Les Français sont persuadés que leur situation sociale, très confortable à bien des égards, est due à des combats syndicaux incessants, à une lutte des classes sans merci, pour arracher au patronat et à la bourgeoisie des avancées sociales, des « droits sociaux », devenus aujourd’hui des « droits acquis ».
l faut examiner si la Loi prend aux uns ce qui leur appartient pour donner aux autres ce qui ne leur appartient pas. Il faut examiner si la Loi accomplit, au profit d’un citoyen et au détriment des autres, un acte que ce citoyen ne pourrait accomplir lui-même sans crime. Hâtez-vous d’abroger cette Loi (…) Sans doute, le bénéficiaire jettera les hauts cris; il invoquera les droits acquis. Il dira que l’État doit Protection et Encouragement à son industrie; il alléguera qu’il est bon que l’État l’enrichisse, parce qu’étant plus riche il dépense davantage, et répand ainsi une pluie de salaires sur les pauvres ouvriers. Gardez-vous d’écouter ce sophiste, car c’est justement par la systématisation de ces arguments que se systématisera la spoliation légale.
Il est nécessaire de préciser que ce sont les libéraux qui sont à l’origine des progrès sociaux dans notre pays. Passons brièvement en revue deux cent ans d’apports du libéralisme au social : rémunération par un salaire, protection sociale, caisses d’épargne, droit de grève, liberté du travail, liberté d’association, droit de coalition, interdiction du travail des enfants[ Pour le plaisir j’insisterais sur le fait que la première loi limitant le travail des enfants du 21 mars 1841 fut aussi l’œuvre d’une chambre libérale ], lois sur la durée du travail, loi et assurance sur les accidents de travail, instruction des ouvriers, etc.
Pour nous recentrer sur les syndicats, ce sont bien les libéraux qui sont à l’origine du droit de coalition. Ils s’en prirent très tôt à la loi Le Chapelier. Ainsi le 17 novembre 1849 Frédéric Bastiat intervint à l’assemblée dans son Discours sur la répression des coalitions industrielles. Quinze ans plus tard Emile Ollivier fut le rapporteur de la loi du 25 mars 1864 qui abolit le délit de coalition. En 1867 la loi reconnut la liberté des réunions publiques à condition qu’on n’y traitât ni politique ni religion mais économie et social. Dès 1876 Edouard Lockroy déposait une première proposition de loi concernant la liberté syndicale
visant à reconnaître aux syndicats professionnels le droit de se constituer librement et d’obtenir la personnalité civile sans autre formalité que le dépôt de leurs statuts auprès d’une administration publique
Il fallut huit ans pour que cette proposition devienne la loi du 21 mars 1884 grâce à un autre libéral, Waldeck-Rousseau, alors ministre de l’intérieur. En ce qui concerne les conventions collectives on les retrouve dans la proposition de Lockroy de 1876. Cela ne fut pas repris dans la loi de 1884 mais fit l’objet d’un important projet de loi en 1906 par Gaston Doumergue, libéral lui aussi. Ce n’est toutefois que le 25 mars 1919 que les conventions collectives reçurent une définition légale.[ Pour plus de détails se reporter à l’ouvrage collectif Aux sources du modèle libéral français, sous la direction d’Alain Madelin, éditions Perrin.]
Toutes ces avancées sociales furent conquises de haute lutte contre les conservateurs et… les socialistes qui se sont régulièrement opposés à tout progrès social ! Très tôt en France les syndicats et la CGT en particulier s’opposèrent eux aussi aux libéraux. Pour la même raison que les socialistes : parce que l’amélioration de la condition ouvrière retarde ou rend inutile la révolution, qui seule compte pour eux ! Comme la Loi le syndicalisme a été perverti. Les syndicats français sont révolutionnaires, politisés, adeptes de la lutte des classes et des conflits avec les patrons honnis. Les syndicats français ne sont pas représentatifs et vivent des subsides de l’État. Paradoxalement le pouvoir de nuisance de ces syndicats est considérable.
La plupart des pays occidentaux n’ont pas souffert et ne souffrent pas, de la lutte des classes. Les syndicats d’un grand nombre de pays européens sont réformateurs, travaillent en harmonie avec les autres partenaires sociaux. La conséquence ne se fait pas attendre : la situation sociale n’a rien à envier à celle que l’on trouve en France et y est même souvent meilleure. Ce sont des sociétés plus apaisées que la nôtre où les problèmes se règlent très en amont par la négociation, la discussion, pour le plus grand profit de tous les citoyens. D’où l’intérêt pour la France de retrouver des syndicats tels que les concevaient les libéraux qui furent à l’origine de leur naissance :
non des machines à faire grève mais des machines à faire des contrats
Par Patrick de Casanove (photo), médecin, Président du Cercle Frédéric Bastiat, auteur de Sécu comment faire mieux, éd. Tatamis (en savoir plus sur ce livre).
En France, il existe deux sortes de syndicats : ceux qui négocient et ceux qui s'opposent. Alors que dialogue social est constructif, l'opposition systématiques lors des négociations mènent dans l'impasse comme nous le démontrent tous les jours la CGT et FO.
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