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Pourquoi je suis libéral: Thierry Guinhut. Et vous ?

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Toute pensée politique crédible doit se donner pour but le bonheur de l’humanité, ou tout au moins la création des conditions permettant aux hommes la réalisation de leurs potentialités les meilleures. Ainsi le libéralisme ne vise pas, contrairement aux plus vulgaires préjugés, à la liberté du seul plus fort, à la tyrannie économique de quelques loups de la finance…

 

Il n’est que de considérer les pays où le plus de liberté et d’aisance économique pour le plus grand nombre a pu être réalisé : ce sont des démocraties où le capitalisme libéral s’exerce. Les utopies communistes se sont révélées, sans exception aucune, des abominations génocidaires, du goulag soviétique au logaï chinois, en passant par les geôles cubaines et les illusions pseudo-romantiques à la Che Ghevara. Les fanatismes théocratiques réduisent à une abjecte soumission, sans parler de la femme opprimée là comme jamais. Quant aux dictatures fascistes européennes, aux abîmes de corruptions latino-américains ou africains, ils n’ont jamais vu l’ombre du libéralisme. Oserait-on ajouter que la France elle-même n’est pas sans manquer d’une part de ce précieux libéralisme ? 

On oublie trop facilement que cette philosophie économique, politique et humaniste ne se passe pas d’état, au sens où ce dernier garantit les libertés, dont les premières de toutes, la sécurité et la justice, mais aussi celle fondamentale d’entreprendre, qu’il s’agisse d’entreprise intellectuelle, artistique, artisanale, industrielle, écologique ou financière. Tout en respectant quelques valeurs fondamentales et indispensables sine qua non : la propriété, la liberté de la concurrence -donc l’interdiction des monopoles- la clarté, la visibilité et le respect des contrats. A l’état, au cadre législatif, de garantir ces prémisses au-delà desquelles l’activité humaine peut enfin œuvrer à la création des richesses et à leur accessibilité maximale. La « main invisible » du marché -pour reprendre la formule pourtant décriée d’Adam Smith- pourvoira aux adaptations nécessaires ; non sans risques certes pour celui qui a échoué dans son entreprise, mais qui saura trouver un autre terrain pour exercer ses talents (non sans l’assurance chômage). Ce pour quoi le libéralisme a confiance en les capacités humaines. Quant à celui qui n’en a guère (il y en a-t-il tant ?), celui qui n’aura plus les moyens d’assurer sa subsistance, il n’est pas interdit d’imaginer que le libéralisme ne soit pas l’ennemi d’un zeste de redistribution. A la condition que cette redistribution n’alourdisse pas le poids de l’état et de la fiscalité au point de décourager et de faire fuir une activité pour laquelle les justes récompenses du mérite restent l’enrichissement et la reconnaissance. A-t-on réellement essayé le libéralisme dans une France obérée par le colbertisme de droite et le fantasme ruineux de l’état providence socialiste ?

Libéralisme économique doit rimer avec libéralisme dans les mœurs. Qu’il s’agisse de la liberté homosexuelle, de celle féministe, des religions privées qui sachent rendre à César ce qui est à César et ne pas jeter la première pierre, catholicisme du pardon ou Islam des lumières, elles riment toutes avec la liberté d’expression. Sans compter que cette liberté d’expression vaut autant pour la presse, que pour toute pensée, la littérature, les arts… 

Ne croyons pas que le libéralisme soit l’apanage des riches et puissants occidentaux. En ce sens le microcrédit de Muhammad Yunus, qui concerne la plus modeste paysanne indienne, est une formidable idée libérale. Certes, cette école politique aux facettes diverses a conscience -au contraire de l’utopie marxiste- de ne pouvoir faire descendre la manne de la perfection sur l’humanité meurtrie. Mais son réalisme, son pragmatisme, est le gage d’une prudence nécessaire, sans compter que ses qualités ont, elles, fait la preuve de leur efficacité. Francis Fukuyama, s’il n’a pas totalement résolu « la fin de l’Histoire » montre avec brio que la démocratie libérale est l’horizon souhaitable de l’humanité.

 

Outre les penseurs déjà cités, l’on suppose que notre libéralisme n’est pas celui de l’inculte trader aux dents aussi serrées sur sa proie que celle du monopole du crédit bancaire. De Milton à Locke, De Voltaire à Kant, de Montesquieu à Tocqueville, de Raymond Aron à Léo Strauss, d’Hayek à Boudon, nombreux sont les philosophes et les intellectuels qui se sont honorés d’être des libéraux ; sans compter l’écrivain péruvien -et récent prix Nobel- Mario Vargas Llosa, candidat malheureux à la présidence de son pays, romancier brillant autant qu’essayiste de talent… Honorons-nous de plus d’être également détestés et caricaturés par les partis d’extrême droite et d’extrême gauche, ce qui en dit long sur leurs connivences secrètes, leur passion de ce pouvoir totalitaire qu’il leur paraît si nécessaire de faire peser sur la tête d’autrui…

Pourquoi je suis libéral: Thierry Guinhut. Et vous ?

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