En cautionnant le vote du peuple "contre l'immigration de masse", le gouvernement suisse va au clash avec l'Union européenne.
Le 9 février dernier, à une très courte majorité (50,3 %), les Suisses approuvaient l'initiative populaire intitulée "Contre l'immigration massive", présentée par l'Union démocratique du centre (UDC), le parti le plus à droite de l'échiquier politique. Vendredi 20 juin, Simonetta Sommaruga, vice-présidente de la Confédération, et ministre de la Justice et la Police, a annoncé : "Il y a un mandat du peuple, l'article constitutionnel est entré en vigueur, il va de soi pour le Conseil fédéral [gouvernement] qu'il faut l'appliquer scrupuleusement." En d'autres termes, la Suisse va établir des contingents pour tous les étrangers, y compris les frontaliers, et même pour les étrangers en possession d'un permis C de résident permanent. Le gouvernement suisse institutionnalise donc la "préférence nationale", réclamée par l'extrême droite helvétique. Toutefois, ces contingents ne devraient se mettre en place qu'en février 2017. La socialiste Simonetta Sommaruga, personnellement hostile à cette initiative populaire, a tenu à souligner qu'il était "impossible de concilier le nouvel article constitutionnel et l'accord sur la libre circulation" avec l'Union européenne.
Incompatible avec la libre circulation
La Suisse, enclavée dans l'Union européenne et réalisant 70 % de ses échanges avec ses voisins, multiplie depuis deux décennies des accords avec Bruxelles, notamment celui sur la libre circulation, signé en 2002. Un Français peut, sans entrave, venir travailler dans la Confédération. Réciproquement, un Suisse peut s'établir dans l'Hexagone s'il trouve un employeur. Comme le rappelle le quotidien Le Temps de Genève dans son édition d'aujourd'hui, "à Bruxelles, toute remise en cause de la libre circulation est considérée comme inacceptable" et "l'Union européenne n'entend pas entrer en matière pour renégocier l'accord sur la libre circulation des personnes avec la Suisse". La Suisse (8 millions d'habitants) prend donc le risque de provoquer un clash avec 28 autres pays ! L'attitude du Conseil fédéral (gouvernement) peut paraître quelque peu surprenante. Habituellement, confronté à des votations populaires difficilement applicables dans les textes, il cherche à noyer le poisson, ou du moins à gagner du temps. C'est le cas pour l'expulsion des étrangers délinquants. Cette fois, Berne déclare qu'il n'a pas d'autre choix que d'appliquer "strictement" la volonté populaire.
Une adhésion insidieuse à l'UE
Il est vrai que la pression des organisations populistes ne faiblit pas. Christoph Blocher, le leader de l'UDC et grand vainqueur de la "votation" du 9 février dernier, a lancé vendredi soir à Vorderthal, commune du canton de Schwytz, son mouvement anti-européen EU-NO, qui entend combattre toute "adhésion insidieuse à l'Union européenne". Selon l'extrême droite, le gouvernement suisse tenterait de rejoindre en catimini Bruxelles, l'ennemi mortel... On ignore encore tout de l'importance des contingents qui seront appliqués aux étrangers. Vont-ils dépendre des cantons et (ou) des secteurs économiques? Avec 3 % de chômeurs, la Suisse, en forte croissance économique, risque rapidement de manquer de main-d’œuvre. Sur les chantiers, dans les restaurants comme dans les grands magasins, pratiquement tous les emplois sont occupés par des étrangers. Par ailleurs, l'Union européenne ne devrait pas rester inactive face à cette "provocation" helvétique. Des mesures de rétorsion sont à prévoir. Elles risquent notamment de pénaliser les étudiants de la Confédération.
La Suisse officialise la "préférence nationale"
Source, journal ou site Internet : Le Point
Date : 21 juin 2014
Auteur : Ian Hamel
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http://phemga.blogspot.fr/2014/02/le-peuple-suisse-dit-non-limmigration.html
Par Kuing Yamang