Quand la France a été dégradée le 13 janvier de cette année par Standard and Poors, ce fut un choc formidable. Elle perdait son triple A ! Il est vrai que l’on était en campagne présidentielle et que Nicolas Sarkozy était à l’Elysée : ce n’était pas notre dette qui était dégradée, c’était lui.
Quand l’agence Moody’s a confirmé, le 20 novembre, la perte du triple A, il ne s’est rien passé. Ce n’était pas parce que l’actualité était étouffée par le chaos à l’UMP ou que les médias étaient plus indulgents à l’égard de François Hollande : les marchés eux-mêmes sont restés impassibles. Cette semaine, la France pouvait emprunter à dix ans à des taux moins chers qu’il y a six mois, moins chers que la Belgique ou le Japon. Quant à emprunter à deux ans, ses taux restaient proches de zéro. Alors, pourquoi s’inquiéter ? Le cauchemar grec s’éloigne…
Et d’ailleurs, le président de la banque centrale européenne, Mario Draghi, rendant visite au président de la République la semaine dernière, lui confiait ceci : certes, nous ne sommes pas encore sortis de la crise, mais nous prévoyons le début de la reprise pour le second semestre 2013…La Bourse remonte.
S’il devait en être ainsi, pas la peine de réformer ; il suffit d’attendre. Bien entendu, il a fallu augmenter massivement les impôts des
ménages, des actionnaires, des patrons, des entreprises, mais une fois passée la tempête de protestation, la loi de finances a été votée dans la résignation, même s’il a fallu calmer les
entreprises en leur faisant miroiter 20 milliards de crédit d’impôts à partir de 2014.
Tout va bien, si ce n’est que le chômage explose (230 000 chômeurs de plus depuis l’arrivée de la gauche), que le marché de l’automobile recule
et que celui de l’immobilier est en panne : on n’en a pas fini avec les plans sociaux.
Si François Hollande veut inverser la courbe du chômage dans un an, alors il doit se prémunir contre le risque de ne rien faire. Mario Draghi le lui a dit aussi : lever des impôts, c’est facile mais ne résout rien ; c’est sur le marché du travail qu’il faut agir ; sur le millefeuille territorial et la protection sociale qu’il faut économiser sérieusement.
A lui de convaincre ses députés socialistes imperméables à toute culture économique : si la France ne tire pas les leçons de
la crise pour se réformer, la croissance lui passera sous le nez.
François d’Orcival