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Enquête sur Vincent Peillon : le prophète de la nouvelle religion laïque et socialiste

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Extrait de l’hebdomadaire

Bourse Plus du 11 janvier 2013

Propos recueillis par Yannick URRIEN


Comment le pouvoir veut détruire les traditions et les religions.
Enquête sur Vincent Peillon : le prophète de la nouvelle religion laïque et socialiste, "le nouveau Jules FERRY?"


Le CERU (Centre d’études et de recherches universitaire) vient de faire paraître des travaux passionnants sur Vincent Peillon. À partir de deux ouvrages publiés récemment par ce dernier («Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson», Le Seuil, 2010 et «La Révolution française n'est pas terminée», Le Seuil, 2008), l'auteur de cette étude, Vivien Hoch, chercheur en philosophie, analyse les fondements sur lesquels se base le ministre de l'Education nationale pour construire et concrétiser sa vision de la laïcité et de l'école républicaine. Il ressort de cette analyse que pour Vincent Peillon, l'école doit être capable de concurrencer les religions et les traditions.


Selon le ministre, qui s'inscrit dans la lignée de Ferdinand Buisson, la laïcité est «un principe de tolérance certes, mais plus encore de philosophie positive, c'est aussi une religion». Paradoxalement, la laïcité devient même «la religion de toutes les religions, de toutes les confessions, la religion universelle». Le projet consiste alors «à forger une religion qui soit non seulement plus religieuse que le catholicisme dominant, mais qui ait davantage de force et de séduction, de persuasion que lui». Pour parvenir à imposer cette nouvelle approche, l'école doit jouer un rôle stratégique et politique.

Cette étude révèle également que selon Vincent Peillon, République et socialisme sont fondamentalement synonymes. Pour lui, l'histoire débute avec la Révolution française et converge, selon le fameux sens de l'histoire, vers sa propre construction idéologique de la réalité : tant que celle- ci résiste à l'idée socialiste, la révolution reste «inachevée». Vivien Hoch répond à nos questions.


L’Hebdo-Bourseplus :


Votre étude démontre que le concept de laïcité est poussé à un tel niveau par Vincent Peillon, qu’il l'érige en véritable religion, avec ses excès, ses dogmes et ses interdits...

Vivien Hoch :


Quand on a lu toute l’œuvre de Vincent Peillon, on n’est pas du tout étonné par ses propos, car c’est un vrai idéologue. C’est quelqu’un qui a une logique de pensée très profonde et l'on comprend tout à fait pourquoi il s’oppose autant aux catholiques et à l’enseignement privé. Nous nous sommes basés sur ses écrits et il a des citations assez inquiétantes pour quelqu’un qui peut être catholique, ou d’une autre religion, car il développe l’idée de la République comme une religion qui s’oppose aux religions traditionnelles. Par exemple, la République est égale au socialisme et la République doit être plus prégnante et plus intéressante que les religions traditionnelles. La République doit même remplacer les religions traditionnelles. On comprend donc pourquoi les enfants doivent être scolarisés le plus tôt possible ! Il se situe dans la lignée d’un État quasiment totalitaire qui voudrait prendre en main l'intégralité de l’éducation des jeunes Français.


La République est un mode d’organisation au sein duquel les religions trouvent chacune leur espace, tout en restant dans la sphère privée. Or, votre étude démontre que la République doit s'immiscer dans la sphère privée et même prendre la place des religions...


C’est exact et elle va y entrer par l’éducation. La religion laïque est à ses yeux une religion de substitution.


Pourtant, Vincent Peillon semble avoir une image de gendre idéal, presque rassurante pour les Français, ce qui est en total décalage avec l’extrémisme de son discours...


Il donne une image lisse. On reproche beaucoup aux hommes politiques de manquer de convictions mais, avec Vincent Peillon, c’est tout le contraire. C’est quelqu’un qui est rempli de convictions. Il a un vrai projet pour la société, un projet qui porte en lui des germes de totalitarisme. Par exemple, il affirme que République et socialisme sont inséparables, c’est très dangereux pour les opinions

divergentes. Son image lisse cache un véritable monstre idéologue.


Ne revient-il pas finalement aux fondamentaux de la construction de notre échiquier politique, c’est-à-dire celui issu du clivage de la Révolution française ?


La Révolution française n’est toujours pas achevée pour Vincent Peillon. Son idéal progressiste est justement d’achever cette révolution. Cette dichotomie vient plutôt du XIXème siècle, il s’oppose encore au libéralisme tel qu’il était au XIXème siècle.


Peut-on parler de haine à l’égard des religions et des traditions ?


Je ne pense pas que l’on puisse parler de haine, ni même de cathophobie parce que, dans son idée, la République socialiste se situe dans la poursuite des valeurs chrétiennes. Le christianisme doit devenir une République socialiste. Le christianisme n’est qu’un moment de l’histoire qui doit parvenir nécessairement à la République socialiste. Donc, les religions ne vont pas tarder à disparaître. C’est peut-être finalement pire que de la haine... La haine reconnaît son adversaire, même méchamment, alors qu’il est dans une conviction que l’histoire va aller nécessairement vers ses propres idées : les catholiques ne sont plus qu’un moment de l’histoire et ils sont donc destinés à disparaître.


Vous faites référence à une lettre adressée aux recteurs, dans laquelle il leur demande de «s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités...»


C’est très inquiétant ! Le but de Vincent Peillon, qui ne s’en cache pas dans ses livres, c’est que l’enseignement catholique soit totalement contrôlé par l’État. La République socialiste est aussi une religion, il faut bien comprendre cela : elle a donc aussi ses tables de la loi, ses prophètes, ses prêtres et ses dogmes qui doivent être enseignés dans tout le système éducatif, y compris dans le privé. Lorsque Najat Belkacem est allée enseigner le mariage homosexuel dans les écoles, cela n’a posé aucun problème à Vincent Peillon, puisque les écoles sont les lieux où l’on doit créer les futurs électeurs socialistes... Donc, on les formate à la pensée unique, républicaine et socialiste. Cette lettre aux recteurs de Vincent Peillon est très inquiétante, car elle porte un germe de totalitarisme.


Ce qui vous préoccupe également, c’est cette volonté d’étendre le message à l’enseignement privé...


L’enseignement privé n’échappera pas aux attaques idéologiques de la République socialiste. Les dogmes ultra-progressistes prônés par le gouvernement socialiste vont à l’encontre des dogmes traditionnels. Vincent Peillon est dans une coupure totale avec la tradition et il y a donc un affrontement entre le nouveau - le progrès à ses yeux - et la tradition. Dans ce conflit, dans l’esprit de Vincent Peillon, qui est celui de la dialectique marxiste, l’un doit vaincre sur l’autre. Évidemment, celui qui doit vaincre, c’est le progressisme de Vincent Peillon.


Dans ce travail de sémantique, il y a aussi la diabolisation, puisque Vincent Peillon accuse tous ceux qui ne seraient pas sur sa ligne d’être proches des forces contre-révolutionnaires, réactionnaires et rétrogrades. Ce sont des termes très durs...


Celui qui s’oppose à l’histoire inéluctable, celle qui avance vers la République socialiste, est impur, il est rétrograde... Ce sont les mots mêmes de Vincent Peillon. Lorsque l’histoire avance à grands pas, Vincent Peillon est aux commandes et tous ceux qui s’opposent à cette avancée sont impurs. Nous sommes quasiment dans une chasse aux sorcières ! Tout cela est de l’ordre de l’Inquisition, avec une nouvelle religion qui a ses dogmes et sa propre histoire...


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