La Libye de Muammar Kadhafi n'a pas été épargnée par la vague de contestation qui a secoué l'Afrique du Nord au printemps 2011. Pourtant, les conditions socio-économiques de laJamahiriyahn'avaient rien de commun avec celles de ses voisins.
En effet, bien que l'économie ait été loin d'êtreflorissante, le niveau de vie des Libyens était bien supérieur à celui des Tunisiens, Égyptiens et de pays voisins du sud. Certes, le régime était une dictature et le contrôle étroit qu'exerçait le Guide et ses services de sécurité sur la population ne permettait guère aux opposants de se structurer et de passer à l'action. Surtout, il n'existait aucun courant pro démocratique en Libye.
Pourtant, encore plus qu'ailleurs, la spontanéité d'une révolution populaire paraît surprenante. C'est que les raisons du renversement de Kadhafi, dissimulées sous l' appellation de « printemps libyen » ou de « révolution du 17 février » sont à chercher ailleurs. Elles résident dans les relations complexes et dégradées du dirigeant libyen avec les monarchies du golfe Persique et avec les États occidentaux, soucieux d'assurer leur approvisionnement énergétique. Ses relations diffciles avec les pays africains ont achevé de faire le reste.
Les différends avec les États du Golfe et la Ligue arabe
La Libye a assuré la présidence de la Ligue arabe en 2010-2011. Mais cela n'a pas porté chance à Kadhafi qui aura tout essayé avec ses frères arabes, lesquelsfinirontpar le « lâcher ». Il a probablement sincèrement cru à une union arabe, trouvant
«ironique que les Américains et les Soviétiques, qui n’ont pas la même origine, arrivent à créer des fédérations, tandis que les Arabes n’y arrivent pas».
Il a essayé l'Union arabe, fédération souple entre l'Égypte, le Soudan et la Libye en 1969, déclarant
«la Libye a l’argent, le Soudan les terres et l’Égypte les hommes»
; puis il a tenté un rapprochement avec la Syrie en 1970.