L’illusion est constitutive de tout Etat.
Un électeur observe, voire admire, le spectacle médiatique quotidien que les politiciens déploient pour le séduire. Cette séduction passe, comme tout spectacle, par une illusion. Cette illusion est souvent demandée et acceptée par le spectateur-électeur. L’électeur souhaite avoir des raisons d’admirer son candidat, pour sa personnalité vraie ou apparente. A défaut, le citoyen vote pour le candidat le moins nuisible. Cette attitude d’illusionniste n’est pas seulement une posture temporaire que le politicien adopterait pour gagner une élection.
Illusionner les citoyens est une des activités de tout Etat.
L’Etat tire son pouvoir de sa force armée, de sa police. L’Etat peut spolier, interdire, emprisonner, légiférer, censurer. Ces activités étatiques sont contraires au Droit. Or les citoyens respecteront un Etat qui respecte les lois et de la Justice. C’est à cette condition que l’Etat sera légitime pour les citoyens. L’Etat personnalise la Force violant le Droit, et le Droit protégé par la Force. L’Etat cache cette dualité schizophrène par la fabrication et l’entretien de l'illusion.
Les avis sont
unanimes sur la nullité de la politique économique de Hollande, même les économistes de gauche sont déçus.
"Hollande, on n'en attendait rien mais on est quand même
déçu."
Lorsqu’un citoyen sait qu’il ne pourra rien changer à un problème social, il renonce à s’en informer. Il évite ainsi du temps perdu, du vain travail et un souci inutile. Il choisit l’ "ignorance rationnelle". Il accepte alors l’illusion, comme d’autres feignent de croire au Père Noel. C’est le syndrome du cocu. Feindre d’ignorer son infortune permet de mieux la supporter. L’illusion étatique réside souvent dans ces domaines que le citoyen préfère ignorer parce qu’il n’y peut rien changer.
Par professeur Kuing Yamang: Nombreux sont ceux qui disent que notre administration devrait prendre des mesures qui tentent d'aider les pauvres via des allocations financées par l'impôt, ou autres moyens.
Se demander si la répartition des richesses dans une société est en
accord avec la justice sociale, c'est comme se demander si la couleur bleue est lourde ou si une pierre est morale.
Crédit vidéo : Matt Zwolinski
http://www.learnliberty.org/speakers/...
Parfois, l’illusion étatique est incroyable, impensable.
Ainsi, pendant des millénaires, les Pharaons étaient des Dieux vivants. Cette illusion de la divinité de l’Etat était donc adaptée à l’Egypte ancienne. Plus modestement, à Rome, les rois et les premiers empereurs descendaient d’un Dieu, ou d’un héros mythique. L’instinct populaire de sacraliser le chef est devenu aujourd’hui une croyance dans une sagesse supérieure, quoique imparfaite, de l’Etat.
L’étymologie de "démocratie" est le pouvoir du peuple, par le peuple. Lorsque, en France, l’illusion du Roi de Droit divin fut usée, le mot "démocratie" porta un espoir flattant chaque citoyen, même le plus modeste. Ce mot magique persuada les êtres les plus frustes qu’ils n’étaient plus "sujets" d’un Roi, mais participaient au gouvernement. Les plus naifs disent même "l’Etat, c’est nous". Depuis deux siècles, cette illusion démocratique fonctionne avec succès.
Pour entretenir l’illusion d’une pseudo-démocratie, l’Etat produit d’autres illusions complémentaires et les impose par la loi.
L’Etat utilise les lois et l’argent au service d’une intense propagande illusionniste. Par la loi, l’Etat entretient la confusion entre les mots Etat, pays, nation, patrie, peuple. Le mot "public" replace habilement "étatique". Tels "bien public", "ordre public", "service public". "Trésor public" donne l’illusion agréable que chacun possèderait un peu de l’argent de l’Etat, du patrimoine de l’Etat. La comptabilité d’une entreprise sert à révéler sa production de valeur. La "comptabilité nationale" considère, au contraire, que toute dépense produirait une valeur égale à la dépense. Elle est ainsi conçue pour falsifier toute estimation de valeur.
Un bulletin de vote n’est pas un mandat de représentation. Un élu ne représente donc aucun électeur. Un élu représente l’Etat. L’illusion de la représentativité fonde la légitimité de l’Etat pseudo-démocratique.
Un citoyen a une chance sur un million d’influencer un choix politique avec son bulletin de vote. Avec une probabilité semblable, un billet de loto vaut un euro pour gagner bien plus. Un droit de vote a donc, objectivement, une valeur quasi nulle. Il est seulement un droit d’être un figurant du spectacle politique. L’importance du droit de vote est une illusion de toute démocratie. Un sondage d’opinion pourrait efficacement le remplacer en anéantissant le fondement de l’illusion démocratique.
Pervertir le sens des mots, leur donner une deuxième définition, est un des moyens de l’illusionniste étatique. La "solidarité" n’est plus volontaire, et devient, en fait, une contrainte étatique de spoliation. "principe de précaution" n’est plus "prudence", et devient, en fait, un principe constitutionnel d’arbitraire et d’irresponsabilité de l’Etat. La liberté individuelle devient, pour l’Etat, la principale cause des malheurs du peuple. Les techniques de communication, et du langage, sont largement utilisées pour influencer le subconscient des citoyens.
2000 milliards d'euros, c'est aujourd'hui la dette
que l'État obèse fait peser sur les citoyens et les générations futures.
Plus le niveau de dette est important, moins elle
est soutenable et moins le pays qui la contracte auprès de créanciers étrangers est souverain.
Nicolas Doze.
L’économiste François Guillaumat enseigne que l’illusion fiscale est l’écart caché entre le coût et l’effet d’une action étatique. Cet économiste démontre qu’un impôt de distribution gaspille presque autant d’argent que l’impôt lui-même. Cette loi économique est valable quelle que soit la qualité de la gestion de l’Etat. En effet, des citoyens pseudo-investissent leur temps, souvent en vain, pour tenter de profiter d’un pactole de l’Etat. Pendant ce temps, ils ne produisent pas des vraies richesses. Ces pseudo-investissements de temps passé sont un gaspillage qui tend à augmenter jusqu’au montant du pactole à distribuer. Par exemple, un RMIste refusera un emploi pour continuer à percevoir son allocation.
L’illusion étatique masque, travestit chaque action de l’Etat spoliateur.
"Plumer l’oie pour avoir des plumes sans trop de cris", disait Colbert.
La TVA, l’impôt le plus efficace, est indolore, presque invisible. L’interdiction de concurrencer les services étatiques crée une fausse rareté de l’assurance-santé, de la sécurité, des transports, de la monnaie, de la Justice, de l’enseignement. L’absence de concurrence cache ainsi aux citoyens le coût réel des services "publics" fournis aux citoyens. L’illusion de l’Etat donneur de biens gratuits est l’autre face du miroir aux alouettes de l’illusion fiscale.
L’illusion étatique la plus accomplie est les "charges sociales".
Les "charges patronales" sont, pour un économiste, entièrement payées par le salarié, tout comme les "charges salariales". Le calcul montre que ces charges "sociales" sont égales au salaire net du smicard. Sans la spoliation de l’Etat, son vrai salaire serait donc le double de son salaire net. Les prétendus "droits acquis" sont ainsi acquis au détriment des salariés eux-mêmes et non pas au détriment des employeurs. Le terme "charges patronales" est une illusion forte car légalement obligatoire. Par cette illusion du vocabulaire légal, l’Etat illusionniste vole la moitié du vrai salaire des pauvres.
L'illusion keynésienne
by
Pierre Lemieux
Les idées reçues étaient keynésiennes même avant John Maynard Keynes. Le Meilleur des Mondesd’Aldous Huxley, publié en 1932 soit quatre ans avant La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, en témoigne : « Mais les vieux habits sont affreux, répétait-t-on aux bébés pour les conditionner. Nous jetons toujours les vieux habits. Mieux vaut finir qu’entretenir… » Il importe de stimuler la consommation. On en est resté à ce keynésianisme primaire. La rhétorique par laquelle on rationalise les politiques adoptées pour contrer la crise actuelle est, en effet, bien keynésienne. Le premier problème des politiques keynésiennes concerne le court terme, où Keynes aimait tant se cantonner. Si la demande globale fait vraiment défaut, il est illusoire de croire que l’État peut la relancerex nihilo et sans égard aux anticipations. Ce que l’État « injecte » dans l’économie devra un jour ou l’autre être financé par quelqu’un. Sachant cela, les futures victimes du fisc ou de l’inflation prendront des mesures pour se protéger – épargne, exportation des capitaux, etc. – qui annuleront au moins partiellement les efforts de l’État. Le concept de demande globale est suspect. Les tenants de l’école dite « autrichienne » d’économie proposent une autre explication selon laquelle les cycles économiques sont créés par le monopole de l’État sur la masse monétaire. Le crédit facile créerait des bulles dont l’éclatement se traduit en récession. Friedrich Hayek (1899-1992), un des fondateurs de cette école et récipiendaire du prix Nobel d’économie en 1974, avait été, à l’époque, un des principaux adversaires intellectuels de Keynes. Le deuxième défaut des politiques keynésiennes se rapporte au long terme et aux aspects structurels plutôt que conjoncturels de l’économie. Car il y a peut-être deux Keynes, un dieu en deux personnes en quelque sorte. Le second Keynes admettait que la régulation économique à court terme entraîne des conséquences à long terme. Dans la Théorie générale, l’économiste de Cambridge écrit : « Aussi pensons-nous qu’une assez large socialisation de l’investissement s’avérera le seul moyen d’assurer approximativement le plein emploi ». Les politiques actuelles sont keynésiennes au sens du second Keynes : elles reposent sur cette idéologie keynésienne que l’interventionnisme étatique est nécessaire et efficace. Plusieurs des mesures adoptées au cours des derniers mois ressemblent davantage à des éléments de stratégie industrielle qu’à des politiques conjoncturelles. Or – et c’est un autre point sur lequel Hayek s’opposait à Keynes –, l’État ne possède pas et ne peut obtenir les informations nécessaires pour planifier efficacement l’économie. La crise actuelle illustre dramatiquement cette impossibilité. Elle découle de l’appesantissement presque continu de la réglementation qui l’a précédée. Les budgets des organismes américains – fédéraux seulement – de réglementation des institutions financières et bancaires ont augmenté, en dollars constants, de 44% depuis 1990 et de 17% depuis 2000, sans compter les nouveaux contrôles depuis le déclenchement de la crise. Dans le marché où la crise a éclaté, le marché des hypothèques résidentielles, la moitié de celles-ci étaient détenues ou garanties par l’État fédéral. La crise actuelle, une crise de l’étatisme, manifeste la victoire d’Hayek sur Keynes. Le troisième défaut, rédhibitoire, des solutions keynésiennes est qu’elles ignorent l’institution même qui est censée les mettre en œuvre. L’État est habité par des politiciens et des bureaucrates qui sont des hommes ordinaires et non par des Séraphins et des Chérubins. À partir de cette hypothèse s’est développée, sous l’instigation de James Buchanan (lauréat Nobel d’économie en 1986), toute une école de pensée qui propose une analyse économique de la politique (voir les chapitres 18 et 19 de monComprendre l’économie). Les politiques publiques sont le produit de l’intérêt des politiciens et des bureaucrates de l’État. Les premiers adopteront devant la crise les mesures qui favorisent leur maintien au pouvoir ; les seconds chercheront à préserver leur statut et l’empire de leurs bureaux. Même si l’État keynésien était en mesure d’aplanir le cycle économique, son fonctionnement nécessaire l’amènera plutôt à aggraver et à prolonger les crises. GMAC, la filiale du géant de l’automobile qui finance clients et concessionnaires de celui-ci, vient d’obtenir du gouvernement américain le statut de banque et, grâce à cela, quelques milliards de financement additionnel. Qui eût cru que la réglementation des banques aurait un jour cette conséquence ? Qui eût cru qu’une théorie keynésienne proposant le relancement de la consommation produirait, dans le plus grand désordre, une assistance tous azimuts des producteurs les moins efficaces ? Mais, pardi, le praticien de l’économie des choix publics ! Le pouvoir de l’État finit toujours par servir des intérêts particuliers plutôt qu’un indéfinissable intérêt général. Peut-être, en définitive, la crise donnera-t-elle tout autant raison à l’économie des choix publics qu’à la théorie autrichienne, à James Buchanan qu’à Friedrich Hayek. |