La panique actuelle du pouvoir traduit un mal paradoxal : tout se passe comme si la France se regardait sombrer alors qu'elle dispose des solutions pour sortir du marasme, sans abandonner pour autant son modèle social.
Les ouvriers de Fagor désemparés, les Bretons en révolte, le gouvernement en panique, les Français démoralisés : la France fait peine à voir. Peine, car on sait exactement ce qu'il faudrait faire pour la sortir du marasme. On le sait depuis plus de dix ans. Le rapport de Michel Camdessus en 2004 ou celui de Jacques Attali en 2008 et des dizaines d'autres ont indiqué la solution : la France peut rester elle-même, elle peut conserver son modèle social, à la condition d'engager des réformes pour le rendre plus efficace et moins dispendieux ; elle peut regagner de la croissance et elle peut répondre aux nouvelles difficultés sociales comme le précariat ou le chômage des jeunes. Tout cela est connu, tout cela est même détaillé mesure par mesure.
La crise financière a, c'est vrai, beaucoup renforcé les difficultés. La récession a détruit des entreprises et augmenté le chômage, elle a tant creusé les déficits que l'Etat est désormais contraint à la rigueur. Mais, si le défi est plus grand, il n'est pas changé sur le fond. Il existe toujours une issue conforme aux voeux des Français, le XXIe siècle ne sera pas obligatoirement celui de la destruction de leur « modèle », mais à la condition de l'amender, cette fois-ci sérieusement.
Chirac n'a strictement rien fait, Sarkozy a été velléitaire, Hollande est autosatisfait. Pourquoi la classe politique française hésite-t-elle, pourquoi tergiverse-t-elle, pourquoi manque-t-elle de courage et, question corollaire, pourquoi les Français l'élisent-ils ? La réponse tient à ce qu'on peut appeler la préférence pour le déclin. Les Français savent que l'immobilisme conduit au pire, mais il n'y mène que lentement. Le pays est encore très riche, la situation de la grande majorité (les deux tiers sans doute) est satisfaisante, mieux vaut ne rien changer. Le réformisme obligerait à des remises en cause, non merci.
Quand on s'endette, on perd son indépendance et le jour où ceux qui prêtent à l'État français en auront assez, les fonctionnaires et les retraités français ne seront plus payés.
Il faut donc urgemment couper dans les dépenses publiques et pour ceci, il faut un chef de gouvernement au dessus des partis politiques.
François de Closets.
Denis Olivennes avait relevé « la préférence française pour le chômage » (1), parce que les « in », ceux qui sont en CDI, ne veulent rien assouplir qui fasse un peu de place aux exclus du marché du travail, les « out » : le même réflexe national est aujourd'hui élargi à l'ensemble du modèle économico-social. Les « in », les actifs, vivent suffisamment bien pour accepter de payer 46 % de ce qu'ils produisent (taux des prélèvements obligatoires), à charge pour l'Etat de subventionner les « out ». C'est cher, record d'Europe, certes, cela plombe aujourd'hui la croissance, mais c'est le prix de la paix sociale française.
Jean Pisani-Ferry, dans un article consacré à la croissance en Europe, donne des clefs supplémentaires de compréhension (2). Son diagnostic européen s'applique à la seule France. Il constate que, si la croissance est molle, c'est qu'il n'y a pas d'accord en faveur de cette croissance.
Le premier différend porte sur la stratégie : les keynésiens réclament de mettre fin aux politiques de rigueur pour ne pas stopper le moteur de la demande, tandis que les partisans des politiques de l'offre veulent des réformes structurelles. Comme le débat n'est pas posé et assumé clairement, le pouvoir zigzague, il laisse la place à des initiatives parlementaires incohérentes. Par son silence, il continue de justifier les radicaux, pour qui il s'agit d'un choix entre des politiques « de droite » ou « de gauche ».
La vérité concrète est de tenir compte et de la demande et de l'offre, et d'agir dans le détail de façon pratique. Mais le goût de l'idéologie passe devant. La France est incapable d'abandonner les joies primaires de l'opposition paresseuse « gauche contre droite ». Elle préfère le pseudo-débat d'idées aux débats réels et le paie par la lenteur de ses réformes.
La deuxième opposition à la croissance vient des écologistes etde tous ceux qui ne veulent pas que le travail soit le centre de leur vie. Ils craignent que l'économie n'abîme la nature, ils se satisfont, ou disent se satisfaire, d'une vie « frugale ». Pour eux, au fond, le déclin va dans le bon sens.
Troisième catégorie, la gauche dans sa majorité, pour laquelle les réformes sont le prétexte à une remise en cause des avantages sociaux. Ceux-là considèrent encore que le capital et le travail s'opposent et ils voient dans l'amélioration des marges des entreprises non pas la condition de l'investissement mais des cadeaux au patronat. Cette résistance est vécue comme salutaire, elle défend la « bonne » économie, celle des « avantages acquis ».
Si l'usine devenue non rentable ferme, c'est la faute à l'euro fort, à l'Europe, à la mondialisation, bref au capitalisme.
Le déclin, c'est les autres.
Avec mathieu LAINE
The Economist dénonce le déni économique et politique des différents candidats et des politiques français en général
L'article de The Economist:
http://www.economist.com/node/21551478
Traduction par Georges Kaplan:
http://ordrespontane.blogspot.fr/2012...
Crédit vidéo:
ce soir ou jamais - France3, le 03/04/2012
Depuis la tentative chiraquienne en 1986 d'introduire le libéralisme en France et son échec à la présidentielle de 1988, la droite n'a plus de ligne claire en matière économique. Elle appelle sur le papier aux réformes, mais n'assume pas les remises en cause sociales qu'elles contiennent. Elle est divisée sur les questions de l'interventionnisme, du protectionnisme comme de l'Europe. Bref, elle n'aide aucunement à promouvoir les solutions qui existent. Nicolas Sarkozy, qui promettait la rupture, s'était empressé de ranger le rapport Attali dans un tiroir.
Il y a en France une sorte de consensus pour le déclin. Rêve d'hier, des Trente Glorieuses, repli et discours protectionniste, la France n'arrive pas à accepter le monde qui change et d'en considérer les immenses opportunités. Tous les Français voient le déclin venir, mais la vie reste encore, pour un moment, confortable. Quand on est dans la nostalgie, on s'en nourrit maladivement, on s'y accroche. Dans les vieux empires, le déclin, c'est tout ce qu'il nous reste.
Par Eric Le Boucher
La préférence pour le déclin
Source:
"L'avis de Standard & Poor's est une condamnation de la politique économique" Cliquez le lien vidéo ici par Alexis Brézet
Panique au sommet de l’État ? via Contrepoints
Hollande et Ayrault consultent des élus de la majorité pour comprendre « ce qui ne marche pas ».
Par le Parisien libéral.
Il parait que « Hollande et Ayrault consultent des élus de la majorité pour comprendre « ce qui ne marche pas ». » C’est Europe 1 qui l’affirmait hier matin, dans un article intitulé « Vent de panique au sommet de l’État ». On pourrait trouver ça drôle, si on ne parlait pas de la France et surtout des Français.
Thomas Pikkety s'en prend vivement à la politique économique de François Hollande.
L'économiste joufflu rappelle les aberrations fiscales et les engagements non tenus de l'actuel président qu'il a soutenu lors de la campagne pour les élections
présidentielles 2012.
Sophie Pedder, quant à elle, souligne l'errance du gouvernement Ayrault.
PS : au passage, le prélèvement à la source est le racket de l'État sur les salaires le plus sournois qui soit.
Quand Piketty soutenait Hollande :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2...
Déjà, cherchez l’erreur : Hollande et Ayrault consultent des élus de la majorité pour comprendre « ce qui ne marche pas ». Ils se moquent de nous ? Pourquoi consulter des élus de la majorité, comme si l’expertise ou même le recul était dans leurs points forts ? Ce n’est pas insulter les élus, de la majorité ou pas, que de leur rappeler le fait qu’ils ne sont pas des experts mais juste des représentants, choisis par le peuple pour voter le budget, voter les lois et contrôler le gouvernement.
De plus, qu’est ce que, honnêtement, Hollande et Ayrault espèrent tirer de la génération UNEF-ID ? Le Président de la République et son premier ministre ne devraient-ils pas plutôt consulter l’IFRAP, la Cour des Comptes présidée par un socialiste, le fil twitter des Bonnets Rouges, les pages société et faits divers du Parisien, bref des gens un peu plus proches du réel que l’avocat de SOS Racisme Yann Galut, le cumulard d’Asnières Sébastien Pietrasanta ou l’hallucinante Karine Berger ?
Les infos, tout le monde les a :
- La France est surendettée, mais elle continue à voter des budgets en déficit.
- Il y a trop d’État, trop de lois en France.
- L’instabilité fiscale et légale est un problème pour tout le monde.
- Si on veut faire une politique socialiste, keynésienne et étatiste, alors il faut fermer les frontières, comme dans les ex démocraties socialistes d’Europe de l’Est.
Qu’est-ce qui est si difficile à comprendre dans le fait qu’en plus de la crise économique qui se manifeste par des plans sociaux quotidiens, les gens n’ont absolument pas confiance en une personne qui a battu l’ancien Président de la République en affirmant :
« Vous êtes toujours content de vous, ce qui est d’ailleurs extraordinaire. Quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, vous êtes content. Les Français le sont moins mais vous, vous êtes content. »
Qui peut avoir confiance en un président qui, après avoir organisé sa victoire dans des restos où l’on déjeune pour 140 euros, a loué des jets privés de luxe pour rapatrier des journalistes entre Paris et Tulle ou récupéré le Pavillon de la Lanterne.
Hollande a été élu pour en finir avec l’image d’excès de la période Sarkozyste, et nous avons pire.
Il n’y a pas que la forme, qui pose problème. Il y a surtout le fond. Hollande voulait apaiser le pays. Comme dit H16, c’est sur qu’en « Novembre 2013 : on a une France gravement apaisée de tous les côtés » ! Sans même parler des questions sociétales qui ont coupé la France en deux au printemps dernier, le pouvoir actuel est-il incapable de comprendre que le déluge de taxes qui est en train de noyer tout le monde est le ferment de la révolte ?
Le pouvoir en est réduit à discréditer les mouvements sociaux par la section de la police en charge du désordre, si on en croit la blogosphère, ou à laisser fuiter des informations sur des rumeurs de coup d’État au sein de l’armée.
L’opposition, à commencer par Jean-Louis Borloo suggère une dissolution de l’Assemblée Nationale. Cela serait un bon début.
Mais en réalité, il n’y a pas de panique. Hollande et Ayrault sont au pouvoir, ils se partagent les châteaux, le reste importe probablement peu. Jusqu’à ce que les paysans Bretons entraînent l’ensemble du peuple français dans une Révolution.
Re-Zo-Re ! Nous sommes tous des Bonnets Rouges !