Il n'a pas la clef de la porte principale extérieure, celle de la Liberté. Malheureusement il n'a qu'un passe pour l'intérieur, la clef égalité, encore que des serrures lui fassent faux bond au sein des extrémités de son palais.
Incapable de représenter la France, d’empêcher son déclin économique et d’éviter son abaissement politique, François Hollande fait honte, y compris à ses électeurs.
Il est des anniversaires que l’on se passerait de célébrer. Mais il faut tout de même les marquer, ne serait-ce que d’une pierre noire, pour ne pas oublier à quel point la démagogie est la pire maladie de nos démocraties. Voici donc un an, à peine plus de 51 % des Français (mais seulement 48 % des votants) ont décidé d’élire François Hollande à la magistrature suprême. Un score sans adhésion, sans enthousiasme et sans enchantement. Un score si étriqué qu’il explique peut-être pourquoi, un an plus tard, l’élu n’a toujours pas enfilé les habits de président de la République. Il n’en a toujours pas la stature, ni l’autorité et encore moins la volonté.
Ses amis disent de lui que François Hollande est resté « un simple conseiller général ». Cela peut paraître cruel, irrespectueux, voire insolent. En fait, c’est triste, angoissant et même effrayant. Ce président n’est pas seulement englué dans ses contradictions, encalminé dans son indécision et paralysé dans son ambiguïté. Il a montré qu’il est incapable de représenter la France à l’étranger. Il a fait la preuve de son inaptitude à jouer un rôle sur la scène européenne. Pire, il a prouvé son incompétence à rassembler les Français, à décrisper la société et à apaiser le pays.
Non, il ne faut pas avoir peur de le dire. Ce président fait honte à une très grande majorité de nos concitoyens, y compris certains de ceux qui l’ont élu et qui s’en mordent les doigts. Il leur fait honte lorsqu’il nomme, semaine après semaine, ses amis les plus proches aux postes essentiels de la République. Il fait honte lorsqu’il délègue un ministre aux obsèques de Hugo Chávez en ignorant délibérément la disparition de Margaret Thatcher. Il fait honte lorsque, au dernier sommet européen, il fait tapisserie dans l’antichambre, en attendant que David Cameron et Angela Merkel règlent les détails du budget de l’Union. Il fait honte lorsqu’il déploie sa maigre énergie à détricoter tout ce que Nicolas Sarkozy a réussi, comme si son seul but était de régler un compte personnel avec son prédécesseur.
Bien sûr, François Hollande bénéficie de la légitimité du suffrage universel, que personne ne saurait lui contester. Mais il est désormais une sorte de « roi nu » qui s’agite dans un théâtre d’ombres dirigeant avec sa clique un « pays légal » totalement coupé du « pays réel ». Au point qu’après moins d’un an d’exercice du pouvoir, il est bunkerisé à l’Élysée. Il a annulé tous ses déplacements dans la France profonde. Il a oublié les ouvriers de Florange à qui il avait tant promis. Il n’a plus de contact avec le monde paysan. Il est snobé par les entrepreneurs, qui ne supportent plus de ne pas être écoutés. Il vit reclus dans cette fastueuse résidence de la Pompadour, sans contact avec les élus, les citoyens, les patrons et même les artistes, qui n’osent plus se compromettre avec lui. Et le voilà maintenant caricaturé, comme Louis XVI réparant ses serrures pendant que le peuple gronde.
A l’étranger, les jugements sont encore plus sévères. Une grande chaîne de télévision américaine l’a récemment décrit comme un « lapin ébloui par les phares ». La presse britannique ou allemande ne sait plus si ce que qui se passe en France est encore une mauvaise farce ou une tragédie. Et même les médias russes n’en reviennent pas de ce président qui est parvenu en quelques semaines à casser tous les liens que Nicolas Sarkozy avait recréés avec ce géant incontournable sur le plan géopolitique, énergétique et maintenant industriel. Même la presse marocaine l’a cloué au pilori après les gaffes qu’il a faites pendant un récent voyage d’État. Il n’y a guère qu’à Tombouctou que François Hollande soit populaire. Du moins pour le moment !
Oui, ce président nous fait décidément honte.
Lui qui veut moraliser la vie politique pour faire oublier l’incroyable scandale Cahuzac se refuse à faire une déclaration d’ISF commune avec sa concubine.
Lui qui assurait, lors du débat télévisé qui l’a opposé à Nicolas Sarkozy, qu’il ferait en sorte que son comportement serait « en chaque instant exemplaire », insulte un jour les catholiques, bafoue un autre jour l’héritage chrétien du pays avant de faire tabasser et gazer des opposants pacifiques au funeste texte du mariage gay.
Lui qui prétendait être un président normal vit comme un monarque, protégé par un nombre record de gendarmes mobiles, entre le pavillon de la Lanterne et le fort de Brégançon. Au point d’exaspérer ses propres amis de la gauche caviar, comme l’humoriste Gad Elmaleh qui a tweeté à ses fans, le 13 octobre dernier, cette réflexion de bon aloi :
« Monsieur le président normal ! La France a mal et c’est pas normal. Alors devenez anormal ou faites moins mal. Parce que là vous faites tout mal. »
kerdrel@valmonde. fr