'elle a servi de base à la politique des syndicats, la production a baissé au-dessous du niveau qu'elle eût atteint sans cela. Si bien qu'en fin de compte, et pour tous les ouvriers, cette politique a été la cause d'une réduction des salaires réels, c'est-à-dire des salaires évalués en pouvoir d'achat — bien au-dessous du niveau qu'ils auraient atteint autrement. Les salaires réels ont connu une incroyable ascension au cours du dernier demi-siècle (aux États-Unis surtout), la cause profonde en est due, je le répète, à l'augmentation des capitaux investis et à l'énorme progrès technologique que cela a rendu possible.


[Ce processus n'est toutefois pas automatique. En raison des mauvaises politiques non seulement des syndicats mais aussi des gouvernements, ce processus s'est en fait arrêté au cours de la dernière décennie. Si nous regardons la moyenne des revenus bruts hebdomadaires des travailleurs privés, hors de l'industrie agricole, uniquement en termes de dollars de papier, il est vrai qu'ils sont passés de 107,83 $ en 1968 à 189,36 $ en août 1977. Mais lorsque le Bureau des Statistiques du Travail prend en compte l'inflation, quand il traduit ces revenus en dollars de 1967, pour tenir compte de l'augmentation des prix à la consommation, il trouve que les revenus hebdomadaires réels ont en fait baissé de 103,39 $ en 1968 à 103,36 $ en août 1977. (Édition de 1979, traduit par Hervé de Quengo)]


La réduction du taux d'accroissement des salaires réels n'est pas due au fait qu'il existe des syndicats, mais à la mauvaise politique que les syndicats ont pratiquée.

 

par Henry Hazlitt

traduit par Mme Gaëtan Pirou

L'action syndicale fait-elle monter les salaires ?

Source: L'Économie politique en une leçon Les applications de la leçon

Chapitre XIX [XX pour l'édition de 1979]

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Henry Hazlitt

De Wikiberal:

Henry Hazlitt (28 novembre 1894 - 8 juillet 1993) est un philosophe, économiste et journaliste libertarienaméricain, connu pour son ouvrage L'économie politique en une leçon (Economics in One Lesson).

Il naît dans une famille modeste et grandit à Brooklyn. Il abandonne rapidement ses études universitaires pour gagner sa vie comme journaliste. Il travaille pour The New York Times, Newsweek, et The American Mercury mais c'est avec le Wall Street Journal que sa collaboration sera la plus durable et la plus fructueuse. C'est dans les années 1910 et 1920 qu'il se familiarise avec les idées de l'école autrichienne, en particulier Ludwig von Mises et Friedrich Hayek ultérieurement. Il jouera un rôle important dans la diffusion des idées de cette école aux États-Unis; c'est lui qui ainsi obtint une place d'enseignement à l'université de New York pour Ludwig von Mises.

Auteur prolixe (plus de vingt-cinq ouvrages dans sa vie), il s'est fait connaître grâce à son livre à succès L'Économie politique en une leçon (1949) : ce livre est un ouvrage de vulgarisation sur les principes de l'économie de marché, fondé sur Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas de Frédéric Bastiat. Comme le dit lui même Hazlitt dans son introduction : « On peut dire que mon livre en est la présentation moderne et qu'il est le développement et la généralisation d'une vérité déjà en puissance dans l'ouvrage de Bastiat. »[1]

Libertarien, il était également très critique des idées keynésiennes. Ainsi, dans son ouvrage de 1959, The Failure of the New Economics: An Analysis of the Keynesian Fallacies, il établit une critique méthodique et systématique de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie de John Maynard Keynes. Il en dira même qu'il n'a « pas pu y trouver une seule doctrine qui soit vraie et originale. Ce qui est original dans son livre est faux et ce qui est juste n'est pas nouveau »[2].

Il est aussi l'auteur d'une œuvre majeure sur l'éthique, The Foundations of Morality.

Très proche d'Ayn Rand dans les années 1940-1950[3], sa pensée fut influencée par celle de la philosophe américaine. Il a également été membre de la Société du Mont-Pèlerin. Il a parallèlement été vice-président et trustee de la Foundation for Economic Education dès sa création en 1946[4] et a écrit de nombreux articles pour The Freeman, l'organe de presse de la FEE.

 

Des enfants achetés et vendus, qui nous fait croire que c’est ‘’ par amour ‘’?

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 fake? antisémitisme? ou vérité? Dans tous les cas le problème s'il existe se pose, quoi faire?


Nous sommes entrain d’assister à la RENAISSANCE DE L’ESCLAVAGE.

 

Un esclave est un être humain dont on use comme d’une bête. On l’achète et on le vend, il ne dispose d’aucun liberté, il n’est pas reconnu comme faisant partie de la RACE HUMAINE.

 

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Dans le document qui suit, on vous décrit les conséquences de la loi qui vient de passer qui sera suivie de celle autorisant les mères-porteuses et l’adoption des enfants par des personnes de même sexe.

 

Il en résulte que les enfants qui feront l’objet de cette nouvelle ‘’ traite ‘’, seront des esclaves. De plus ils viennent ex nihilo !

 

Ils seront achetés et vendus, on nous fait croire que c’est ‘’ par amour ‘’, mais qui aujourd’hui peut parler d’amour ? Nous le voyons bien chez nous et autours de nous, combien de tensions, de luttes, de guerres et de divorces !

 

Tient, oui, dans ce dernier cas, que devient l’enfant ? Il ne connaît pas ses parents réels, et ses ‘’ parents adoptifs ‘’, que font-ils décider ? Le vendre ? ( Ils l’ont bien acheté ), En disposer ?

 

Réfléchissons bien au problème que nos hommes politiques ( de droite et de gauche ) nous posent et nous imposent. C’EST INACCEPTABLE

 

 

Par Baudouin de Lapasse 

Source: IHEDN

 

meres-porteuses-en-inde

Mères porteuses en Inde, vente par le net!


 

        http://www.dailymotion.com/video/xes5mf_google-baby-bebes-en kit_webcam#.UWnP4qXGdCc 

  

Doron, un entrepreneur Israélien high tech, a lancé une nouvelle offre de service: la production de grossesse.

 

-        La grossesse se fait en Inde (c’est moins cher)

-        Le matériau génétique est sélectionné  par les clients via une interface web

-        le sperme et les ovules s’achètent en ligne

-        les embryons fabriqués sont congelés et expédiés par avion en Inde

-        ils seront implantés dans l’utérus de mères porteuses locales (Inde) c’est moins cher !

-        Les clients se présentent à la fin des 9 mois de grossesse pour récupérer leur bébé.

-        Il suffit d’une carte de crédit pour acheter bébé

 

Note du producteur du film :

 

Il m’a fallu 3 ans pour concevoir ce film. Au fur et à mesure de son avancement j’ai compris que très peu de gens comprennent que les bébés sont en train de devenir un bien de consommation et qu’à ce titre, la mondialisation de l’économie, avait un profond impact sur cette industrie naissante.

Nous avons filmé aux Etats-Unis, en Israël et en Inde dans la clinique du Dr Patel. Au début du tournage elle avait 70 mères porteuses enceintes, à la fin du film elle en gérait 250.

Je comprends que ces cliniques de mères porteuses puissent choquer mais après avoir passé beaucoup de temps en Inde dans la clinique du Dr Patel, je commence à comprendre son point du vue. Pour elle, c’est la seule façon pour des femmes en milieu rural de changer de vie et d’assurer l’avenir de leurs enfants.


Certes les questions d’éthique soulevées par cette nouvelle industrie sont longues. Par exemple nous n’avons pas mis dans le film l’histoire de la petite Manjhi  dont les «acheteurs » japonais avaient divorcés avant sa naissance. Après une longue bataille juridique, les grands parents japonais l’ont finalement adoptée 3 mois après sa naissance. J’ai essayé de ne pas porter de jugement moral dans ce film. Pour certains, ces procédés sont un miracle pour d’autres une machine infernale...De toute façon les choses vont se corser car je suis persuadé qu’à l’avenir cette forme de reproduction ne sera plus une solution en dernier ressort mais celle de femmes qui veulent éviter une interruption de carrière ou des vergetures.


Je suis horrifié par les aspects mercantiles de cette industrie de la reproduction. En l’absence de règles éthiques et de morales, l ‘économie mondialisée donne la pleine mesure de son efficacité. Pas de barrière légales, profits vertigineux : tous les ingrédients sont là pour que l’industrialisation de la reproduction humaine explose.

 

« Google Baby »  est un aperçu d’un sujet dont je suis convaincu qu’il va devenir un problème majeur pour le futur de l’humanité.


Explications plus précises

Google Baby est un voyage à travers trois continents qui raconte l'histoire de l'industrie montante de la production de bébés à l'âge de la mondialisation.

Doron, un entrepreneur israélien doté d'un background high tech propose un nouveau service – la production de grossesses. Le producteur de grossesses (comme il se présente) fournit une solution rentable  à ses clients grâce à sa délocalisation d'éléments de GPA en Inde, qui en abaisse les coûts. Le matériel génétique souhaité est choisi par les clients à partir de leur ordinateur : le sperme et les ovocytes  s'achètent en ligne, des embryons multiples sont produits, congelés, emballés et envoyés en Inde par avion, où ils sont implantés dans les utérus des mères porteuses locales. Les clients n'arrivent qu'à la fin des neuf mois de grossesse pour prendre livraison de leurs bébés.

Aujourd'hui, la technologie a transformé le fait de « faire un bébé » en acte indépendant du sexe. Et la mondialisation la rend abordable. Tout ce dont vous avez besoin est une carte de crédit. Les instructions sont accessibles à tous sur Youtube.


Déclaration du Réalisateur

J'aime bien les tableaux d'affichage. Durant mes études à l'université de Harvard, j'ai remarqué beaucoup d'affichettes, sur les tableaux d'affichage du campus, qui offraient de 50 000 à 70 000 dollars à des jolies jeunes femmes diplômées. La technicité de ce nouveau type d'enfantement, et le fait que la grossesse pouvait être réduite à ses éléments constitutifs, puis recomposée en les mélangeant et en les appariant sur Internet m'ont intrigué.


La recherche et le tournage du documentaire ont pris presque trois ans. A mesure de notre travail, j'ai réalisé de plus en plus clairement à quel point les gens sont totalement ignorants du fait que les bébés sont en train de devenir des marchandises, et il devenait évident que la mondialisation a un immense effet sur le développement du business de la production de bébés. Les coûts locaux et les obstacles légaux sont pris en main par des opérateurs internationaux. Nous avons filmé aux USA, en Israël et en Inde, où nous avons fait trois voyages pour le tournage du documentaire. Quand nous avons commencé à filmer dans la clinique du Dr Patel à Anand, en Inde, elle avait 70 mères porteuses « au travail ». A la fin du tournage, lors de notre dernier séjour, elle avait plus de 250 mères porteuses et d'autres docteurs, à Mumbai, commençaient à offrir les mêmes services. De toute évidence, l’activité se développe très rapidement.


Je comprends ceux qui considèrent la délocalisation de la GPA en Inde, à un coût bien moindre qu'en Occident, comme de l'exploitation. Malgré tout, après avoir passé du temps en Inde, je partage davantage l'avis du Dr Patel et l'agenda féministe qu'elle propose. Le Dr Patel pense que, pour ces femmes rurales de l'Inde, la GPA est presque la seule façon de changer sa vie. Elles transforment leur vie, les vies de leurs familles et de leurs enfants en leur apportant un logement et la possibilité d'une éducation.


Pourtant, cette nouvelle industrie en développement soulève aussi une longue série de questions éthiques. Par exemple, le cas de Manjhi, qui n'a pas été inclus dans le film. Manjhi est une petite fille née d'un couple japonais via une mère porteuse indienne. Entre sa conception et sa naissance en Inde, les parents qui l'avaient commandée ont divorcé. Comme celle qui allait devenir sa mère et le père n'en voulaient plus, ils ont refusé de venir la chercher auprès de se mère porteuse en Inde. La mère porteuse a fait l'objet de pressions de la part des autorités indiennes pour qu'elle adopte le bébé, mais elle ne voulait pas de Manjhi non plus. La clinique a soutenu la mère porteuse devant les tribunaux. Pour finir, la grand-mère paternelle de Manjhi a a accepté de la garder. Manjhi a été emmenée à Tokyo trois mois après sa naissance.


J'ai choisi de ne pas donner de point de vue personnel dans ce film. Les gens ont souvent des opinions très tranchées à ce sujet, et ce qui est perçu comme le salut pour les uns est vu comme diabolique par d'autres. La situation ne va faire que se compliquer, parce que je pense qu'à l'avenir, la GPA ne sera pas employée en dernier recours, mais plutôt comme une alternative pour des femmes qui ne veulent pas de vergetures ou ne souhaitent pas interrompre leur carrière pour une maternité.


L'aspect mercantile de l'industrie de la reproduction m'intrigue autant qu'il m'effraie. A cause de l'absence de règles morales ou d'éthique, l'économie mondiale est exploitée en toute liberté. De cette façon, sans barrières légales à dépasser et avec beaucoup d'argent à gagner, l'industrie de la reproduction humaine est en plein essor. Un business froid et distant uniquement guidé par les principes de l'économie de marché traite, sans le moindre garde-fou, la question la plus délicate qui soit. A travers Google Baby, j'ai tenté de donner un aperçu de ce qui va probablement devenir l'un des problèmes majeurs de l'humanité de demain.


Protagonistes

Dr. Naya Patel est une des spécialistes mondiales de la FIV. Elle a monté une entreprise florissante de ventres indiens pour clients occidentaux. La clinique du Dr Patel a transformé la petit ville d'Anand, dans le nord de l'Inde, en une capitale mondiale de la GPA. Sa clinique est d'un niveau comparable à ceux des meilleures cliniques occidentales et elle supervise des centaines de femmes locales qui portent les embryons de sa clientèle internationale. La GPA est un tabou social en Inde, de telle sorte que les femmes vivent à la clinique pendant toute la durée de leur grossesse. Les familles, dans la plupart des cas, ne sont pas au courant. Le Dr Patel pense que sa clinique offre non seulement une planche de salut à ses clients affligés de difficultés de reproduction, mais aussi, pour des femmes indiennes rurales, une chance  d'améliorer leur situation sociale.


Doron Mamet est un entrepreneur israélien qui a abandonné une position prestigieuse pour devenir ce qu'il appelle un « producteur de bébés ». En ouvrant sa compagnie, Tammuz, Doron Marmet a créé une nouvelle solution dans un marché prospère qui aspire à des produits occidentaux génériques aux prix abordables du marché asiatique. Son agence fournit des services de production de bébés en connectant clients, donneurs, mères porteuses et cliniques à travers le monde.


Dr. Gad Lavy est l'opérateur américain de l'entreprise « Est-Ouest » de GPA de Doron. Il crée des embryons à partir de sperme et d'ovocytes qu'il reçoit dans son centre indépendant de fertilité de Nouvelle-Angleterre, l'une des cliniques de fertilité les plus actives et prospères des USA. Les embryons sélectionnés sont envoyés par avion en Inde pour y être implantés dans les ventres des mères porteuses locales.


Lyne Macklin-Fife est administratrice du programme pour Egg donation Inc, la première entreprise de courtage en ovocytes humains en ligne. Basée en Californie, leur banque de données en ligne contient plus de mille donneuses d'ovocytes venues de tous les états des USA, et dont les profils complets (photos incluses) sont accessibles sur Internet aux acheteurs éventuels ainsi qu'aux médecins.

Katherine Gaylean est une donneuse d'ovocytes très demandée et l'une des principales fournisseuses d'Egg Donation Inc. Les ovocytes de Katherine ont été prélevés trois fois et à chaque fois, le client a reçu plus de vingt ovocytes sains. Elle vit dans le sud du Tennessee avec son mari et leur deux filles. Elle a décidé de donner ses ovocytes à la fois pour aider des gens à réaliser leurs rêves de parentalité et pour financer la maison de ses rêves.


Credits

Produit & Réalisé par Zippi Brand Frank | Cinématographie par Uri Ackerman | Monté par Tal Rabiner | Musique de Karni Postel | Conception Son par Itzik Cohen, Gadi Raz | Second RéalisateurShai Gal | Co-Producteur Zvi Frank | Cameramen Ronen Mayu, Ronen Schecner | Ingenieurs du Son Idan Shemesh, Ravid Dvir | Montage Online Yoav Raz | Post Production Edit Studios |Montage Son Jungle Sound | Producteur Superviseur Ronny Perry | Channel Manager Guy Lavie | Producteur Exécutif Yona Wiesenthal | Produit avec le soutien de Yes Docu DBS Satellite and Rabinovitch fund, Cinema project | Ventes mondiales Films transit International


Liens

·        http://www.nytimes.com/2010/06/16/arts/television/16google.html

·        http://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=127860111

·        http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/asia/article7113463.ece

·        http://seattletimes.nwsource.com/html/nationworld/2004100662_indiawomb31.html

Les impôts découragent la production. Quand les constructivistes, notamment collectivistes, le comprendront-ils ?

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Il y a encore un autre facteur qui rend très improbable que les richesses créées par les dépenses publiques puissent compenser pleinement celles qu'auront empêché de naître les impôts prélevés pour payer ces dépenses.

 

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Partisans de l'économie de l'offre. Les importantes baisses d'impôts orchestrées par Ronald Reagan, l'Economic Recovery Tax Act de 1981, c'est pas en Hollandie que nous verrions en France un tel exposé.


La question n'est pas aussi simple, elle ne consiste pas, comme on le croit souvent, à prendre l'argent de la poche de droite pour le mettre dans la poche de gauche.

Les partisans de ces travaux publics nous disent, par exemple, que si le revenu national est de 200 milliards de dollars (ils sont toujours très généreux quand il s'agit d'évaluer ce chiffre) et que l'impôt sur le revenu soit de 50 milliards par an, cela signifie que le quart seulement du revenu national a été prélevé sur les entreprises privées pour être affecté à des entreprises publiques. Ils raisonnent comme si le budget de l'État était comparable à celui d'une grande société et comme si tout cela n'était que jeux d'écriture. Ils oublient que pour régler ces dépenses publiques, s'ils prennent l'argent de A, c'est afin de payer B. Ou plutôt ils ne l'oublient pas, ils en sont parfaitement conscients. Mais tandis qu'ils vous exposent longuement tous les bienfaits de l'opération en ce qui concerne B, et vous énumèrent les merveilleux bâtiments qu'il va pouvoir utiliser et qu'il n'aurait pas si on ne lui avait avancé l'argent pour les construire, ils oublient les conséquences que cette opération financière auront sur A. Ils ne voient que B ; mais A est oublié !


Dans notre monde moderne, l'impôt sur le revenu est fort inégalement réparti.

La grande charge en incombe à un très petit nombre de contribuables, et il faut combler son insuffisance par d'autres impôts de toutes sortes. Ceux qui en supportent le poids en sont forcément affectés dans leurs actions ou dans les motifs qui les stimulent à l'action. Quand une société subit ses pertes à 100 % par dollar et qu'on ne lui laisse que 60 % des dollars qu'elle gagne, quand elle ne peut compenser ses années déficitaires par des années bénéficiaires, ou tout au moins dans des proportions convenables, alors ses finances sont très compromises. Elle cessera de développer ses opérations ou elle n'entreprendra que les extensions n'entraînant qu'un minimum de risques. Ceux qui comprennent la situation s'abstiennent alors de créer de nouvelles entreprises. Les industriels déjà établis n'embauchent plus d'ouvriers ou n'en prennent qu'en nombre limité, certains renoncent même à rester dans les affaires. Les usines modernes ralentissent le rééquipement de leur outillage. A la longue, le consommateur ne verra plus la qualité des objets fabriqués s'améliorer, ni leur prix baisser et les salaires réels, en outre, resteront très bas.


Si l'impôt va jusqu'à prendre 50, 60, 70 ou même 90 % des revenus industriels, le résultat est le même.

L'industriel ou le commerçant se demanderont, en effet, pourquoi ils travailleraient 6, 8 ou 10 mois de l'année pour l'État et seulement 6, 4 ou 2 mois pour eux et leurs familles. Si vraiment ils doivent perdre un dollar tout entier quand ils le perdent, mais ne peuvent en garder que le dixième quand ils le gagnent, ils décident alors une fois pour toutes qu'il est absurde de prendre des risques avec son capital. Et les capitaux disponibles se font plus rares, car l'impôt les absorbe avant qu'ils aient pu s'amasser.


En résumé les capitaux qui pourraient donner du travail sont empêchées de se constituer et le peu qui s'en forme est découragé de s'investir dans de nouvelles entreprises. Les partisans des dépenses publiques créent donc eux-mêmes le problème du chômage auquel ils se prétendent capables de mettre fin.

Sans doute une certaine proportion d'impôts est-elle nécessaire pour assurer les fonctions essentielles de l'État. Des impôts raisonnables levés à cette fin ne gênent guère la production. Les services gouvernementaux dont ils aident à assurer le fonctionnement et dont certains protègent la production elle-même compensent largement ces débours. Mais plus le revenu national est grevé d'impôts, plus la production et l'emploi sont atteints. Et quand le poids total des impôts dépasse une limite supportable, le problème de leur répartition, si l'on ne veut pas décourager la production ou la ruiner totalement, devient insoluble.

 


par Henry Hazlitt

Sauvons l'industrie X ! C'est bien a ce moment là que l'Etat-providence intervient, analysons les conséquences.

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Mais il n'entre pas dans notre propos de dénombrer les conséquences des efforts faits pour sauver telle ou telle industrie particulière. Nous voulons analyser quelques-unes des conséquences qui résultent nécessairement de tout effort fait pour sauver une industrie quelconque.

 

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On peut soutenir qu'il est indispensable de créer ou de sauver telle industrie donnée pour des raisons de défense nationale ; on peut dire aussi que telle industrie est ruinée par les impôts ou par un taux de salaires disproportionné à celui des autres industries ; ou bien, s'il s'agit d'une industrie de service public, qu'elle est forcée de travailler à des tarifs, ou de supporter des charges, qui ne laissent pas une marge de bénéfices suffisante. De tels arguments peuvent être ou ne pas être justifiés dans tel ou tel cas particulier. Ceci ne nous concerne point. Ce qui nous intéresse, c'est l'examen du seul argument généralement mis en avant pour sauver l'industrie X, à savoir que, si on la laisse péricliter ou périr par le jeu de la libre concurrence (que les défenseurs de cette industrie représentent toujours, en pareil cas, comme le "laisser faire", l'anarchie, la guerre au couteau, la bataille de chiens, la loi de la jungle, etc.), sa perte entraînera la faillite de l'économie publique, tandis que si on la maintient en vie artificiellement, sa survie aidera tout le monde.


Ce dont nous parlons ici n'est autre chose qu'une généralisation de l'argument mis en avant pour obtenir la "parité" des prix agricoles, ou l'établissement d'un tarif protecteur en faveur d'un certain nombre d'industries X. Nos objections contre l'inflation artificielle des prix s'appliquent, bien entendue, non seulement aux produits agricoles, mais à n'importe quel produit, de la même façon que les raisons que nous avons fait valoir contre l'établissement de tarifs protecteurs pour une industrie est valable pour toutes les autres.


Mais il se présente toujours un très grand nombre de systèmes pour sauver l'industrie X. En dehors de ceux que nous avons déjà examinés, il en est deux principalement qui méritent une rapide analyse. Le premier consiste à soutenir que l'industrie X est déjà surpeuplée, et à essayer d'empêcher d'autres industriels ou d'autres ouvriers d'y entrer. Le second consiste à affirmer que l'industrie X a besoin d'être aidée par une subvention directe du Gouvernement.

 

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Or, si l'industrie X est véritablement surpeuplée, il est clair qu'il n'y a nul besoin de mesures coercitives de la part du Gouvernement pour empêcher de nouveaux capitaux ou de nouveaux ouvriers d'y venir. Les capitaux ne s'empressent pas d'affluer dans les industries qui, de toute évidence, sont en train de mourir. Les capitalistes ne s'acharnent pas à vouloir investir leur argent dans des affaires où ils courent les plus grands risques et les plus faibles espoirs de dividende. Et les ouvriers, eux non plus, tant qu'il leur reste la possibilité de faire autrement, ne vont pas vers les industries où les salaires sont les plus bas et les possibilités d'un emploi stable les plus réduites.


Si de nouveaux capitaux et une main-d'oeuvre nouvelles se trouvent, par force, éloignés de l'industrie X, soit par suite de l'existence de cartels, de monopoles, soit par l'effet d'une politique syndicaliste ou par celui d'une législation particulière, cette industrie - capital et main-d'oeuvre - se voient privés de la liberté de disposer d'eux-mêmes. Il s'ensuit donc une diminution de la production, qui doit se traduire par une abaissement du niveau de vie général. Cet abaissement du niveau de vie général résulter soit d'un abaissement des salaires, qui sans cela eussent existé, soit d'une augmentation du coût de la vie, soit de l'un et de l'autre (le résultat exact dépendra de la politique monétaire du moment).


A cause de ces mesures restrictives, le rendement du capital et de la main-d'oeuvre, à l'intérieur de l'industrie X, pourra bien être maintenu à un taux plus élevé, mais le rendement dans les autres industries subira forcément une diminution injustifiée. L'industrie X ne sera bénéficiaire qu'aux dépens des industries A, B et C.

 

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Toute tentative pour sauver l'industrie X en lui accordant une subvention directe du Gouvernement aboutira au même résultat. Elle ne sera rien de plus qu'un transfert de richesse ou de revenu dans l'industrie X. Le contribuable y perdra précisément dans la mesure où ceux qu'emploie cette industrie en bénéficieront. Le grand avantage d'une subvention, du point de vue du public, est qu'en ce cas au moins la situation est claire. Elle offre une moindre occasion de se livrer à ce travail d'obscurantisme intellectuel qui accompagne toute augmentation sur les tarifs, les prix minima et les monopoles exclusifs.


Dans le cas d'une subvention, il est évident que le contribuable doit perdre dans la mesure même où l'industrie X gagne, et il devrait être également évident, par voie de conséquence, que les autres industries perdront dans la même proportion : elles auront en effet à payer les taxes nécessaires au financement de la subvention accordée à l'industrie X. Et parce qu'ils paient des impôts destinés à aider l'industrie x, les consommateurs auront d'autant moins d'argent à dépenser pour acheter d'autres produits. Il en résultera que l'accroissement de l'industrie X obligera nécessairement d'autres industries à restreindre leur production.


Mais le résultat de cette subvention ne consiste pas seulement en un transfert de capital ou de revenu, ou dans le fait que d'autres industries se retreignent dans la mesure même où grandit l'industrie X. Il en résulte aussi (et c'est là ce qui constitue une perte sèche pour la nation considérée dans son ensemble) que le capital et la main-d'oeuvre sont détournés d'industries dans lesquelles elles auraient pu s'employer efficacement, vers une industrie où elles s'emploient moins utilement. La richesse ainsi créée est moindre, et le niveau moyen de vie inférieur à ce qu'il eût été autrement.

 

 

Les arguments qu'on invoque pour obtenir une subvention en faveur de l'industrie X impliquent virtuellement toutes les funestes conséquences que cette subvention entraînera. Cette industrie se meurt ou s'étiole, prétendent ses amis. Pourquoi alors vouloir la maintenir en vie grâce à une respiration artificielle ? Croire que dans uneéconomie saine toutes les industries doivent être prospères en même temps est une erreur profonde. Pour que des industries nouvelles se développent rapidement, il est nécessaire que quelques industries périmées dépérissent ou meurent. Il est nécessaire qu'il en soit ainsi afin de libérer le capital et la main-d'oeuvre pour les industries nouvelles. Si nous avions essayé de conserver artificiellement l'industrie des cabriolets, nous aurions ralenti la croissance de l'industrie automobile et des industries connexes. Nous aurions abaissé l'accroissement de la richesse publique et retardé le progrès scientifique et économique.


Cependant, c'est exactement ce que nous faisons lorsque nous essayons d'empêcher une industrie de mourir, en vue de protéger la main-d'oeuvre déjà adaptée à la servir ou le capital qui y est investi. Si paradoxal que cela puisse paraître à certains, la santé d'une économie dynamique exige que les industries mourantes soient abandonnées à leur sort, comme il est nécessaire de laisser grandir les industries florissantes. Le premier procédé est aussi essentiel que le second. Il est aussi vain d'essayer de conserver les industries qui périclitent que d'essayer de sauver les méthodes de production surannées. En fait, ce n'est là que deux façons différentes de décrire le même phénomène. Des méthodes de production perfectionnées doivent constamment prendre la place des méthodes surannées si l'on veut que des procédés nouveaux s'adaptent aux besoins nouveaux.


par Henry Hazlitt

Source: http://herve.dequengo.free.fr

 

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État-providence

De Wikiberal:

L'État-providence est une forme d'organisation sociale dans laquelle l'État prétend assurer directement ou indirectement le bien-être — social — des citoyens en jouant un rôle central de régulation de l'économie et de redistribution des richesses et des revenus, afin de réaliser des objectifs affichés de protection et « justice sociale ».

 

Point de vue libéral

Pour les libéraux, l'État-providence résulte de l'influence des idéologiescollectivistes couplée à la présomption scientiste et constructiviste de pouvoir diriger la société dans l'intérêt de tous :

Un dieu nouveau va naître de l'union de la connaissance avec la force. L'union de la science et du gouvernement donnera naissance à un État-providence, qui sait tout et est assez fort pour tout faire. C'est ainsi que le rêve de Platon se trouvera enfin réalisé : la raison triomphera et le souverain sera rationnel. Les philosophes seront rois ; c'est-à-dire que les premiers ministres et leurs parlements, les dictateurs et leurs commissaires obéiront aux ingénieurs, aux biologistes et aux économistes qui organiseront tout. Les « experts » dirigeront les affaires de l'humanité, et les gouvernants les écouteront. L’état-providence de l'avenir possédera toute l'autorité du plus absolu des États du passé, mais il sera très différent ; les techniciens consacrés remplaceront les courtisans et les favorites des rois, et le gouvernement, armé d'un pouvoir irrésistible, disposera à son gré de l'humanité. (Walter Lippmann, La Cité libre, 1937)

Les libéraux, depuis Tocqueville, considèrent que l'État-providence chasse et remplace les solidarités primaires, isole les individus, développe l'assistanat, et décourage les producteurs de richesse et nuit à la croissance. Les libéraux remettent en cause l’État-providence en critiquant la redistribution passive et bureaucratique, le coût exorbitant des politiques sociales (qui n'est jamais comparé aux bienfaits prétendument apportés), la progression continue du taux de prélèvements obligatoires, le manque de transparence et de gestion de l'État-providence. Ce dernier s'accompagne de l'apparition d'une "nouvelle pauvreté" (montée du chômage) et d'un taux de croissance faible.

L'historien David G. Green a montré comment en Angleterre, au XIXe siècle, les "Friendly Societies" aidaient les plus pauvres et comment l'Etat-providence a peu à peu évincé ces institutions. Cette transformation s'est faite, non pas au profit des classes laborieuses, mais au profit d'un groupe de pression politique, en l'occurence le corps médical.

Pour les libertariens, l'État-providence est la plus vieille escroquerie du monde, pratiquée dans le passé par tous les dominants et tous les pouvoirs. Elle consiste seulement à prendre l'argent des gens, et à le leur rendre « généreusement » un peu sous forme de protection, comme peut le faire n'importe quel parrain de la mafia. Comme les ressources fiscales sont limitées et qu'on ne peut redistribuer aux gens plus qu'on ne leur prélève, l'État-providence finit par reposer principalement sur la dette publique jusqu'à ce que la faillite survienne.

En réalité, la société perpétue ainsi une vieille tradition de paternalisme qui remonte au Moyen-Age, où le seigneur se devait de protéger ses serfs, et la bourgeoisie du XIXe siècle, imprégnée de cette notion de charité, a consacré la tradition. L'individu est considéré comme un assisté, incapable de se prendre en charge.

Welfare et warfare

Les libertariens (Ron Paul, Ralph Raico, etc.), jouant sur une homophonie des deux termes en anglais, rapprochent fréquemment les deux notions de welfare et de warfare : État-providence et État-guerrier. Tout se passe comme si l’État moderne et les hommes de l’État servaient deux clientèles différentes : les assistés (qui forment la majeure partie de leur électorat) et ce qu'on appelle aux États-Unis le lobby militaro-industriel, qui s'enrichit par les guerres menées à l'étranger. Ron Paul critique ce qu'il appelle le "keynésianisme militaire" :

Le keynésianisme militaire soutenu par les conservateurs et les progressistes conduit à dépenser l'argent du contribuable à hauteur de montants indécents, qui dépassent maintenant les dépenses militaires de toutes les autres nations réunies. Et les politiciens en sont très fiers. Ils peuvent se vanter de leur « conservatisme », alors qu'ils dépensent comme jamais auparavant. La menace qu'un pays envahisse les États-Unis est strictement nulle, et pourtant nous ne cessons de dépenser massivement en armement. La culture militaire a fait de notre pays le plus gros marchand d'armes au monde, et le plus gros de toute l'histoire. (Liberty Defined, 2011)

Illarionov du Cato Institute: Catastrophe industrielle en Russie post-soviétique

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Andreï Illarionov rejoint en octobre 2006 le Cato Institute, unthink-tank libéral de Washington, voici un article de cette source datant du 1er mai 2013:

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Catastrophe industrielle en Russie post-soviétique

 

 

Il est difficile de calculer la production industrielle des pays en transition post-socialiste.Cependant, grâce à un travail minutieux sur la base des normes statistiques reconnues internationalement plus de deux décennies, deux économistes russes actuellement associés à l'École supérieure d'économie de Moscou, Eduard Baranov et Vladimir Bessonov, ont réussi à produire une série temporelle statistique pour les principales branches de la Russie l'industrie et le secteur industriel dans son ensemble.


Le tableau ci-dessous résume leurs conclusions sur le volume physique de la production industrielle en Russie à partir de Janvier 1990 à Mars 2013.Janvier 1990 marque la fin de la croissance économique sur le territoire de la Russie contemporaine (lorsque la Russie faisait encore partie de l'ex-URSS), ainsi que le début de la crise économique de la fin des années Union soviétique.Mars 2013 est le mois le plus récent pour lequel les données sont disponibles.


Secteurs d'activitésÉvolution de la production industrielle en%

(Mars 2013 - Janvier 1990)

Industrie dans son ensemble-22.5
Puissance-6.3
Carburant-4.8
L'extraction du pétrole-6.2
Gas17.1
Coal-3.4
Métallurgie-7.2
Chimique-50.3
Construction de machines-16.4
Nourriture-12.4
Industrie légère-84.6

Source: Eduard Baranov et Vladimir Bessonov 2013

 

Aucun mot décrit ces chiffres mieux que "catastrophe".Comme les données montrent, le niveau actuel de la production industrielle russe est encore presque un quart inférieur à ce qu'il était à l'époque de l'Union soviétique.


Le seul grand secteur qui a réussi à augmenter sa production au cours des 23 dernières années, c'est l'industrie du gaz (de 17,1%).La sortie dans tous les autres grands secteurs industriels a diminué.La taille du secteur de construction des machines a été réduit de 16,4%.La production de l'industrie chimique a diminué de moitié environ.Et l'industrie légère a pratiquement cessé d'exister.


Cette mauvaise performance a pas eu non plus seulement un phénomène récent.Comme le graphique ci-dessous montre, à l'exception du gaz, la production industrielle dans les principaux secteurs a été lamentable depuis la chute de l'Union soviétique.

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Les explications possibles de la catastrophe industrielle russe pourraient être fondés sur un certain nombre d'arguments raisonnables entièrement - comme la nécessité de réduire la production de produits inutiles, non compétitifs fabriqués en masse dans l'ex-URSS; aux inévitables changements dans la structure de domestique et international demande depuis l'ouverture de l'économie russe au marché mondial; ou la rude concurrence des économies émergentes à croissance rapide comme la Chine.


Mais ces conditions ont également été rencontrés par d'autres pays post-soviétiques, dont certains ont réussi à se développer et augmenter la production industrielle au cours des deux dernières décennies.La cause principale de «Grande Dépression» de la Russie a été ses vastes politiques interventionnistes et souvent arbitraire.Administrations russes qui se sont succédé ont poursuivi des politiques que les deux parties substantielles détruits du patrimoine économique soviétique et ont été incapables d'exploiter pleinement les ressources de l'entreprise et de l'énergie de l'économie de marché, introduites à la fin des années 1980 et au début des années 1990.


Par Andrei Illarionov -

Source:

Cato At Liberty

Voir sur son blog:


Nouvelle étude: Hadley Center et CRU Apparemment, triés sur le volet Données climatologiques de la Russie

17 décembre 2009.

 

 

rappel chrono 4

 

3 mars 2012  

Russie apprêté pour Strife après le dimanche des élections

 

Soi-disant «élection présidentielle» de dimanche inRussia sera ni libre ni équitable.Les candidats potentiels comme Leonid Ivashov ou Grigori Iavlinski n'étaient pas autorisés à participer.leaders de l'opposition se sont vu refuser l'accès aux médias de masse à l'exception d'un huit-journée «dégel» en Janvier.chaînes de télévision sont submergés par la propagande agressive de l'actuel premier ministre Vladimir Poutine qui, à travers le Septembre 24 2011, décision d'échanger sièges avec Dmitri Medvedev, a décidé de revenir en tant que président pour un troisième mandat.Au cours de l'opération spéciale «parlementaire des élections" le 4 Décembre, la Commission électorale centrale, tristement célèbre pour falsifications massives dans les sondages précédents, a frappé un autre record en volant entre 13 à 17.000.000 voix (sur environ 50 millions de personnes qui est en fait apparu au vote stations) en faveur de la pro-Poutine parti Russie unie.

 

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Poutine a été lancé sa campagne sur une plate-forme claire anti-occidentale, anti-américaine et "anti-Orange".Une particularité spéciale de sa campagne, c'est qu'il est illégal pour Poutine de participer même à l'élection, puisque la Constitution russe interdit toute FOM de président en exercice de plus de deux mandats.La décision de 1998 de la Courtand constitutionnelle, la décision de 2011 de la Cour suprême - ainsi que le commentaire du président de la Cour constitutionnelle, Valery Zorkin, en 2009 - sans équivoque confirmer ces dispositions constitutionnelles.


Plus de carburant a été ajouté au mercredi feu, le 29 Février, lorsque Poutine a laissé entendre que certains des dirigeants de l'opposition bien connus pourraient être tués comme des «victimes sacrées." En ce moment, il semble presque certain que Poutine sera annoncé comme le vainqueur de cette opération spéciale quel que soit le nombre réel de personnes qui comparaissent devant les bureaux de vote, ou le nombre de ceux qui voteraient pour ou contre lui.Il est également certain que le 5 mars dizaines sinon des centaines de milliers de Russes vont descendre dans les rues pour protester.

 

rappel chrono 3

 

Andreï Illarionov, qui a quitté le Kremlin en décembre, y va cette fois très fort :

 

de par son PNB par habitant, la Russie «est plus proche» du Botswana ou du Venezuela que de ses partenaires du G8, tandis que du point de vue de la démocratie, «ses partenaires devraient plutôt être le Tchad, l'Iran, l'Irak, le Pakistan, Oman, le Rwanda ou la Somalie»

 

Avril 2006 au G8

 

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rappel chrono 2

 

"La Russie a cessé d'être politiquement libre"

Le conseiller économique ultra-libéral du président russe Vladimir Poutine, Andreï Illarionov, connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche, a finalement démissionné. "Les raisons de ma démission sont nombreuses", a expliqué cet économiste, jugé brillant, arrivé il y a six ans à ce poste. "La politique économique et même le modèle économique du pays ont changé", a estimé Andreï Illarionov.

 

"C'est une chose de travailler dans un pays en partie libre, comme la Russie l'était il y a six ans, une autre de le faire quand le pays a cessé d'être politiquement libre"

 

a-t-il ajouté. Il y a un an, Vladimir Poutine lui avait retiré ses fonctions de représentant auprès des pays du G7. Mais il lui avait laissé son poste de conseiller économique, essentiellement pour rassurer les gouvernements et investisseurs étrangers qui le connaissaient bien et qui pour beaucoup appréciaient ses vues libérales.

Des vues qui ont fini par agacer la classe politique russe lassée d'entendre Andreï Illarionov dénoncer "la montée de l'autocratie au sommet de l'Etat russe".

 


« Je ne veux pas travailler avec le gouvernement que nous avons, ni aujourd'hui, ni demain. Lorsque j'ai accepté cette fonction, c'était pour un État où il y avait des possibilités et des espoirs d'évolution... mais une nouvelle croissance de cet État s'est produite et un modèle de corporatisme d'État s'est formé ».


Décembre 2005

 

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Rappel chrono 1

 

Le nouveau conseiller économique du président Poutine, Andrei Illarionov, a montré sa couleur politique en soutenant bruyamment les idées de l'une des plus influentes personnalités à avoir façonné la pensée occidentale sur le libre échange :Ayn Rand.


"Tout tarif douanier sur les importations et toute limite au commerce avec l'étranger sont des coups portés contre notre connaissance. Tout impôt agit contre notre liberté"

 

a-t-il dit lors d'une conférence de presse dédiée au lancement des oeuvres de Rand en langue russe. Rand a connu la gloire dans les années 1940 pour sa théorie de "l'objectivisme", qui met en avant le capitalisme de laissez-faire comme le seul système qui défende la liberté individuelle.


Illarionov a appelé à faire reculer les interventions de l'Etat dans l'économie et a dit que l'idée selon laquelle des réformes libérales auraient eu lieu depuis huit ans en Russie n'est qu'un mythe.

Il a ajouté que, pour que la Russie connaisse un "miracle économique" comparable à ceux qui se sont produits à Taiwan ou au Japon, il faudrait trancher dans les dépenses étatiques.

Il a ajouté :

 

"Si nous voulons vraiment une croissance économique rapide, alors tôt ou tard il faudra faire baisser les dépenses de l'Etat à moins de 20 pour cent du PNB et baisser les impôts sur la même base".


Le président élu Vladimir Poutine a appelé la Russie à faire croître la croissance économique pour atteindre 10 pour cent par an, afin de rattraper "rapidement" le reste du monde. Cependant, Illarionov n'a pas dit si ses vues sur le retrait de l'Etat pour réussir cette croissance ont rencontré un écho favorable auprès de son nouveau patron.

"M. Poutine écoute attentivement tous les points de vues et propositions économiques et fait ensuite son choix" : voilà la seule chose que peut dire Illarionov.

 

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Malgré tout, Illarionov dit espérer que le reste de la Russie va tomber sous le charme de Rand. Dimitri Kostygine et Yaroslav Rementchouk, les éditeurs et traducteurs de ses oeuvres ont dit mardi qu'ils espéraient persuader le Ministre de l'éducation de rendre la lecture de Rand obligatoire dans les écoles.


En attendant, Poutine possède un exemplaire d'Atlas Shrugged dans sa bibliothèque personnelle, a affirmé Illarionov, bien qu'il n'ait pas précisé si le président l'avait lu ou apprécié.


Illarionov a cité le résultat d'un sondage d'opinion aux Etats-Unis qui plaçait Atlas Shrugged en deuxième position, derrière la Bible, parmi les livres ayant eu le plus d'influence. Il a singularisé l'influence de Rand sur Alan Greenspan, le président de la Banque centrale américaine.


"Greenspan a été salué plusieurs fois comme le génie à l'origine de la "Nouvelle économie" américaine et du boom économique des années 90. Il était un ami personnel de Rand", a précisé Illarionov. "Si certains ici étaient pareillement influencés par son oeuvre, je serais ravi".


Mais, tout en disant que les régulations étatiques étaient un coup porté contre la liberté individuelle, Illarionov a cité l'exemple du plan économique chilien au temps de la dictature du général Pinochet comme un exemple idéal de bon programme économique.


Il a aussi critiqué le réservoir d'idée ("think tank") de Poutine pour avoir l'intention d'écrire un programme économique de 300 pages.


"Il vaut mieux que les programmes soient courts. L'un des meilleures exemples est le programme du Chili. Il faisait 15 pages et ne faisait que poser les principes et les bases pour les relations de l'Etat avec la société." a dit Illarionov. "

De 1975 à 1990 c'était l'âge d'or des réformes économiques chiliennes, pendant lequel le Chili a rattrapé le reste de l'Amérique latine. "


Illarionov a comparé une Banque centrale qui émet de la monnaie qui n'est pas garantie par des réserves à un citoyen imprimant de la fausse monnaie dans sa propre arrière-cour.


Par Catherine Belton.


Source:
The Moscow Times du 26 avril 2000. Disponible en anglais sur Internet.

Ici traduit par Hervé de Quengo

Les libéraux étatistes par Murray Rothbard et la controverse d'un socialiste...

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On ne connaît que trop bien, depuis quelques années, ce phénomène que constituent les "conservateurs étatistes", individus ayant trahi et apparemment oublié leurs principes et leur héritage dans une quête de puissance et de lucre, de respectabilité et d'accès aux coulisses du pouvoir ; individus qui se sont désormais établis à Washington, à la fois physiquement et intellectuellement.

Tout le monde ne connaît cependant pas un autre développement, apparenté et bien plus contradictoire : la montée en puissance, au cours des dernières années, des "libéraux étatistes", qui dominent pratiquement totalement le mouvement libéral-libertarien dont ils ont pris le contrôle. Ce qui est bizarre avec eux, c'est qu'ils violent évidemment la nature et le sens du libéralisme, à savoir un attachement à l'idéal constitué soit de l'absence de tout État, soit d'un État très fortement réduit et strictement limité à la défense des personnes et de la propriété : ce que le philosophe ex-libéral Robert Nozick avait appelé l'État ultra-minimal ou ce que le grand écrivain paléo-libéral H.L. Mencken appelait "un État à la limite de ne plus être un État du tout." Jusqu'à quel point ce développement en est-il arrivé, et comment a-t-il pu se produire ?


Le libéralisme étatiste imprègne et domine ce que, par analogie avec les conservateurs, on pourrait appeler le "mouvement libéral officiel". A partir de ce qui n'était il y a une vingtaine d'année qu'un courant, de ce que les marxistes appelaient un groupuscule, le libéralisme a mis en place un "mouvement officiel", bien qu'il n'ait jamais, Dieu merci, obtenu un quelconque pouvoir politique. Alors qu'il n'y a heureusement aucun équivalent libéral àNational Review [magazine conservateur américain de William Buckley, NdT] pour régner sur le mouvement ou pour purger les hérétiques, il existe un réseau d'institutions et de revues qui constituent bel et bien un "mouvement officiel".

 

Depuis plus de vingt ans, le Parti libertarien [le Libertarian Party] était une institution centrale, qui avait commencé de bonne heure et de façon étrange, et qui d'une certaine manière créait plutôt qu'elle ne le reflétait le mouvement dans son ensemble. Jusqu'à ces dernières années, les militants du parti tiraient fierté de leur pureté et de la cohérence de leur dévouement au principe libéral. Le mouvement libéral-libertarien, toutefois, a toujours été bien plus large que le Parti lui-même. Il consiste en un réseau informel d'instituts (think-tanks) défendant le libéralisme et l'économie de marché : instituts au niveau national, avec des groupes de pression, qui gravitent autour de Washington ; instituts au niveau des régions ou des États américains, qui doivent forcément rester au coeur du pays, physiquement si ce n'est pas hélas en esprit. Il y a aujourd'hui des organisations juridiques qui paraît-il engagent des poursuites au nom de la liberté contre la tyrannie du gouvernement. Le mouvement comporte aussi deux mensuels, ainsi que d'autres qui ont disparu entre temps : un magazine relativement riche et horriblement ennuyeux, Reason, basé à Santa Monica (Californie) ; et un "fanzine" d'amateurs,Liberty, basé dans l'État de Washington.

Il existe aussi des réseaux apparentés d'institutions qui, comme beaucoup de lettres d'information traitant de placements et d'investissements, ne font pas exactement partie du mouvement mais sont des sympathisants de la cause. Le mouvement libéral est même suffisamment grand pour comprendre un incompréhensible journal universitaire "post-libéral", qui essaie d'intégrer libéralisme, marxisme et déconstructionnisme, périodique publié avec ténacité par un personnage digne de l'éternel étudiant chekhovien, sauf qu'il est bien moins inoffensif et financièrement bien mieux en point que le héros plutôt adorable de Chekov.

Ce qui est fascinant, c'est que presque toutes ces institutions, depuis les instituts jusqu'au Parti libertarien autrefois si pur, en passant par les magazines, ont abandonné particulièrement rapidement toute trace de leurs principes initiaux : la ferme résolution de réduire l'État et de défendre les droits de propriété.

Certaines raisons ne nécessitent bien entendu pas d'explications : la volonté d'imiter les conservateurs étatistes qui ont soif de respectabilité et de reconnaissance sociale, trouvée à l'occasion de cocktails à Washington, et qui, ce n'est pas un hasard, recherchent aussi le pouvoir, une bonne planque et des soutiens financiers. Mais il y a plus. A la base se trouve ce que beaucoup d'entre nous ont pu apprendre douloureusement au cours des ans : il ne peut y avoir de véritable séparation entre une idéologie politique formelle d'une part, les idées et les attitudes de l'autre.

Le libéralisme est logiquement compatible avec presque toutes les cultures, toutes les sociétés, toutes les religions et tous les principes moraux. Sur le plan purement logique, la doctrine politique libérale peut être séparée des autres considérations : on peut logiquement être - et, de fait, la plupart des libéraux-libertariens le sont - : hédoniste, libertin, immoral, ennemi militant de la religion en général et du christianisme en particulier tout en demeurant un partisan cohérent de la politique libérale. En fait, en bonne logique, on peut être un défenseur cohérent des droits de propriété sur le plan politique tout en étant un fainéant, un bel escroc et un racketteur en pratique, comme bien trop de libéraux-libertariens tendent à l'être. On peut, sur le plan purement logique, faire ces choses. Mais sur le plan psychologique, sociologique, et en pratique, ça ne marche jamais ainsi.

C'est pourquoi, comme l'a souligné Justin Raimondo en étudiant ce qui avait mal tourné dans le mouvement libéral, ce dernier a commis une grave erreur à ses débuts, dans les années 1970, en se coupant de tout mouvement de droite ainsi que de tout type de tradition ou de culture américaine. En suivant l'exemple d'Ayn Rand, que la plupart des libertariens admiraient avec enthousiasme, les libéraux prétendaient être de véritables individualistes et d'authentiques révolutionnaires, n'ayant rien à voir avec la droite et apportant au monde une révélation politique totalement novatrice. De fait, le mouvement libéral a toujours été presque délibérément ignorant de l'Histoire et de tout ce qui touche aux affaires étrangères. Les syllogismes compliqués de la théorie libertarienne, la science fiction, la musique rock et les mystères des ordinateurs ont constitué la totalité des connaissances et des intérêts de ses membres.

Une des raisons de cette séparation, que je n'avais pas bien saisie à l'époque, était issue d'une violente haine envers la droite, ainsi que de la crainte des libéraux de se retrouver associés avec un mouvement conservateur ou de droite, ou de se retrouver étiquetés comme tel. Une partie de cette haine provenait d'une haine plus générale et encore plus intense à l'encontre de la chrétienté, haine que certains avaient héritée d'Ayn Rand.

Pour être précis, l'un des aspects importants du récent virage vers l'étatisme vient de ce qu'un égalitarisme profondément enraciné a exercé son influence et infecté les idées politiques des libertariens. Grattez un peu, et sous l'égalitariste vous trouverez inévitablement un étatiste. Comment l'égalitarisme qui se développe et qui se répand au sein des libéraux peut-il être rendu compatible avec leur prétendue croyance à l'individualisme et au droit de chacun de s'élever suivant son propre mérite, sans être gêné par l'État ? La solution à ce problème est à peu près la même que dans les autres versions courantes du "politiquement correct".

Les libéraux-libertariens sont fermement convaincus que, si les individus ne sont pas "égaux" entre eux, tous les groupes imaginables : communauté ethnique, race, sexe et, dans certains cas, espèce, sont en réalité et doivent être rendu "égaux", que chacun possède des "droits" qui ne doivent pas être restreints par une forme quelconque de discrimination.

Et ainsi, s'opposant à son ancienne et supposée dévotion envers des droits de propriété absolus, le mouvement libéral a reconnu presque tous les faux "droits" de la gauche qui ont pu être fabriqués au cours des dernières décennies.

Peu avant que je ne quitte le mouvement libertarien et son Parti il a cinq ans (décision que je n'ai jamais regrettée, mais dont je me félicite au contraire chaque jour) je racontai à deux dirigeants bien connus du mouvement que j'estimais ce dernier désormais infecté et gangrené par l'égalitarisme. Quoi ? me dirent-ils. C'est impossible. Il n'y a pas d'égalitarisme dans le mouvement. Puis je leur dis qu'un bon exemple de cette infection pouvait se voir dans la récente admiration envers le révérend et "Docteur" Martin Luther King. Absurde, me répondirent-ils. Eh bien, il est assez intéressant de constater que, six mois plus tard, ces deux gentilshommes publièrent un article saluant le "Docteur" King comme un "grand libéral". Qualifier ce socialiste, cet égalitariste, ce chantre de l'intégration obligatoire, cet adversaire haineux des droits de propriété, ce personnage qui, par dessus le marché, fut longtemps sous la coupe du Parti communiste, qualifier cet homme de "grand libéral", voilà bien un signe évident de l'ampleur de la décadence du mouvement.

De fait, au milieu de toutes les discussions récentes sur les "tests révélateurs", il me semble qu'il y a un excellent test permettant de distinguer entre un conservateur authentique et un néoconservateur, entre un paléolibéral et ce que nous pouvons appeler un "libéral de gauche". Ce test, c'est ce que l'on pense du "Docteur" King. Et ce ne devrait en fait être une surprise pour personne que, comme nous allons le voir, il y ait eu quasi-fusion entre les néoconservateurs et les libéraux de gauche. Il est même en pratique devenu difficile de les distinguer.

 

Dans le "mouvement libéral officiel", les "droits civiques" ont été acceptés sans problème, remplaçant totalement les véritables droits de propriété. Dans certains cas, cette acceptation d'un "droit à ne pas être l'objet d'une discrimination" a été explicite. Dans d'autres, lorsque les libéraux veulent accorder leurs nouvelles idées avec leurs anciens principes et n'ont pas peur des sophismes, voire de l'absurde, ils choisissent la voie sournoise tracée par l'American Civil Liberties Union (ACLU) : si la moindre trace d'État intervient quelque part, alors le prétendu "droit" à un "accès égal" doit prendre le pas sur la propriété privée ou même sur toute mesure de bon sens.

C'est ainsi que lorsque le juge Sorokin, qui va bientôt être promu, suite à un consensus bipartite du Sénat américain, à la prestigieuse Cour d'appel fédérale, a décidé qu'un clochard malodorant devait avoir le droit d'empuantir une bibliothèque publique du New Jersey et de suivre les enfants aux toilettes, parce qu'il s'agit là d'un lieu public dont l'accès n'est donc pas susceptible de restrictions, la dirigeante nationale du Parti libertarien a publié un communiqué officiel le félicitant de sa décision. D'une façon analogue, les libertariens ont rejoint l'ACLU dans son combat pour la prétendue "liberté d'expression" des clochards et des mendiants dans les rues de nos villes, aussi agaçants et intimidants puissent-ils être, et ce parce que les rues sont, somme toute, des lieux publics et, que tant qu'elles le resteront, elles devront continuer à rester des cloaques, bien qu'il soit assez difficile de voir pourquoi la grande théorie libertarienne le nécessiterait. [Il est à noter que Walter Block, dans un article défendant la liberté totale d'immigration ("A Libertarian Case for Free Immigration", Journal of Libertarian Studies, 13, no 2, 1998), a repris à son compte l'argument sur la bibliothèque publique à laquelle on ne peut refuser l'accès. Son ami Hans-Hermann Hoppe a critiqué cette position dans son livre "Democracy, the God that failed" (Transactions Publishers, 2001, note de la page 159). Hoppe ajoute que la propriété publique devrait être considérée comme appartenant aux contribuables et que ni le clodo, ni l'étranger n'ayant payé d'impôts, ils ne peuvent revendiquer ces lieux. NdT]

Toujours dans la même veine, le principal juriste "libéral de gauche" de Washington affirme fièrement jusqu'à ce jour qu'il ne fit que suivre les principes libéraux quand, à son poste du ministère fédéral de la justice - poste qui en soi n'est déjà pas facile à concilier avec de tels principes - il apporta son concours au pouvoir judiciaire dans son abominable décision de menacer de prison le conseil municipal de Yonkers (New York) s'il refusait d'approuver un projet de HLM pour la raison que ces lieux deviendraient rapidement un dépotoir de drogués et de criminels. Son raisonnement était le suivant : cette opposition était une violation de la doctrine de non-discrimination car Yonkers avait d'autres projets de logements publics sur son territoire !

Ce ne sont pas seulement les opérations purement gouvernementales que vise cette doctrine "libérale". Elle s'applique aussi à toutes les activités qui ont affaire à l'influence du secteur public, en utilisant par exemple les rues de l'État ou en acceptant des fonds publics. En fait, il n'est même pas toujours besoin d'une véritable action du gouvernement. Parfois, ces libéraux se rabattent sur l'argument qu'il est vraiment très difficile de toute façon, de nos jours, de faire la différence entre de qui est "privé et ce qui est "public", que tout est à moitié public, et qu'essayer de conserver des droits de propriété dans une telle situation est irréaliste, naïf, ne tient pas compte de la réalité et ne constitue qu'un grain de sable "puriste" jeté dans la machine du "progrès" néoconservateur ou libéral de gauche.

Récemment, il y eut un débat fascinant entre un juriste paléolibéral de Californie et un employé d'une organisation juridique prétendument "libérale" nouvellement créée en Californie, le Center for Individual Rights, dirigé par le célèbre néoconservateur David Horowitz, qui aime se présenter comme "libéral". Ce Centre est au passage une excellente illustration de fusion explicite entre néoconservateurs et libéraux de gauche, car son bureau dirigeant comporte plusieurs membres éminents du mouvement libéral.

Le juriste "paléo" s'opposait au soutien du Centre à l'idée d'une interdiction légale faite aux universités d'édicter des règlements limitant ce que les membres du Centre appelaient "les droits constitutionnels de la liberté d'expression" des étudiants et de la faculté. Ce critique paléo était d'accord pour combattre le "politiquement correct" et les codes de bonnes conduite restreignant les prétendus "discours de haine", mais soulignait ce qu'on aurait, il y a peu de temps, considéré comme évident et banal, non seulement par les conservateurs et par les libéraux, mais aussi par tous les juges et par tous les Américains : le Premier Amendement, ou les droits à la liberté d'expression, ne s'appliquent qu'au gouvernement, seul le gouvernement peut empiéter sur de tels droits. Les personnes et les organisations privées peuvent exiger que tout individu qui utilise leur propriété respecte des règlements quant à la conduite ou les paroles à tenir, et tout individu qui utilise cette propriété accepte de ce fait de respecter ces règlements. Une loi limitant l'usage de tels règlements restreint par conséquent les droits de propriété tout autant que le droit de rédiger des contrats libres concernant son usage.

En réponse, le représentant du Centre méprisa cet argument considéré comme irréaliste et puriste : de nos jours, pour les libéraux officiels, tout ou presque est dans une certaine mesure public, de sorte qu'à l'inverse de tout ce que raconte l'enseignement libéral, "privé" et "public" sont mélangés. L'employé du Centre ne fut pas le moins du monde gêné quand le juriste paléo utilisa ce que toute personne sensée considèrerait comme un raisonnement par l'absurde : à savoir que, en bonne logique, cette approche impliquerait que l'État devrait empêcher tout employeur privé de licencier un employé exerçant son droit à la "liberté d'expression" en dénonçant ou en insultant son patron, même dans les locaux de la compagnie.

Le problème, quand on utilise un raisonnement par l'absurde avec des libertariens, a toujours été que ceux-ci ne sont que trop heureux de choisir l'absurde. Et nos soi-disant "libéraux" sont ainsi en train d'aller plus loin que le Juge Hugo Black lui-même dans la séparation entre la liberté d'expression et les droits de propriété, et dans l'exaltation de la première au détriment des seconds. Même un "absolutiste du Premier Amendement" comme le Juge Black avait expliqué que la "liberté d'expression" ne donnait à personne le droit de venir chez vous pour vous importuner à longueur de journée.

Les "droits civiques" et la "liberté d'expression", ainsi que le mélange du "public" et du "privé" ne sont que le premier "Grand Bond en Avant Étatique" du mouvement libéral. L'une des caractéristiques culturelles de la plupart des membres de ce mouvement a toujours été un soutien passionnée aux moeurs et aux pratiques des "modes de vie alternatifs" et à "l'orientation sexuelle" en opposition avec les habitudes et les principes bourgeois ou traditionnels. La forte corrélation entre cette tendance "libertaire" et la haine endémique envers la chrétienté devrait sauter aux yeux de tous.

Alors que cette attitude culturelle a toujours imprégné les libertariens, la nouvelle caractéristique vient de leur soutien aux "droits des homosexuels" comme expression d'un "droit civique" à la non-discrimination. Les choses en sont venues au point où l'un des plus éminents instituts libéraux pratique sa propre forme de "discrimination positive" envers les homosexuels, embauchant ou ne soutenant que des homosexuels déclarés et, pour le moins, licenciant tout membre de l'équipe qui ne serait pas assez enthousiaste quant à cette procédure ou quant aux droits homosexuels en général.

Dans un autre institut libéral, qui ne s'occupe que de questions économiques, le numéro 2 a récemment tiré profit des vacances du numéro 1 pour organiser une réunion et dévoiler ouvertement son homosexualité à tout le monde. Puis il demanda les réactions de l'équipe à son ardente annonce et demanda par la suite au numéro 1 de mettre dehors ceux qui n'avaient pas montré un enthousiasme suffisant envers cette nouvelle.

Le Parti libertarien a pendant des années eu son comité "gay et lesbien". Autrefois, le programme de ce comité se réduisait à demander l'abolition des lois contre la sodomie, position libérale bien banale. Aujourd'hui, au contraire, dans notre meilleure des époques, les théoriciens de ce comité exigent l'autorisation de la nudité publique et des actes sexuels en public, chose que leurs collègues d'Act-Up ont réussi à faire cet été lors d'une Parade homosexuelle à New York : acte techniquement illégal, bien que cette illégalité n'ait manifestement pas entraîné de représailles de la part du nouveau maire Républicain. La justification, bien sûr, étant que les rues sont publiques (n'est-ce pas ?) et que tout doit y être permis.

Jusqu'à récemment, l'attachement des institutions libérales de gauche aux "droits des homosexuels" était plus implicite qu'explicite, et se manifestait soit sous le couvert d'une action publique, soit par une discrimination "positive" de leur part. Ce qu'est qu'au mois dernier qu'un nouveau pas a été franchi dans la revendication ouverte et officielle de droits spécifiques des homosexuels. David Boaz, dirigeant de l'institut le plus en vue de la gauche libérale, le Cato Institute [Rothbard fut à sa création un membre influent du Cato Institute. Voir à ce sujet et à propos des différents ultérieurs la biographie de Rothbard par Justin Raimondo : "An Enemy of the State", Prometheus Books, 2000, chapitre 5. NdT], a en effet écrit un éditorial étonnant dans le New York Times, étonnant non pour le journal où il est paru bien entendu, mais quant à son contenu.

 

Le contenu de cet article était inhabituel à deux égards : Premièrement, pour la première fois peut-être de la part d'une institution se prétendant libérale, il traitait les initiatives "anti-homosexuelles" qui ont eu lieu dans le pays comme un "assaut" envers les "droits" des homosexuels, sans discuter du contenu de leurs propositions, qui n'étaient que des tentatives d'interdire les lois condamnant la discrimination anti-homosexuelle. Bref, les initiatives que dénonçait ce libéral étaient en fait des mesures destinées à protéger les droits de propriété contre un assaut de la part de cette partie de la législation qui confère des privilèges particuliers aux homosexuels. Ce qui est particulièrement étrange dans cette erreur, c'est que, si les libéraux sont compétents pour juger de quelque chose, ce devrait être pour ce qui concerne la distinction entre protection et agression des droits de propriété.

La deuxième étrangeté de cet éditorial est que cet éminent membre du Cato Institute y critique les conservateurs pour avoir, d'après lui, fait des homosexuels des "boucs émissaires" alors qu'ils ignoreraient, à ce qu'il paraît, ce qu'il considère comme le véritable problème social et moral de notre époque : les mères célibataires et... sonnez trompettes... le divorce !

Pourquoi les conservateurs écrivent-ils bien plus sur les homosexuels ? En premier lieu, il me semble clair que le problème des mères célibataires a rencontré un large écho au sein des conservateurs. Quant au divorce, il est curieux qu'un un libéral de gauche, voué au modernisme et au changement, chante la nostalgie du bon vieux temps où les femmes divorcées étaient obligées de quitter la ville. Mais le point remarquable dans son raisonnement est en fait cette incapacité stupéfiante et délibérée de garder contact avec la réalité.

Pourquoi les conservateurs passer-ils plus de temps à écrire sur les homosexuels que sur le divorce ? Eh bien, tout simplement parce qu'il n'y a pas de parade bruyante des militants du "mouvement des divorcés" déambulant sur la Cinquième avenue de New York au cours d'une "Divorce Pride", marchant à poil et se livrant en public à des actes sexuels entre divorcés, réclamant des lois pour lutter contre la discrimination envers les divorcés, une discrimination positive en faveur de ces mêmes divorcés, des articles spécifiques aux divorcés dans la loi et une proclamation publique perpétuelle de la part des non-divorcés quant à l'égalité ou la supériorité du divorce sur la continuation du mariage.

 

Les choses ont évolué au point que le mot "libéral" [libertarian] a une nouvelle connotation lorsqu'il est utilisé par les médias. On avait l'habitude de l'utiliser pour désigner une opposition à toute forme d'intervention du gouvernement. Désormais, cependant, "libéral" est quasiment devenu dans l'esprit du public synonyme de partisan des "droits des homosexuels". C'est pourquoi le candidat préféré, pour l'élection présidentielle de 1996, de tous les libéraux qui ne veulent pas s'associer de trop près, en pensée et en acte, au Parti libertarien, est sans conteste William Weld, le gouverneur Républicain du Massachusetts qui aime se présenter lui-même comme "libéral".

La raison pour laquelle Weld utilise ce terme n'est pas son prétendu "conservatisme fiscal". Lui et ses acolytes ont été décrits comme d'héroïques réducteurs d'impôts et du budget de l'État. Sa prétendue "baisse des impôts" a consisté à prendre le chiffre effroyablement gonflé du dernier budget de Michael Dukakis pour le réduire d'un petit 1,8%. Mais même cette baisse minuscule a été plus que compensée depuis par de fortes augmentations du budget. Ainsi, le conservatisme fiscal de Weld se manifesta l'année suivante par une hausse des dépenses de 11,4% au Massachusetts ; et cette année il l'augmente à nouveau d'environ 5,1%. Pour le dire autrement, le geste de William Weld consistant à baisser de moins de 2% a été plus que compensé par une augmentation du budget de 17% au cours des deux dernières années. Vous avez dit "conservatisme fiscal" ? L'histoire se répète sur le front des impôts : les baisses annoncées haut et fort par Weld ont été plus que compensées par de fortes augmentations.

Mais il ne s'agit que de maquillages destinés à tromper les conservateurs. Le "libéralisme" de Weld, dans son esprit et dans celui de ses admirateurs libéraux de gauche, réside presque exclusivement dans son attachement passionné aux "droits des homosexuels", ainsi qu'à la discrimination positive en faveur de ces derniers, discrimination qu'il a mise en place en nommant à des postes importants un grands nombre d'homosexuels notoires. Pour finir, je voudrais aussi mentionner que Weld est un partisan fanatique de l'écologie et de sa destruction despotique du niveau de vie de l'espèce humaine.

 

Récemment, les libéraux de gauche ne se sont pas contentés de soutenir des Républicains de gauche : ils ont aussi fait une incursion dans le Parti démocrate. Plusieurs dirigeants du Cato Institute ont soutenu la campagne de Doug Wilder en Virginie, l'un d'eux étant même devenu membre de la commission des finances de Wilder. L'attirance exercée par Wilder au détriment du Républicain de gauche Coleman est que Wilder incarne par sa personne et par sa vie à la fois la "diversité" sexuelle et raciale tellement aimée des libéraux de gauche. Il est toutefois typique que leur sens aigu de la politique les ait fait s'embarquer avec enthousiasme dans le bateau de Wilder juste avant qu'il ne coule sans laisser la moindre trace...

La nouvelle devise de presque tous les libéraux de gauche pour ce qui est de choisir des candidats du Parti libertarien est devenue : "fiscalement conservateur, mais socialement tolérant." La signification de l'expression "fiscalement conservateur" peut se réduire, et se réduit dans les faits, à bien peu : elle signifie habituellement dépenser, ou proposer de dépenser, un peu moins que leurs adversaires politiques, ou encore ne pas trop augmenter les impôts.

"Socialement tolérant", tournure au mieux vaseuse, est une expression codée pour un ensemble de politiques et de caractéristiques éparses : attachement aux droits des homosexuels, aux droits civiques et généralement et par-dessus tout, ne pas être "rempli de haine" comme la droite chrétienne, Pat Buchanan et le Rothbard-Rockwell Report. Alors que nous ne sommes tous par définition que des brutes épaisses suant la "haine" par tous les pores, les libéraux de gauche, comme nous le savons tous si bien, ne sont que de braves gars, leurs êtres n'émettant que des ondes d'amour, de générosité et de chaleur d'esprit. Et, comme nous disons à New York, que leur vie soit la plus longue possible ! De fait, je n'ai pas la même expérience personnelle des néoconservateurs que certains d'entre vous, mais je peux vous assurer que les libéraux de gauche valent les néoconservateurs en ce que vous ne voudriez pour rien au monde avoir affaire à eux. Faites moi confiance pour ça.

Pour être "socialement tolérant", il ne faut bien entendu pas émettre la moindre critique sur l'idée d'immigration libre. Au contraire, il convient de la soutenir sans réserves. Avec les libéraux de gauche et les néoconservateurs, toute proposition, quelle qu'en soit la raison, de limiter l'immigration ou même de réduire le flux d'illégaux est automatiquement et hystériquement dénoncée comme raciste, fasciste, sexiste, hétérosexiste, xénophobe, et toute la panoplie d'épithètes injurieux à portée de main. (Bien que les néoconservateurs semblent, curieusement, faire une exception flagrante envers ceux qu'ils appellent de manière assez vague les "terroristes arabes".) Les choses en sont venues à un tel point que le Parti libertarien, qui s'était opposé avec force et de manière constante à tout impôt et à toute dépense de fonds publics, est maintenant en train de changer rapidement de politique et d'attitude, y compris sur ce sujet, pourtant depuis longtemps cher aux coeurs libéraux.

En Californie, il y aura en Novembre de cette année un vote sur une proposition remarquablement simple et intitulée "Save Our State" [Sauvons notre État], qui pourrait être reprise par tout Américain des classes ouvrières ou moyennes. En fait, ceux qui la connaissent en sont des partisans enthousiastes. Cette proposition interdit tout usage de fonds publics en faveur d'étrangers en situation irrégulière. La plupart des gens, bien sûr, pensent ces illégaux devraient plier bagage et retourner chez eux, mais certainement pas bénéficier aux frais du contribuable de l'aide médicale et des écoles publiques, ainsi que de tout l'appareil de l'État-providence.

Comme vous pouvez l'imaginer, tout l'establishment et tous les groupes bien-pensant se sont opposés avec hystérie à cette proposition. Dans cette coalition on pouvait évidemment retrouver le grand patronat, les syndicats, les associations d'enseignants, les médias, les experts, les professeurs, et toutes les élites faiseuses d'opinion, bref les suspects habituels [the usual suspects]. Ces groupes ont tous dénoncé "Save Our State" comme un encouragement à la diffusion de l'ignorance et du mal. Les partisans de la proposition furent dépeints comme pleins de haine, racistes, sexistes, hétérosexistes, xénophobes, etc. Les seuls à la défendre étaient un ensemble d'organisations inconnues, véritablement populaires, qui essaient d'éviter plutôt qu'elles ne recherchent la publicité parce qu'elles ont déjà reçu des menaces de mort et d'attentat à la bombe, probablement de la part des membres de la "communauté illégale" que l'on appelerait normalement "gangsters" s'il n'y avait le politiquement correct.

Notre collaborateur Justin Raimondo est, je suis fier de le dire, le coordinateur de "Save Our State" à San Francisco et il rapporte que le chef de la section de San Francisco du Parti libertarien (je dois préciser ici que l'État de Californie est peut-être le seul où le Parti a de nombreux membres et ne se résume pas à une organisation de papier) s'oppose à cette proposition - une première chez les libéraux : s'opposer à une réduction d'impôts !

Quel raisonnement a-t-il conduit le Parti libertarien à abandonner précipitamment le contribuable et les droits de propriété en faveur du politiquement correct ? C'est que l'application de la proposition "Save Our State" pourrait représenter une menace pour les libertés civiles ! Mais l'application de n'importe quelle mesure, bonne ou mauvaise, pourrait bien sûr menacer les libertés civiles et ce n'est pas une excuse pour refuser de voter un projet valable. Les frontières, apparemment, ne doivent pas seulement rester grandes ouvertes : il faut aussi encourager cette ouverture et la financer au frais du contribuable américain. La confusion entre public et privé, le changement de définition des "droits" sont visiblement allés si loin que tout immigré en situation irrégulière a maintenant le droit de lessiver le contribuable pour un montant que Dieu seul connaît. Bienvenue dans le libéralisme étatiste !

L'opposition aux impôts s'est en fait systématiquement affadie. Le Cato Institute s'est récemment déclaré en faveur de la campagne richement dotée réclamant la suppression de l'impôt sur le revenu pour le remplacer par un impôt sur les ventes. La revendication de le Vieille Droite et des vieux paléos, telle que je me la rappelle depuis mes années de jeunesse, était de supprimer le Sixième amendement et l'impôt sur le revenu, point. La variante actuelle constitue une proposition bien différente. En premier lieu, elle repose sur le slogan que les conservateurs ont hérité des "théoriciens de l'offre" [supply-siders] et qui a été finalement adopté par presque tous les économistes et soi-disants hommes d'État : quoi qu'il arrive, et quelle que soit l'évolution de la législation des impôts, il faudrait que la modification de la loi soit "neutre" quant aux rentrées fiscales, c'est-à-dire que le montant total de la récolte ne doit jamais baisser.

 

On n'explique jamais comment cet axiome s'inscrit dans la doctrine conservatrice ou libérale, ni pourquoi diable les rentrées fiscales ne devraient pas diminuer. Hein, pourquoi donc ? A la réponse habituelle, qui nous dit que nous devons nous soucier des déficits fédéraux, la réplique appropriée, que plus personne ne fait, est de diminuer fortement les dépenses de l'État. Ce qui exige bien sûr que l'on en revienne à la vieille définition démodée de la "diminution du budget", i.e. une véritable diminution du budget, et non que l'on accepte le sens actuel qui signifie diminution de son "taux de croissance" ou diminution se fondant sur une prédiction de croissance du Congrès ou de la présidence, basée sur des hypothèses inévitablement douteuses. Comme l'a souligné un numéro récent du Free Market, la lettre du Mises Institute, il y a de graves défauts dans cette idée de remplacer l'impôt sur le revenu par un impôt sur les ventes.

En premier lieu, et contrairement au caractère prétendument "réaliste" et "pragmatique" de cette proposition, elle ne conduirait pas en pratique à la suppression de l'impôt sur le revenu, mais plutôt à l'ajout d'une nouvelle taxe sur les ventes à notre sordide législation fiscale actuelle. En second lieu, si la part "personnelle" de l'impôt sur le revenu était éliminée, la part "patronale" demeurerait. De cette façon, l'abominable Gestapo fiscale resterait intacte et continuerait à examiner les livres de comptes et à s'immiscer dans nos vies. De plus, une taxe de 30% sur les ventes réclamerait également des mesures lourdes pour la faire respecter, de sorte qu'un nouveau service du Ministère des finances devrait rapidement mettre son nez dans les comptes de chaque commerçant du pays. Il ne me semble pas nécessaire d'avoir un doctorat ou un sens théorique très poussé pour prévoir ces conséquences. Ce qui conduit à mettre en doute la bonne foi des partisans de cette réforme.

En parlant de bonne foi : l'une des pires histoires de tous les instituts défendant l'économie de marché, ainsi que de tous les journaux et institution libéraux "officiels", fut de soutenir comme de nombreux autres moutons tout le tintouin fait autour de l'ALENA [Accords de Libre-Échange du Nord de l'Amérique, en anglais NAFTA], et désormais en faveur de l'Organisation Mondiale du Commerce. Le Fraser Institute canadien a réussi, sans rencontrer la moindre résistance, à conduire presque tous les instituts libéraux du pays vers ce qu'ils ont appelé le "Réseau de l'ALENA" ["Nafta Network"], qui a consacré des sommes sans précédent à une agitation, une propagande et de prétendues "recherches" sans fin, destinées à faire passer l'ALENA. Et pas seulement les instituts : les ont rejoints un grand nombre de libéraux et de sympathisants du libéralisme que l'on trouve parmi les chroniqueurs, écrivains et experts.

 

Le développement de ce processus nous a apporté quelques distractions macabres. La ligne suivie au départ par ces libéraux de gauche était la ligne Bush-Clinton : à savoir que l'ALENA favoriserait, et en serait même une condition indispensable, le beau concept de libre-échange, devenu article de foi des Républicains conservateurs lors des présidences Reagan. L'unique opposition à l'ALENA proviendrait donc uniquement d'une alliance constituée de protectionnistes déconcertés ou plus probablement méchants : des responsables syndicaux socialistes, le détestable Ralph Nader, des fabricants nationaux inefficaces à la recherche de tarifs protecteurs et leurs larbins. Pire encore, on y trouve des alliés remplis de haine, protectionnistes, xénophobes, racistes, sexistes et hétérosexistes, tel Pat Buchanan.

C'est à ce moment que Pat Buchanan fit un coup de maître, déconcertant les forces pro-ALENA. Il attira l'attention sur le fait que des partisans du libre-échange, aussi ardents et puristes que Lew Rockwell, moi-même et le Mises Institute, ou encore les membres du Competitive Enterprise Institute, s'opposaient à l'ALENA parce qu'il s'agit de mesures faussement libérales, qui comprennent de nombreuses restrictions au libre-échange, notamment des contrôles socialistes en ce qui concerne l'emploi et le respect de l'environnement. Et parce que, de plus, ces mesures sont particulièrement dangereuses, ajoutant des restrictions intergouvernementales aux restrictions internationales, et qu'il faudra les faire respecter par de nouvelles organisations intergouvernementales ne devant rendre de compte à personne et certainement pas aux électeurs des nations concernées.

Il est amusant de voir que les propagandistes pro-ALENA durent changer leur fusil d'épaule dans la précipitation. Ils furent obligés de nous attaquer, soit nominalement soit sur le plan général. Comme ils ne pouvaient pas nous dépeindre comme des protectionnistes, ils eurent à se battre simultanément sur deux fronts, attaquant les méchants protectionnistes de droite et de gauche tout en dénonçant simultanément notre pureté excessive quant au libre-échange, reprenant ainsi l'expression de Voltaire, que je commence à détester presque autant que les mots "aliénation" et "tolérance" : le mieux est l'ennemi du bien. En fait, bien sûr, NAFTA et OMC ne sont en aucun cas le "bien" : ils ne font qu'empirer la situation et sont considérés comme des "maux" par tout libéral au véritable sens du terme.

Quelques libéraux de gauche ont répondu à nos critiques du projet de gouvernement mondial que seuls des xénophobes et des étatistes pouvaient se soucier de "souveraineté nationale", parce que d'après les grandes théories libérales seul l'individu est souverain, pas la nation. Je ne souhaite pas discuter longuement de ce point. Mais, pour moi, il devrait être évident à tout libéral que l'ajout de nouveaux niveaux de gouvernement, plus élevés et plus étendus, ne peut qu'augmenter l'étendue et l'intensité du despotisme, que plus ces niveaux sont élevés, moins ils sont soumis au contrôle, à leur limitation ou à leur suppression de la part de la population.

Mais je constate de plus en plus qu'on ne peut jamais rien considérer comme évident avec les prétendus libéraux. De fait, Clint Bolick, éminent théoricien et activiste libéral sur le plan juridique, a écrit un livre pour le Cato Institute où il étudie de façon étrange l'Amérique d'aujourd'hui pour en conclure que la véritable tyrannie, la véritable menace pour nos libertés, ne serait ni le Léviathan fédéral, ni le Congrès, ni l'exécutif, ni encore le nombre sans cesse croissant des despotes à vie qui composent la magistrature fédérale. Non rien de tout cela : la véritable menace pour nos libertés serait au contraire les gouvernements populaires locaux.

Il me semble impossible de tenir un quelconque raisonnement ou d'avoir la moindre discussion avec des gens qui étudient la vie actuelle des Américains et en arrivent à de telles conclusions. Qualifier ces individus de "libéraux", comme dire des partisans l'ALENA qu'ils sont en faveur du "libre-échange", c'est déformer le sens des mots au-delà de tout entendement. Comme avec les décontructionnistes, nous entrons avec les libéraux de gauche dans un monde à la Humpty Dumpty, où les mots ne veulent dire que ce qu'on choisit de leur faire dire et où la véritable question est de savoir qui sera le maître.

En parlant de celui qui sera le maître, les partisans de l'ALENA ont eu le toupet d'accuser la "coalition" des protectionnistes et des authentiques partisans du libre-échange d'être payés par la méchante industrie textile. Cette accusation, tenez-vous bien, provient d'institutions largement subventionnées par les gouvernements mexicain et canadien, par des lobbyistes mexicains et canadiens, ainsi que par des entreprises et des donateurs issus des industries d'exportation. Car une des vérités bien tues de la politique étrangère américaine depuis la Deuxième Guerre Mondiale et même depuis 1930, y compris pour ce qui est des négociations commerciales, des traités et accords entre États, du prétendu "libre-échange" et des échanges commerciaux, tout comme pour tous les programmes d'aide internationale, cette vérité c'est que la motivation principale était de mettre en place des subventions publiques, payées par les contribuables, aux industries d'exportation et aux banquiers qui les soutiennent. On peut parler d'individus élevés en serre !

Je ne voudrais pas clore ce chapitre sur l'ALENA sans mentionner brièvement la réponse étonnante du Parti libertarien. Rappelons à nouveau que le Parti s'était autrefois toujours opposé à toute forme de restrictions ou de contrôles commerciaux entre États. Et pourtant, l'auguste Comité national qui dirige le parti entre deux conventions - qui sont de plus en plus rares d'ailleurs, s'est senti obligé d'émettre un communiqué soutenant l'ALENA au point culminant de la controverse, jetant ainsi tout son poids dans la bataille.

Celui qui dirige en réalité le Comité national est lui-même un théoricien libéral reconnu. Seule la nostalgie de ses anciennes idées, ou un minimum d'intégrité, l'a empêché d'essayer de répondre à nos critiques. Malheureusement il a dû pour ce faire avoir recours au type d'argument autrefois en vogue dans ces minuscules organisations (véritables sectes) au nom si grandiose, comme le Parti International Révolutionnaire des Travailleurs. A savoir : lui et le Comité national reconnaissent qu'il y a un problème avec l'ALENA, que son organisation bureaucratique internationale pourrait bien signifier des restrictions dépassant ses prétendus caractéristiques libérales. Mais, concluent-ils, il ne faut pas s'en soucier parce que, dans ce cas, le Parti libertarien mettrait tout son poids politique pour arrêter cette dérive. Quel soulagement de savoir que le Parti libertarien se mettra en travers de l'ALENA et de ses inévitables conséquences !

 

Lorsque l'alliance "paléo" commença à gagner en influence, nous fûmes pendant un moment la cible de violentes attaques de la part des néoconservateurs, rejoints désormais par les nouveaux "libéraux officiels". Virginia Postrel, éditrice du mensuel Reason, s'est en un sens fait une spécialité des attaques contre la droite proche de Buchanan. Elle la dénonce habituellement pour sa prétendue opposition au "changement" ; en fait elle fait un peu penser aux harpies médiatiques qui faisaient écho aux partisans de Clinton durant la campagne présidentielle, chantant la nécessité du "changement", apparemment changement pour le changement, sans autre but, et qu'elle confond avec une étrange Société des Possibles [Opportunity Society]. La véritable question est toutefois bien de savoir de quel changement il s'agit, pour quoi faire et dans quelle direction ? Les paléos, après tout, sont de grands partisans du changement, d'un changement radical qui plus est. Sauf que mon petit doigt me dit que le changement que nous recherchons - réactionnaire et plein de haine - n'est pas exactement le type de "changement, changement, changement" dont parlent cette éditrice et autres néoconservateurs ou Clintoniens.

Ce mois-ci, elle a écrit un éditorial dénonçant la coalition anti-GATT, qu'elle considère très curieusement comme "des partisans de l'immobilisme... en appelant à la puissance de l'État pour bloquer le processus dynamique des marchés et du choix individuel." Qu'elle puisse interpréter une mesure soutenue avec enthousiasme par le président Clinton et le reste de l'establishment étatique comme un exemple du marché et de choix individuel s'opposant à la puissance de l'État, voilà qui dépasse l'entendement.

Une autre anecdote a suscité la colère de notre éditrice, toujours dans ce même éditorial. Ici aussi elle trouve une coalition de l'immobilisme essayant de bloquer le processus bénéfique de la croissance économique dans un marché libre. Ici aussi nous avons une coalition de progressistes, de conservateurs, de résidents du coin, d'historiens et de toute sorte d'autres personnes essayant de conserver et d'honorer l'héritage américain et essayant d'empêcher la construction sur les lieux mêmes de la Bataille de Manassas d'un parc à thème Disney traitant de l'Histoire américaine. L'une des raisons principales pour empêcher cette "Esneirisation" du Nord de la Virginie est la version politiquement correcte de l'Histoire que veut infliger à des visiteurs ne se doutant de rien l'historien en chef d'Eisner : Eric Foner, marxiste-léniniste notoire.

Foner, au passage, dans une illustration parfaite de cette alliance entre la gauche et les néoconservateurs, était, lors d la première année de présidence Reagan, le principal "expert" à aider Irving Kristol et les néoconservateurs dans leur dénonciation de Mel Bradford comme "raciste" et "fasciste", pour avoir eu l'audace de critiquer l'un des principaux despotes de l'Histoire américaine : Saint Abraham Lincoln, qui, par bien des côtés, est le prédécesseur du "Docteur" King en ce qu'il nous aide à séparer rapidement le bon grain de droite des diverses variétés d'ivraie de gauche.

Dans son article, Postrel décrit cette coalition contre le parc à thème comme une "coalition de la gauche opposée à la croissance et des conservateurs attachés au sang et à la terre." En un certain sens il n'est pas surprenant que l'éditrice, libérale de gauche, oublie de signaler que le projet se propose d'infliger une version politiquement correcte, marxiste léniniste, de l'Histoire américaine à des touristes innocents et que donc elle ne s'y intéresse pas. Mais Pat Buchanan, une fois encore, jeta une clé à molette dans la machine de propagande de la gauche libérale en signalant que votre serviteur, dans un article du Free Market, avait montré que ce parc à thème Disney n'était nullement le résultat du marché, mais bel et bien un projet dépendant explicitement d'une subvention de 160 millions de dollars, payés par les contribuables de l'État de Virginie.

Est-ce réellement une preuve d'immobilisme, de refus de la croissance et du libre-échange que de s'opposer à un projet exigeant une aide des contribuables à la hauteur de 160 millions de dollars ? Comment cette éditrice prétend-elle défendre son soutien face à cette critique, émanant de la part de quelqu'un qui, pour le moins, peut être considéré comme un peu plus libéral et opposé à l'État qu'elle ne l'est ? Sa ligne de défense est assez instructive et particulièrement peu convaincante. Son commentaire est le suivante, reproduit intégralement : "l'objection des partisans du libre-échange expliquant que ce parc touche des subventions ne constitue pas le coeur du débat." Eh bien, c'est ce qui s'appelle répondre à cet argument.

 

L'une des raisons principales qui aurait à ce qu'il paraît conduit les libéraux à haïr la religion est qu'ils seraient eux, les libéraux, des défenseurs acharnés de la raison avant tout, alors que les croyants seraient inévitablement trompés par ce que les rationalistes aiment appeler une "superstition". Il est instructif de réfléchir sur la qualité des capacités de raisonnement que ces libéraux ont montré lors de leur éloignement de la liberté et des droits de propriété.

Retournons maintenant à une dernière mesure qui illustre le "Grand Bond en Avant Étatiste" du mouvement libéral. Il s'agit de spn soutien au programme de bons scolaires, proposition que les libéraux de gauche de Californie ont soumis sans succès au vote en novembre dernier. Les néoconservateurs et les libéraux de gauche entrèrent joyeusement dans la bataille californienne du bon scolaire, qu'ils ont largement financée, convaincus de n'avoir d'autres adversaires que les habituels et syndicats d'enseignants et de progressistes.

Le libéraux de gauche utilisèrent à cette occasion leur mot ronflant favori, "choix", qu'ils avaient d'abord appliqué au choix des femmes quant à l'avortement, et qu'ils voulaient désormais étendre au choix des parents et des enfants quant aux écoles à fréquenter, et au choix entre écoles privées et publiques. Ayant anticipé le déroulement du débat, les partisans du bon scolaire menaient tranquillement leur campagne quand ils furent à nouveau éclipsé par un article influent de Lew Rockwell dans le Los Angeles Times, article qui constitua, d'après ce qu'ils avouèrent tristement un peu plus tard, la plus grande force ayant conduit à l'échec de leur plan. Lew sortit du débat habituel pour souligner des points auxquels tenaient particulièrement les parents et les contribuables californiens mobilisés dans la critique du système d'école publique.

Lew souligna que (1) l'État-providence et le fardeau subi par les contribuables augmenteraient au lieu de diminuer avec la mise en place de ce programme de bons scolaires ; et (2) que si les enseignants des écoles publiques peuvent certes s'opposer à ce programme, ce qui est bien plus important et plus dangereux, c'est que ce programme conduirait à un contrôle des écoles privées plus strict de la part de l'État, ces écoles étant pour l'instant encore en grande partie à l'abri des intrusions gouvernementales. Le gouvernement contrôle toujours ce qu'il subventionne et, dans le cas du bon scolaire, l'État serait obligé de définir de qui constitue une "école" afin qu'elle puisse toucher les aides.

Comme pour tout programme de redistribution, l'étendue des choix des bénéficiaires ne peut croître qu'aux dépens des perdants, en l'occurrence des parents d'enfants allant aujourd'hui dans une école privée. Cet argument se révéla non seulement être une véritable bombe, mais Lew utilisa, pour la première fois je crois, un autre argument puissant et sensible ; (3) le programme de bon scolaire détruirait les écoles publiques de banlieues aujourd'hui relativement bien et soigneusement protégées, parce qu'elles seraient obligées d'accepter tous ceux qui viendraient d'autres quartiers.

En bref : ces écoles de quartiers, contrôlées dans une certaine mesure par les parents et les contribuables locaux, seraient forcées d'accepter les hordes de la jeunesse inéducable et même criminelle du centre-ville. Les choix de ces parents de banlieue diminueraient. Non seulement les enfants des banlieues seraient en danger, mais la valeur de leurs biens immobiliers, reposant pour une bonne part sur leur déménagement pour des quartiers comportant d'assez bonnes écoles, serait en grand péril.

Alors que ce dernier argument de Lew Rockwell, très politiquement incorrect, fut en butte à l'hystérie prévisible des libéraux de gauche, qui l'accusèrent comme d'habitude de racisme, sexisme, hétérosexisme, etc., etc., son argument fut particulièrement efficace là où il le fallait : chez les habitants de la classe moyenne des banlieues, qui étaient jusque là prêts à voter en faveur du programme de bon scolaire. Il n'y a pas de meilleur témoignage de la puissance des idées, quels que puissent être l'ambiance politique préalable ou les soutiens financiers.

 

Une remarque générale : il y a quatorze ans, le Parti libertarien mena sa campagne présidentielle la plus richement dotée, et donc la plus largement relayée par les médias. Lors de cette campagne, menée par ce qui déjà n'était certainement pas son aile la plus puriste, les médias, qui s'y intéressaient pour la première fois, demandèrent qu'on leur explique en quelques mots ce qu'était le "libertarianisme". La réponse fut : un "progressisme combiné avec un faible niveau d'impôts" [Cf. la remarque initiale. NdT]

Le chef absolu de cette campagne, Ed Crane, est désormais à la tête de l'un des instituts libéraux américains les plus en vue. Récemment, lui et ses collègues ont fourni une autre formule résumant l'essence du libéralisme. "Un "progressisme de marché" [Ibid. NdT]. Il est à noter que si l'ancienne définition faisait encore référence à des impôts réduits, le nouveau credo peut être accepté par presque tout le monde. Après tout, la plupart des socialistes se présentent comme "progressistes" et tous les socialistes acceptent désormais un certain type de marché. Cette expression pourrait donc être, et a peut-être été, retenue par notre président, le bien peu libéral William Jefferson Blythe Clinton IV, tout comme par le dernier dirigeant de la défunte Union soviétique, Mikhaïl S. Gorbatchev. Vous avez dit respectable et au sein du courant dominant ?

Ces dernières semaines, le même théoricien éminent du "progressisme de marché" [Ibid.]. a décidé de combattre ce qu'il considère comme le grand danger représenté par le mouvement populiste de droite. Il propose à la place de ce dernier une "Révolution de velours", terme qui semble bien plus étrange et bien plus exotique aux États-Unis qu'il ne l'était en République tchèque.

Cette Révolution de velours qui, selon notre éminent libéral de gauche, limitera le gouvernement fédéral "sans perturbations", est un simple ensemble de trois mesures légales. L'une consiste à remplacer l'impôt sur le revenu par une taxe sur les ventes, proposition dont j'ai déjà parlé. La deuxième consiste à limiter les mandats et la troisième consiste à faire passer un amendement obligeant à l'équilibre du budget. Le problème avec cet ensemble est de ne rien arranger, mais plutôt d'empirer les choses : au mieux, on peut tromper les masses en leur faisant croire que Washington a été dompté et à les conduire à abandonner tout intérêt pour le sujet. C'est peut-être d'ailleurs l'objectif.

Très brièvement, l'amendement exigeant un budget équilibré est un bobard et une escroquerie intellectuelle. Hormis les clauses dérogatoires permettant au Congrès d'échapper facilement à cet amendement, le fait qu'il représenterait une excuse facile pour justifier la hausse des impôts, et le fait que le gouvernement fédéral peut aisément mettre ses dépenses dans la partie "activités hors budget" comme il le fait déjà, le prétendu "équilibre" ne concerne que les projets de dépenses futures et non le budget actuel. Or tout le monde peut bel et bien prévoir n'importe quelles dépenses futures.

Enfin, il n'y a aucune obligation associée : les membres du Congrès votant en faveur de budgets non équilibrés seront-ils tous virés et éliminés ?

Ce qui m'amène à la troisième partie de cette triade : la limitation tellement vantée des mandats. Je n'ai pas d'opposition au concept en soi. Le problème, c'est que la limite des mandats ne peut restreindre que ceux des élus du Congrès ou des États, alors que le bras législatif est de loin celui qui a le plus grand pouvoir parmi les trois branches du gouvernement. De ces branches, les élus du Congrès et des États sont les seuls à devoir rendre des comptes au public et à être soumis aux représailles des électeurs. Ce sont les seuls dont nous pouvons nous débarrasser rapidement et pacifiquement. Comparez cette situation avec celles des autres branches néfastes, qui ne sont pas soumises à un mandat.

Il y a l'exécutif, au sein duquel seul le Président est élu pour une durée limitée, malgré les ronchonnements de tous les partisans de la "démocratie". Le reste de notre vaste bureaucratie fédérale ne peut pas être changé par le public. Véritables despotes, ils ont été congelés sur place par le système du "service public", imposé au public par les élites intellectuelles et médiatiques de la fin du dix-neuvième siècle Et il y a pour finir les véritables et abominables tyrans de notre époque, j'ai nommé la justice fédérale sans bornes et qui s'emballe : elle jouit d'un pouvoir virtuellement absolu sur chaque ville et village ainsi que sur la vie de tout un chacun. Et à son sommet, on trouve la Cour suprême et ses despotes inamovibles. Si les gens commençaient à proposer, par exemple, de supprimer l'administration fédérale et de limiter à deux ans les fonctions de juge fédéral, alors je commencerais à les considérer comme une solution au problème plutôt que comme une partie du problème.

 

En conclusion : contrairement aux libéraux de gauche qui tentent désespérément d'arracher ses dents à la révolution populaire, je crois que les jours du "réalisme" de Washington, répandu à la fois chez les conservateurs et chez les libéraux de gauche, sont comptés. Il existe désormais un puissant mouvement populaire, qui se lève partout au coeur de l'Amérique : mouvement radical et populiste de droite, conduit par une détestation profonde et un mépris envers, tout d'abord évidemment les Clinton et leur répugnante équipe, puis Washington en général, ses idéologues et sa culture, enfin tous les politiciens en général et ceux habitant Washington en particulier.

 

Cette droite populaire est très différente de ce que nous avons connu jusqu'ici. Elle déteste profondément les médias dominants et ne leur accorde aucune confiance. De plus, elle ne voit pas l'utilité des organisations de Washington et de leurs dirigeants traditionnels. Ce peuple ne se satisfait pas de devoir financer ces organisations et de devoir suivre docilement leurs ordres. Ses membres ne sont peut-être pas "socialement tolérants". Mais ils sont mauvais coucheurs, en ont marre du gouvernement fédéral et sont de plus en plus en colère. Dans cette atmosphère naissante, la stratégie supposée être pragmatique de Washington, consistant à faire la lèche au pouvoir, n'est pas seulement immorale et sans principes : elle ne peut plus marcher, même à court terme. Les les classes ouvroières et les classes moyennes opprimées sont enfin en marche, et ce nouveau mouvement de droite n'a pas de place pour les traîtres de l'élite qui les ont si longtemps menés par le bout du nez, ni de temps à perdre avec eux.


par Murray Rothbard

 

Texte paru dans le Rothbard-Rockwell Report, Novembre 1994.
Repris dans "The Irrepressible Rothbard" (2000) publié par The Center for Libertarian Studies

 

[Remarques du traducteur : Hervé de Quengo

 


Dans le texte suivant, Rothbard emploie systématiquement le terme de "libertarian" que j'ai traduit par "libéral" et "libertarien" de manière quelque peu aléatoire. (Il emploie en particulier l'expression "left-libertarian", traduite par "libéral de gauche", pour désigner les membres du courant libertarien américain auxquels il s'oppose, alors que le terme "left-liberal", qu'il utilise aussi, signifie en gros "socialiste" sous sa plume, selon l'usage aux États-Unis.) Si le terme "libéral" devrait suffire, n'ayant pas (encore ?) la connotation interventionniste américaine, certains aspects de la critique de Rothbard sont plus particuliers aux développements du courant "libertarien" américain (qui est par ailleurs souvent considéré comme plus intransigeant, alors que Rothbard nous montre certaines de ses dérives) et c'est pourquoi j'ai fait jouer l'alternance. Il ne faut donc pas chercher d'intention de distinguer les deux attitudes chez Rothbard..

 

 

 

 

 

J'ai par ailleurs, faute de mieux, utilisé le mot "progressisme" pour traduire "liberalism" dans les expressions "low-tax libéralism" (traduit par "progressisme combiné avec un faible niveau d'impôts")et "market liberalism" (traduit par "progressisme de marché"). Si Rothbard entend clairement le terme dans son sens américain usuel et non dans le sens européen (que Mises continuait à utiliser), les auteurs de la formule et ceux qui la reprennent peuvent cependant répondre à bon droit qu'ils avaient pour but de se réapproprier le terme européen, ce que ne rend évidemment pas la traduction, qui élimine cette possibilité. Dans un autre contexte, l'expression, certes redondante, de"libéralisme de marché" aurait pu être utilisée, mais elle aurait conduit ici à la confusion.].

 

 

Ici la controverse d'un jeune socialiste, l'ineptie du jour

Le libéralisme est étatiste


Le libéralisme peut être divisé en deux grands courants fondamentaux contemporains : le libéralisme humaniste de Friedrich Hayek et Pascal Salin, et le libéralisme utilitariste de Catherine Audard, auquel on peut aussi rattacher John Rawls ou John Stuart Mill.
Ces deux courants affirment généralement leur filiation au libéralisme classique, développé entres autres par Adam Smith, mais le libéralisme utilitariste se démarque en revendiquant sa filiation au nouveau libéralisme du XIXème siècle. De nos jours, le libéralisme humaniste est qualifié régulièrement par ses opposants de néo-libéralisme, ou d'ultra-libéralisme. On peut en outre considérer le libérisme italien comme pouvant aussi être rattaché, peu ou prou, à ce courant. Quant au libéralisme utilitariste, on le qualifie généralement de nos jours de social-libéralisme.

Dans cet essai, je m'efforcerai de montrer que le libéralisme humaniste est étatiste.
Étant donné que le libéralisme utilitariste ne s'est jamais réclamé de l'anti-étatisme, je ne chercherai pas à montrer que ce courant du libéralisme est étatiste. On peut en effet considérer que pareil exercice serait trivial, étant donné que le libéralisme utilitariste a toujours réclamé l'interventionnisme étatique comme nécessaire et souhaitable à la réalisation de son projet de société.

La plupart des libéraux humanistes prétendent généralement, et sûrement sincèrement, que le libéralisme est une idéologie politique anti-étatiste. Néanmoins, ils se trompent, comme j'essayerai de le démontrer dans cet essai. En effet, s'il est vrai que le libéralisme humaniste se réclame de l'anti-étatisme, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une simple posture, qui ne s'accorde pas avec les implications des fondements doctrinaux du libéralisme humaniste, étant donné que ces derniers impliquent un étatisme certain.
Cette thèse a, à ma connaissance, rarement été soutenue. Karl Marx, Friedrich Engels, Vladimir Ilitch Oulianov
, et tous les penseurs marxistes et marxiens, se sont en effet généralement contentés de définir le libéralisme (humaniste) comme la simple expression idéologique des intérêts de la classe bourgeoise ou dominante. Ils n'ont donc pas cherché explicitement à montrer le caractère étatiste du libéralisme, bien que leurs écrits puissent être interprétés dans ce sens dans bien des cas.
Par ailleurs, je souhaiterais préciser quelques termes afin de pouvoir permettre une compréhension optimale de ma thèse.

Tout d'abord, le libéralisme humaniste est une idéologie politique, préconisant l'organisation de la société sur le principe de la liberté individuelle. Une idéologie politique est un projet de société articulé politiquement, fondé sur une certaine lecture de la nature huamine et sur certaines valeurs. 

L'étatisme peut être compris dans certains cas comme une idéologie politique à part entière, préconisant l'intervention de l'État dans la société. Mais dans cet essai, je considérerai simplement l'étatisme comme un synonyme d'interventionnisme étatique. Autrement dit, je ne considérerai l'étatisme que comme un composant d'une idéologie politique, et non comme une idéologie politique en lui-même.

L'argument en faveur de ma thèse est découpé en huit prémisses que je présenterai et défendrai successivement. L'enchaînement des prémisses est formé par une série d'implications tirées des principes fondamentaux du libéralisme humaniste.

1. Le libéralisme humaniste implique la propriété privée des moyens de production.

Le libéralisme humaniste implique la propriété privée des moyens de production. Par conséquent, on ne peut imaginer une société libérale où la propriété des moyens de production serait commune ou collective.
Je considère qu'un moyen de production est tout ce qui sert à produire dans une proportion supérieure à celle de l'individu. Par exemple, l'individu (ou le ménage) produisant des légumes et des fruits pour sa seule consommation dans son potager n'est pas le propriétaire d'un moyen de production, mais d'un bien (ou d'un moyen) de consommation. On notera en outre que le terme « moyen de production » est relativement neutre (soit sans connotation partisane), étant donné que des penseurs comme Karl Marx ou Friedrich Hayek, l'utilisent aussi bien l'un que l'autre.

Le libéralisme humaniste implique que l'individu ne doit jamais être soumis contre sa volonté à à une décision à laquelle il n'adhère pas librement. C'est le principe de la liberté individuelle. Ce principe signifie donc qu'un régime politique dictatorial est incompatible avec le le libéralisme humaniste, mais cela signifie aussi qu'un régime politique démocratique qui prendrait ses décisions par vote à la majorité, est lui aussi incompatible avec le libéralisme humaniste. Seule une démocratie prenant ses décisions par vote à l'unanimité serait compatible avec le libéralisme humaniste. Ce développement implique que le libéralisme humaniste ne peut impliquer aisément (puisque toute décision collective doit se faire à l'unanimité) une organisation de la société fondée sur autre chose que des principes protégeant la liberté individuelle de toute atteinte.

Le libéralisme humaniste ne peut donc que difficilement impliquer une organisation de la société sur le principe de la propriété collective ou étatique des moyens de production. Je ne dis pas que cela soit théoriquement impossible, mais que c'est difficilement envisageable, et dans le cas où cela serait mis en pratique, pareille organisation volontaire ne saurait être que temporaire, car les individus changeant au fil des générations, le libre consentement évolue de même. Dans la pratique, on note que toutes les sociétés libérales se sont toujours fondées sur le principe de la propriété privée des moyens de production.
Afin de renforcer cette prémisse, je citerais Friedrich Hayek lorsqu'il parle d'un « système de concurrence libre, basée nécessairement sur la propriété privée » (HAYEK Friedrich,
La route de la servitude, Presses universitaires de France, 1946, Paris, p. 77)
Ici, Hayek dit bien qu'une société de concurrence libre (c'est à dire libérale) implique
nécessairementla propriété privée. Et il est évident que la propriété privée générale implique la forme de propriété spécifique qu'est la propriété privée des moyens de production.

Il semble bien qu'une société libérale humaniste puisse impliquer bien plus sûrement la propriété privée des moyens de production, en accord clair avec le principe de liberté individuelle, que la propriété collective ou étatique des moyens de production. Cette dernière dépendrait, elle, d'une utopique prise de décision collective unanime de chacun des membres composant la société libérale humaniste.

2. La propriété privée des moyens de production implique une inégalité dans la répartition des moyens de production.

La propriété privée des moyens de production implique une inégalité dans la répartition des moyens de production entre les membres d'une société, car selon la loi de la concurrence les individus les plus productifs accaparent les profits au détriment des individus les moins productifs. Par conséquent, les individus les individus les plus productifs ont tôt fait de disposer de davantage de fruits de la production, alors que les individus moins productifs s'endettent, dépendant ensuite des plus productifs pour leur subsistance. Par conséquent, la dépendance des individus les moins productifs les amènent à abandonner leurs moyens de production aux individus plus productifs, créant une inégalité dans la répartition des moyens de production.
Pourtant, une société libérale pourrait théoriquement être composée d'individus ayant strictement la même quantité de moyens de production (qualitativement égaux). Par exemple, tous les individus d'une société libérale pourraient avoir la même portion de terre (la terre étant supposée également productive). Il s'agirait soit d'une état de fait initial, soit d'une libre décision collective prise à l'unanimité, et non du choix de la majorité l'imposant à une minorité, soit d'un hasard conjoncturel.


Il y a deux réponses possibles que je vois à cette objection.
Premièrement, il est utopique (ou extrêmement improbable) qu'une société libérale accepte unanimement de s'organiser sur les bases d'une répartition égalitaire des moyens de production, et en qu'en plus de cela elle accepte de déterminer collectivement la production par la planification en fonction de ses besoins et envies, étant donné que cela impliquerait une somme énorme de prises de décision à l'unanimité sur tous les aspects quotidiens de la vie économique des individus d'une société. Mais si ces deux conditions (extrêmement improbables) ne sont pas remplies, alors la société libérale ne peut qu'être fondée sur la propriété privée des moyens de production.
Deuxièmement, toutes les sociétés fondées sur la propriété privée des moyens de production l'ont été par une répartition coercitive des moyens de production : les plus forts s'accaparant les moyens de production. C'est à dire que dans les faits, il n'y a jamais eu de société égalitaire fondée sur la propriété privée des moyens de production.
Par ces deux contre-objections, on ne peut que constater que la propriété privées des moyens de production implique nécessairement une inégalité dans la répartition des moyens de production.

3. L'inégalité dans la répartition des moyens de production implique un groupe possédant et un groupe non possédant.

Par définition, une inégalité dans la répartition des moyens de production a pour conséquence un groupe social avantagé par l'inégalité de répartition, et un groupe social désavantagé.
L'inégalité dans la répartition des moyens de production implique donc un groupe possédant davantage qu'un autre.
Par la suite, je parlerai de groupe possédant (avantagé par l'inégalité dans la répartition des moyens de production), et de groupe non possédant (désavantagé par l'inégalité dans la répartition des moyens de production).

4. La non possession des moyens de production implique une situation non désirable pour le groupe non possédant.

En effet, de par sa non possession des moyens de production, le groupe non possédant est contraint d'offrir son temps (c'est ce qu'il possède essentiellement puisqu'il ne possède pas de moyens de production) au groupe possédant pour obtenir de ce dernier la possibilité de produire (et donc de produire de quoi subvenir à ses besoins). Le groupe possédant est donc dans une position où il peut réclamer au groupe non possédant une partie de son temps pour produire pour lui, alors que lui-même n'a pas forcément besoin de produire.
Il s'agit donc d'une situation de contrainte matérielle injustifiée qui ne peut que être que non désirable pour le groupe non possédant.

Cette prémisse s'apparente peu ou prou à la théorie de l'expropriation de la valeur du travail des travailleurs par les capitalistes, telle que développée par Karl Marx.
Elle établit tout comme la théorie pré-citée de Karl Marx, que la situation du groupe non possédant par rapport au groupe possédant le place dans une situation non désirable.

5. La situation non désirable du groupe non possédant implique une volonté rationnelle d'échapper ou de mettre fin à cette situation non désirable.

La relation inégalitaire entre la situation du groupe possédant et celle du groupe non possédant est vécue comme une situation non désirable par le groupe non possédant. Cet état de fait va impliquer chez le groupe non possédant une volonté rationnelle d'échapper ou de mettre fin à cette situation non désirable. Car, rationnellement, un individu ou un groupe social cherche toujours à s'émanciper d'une situation où il est contraint de donner une partie de son temps à un autre individu ou à un autre groupe simplement parce que ce dernier possède quelque chose dont il a besoin pour survivre.
En outre, on peut faire l'hypothèse que tout individu ou tout groupe social cherche à être autonome et libre, et par conséquent cherchera à éviter une situation où il n'est pas libre et pas autonome, comme celle du groupe non possédant vis à vis du groupe possédant.

6. La volonté rationnelle d'échapper ou de mettre fin à la situation non désirableimplique une révolte envers l'inégalité de répartition des moyens de production.

La volonté rationnelle du groupe non possédant d'échapper ou de mettre fin à la situation non désirable dans laquelle le place les fondements de la société libérale (la propriété privée des moyens de production) implique la volonté rationnelle d'éliminer la cause de cette situation non désirable.
La volonté rationnelle du groupe non possédant d'éliminer la cause de cette situation non désirable implique la suppression de la propriété privée des moyens de production.


7. La révolte du groupe non possédant envers l'inégalité de la répartition des moyens de production implique l'usage de la coercition par le groupe possédant.

Peu importe la forme que prend la révolte du groupe non possédant, au final, le groupe possédant se retrouve nécessairement à devoir employer la coercition, s'il souhaite maintenir sa possession sur les moyens de production.
A cette proposition, on pourrait objecter que le groupe possédant pourrait simplement accepter de supprimer la propriété privée des moyens de production. Par conséquent, le groupe possédant pourrait accepter une propriété collective des moyens de production.

Une première contre-objection consiste à dire que, de manière rationnelle, le groupe possédant se refuse à perdre la possession des moyens de production, s'il peut la garder à un coût moins élevé que la perte qu'il subirait par la suppression de la propriété privée des moyens de production.
Une seconde contre-objection consiste à dire que étant donné que la propriété privée des moyens de production est une caractéristique nécessaire d'une société libérale humaniste, du moment que l'on passe à un mode de propriété collectif des moyens de production, on ne se trouve plus dans une société libérale humaniste.

Une dernière objection possible à la proposition selon laquelle, la révolte du groupe non possédant envers l'inégalité de la répartition des moyens de production implique l'usage de la coercition par le groupe possédant, consisterait à dire que le groupe possédant pourrait simplement se contenter de redistribuer quelque peu les fruits de la production, pour calmer les velléités de révolte du groupe non possédant, sans modifier le régime de propriété des moyens de production.
A cette objection, je répondrai que du moment que le groupe possédant agit ainsi, il n'agit plus en accord avec le libéralisme humaniste, mais en accord avec le libéralisme utilitariste, et dans ce cas on sort du cadre de ma chaîne d'implications, puisque cette dernière parle des implications des fondements doctrinaux du libéralisme humaniste, et non de ceux du libéralisme utilitariste. Par conséquent, pour rester dans le cadre de cet argument, il est nécessaire de ne pas sortir du cadre du libéralisme humaniste pour proposer une objection à mon raisonnement.

8. La coercition du groupe possédant pour juguler la révolte du groupe non possédant envers l'inégalité de la répartition des moyens de production implique l'intervention de l’État.

Un monde composé d'individus isolés n'est possible que temporairement, étant donné que sans reproduction l'espèce humaine disparaîtrait. De plus, l'être humain a besoin de vivre en société, pour des raisons de survie matérielle et de survie psychologique. Donc, du moment que l'on parle de l'être humain, alors on parle de société.
Une société sans État n'est pas possible, car toute société implique un certain niveau d'organisation, et toute organisation implique un État. Donc, du moment que l'on parle de société, alors on parle d’État.

Étant donné que toute société implique une organisation étatique, le groupe dominant d'une société est obligé d'employer l’État contre le groupe non possédant s'il souhaite éviter que le groupe non possédant ne l'emploie contre lui.
Par conséquent, la coercition d'un groupe social sur un autre prend toujours la forme étatique.
Et c'est pourquoi, la coercition du groupe possédant pour juguler la révolte du groupe non possédant envers l'inégalité de la répartition des moyens de production implique l'intervention de l’État.

Afin de renforcer cette dernière prémisse qui conclut la chaîne d'implications, j'aimerais citer deux auteurs aux idées opposées, mais d'accord sur le rôle de l'Etat dans la société libérale (humaniste).
Premièrement, Friedrich Hayek présente l’État comme légitimé pour exercer une coercition sur le groupe non possédant, comme on peut le voir dans la citation suivante : « L'Etat doit-il ou non ''agir'' ou ''intervenir'' ? (…) Sans doute, l'Etat, par définition, doit agir. (…) L'Etat qui contrôle les poids et les mesures, pour empêcher la fraude, exerce une action ; mais l'Etat qui tolère l'emploi de la violence par les piquets de grève, par exemple, est inactif. » (HAYEK Friedrich,
La route de la servitude, Presses universitaires de France, 1946, Paris, p. 64)
Ici, les grévistes (dont on peut légitimement penser qu'ils sont membres du groupe dominée puisque sinon ils ne tiendraient pas de piquet de grève) doivent, selon Friedrich Hayek, être réprimés par la coercition étatique.
Deuxièmement, Selon Rémy Herrera, Karl Marx analyse l'Etat « comme un instrument de classe, (…) intervenant dans ces lutte de classes. » L'Etat est pour Marx « la forme politique d'organisation de la bourgeoisie, qui en prend possession, se l'approprie, pour assurer l'exploitation économique du prolétariat. » (HERRERA Rémy,
Brève introduction à la théorie de l’État chez Marx et Engels
, Presses universitaires de France, 2000, Paris, pp. 4-5)
En remplaçant, « bourgeoisie » par groupe possédant, et « prolétariat », par groupe non possédant ou lésée, on peut constater que la vision marxienne de l’État correspond au principe de Friedrich Hayek selon lesquel l’État peut intervenir pour réprimer le groupe non possédant, lorsque ce dernier s'oppose aux conséquences de la propriété privée des moyens de production (c'est à dire lorsqu'il s'oppose à la situation non désirable dans lequel il se trouve à cause de la propriété privée des moyens de production).

En conclusion, on ne peut que constater que le libéralisme humaniste est étatiste, puisqu'il implique nécessairement la coercition étatique pour maintenir en place une société fondée sur ses principes fondamentaux (la propriété privée des moyens de production).
Puisque j'ai montré que le libéralisme humaniste est étatiste, et puisque le libéralisme utilitariste est lui aussi étatiste, alors on peut dire que le libéralisme dans son ensemble est une idéologie politique étatiste. En outre, ma thèse implique que les tenants du libéralisme humaniste, les libéraux humanistes, sont étatistes. Ce qui signifie qu'il y a une contradiction entre leur discours anti-étatiste, et la réalité des implications des fondements de leur idéologie.

A partir de ma thèse, on pourrait essayer de prouver que, le libéralisme humaniste étant étatiste, ses dérivés anarchistes, l'anarcho-capitalisme et le libertarianisme, ne sont que des idéologies politiques dénuées d'applications concrètes. En effet, on pourrait impliquer de ma thèse que si les fondements mêmes du libéralisme humaniste impliquent l'étatisme, alors ces mêmes fondements dans d'autres idéologies politiques dérivées devraient impliquer aussi l'étatisme. Ce qui aurait pour résultat qu'une idéologie politique comme l'anarcho-capitalisme, prônant l'abolition de l’État et son remplacement par le libre marché, serait une contradiction, puisque ses fondements mêmes impliqueraient l'étatisme.

 



Bibliographie


- AUDARD Catherine,
Qu’est-ce que le libéralisme ?, Gallimard, 2009, Paris

- HAYEK Friedrich,
La route de la servitude, Presses universitaires de France, 1946, Paris

- HERRERA Rémy,
Brève introduction à la théorie de l’État chez Marx et Engels, Presses universitaires de France, 2000, Paris

- SALIN Pascal,
Libéralisme, édition Odile Jacob, 2000, Paris

 

par Adrien Faure

 

Source:Utopies concrètes


Ludwig von Mises nous confie une conclusion de ce que représente le destructionisme du socialisme.

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Le socialisme dans l'histoire

Rien n'est plus malaisé que de se rendre compte de la portée historique d'un mouvement contemporain. La proximité des phénomènes ne permet pas d'en reconnaître les formes et les proportions. Le jugement historique exige avant tout le recul.

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Nous voyons aujourd'hui le socialisme dans tous les pays habités par des Européens ou des descendants d'émigrés européens ; en Asie il est le drapeau autour duquel se groupent tous les adversaires de la culture européenne. Si le socialisme continue d'exercer sa domination sur les esprits, tout le système de coopération de la culture européenne, laborieusement édifié au cours des siècles, s'effondrera à bref délai. Car l'ordre social socialiste est irréalisable. Tous les efforts tentés pour l'instaurer aboutissent à la destruction de la société. Les fabriques, les mines, les chemins de fer s'arrêteront ; les villes deviendront désertes. La population des régions industrielles sera condamnée à mourir ou à émigrer. Le paysan reviendra à l'économie domestique autarcique. Sans propriété privée des moyens de production, il n'existe plus qu'une production au jour le jour pour les besoins personnels de l'individu.


Quelles conséquences politiques et culturelles entraînerait une telle transformation, il est inutile de le décrire en détail. On pourrait voir de nouveau des tribus nomades venant des steppes de l'Orient sur des chevaux rapides traverser l'Europe en se livrant au pillage. Comment pourra-t-on leur résister dans un monde dépeuplé le jour où les armes héritées de la technique supérieure du capitalisme seront devenues inutilisables ?

C'est là une éventualité, mais il en existe également d'autres. Il pourrait se faire que le socialisme ne réussisse à se maintenir que dans certaines nations tandis que les autres retourneraient au capitalisme. Dans ce cas seules les nations socialistes seraient condamnées à la décadence ; les nations capitalistes continueraient de progresser dans la voie de la division du travail jusqu'à ce que, conformément à la loi qui pousse la société à englober le plus grand nombre possible d'êtres humains et la terre entière dans la division personnelle et géographique du travail, ces nations soient amenées à rendre à la civilisation les peuples arriérés ou à les anéantir en cas de résistance de leur part. L'histoire nous apprend que tel a toujours été le destin des peuples qui ne se sont pas engagés dans la voie de l'évolution capitaliste ou qui s'y sont arrêtés prématurément.


Il se peut aussi que nous ayons exagéré considérablement la signification du mouvement socialiste contemporain. Il n'a peut-être pas plus d'importance que n'en eurent au moyen-âge les attaques dirigées contre la propriété privée par les persécutions juives, le mouvement franciscain ou la réforme. Et le bolchevisme de Lénine ou de Trotsky n'est peut-être pas plus important que l'anabaptisme de Knipperdolling et Bockelson à Münster ; toutes proportions gardées il ne l'emporte pas davantage sur lui que le capitalisme moderne sur le capitalisme du XVIe siècle. Et de même que la civilisation a triomphé des attaques dirigées alors contre elle, il se peut aussi qu'elle sorte fortifiée et purifiée des troubles de notre temps.

La crise de la civilisation

La société est le produit de la volonté et de l'action. Or seuls les hommes peuvent vouloir et agir. Toute la mystique et tout le symbolisme de la philosophie collectiviste ne sauraient supprimer le fait qu'on ne peut parler qu'au figuré de pensée, de volonté et d'action de la collectivité, et que l'idée de groupements sentants, pensants, voulants et agissants est purement anthropomorphique. La société et l'individu s'impliquent réciproquement ; les groupements que le collectivisme suppose avoir précédé logiquement et historiquement les individus, étaient peut-être des troupeaux ou des hordes ; ils n'étaient en aucune façon des sociétés, c'est-à-dire des associations créées et maintenues par la coopération de créatures pensantes. Ce sont les hommes qui fondent la société en liant leurs actes individuels dans une coopération réciproque.

 

Le fondement et l'origine de la coopération sociale résident dans l'établissement de la paix qui consiste dans la reconnaissance réciproque de "l'état de propriété." L'institution légale de la propriété, et avec elle la législation et l'appareil de police qui en assure le maintien, est sortie de la possession de fait, établie par la force. Tout cela est sans doute l'oeuvre d'une volonté consciente de ses fins. Mais cette volonté ne vise que des buts proches et directs : elle ne connaît rien et ne peut rien connaître des conséquences lointaines. Les hommes qui fondent la paix et établissent des normes se préoccupent uniquement des besoins des heures, des jours ou des années à venir ; ils ne se rendent pas compte qu'ils travaillent en même temps à la construction de l'édifice grandiose et perfectionné qu'est la société moderne. C'est pourquoi les institutions particulières sur l'ensemble desquelles repose l'organisme social n'ont été créées qu'en vue d'une utilité immédiate. Chacune d'elles apparaît à ses créateurs comme nécessaire et utile ; mais sa fonction sociale leur demeure inconnue.

 

L'esprit humain ne parvient que lentement à la connaissance des rapports sociaux. La société lui apparaît d'abord comme une construction si mystérieuse et si inconcevable que pour en comprendre le devenir et la nature il continue encore à admettre l'existence d'une volonté divine présidant de l'extérieur aux destinées humaines alors même que la science lui a depuis longtemps appris à renoncer à cette conception. La "nature" de Kant, qui conduit l'humanité vers un but déterminé, "l'esprit universel" de Hegel et même "la sélection naturelle" de Darwin ne sont que les dernières grandes tentatives inspirées par cette méthode. C'est la philosophie sociale libérale qui, la première, a permis d'expliquer la société par l'action humaine sans recourir à la métaphysique. C'est elle qui la première a permis de comprendre la fonction sociale de la propriété privée. Elle ne se contente plus de voir dans la justice une catégorie donnée qui échappe à l'analyse, ou de la déduire du sentiment inexplicable de satisfaction qui accompagne l'acte juste ; elle en recherche l'explication dans les conséquences de l'action et dans le jugement de valeur porté sur ces conséquences.

 

La propriété était jadis considérée comme sacrée. Le libéralisme a renversé cette idole comme toutes les autres ; il a "rabaissé" la propriété au niveau de l'utilité terrestre. Elle n'est plus une valeur absolue ; elle n'a de valeur qu'en tant que moyen, c'est-à-dire en raison de son utilité. Sur le plan philosophique ce changement de point de vue ne soulève pas de difficultés particulières ; à une doctrine reconnue inadéquate se substitue une doctrine plus adéquate. Mais sur le plan de la vie et dans la conscience des masses une révolution aussi fondamentale ne peut s'opérer avec la même facilité. Ce n'est pas une petite affaire que la chute d'une idole que l'humanité a redoutée pendant des millénaires ; ce n'est pas pour l'esclave tremblant une petite affaire que l'acquisition soudaine de la liberté. Tous les principes qui jusqu'alors avaient force de loi parce que Dieu et la conscience l'ordonnaient, ne seront désormais valables que parce qu'on en aura soi-même décidé ainsi. La certitude fait place à l'incertitude ; le juste à l'injuste, le bien au mal, toutes ces notions commencent à vaciller. Les vieilles tables de la loi sont détruites ; l'homme doit désormais se donner à lui-même une loi nouvelle. C'est là une transformation qui ne peut s'accomplir dans le cadre des débats parlementaires. et des votes pacifiques ; une révision du code moral ne peut s'opérer sans un ébranlement profond des esprits et un violent déchaînement des passions. L'utilité sociale de la propriété privée ne peut être reconnue que si l'on est d'abord convaincu de la nocivité de tout autre système.

 

Que ce soit là l'essence de la grande lutte engagée entre le capitalisme et le socialisme, on s'en aperçoit clairement quand on se rend compte que le même processus s'opère dans d'autres domaines de la vie morale. Le problème de la propriété n'est pas le seul qu'on discute aujourd'hui ; il en va de même du problème du droit de verser le sang qui, sous diverses formes, en particulier sous la forme du problème de la paix ou de la guerre, préoccupe le monde entier. Mais c'est sur le terrain de la morale sexuelle que l'on voit le mieux s'opérer la transformation des vieux préceptes moraux. Les choses qui jadis étaient considérées comme tabou, les choses qu'on devait respecter pour des raisons d'ordre religieux n'ont de valeur aujourd'hui que dans la mesure où elles contribuent au bien-être de l'humanité. e cette transformation des principes sur lesquels sont fondées les valeurs ne pouvait manquer de conduire les hommes à examiner si les normes jusqu'alors en vigueur étaient véritablement utiles, ou s'il n'était pas possible de les abolir entièrement.

 

 

Le fait que l'équilibre moral n'a pas été atteint cause dans la vie intérieure de l'individu de graves troubles psychologiques qui sont bien connus du médecin sous le nom de névrose[1]. La névrose est la maladie caractéristique de notre époque de transition morale, d'adolescence spirituelle des nations. Dans la vie sociale la discorde se traduit par des erreurs et des conflits auxquels nous assistons avec horreur. De même qu'il est d'une importance décisive pour la vie de l'individu de savoir s'il réussira à sortir sain et sauf des troubles et des angoisses de l'adolescence ou s'il en gardera des traces qui entraveront l'épanouissement de ses facultés, de même rien n'est plus important pour la société humaine que de savoir comment elle supportera les épreuves du problème de l'organisation. D'une part un mouvement ascendant vers un lien social plus étroit entre les individus et par là même vers un bien-être supérieur ; d'autre part la ruine de la coopération sociale et par là même de la richesse sociale : telles sont les deux possibilités entre lesquelles nous avons à choisir. Il n'en existe pas de troisième.


Le grand débat social ne peut se dérouler que par la pensée, la volonté et l'action des individus. La société ne vit et n'agit que dans les individus ; elle n'est rien d'autre qu'une attitude déterminée de leur part. Chacun porte sur ses épaules une parcelle de la société ; personne ne peut être délivré par d'autres de sa part de responsabilité. Et aucun homme ne peut trouver pour lui un moyen de salut si la société, dans son ensemble, court à sa ruine. C'est pourquoi chacun doit dans son propre intérêt engager toutes ses forces dans la lutte des idées. Personne ne peut demeurer à l'écart et se considérer comme étranger au débat ; l'intérêt de chacun est en jeu. Qu'il le veuille ou non, tout homme est engagé dans la grande lutte historique, dans la bataille décisive en présence de laquelle notre époque nous a placés.


La société est l'oeuvre de l'homme. Elle n'a pas été créée par un dieu ou par une autre force obscure de la nature. Il dépend de l'homme, dans la mesure où le déterminisme causal des événements permet de parler de volonté libre, qu'elle continue à se développer ou qu'elle succombe. C'est une question d'appréciation personnelle que de savoir si la société est un bien ou un mal. Mais quiconque préfère la vie à la mort, le bonheur à la souffrance, le bien-être à la misère doit accepter la société. Et quiconque veut la société et son progrès doit, sans réserve et sans restriction, vouloir aussi la propriété privée des moyens de production.

 

Note

[1] Cf. Freund, Totem und Tabu, Vienne, 1913, pp. 62 sqq.

 

par Ludwig von Mises


Source: Le Socialisme - Étude économique et sociologique

Éditions M.-Th. Génin — Librairie de Médicis — Paris (1938)

traduit de l'allemand par Paul Bastier, André Terrasse et François Terrasse

 

Ludwig von Mises

De Wikiberal:

Ludwig von Mises (29 septembre 1881 Lemberg (aujourd'hui, Lviv) - 10 octobre1973 New York) est le représentant le plus éminent de l'École autrichienne d'économie. Il est considéré comme un des leaders de l'école autrichienne d'économie qui défend le capitalisme et le libéralisme classique. D'autres économistes notables, comme Friedrich Hayek ou Murray Rothbard ont clarifié, élargi et continué les enseignements de leur mentor.

e a un fondement réaliste plutôt que positiviste. Partant de prémisses empiriques générales, elle procède d'une analyse praxéologique et thymologique de la nature humaine et du concept de l'action humaine qui en découle.

Critique de la macroéconomie traditionnelle, qui analyse des grandeurs statistiques, des agrégats et des moyennes, Mises souligne le rôle prépondérant de la subjectivité en économie. Il insiste sur l'importance des opinions subjectives des individus dans la formation des phénomènes sociaux, sur les déséquilibres qui en découlent, et sur le rôle central de l'entreprise.

En accord avec la théorie de l'utilité marginale décroissante, il définit la valeur comme le degré d'importance attribué par un sujet à une quantité donnée d'un bien, dans les circonstances du moment.

En 1912, il publie sa Théorie sur la monnaie et le crédit, l'une de ses principales contributions à la pensée économique qui assied sa réputation en Europe. Il met déjà en garde contre la manipulation catastrophique de la masse monétaire, qui conduisit par la suite au Krach de 1929. Il explique que la loi de l'offre et de la demande s'applique aussi au pouvoir d'achat d'une monnaie, et lui confère son « prix ». Il était précautionneux de bien distinguer la monnaie de la quasi-monnaie (ou substitut à la monnaie)[2].

En 1922, dans son Socialisme, il prédit la chute du communisme, et explique pourquoi tout système de planification centrale est non seulement moins efficace que le libre-marché, mais doit nécessairement finir par s'écrouler. Selon Mises, le marché, non entravé par des interventions étatiques, produit un ordre spontané optimal qu'aucune organisation ou planification ne saurait atteindre. La « planification individuelle » est supérieure à toute planification collective.

Son œuvre théorique vise à réfuter le collectivisme et l'étatisme sous toutes leurs formes, tant modérées comme le keynésianisme, qu'anti-libérales : socialisme, communisme ou nazisme (il remarque à ce propos que le premier gouvernement européen a avoir appliqué presque toutes les mesures économiques d'urgence prônées par le Manifeste du Parti communiste est celui de Hitler). Mises n'en est pas moins minarchiste.

Mises est un partisan de l'étalon-or, parce qu'il soustrait la monnaie au contrôle de la politique et aux tendances inflationnistes de tous les gouvernements.

Friedrich Hayek et Murray Rothbard sont ses élèves les plus éminents.

 

Derrière la moralité de l’Etat, la recherche du fric...Entrepreneurs, il serait temps d'agir, osez la Liberté!

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C’est un Meetic d’un nouveau genre. Un Meetic fiscal.

L’annonce pourrait être la suivante : « Bruno Bézard, directeur général des finances publiques, cherche une vingtaine d’entreprise pour établir une relation de confiance ». Humour décalé ?

 

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Non, nous sommes en France et il n’y a pas d’humour avec le fisc :

« la relation de confiance » est très sérieusement le nom de la nouvelle politique de contrôle fiscal du gouvernement pour les entreprises.

 

 


 


Le principe de la « relation de confiance » : les entreprises, sur une base volontaire, seraient contrôlées en amont, avant leur déclaration, afin d’éviter tout contrôle fiscal a posteriori. En d’autres termes, les agents du fisc contrôleraient la gestion bilantielle des entreprises, effectueraient eux-mêmes de fait les déclarations d’impôt et bien entendu collecteraient aussi de nombreuses informations pour l’administration fiscale. Il y a un je-ne-sais-quoi de liberticide dans cette disposition.


« Nous souhaitons choisir une vingtaine d’entreprises » détaille Bruno Bézard, « dans l’idéal, ce seront cinq grandes entreprises et une quinzaine de petites, en variant les profils et les secteurs, et en ne choisissant que des groupes dont la moralité est incontestable. »

 

Ah la moralité ! Voilà le maître-mot d’un Etat qui pourtant ne s’embarrasse pas de morale pour matraquer fiscalement et appauvrir entreprises et contribuables.


Les nouveaux commissaires du Peuple gardiens de la morale fiscale

Cette relation de confiance n’est pas autre chose qu’un contrôle fiscal permanent. Non seulement les agents du fisc s’installeront dans la comptabilité des entreprises, mais en plus les entreprises devront mettre à la disposition des sbires de Bercy tous les documents fiscaux tels que les « consultations, avis et expertises » qu’elles auront pu demander à leurs avocats fiscalistes. Non seulement l’entreprise perd son management financier, mais elle ne peut plus demander de conseils fiscaux comme elle le veut sans que cela passe dans les mains des agents du fisc.

 

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Pour justifier un tel viol des affaires privées dans les entreprises privées, Bruno Bézard n’hésite pas à dire  que « nous demandons beaucoup car nous donnons beaucoup. » C’est étonnant : qu’il demande beaucoup, tout le monde sera d’accord, l’Etat demande même trop ! Mais qu’il affirme que l’administration donne beaucoup est très surprenant : on a beau chercher, on ne trouve pas ce que l’Etat donne, mis à part de coups de matraque fiscal.


En tout cas, l’Etat va donner des commissaires du Peuple d’un nouveau genre : ils devront certifier la moralité fiscale des entreprises. Les entreprises volontaires pour intégrer ces agents ne seront pas inquiétées, du moins elles l’espèrent. Quant à celles qui ne voudront pas se porter volontaires, elles se rendront suspect de fait. Cette mesure de moralisation, si elle est poursuivie, porte en elle les germes d’une mise en coupe réglée de l’entrepreneuriat français. Et il est à craindre en outre que le volontariat ne fasse place à l’obligation avant la fin du quinquennat.

 

 

 

 


Derrière la moralité de l’Etat, la recherche du fric

Ne nous laissons pas berner d’illusion : l’Etat, qu’il soit de droite ou de gauche, n’est pas moral. Si l’Etat ne reste pas dans ses seules et uniques prérogatives légitimes qui sont d’assurer la sécurité extérieure d’un pays, la sécurité intérieure en protégeant la propriété privée et de rendre la justice, il devient un danger objectif pour l’équilibre économique et social d’une nation. Son intervention dans tous les secteurs de la vie économique et sociale n’a pas de fin et surtout coûte très chers aux contribuables qui sont alors obligés de payer les coûts de fonctionnement des administrations mises en place soit disant pour assurer la justice sociale et la moralité.

Ces coûts exorbitants nous les avons : dette publique à 94,3% du PIB, dépenses publiques à 56,9% du PIB, prélèvements obligatoires à 46,5% du PIB, augmentation continue des impôts pour les particuliers avec dernièrement la hausse d’impôt sur les familles par la diminution du quotient familial, fiscalité des entreprises la plus excessives d’Europe avec plus de 36% de taux d’imposition, la liste est encore longue. L’Etat grève méthodiquement les salaires, les bénéficies des entreprises et le pouvoir d’achat de tous.

Soyons réaliste : lorsqu’un fonctionnaire comme Bruno Bézard ou qu’un fonctionnaire de formation comme François Hollande invoquent la moralité, c’est qu’ils ont en réalité besoin d’argent. Disons-le crûment pour que ce soit bien clair une fois pour toute : ce qui les poussent, c’est le fric, le pognon, l’oseille ! N’oublions jamais que leur salaire et leur train de vie sont financés par les entreprises et les contribuables.

 

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Le fiscalement correct

Alors que penser lorsque Bruno Bézard affirme que ce contrôle fiscal permanent « fait partie de l’effort de transparence » ? La transparence n’est qu’un prétexte pour ponctionner encore plus les entreprises, c’est tout. Toute une terminologie « fiscalement correct » s’est mise en place au fil des années, avec les termes « moralité », « transparence », « responsabilité sociale » et bien d’autres. Tous ces termes n’aboutissent qu’à une seule chose : essayer de justifier la spoliation des bénéfices des entreprises.


Le pire dans cette histoire est que les grands patrons et les chefs d’entreprises négocient là où ils devraient dire « Non ! » Ils oublient qu’ils sont bien plus forts que l’Etat. Ils oublient que ce sont eux les producteurs de richesses et non l’Etat. Ils oublient qu’ils ne doivent rien à l’Etat, mais que l’Etat leur doit tout, car l’Etat n’a rien en propre qu’il ne le prenne aux travailleurs et aux producteurs. Grands patrons et chefs d’entreprises sont tombés dans le piège du fiscalement correct et bon nombre aujourd’hui s’excusent de faire des bénéfices. Et il est à parier que, malheureusement, il y a aura d’entreprises volontaire pour le contrôle fiscal a priori que Bercy veut mettre en place.


La France s’engage dans un engrenage fiscal liberticide. Rien, absolument rien ne justifie la présence d’agent du fisc au sein de la comptabilité des entreprises. Il ne s’agit pas d’une relation de confiance, mais d’une confirmation de la méfiance de l’Etat vis-à-vis des entreprises

 

Par Benoîte TAFFIN

L’invention du contrôle fiscal permanent

Source:

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La chasse aux exportations par Henry Hazlitt

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La peur maladive des importations qui existe dans tous les pays n'a d'égale que leur désir maladif d'exporter le plus possible. En bonne logique rien n'est plus absurde. A la longue, importations et exportations doivent s'équilibrer (à condition, bien entendu, de prendre ces deux termes dans leur sens le plus large, qui couvre des sources de revenus aussi « invisibles » que le fret maritime et les dépenses faites par les touristes). Ce sont les exportations qui financent les importations et vice versa. Plus nous exportons, plus il nous faut importer, si nous voulons qu'on nous paie, et moins nous importons, moins nous pourrons exporter. Pas d'exportations sans importations car, sans elles, les étrangers n'auraient pas d'argent pour nous payer nos marchandises. Quand donc nous décidons de réduire nos importations, nous décidons, en fait, de restreindre également nos exportations, et quand nous décidons d'augmenter nos importations, nous décidons, en fait, d'augmenter aussi nos exportations.

 

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Sarkozy à la chasse au pétrodollars


L'explication de tout cela est simple. Lorsqu'un exportateur américain vend des marchandises à un importateur britannique, celui-ci le paye en livres sterling, mais cet Américain ne peut utiliser celles-ci pour régler le salaire de ses ouvriers, pour acheter des vêtements à sa femme, ou pour s'offrir des billets de théâtre. C'est de dollars américains qu'il a besoin, ses livres anglaises lui sont inutiles, à moins qu'il ne s'en serve pour l'achat des marchandises anglaises, ou qu'il ne les vende à un importateur américain qui les utilisera à cet effet. Qu'il fasse l'un ou l'autre, la transaction n'est complète que lorsque les marchandises exportées d'Amérique ont été payées par une quantité égalité d'importations.


La situation eût été la même si la transaction avait été effectuée avec des dollars américains au lieu de livres sterling. L'importateur britannique ne peut payer l'exportateur américain en dollars que si, antérieurement, un exportateur britannique s'est constitué chez nous un crédit en dollars en nous vendant préalablement des marchandises. En bref, le change international est une transaction par compensation grâce à laquelle, ici même, en Amérique, les dettes-dollars contractées par des étrangers sont payées par leur crédit en dollars. En Angleterre, les dettes en livres des étrangers sont payées par leur crédit en livres.


Point n'est besoin d'entrer dans les détails de cette opération, on les trouvera longuement développés dans n'importe quel bon ouvrage sur le change. Mais il convient d'insister sur le fait qu'elle n'a rien de mystérieux en soi, en dépit du mystère dont on l'entoure si souvent, et qu'elle ne diffère pas essentiellement de ce qui se passe sur le marché intérieur. Tous, tant que nous sommes, nous devons aussi vendre quelque chose pour nous procurer du pouvoir d'achat, même si pour la plupart d'entre nous, ce sont des services qu'il nous faut vendre plutôt que des marchandises. Le commerce intérieur consiste, dans l'ensemble, à compenser chèques et autres valeurs par l'intermédiaire des caisses de compensation.


Il est vrai que, grâce à la valeur internationale de l'or, la différence entre comptes crédits et comptes créditeurs peut s'équilibrer grâce à l'envoi d'or à l'étranger sous forme de lingots. Mais elle pourrait tout aussi bien se régler par des envois de coton, d'acier, de whisky, de parfums ou de toute autre marchandise. La principale différence est que la demande d'or peut être étendue presqu'à l'infini (en partie parce que l'or est considéré et accepté comme une monnaie internationale plutôt que comme une marchandise semblable à toute autre). Les nations n'élèvent aucune barrière à l'entrée de l'or alors qu'elles le font pour presque toutes les autres marchandises (par contre, ces derniers temps, elles ont pris l'habitude d'élever plus de barrières contre la sortie de l'or que contre celle de n'importe quelle autre marchandise, mais c'est là une autre histoire).


Or les mêmes esprits qui savent être lucides et sensés lorsqu'il s'agit d'une affaire de commerce intérieur se montrent étonnamment susceptibles et déraisonnables lorsque l'affaire devient internationale. En matière de commerce extérieur, ils sont capables de soutenir des théories et faire appel à des principes qu'ils jugeraient folie d'appliquer au commerce intérieur. Nous en avons un exemple typique dans cette idée que le Gouvernement devrait faire des prêts massifs aux pays étrangers afin de favoriser nos exportations, et cela sans se préoccuper de savoir si ces prêts ont ou non une chance d'être remboursés.


Il va de soi que tout citoyen américain doit avoir l'entière liberté de prêter son argent à l'étranger à ses risques et périls. Le Gouvernement ne doit élever aucune barrière arbitraire à ces prêts faits à titre privé et envers des citoyens de nations avec lesquelles nous ne sommes pas en guerre. Ne serait-ce que par humanité, nous devrions donner généreusement notre argent aux peuples dont la détresse est grande et qui sont en danger de mourir de faim. Mais il faut toujours avoir une conscience claire de ses actes. Ce n'est pas prudent de se montrer charitable envers des nations étrangères, tout en gardant l'idée qu'on effectue une transaction purement commerciale pour des motifs d'intérêt personnel. Que peut-il en résulter sinon frictions ou malentendus graves dans l'avenir ?


Pourtant, parmi les arguments développés pour nous inciter à faire des prêts massifs à l'étranger, il est rare qu'on ne rencontre pas cette théorie inexacte, à savoir que si la moitié ou même la totalité des prêts consentis à l'étranger n'est pas remboursée et devient ainsi une duperie, notre pays n'en aura pas moins fait une bonne affaire, car c'est, après tout, grâce à cet argent prêté qu'une vive impulsion aura été donnée à nos exportations.

Il est pourtant bien évident, et cela crève les yeux, que si les prêts consentis à des nations étrangères pour leur permettre de nous acheter des marchandises ne sont pas remboursés, cela revient à leur faire don de ces marchandises, et aucune nation ne peut s'enrichir en donnant ses biens, elle ne peut en vérité que s'appauvrir.


C'est là un fait que personne ne conteste dans les affaires privées. Si une maison d'automobiles prête 1 000 dollars à un client afin de lui permettre d'acheter une voiture, et que celui-ci ne paye pas sa dette, le commerçant ne s'est pas enrichi pour avoir « vendu » cette voiture. Il a tout simplement perdu la somme qu'elle a coûté à construire. Si la voiture n'a coûté pour sa fabrication que 900 dollars et si la moitié seulement du prêt est remboursée, le fabricant a perdu 900 – 500 = 400 dollars net. Il n'a pas compensé par un bénéfice commercial ce que lui a fait perdre un prêt imprudent.

Si c'est là une proposition évidente lorsqu'il s'agit d'une affaire commerciale privée, d'où vient que des gens apparemment intelligents ont soudain l'esprit obscurci lorsqu'il s'agit de l'appliquer à une nation ? La raison en est que la transaction demande alors à être suivie mentalement à travers quelques étapes supplémentaires. Un groupe peut alors faire des profits tandis que le reste de la communauté subit des pertes.


Il est vrai, par exemple, que des gens engagés exclusivement ou principalement dans le commerce d'exportation pourront enregistrer des bénéfices nets à la suite d'emprunts téméraires consentis à l'étranger, la perte pour l'ensemble du pays sera certaine, mais elle peut fort bien se répartir dans des secteurs difficiles à explorer. Tandis qu'un particulier qui a prêté de l'argent subit ses pertes directement, celles qui résultent d'un prêt fait par le Gouvernement à l'étranger ne se feront sentir que plus tard, sous forme d'une augmentation d'impôts que nous subirons tous. Et il y aura en outre de nombreuses pertes indirectes, conséquences des pertes directes subies par l'économie générale du pays.


A longue échéance, et à cause d'emprunts étrangers qui n'auront pas été remboursés, le commerce et les conditions de l'emploi en Amérique, loin de se trouver améliorés, seront rendus plus difficiles.

Chaque dollar, mis à la disposition de l'acheteur étranger pour acheter chez nous, sera soustrait au consommateur américain. Les affaires dont la prospérité dépend du commerce intérieur souffriront dans la mesure où le commerce d'exportation aura été avantagé, et même en ce qui concerne leur bénéfice réel, nombre d'entreprises qui exportaient subiront un préjudice. Par exemple, les maisons d'automobiles américaines vendaient, avant la guerre, environ 10 % de leur production sur les marchés étrangers. Cela ne leur servirait à rien de pouvoir doubler cette vente si, par suite de mauvais emprunts consentis aux nations étrangères, cela devait leur faire perdre, disons 20 % de leurs ventes à l'intérieur du pays, à cause des impôts exigés des citoyens américains pour compenser le non-remboursement de ces mauvais emprunts.

Cela ne veut pas dire, je le répète, qu'il n'est pas raisonnable de consentir parfois de tels prêts à l'étranger, cela signifie simplement que nous ne saurions nous enrichir en faisant des prêts hasardeux.


Pour la même raison qu'il est puéril de donner au commerce extérieur une impulsion factice à l'aide de prêts hasardeux, ou de dons purs et simples faits aux nations étrangères, c'est une politique enfantine que de donner au commerce d'exportation une impulsion factice en lui accordant des subventions. Pour ne pas répéter l'argumentation qui précède, je laisse au lecteur le soin d'analyser les effets d'une exportation subventionnée, comme je l'ai fait pour les emprunts hasardeux. Une subvention accordée à l'exportation équivaut tout simplement à un don gratuit fait à l'acheteur étranger, puisqu'on lui vend des marchandises moins cher qu'elles ne coûtent à produire. C'est une autre manière de prétendre s'enrichir en distribuant ses biens.


Les mauvais prêts et les subventions accordées à l'exportation sont des exemples de plus de l'erreur qui consiste à n'envisager que le résultat immédiat d'une politique économique pour certains groupes de l'économie, sans avoir la patience ou l'intelligence d'analyser les effets lointains de cette même politique sur l'ensemble du pays.


par Henry Hazlitt

Source: http://herve.dequengo.free.fr

 

 

Balance des paiements

De Wikiberal:

La balance des paiements est un document statistique élaboré sous forme comptable, élément de la comptabilité nationale, qui représente l'ensemble des flux monétaires qu'un pays entretient avec le reste du monde.

 

Le déficit commercial : un réel problème ? L'exemple américain

Un déficit commercial signifie que la valeur des importations d'un pays dépasse celle de ses exportations. Les États-Unis ont un déficit commercial avec le reste du monde presque sans interruption depuis 1971, déficit financé en grande partie par les investisseurs étrangers.

Les économistes n'ont de cesse de souligner la dépendance de l'économie américaine sur l'importation des capitaux, la surestimation de la valeur des actions, le surendettement des particuliers et des sociétés, la position unique des USA (grâce au rôle du dollar comme monnaie mondiale, qui permet de financer le déficit commercial par l'importation des capitaux), etc.

Il reste à savoir si ce déficit commercial est un réel problème. La loi des avantages comparatifs de Ricardo permet aux sociétés américaines de se spécialiser dans les secteurs où elles ont une forte valeur ajoutée et de laisser le reste aux sous-traitants étrangers.

D'après Charles Gave, la logique de la comptabilité nationale est sans intérêt, car en fait les sociétés américaines domicilient où elles le veulent ce déficit : « les marchés n’ont pas compris que nous sommes en train d’assister à la privatisation des balances commerciales. »

Le déficit commercial des États-Unis ne doit pas être confondu avec la dette publique des États-Unis, qui est un autre sujet de préoccupation.

 

Amener l'humanité à comprendre la nécessité de la propriété privée des moyens de production, le socialisme serait contraint de disparaître!

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Le Socialisme

Le destructionisme, Étude économique et sociologique

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La résistance des "profiteurs" du capitalisme

 

Selon Marx la position politique de tout individu est déterminée par la classe à laquelle il appartient et la position politique des classes par les intérêts de classe. La bourgeoisie se prononce nécessairement pour le capitalisme, inversement le prolétariat ne peut poursuivre la réalisation de son intérêt de classe, à savoir : sa libération de l'exploitation capitaliste, qu'en préparant les voies au système socialiste de la production. Ainsi se trouvent déterminées les positions de la bourgeoisie et du prolétariat dans la lutte politique. Parmi toutes les thèses de Marx, il n'en est peut-être pas une qui ait exercé une influence aussi profonde et aussi durable sur les théories politiques. Elle a trouvé créance bien au delà des milieux marxistes, on s'est habitué en général à considérer le libéralisme comme une doctrine exprimant les intérêts de classe de la bourgeoisie et du grand capitalisme. Quiconque professe des théories libérales apparaît comme un défenseur plus ou moins sincère d'intérêts particuliers contraires à l'intérêt général. Les économistes qui n'admettent pas la théorie de la valeur de Marx sont regardés comme "les gardes du corps spirituels du profit capitaliste ainsi que, le cas échéant, de la rente foncière"[1] : attitude à la vérité très commode parce qu'elle dispense de la façon la plus simple de toute discussion politique.


Rien ne montre mieux le succès qu'à rencontré partout cette conception des marxistes que le fait que les adversaires même du marxisme se la sont appropriée. Lorsqu'on déclare que le lutte contre le mouvement socialiste est avant tout, voire uniquement, l'affaire de la bourgeoisie et lorsqu'on s'efforce de constituer un front unique de tous les partis bourgeois contre le marxisme, on reconnaît par cela même que la défense de la propriété privée des moyens de production est un intérêt particulier à une classe déterminée, intérêt opposé à l'intérêt général. Ces adversaires à courte vue du socialisme ne remarquent pas qu'une bataille qui oppose dans la défense de ses intérêts particuliers une classe relativement peu nombreuse de possédants à une masse infiniment plus nombreuses de non-possédants est perdue d'avance et que la propriété privée est condamnée dès qu'on la considère comme un privilège des possédants. Quiconque le comprend ainsi a d'avance donné son assentiment à la pensée fondamentale du socialisme. Il ne saurait prétendre être un libéral. Le libéralisme exige la propriété privée, non dans l'intérêt des possédants, mais dans l'intérêt général ; il part de cette idée que le maintien de l'organisation sociale capitaliste est conforme non seulement à l'intérêt des possédants mais à l'intérêt de tous les membres de la société. Dans la communauté socialiste l'inégalité des revenus sans doute disparaîtrait ou serait très faible, mais étant donné qu'en raison du rendement moindre de la production socialiste la somme des biens à répartir serait beaucoup moins considérable, la part de chacun serait très inférieure à celle que reçoit aujourd'hui même le plus pauvre. Que ce raisonnement soit juste ou faux, c'est une autre question, mais c'est en cela que consiste le débat entre le socialisme et le libéralisme. Quiconque n'admet pas ce raisonnement condamne par cela même le libéralisme, mais on n'a pas le droit de le faire sans procéder tout d'abord à un examen des problèmes et à une critique de l'argumentation des partis.

 

 

 

 


En effet, la défense de la propriété privée et la lutte contre les tendance socialistes au nom des principes n'a rien à voir avec la défense des intérêts particuliers de certains entrepreneurs ou de tous les entrepreneurs. Celui qui estime que l'organisation socialiste apportera à tous la détresse et la misère ne conteste pas que la réalisation du socialisme, nuisible à tous, doive atteindre aussi les personnes qui sont aujourd'hui entrepreneurs ou capitalistes à supposer qu'elles assistent un jour à cette réalisation. A ce point de vue les possédants ont eux aussi intérêt à combattre le socialisme, mais leur intérêt n'est pas plus grand que celui de n'importe quel autre membre de la société et il est entièrement indépendant de leurs positions actuelles avantageuses. S'il était possible d'instaurer en un jour l'organisation socialiste on pourrait certes dire que ceux qui sont aujourd'hui entrepreneurs ou capitalistes ont un intérêt plus grand que les autres à la conservation de l'organisation sociale capitaliste parce qu'ils ont davantage à perdre. Encore que la misère qui frapperait tout le monde dût être la même, elle serait ressentie plus durement par ceux qui jouissaient auparavant d'un bien-être plus élevé. Mais la possibilité d'une réalisation si rapide du socialisme n'existe pas et même si elle existait, les entrepreneurs actuels, au moins dans les premiers temps en raison de leurs connaissances techniques et de leur aptitude à occuper les postes les plus importants, auraient encore une position privilégiée au sein de la communauté socialiste.


Il n'est pas possible à l'entrepreneur de se préoccuper du sort de ses petits-enfants et de ses arrière-petits-enfants. Car c'est précisément le caractère particulier de la propriété privée des moyens de production dans la société capitaliste qu'elle ne constitue pas un fonds produisant un revenu éternel mais qu'elle doit être sans cesse gagnée à nouveau. Le propriétaire foncier de la société féodale, en défendant le système féodal de la propriété n'assure pas seulement sa possession mais celle de ses enfants et de ses arrière-petits-enfants. L'entrepreneur de la société capitaliste sait fort bien que ses enfants et ses petits-enfants devront être capables de se défendre sans cesse contre de nouveaux concurrents s'ils veulent continuer à occuper une position dirigeante dans la production. S'il pense au destin de ses descendants et s'il veut assurer et consolider leurs possessions contre l'intérêt de la communauté, il doit se transformer en adversaire de la société capitaliste et demander que des restrictions de toutes sortes soient accordées à la concurrence. Même les méthodes du socialisme peuvent lui paraître constituer un moyen propre à atteindre ce résultat à la condition que le passage d'un régime à l'autre ne s'opère pas trop rapidement ; car dans ce cas on peut espérer que l'expropriation ne se fera pas sans indemnisation et qu'une rente sera assurée aux propriétaires dépossédés pour un temps plus ou moins long. Ainsi le souci de ses intérêts propres et ceux de ses descendants pourrait inciter l'entrepreneur à soutenir le socialisme plutôt qu'à le combattre. Tous les efforts qui ont pour but de s'opposer à la création et à l'accroissement des patrimoines, en particulier toutes les mesures tendant à restreindre la liberté économique devraient rencontrer son approbation comme étant de nature à consolider sous forme de rente et par l'élimination de nouveaux et ardents concurrents, un revenu qu'il est obligé, tant que la concurrence demeure libre, de gagner dans un combat quotidien [2].


Les entrepreneurs ont intérêt à se coaliser pour pouvoir présenter un front commun dans les discussions concernant les salaires qu'ils ont avec la classe ouvrière organisée en syndicats [3]. Ils ont intérêt à se coaliser pour imposer des droits de douanes et autres restrictions qui sont en opposition absolue avec la nature et le principe du libéralisme ou pour écarter les interventions du même ordre qui pourraient leur être dommageables. Mais ils n'on aucun intérêt particulier à combattre le socialisme et la socialisation en tant que tels et par là même le destructionisme. L'entrepreneur par définition doit toujours s'adapter aux conditions économiques du moment. Ce que l'entrepreneur désire ce n'est pas combattre le socialisme mais s'adapter à la politique qui tend au socialisme. On ne doit jamais attendre des entrepreneurs, ou de tout groupe particulier de la population, qu'ils fassent par intérêt particulier d'un principe d'intérêt général leur maxime d'action. Les exigences de la vie les contraignent à s'accommoder des réalités existantes et à en tirer le meilleur parti. Ce n'est pas le rôle de l'entrepreneur de mener la lutte politique contre le socialisme ; il s'efforce de s'adapter et d'adapter son entreprise aux conditions créées par les mesures socialisantes de façon à en tirer le profit maximum.

C'est pourquoi les associations d'entrepreneurs ou autres organismes ayant pour but à quelque titre la défense de leurs intérêts n'inclinent pas à mener de font la lutte contre le socialisme. L'entrepreneur, l'homme qui vit dans le présent, ne s'intéresse guère à une lutte séculaire. Ce qui importe pour lui c'est de s'adapter aux conditions du moment. L'organisation patronale n'a jamais pour but qu'une défense directe contre des revendications particulières des associations ouvrières. Elle combat aussi certaines mesures législatives déterminées comme par exemple certains projets fiscaux. En outre, elle accomplit même toutes les tâches qui lui sont confiées par la législation et l'administration dans tous les cas où, pour assurer au mouvement ouvrier destructioniste une influence sur l'économie, la collaboration du patronat organisé et du prolétariat organisé est requise. Elle demeure étrangère à la lutte d'idées menée en vue de conserver l'économie fondée sur la propriété privée des moyens de production. Le libéralisme lui est indifférent quand elle ne le combat pas ouvertement comme c'est le cas en matière de politique douanière.

Ce ne sont pas les associations patronales qui correspondent à l'image que la doctrine socialiste se fait des groupements d'intérêts, ce sont les associations agraires qui réclament des droits protecteurs ou les associations d'artisans qui, comme c'est le cas surtout en Autriche, luttent pour la suppression de la concurrence. Or il est clair qu'il ne s'agit pas là de luttes en faveur du libéralisme.

Il n'existe pas d'individus ni de classes dont les intérêts particuliers soient ceux du capitalisme. Le libéralisme est une politique de l'intérêt général, ce qui ne signifie pas qu'il exige que l'individu sacrifie ses intérêts personnels ; il lui demande seulement de tenir compte de la nécessité de créer une harmonie entre tous les intérêts particuliers qui doivent se fondre dans l'intérêt général. Aussi n'existe-t-il pas d'individus ou de groupes dont les intérêts seraient en dernière analyse mieux défendus par les socialisme que par la société reposant sur la propriété privée des moyens de production.


Mais si personne n'est en fin de compte véritablement intéressé à l'établissement du socialisme, il y a cependant assez de gens dont l'intérêt momentané est mieux défendu par une politique socialisante que par une politique libérale. Le libéralisme a combattu toutes les sinécures et dans ce but s'est efforcé de réduire au minimum le nombre des fonctionnaires. La politique interventionnisme entraîne la création de milliers d'emplois qui permettent de se laisser vivre en toute quiétude et sans excès de travail aux frais des autres membres du corps social. Toute étatisation, toute municipalisation, toute régie mixte attache par un lien d'intérêts des individus au mouvement qui combat la propriété privée. Le socialisme et le destuctionisme trouvent aujourd'hui leurs plus ardents partisans dans les millions de fonctionnaires que le retour à une économie plus libre atteindrait directement dans leurs intérêts personnels.

Autorité et violence

 

La conception selon laquelle la propriété privée est un privilège des possédants est un legs d'un passé révolu de l'histoire de la propriété. Toute propriété a été jadis fondée par l'occupation de biens sans maître. L'histoire de la propriété a traversé une période dans laquelle l'expulsion par la violence des propriétaires primitifs était la règle générale. On peut affirmer sans crainte qu'il n'existe pas la moindre parcelle de propriété foncière qui n'ait été acquise par la force. Le fait n'a à la vérité aucune importance pour la société capitaliste, étant donné que dans cette dernière la propriété doit être l'objet d'une acquisition sans cesse renouvelée dans le processus de la production. Mais comme les principes libéraux — tout au moins en Europe — ne sont encore nulle part appliqués intégralement et que partout subsistent encore, surtout dans la propriété foncière, des traces nombreuses des ancien rapports de violence, la tradition des propriétaires féodaux est demeurée vivante. Je "m'installe, donc je possède." Toute contestation du droit que je m'arroge est réduite par la force. C'est la politique que les Junkers allemands ont pratiquée à l'égard de la social-démocratie, on sait avec quel succès[4].

Les partisans de cette conception ne trouvent d'autre argument en faveur de la propriété privée des moyens de production que la violence : le droit du plus fort est le sel droit qu'ils admettent. Ils font étalage de leur force physique, se sentent forts dans leurs armures et croient pouvoir dédaigner tout autre argument. Ce n'est qu'au moment où ils commencent à douter de leur force qu'ils recourent à un nouvel argument n invoquant le droit acquis. Toute atteinte à leur propriété est une violation du droit qu'il faut éviter. Il est inutile d'insister sur la faiblesse d'une telle argumentation en face d'un mouvement qui prétend instaurer un droit nouveau. Elle est incapable de retourner une opinion hostile à la propriété. Ses bénéficiaires le constatent avec effroi et dans leur détresse ils adressent à l'Église une prière singulière : ils lui demandent de maintenir la misera plebs dans la modestie et l'humilité, de lutter contre l'avidité des masses et de détourner l'attention des non-possédants des biens terrestres vers les biens célestes [5]. Le peuple doit être entretenu dans le christianisme pour qu'il demeure à l'abri des convoitises. Le rôle qu'on prétend ainsi faire jouer à la religion est véritablement monstrueux. Elle doit servir à protéger les intérêts apparemment contraires à l'intérêt général d'un certain nombre de privilégiés. Que les véritables serviteurs de l'Église se soient révoltés contre une telle prétention et que les adversaires de l'Église y aient trouvé une arme efficace dans la lutte qu'ils ont menée pour secouer son joug, il n'y a là rien que de naturel. Mais ce qui est étonnant c'est que des membres de l'Église adversaires du socialisme, dans leurs efforts pour présenter autant que possible le socialisme comme enfant du libéralisme, de l'école libre et de l'athéisme aient pu adopter cette conception d'une Église au service du maintien du système de propriété existant. C'est le cas du jésuite Cathrein qui s'exprime ainsi : "Si l'on admet que tout finit avec cette vie, que la destinée de l'homme est semblable à celle de n'importe quel autre mammifère qui se vautre dans la fange, comment pourrait-on exiger des pauvres et des opprimés, dont la vie est un éternel combat, qu'ils supportent avec patience et résignation leur sort misérable et qu'ils voient sans se révolter les autres se vêtir de pourpre et de soie et faire chaque jour des repas fastueux ? Est-ce que le désir indestructible d'un bonheur parfait n'est pas ancré aussi dans le coeur du travailleur ? Si on lui enlève toute espérance dans un au-delà meilleur, de quel droit voudrait-on l'empêcher de chercher ici-bas son bonheur dans la mesure du possible et d'exiger impérieusement sa part des biens de ce monde ? N'est-il pas un homme, au même titre que l'employeur ? Pourquoi les uns seraient-ils condamnés à passer leur vie dans le besoin et la pauvreté, tandis que les autres nageraient dans l'abondance, puisque tous ont la même nature et qu'il est impossible à leur point de vue de leur donner une raison qui explique pourquoi les biens de ce monde devraient appartenir aux uns plutôt qu'aux autres ? Si la conception athéiste et naturaliste est vraie, alors le socialisme a raison de réclamer une répartition aussi égale que possible des biens et des joies de la terre, et de dire qu'il est inadmissible que les uns vivent sans peine au milieu des plaisirs dans les palais tandis que les autres croupissent dans des trous de caves et des mansardes et peuvent à peine gagner leur pain quotidien au prix du travail le plus exténuant." [6] Admettons que tout cela soit vrai, que la propriété privée soit un privilège des possédants, que ce qu'ils aient en plus les autres l'aient en moins, que les uns meurent de faim dans des taudis misérables parce que les autres habitent des palais et vivent dans la débauche : Cathrein pense-t-il que ce soit la mission de l'Église de maintenir un semblable état de choses ? De quelque façon qu'on interprète les théories sociales de l'Église, il est impossible d'en conclure que son fondateur ou ses successeurs l'aient conçue comme un moyen de défendre des institutions sociales injustes et préjudiciables à la plus grande partie de l'humanité. Et il y a longtemps que le christianisme aurait disparu de la surface de la terre s'il était réellement ce qu'avec beaucoup de ses ennemis les plus acharnés, Bismarck et Cathrein ont vu en lui : le garde du corps d'une institution sociale nuisible aux masses.


On ne peut vaincre l'idée socialiste ni par la violence, ni par l'autorité, car la violence et l'autorité sont du côté du socialisme et non de ses adversaires. Quand de nos jours les canons et les fusils entrent en action, ils combattent pour le syndicalisme et le socialisme, et non contre eux, car l'immense majorité de nos contemporains est imprégnée de l'esprit du syndicalisme ou du socialisme. Et si de nos jours une autorité peut être établie, ce n'est certainement pas celle du capitalisme, car les masses ne croient pas en lui.

 

La lutte des idées

 

C'est une erreur de croire que les expériences malheureuses que l'on a faites du socialisme peuvent aider à les vaincre. Les faits en eux-mêmes ne suffisent pas à rien prouver ou réfuter ; tout dépend de l'interprétation qu'on en donne, c'est-à-dire des idées et des théories.

Les partisans du socialisme continueront à attribuer à la propriété privée tous les maux de ce monde et à attendre le salut du socialisme. Les échecs du bolchevisme russe sont attribués par les socialistes à toutes les causes possibles, excepté à l'insuffisance du système. A leur point de vue le capitalisme seul est responsable de toutes les misères dont le monde a souffert au cours de ces dernières années. Ils ne voient que ce qu'ils veulent voir et feignent d'ignorer tout ce qui pourrait contredire leur théorie.

On ne peut vaincre des idées que par des idées. Seules les idées du capitalisme et du libéralisme peuvent triompher du socialisme. Seule la lutte des idées peut permettre d'aboutir à une décision.

 

Le libéralisme et le capitalisme s'adressent à la froide raison, et progressent selon la stricte logique, en écartant délibérément tout appel au sentiment. Le socialisme, au contraire, cherche à agir en suscitant des passions ; il essaie de faire violence à la réflexion logique en excitant le sens de l'intérêt personnel et de couvrir la voix de la raison en éveillant les instincts les plus primitifs.

Cette méthode semble déjà donner l'avantage au socialisme en ce qui concerne les hommes d'un niveau intellectuel supérieur, la minorité capable de réflexion personnelle. Vis-à-vis des autres, des masses incapables de pensée, sa position paraît inattaquable. L'orateur qui excite les passions des masses semble avoir plus de chances de succès que celui qui tente de s'adresser à leur raison. Aussi le libéralisme paraît-il avoir bien peu d'espoir de triompher dans la lutte contre le socialisme.

Mais ce point de vue pessimiste méconnaît entièrement l'influence que la réflexion calme et raisonnable peut exercer sur les masses ; il exagère énormément la part qui revient aux masses et par là même à la psychologie des foules dans la naissance et la formation des idées dominantes d'une époque.

 

 

C'est un fait exact que les masses ne pensent pas. Mais c'est là précisément la raison pour laquelle elles suivent ceux qui pensent. La direction spirituelle de l'humanité appartient au petit nombre d'hommes qui pensent par eux-mêmes ; ces hommes exercent d'abord leur action sur le cercle capable d'accueillir et de comprendre la pensée élaborée par d'autres ; par cette voie les idées se répandent dans les masses où elles se condensent peu à peu pour former l'opinion publique du temps. Le socialisme n'est pas devenu l'idée dominante de notre époque parce que les masses ont élaboré puis transmis aux couches intellectuelles supérieures l'idée de la socialisation des moyens de production ; le matérialisme historique lui-même, quelque imprégné qu'il soit de "l'esprit populaire" du romantisme et de l'école historique du droit, n'a jamais osé avancer une telle affirmation. L'âme des foules n'a jamais produit d'elle-même autre chose que des massacres collectifs, des actes de dévastation et de destruction[7]. Or l'idée socialiste a beau n'aboutir dans ses effets qu'à la destruction, il n'en demeure pas moins que c'est une idée. Il a donc fallu que quelqu'un la conçoive, et ce n'a pu être l'oeuvre que de penseurs isolés. Comme toute autre grande idée, le socialisme a pénétré dans les masses par l'intermédiaire de la classe intellectuelle moyenne. Ce n'est pas le peuple, ce ne sont pas le masses qui ont été gagnées les premières au socialisme et d'ailleurs même aujourd'hui les masses ne sont pas à proprement parler socialistes, elles sont socialistes agraires et syndicalistes. - : ce sont les intellectuels. Ce sont eux, et non les masses, qui sont les supports du socialisme [8]. La puissance du socialisme est, comme toute autre puissance, d'ordre spirituel, et elle trouve son soutien dans des idées ; or les idées viennent toujours des chefs spirituels et ce sont ces derniers qui les transmettent au peuple. Si les intellectuels se détournaient du socialisme, c'en serait fait de sa puissance. Les masses sont incapables à la longue de résister aux idées des chefs. Il est certes des démagogues qui pour se pousser en avant sont prêts contrairement à leur propre conviction à présenter au peuple des idées qui flattent ses bas instincts et qui sont susceptibles par cela même d'être bien accueillies. Mais à la longue les prophètes qui au fond d'eux-mêmes sont conscients de leur fausseté sont incapables de résister aux attaques d'hommes sincèrement convaincus. Rien ne saurait corrompre les idées. Ni l'argent, ni aucune autre récompense ne peuvent recruter des mercenaires capables de lutter contre elles.

La société humaine est une construction de l'esprit. La coopération sociale est tout d'abord pensée et seulement ensuite voulue et réalisée en fait. Ce ne sont pas les forces productives matérielles, ces entités nébuleuses et mystiques du matérialisme historique, ce sont les idées qui font l'histoire. Si l'on pouvait vaincre l'idée du socialisme et amener l'humanité à comprendre la nécessité de la propriété privée des moyens de production, le socialisme serait contraint de disparaître. Tout le problème est là.


La victoire de l'idée socialiste sur l'idée libérale n'a été rendue possible que par la substitution à la conception sociale, qui considère la fonction sociale de chaque institution et le fonctionnement de l'ensemble de l'organisme social, d'une conception asociale qui en envisage séparément les diverses parties.


Le socialisme voir des affamés, des chômeurs, des riches, exerce une critique fragmentaire ; le libéralisme ne perd jamais de vue l'ensemble et l'interdépendante des phénomènes. Il sait fort bien que la propriété des moyens de production n'est as capable de transformer le mode en un paradis. Il s'est toujours borné à affirmer que la société socialiste est irréalisable et par conséquent moins apte que la société capitaliste à assurer à tous le bien-être.

Personne n'a plus mal compris le libéralisme que ceux qui se sont prétendus libéraux au cours des dernières années. Ils se sont crus obligés de combattre les "excroissances" du capitalisme, adoptant ainsi la conception sans scrupules, la conception asociale qui est propre au socialisme. Une organisation ne comporte pas d' "excroissance" qu'on puisse supprimer à son gré. Si un phénomène est la conséquence du fonctionnement du système social reposant sur la propriété privée des moyens de production, aucune considération morale ou esthétique ne permet de le condamner. La spéculation qui est inséparable de l'activité économique même dans une société socialiste ne saurait être condamnée sous la forme propre qu'elle revêt dans la société capitaliste parce que le moraliste méconnaît sa fonction sociale. Les disciples du libéralisme n'ont pas été plus heureux dans leurs critiques du système socialiste que dans leur étude de la nature de l'ordre social capitaliste. Ils n'ont pas cessé de déclarer que le socialisme est un idéal noble et élevé vers lequel on devrait tendre s'il était réalisable ; malheureusement il n'en est pas ainsi parce qu'ils ne le sont pas en réalité. On ne voit pas comment on peut affirmer que le socialisme ait une supériorité quelconque sur le capitalisme, si l'on n'est pas capable de montrer qu'il fonctionnerait mieux que le capitalisme en tant que système social. On pourrait tout aussi bien affirmer qu'une machine construite sur le principe du mouvement perpétuel serait meilleure qu'une machine fonctionnant selon les lois de la mécanique mais que par malheur une telle machine ne saurait exister. Si la conception du système socialiste renferme une erreur qui l'empêche de produire ce qu'il est censé devoir produire, il n'est pas possible de comparer le socialisme au système capitaliste qui, lui, a fait ses preuves ; on n'a pas le droit dès lors de le qualifier de plus noble, plus beau ou plus juste.

Le socialisme n'est d'ailleurs pas irréalisable seulement parce qu'il exige des hommes plus nobles et moins égoïstes. Ce livre s'est proposé entre autre objet de montrer qu'il manque à la communauté socialiste ce qui est avant tout indispensable à tout système économique complexe qui ne vit pas au jour le jour mais qui travaille selon les procédés complexes de la technique moderne : à savoir : la possibilité de compter, c'est-à-dire de procéder rationnellement. Si cette vérité était connue de tous, les idées socialistes disparaîtraient de l'esprit de tous les hommes raisonnables.


Nous avons montré dans les chapitres précédents la fausseté de l'opinion selon laquelle l'avènement du socialisme serait inéluctable parce que l'évolution de la société y conduirait nécessairement. Si le monde s'achemine vers le socialisme, c'est parce que l'immense majorité des hommes le veulent ; et ils le veulent parce qu'ils considèrent le socialisme comme une forme d'organisation sociale assurant un bien-être supérieur. Que cette opinion vienne à se modifier et c'en sera fait du socialisme.

 

Notes

[1] C'est par exemple ce que fait Kautsky (cité par Georg Adler, Die Grundlagen der Karl Marxschen Kritik der bestehenden Volkswirtschaft, Tübingen, 1887, p. vii).

[2] "Beaucoup d'ouvriers et non les meilleurs préfèrent le travail payé à la journée au travail payé à la tâche. Beaucoup d'entrepreneurs et non les meilleurs préféreraient les conditions qu'ils espèrent pouvoir obtenir d'un État socialiste à celles que leur fait un régime de libre concurrence. Sous ce régime les entrepreneurs sont des "fonctionnaires payés à la tâches" ; avec une organisation socialiste ils deviendraient des "fonctionnaires payés à la journée." Cf. Pareto, Cours d'Économie Politique, op. cit., II, p. 97. Remarque.

[3] Cf. Hutt, The Theory of Collective Bargaining, op. cit., pp. 25 sqq.

[4] Pour le junker, le maintien de la propriété privée importe moins en tant que droit de disposer des moyens de production qu'en tant que titre assurant un certain revenu déterminé. Aussi le socialisme d'État qui lui assurerait la conservation de son revenu privilégié l'a-t-il gagné facilement à sa cause.

[5] Telle était par exemple la conception de Bismarck ;cf. son discours au Landtag du 15 juin 1847 Fürst Bismarck Reden, éd. par Stein, t. I, p. 24.

[6] Cf. Cathrein, Sozialismus, 12e et 13eéd., Fribourg, 1920, pp. 347 sqq.

[7] Cf. Maciver, Community, Londres, 1924, pp. 79 sqq.

[8] Il va sans dire que ces remarques s'appliquent aussi au peuple allemand ; presque tous les intellectuels en Allemagne sont partisans du socialisme : du socialisme d'État ou, comme on a coutume de dire aujourd'hui, du nationalisme dans les milieux nationalistes ; du socialisme d'Église dans les milieux catholiques de la social-démocratie ; ou du bolchevisme dans les autres milieux.

 

par Ludwig von Mises

 

Éditions M.-Th. Génin — Librairie de Médicis — Paris (1938) La lutte contre le destructionisme.

Source: http://herve.dequengo.free.fr

DETTE: Le connu fin 2012, 1 833,8 milliards d’€ et "l'inconnu" 3 090 milliards d’€ !

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Un rapport de la Cour des comptes vient rappeler que les engagements de la France ne se limitent pas à sa dette financière, qui s’élevait à la fin 2012 à 1 833,8 milliards d’euros — soit 90,2 % du PIB.

 

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À cette dette déjà considérable qui est attestée s’ajoutent une masse d’engagements financiers divers, qui recouvrent des obligations éventuelles « dont les horizons temporels et les risques potentiels sont très variables», pour reprendre les termes de la Cour.

 

 

 

 

 

En raison de leur caractère incertain, ils ne figurent pas dans le bilan de l’État mais sont néanmoins susceptibles d’avoir « un impact significatif sur sa situation financière». Ces engagements représentent 3 090 milliards d’euros, soit une fois et demie le PIB français.


Comptabilisés avec précision depuis 2006, ils n’ont cessé d’augmenter. Les retraites des fonctionnaires représentent à elles seules plus de la moitié de ce hors-bilan : 1 679 milliards d’euros. On y trouve aussi les garanties données par l’État à divers emprunts contractés par des entreprises comme Dexia ou PSA Finance ou par des organismes publics, ou encore sa garantie donnée à une partie de l’épargne des Français. Depuis le déclenchement de la crise financière, l’encours des dettes garanties a triplé passant de 56 milliards d’euros en en 2006 à 163 milliards en 2012. Pour la seule année 2012, les garanties données pour la Grèce et les banques espagnoles ont été portées à 58,1 milliards. Parmi ces engagements hors bilan, il faut aussi compter les garanties données par la Coface pour le commerce extérieur, comme les garanties de chan ge ou l’assurance prospection.


Ces engagements, en dehors de ceux contractés pour les retraites, ne seront pas nécessairement mis en jeu. Ils constituent néanmoins un risque réel regardé avec attention par les agences de notation, notamment en cas de dégradation de la situation économique en Europe. En cumulant les dettes certaines et les dettes potentielles, c’est donc près de 5 milliards d’euros que l’État pourrait avoir à décaisser à plus ou moins brève échéance. Raison de plus pour, comme le recommande la Cour des comptes, justifier d’une surveillance plus stricte qu’autrefois.

 

La dette cachée de la France

Par

David Victoroff

 

Source: Valeurs actuelles

 

 

 

 

Pour information:
La Cour des comptes a rendu public, le 12 février 2013, son rapport public annuel (RPA). Ce rapport se compose de trois tomes. Le premier comporte les observations et recommandations de la Cour et des chambres régionales et territoriales des comptes (CRTC). Le deuxième est consacré aux suites données par les institutions et organismes contrôlés aux observations et recommandations formulées les années précédentes. Le dernier tome présente de façon synthétique les activités de la Cour et des CRTC en 2012.

Composition du RPA 2013
Les finances publiques

 

Composition du RPA 2013

Le rapport public annuel  comprend trois tomes :

- le tome I, constitué de deux volumes, expose les observations et recommandations tirés d’une sélection de contrôles, d’enquêtes et d’évaluations réalisés en 2012 par la Cour, les chambres régionales ou territoriales des comptes (CRTC), ou conjointement par la Cour et les CRTC ;

- le tome II est consacré aux suites données par les collectivités, administrations et autres organismes contrôlés aux observations et recommandations formulées les années précédentes. Les nouveaux contrôles sont répartis en trois catégories. La première rassemble les recommandations précédentes qui ont été entièrement suivies ou presque. La deuxième, celles où la Cour juge que la prise en compte a été insuffisante. La dernières celles qui présentent des dérives persistantes ;

- le tome III synthétise les activités de la Cour et des CRTC durant l’année 2012.

Le rapport annuel de la Cour de discipline budgétaire et financière(CDBF) est annexé à ces trois tomes.

 

Les finances publiques

La Cour fait deux constats sur la situation des finances publiques. Le premier est que le redressement des comptes entamé en 2011 a progressé en 2012 mais qu’une partie importante du chemin reste à faire. C’est pourquoi l’effort entrepris doit être poursuivi. Le deuxième constat est que les mesures annoncées pour 2013 représentent un effort considérable et même sans précédent. Cependant, l’objectif de déficit effectif de 3 % n’a que peu de chances d’être atteint, en raison notammentd’un niveau de croissance vraisemblablement inférieur aux prévisions.  

La Cour insiste pour que l’effort structurel programmé en 2013 soit effectivement réalisé. Elle précise qu’il faut faire porter l’intégralité de l’effort de redressement jusqu’au retour à l’équilibre sur la seule maîtrise des dépenses.

 

 

Consulter le RPA 2013, ses synthèses et le discours du Premier président

Visionner l'audition du Premier président par la commission des Finances du Sénat le 27 février 2013

Consulter le rapport d’activité de la Cour de discipline budgétaire et financière

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