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Débat sur la Syrie : discours du ministre de la défense

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Claude BARTOLONE, président de l’Assemblée nationale La parole est à Monsieur Jean- Yves LE DRIAN, ministre de la Défense.


Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la Défense

 

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Et le black, on la fait cette putain d'guerre!! J'ai gagné des points d'sondage avec le Mali...Alors, go ahead.


Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je voudrais, dans ma responsabilité de ministre de la Défense, répondre à deux questions majeures qui ont été abordées au cours de ce débat.

 

591286_le-chef-de-l-etat-syrien-bachar-al-assad-le-14-juill.jpgOh mais c'est Paris lors du défilé du 14 juillet, Merci Nicolas!!

 

La première : sommes-nous sûrs que l’attaque du 21 août est chimique et qu’elle a été conduite par le régime de Bachard EL-ASSAD ?

Oui, elle est chimique. Peu importe, à cet égard, la nature de l’agent chimique employé même si, comme le président de la République l’a dit, plusieurs éléments nous montrent à nous et à nos partenaires que du sarin a été utilisé dans les armes qui ont été déployées. À cet égard, que ce soit du sarin, de l’ypérite, du VX ou d’autres produits, y compris des incapacitants civils, mais déployés à haute dose, voire des cocktails – ce qui est l’hypothèse la plus vraisemblable –, tous les éléments déclassifiés, que ce soit par nos services ou par les services de nos partenaires, démontrent amplement le caractère chimique de l’attaque. D’ailleurs, aujourd’hui, personne ne le nie, pas même Bachar EL-ASSAD. Je précise d’ailleurs à cet égard – mais je crois que chacun le sait – que la mission SELLSTRÖM, la mission des NATIONS UNIES, ne dira rien d’autre que c’est une action chimique puisque son mandat n’est pas de dire qui a ordonné mais de constater qu’il y a eu une action chimique, une attaque chimique. Ce que chacun admet aujourd’hui.

 

Francois-Hollande-Bachar-el-Assad_pics_390.jpgMoi Bachar je suis droit dans mes bottes, regardez ma cravate hein!! et voyez celle du Pépère de la France, alors!!

 

Deuxièmement, c’est de la responsabilité du régime de Bachar EL- ASSAD pour huit raisons fondamentales et cumulatives que je vais décliner. 

Première raison, le régime de Bachar EL-ASSAD a en stock plus de mille 

tonnes d’agents chimiques et il a déployé les vecteurs nécessaires pour les utiliser et il les a utilisés.
2 - Rappelez-vous les événements du mois d’avril, Saraqeb et Jobar, où nous avons pu montrer par les échantillons qu’il s’agissait de gaz sarin et ces échantillons ont été communiqués aux NATIONS UNIES. Nous avons les éléments identifiés qui nous montrent que des préparatifs spécifiques ont été conduits par le régime dans les jours précédant le 21 août. Quand je dis des préparatifs spécifiques, ce sont des préparatifs dédiés à une intervention chimique.
Troisièmement, la reconstitution de la séquence militaire de l’attaque du 21 août, que le Premier ministre a communiquée à vos représentants lundi soir, la reconstitution de cette séquence militaire montre que les tirs sont partis, nombreux tirs sont partis des zones contrôlées par le régime vers les quartiers de la Ghouta est, quartiers aux mains de l’opposition.
Quatrièmement, la séquence opérationnelle et la complexité de l’attaque dont on ne parle pas, à mon avis, assez est une séquence militaire parfaitement coordonnée conformément aux tactiques de l’état- major syrien, c’est-à-dire qu’avant l’attaque chimique, il y a eu une préparation aérienne et qu’il y a eu une préparation d’artillerie et que pendant ces actions militaires, il y avait en même temps l’attaque chimique à partir de 03h du matin et qu’il y a eu ensuite sur les mêmes sites une offensive terrestre à partir de 06h et qu’ensuite, il y a eu de nouveau sur les mêmes sites des bombardements aériens et d’artillerie intenses. Donc il y a là une cohérence technique, un exercice militaire de grande ampleur et bien coordonné.
Cinquièmement, le régime a tout fait ensuite pour détruire les preuves de son implication dans cette opération soit en bombardant les sites déjà touchés, soit en engageant des incendies pour éliminer les traces et faire évaporer les gaz.
Sixièmement, l’ampleur de l’attaque chimique, la multiplicité des sites de cibles est telle que seul le régime pouvait engager par ses moyens une intervention d’une telle dimension.
Septièmement, nous n’avons jamais eu, ni nous ni nos partenaires, ni nos services ni les services de nos partenaires, le moindre indice, la moindre preuve de possession et encore moins d’emploi d’agents chimiques par l’opposition syrienne, a fortiori dans des telles quantités.
Et huitièmement, l’attaque qui a été portée fait pleinement sens, d’un point de vue strictement stratégique pour le régime de Damas, puisqu’il était soumis à une offensive imminente de l’opposition dans des quartiers sensibles, en particulier dans des quartiers Ghouta ouest et Ghouta est où se trouvent les deux aéroports de la région de Damas.

Oui, Mesdames et Messieurs les députés, c’est une attaque massive tuant des centaines de civils, engagée par le régime qui poursuit son œuvre de terreur et de liquidation de son peuple comme l’a dit Bachar EL-ASSAD dans une interview récente.

en-2008-bachar-al-assad-etait-invite-au-defile.jpg
J'aime bien venir en France, ils sont sympa, puis on bouffe bien!!

Je voudrais maintenant parler des objectifs politico-militaires de l’intervention.

Mais auparavant, Monsieur BORLOO n’est plus là mais je pense que ce que je vais lui dire lui sera rapporté. Il a fait référence à un concept tactique de zone d’exclusion aérienne, voire de corridor humanitaire. Je voudrais lui dire – et je suis prêt à lui expliquer de vive voix – que pour prendre une telle initiative, il faut une très grande quantité d’avions, c’est-à-dire dans l’action et dans la durée, c’est-à-dire poser un acte de guerre long sans pour autant régler le problème de l’arme chimique qui peut, par ailleurs, être utilisée. Et là, il y aurait effectivement début d’un conflit et d’une guerre de longue durée. Je me permets de lui faire cette observation d’un strict point de vue militaire. Je dis cela sans aucune agressivité, avec une volonté d’explication que l’on doit à l’ensemble de la représentation nationale. Je voudrais aussi lui dire que sa préoccupation sur le Liban, elle est la nôtre. Mais le Liban, aujourd’hui, subit de plein fouet les conséquences de la crise syrienne à la fois en termes humanitaires et en termes sécuritaires comme en témoigne l’afflux des réfugiés et la multiplication des incidents sécuritaires soit en interne, soit aux frontières, à Tripoli, dans la Bekaa. Nous sommes, nous aussi, tout à fait attachés à la stabilité et la souveraineté du Liban et nous appuyons, nous soutenons la politique de distanciation – c’est le terme qui est utilisé par le président SLEIMAN – et nous appelons toutes les forces politiques à s’y conformer. D’ailleurs, je voudrais rappeler à Monsieur BORLOO qu’à l’initiative de la France, le 10 juillet dernier, il y a eu une déclaration unanime du Conseil 

de sécurité soulignant cet impératif de distanciation du Liban et de garantie de son identité politique. Ceci étant, la préoccupation sécuritaire, nous la partageons et vous imaginez que nous avons déjà pris des dispositions de sécurisation à la fois de nos ressortissants et des forces françaises au sud-Liban.

 

Francois-Hollande-et-Bachar-el-Assad-300x179.jpgVous croyez qu'il en aura une grande comme çà pour me faire la guerre, pfff!!

 

Je voudrais, sur l’objectif politico-militaire, vous dire ceci : les objectifs sont parfaitement clairs et circonscrits. Comme l’a dit le président de la République, notre réaction a deux grands objectifs stratégiques, tous liés à la rupture d’un tabou par Bachar EL-ASSAD, l’emploi d’armes chimiques contre sa population. Il s’agit d’une part de sanctionner l’emploi d’agents chimiques par Bachar entre les populations civiles et il s’agit d’autre part de le dissuader de recommencer et de rétablir l’interdiction d’emploi d’armes de destruction massive. Ces deux objectifs doivent permettre de définir une réponse ferme, significative, ciblée et proportionnée à la violation d’une norme essentielle du droit international. Ces deux objectifs guident les travaux de planification militaire avec notamment trois principes : pas d’intervention au sol, une action de rétorsion contre les capacités syriennes et une limitation stricte des dommages collatéraux. Cette réponse portera un coup d’arrêt à l’escalade de la violence par le régime et permettra ainsi de rompre avec une logique d’impunité qui fait obstacle aujourd’hui à l’indispensable solution politique.

 

Cette réponse que je viens de décrire ne vise pas à renverser le régime syrien mais à changer la dynamique politique en mettant fin à cette logique d’impunité du régime aujourd’hui. Un régime qui est persuadé de pouvoir gagner militairement en utilisant des armes de destruction massive en toute impunité n’a aucune raison, aucune raison de venir négocier une sortie politique.

 

D’ailleurs, dans sa déclaration hier au « Figaro », Bachar EL-ASSAD ne dit pas autre chose.

 

Mesdames et Messieurs les députés, la France décide pour elle-même car elle a des capacités militaires et de renseignement que peu de pays ont. Elle a des responsabilités spécifiques sur la scène internationale. Elle a une certaine vision du respect de l’ordre international, de ce que l’on appelle le multilatéralisme efficace. Elle a aussi des devoirs de sécurité nationale directement en jeu et ces devoirs lui créent la responsabilité d’intervenir.

 

Je vous remercie.

 

 

Débat sur la Syrie : discours duministre de la défense

Source, journal ou site Internet : assemblée nationale

Date : 5septembre 2013
Auteur :Jean-Yves Le Drian

 

situation_4095885-L.jpgMerci Monsieur Le Drian, j'ai bien entendu.

 

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