National Intelligence Council Global Trends The National Intelligence Council's (NIC) Global Trends Report engages expertise from outside government on factors of such as globalization, demography and the environment, producing a forward-looking document to aid policymakers in their long term planning on key issues of worldwide importance. Since the first report was released in 1997, the audience for each Global Trends report has expanded, generating more interest and reaching a broader audience that the one that preceded it. A new Global Trends report is published every four years following the U.S. presidential election. Global Trends 2030: Alternative Worlds Global Trends 2030 is intended to stimulate thinking about the rapid and vast geopolitical changes characterizing the world today and possible global trajectories over the next 15 years. As with the NIC’s previous Global Trends reports, we do not seek to predict the future—which would be an impossible feat—but instead provide a framework for thinking about possible futures and their implications. In-depth research, detailed modeling and a variety of analytical tools drawn from public, private and academic sources were employed in the production of Global Trends 2030. NIC leadership engaged with experts in nearly 20 countries—from think tanks, banks, government offices and business groups—to solicit reviews of the report.
This edition of Global Trends is most widely disseminated in its history. The report is available for the most popular content platforms and e-readers as well as
via PDF. Brief talking points are available here.
Visit the NIC's Global Trends 2030: Alternative Worlds Hub Page for additional information on live events, multimedia content and more.
Pour vous, et pour moi aussi jusqu’ à récemment, la CIA (Central Intelligence Agency) était un organisme mystérieux fermé à toute publication ; eh
bien, détrompons-nous : non seulement la CIA a un site Internet, mais encore on peut y trouver des informations très intéressantes pour tous ceux qui veulent comprendre le monde d’aujourd’hui et
de demain ...
Ainsi, cette vénérable institution vient de publier, sous le timbre de son « Conseil national de l’intelligence » (eh oui !) une étude passionnante
intitulée « Global trends 2030 », comme elle avait publié il y a 5 ans une autre étude ciblée sur 2025, et il ya dix ans sur 2020 ... et tout cela est disponible sur Internet, sauf la dernière
édition qu’on peut aborder grâce à une (mauvaise) traduction française. (« Le monde en 2030 vu par la CIA », éditions des équateurs, janvier 2013).
La méthode est toujours la même : la CIA désigne deux ou trois « chefs de projet » parmi les plus prestigieux des chercheurs du monde entier, ou du
moins des Etats Unis ; ces derniers s’entourent eux-mêmes des meilleurs « stratèges » mondiaux, et pas seulement américains ni occidentaux, concernant
les grands problèmes du monde actuel ; ils tiennent des journées de travail dans toutes les grandes régions du monde, depuis l’Inde et l’Afrique du
Sud jusqu’à la Hongrie et le Chili, et il en sort un rapport très argumenté, agrémenté d’un résumé très bien fait d’une dizaine de pages qui vous évitera de lire le texteentier si vous êtes pressé ou si vous lisez diffici lement l’Anglais ;GLOBECO vous offre une autre solution : lire cet article, qui résume ces deux rapports.
Quelles sont donc les grandes tendances (trends) qui marqueront le monde de 2020, de 2025 et de 2030
?
A – Examinons d’abord le rapport 2020.
1 - Première « mégatendance » (megatrend) : la mondialisation
• Sans aucun doute, c’est la mondialisation qui sera la marque principale du monde de 2020, dans la mesure où elle influencera tous les autres
aspects ; cette mondialisation est considérée comme inéluctable, sauf guerre ou crise économique majeure, et elle aura des conséquences bénéfiques : en particulier, la création mondiale de
richesses devrait être supérieure en 2020 de 80% par rapport ce qu’elle est aujourd’hui, mais elle ne sera pas uniformément répartie et des régions entières comme l’Afrique subsaharien ne
resteront à la traîne.
• Les auteurs du rapport considèrent que cette croissance supplémentaire et très importante pourra se faire sans que se posent des problèmes
insupportables de disponibilité en énergie ou d’environnement : les chercheurs et les industriels seront dans ces domaines plus efficaces que les gouvernements.
• Autre point fort du rapport : les pays qui profiteront le plus de la mondialisation seront ceux qui sauront mettre en œuvre et développer les
nouvelles technologies de l’information, mais plus encore les biotechnologies et les nanotechnologies.
• Les lecteurs de GLOBECO n’auront aucune peine à suivre les auteurs du rapport sur ce premier point : GLOBECO a été créé il y a près de 10 ans
en partant de l’idée que la mondialisation serait la tendance majeure du début du 21ème siècle.
2 – Deuxième grande tendance des années qui viennent: l’émergence de la Chine et de l’Inde.
• Le 21ème siècle sera celui de l’Asie, comme le 20ème a été celui des Etats Unis, et la mondialisation sera de moins en moins occidentale et de
plus en plus asiatique : telle est la conviction denos auteurs, non seulement pour des raisons démogra phiques, maisaussi parce que la Chine et
l’Inde auront acquis en 2020 unepuissance économique, financière, technologique et militaire telleque ces deux pays surpasseront, par exemple, n’impo rte quel payseuropéen en influence et en
pouvoir.
• Le rapport indique également que le Brésil et l’Indonésie pourraient être les grands gagnants du bouleversement mondial des années à venir ;
par contre, l’Union européenne, la Russie et le Japon devraient perdre de l’influence dans le grand jeu mondial, notamment du fait de leur déclin démographique.
• Le résultat devrait être un bouleversement complet des notions qui sont aujourd’hui les nôtres concernant les rapports Nord-Sud, Est Ouest,
pays alignés et non alignés, pays développés et pays en développement : un nouveau monde est en train de naître sous nos yeux!
• Pourtant, en 2020, une réalité existera toujours : la prépondérance des Etats Unis, mais leur puissance pourrait et devrait être érodée par
les nouveaux acteurs mondiaux venus d’Asie.
3 – Troisième grande tendance : des « gouvernances » plus difficiles et une insécurité envahissante
• Les Etats continueront à être la base de la puissance et de la gouvernance mondiale, mais il leur sera de plus en plus difficile d’exercer
leur pouvoir: la mondialisation, notamment avec Internet, rendra plus ardu l’exercice du pouvoir national, pendant que les grandes entreprises mondiales et les ONG auront de plus en plus de
pouvoirs et de moyens, aux dépens des Etats condamnés par la démocratie à lorgner le court terme.
• L’autre grande difficulté viendra de l’émergence d’une contestation de la démocratie et des valeurs occidentales par l’Asie, par l’Islam et
par des mouvements religieux attachés à privilégier le choc des civilisations plutôt que l’avènement de la démocratie libérale ; encore heureux si ces mouvements contestataires
d’inspiration ethnique ou religieuse ne se procurent pas, d’ici à 2020, des armes de destruction massive, notamment chimiques ou biologiques plutôt que nucléaires. Le rapport évoque
ouvertement un risque de recul de la démocratie dans le monde, même s’il est assez confiant sur l’évolution de la Chine dans ce domaine.
• Plus difficile sera également la gouvernance au niveau international; visiblement, pour les auteurs du rapport, l’ONU etson immense machine, qualifiée d’obsolescente, ne sont pascapables de faire face à tous ces dangers qui inclu ent la grandecriminalité internationale
!
• Du coup, le risque d’une insécurité envahissante existe bien, même si le monde sera plus riche grâce à la mondialisation ; le choc de
cette dernière et les bouleversements qu’elle implique seront tels en effet que même les classes moyennes des pays développés seront touchées par les délocalisations ; la conséquence sera
une grande instabilité, du fait que les gouvernements risquent d’être plus faibles, que les économies des pays développés croîtront moins vite, que les mouvements religieux exploiteront
ces situations et que les jeunes sans avenir des pays pauvres seront disponibles pour suivre n’importe quel extrémiste.
• Certes, il n’y a pas a priori de risque d’escalade vers un grand conflit mondial,
mais on ne peut exclure des conflits militaires régionaux, non seulement au Moyen Orient, mais aussi au Cachemire, entre les deux Corée et
dans le détroit de Formose entre la Chine et Taïwan.
• Face à cette situation, il appartiendra aux Etats Unis de tisser des relations plus confiantes avec l’Union européenne et plus fortes avec
les grandes nations asiatiques, mais il faut également savoir que, d’ici à 2020, les Etats Unis seront toujours les seuls à pouvoir s’opposer réellement aux mouvements terroristes et à
pouvoir maintenir ou rétablir la paix dans les endroits les plus dangereux de la planète ; pour les auteurs du rapport, cela requiert une profonde réflexion sur les moyens de mettre en
place un nouvel ordre international !
4 – Les 4 scénarios
• Le premier scénario est intitulé « Davos world » : c’est un monde où la croissance, le développement et la démocratie l’emportent sur tout
le reste et où la pauvreté, la misère et la violence ont de moins en moins de place ; c’est le scénario optimiste par excellence ;
• Le second scénario est intitulé : « Pax americana »: dans ce scénario, les Etats Unis accentuent leur rôle de gendarme du monde et
éteignent l’un après l’autre les incendies qui naissent ici et là ;
• Le troisième scénario est intitulé : « A new califate »: dans ce scénario, les musulmans constituent une vraie puissance mondiale
capable de rivaliser avec l’Occident considéré comme un ennemi ;
• Le quatrième scénario est intitulé : « Cycle for fear »; dans ce scénario, les mesures de sécurité sont poussées à un tel point dans le
monde qu chacun se demande s’il ne vit pas dans un monde digne d’Orwell !
• Le rapport indique que ces 4 scénarios ne sont pas exclusifs et qu’ils peuvent interférer les uns avec les autres.
B - Le monde en 2025
1 - Quelles sont les nouveautés du rapport 2025 par rapport au précédent ?
• D’abord, il est de plus en plus clair qu’à l’avenir, la puissance américaine sera contrebalancée par de nouvelles puissances qui ne
seront pas seulement des Etats.
Certes, la Chine est à l’affût, avec l’Inde et la Russie, mais de nouveaux pouvoirs apparaissent : il s’agit des religions, des ONG, des
puissances financières et même des organisations criminelles ...
• Ensuite, le rapport 2025, beaucoup plus que le précédent, met l’accent sur les risques de rareté énergétique, et donc sur l’importance
des énergies alternatives et des innovations susceptibles d’abaisser leur coût pour généraliser leur usage.
• Enfin, le dernier rapport met l’accent, plus que le précédent, sur les risques de crise internationale, voire de conflits majeurs,
provenant soit de la compétition pour l’accès aux ressources rares (énergie, eau, nourriture), soit des facteurs mis en avant par Huntington (religions, identités, pauvreté).
2 - Quels sont les facteurs clés qui influenceront l’évolution du monde d’ici à 2025 ?
• 7 de ces facteurs clés sont « relativement certains » :
o Premier point: l’émergence d’un monde multilatéral dans lequel le poids de la Chine et de l’Inde ira croisant, de même que celui des
acteurs non étatiques (ethnies, religions, ONG, entreprises, mafias).
En conséquence, le pouvoir mondial sera plus dispersé et le modèle de développement chinois fera sans doute des émules.
o Deuxième facteur: le pouvoir économique et la richesse continueront à passer de l’Ouest à l’Est. En conséquence, la stabilité mondiale
pourrait être renforcée, mais des pays comme la Russie voudront sans doute rivaliser avec les pays occidentaux.
o Troisième point: les Etats-Unis resteront la seule puissance dominante, mais cela sera de moins en moins vrai, et ils auront donc du
mal à choisir entre les impératifs domestiques et les impératifs géopolitiques.
o Quatrième facteur: 2025, c’est 1,2 milliards d’habitants en plus, d’où une pression croissante sur les ressources rares (énergie, eau,
nourriture) et une nécessité : découvrir de nouveaux moyens de pallier ces raretés.
o Cinquième facteur: les pays à population jeune seront moins nombreux, mais l’instabilité continuera à être la règle dans des pays
comme l’Afghanistan, le Nigeria, le Pakistan et le Yémen.
o Sixième facteur: les possibilités de conflit augmenteront au Moyen Orient en même temps qu’augmentera le nombre de pays disposant
d’armes « léthales ». Les Etats Unis devront compter avec la Chine, l’Inde et la Russie pour tenter de régler ces problèmes.
o Septième point: le terrorisme continuera, à moins que le développement économique procure des emplois à la jeunesse des pays du Moyen
Orient, et les moyens utilisés par les terroristes pourront inclure des armes de plus en plus nocives.
• 8 autres facteurs clés sont plus incertains :
o Dans quelle mesure la transition énergétique, moins favorable aux pays producteurs d’énergies fossiles, sera-t-elle réalisée ?
o Dans quelle mesure le réchauffement climatique sera-t-il confirmé, et quelles seront les régions les plus affectées par ce
réchauffement ?
o Le libéralisme cédera-t-il du terrain en faveur du protectionnisme ?
o La Chine et la Russie auront-ils progressé vers la démocratie ?
o L’Iran réussira-t-il à se doter de l’arme nucléaire ?
o Le Moyen Orient sera-t-il stabilisé, notamment en Irak et concernant le conflit israélo-palestinien ?
o L’Europe et le Japon auront-ils surmonté leur décroissance démographique ?
o Comment évoluera la gouvernance mondiale pour tenir compte de pays émergents comme l’Inde ou le Brésil ?
3 – Les 4 scénarios du rapport 2025
• « A world without the West » : une alliance entre la Chine, l’Inde, l’Iran et la Russie fait basculer le pouvoir mondial de l’Ouest
vers l’Est : les Etats Unis et l’Union européenne sont marginalisés.
• « October surprise » : décidément le climat se dérègle beaucoup plus vite que prévu et le président américain élu en Octobre 2024
doit radicalement changer la politique de croissance économique et protéger les villes côtières envahies par les flots ...
• « Les pays émergents se battent entre eux », et notamment la Chine et la Russie qui se déchirent pour accéder aux ressources rares.
De malentendu en malentendu, les suspicions conduisent à une déflagration mondiale où tous les pays sont contraints de choisir leur camp.
• « La gouvernance mondiale progresse, mais en se transformant » : les Etats ne sont plus les seuls à élire le Secrétaire général des
Nations Unies : les ONG participent au vote et imposent un nouveau type de croissance et de développement, fondé sur le développement durable.
En résumé, plusieurs nouveautés apparaissent d’un rapport à l’autre : d’abord, le rapport 2025 indique que le changement
s’imposera plus que la continuité dans les prochaines années, concernant notamment les organisations internationales ; ensuite, sa tonalité générale est plus pessimiste qu’il y a 5
ans, à la fois sur le plan géopolitique, économique et environnemental. En particulier, deux des 4 scénarios sont cette fois franchementpessimistes, en évoquant ouvertement des risques de conflits armésmajeurs ; en outre, les problèmes d’environnement et de ressources rares (énergie, eau,
nourriture) sont évoqués avec beaucoup plus d’insistance que dans le rapport précédent ;
Le monde en 2030 :
Les services de renseignement américains viennent de rendre public leur rapport sur les "Tendances globales" ("Global Trends" - ndlr) qui vont marquer le monde ces vingt prochaines années. C'est le National Intelligence Council (NIC), petit cousin analytique de la CIA, qui a très sérieusement imaginé l'état du monde en 2030, à l'instar de son homologue russe un an plus tôt. Conclusion? Chacun prévoit le monde qu'il veut voir.
"Nous ne cherchons pas à prévoir le futur - un objectif impossible - mais à fournir une grille de lecture qui permet de penser les futurs possibles et leurs conséquences" prévient le National Intelligence Concil en introduction de son rapport. Penser les futurs possibles sans prévoir le futur, donc, un exercice complexe qui a mobilisé de nombreux experts, y compris via la mise en place d'un blog participatif (lien en anglais) qui continue d'être alimenté.
Le rapport semble aussi honnête qu'il ne pose aucune certitude, mais "plusieurs scénarios de mondes en 2030, aucun n'est inévitable. En réalité, le futur sera plus probablement constitué de divers éléments de tous les scenarios". Le NCI s'appuie précautionneusement sur différentes tendances, plus ou moins stables, parcourues de facteurs de rupture, des "games-changers" ("changement de donne" - ndlr).
La grille de lecture la plus fiable est donc celle des "megatendances" ("megatrends" - ndlr). La première, et la plus importante ("puisqu'elle influence la plupart des autres tendances") est la "puissance grandissante de l'individu" ("Individual enpowerment" - ndlr). Sous-tendue par l'augmentation de la classe moyenne dans le monde, elle est garante, pour le NCI, d'une plus grande démocratisation à travers le globe ou encore d'un accès plus large aux nouvelles technologies de communication. Ce qui permet finalement aux experts américains d'affirmer qu'à l'avenir, ce sont les initiatives individuelles qui feront face aux défis mondiaux.
Une telle réflexion témoigne d'un procédé largement engagé depuis les années 1970 et la fin de l'Etat providence. Elle est le résultat d'un désengagement plus large des institutions, qui laisse aux initiatives individuelles le soin de prendre en charge les problèmes dont l'Etat ne veut plus avoir la responsabilité : questions sociales, environnementales… La responsabilisation de l'individu est un long procédé néolibéral. Mais alors le rapport du NCI fait-il état du résultat de ce procédé ou en est-il partie prenante? En fait-il le constat, ou la promotion?
On peut faire le même constat sur les tendances géopolitiques décrites par le rapport du NCI, qui apparaissent extrêmement géocentriques. Le monde de 2030 y est décrit comme multipolaire, sans conflits majeurs entre les États, à l'instar de l'IMEMO qui prévoit que "leséchanges entre les leaders mondiaux pour le maintien de la paix dans le monde l'emporteront sur les tendances aux conflits". Mais le NCI fait l'économie des autres "leaders mondiaux" et prévoit la multiplication des conflits régionaux si et seulement si "les États-Unis ne sont pas capables de conserver leur rôle de garants de l'ordre mondial". Alors même que le rapport du NCI s'efforce en introduction de s'interroger sur l'hégémonie américaine "alors que les travaux précédents présupposaient le rôle central des États-Unis", force est de constater que le présupposé reste.
Par Anna Ravix
Enfin, le « déclin » progressif des Etats Unis et de l’Occident en faveur de l’Asie, qui n’était qu’évoqué dans le rapport 2020,
est clairement souligné dans le rapport 2025.
C – Le monde en 2030
1 – Les critiques faites aux rapports précédents
• Il faut se concentrer davantage sur le rôle mondial des Etats-Unis et sur les réactions des autres puissances par rapport à
l’évolution de la puissance américaine ;
• Il faut mieux définir le rôle respectif des Etats et des autres acteurs non gouvernementaux sur la scène mondiale ;
• Il faut mieux appréhender le temps et la vitesse, s’interroger sur le rythme des changements et tenter d’identifier les risques
imminents ;
• Il faut évoquer davantage les crises et les discontinuités, surtout que le terme « trends » suggère davantage la continuité que le
changement ;
• Il faut accorder plus d’importance aux idéologies qui orientent les comportements.
2 – Les grandes tendances mondiales
• Tout indique que les années qui viennent permettront aux individus de s’émanciper davantage: en sortant de la pauvreté, en
accédant aux classes moyennes, en bénéficiant d’une meilleur santé et en utilisant de plus en plus les nouvelles technologies de l’information et de la communication, à la maison
et dans l’entreprise, les individus seront plus libres, ou du moins, ils aspireront de plus en plus à la liberté ;
• Le temps de l’hyper puissance hégémonique est terminé: un monde multipolaire est en train de naître, fait de puissances et de
réseaux multiples et entrelacés ;
• Les données démographiques sont bouleversées: croissance de l’Afrique, pays vieillissants, urbanisation croissante, migrations
difficiles à contrôler : c’est le nouveau monde !
• La croissance de la population mondiale donnera plus d’importance aux problèmes d’alimentation, d’eau et d’énergie.
3 – Les catalyseurs de changement
• Le monde réussira-t-il à surpasser les crises économiques et financières successives, grâce à l’émergence de nouveaux pays,
Afrique comprise, ou ira-t-il plutôt vers un effondrement que les banques centrales elles mêmes ne pourront contrer ?
• Les Etats et les institutions internationales réussiront-ils à maîtriser le changement et à instaurer une gouvernance mondiale
adaptée au nouveau monde ?
• Les conflits potentiels entre pays et à l’intérieur de nombreux pays vont-ils s’atténuer ou s’aggraver ? En particulier,
l’instabilité au Moyen Orient et en Asie du Sud conduira-t-elle à une insécurité mondiale croissante ?
• Les nouvelles technologies, catalyseurs de productivité ?
• Les Etats-Unis, catalyseurs d’une refondation internationale ?
4 – Les scénarios possibles
• Le scénario pessimiste le plus plausible: les conflits dégénèrent, la mondialisation s’arrête, la dépression générale s’i
nstalle et chacun, à commencer par les Etats-Unis, tente de sauver ses meubles en se repliant sur ses seuls intérêts ;
• Le scénario optimiste le plus plausible: la coopération interétatique et internationale l’emporte et, en particulier, les
Etats-Unis et la Chine tissent des liens de plus en plus étroits, qui conduisent les autres acteurs à privilégier l’intérêt général mondial.
• Les inégalités entre pays et à l’intérieur des pays explosent, les conflits ethniques et sociaux conduisent à des révolutions
violentes. Personne ne veut plus être le gendarme du monde.
• Les ONG les plus puissantes coopèrent pour s’attaquer aux grands problèmes du monde : alimentation, éducation, santé.
5 – Les commentaires de GLOBECO
• Les éléments signalés plus haut sortent directement du rapport lui-même.
Il peut être intéressant de les compléter par des commentaires, par exemple en mettant l’accent sur les 10 points qui
paraissent les plus significatifs dans ce rapport.
• 10 points à signaler :
L’un des points qui caractérisent l’évolution récente, ainsi que notre avenir, c’est l’urbanisation croissante de notre
planète, aux dépens des populations et des zones rurales : la population urbaine mondiale s’accroît chaque année de 65 millions de personnes, soit presque autant que
l’augmentation de la population mondiale ! De ce fait, les nouvelles constructions de bureaux, de logements et de voies de transport dans les pays émergents seront aussi
importantes d’ici à 2030 que le stock actuel !
Second point : l’explosion des classes moyennes : 1 milliard de personnes aujourd’hui, 2 milliards au moins en
2030.
Troisième point : les puissances mondiales en 2030 selon le modèle international « futures », qui prend en considération
Internet, la R&D, le capital humain, le PIB, les IDE, la puissance militaire, les ressources énergétiques: Etats-Unis : 20 % ; Chine : 15 % ; Inde : 12 % ; Japon : 5 % ;
Royaume Uni : 4% ; France, Allemagne et Russie : 3% ...
Quatrième point : le vieillissement de la population est à l’œuvre partout sauf en Afrique subsaharienne.
Les Etats-Unis peuvent être autonomes en énergie en 2030, et l’Arabie saoudite pourrait être importatrice 10 ans plus tard
!
Point suivant : la croissance chinoise : 5 % par an en 2020, 3 % en 2030 ?
2030 : comment auront évolué les 50 pays qui, aujourd’hui, hésitent encore entre autocratie et démocratie (Chine,
Russie,pays arabes etc ...)
2030 : quelle carte des puissances nucléaires ?
Avec ou sans l’Iran et la Corée du Nord ?
2030 : les trois scénarios pour l’Union européenne: l’effondrement de la zone Euro, peu probable mais possible, le déclin
lent, évolution la plus probable, ou la renaissance miraculeuse ?
Dixième point : le talon d’Achille des Etats-Unis: comment garder un leadership technologique malgré une éducation primaire
et secondaire très défaillantes ?
Question : comment se fait-il que les Etats-Unis soient les seuls à publier de tels rapports ? L’Union européenne ne devrait
elle pas, elle aussi, être capable de mener des réflexions de ce genre ?
GLOBECO
COMPRENDRE LA MONDIALISATION MESURER LE BONHEUR
NE DESESPERONS PAS LA PLANETE !
LE MONDE EN 2020, EN 2025 ET EN 2030 SELON LA CIA
(mars 2013)
Source: globeco.fr
Le monde en 2030 :
hégémonie chinoise et puissance individuelle
Les services de renseignement américains viennent de rendre public leur rapport sur les "Tendances globales" ("Global Trends" - ndlr) qui vont marquer le monde ces vingt prochaines années. C'est le National Intelligence Council (NIC), petit cousin analytique de la CIA, qui a très sérieusement imaginé l'état du monde en 2030, à l'instar de son homologue russe un an plus tôt. Conclusion? Chacun prévoit le monde qu'il veut voir.
"Nous ne cherchons pas à prévoir le futur - un objectif impossible - mais à fournir une grille de lecture qui permet de penser les futurs possibles et leurs conséquences" prévient le National Intelligence Concil en introduction de son rapport. Penser les futurs possibles sans prévoir le futur, donc, un exercice complexe qui a mobilisé de nombreux experts, y compris via la mise en place d'un blog participatif (lien en anglais) qui continue d'être alimenté.
Le rapport semble aussi honnête qu'il ne pose aucune certitude, mais "plusieurs scénarios de mondes en 2030, aucun n'est inévitable. En réalité, le futur sera plus probablement constitué de divers éléments de tous les scenarios". Le NCI s'appuie précautionneusement sur différentes tendances, plus ou moins stables, parcourues de facteurs de rupture, des "games-changers" ("changement de donne" - ndlr).
La grille de lecture la plus fiable est donc celle des "megatendances" ("megatrends" - ndlr). La première, et la plus importante ("puisqu'elle influence la plupart des autres tendances") est la "puissance grandissante de l'individu" ("Individual enpowerment" - ndlr). Sous-tendue par l'augmentation de la classe moyenne dans le monde, elle est garante, pour le NCI, d'une plus grande démocratisation à travers le globe ou encore d'un accès plus large aux nouvelles technologies de communication. Ce qui permet finalement aux experts américains d'affirmer qu'à l'avenir, ce sont les initiatives individuelles qui feront face aux défis mondiaux.
Une telle réflexion témoigne d'un procédé largement engagé depuis les années 1970 et la fin de l'Etat providence. Elle est le résultat d'un désengagement plus large des institutions, qui laisse aux initiatives individuelles le soin de prendre en charge les problèmes dont l'Etat ne veut plus avoir la responsabilité : questions sociales, environnementales… La responsabilisation de l'individu est un long procédé néolibéral. Mais alors le rapport du NCI fait-il état du résultat de ce procédé ou en est-il partie prenante? En fait-il le constat, ou la promotion?
Pure prophétie ou prophétie auto-réalisatrice?
A cet égard, la lecture du rapport similaire de l'IMEMO (Institut de l'économie mondiale et des relations internationales qui forme les grands agents du KGB), l'équivalent russe du NCI est édifiante. Les Russes, comme les Américains, semblent prévoir pour 2030 le monde qu'ils voudraient voir émerger. Les prévisions économiques, par exemple, en sont un exemple frappant. Si les deux pays s'accordent sur l'hégémonie économique chinoise de 2030, leurs perspectives sont complètement différentes sur leur propre rôle dans l'économie globale. L'IMEMO soutient que "Les pays qui développeront le plus leurs structures d'innovation et d'investissement seront la Chine, l'Inde et la Russie. Elles régresseront aux États-Unis, en Europe et au Japon." Côté américain, on soutient que "les économies de l'Europe, du Japon et de la Russie continueront leur lent déclin", alors que celle des États-Unis, même surpassée par la Chine, devrait pouvoir se maintenir.On peut faire le même constat sur les tendances géopolitiques décrites par le rapport du NCI, qui apparaissent extrêmement géocentriques. Le monde de 2030 y est décrit comme multipolaire, sans conflits majeurs entre les États, à l'instar de l'IMEMO qui prévoit que "leséchanges entre les leaders mondiaux pour le maintien de la paix dans le monde l'emporteront sur les tendances aux conflits". Mais le NCI fait l'économie des autres "leaders mondiaux" et prévoit la multiplication des conflits régionaux si et seulement si "les États-Unis ne sont pas capables de conserver leur rôle de garants de l'ordre mondial". Alors même que le rapport du NCI s'efforce en introduction de s'interroger sur l'hégémonie américaine "alors que les travaux précédents présupposaient le rôle central des États-Unis", force est de constater que le présupposé reste.
Les Etats-Unis, garants de l'ordre mondial ou pompiers pyromanes?
Les USA ne sont pas les "gendarmes du monde" mais bel et bien les "garants de l'ordre mondial". Le
rapport du NCI n'interroge en aucun cas cette fonction, mais plutôt le défi de son maintien. Or, les États-Unis, ont été largement critiqués, et parmi ses plus hauts
représentants comme plutôt responsables de désordres globaux. Dans la vidéo suivante (en anglais) datant de 2009, Hillary Clinton, alors secrétaire d’État,
reconnaissait que les États-Unis étaient à l'origine du mouvement taliban, et qu'ils avaient plus largement contribué à créer le
"terrorisme".
C'est exactement dans la même logique que Ousama Ben Laden, feu l'ennemi public numéro 1 des États-Unis, avait été formé par la
CIA à partir de 1979. Les États-Unis l'avaient alors aidé à organiser la "guerre sainte" d'Afghanistan contre l'armée soviétique, en pleine guerre
froide, pour faire échapper ce pays à la main mise de l'URSS.
Le paradoxe écologique
Des paradoxes, le rapport du NCI en est rempli. A sa sortie, Pierre Barthelemy, journaliste "passeur de science" pour LeMonde.fr, félicitait la prise de conscience écologique de l'institution américaine. En effet, le rapport reconnaît clairement que la planète se
dirige vers une hausse de la température moyenne "d'environ 2°C au milieu du siècle. Si les émissions [de gaz à effet de serre] continuent sur la tendance
actuelle, une hausse de 6°C à la fin du siècle est plus probable que 3°C, ce qui aura des conséquences encore plus importantes." Alors que le dernier sommet climatique en date, qui s'est tenu à Doha s'est soldé par un nouvel échec, le NCI appelle les décideurs politiques à
s'emparer de cette question. Sans tomber dans un discours alarmiste, ils préviennent : "On ne va pas nécessairement vers des pénuries mais les décideurs
politiques doivent impérativement prendre les choses en main pour éviter un tel futur".
Pourtant, le rapport stipule aussi que les intérêts environnementaux vont à l'encontre des intérêts économiques des États-Unis. En effet, sous l'effet conjugué des "mégatendances" posées par les analystes américains : la diminution des ressources naturelles et la croissance démographique (nous serons 8,3 milliards de terrien(ne)s en 2030 contre 7,1 fin 2012), le seul moyen pour les États-Unis de conserver un semblant d'hégémonie serait de devenir auto-suffisants. Un objectif qui peut être atteint pour les experts du NCI, "à moins que des débats sur des problèmes environnementaux ne les en empêchent". Si le rapport affirme donc que l'environnement doit être soigné, il affirme aussi que les question écologiques vont à l'encontre des intérêts des États-Unis.
Pourtant, le rapport stipule aussi que les intérêts environnementaux vont à l'encontre des intérêts économiques des États-Unis. En effet, sous l'effet conjugué des "mégatendances" posées par les analystes américains : la diminution des ressources naturelles et la croissance démographique (nous serons 8,3 milliards de terrien(ne)s en 2030 contre 7,1 fin 2012), le seul moyen pour les États-Unis de conserver un semblant d'hégémonie serait de devenir auto-suffisants. Un objectif qui peut être atteint pour les experts du NCI, "à moins que des débats sur des problèmes environnementaux ne les en empêchent". Si le rapport affirme donc que l'environnement doit être soigné, il affirme aussi que les question écologiques vont à l'encontre des intérêts des États-Unis.
"Un futur confus : pourquoi les prédictions des experts sont fausses, et pourquoi nous les croyons tout de même"
Le journaliste canadien Dan Gardner s'est appuyé
sur de nombreux travaux universitaires qu'il a réuni dans son livre : "Un futur confus : pourquoi les prédictions des experts sont fausses, et pourquoi
nous les croyons tout de même". Dan Gardner cite les travaux de Philip Tetlock, professeur de psychologie de l'université de Berkeley en Californie qui a
lancé en 1985 une vaste expérience consistant pendant 20 ans à valider les prévisions faites par près de 300 experts politiques et économiques. Conclusion:
Tetlock a trouvé que les experts dits optimistes prévoyaient dans 65% des cas des scénarios roses qui voyaient le jour 15% du temps et que les experts dits
pessimistes s'attendaient dans 70% des cas à des scénarios catastrophes qui se matérialisent seulement 12% du temps.
Ce que constate Dan Gardner, c'est que ces faux prophètes ne sont presque jamais dénoncés ou sanctionnés. Quand ils sont mis face à leurs erreurs, ils expliquent qu'ils se sont trompés sur le calendrier ou que ce qu'ils attendaient s'est quasiment produit ou qu'un facteur exogène inattendu a modifié le contexte. Tout le rapport du NCI semble se préparer à ses contradicteurs : aucune certitude, seulement des grandes tendances, des changements de donne possibles et un exposé édifiant du monde que les États-Unis auraient intérêt à construire d'ici 2030…
Ce que constate Dan Gardner, c'est que ces faux prophètes ne sont presque jamais dénoncés ou sanctionnés. Quand ils sont mis face à leurs erreurs, ils expliquent qu'ils se sont trompés sur le calendrier ou que ce qu'ils attendaient s'est quasiment produit ou qu'un facteur exogène inattendu a modifié le contexte. Tout le rapport du NCI semble se préparer à ses contradicteurs : aucune certitude, seulement des grandes tendances, des changements de donne possibles et un exposé édifiant du monde que les États-Unis auraient intérêt à construire d'ici 2030…
Par Anna Ravix
Source: TV5