Prédators: Les Etats-Unis entrent en guerre aux côtés de la France
Le sénateur américain Chris Coons, président de la sous-commission des Affaires étrangères du Sénat américain pour l’Afrique, a déclaré, lundi, à Bamako, (capitale du Mali), que les Etats-Unis allaient jouer un rôle militaire plus actif, dans le pays. Tout en ajoutant qu’une telle implication n’interviendrait qu’après la tenue d’élections, au Mali.
Rappelons que les USA ont, d’ores et déjà, fourni à la France un soutien, en matière de renseignement, ainsi que des moyens aériens, vols d’avions de transport C-17 et missions de ravitaillement en vol. On peut se douter qu’au delà de soutenir l’armée française … les informations, ainsi, recueillies, alimenteront les bases de données des militaires US. Ne rêvons pas
Reste, que selon Chris Coons, les Etats-Unis ne peuvent pas coopérer directement avec l’armée malienne tant qu’un gouvernement démocratiquement élu n’aura pas remplacé les dirigeants actuels, lesquels ont accédé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, le sénateur insistant sur le fait que la législation US interdisait toute assistance directe à l’armée malienne après le putsch.
«Après une pleine restauration de la démocratie, il me semble probable que nous reprendrons notre aide directe à l’armée malienne», a ajouté le sénateur. Lequel s’est rendu, au Mali, à la tête d’une délégation du Congrès américain, en vue de rencontrer le Président intérimaire, Dioncounda Traoré, et des responsables militaires français et africains.
Reste que l’éventualité d’une aide militaire US de plus grande ampleur, et qui plus est, conditionnée par des élections, complexifie le choix d’une date de scrutin.
Si le Président Traore avait indiqué qu’il espérait pourvoir organiser des élections, d’ici le 31 juillet prochain, cette date semble
prématurée aux yeux de certains. Le ministre malien de l’Administration territoriale (Intérieur) Moussa Sinko Coulibaly, chargé des élections, a ainsi indiqué vendredi que le délai de
juillet pouvait être révisé si nécessaire.
Simple hasard ? Le nouveau discours US retarde, donc, dans les faits, un retour à un embryon de stabilité, au Mali.
Rappelons à toutes fins utiles, qu’en janvier dernier, le "New York Times" indiquait que trois des quatre unités d’élite maliennes, à commandement touareg, formées par les États-Unis, dans les années 2000, étaient passées, dans le camp des rebelles, lors du conflit de 2012.
Nous apprenions ainsi que les Etats-Unis avaient «investi», dans la formation de militaires maliens, lesquels – ironie de l’histoire ou ultime étape d’un plan US proche d’une stratégie du chaos ? – ont retourné leur treillis pour désormais affronter les forces militaires du Mali.
Pas étonnant, en sorte, que l’armée française trouve les rebelles fort bien entraînés … tirant ainsi – sans le vouloir ou dans un message de «reconnaissance», à peine voilée, – un formidable coup de chapeaux aux instructeurs américains.
Rappelons, en effet, que, durant les années 2000, et au début des années 2010, des militaires maliens ont été entraînés par des instructeurs américains, dans le cadre de l’opération Enduring Freedom – Trans Sahara (OEF-TS ).
Opération militaire conduite par les États-Unis et d’autres pays partenaires dans la région du Sahara/Sahel, en Afrique, ayant pour but officiel de mener des actions de contre-terrorisme et à réguler le trafic d’armes et le trafic de drogues, en Afrique centrale.
Autre élément du dispositif : la Joint Task Force Aztec Silence (JTF Aztec Silence), organisation interarmées dont le but est d’effectuer
les missions et de remplir les objectifs de l’OEF-TS.
Précisons que la JTF est dans un premier temps une composante du United States European Command (EUCOM). Mais suite à l’annonce, en septembre 2007, de la création du United States Africa Command (US AFRICOM), sa mission passe sous la responsabilité de ce dernier.
En 2007, le Congrès des États-Unis décide d’allouer la somme de 500 millions de dollars à la Trans-Saharan Counterterrorism Initiative (TSCTI), pour les six années à venir, afin – officiellement – de soutenir, financièrement, les États africains impliqués dans la lutte antiterroriste contre Al-Qaïda que sont l’Algérie, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Nigéria, et le Maroc.
Ce programme s’appuie notamment sur l’ancien Pan Sahel Initiative (PSI), plan achevé en décembre 2004 et qui s’était focalisé sur les
trafics d’armes et de drogues, ainsi que le contre-terrorisme.
En 2009, RFI indiquait pour sa part qu’à Gao, dans le nord du Mali, des militaires américains se trouvaient à pied d’oeuvre, pour former leurs collègues maliens. But officiel : renforcer la capacité de l’armée malienne à lutter contre l’insécurité et le terrorisme, en vue notamment de chasser l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique de la région. Cette dernière ayant revendiqué le rapt du Français Pierre Camatte et de trois Espagnols, enlevés, fin novembre 2009, respectivement, au Mali et en Mauritanie .
Les forces spéciales américaines entraînaient alors plus de deux heures par jour les troupes maliennes, notamment aux techniques de combat dans le désert et à des séances de tir …. précisait RFI. «Pour tous, les Américains ne le cachent pas, il s’agit de former des troupes d’élite afin de lutter contre les ennemis communs dans la bande sahélo-saharienne» ajoutait le journal. Indiquant alors que si Washington n’avait pu à cette date s’installer militairement dans la zone, il avait «décidé de donner les moyens à ses partenaires».
Mais désormais, donc, selon le "NYT", trois des quatre unités d’élite maliennes à commandement touareg formées par les instructeurs US seraient passées de l’autre côté du miroir. L’histoire ne dit pas s’il y a une finance et/ou manipulation à la clé …. et si le but ultime des Etats-Unis ne serait pas celui-là.
Rares journaux français à reprendre cet article du "NYT", le "Canard Enchaîné" et "Libé" nous indiquaient, quant à eux, que plusieurs unités
d’élite ont été formées avec l’aide des américains, avant de rejoindre l’insurrection nordiste, l’an dernier.
En 2012, trois commandants sur quatre formés par les Etats-Unis à la tête d’unités d’élites engagées au Nord-Mali se sont ainsi ralliés aux
islamistes. Tout «en apportant avec eux leurs troupes, leurs armes, leurs véhicules et leur expertise tout juste acquise, au plus fort de la bataille», selon les dires d’officiers
supérieurs maliens. Un officier supérieur indiquant, en effet, que lesdits commandants ont «été suivis par 1.600 soldats ayant fait défection de l’armée malienne».
Libé tient également à rappeler à l’occasion que le capitaine Sanogo, auteur du coup d’Etat de mars dernier au Mali, avait bénéficié d’une
formation de plusieurs années aux Etats-Unis.
«Je ne pense pas que les Etats-Unis sont co-responsables de la situation au Mali», tente toutefois de nuancer, aujourd’hui, Witney Schneidman, analyste à la Brookings et ancien secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines. Si cela semble tellement évident … pourquoi est-il besoin de le préciser ?
Reste, qu’au final, tout comme le 11 septembre avait permis de justifier une surveillance accrue au nom de la chasse aux terroristes, l’épopée des rebelles touaregs et des djihadistes maliens et des terroristes sévissant en Algérie aura permis ni plus ni moins de justifier à sa manière l’installation d’une base militaire US en Afrique via l’Africom (commandement américain, pour l’Afrique). Le tout assorti d’envois de drones pour pouvoir surveiller l’Afrique du Nord et le Sud Algérien. Pour le moins édifiant …. Une information relayée elle aussi par le quotidien américain New York Times et confirmée par Reuters.
Plus de 300 personnels de l’Africom devraient ainsi s’installer prochainement, dans la région du Sahel, voire plus précisément au Niger, pays pour le moins stratégique pour le groupe nucléaire français Areva, ce dernier exploitant un important site d’extraction d’uranium sur son territoire.
Selon le "NY Times", des drones Predator seront ainsi chargés d’effectuer des missions de surveillance dans la région, «afin de combler le
manque d’informations plus détaillées sur un certain nombre de menaces régionales dont celles relatives aux groupes terroristes activant dans le nord du Mali et au flux de combattants et
d’armes en provenance de Libye».
L’Africom envisagerait, par ailleurs, l’établissement d’une base de drones, au Nord-Ouest de l’Afrique, afin nous dit-on d’augmenter les missions de surveillance des groupes extrémistes. Si les drones de surveillance seraient, dans un premier temps, non armés, des responsables militaires américains n’excluent pas, toutefois, le recours à des tirs de missiles, «en cas d’aggravation de la menace».
Des autorités nigériennes, sous couvert de l’anonymat, ont, par ailleurs, confirmé à Reuters que le Niger venait de donner son accord pour l’implantation d’une base aérienne américaine sur son territoire. Mahamadou Issoufou, Président nigérien, ayant récemment exprimé sa volonté de mettre en place une relation stratégique, à long terme, avec les Etats-Unis».
Les drones seront positionnés dans le nord du Niger, dans la région désertique d’Agadez, à la frontière avec le Mali, l’Algérie et la Libye, avait par ailleurs indiqué la même source à l’agence Reuters.
«Cela est directement lié à l’intervention militaire au Mali, mais il pourrait aussi donner à l’Africom une présence plus durable pour les
missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR)», ont justifié quant à eux les militaires US, précise pour sa part le "NY Times".
Mais quel serait le but final me direz-vous ? Evitez – notamment – que le Sahel – via les ressources du bassin de Taoudeni– ne devienne à terme une importante région de production de gaz naturel, situation qui, le cas échéant, plomberait les cours via une hausse de l’offre, tout en limitant les clients potentiels des majors pétrolières US.
Affaire à suivre …
Elisabeth Studer – http://www.leblogfinance.com/
Les origines d’Al-Qaïda au Maghreb islamique: Qui est derrière les terroristes?
Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI): De qui s’agit-il?
De nombreux groupes affiliés sont activement impliqués au Nord-Mali :
-Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dirigé par Abdelmalek Droukdel, l’émir d’AQMI
-Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghaly
-Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO)
-Le Groupe islamique armé (GIA), très en vue dans les années 1990, est pratiquement disparu. Ses membres se sont joints à AQMI
- Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), un mouvement touareg laïc, nationaliste et indépendantiste
Historique
En septembre 2006, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a uni ses forces à Al-Qaïda. Le GSPC a été créé par Hassan Hattab, un ancien commandant du GIA.
En janvier 2007, le groupe a officiellement changé son nom pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Donc au début septembre 2007, l’AQMI récemment formé a établi une relation étroite avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL).
Les commandants du GSPC avaient été inspirés par les enseignements religieux salafistes en Arabie Saoudite, ayant autrefois joué un rôle important dans la formation des moudjahidines en Afghanistan.
L’histoire des commandants djihadistes d’AQMI est significative dans le contexte plus vaste de cette question
-Qui est derrière les diverses factions affiliées à Al-Qaïda?
-Qui appuie les terroristes?
-Quels intérêts économiques et politiques sont servis?
Le Council on Foreign Relations (Conseil des relations internationales, CFR) situé à Washington retrace les origines d’AQMI à la guerre soviéto-afghane : La plupart des hauts dirigeants d’AQMI auraient été formés en Afghanistan durant la guerre contre les Soviétiques de 1979 à 1989. Ils auraient fait partie d’un groupe de volontaires nord-africains connus sous le nom d’« Arabes afghans » revenu dans la région après la guerre et qui radicalisait les mouvements islamistes. Le groupe est divisé en « katibas » ou brigades formant diverses cellules le plus souvent indépendantes.
Depuis 2004, le chef du groupe, ou l’émir, est Abdelmalek Droukdel, également connu sous le nom d’Abou Mossab Abdelwadoud, un ingénieur de formation et expert en explosifs qui s’est battu en Afghanistan et est issu du GIA algérien. C’est sous son leadership qu’AQMI a déclaré que la France était sa cible principale. L’un des dirigeants d’AQMI les « plus radicaux et les plus violents » est Abdelhamid Abou Zeid selon les experts en contre-terrorisme. Abou Zeid est lié à plusieurs enlèvements et exécutions d’Européens dans la région. (Council on Foreign Relations, Al Qaeda in the Islamic Maghreb, cfr.org, non daté.)
L’article du CFR omet de mentionner que le djihad islamique en Afghanistan était une initiative de la CIA, lancée en 1979 à l’époque de l’administration Carter et fortement appuyée par Ronald Reagan au cours des années 1980.
En 1979 la plus vaste opération clandestine de l’histoire de la CIA a été lancée en Afghanistan. Des missionnaires wahhabites d’Arabie Saoudite ont mis sur pied les écoles coraniques (madrasas) au Pakistan et en Afghanistan. Les manuels scolaires utilisés dans les madrasas ont été imprimés et publiés au Nebraska. Le financement clandestin a été acheminé aux moudjahidines avec l’appui de la CIA.
« Fortement encouragés par la CIA et l’ISI du Pakistan, qui désiraient transformer le djihad afghan en guerre mondiale menée par tous les États musulmans contre l’Union soviétique, 35 000 musulmans radicaux provenant de 40 pays islamiques se sont joints à la lutte afghane entre 1982 et 1992. Des dizaines de milliers d’autres sont allés étudier dans les madrasas pakistanaises. Avec le temps, plus de 100 000 musulmans radicaux ont été directement influencés par le djihad afghan. (Ahmed Rashid, “The Taliban: Exporting Extremism”, Foreign Affairs, novembre-décembre 1999.)
La Central Intelligence Agency (CIA) a joué un rôle clé dans la formation des moudjahidines en utilisant l’Inter-Services Intelligence (Direction pour le renseignement inter-services) pakistanais. La formation des guérilleros parrainée par la CIA était intégrée aux enseignements de l’islam.
« En mars 1985, le président Reagan a signé la directive nationale de sécurité 166 [laquelle] autorisait un appui militaire clandestin supplémentaire et signalait clairement que la guerre secrète afghane avait un nouvel objectif : vaincre les troupes soviétiques en Afghanistan par des actions clandestines et encourager le retrait soviétique. La nouvelle aide secrète étasunienne a débuté par une augmentation spectaculaire des livraisons d’armes, une progression constante atteignant 65 000 tonnes annuellement en 1987 […] ainsi qu’un « flot incessant » de spécialistes de la CIA et du Pentagone se rendant au quartier général secret de l’ISI au Pakistan, situé sur la route principale près de Rawalpindi. Les spécialistes de la CIA y rencontraient des officiers du renseignement pakistanais afin d’aider à planifier des opérations pour les rebelles afghans». (Steve Coll, Washington Post, 19 juillet 1992)
Mokhtar Belmokhtar, le cerveau des attaques terroristes perpétrées par la brigade islamiste des Moulathamine (masquée) au complexe gazier d’In Amenas est l’un des membres fondateurs d’AQMI.
Il a été formé et recruté par la CIA en Afghanistan. Belmokhtar était un volontaire nord-africain, un « Arabe afghan » enrôlé à 19 ans comme moudjahidine pour se battre dans les rangs d’Al-Qaïda en Afghanistan à une époque où la CIA et sa filiale pakistanaise, l’ISI, appuyaient activement le recrutement et la formation des djihadistes. Mokhtar Belmokhtar a fait la « guerre civile » en Afghanistan.
Il est retourné en Algérie en 1993 et s’est joint au GSPC. Le passé et l’implication de Belmokhtar en Afghanistan suggèrent qu’il était un « agent de renseignement » appuyé par les États-Unis.
Le rôle des alliés des États-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar
Dès le début en 2007, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a établi des liens étroits avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL), dont les dirigeants avaient également été formés et recrutés en Afghanistan par la CIA. La CIA et le MI6 britannique appuient clandestinement le GICL.
Le GICL a été directement appuyé par l’OTAN durant la guerre de 2011 contre la Libye « fournissant des armes, de la formation des forces spéciales et même des avions pour appuyer le renversement du gouvernement libyen ». (Tony Cartalucci, The Geopolitical Reordering of Africa: US Covert Support to Al Qaeda in Northern Mali, France “Comes to the Rescue”, Global Research, janvier 2013.)
Les Forces spéciales britanniques SAS avaient été envoyées en Libye avant l’insurrection, agissant à titre de conseillers militaires du GICL.
Plus récemment, des reportages ont confirmé qu’AQMI a reçu des armes du GICL, dont les mercenaires ont intégré les rangs des brigades d’AQMI. Le commandant Mokhtar Belmokhtar, qui a coordonné l’opération d’enlèvement d’In Amenas, a déclaré : « Nous avons été l’un des principaux bénéficiaires des révolutions dans le monde arabe. En ce qui concerne le fait que nous bénéficions des armes [libyennes], cela est normal dans ce genre de circonstances. » http://www.hanford.gov/c.cfm/oci/ci_terrorist.cfm?dossier=174
La raffinerie de BP à In Amenas est située en plein sur la frontière libyenne. On peut soupçonner l’implication d’un contingent de combattants du GICL dans l’opération.
AQMI a également des liens avec le Front Al-Nosra en Syrie, appuyé clandestinement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.
AQMI est lié de manière indélébile à un programme de renseignement occidental. On le décrit comme « l’un des groupes militants les plus riches et mieux armés de la région », financé secrètement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.
Le journal français Le Canard enchaîné a révélé (juin 2012) que le Qatar (un fidèle allié des États-Unis) finance diverses entités terroristes au Mali, incluant le groupe salafiste Ansar Dine :
Et les rebelles touareg du MNLA (indépendance et laïcité), d’Ansar Dine, d’AQMI et de Mujao (djihad en Afrique de l’Ouest) ont reçu de l’argent du Qatar selon un reportage (The Examiner).
L’information du journal satirique Canard enchaîné, qui rapportait (juin 2012) que le Qatar financerait des groupes armés au Nord-Mali, a été relayée par les médias d’Algérie et d’Afrique de l’Ouest.
Depuis plusieurs mois au Mali on soupçonne Ansar Dine, le principal groupe armé pro-charia de la région, de recevoir du financement du Qatar.
Au début du conflit par exemple, des reportages (non confirmés) indiquaient qu’un avion qatari rempli d’armes, d’argent et de drogue était atterri à Gao.
Le reportage original cite un rapport du renseignement français indiquant que le Qatar a fourni de l’aide financière à trois des principaux groupes armés du Nord-Mali : Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, AQMI et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).
Le montant du financement donné à chaque groupe n’est pas révélé mais on signale que de nombreux rapports de la DGSE française remis au ministère de la Défense ont mentionné l’appui du Qatar au terrorisme au Nord-Mali. (C’est l’auteur qui souligne)
Il faut évaluer attentivement le rôle d’AQMI comme atout du renseignement. L’insurrection islamiste crée des conditions favorisant la déstabilisation politique du Mali en tant qu’État-nation. Quels intérêts géopolitiques ont été servis
Conclusion : Le « Soudan étasunien »
Ironiquement, l’opération d’enlèvement au sud de l’Algérie et la tragédie provoquée par l’opération de « sauvetage » militaire menée par l’Algérie fournissent une justification humanitaire à l’intervention militaire occidentale menée par AFRICOM, le Commandement des États-Unis pour l’Afrique. Celle-ci ne concerne pas uniquement le Mali et l’Algérie, mais pourrait aussi comprendre la région plus vaste s’étendant de la zone sahélienne sub-saharienne, de la Mauritanie à la frontière occidentale du Soudan.
Ce processus d’escalade fait partie d’une « feuille de route » militaire et stratégique des États-Unis, et constitue une étape subséquente de la militarisation du continent africain, un « suivi » de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Libye en 2011.
Il s’agit d’un projet de conquête néocoloniale d’un vaste territoire par les États-Unis.
Même si la France constitue l’ancienne puissance coloniale, intervenant pour le compte de Washington, le but ultime est d’exclure tôt ou tard la France du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne. Le remplacement de la France comme puissance coloniale se fait de manière constante depuis la guerre d’Indochine des années 1950.
Alors que les États-Unis sont, à court terme, prêts à partager le butin de guerre avec la France, l’objectif ultime est de redessiner la carte de l’Afrique et de transformer par la suite l’Afrique francophone en sphère d’influence étasunienne.
Celle-ci s’étendrait de la Mauritanie, au bord de l’Atlantique, jusqu’au Soudan, à l’Éthiopie et à la Somalie.
Un procédé similaire visant à exclure la France de l’Afrique francophone a lieu depuis les années 1990 au Rwanda, au Burundi et en République du Congo.
En conséquence, on empiète sur le français comme langue officielle en Afrique. Aujourd’hui au Rwanda, l’anglais est une langue officielle avec le kinyarwanda et le français : Le gouvernement du FPR en 1994 a commencé par offrir l’éducation secondaire en anglais ou en français. Depuis 2009, elle est offerte uniquement en anglais. Depuis 1994, l’université n’utilise plus le français comme langue de travail. (Le président rwandais Paul Kagame ne lit pas et ne parle pas le français.)
Un vaste territoire est en jeu, celui qui, durant la période coloniale, comprenait l’Afrique de l’Ouest française et l’Afrique équatoriale française. (Voir la carte ci-dessous)
À l’époque de la France coloniale, on appelait le Mali le Soudan français.
Il est ironique que ce processus visant à affaiblir et, tôt ou tard, à exclure la France de l’Afrique francophone soit mis en œuvre avec l’approbation tacite de l’ancien et de l’actuel présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, servant tous deux les intérêts géopolitiques étasuniens au détriment de la République française.
La militarisation du continent africain relève du mandat d’AFRICOM.
L’objectif à plus long terme consiste à exercer le contrôle géopolitique et militaire sur une vaste zone ayant historiquement appartenu à la sphère d’influence française. Cette zone est riche en pétrole, en gaz naturel, en or, en uranium et en minéraux stratégiques. (Voir R. Teichman, The War on Mali. What you Should Know: An Eldorado of Uranium, Gold, Petroleum, Strategic Minerals …, Global Research, 15 janvier 2013.)
La division coloniale de l’Afrique décidée à la conférence de Berlin (à droite). Voir les cartes de l’Afrique coloniale française ci-dessous.
Traduction : Julie Lévesque pourMondialisation.ca
Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en plus de 20 langues).
--------------
Deux avions qataris à la rescousse des djihadistes au Mali 05 Février 2013
Des informations font état de l'atterrissage de deux avions du Qatar au nord du Mali «pour transporter des djihadistes et empêcher leur arrestation ou leur élimination par les armées française et malienne».
L'opération qui commence à faire le tour du monde du renseignement, expliquerait, en partie, le fait que des chefs d'Al Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) ne soient pas arrêtés, jusqu'à présent, plusieurs semaines après le début de l'offensive
militaire française et la récupération de plusieurs villes du Mali, dont Kidal, Tombouctou, Monti et Gao. «Cette information circule depuis récemment», nous a déclaré Eric Denécé,
directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R).
Le Qatar, qui n'a, jusqu'à présent, pas démenti cette information, avait, rappelle-t-on, exprimé son désaccord vis-à-vis de l'intervention
militaire française, au Mali, après avoir proposé d'assurer la médiation avec les djihadistes armés se trouvant au nord de ce pays.
Pour rappel, quatre humanistes qataris avaient été signalés au nord du Mali. Ce qui nous a été confirmé par Mickael Sibdiga, chef d'antenne
de la Croix-Rouge à Kidal.
Les quatre «humanitaires» qataris étaient, ajoute-t-on de source malienne locale, arrivés de façon non officielle, c'est-à-dire sans
informer le comité international de la Croix-Rouge. «Ils ont dit qu'ils sont venus pour faire l'appréciation des besoins des populations», a ajouté Mickael Sibdiga.
Le Qatar est soupçonné de soutenir et financer les djihadistes qui sévissaient au nord du Mali et dans d'autres régions du monde.