Roger Lenglet et Jean-Luc Touly, auteurs du livre "Syndicats, corruption, dérives, trahisons", ont dénoncé mercredi sur BFMTV le fonctionnement actuel des syndicats en France.
"Syndicats, corruption, dérives, trahisons", l'énumération est cruelle. Le livre de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly, qui paraîtra jeudi, n'épargne pas le monde syndical, en y dénonçant de nombreuses dérives. Après plus de trois années d’enquêtes au sein d'entreprises publiques comme privées, les deux journalistes ont mis au jour un "système mafieux", qu'ils ont décrit sur BFMTV mercredi midi.
Par Prof Kuing: En France et malgré le bruit qu'ils font, les syndicats ne représentent que 4% des salariés.
Et tous ces riches parrains du syndicalisme ne sont pratiquement pas payés par des cotisations volontaires, mais essentiellement pas l'argent des contribuables.
Quelques chiffres :
Corruption et détournements
Roger Lenglet et Jean-Luc Touly rappellent que la dernière loi sur les syndicats date de 1884, et qu'en vertu de ce texte, ni les organisations syndicales ni les comités d’entreprise n’ont l'obligation de faire certifier leurs comptes. "Dans les grands comités d’entreprises comme la SNCF, la RATP, EDF ou Air France, on constate que des centaines de millions d’euros sont attribués chaque année aux comités d’entreprises; une grande partie est dévoyée et va malheureusement dans les fédérations syndicales des secteurs d’activités concernés", explique Jean-Luc Touly.
Les salariés de Sephora des Champs-Élysées sont très en colère contre les syndicats qui plombent leurs emplois et leur pouvoir d'achat.
"Ça se joue sur des milliards, renchérit Roger Lenglet, si l'on regarde toutes les sources de financement, y compris le fait de siéger dans des organismes paritaires comme le 1% logement, la Sécurité sociale, la formation professionnelle. Beaucoup d’argent part dans des poches personnelles, à travers des systèmes de fausses facturations de rétrocommissions, ou tout simplement de fausses factures".
Les syndicats français nuisent aux salariés et vont à l'encontre de leurs volontés, faisant des procès à ceux qui leur offrent du travail.
Paupérisation et chômage sont au rendez-vous. Voici un exemple parmi tant d'autres:
Harcèlement moral et licenciement abusif
Les deux journalistes rappellent que l’ancien numéro un de la CGT, Bernard Thibault, avait réussi à faire embaucher son épouse et ses enfants au sein du comité central de la SNCF.
Ils citent aussi le cas du prestataire de service chargé d’organiser l’arbre de noël du comité central de la SNCF: "Il avait été obligé de payer une publicité dans le journal de la fédération CGT des cheminots pour pourvoir avoir le marché".
Les deux journalistes ont réussi à recueillir de nombreux témoignages de l'intérieur, mais non sans peine, et dénoncent à propos "un véritable système de harcèlement moral et de licenciement". Ainsi, "le contrôleur de gestion a été licencié de façon abusive", selon eux, après les avoir informés.
Ils ajoutent aussi que de nombreux syndicalistes sont ulcérés par les pratiques internes et veulent faire bouger les choses.
Cécile Duflot cherche des immeubles vides pour y loger les familles dans le besoin ?
Nous les avons trouvés, il s'agit des châteaux des syndicats et des comités d'entreprise qui ont tous été achetés avec de l'argent public.
Détails des châteaux qui vont accueillir les familles dans le besoin:
http://www.dreuz.info/2012/12/cecile-...
Une "insulte" pour Laurent Berger
Quelques bonnes feuilles de cette enquête ont déjà été publiées dans L’Express cette semaine, titré en une "Pourquoi les syndicats sont nuls", sur un montage de photos de trois militants vus de dos et portant les logos de la CGT, de la CFDT et de FO.
La couverture a déjà fait réagir le numéro un de la CFDT, Laurent Berger. "La couverture de L'Express aujourd'hui est une insulte à l'action des militants de terrain et aux plus de 800.000 adhérents de la CFDT", affirme-t-il dans un tweet. "Les syndicats sont peut-être imparfaits mais ils ne sont pas nuls", a-t-il ajouté dans un autre tweet.
Par Karine Lambin
Syndicalisme
Le syndicalisme désigne l'action des syndicats, groupes sociaux visant à défendre des intérêts collectifs. Pour des raisons historiques, le terme de « syndicalisme » s'applique à l'action des syndicats de salariés, et par extension, à celle des organisations syndicales étudiantes, lycéennes et professionnelles. Le syndicalisme s'inscrit dans la lignée des groupements corporatifs, on peut le considérer comme une forme de corporatisme.
Institutionnalisation du cartel syndical
Pire, le décret du 31 mars 1966 instaure un oligopole en fixant une « présomption irréfragable de représentativité pour cinq confédérations nationales » et pas une de plus. Dorénavant, elles seules disposent du droit (un monopole) de représenter les salariés au niveau national. Pour renforcer leur pouvoir, les sections syndicales d’entreprise, créées dans la foulée en 1968, sont confiées aux délégués syndicaux, non pas élus mais nommés par ces confédérations. Ainsi les syndicats peuvent-ils engager, par la seule signature de leur délégué nommé, et sans autre condition préalable, l'ensemble des salariés d'une entreprise ou d'une branche professionnelle sur des questions fondamentales touchant à leur vie.
En 1982, les lois Auroux alourdissent considérablement le poids des syndicats dans la vie des entreprises : obligation annuelle de négocier, apparition des « groupes d’expression », etc. L’arrivée des socialistes au pouvoir marque aussi l’accélération du déclin du syndicalisme français.
Avec ses 430.000 représentants et permanents actuels et des comptes totalement opaques, cette institution lourdement bureaucratique ne parvient toujours pas à évoluer, à appréhender la diversité des réalités et des attentes des salariés. Malgré plusieurs tentatives d’ouverture et de modernisation de la part de la CFDT, le monde syndical persiste globalement dans la voie du conflit idéologique ou de la défense d’intérêts corporatistes. Les scissions de SUD et de l’UNSA vont, elles, plutôt dans le sens d’une radicalisation des luttes. Dernier sursaut du moribond ?
Rappelons que depuis la révolution française, la loi Le Chapelier a fixé l’idée que l’intérêt particulier constitue une menace pour le pays, que seul l’intérêt général compte. Cette mascarade rhétorique permanente atteint depuis vingt ans son paroxysme lorsque la lutte syndicale, au nom de cet « intérêt général », s’est mise à défendre des intérêts spécifiques. On se rend compte, depuis, qu’il n’existe plus de représentation automatique et définitive. Les coalitions sont limitées, les stratégies individuelles et les négociations sont partielles et transversales.
Fonctionnarisation du syndicalisme
Pourtant, les négociations collectives ont progressivement quitté la sphère de l’entreprise pour être signées au niveau des branches, notion déjà confuse, à l’échelle interprofessionnelle ou bien enfin directement avec les ministres. Ces « partenaires sociaux » officiels exercent dés lors une pression croissante sur un monde politique fragilisé qui espère trouver un surcroît de légitimité en négociant avec eux. Mais en définissant au coup par coup le critère de représentativité et en s’appuyant davantage sur cette légitimité sociale factice, le pouvoir politique se retrouve confronté à l’antagonisme initial qui oppose démocratisme et syndicalisme.
Dictature duale : Etat / syndicats
Dès lors, la société civile se retrouve de plus en plus prise en étau (voire en otage) entre un pouvoir dual. S’adossant au pouvoir politique en quête d’une nouvelle crédibilité, l’institution syndicale cherche une légitimité. L’effondrement de l’illusion marxiste et la situation sociale désastreuse où le syndicalisme a contribué à nous mener, nous offrent l’opportunité d’assainir le syndicalisme dans ses fondements et dans son fonctionnement. Le concept de « partenaires sociaux » a prouvé, depuis longtemps mais particulièrement depuis une dizaine d'années, sa nocivité et son injustice. Le moment est aussi venu de repenser notre Code du Travail, oppressif et incohérent. Le travail ne doit plus être perçu comme un mal à combattre, l’entreprise comme un ennemi à terrasser ou la liberté individuelle de négocier comme une menace de classe. Il apparaît urgent d’abandonner l’« idéologie de la négociation collective » franco-française, purement incantatoire, pour revenir à un ensemble de normes de Droit et à une vraie place pour les négociations individuelles.
La position libérale, en résumé
Le syndicalisme est légitime, pour autant qu'il respecte les principes du droit, que les syndicats ne prétendent pas représenter plus que leur base d'adhérents, et ne se voient pas accorder par l'État des privilèges (qui sont exorbitants en France :monopole de la représentativité, intrusion illégitime dans la vie des entreprises, entraves à la liberté de travail, gestion de la sécurité sociale, financement occulte et gestion de type mafieux[1], etc., alors même qu'il y a moins de 10 % de salariés syndiqués dans le pays). Ces abus de droit sont d'ailleurs aussi bien le fait des syndicats de salariés que du syndicat patronal.
Dans d'autres pays, comme aux États-Unis, des millions de salariés ne peuvent être embauchés que s'ils adhèrent à un syndicat (closed shop) ; la puissance des syndicats y est telle que les chefs d'entreprises eux-mêmes se voient imposer certaines décisions et doivent obliger leurs salariés à se syndiquer, même s'ils ne le souhaitent pas.
Quant à la prétention des syndicats de salariésà être capable de faire progresser les salaires, elle est fortement mise en doute par les économistes[2]. Il existe en effet une loi assez stricte qui aligne le niveau des rémunérations (financières ou en nature) sur celui des productivités. Des syndicats peuvent obtenir temporairement et pour quelques activités des conditions plus avantageuses que celles qu'autoriserait la productivité ; mais ce succès n'est qu'un transfert, au détriment d'autres salariés ou des consommateurs, et ne saurait durablement remettre en cause le niveau des rémunérations.