Sans la France, sans l'appui des pays occidentaux et de l'OTAN, jamais les rebelles libyens n'auraient pu renverser Mouammar Kadhafi. Pourtant, au moment d'analyser cette « révolution », il faut commencer par saluer le courage des hommes, de simples civils pour la plupart, qui ont osé défier, mi-février à Benghazi, un dictateur imprévisible et sanguinaire au pouvoir depuis 40 ans.
Un soulèvement spontané
Ils ont commencé par se retrouver un peu par hasard le 15 février 2011 devant le commissariat de Benghazi. Au début, ils n'étaient qu'une poignée, quelques dizaines de personnes, à se rassembler pour dénoncer l'arrestation de Fathi Terbil, un avocat de 39 ans, défenseur des familles des victimes du massacre dit « de la prison d Abu Salim », le lieu où, en 1996, le régime de Mouammar Kadhafi a fait fusiller 1 200 prisonniers politiques. Fathi Terbil est un opposant notoire. En cette mi-février, il cherche à imprimer des tracts pour inciter la population à descendre dans la rue le 17, jour de mobilisation nationale lancée sur les réseaux sociaux.
C est à ce moment-là que les forces de l'ordre commettent une erreur. Abdallah Senoussi, le responsable des services secrets et par ailleurs beau-frère du Guide, ordonne la dispersion totale de ce rassemblement. Les policiers chargent, ils frappent les manifestants à coups de matraque. Cette violence, disproportionnée par rapport à la menace que représente ce rassemblement, attise la colère des habitants de Benghazi qui se retrouvent encore plus nombreux dans les rues. Le 17 février, à Benghazi, à Derna et à Al-Beïda, des dizaines de milliers de personnes bravent l'interdiction de manifester décrétée par le régime. Les forces de l'ordre tirent à balles réelles sur la foule.