Selon les résultats d’une étude inédite publiée récemment, les disparités entre hommes et femmes en matière d’utilisation de l’Internet nuisent à l’économie mondiale et affectent des millions de femmes dans le monde entier.
Selon le rapport intitulé Les femmes et le Web, en permettant à 600 millions de femmes de plus d’accéder à l’Internet au cours des trois prochaines années, on pourrait augmenter le produit intérieur brut de 144 pays en développement d’environ 13 à 18 milliards de dollars.
Ce rapport est le produit d’une étude parrainée par Intel Corporation, un fabricant américain multinational de puces semi-conductrices, par Dalberg, un cabinet d’experts en gestion spécialisé dans le développement mondial, et par GlobeScan, un consultant en études d’opinion publique implanté dans plus de 70 pays. World Pulse, un réseau médiatique à but non lucratif – travaillant avec les femmes dans 190 pays – a également contribué à cette étude.
Selon le rapport, la probabilité de trouver une femme sur l’Internet est 25 pour cent moindre que celle d’y trouver un homme. « Pour les femmes des pays en développement, l’Internet pourrait permettre l’accès à des avantages tangibles, tels que des possibilités d’emploi ou d’apprentissage, et à des bénéfices moins tangibles comme l’assurance, l’estime de soi et le sentiment d’autonomie. »
Quels sont donc les obstacles qui s’érigent entre les femmes et l’Internet ?
Selon le rapport, l’illettrisme est un obstacle majeur. Dans l’ensemble des pays en développement, environ 25 pour cent des femmes sont illettrées, contre 14 pour cent des hommes.
Dans certains pays, en vertu des normes culturelles, l’Internet est considéré comme un outil « inapproprié » pour les femmes, précise le rapport.
Toujours selon le rapport, nombreuses sont les femmes qui ne savent tout simplement pas ce qu’est l’Internet ou comment son utilisation pourrait améliorer leur vie. D’autres n’ont jamais appris à s’en servir.
« Les femmes ne sont pas foncièrement moins compétentes que les hommes en matière de technologie, affirme le rapport, et, comme le montrent les analyses, la soi-disant « technophobie » est dans une large mesure le reflet des disparités qui existent entre les deux sexes en matière d’éducation, d’emploi et de revenus. »
Le rapport conclut également qu’une femme qui utilise l’Internet depuis longtemps est d’autant plus encline à s’impliquer dans des activités qui produisent des bénéfices tangibles.
Statistiquement, « les femmes qui utilisent l’Internet depuis plus de cinq ans sont deux fois plus susceptibles de chercher des informations sur des services financiers et bancaires ou des renseignements liés à leur source de revenus que les femmes qui sont en-ligne depuis moins d’un an. De même, la probabilité qu’elles effectuent des achats en ligne est 50 pour cent plus élevée » affirme le rapport.
Ce rapport a été dévoilé le 10 janvier dernier dans le cadre du forum international WICTAD (Femmes, Information, Communication, Technologies et Développement), un forum de deux jours parrainé par le Bureau chargé des questions relatives aux femmes dans le monde du département d’État en collaboration avec ONU Femmes, qui s’est tenu à l’Institut d’éducation internationale à Washington. L’objectif de ce forum, qui a rassemblé des représentants de la société civile, du monde universitaire, du gouvernement, du secteur privé et des Nations unies, était d’évaluer les implications politiques, économiques et sociales de la disparité entre hommes et femmes en matière d’accès à Internet.
Selon Melanne Verveer, ambassadrice itinérante du département d’État américain, chargée des questions relatives aux femmes dans le monde, « l’accès à Internet est le ‘grand égalisateur’ du XXIème siècle ». Lors du forum, elle a ajouté que « si nous ne comblons pas les fossés qui existent déjà, nous allons également échouer dans bien d’autres domaines ».
Mme Verveer affirme que le département d’État US a déjà lancé, pour combler ces disparités, nombre d’initiatives ciblées en faveur des femmes et des filles.
L’initiative mWomen, par exemple, œuvre à faciliter l’accès des femmes aux technologies mobiles. Selon Mme Verveer, même au plus bas niveau de l’activité économique, les femmes entrepreneurs peuvent bénéficier d’outils technologiques simples comme les téléphones portables et ainsi accéder aux bulletins météo touchant à leur activité agricole ou surveiller les cours du marché pour leurs produits.
Les programmes TechWomen et TechGirls invitent des femmes et des filles entrepreneurs aux États-Unis pour leur permettre d’accroître leurs connaissances en matière de technologie et de gestion des affaires, et les aider à transposer leurs nouvelles compétences dans leurs pays.
Le rapport complet est disponible sur le site Web d’Intel Corporation.