Le Roi Mohammed VI et le Président tunisien Moncef Marzouki ont accompli la prière du vendredi 6 juin à la mosquée Malik Ibn Anas de Carthage. Dans son prêche, l’imam Othmane Batikh a appelé les dirigeants maghrébins à asseoir les fondements de la religion musulmane pour un Maghreb stable et sécurisé, hors de tout risque de fanatisme. L’esprit de la religion musulmane va à l’encontre de toutes les pensées inhumaines et violentes qui se trouvent à la base de l’insécurité dans la société, a affirmé le cheikh. Dans une déclaration à la presse donnée après la prière, le ministre marocain des Affaires islamiques Ahmed Taoufiq a indiqué que le fait que la prière du vendredi soit accomplie par le souverain marocain et le Président tunisien, dans une mosquée qui porte le nom de l'Imam Malik, fondateur du rite malékite commun aux deux pays, est un événement révélateur à plus d'un titre. "Il y a là une grande symbolique qui nous invite à réfléchir ensemble et à répéter notre attachement indéfectible aux valeurs de la modération et aux vertus du juste milieu", a-t-il dit. Et d’ajouter que ce fait religieux est une invitation lancée aux jeunes et aux élites des pays maghrébins "à engager une réflexion autour de cet héritage commun qui doit servir de référence pour une réadaptation de nos choix en faveur d'un Maghreb tolérant". Pour sa part, le ministre tunisien des Affaires religieuses Mounir Tlili a rappelé les accords signés entre les deux pays à l'occasion de la visite royale, dont un accord portant sur la formation des imams tunisiens au Maroc à partir de l'année prochaine. L'objectif de cette convention réside dans la promotion des valeurs de la tolérance et de la fraternité telles que prévues par la religion musulmane, a-t- il expliqué. Nombre d’observateurs marocains considère que ce fait religieux se veut plein d’enseignements, en particulier dans un contexte régional marqué par la persistance de la menace terroriste, la prédominance des discours religieux radicaux et le gel de l’intégration maghrébine. Abdellah Al Madbali, acteur associatif spécialiste des mouvements islamiques, a indiqué à Magharebia que le radicalisme représente aujourd’hui une menace sérieuse à l’intégration maghrébine. D’après lui, le rôle des oulémas, des institutions religieuses et des penseurs musulmans maghrébins s’avère de plus en plus urgent et nécessaire "pour faire face aux théoriciens de la haine et de la violence, d’ici et d’ailleurs, et pour prémunir les jeunes maghrébins contre la propagation de la pensée extrémiste, du salafisme et d'AQMI". Et de conclure "qu’en plus du politique, du géopolitique, du culturel et de l’économique, l’intégration religieuse maghrébine reste un défi majeur, loin d’être négligeable". La région du Maghreb traverse une phase historique particulièrement délicate, fragilisée par la présence de forces obscurantistes, aussi bien à l’intérieur de ces pays que dans leur environnement sahélo- saharien, estime Yasser Benmalek, membre de la jeunesse du Parti de la Justice et du Développement (PJD). "En plus de la coopération sécuritaire, la priorité aujourd’hui est de revoir la coopération religieuse entre les cinq pays du Maghreb, pour protéger les sociétés maghrébines et les jeunes en particulier contre le danger extrémiste, toujours aussi présent et menaçant", indique-t-il. Pour Mounir Al Afifi, militant du parti marocain de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), la diplomatie religieuse du Maghreb reste insuffisante, et loin d’être à la hauteur pour contrecarrer les porteurs de projets extrémistes dans la région. "Dans un contexte marqué par le non-Maghreb, c’est difficile d’imaginer une intégration maghrébine religieuse efficace et interactive qui puisse prôner un Islam dépourvu de toutes les formes de haine", ajoute-t-il. Selon un communiqué conjoint sanctionnant la visite du roi Mohamed VI en Tunisie, les deux pays ont exprimé leur détermination à œuvrer pour l’intégration maghrébine. Les deux parties ont signé quelque vingt-trois accords au cours de cette visite.
Le Maroc et la Tunisie plaident pour un Islam modéré
Source, journal ou site Internet : Magharebia
Date : 9 juin 2014
Auteur : Hassan Benmehdi
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