Après presque un demi-siècle de progrès dans les technologies numériques, encouragés par des années de gains exponentiels constants dérivés de puissants facteurs de croissance numérique tels que la loi de Moore et la loi de Gilder, les entreprises se trouvent encore à la croisée des chemins s'agissant d'appliquer ces technologies à leurs activités. Malgré les décennies passées à automatiser en grande partie les processus existants au lieu de repenser fondamentalement leurs activités en des termes numériques, nos entreprises sont aujourd'hui confrontées à une horde de natifs du numérique, en plus d'un déferlement grandissant de startups de l'économie collaborative, qui menacent non seulement de les perturber, mais aussi de les éliminer carrément.
Obligation d'acquérir un niveau de pertinence numérique ou disparaître ?
En deux mots, le moment est peut-être venu de se demander si le progrès numérique rapide ne nous a pas finalement conduits à l'extinction massive de l'entreprise traditionnelle. Certains trouveront ces propos irréfléchis, mais les données tangibles de sources sérieuses (en anglais) continuent de montrer que la durée de vie moyenne de l'entreprise traditionnelle diminue rapidement, principalement à cause d'une incapacité à s'adapter au rythme de changement rapide des technologies actuelles. L'acquisition d'une pertinence numérique suffisante permettra-t-elle d'éviter l'obsolescence et de créer un avenir nouveau pour les entreprises prêtes à prendre cet engagement ? Certains en sont convaincus. Pour explorer ce sujet, et l'intersection de l'entreprise et de l'informatique en général, je me suis rendu début mars au CeBIT 2014 de Hanovre, en Allemagne. Sameer Patel, directeur général et vice-président de la division Logiciels d'entreprise collaboratifs et sociaux de SAP, était présent en tant qu'orateur au Social Business Arena, un espace de discussion au sein du CeBIT, où sont explorés les changements continus que les médias sociaux imposent à nos entreprises.
Réinventer l'informatique et l'avenir du travail
Sameer Patel est l'homme fort derrière Jam, plate-forme avant-gardiste de SAP destinée à l'entreprise sociale ; à ce titre, il suit donc ces tendances de très près. Dans son intervention, il a mis en avant les points clés suivants au sujet de la transformation véritable de l'entreprise numérique et sociale.
Ce qui fonctionne le mieux, c'est un équilibre entre les grands modèles informatiques. Il explique qu'au lieu de chercher simplement à améliorer les systèmes d'enregistrement ou les processus, ou bien de se focaliser uniquement sur l'aspect social, "nous devons nous poser la question suivante, de façon très objective : pour faire mon travail, quelle proportion me faut-il de social, de transactions et de données ?".
Nous nous sommes numérisés, mais pas véritablement transformés. Nous ne sommes pas allés au plus profond de nos entreprises pour les repenser en termes numériques modernes. Nous devons accorder une plus grande priorité à l'avenir de nos entreprises.
Malgré plus de quatre décennies d'investissements dans l'informatique, nos informations d'entreprise restent désorganisées et en silos. "Les vrais cerveaux de nos entreprises se trouvent dans les ateliers d'usine et dans le centre de service aux clients. Pourtant, 43 % des entreprises n'ont toujours pas d'informations complètes sur les fournisseurs", déplore Sameer Patel.
Nous avons besoin de processus reproductibles qui nous entourent comme le fait le Web moderne, ce que ne fait guère l'entreprise d'aujourd'hui. Pour Sameer, "Nous devons trouver et institutionnaliser des schémas reproductibles. Nous devons trouver des schémas qui accélèrent
les performances. L'informatique d'entreprise doit nous entourer. Le Web est conçu autour de moi, contrairement à nos expériences d'entreprise standard."
En matière d'entreprise sociale, l'accent doit être mis sur la fonction et le processus, tandis que l'aspect social doit leur fournir le contexte et l'impulsion nécessaires. "Nous devons comprendre de manière holistique le bon équilibre entre social, processus humain et données. La fonction doit primer, suivie par le social. Avec juste la bonne dose de social nécessaire."
Passer à un modèle plus connecté et intégré
Bien entendu, le vrai problème est que nous sommes toujours en plein milieu de la prochaine transition majeure dans le monde de l'entreprise et de la technologie, à savoir passer de l'univers statique axé sur les données (qui est celui des débuts de l'ère de l'information) à un modèle beaucoup plus connecté, engagé et intégré aujourd'hui, que je qualifierais d'ère du réseau. La vision qu'a Sameer Patel de la collaboration et de l'avenir des effectifs a toujours été de jeter un pont entre ces deux univers ; je pense qu'il s'agit du seul véritable moyen de commencer à rapprocher nos entreprises d'un avenir profondément numérique et social. Toutefois, un aspect malheureux de la puissance profondément latente des technologies numériques, et notamment en réseau, est qu'elles confèrent un énorme multiplicateur de force comparé aux outils qui les ont précédées. Cela a eu pour effet de considérablement creuser l'écart entre les entreprises leaders et retardataires ces dernières années, d'où un changement extrêmement inégal dans le monde de l'entreprise, ajoutant encore plus de turbulences sur la place de marché. En conséquence, certaines entreprises n'ont guère changé depuis les années 1990. Par ailleurs, on trouve également des entreprises tournées vers l'avenir, généralement dans les industries très concurrentielles, qui semblent provenir tout droit du futur avec leurs pratiques : utilisation avancée des réseaux sociaux d'entreprise, communautés de clients, applications mobiles personnalisées, plates-formes de cloud computing, informatique pilotée par les employés et programmes d'utilisation d'appareils, d'applications et de technologies personnels sur le lieu de travail. Aux entreprises de créer leur propre rupture Le débat aujourd'hui continue donc de tourner autour de la manière inadéquate dont les entreprises se modernisent en vue du changement technologique, pour réinventer l'environnement de travail et actualiser leur mode d'interaction avec le monde. Néanmoins, ce débat occulte bien trop souvent la façon dont les entreprises peuvent y parvenir. Certes, de bons modèles voient le jour pour adapter les entreprises traditionnelles à une mentalité plus numérique et vous pouvez certainement vous assurer que votre portefeuille informatique capture des concepts progressifs et avant-gardistes tels que ceux promulgués par Sameer Patel. Pour autant, c'est aux entreprises au final de créer leur propre rupture, avant que le marché ne le fasse pour elles. Il s'agit là d'un obstacle majeur que seules les entreprises les plus disciplinées surmonteront.
Les entreprises se sont numérisées sans vraiment se transformer
Source, journal ou site Internet : ZDnet
Date : 11 juin 2014
Auteur : Dion Hinchcliffe
L'Iconomie pour réinventer la croissance...
Nouveau monde, nouvelle culture, nouvelle économie, nouveau vocable... " iconomie " Si l'on n'a pas déjà croisé la route de quelques-uns des acteurs de l'Institut de l'Iconomie, quelques ...
http://www.entreprises-et-cultures-numeriques.org/l-iconomie-pour-reinventer-la-croissance/
Changer de modèle collaboratif !
Changer de modèle est un travail ambitieux. L'explosion des gains attendus grâce au numérique constitue une condition favorable au changement. Ce changement de paradigme nécessite pour les " ...
http://www.entreprises-et-cultures-numeriques.org/changer-de-modele-collaboratif/