Des informations très contradictoires et souvent fausses parviennent en Europe sur ce qui se passe actuellement en Syrie. Il est ainsi difficile de comprendre quelle est la situation exacte dans ce pays. Aussi est-il utile de rappeler quelques points pour mieux saisir la complexité de la crise syrienne, ses racines et ses enjeux.
Un pays en état de guerre
Comme l'a reconnu le chef de l'État syrien dans son discours du 26 juin dernier, à l 'occasion de l'investiture du nouveau gouvernement syrien, «nous vivons une véritable situation de guerre ! Toutes nos politiques et tous les secteurs doivent être mis au service de la victoire dans cette guerre !» Il s'agit donc d'un aveu majeur, quoique tardif, car jusqu ici le mot « guerre » était soigneusement évité. Le pouvoir a cherché à dédramatiser la gravité de la situation, se contentant de parler de « bandes armées », de « terroristes » ou de « djihadistes d Al-Qaïda » infiltrés dans le pays via le Liban, la Turquie, la Jordanie et passablement via l'Irak. Pratiquement tous les pays limitrophes participent d une manière ou d une autre à cette guerre !
Le régime syrien a longtemps hésité avant de jeter toutes ses forces dans la balance estimant, à tort, qu il était en mesure de venir à bout de cette rébellion armée à moindres frais. Il a d'abord surestimé la solidité du front intérieur, tout comme l ampleur des engagementsfinancierset militaires des Occidentaux, de la Turquie et des pays du Golfe en faveur de la rébellion. Il voulait également éviter de rééditer le scénario de la ville de Hama de 1982 quand Hafez al-Assad, le père de l'actuel président, y avait écrasé dans le feu et le sang, après quatre années de guérilla islamiste, un ultime soulèvement armé, sous la conduite dAl Tali’a al Mouqatila(« L'avant-garde combattante »), branche armée des Frères musulmans syriens). Cette faction minoritaire et dissidente des Frères musulmans avait auparavant multiplié les attentats.