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Faire des économies sur la sécurité nationale, est-ce judicieux?

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Les travaux d’actualisation du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité se déroulent dans une grande discrétion médiatique. Le document final devrait être remis très prochainement, mais seuls un petit nombre de spécialistes et le personnel des armées sont attentifs aux quelques déclarations sur un débat qui se déroule à huis clos. Ainsi, les Français semblent peu s’intéresser à ce sujet complexe ; il ne s’inscrit pas dans leurs priorités même s’il concerne leur sécurité à moyen terme. Souhaitons, en revanche, que les dirigeants politiques aient conscience de leurs responsabilités et ne se soumettent pas à la dictature de Bercy, car les décisions qui seront prises dans les mois à venir décideront de la place,

du rôle et de l’indépendance de notre pays pour 10 ou 20 ans.

 

Rappelons quelques données essentielles.


Les ressources financières consacrées à la Défense,qui représentaient 15% du budget de l’Etat en 1990, n’en représentent plus aujourd’hui que 9%. Les armées ont donc déjà largement participé au rétablissement des comptes publics en économisant des centaines de milliards d’euros. Hélas, cet effort n’a été d’aucune utilité puisque la dette n’a cessé de croître. Faut-il poursuivre cette saignée qui remet en cause notre capacité à assurer notre défense ? Les récentes opérations militaires en Afghanistan et en Libye ont révélé les faiblesses voire les lacunes de nos armées dans certains domaines clefs. En continuant sur cette pente, ce sont les crédits destinés à la recherche et à la technologie ainsi que l’équipement de nos forces qui seront amputés, entraînant la fermeture de bureaux d’études, la perte de savoir faire de haute technologie et la suppression d’emplois industriels à haute valeur ajoutée localisés pour l’essentiel en France. Cela se traduira par le sous équipement de

nos forces - quantitatif et qualitatif -, ainsi que par la baisse de nos exportations qui contribuent pourtant à réduire le lourd déficit de la balance commerciale.


Pour financer ces économies, certains beaux esprits, ignorant les réalités opérationnelles, proposent de tailler à nouveau dans les effectifs de nos armées.


Les armées comptent aujourd’hui 225 000 hommes et femmes contre 500 000 il y a 20 ans ! Ces chiffres n’ont jamais été aussi bas, alors que la population de la France atteint 65 millions d’habitants. Il ne s’agit pas d’aligner une armée de « gros bataillons ». Ils n’existent d’ailleurs plus depuis des décennies, mais de disposer en permanence d’un ensemble cohérent de forces parfaitement entraînées et prêtes à opérer, de jour comme de nuit, dans des zones très variées face à des adversaires aux modes d’action toujours surprenants. Cette exigence de qualité et de disponibilité implique un volume de forces suffisant pour permettre une préparation opérationnelle nécessairement longue et complexe, indispensable à la réussite de missions difficiles qui peuvent leur être confiées, tout en réduisant autant que possible les pertes au combat. Il suffit pour le comprendre de mesurer le temps consacré à l’entraînement par les équipes de sports collectifs de haut niveau qui n’affrontent pourtant leur « adversaire » que sur un terrain plat et connu, de jour ou sur un terrain éclairé, face à une équipe qui respecte les mêmes règles dans un engagement pacifique. La poursuite de la réduction des effectifs entraînerait inévitablement une baisse du niveau opérationnel des forces engagées, une perte de savoir faire et d’expertise de très haut niveau que la sélection appliquée à un recrutement réduit ne permettrait plus de fournir, enfin une réduction considérable de l’effet opérationnel produit sur le terrain. Les missions les plus probables que les armées auront à remplir demeureront la protection de la population en France lors de crises, tant en renfort des moyens de secours que des forces de sécurité intérieure, et le contrôle de zone dans le cadre des opérations extérieures. Or, ces missions nécessitent des effectifs suffisants pour agir efficacement dans la durée. Sait-on que la catastrophe de Fukushima a mobilisé 100 000 hommes de l’armée japonaise et que la force terrestre projetable ne compte déjà plus aujourd’hui que 73 000 personnels ? Comprend-on que pour 10 000 hommes engagés dans une opération, il y en 6 fois plus qui sont en cours de recrutement ou de reconversion, d’instruction élémentaire, de formation collective et de spécialité, d’entraînement interarmes et interarmées, de mise en condition spécifique ou en phase de récupération après action ? C’est en ayant ces réalités en tête que les membres de la commission du Livre blanc doivent réfléchir et que les parlementaires devront élaborer la prochaine loi de programmation militaire.

 

De leurs décisions dépendra notre capacité à maintenir à niveau, pour la décennie à venir, un outil militaire déjà bien affaibli. Affirmer que la France n’a plus les moyens de financer sa défense ce serait, en fait, avouer que ses dirigeants n’ont pas le courage de s’attaquer aux réformes et gaspillages d’autres départements ministériels !

 

 

Ces économies à ne pas faire 

Source, journal ou site Internet : lettre de l’ASAF
Date : 22
décembre 2012
Auteur :ASAF


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