Le smic, une fausse bonne idée qui pénalise les moins qualifiés et les plus précaires.
Il ne faut pas désespérer. La France est encore capable d'exporter vers l'Allemagne.
Pas des voitures ou des ordinateurs, malheureusement, mais ses outils économiques défectueux. Par exemple le salaire minimum généralisé, dont Mme Merkel vient de décider, à reculons, la création, contrainte et forcée par le SPD, qui n'acceptait d'entrer dans la coalition gouvernementale qu'à cette condition. Le gouvernement français mais aussi une partie de la droite et de nombreux journaux ont salué cette mesure censée mettre fin à l'esclavage honteux des travailleurs pauvres outre-Rhin, supposée faire passer l'Allemagne de l'ombre à la lumière salariale.
Par professeur Kuing Yamang: Le Smic est une véritable usine à créer du chômage : une hausse de 1% du Smic détruit entre 2 000 et 25 000 emplois.
Angela Merkel donne une nouvelle leçon à la France et autres cigales européennes: le salaire minimum est la raison qui explique que de nombreux pays en Europe ont un taux de chômage bien plus élevé qu'en Allemagne.
Smic vs chômage :
http://www.contrepoints.org/2011/08/2...
Tous ces applaudissements venus de France
ont de quoi surprendre lorsqu'on connaît les dégâts économiques que le smic provoque dans notre pays depuis des décennies. Des dégâts que Pierre Cahuc, Gilbert Cette et André Zylberberg, trois économistes spécialistes du marché du travail et qui peuvent difficilement être taxés d'ultralibéraux, avaient recensés dans un rapport rédigé pour le Conseil d'analyse économique.
Les hausses de Smic ont un coût, une hausse de 5% du Smic menace entre 20 000 et 40 000 emplois.
Les coups de pouce au Smic entretiennent le chômage de masse et les bas salaires.
Et Michel Sapin le sait.
D'abord, le smic, malgré son niveau élevé (l'un des plus élevés au monde, par rapport au salaire médian, avec le Luxembourg et l'Australie), se révèle être un instrument totalement inefficace pour lutter contre la pauvreté et les inégalités.
Pour preuve, le taux de pauvreté est resté stable en France depuis le milieu des années 90 malgré la revalorisation importante du smic durant cette période et malgré les multiples coups de pouce accordés par des gouvernements de gauche et de droite aussi généreux qu'irresponsables : depuis 1994, le pouvoir d'achat du smic mensuel net a dépassé celui du salaire médian de près de 20 %.
L'augmentation du Smic est économiquement injuste. Un gagnant, le smicard, pour quatre perdants, les TPE, l'emploi, les finances publiques et le consommateur.
L'explication de cette inefficacité est quant à elle toute simple. C'est la situation face à l'emploi (le fait d'avoir ou non un job, le fait de travailler à temps plein ou pas) qui détermine la pauvreté et le niveau des inégalités, pas du tout le montant du salaire horaire minimum. Les hausses du smic améliorent certes les revenus des personnes qui ont un emploi, mais pas de celles qui n'en ont pas et qui se trouvent tout en bas de l'échelle sociale. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les quatre pays de l'Union européenne les moins inégalitaires, la Finlande, le Danemark, la Suède et l'Italie, n'ont pas de salaire minimum légal. On arrive donc au paradoxe suivant : les inégalités de revenu sont plus grandes là où le salaire minimum est élevé, elles sont moindres dans les pays où il est faible ou n'existe pas.
Le chômage s'aggrave en France et baisse en Allemagne qui tend vers le plein emploi.
Deux raisons à ceci selon l'Insee : l'absence de Smic en Allemagne et la loi Hartz IV qui incite à ne pas rester au chômage en le rendant inconfortable.
Nicolas Doze.
Autre inconvénient majeur du salaire minimum généralisé : son augmentation présente des effets négatifs sur le marché de l'emploi...
sauf quand il est très bas ! Sur 100 cas qu'ils ont étudiés dans toutes les régions du monde, les économistes américains David Neumark et William Wascher n'en ont trouvé que 8 où une hausse du salaire minimum avait un impact positif sur l'emploi. Au-delà de ses conséquences nocives pour la compétitivité globale des économies, ils ont constaté qu'elle avait partout des effets extrêmement négatifs pour l'accès à l'emploi des personnes les moins qualifiées et les plus fragiles, en particulier les jeunes et les mères célibataires. C'est le cas en France, où le smic fonctionne comme une formidable machine à fabriquer du chômage et à exclure les jeunes du marché du travail. Il est l'exemple même de l'idée économique pétrie de bonnes intentions morales qui arrive au résultat inverse du but souhaité et aggrave en réalité les maux qu'elle prétend vaincre.
Les salaires n'augmentent plus en France selon l'Insee.
En France, les bas salaires sont trop élevés ce qui nuit au coût du travail et à la compétitivité des entreprises, créant ainsi du chômage.
Ce coût du travail au niveau des bas salaires est le plus élevé de l'OCDE.
Avec ce Smic élevé, les entreprises sont obligées de compenser sur les autres salaires. C'est du perdant-perdant pour les salariés, les entreprises et l'État.
Pour finir, le smic pourrit littéralement les relations sociales.
En décidant de façon autoritaire, contraignante et uniforme, sans aucune distinction liée à l'âge ou à la profession, le niveau de rémunération de plus d'un tiers des salariés français (35 % des salaires sont référencés directement ou indirectement sur le smic), l'État se substitue aux partenaires sociaux dans l'une de leurs missions essentielles. Le rôle des syndicats se trouve réduit à celui de simple chambre d'enregistrement. De façon amusante et sans doute pas fortuite, on constate d'ailleurs en Europe que depuis le début des années 70 c'est dans les pays où le salaire minimum a le plus augmenté que le taux de syndicalisation a le plus diminué. Comme en France. Au contraire, il a augmenté en Suède, en Finlande, en Norvège et au Danemark, où les syndicats sont farouchement hostiles à l'introduction d'un salaire minimum. Cette opposition des pays scandinaves devrait faire réfléchir tous ceux qui en France restent persuadés que l'instauration d'un smic représente un pas en avant décisif vers la modernité sociale, une passerelle magique vers une société plus juste, plus protectrice et plus prospère. Quand on sait que le Maroc ou la Turquie disposent d'un salaire minimum généralisé, mais pas la Norvège, on comprend mieux ce que cette vision a d'erroné.
Angela Merkel va (très probablement) mettre en place un salaire minimum en Allemagne, mais contrairement au Smic français, ce ne sera pas un outil de clientélisme. Ce salaire minimum sera fixé par les partenaires sociaux par branche et par région, ce ne sera pas un salaire minimum universel allemand. Le salaire minimum étant une machine à créer du chômage, les sans qualification vont se retrouver sans emploi mais Angela Merkel va ainsi faire taire tous ceux qui lui demande de changer le modèle allemand.
Les socialistes français peuvent en tout cas remercier leurs camarades sociaux-démocrates allemands.
Grâce à eux, grâce à l'instauration d'un salaire minimum généralisé, l'Allemagne risque de devenir rapidement moins compétitive, de connaître une remontée du chômage (1 million d'emplois pourraient être détruits, selon certaines estimations) et elle devrait voir son dialogue social, considéré comme exemplaire, progressivement se dégrader. Grâce à cet affaiblissement programmé de l'économie allemande, les performances de la France apparaîtront, en comparaison, un peu moins mauvaises.
Salaire minimum, chômage maximal
Source:
Réformer le Smic ou le supprimer ?
Les économistes savent depuis longtemps qu’augmenter le salaire minimum a des conséquences directes en terme de hausse du chômage.
Par Gary Becker, Prix Nobel d’économie.
Article paru initialement à la fin des années 1990, que nous vous faisons redécouvrir en ces temps de réforme du Smic.
Des coûts du travail plus élevés diminuent l’emploi. C’est pourquoi la proposition du Président Clinton d’augmenter le salaire minimum fédéral doit être rejetée. Un salaire minimum plus élevé réduira encore les occasions d’emploi des travailleurs peu qualifiés.
Les adolescents, ceux qui ont arrêté l’école de bonne heure, les immigrés et autres travailleurs faiblement qualifiés gagnent fréquemment moins de 5,15 $ par heure, le nouveau minimum proposé. Ils trouvent des emplois dans de petits établissements, particulièrement dans les chaînes de restauration rapide et dans les autres secteurs de vente au détail. Augmenter le minimum, comme le veut le président, en mettra certains au chômage car leur productivité n’est pas assez grande pour justifier leur coût aux yeux des employeurs.
De sérieux défauts
Au cours des dernières décennies, de nombreuses études ont trouvé que l’augmentation du salaire minimum réduit bel et bien l’emploi des adolescents et autres personnes faiblement qualifiées. Cependant, les lois sur le salaire minimum sont toujours demeurées populaires chez les syndicalistes et auprès de beaucoup de politiciens. Et, périodiquement, certains économistes ont contesté l’opinion dominante quant à ses effets néfastes.
Un exemple récent et largement cité de ce type de défi provient de plusieurs études faites par deux économistes de l’Université de Princeton, David Card et Alan B. Krueger – le second étant désormais l’économiste en chef de Robert B. Reich au département du Travail. L’une de ces études trouve que le changement d’emploi après une augmentation du salaire minimum n’est généralement pas plus grand dans des États possédant une forte proportion de travailleurs à faibles salaires – le groupe qui devrait être le plus affecté par des minima élevés.
Une autre étude est fréquemment mentionnée par Reich et d’autres membres du gouvernement pour soutenir l’argument selon lequel un salaire minimum ne diminuerait pas l’emploi. Cette étude compare les changements sur l’emploi dans les établissements de restauration rapide du New Jersey et de la Pennsylvanie après l’augmentation du minimum par le New Jersey en 1992. Parce que l’emploi diminua autant en Pennsylvanie que dans le New Jersey, Card et Krueger prétendent que la baisse a dû être provoquée dans les deux États par des causes autres que l’augmentation du minimum.
Il se trouve certaines personnes, dont je fais partie, qui croient que ces études présentent de sérieux défauts. Plusieurs de ceux-ci ont été expliqués par Donald R. Deere et Finis R. Welch de l’Université Texas A&M et Kevin M. Murphy de l’Université de Chicago, dans des recherches présentées aux conférences de janvier de l’American Economic Association.
Par exemple, le minimum fédéral plus élevé en 1990 et 1991 a causé une baisse plus importante de l’emploi des adolescents au New Jersey qu’en Pennsylvanie, ce qui pourrait expliquer pourquoi l’emploi n’a pas plus baissé au New Jersey quand l’État augmenta son propre minimum en 1992. Les employeurs du New Jersey ont probablement anticipé l’augmentation du salaire minimum de leur État quand ils ont fortement réduit l’emploi en réponse à la première hausse de salaire.
Duel d’études
Les études de Card et Krueger sont erronées et ne peuvent pas justifier d’aller contre les preuves accumulées par de nombreuses études passées et présentes qui trouvent des effets assez importants, et négatifs sur l’emploi, aux minima élevés. L’étude de Deere, Murphy et Welch montre que l’augmentation en deux temps du minimum fédéral, de 3,35 $ à 4,25 $ en 1990 et 1991, a réduit l’emploi des adolescents, des personnes ayant prématurément abandonné l’école et des autres groupes à faibles revenus.
L’amplitude de ces réductions sonne juste, surtout après la prise en compte par les auteurs de la récession économique de l’époque. Après l’augmentation de 27 % du salaire minimum, l’emploi des adolescents, garçons et filles, baissa respectivement de 12 % et 18 %, alors que l’emploi de ceux ayant abandonnés l’école avant la fin des études secondaires diminua d’environ 6 %. Si le Congrès augmente le taux horaire de 18 %, à 5,15 $ l’heure, ces résultats signifient que l’emploi des travailleurs peu qualifiés diminueront de plus de 5 %.
Le Président Clinton a justifié le besoin de salaires horaires plus élevés en notant qu’une famille ne peut pas vivre décemment avec les revenus du salaire minimum. Cependant, même Card et Krueger n’ont pas trouvé que l’augmentation du minimum constitue un moyen efficace de réduire la pauvreté, car les familles pauvres ne retirent typiquement qu’une faible fraction de leur revenu de la part de membres dont le salaire est proche du minimum.
Le Président veut aussi accroître les aides actuelles à la formation des travailleurs les moins qualifiés, mais ces aides ne serait pas nécessaires si Clinton ne défendait pas en même temps la hausse du salaire minimum fédéral. Des minima plus élevés découragent la formation professionnelle des travailleurs peu qualifiés, car ces derniers passent leur temps à apprendre au lieu de produire.
Même un magicien aurait de grosses difficultés à repousser la loi économique selon laquelle un salaire minimum plus élevé réduit l’emploi. Comme les politiciens ne sont pas des magiciens, ils ne devraient pas même essayer.
- Le reste de nos articles sur le salaire minimum
- Quelles réformes pour le marché du travail ?
Merkel : la dame d’étain de Alex Corbel
Source: Contrepoints
Traduction Hervé de Quengo
Salaire minimum
Le salaire minimum est la rémunération minimale qu'un employeur doit attribuer à un employé. S'il existe, il est généralement déterminé par l'État. Il est condamné par la plupart des libéraux, pour plusieurs motifs.
Problèmes posés par le salaire minimum
Le salaire minimum est tout d'abord une violation des droits individuels et une atteinte à la libertécontractuelle. En effet, l’individu prêt à travailler pour un salaire inférieur au salaire minimum ne peut le faire, et l'employeur prêt à l'embaucher se voit refuser ce droit. Le salaire minimum découle de la tendance générale de l'Étatà intervenir dans les affaires privées et à vouloir « protéger les gens contre eux-mêmes », préférant les voir au chômage plutôt qu'avec un salaire même modique. Le salaire minimum nie donc les droits de propriété de soi, impliquant qu'une tierce personne a le droit de se mêler d'un contrat légitime entre deux adultes consentants.
Le salaire minimum est également une mesure étatique arbitraire : si c'est une si bonne chose, pourquoi ne pas le porter d'emblée à un niveau très élevé, et décider de le chiffrer en millions ou en milliards ? Le choix de tel montant plutôt qu'un autre montant présume que l'État est omniscient et peut deviner quel est le "bon" salaire minimal, ni trop faible ni trop élevé. Or précisément il n'y a que le marché lui-même qui soit capable d'un tel ajustement, ce qui montre que − dans le meilleur des cas ! − le salaire minimum est une mesure inutile.
Le salaire minimum crée le chômage
Les tenants du salaire minimum soutiennent que sur le plan de redistribution, le salaire minimum affecte modérément la distribution des salaires tout en améliorant les revenus du travail de ceux qui se situent au plus bas de l'échelle sociale. Cet instrument de politique économique évalue la force relative de deux effets opposés (le niveau de l'emploi qui se détériore et les revenus des plus faibles qui s'élèvent). Aussi, les économistes interventionnistes considèrent que si le coût est faiblement supporté au niveau de l'emploi, il s'agit d'une politique utile. La déclaration d'une augmentation du salaire minimum a un effet d'annonce très populaire. Contredire ses effets néfastes sur l'économie et sur la société ne peut être facilement démontré par les économistes réalistes.
Même si les études empiriques n'ont pas de valeur de loi, elles suffisent à montrer à ceux qui veulent des preuves, qu'une hausse du salaire minimum est rarement une avancée sociale. Alida J. Castillo-Freeman et R. Freeman, en 1992[1], par exemple, ont trouvé des effets fortement négatifs sur le niveau de l'emploi du fait de l'augmentation substantielle du salaire minimum à Puerto Rico. David Neumark, Mark Schweitzer et William Wascher, en 2000[2], pour les États-Unis; John Abowd, F. Kramarz, D. Margolis, en 1999[3], pour la France et les Etats-Unis; Gábor Kertesi et János Köllo, en 2004[4], pour la Hongrie ou Martin Rama, en 2000[5] pour l'indonésie ont également identifié des effets considérables de "désemploi" en conséquences des politiques économiques de forte augmentation du salaire minimum.
D'un point de vue utilitariste, avec un salaire minimum (du type SMIC en France) qui est au-dessus du « prix du marché », le chômage sera plus élevé qu’il n’aurait été sans une telle mesure. Si le salaire minimum était préférable à un salaire déterminé par le marché et le libre-échange, pourquoi alors ne pas le doubler ou le décupler ? En réalité, c'est une mesure totalement arbitraire qui protège certains employés au détriment de ceux qui sont au chômage. Comme le note le Prix Nobel d'économie Gary Becker, « augmenter le salaire minimum, c'est augmenter le chômage »[6]. En 1966, Une étude d'Arthur Bums[7] montre que l'augmentation du salaire minimum de 0.25 dollar provoque l'augmentation conjointe de 8% du chômage des jeunes travailleurs (non blancs). En fait, l'augmentation du salaire minimum fragilise ceux qui sont dèjà fragilisés sur le marché de l'emploi. Ces études furent confirmées par les travaux aux États-Unis de Yale Brozen, de Finis Welch, de Jacob Mincer, d'Edward Gramlich, de William Beranek, de Robert H. Meyer & David A. Wise.
Tout l'art du politicien consiste à faire passer une telle mesure comme un « progrès social ». Ainsi, la redistribution des revenus se fait au profit non pas de ceux qui en ont le plus besoin, mais de ceux qui ont le pouvoir de pression le plus important sur le gouvernement, bénéficiant ici du soutien des syndicats[8].
En outre, le SMIC, du fait de son niveau élevé, a une influence particulièrement néfaste en France car il empêche l'ajustement entre l'offre (d'emplois par les entreprises) et la demande d'emplois (des chômeurs) sur certains marchés de l'emploi. Conformément à la loi de l'offre et de la demande, les prix sur le marché (ici le prix du travail est le salaire) devraient permettre un ajustement entre l'offre et la demande, et le retour à un état d'équilibre économique, le « plein emploi ». Les marchés de l'emploi concernés par ce problème sont ceux des emplois peu qualifiés (dont la productivité est inférieure au coût du SMIC pour l'employeur), où justement le chômage en France est particulièrement élevé.
Quand un salaire minimum est instauré, les politiciens n'ont évidemment de cesse de l'augmenter, pour complaire à leur clientèle électorale. Or, malgré leurs prétentions, une telle augmentation n'améliore en rien la situation des salariés : elle accroît artificiellement l'offre de travail et en diminue la demande. Par conséquent, les salariés assez chanceux pour trouver un emploi en profiteront (ils auront un salaire supérieur à ce qu'il aurait dû être), en revanche tous ceux qui ne trouveront pas d'emploi à ce niveau de salaire en pâtiront (alors qu'avant l'augmentation du salaire minimum, ils auraient pu trouver un travail au tarif offert, et éviter ainsi le chômage). Le résultat est que cette mesure interventionniste, comme toutes les mesures interventionnistes, aura augmenté les inégalités, en favorisant certains au détriment des autres.
Du salaire minimum au salaire maximum
Près de 3 millions de salariés au 1er juillet 2003 sont soumis au régime du salaire minimum, selon une enquête de la Direction Statistique du Ministère de l'Emploi français[9]. L'écrasement de la grille salariale dans l'économie française a donc deux effets : l'éviction du marché de l'emploi par les personnes dont la productivité est inférieure à ce niveau arbitraire défini par l'État français, et le déclassement d'une catégorie toujours plus grande d'individus, se retrouvant à ce niveau minimal de salariat. Au final, le salaire minimum devient le salaire maximum.
Ce phénomène est accentué en France par les allègements de charge qui ont été mis en place sur les bas salaires, incitant les entreprises à ne pas augmenter ces employés. L'Ifrap compare ainsi le pourcentage de salariés au Smic en France (16,8 %) au pourcentage américain (1,5 %)[10].
On observe donc logiquement un faible taux d'occupation des actifs les moins productifs dans l'économie française : les jeunes et les plus de cinquante ans. Cela va sans surprise de pair avec un salaire minimum extraordinairement élevé (Voir le graphique, source OCDE).
L'existence d'un salaire minimum est souvent justifiée comme une mesure de protection contre les abus des employeurs, qui sans celui-ci ne proposeraient que des "salaires de misère" aux employés, pour une charge de travail qui ne serait pas pour autant réduite. Les employés travailleraient donc autant pour gagner moins.
Cette vision s'avère fausse pour de multiples motifs :
- Elle part du postulat que « les employeurs », un groupe uniforme, seraient en mesure d'imposer le salaire de leur choix aux salariés, qui ne disposeraient d'aucun pouvoir face à ces employeurs. Cette vision est inspirée de la conception marxiste des relations entre salariés et employeurs ou de la loi d'airain des salaires du socialiste Ferdinand Lassalle. Or, ce dont la « loi d'airain » ne tient pas compte, c'est que les patrons sont exactement dans la même situation face aux ouvriers : les patrons se concurrencent pour débaucher et employer les ouvriers, ce qui permet à ces derniers de discuter du niveau des salaires et de faire jouer la concurrence entre patrons.
- En outre, les coalitions de salariés existent, ce sont tout simplement les syndicats, qui sont en mesure de négocier de manière collective avec un pouvoir plus important.
- Dans les faits, le pessimisme de cette vision n'est pas confirmé, comme le montre l'exemple des nombreux pays développés sans salaire minimum (Allemagne, Finlande, Suède, Italie, Suisse), où la pauvreté n'est pas plus élevée que dans des pays avec salaire minimum.
La pratique est de plus en plus répandue. Le travail au noir a connu une forte augmentation en France entre 2008 et 2013, selon une étude publiée par O2-Market Audit, dont Le Figaro se fait l'écho. Un Français sur trois déclare travailler ou avoir travaillé "au black" en 2013, contre 13% 5 ans plus tôt.
La pratique se généralise dans le domaine des services. Ainsi, plus de la moitié des baby-sitters et des aides scolaires y ont recours ou encore 42 % dans l'accompagnement des personnes âgées.
Une hausse du "travail au gris"
20% des sondés reconnaissent également avoir recours au "travail au gris" (déclaration en partie des heures travaillées) contre 2% lors de la précédente étude. Une analyse corroborée par les chiffres de l'Urssaf, repris par Le Figaro, qui soulignent une baisse de 8 % des heures déclarées par les particuliers employeurs début 2013 alors que la baisse du nombre de particuliers employeurs n'est que de 2%.
Selon le quotidien, du fait de la réduction des avantages fiscaux attachés au travail à domicile, le coût du travail a augmenté de 12% en deux ans.
Les entreprises soulignent aujourd'hui les difficultés à recruter des travailleurs à domicile. Pour arriver à ses fins, O2 a mis sept mois, il y a un an, pour recruter 100 femmes de ménageà temps plein malgré la voiture de fonction et la mutuelle que l'entreprise avait promise.
En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/economie/33-des-francais-declarent-travailler-au-noir-en-2013_419078.html#G8a2y2ZTQKAfrwOF.99