Connaissez-vous Pierre Chaunu?Le grand public le connaissait surtout pour ses cris d'alarme
concernant la démographie européenne. Cet anarchiste de droite, ala fois réactionnaire et progressiste, comme il se définit lui-même.!
Historien avant tout!!
Certes il a l'esprit de contradiction. Dans un monde ou tout le monde est de gauche, il est de droite...
Edgar Morin lui a dit un jour: " Vous êtes un anarchiste de droite, et moi un anarchiste de gauche."
Nous sommes tous les deux d'accord pour réduire le poids de la contrainte externe; nous n'avons pas le respect instinctif du pouvoir...,nous sommes des "putains respectueuses".
Je suis profondément un modéré. je suis pour une cité qui soit respectueuse des consciences. Je suis profondément tolérant, antitotalitaire. S'il y a un mot qui crispe Pierre Chaunu, c'est celui de Claudel: "La tolérance, il y a des maisons pour çà." Un jour il piqua une colère lorsqu'il découvrit le vrai contexte de notre admirable Marseillaise, que son éducation avait empêché de voir: "Entendez-vous, dans nos campagnes, rugir ces féroces soldats?" En 1792, c'était nous les agresseurs, c'est nous qui avons fait la guerre à l'Europe! Il ne croyait pas en la valeur du mensonge patriotique. La France était responsable de la guerre, et Dreyfus...
Pierre Chaunu pense que contrairement à la gauche, une socièté ne se construit pas a priori. C'est d'abord un être vivant. Ce qui est inepte dans le processus révolutionnaire,( Il exècre les jacobins!) c'est cette idée qu'on va repartir à zéro. Nous sommes des héritiers, le produit de notre milieu, nous parlons une langue qui nous a été transmise. Un des mots qu'il préfère, c'est celui de Disraeli:
"Nous autres conservateurs, nous taillons les arbres pour que la fôret soit plus belle."
Par certains de ses côtés, Pierre Charnu serait un conservateur britannique. Il admire Burke, Disraeli et Churchill.
Par ailleurs que devrais-je penser des socialistes! La république, c'est une certaine forme de probité. En disant cela Pierre Chaunu pense à des hommes comme Poincaré, Ramadier, Schuman. Pendant la Grande Guerre, Poincaré a manié quinze milliards de fonds secrets, sans jamais s'enrichir. Il payait de sa poche le billet de chemin de fer de sa femme. Quand il écrivait à sa vieille mère, en 1912-1913, il allait poster lui-même la lettre, parce qu'il n'eût pas été convenable qu'un huissier portât la correspondance privée du président du Conseil.çà, c'est la république de son coeur. Faites la comparaison avec le présent.
Nous avons beaucoup critiqué la IIIe République, mais dans l'ensemble, son personnel politique se tenait debout. On ne rentrait pas au service de l'Etat pour se remplir les poches. Nous nous sommes rapprochés du pouvoir d'un Grand Turc, entouré de ses courtisans.
Il serait temps de mettre un peu de modération dans nos affaires. Il y a quelque chose dans nos institutions qui ne marche plus...
Pierre Chaunu, professeur à l'université de Paris-IV, membre de l'institut, Pierre Chaunu.
Pierre Chaunu, né le 17 août 1923à Belleville-sur-Meuse, dans la Meuse, enLorraine, et mort à Caen le 22 octobre 20091, est un historienfrançais, spécialiste de l'Amérique espagnole et de l’histoire sociale et religieuse de la France de l'Ancien Régime (XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles). Grande figure française de l'histoire quantitative et sérielle, cet agrégé d'histoire et docteur ès lettres a été professeur émérite à Paris IV-Sorbonne, membre de l'Institut et commandeur de la Légion d'honneur. Protestant, il a défendu des positions conservatrices, notamment dans une chronique qu'il a longtemps tenue pour Le Figaro et à l'antenne de Radio Courtoisie.
- Pierre Chaunu, Jean Tulard, Emmanuel Leroy-Ladurie, et Jean Sévillia : Le livre noir de la Révolution Française, Cerf (21 janvier 2008), 900 p,ISBN 2204081604
L'idée de décadence apparaît véritablement au XVIIIe siècle lorsque Montesquieu et Gibbon s'interrogent sur les raisons de la «décadence romaine», qui, dès cette époque, est considérée comme le modèle référent par excellence. Henri Irénée Marrou a brillamment montré, dans son ouvrage Décadence romaine et antiquité tardive, les limites de ce phénomène.
On peut dire que ce qui caractérise la décadence, c'est qu'elle est rarement perçue par l'organisme atteint. En outre, le processus, du moins dans sa phase initiale, est relativement lent. Quand il arrive à son terme, le corps social est trop profondément amenuisé pour être encore conscient, il a perdu une partie de la mémoire culturelle et historique qui lui aurait permis de juger. Ce sont là, du moins, les traits qui se dégagent de la décadence référente [la décadence romaine]. Or, la crise actuelle, que nous sommes tentés d'interpréter comme un processus de décadence, est autre chose. Elle se marque par l'apparition de phénomènes radicalement nouveaux... En un mot, c'est non pas la décadence qui est devant nous, mais l'alternative entre une nouvelle croissance et le collapsus de la vie et de la culture. Les civilisations anciennes meurent comme des individus. Leur mort laisse toutes ses chances à l'espèce. Il en va autrement dans un monde unifié [tel que le nôtre]. La menace qui s'est précisée, il y a quelques années, et dont j'ai deviné tout de suite l'ampleur, concerne la vie, c'est-à-dire la natalité.
Il n'y a jamais eu, en Europe et dans les sociétés issues de la mutation industrielle, de systèmes de référence existentielle autres que judéo-chrétiens. Le système issu des Lumières - voyez le parfait laboratoire de la société américaine - n'est qu'un système judéo-chrétien transposé.
(Histoire Magazine, N°35, 1983)
Après le choc démographique de 1973, qui a vu la fécondité chuter brutalement dans tous les pays d'Europe occidentale, l'historien a orienté en effet ses réflexions vers la prospective démographique.
«Il n'y a pas de prospective qui ne soit, d'abord, une prospective démographique», écrit-il. «Les graphiques des naissances me paraissentplus sûrementannonciateurs que les tendances réunies du Dow Jones , du Nikkaï et du Cac 40 ; et les réflexions et représentationssur l'au-delà de lamort, plus opérationnelles que la lutte dite des classes et le cours du Brent à Rotterdam.»