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Oubli du socialisme - Conditionnement - Pensée unique: « La colonisation se justifie par la mission civilisatrice des peuples blancs »

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Front populaire. Jamais l’empire français ne fut mieux glorifié que dans les manuels scolaires édités sous l’autorité de la gauche de Léon Blum durant les années 1936-1939. À relire.

 

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À l’époque, Bamako n’était pas la capitale du Mali mais celle du Soudan. Un pays qui était l’une des sept colonies de l’Afrique-Occidentale française (A-OF, 3,7 millions de kilomètres carrés, 14,5 millions d’habitants). Il suffisait alors de 14 000 Français pour en assurer le développement et y maintenir la paix.

 

C’était il y a longtemps, avant guerre, bien avant la décolonisation, la fin des empires et l’indépendance de l’Algérie. Et voilà que, trois semaines après avoir déclaré, le 20 décembre dernier à Alger, que la colonisation était « un système profondément injuste et brutal », le président de la République décide de renvoyer des soldats français sur ces terres de latérite rouge si souvent parcourues par nos marsouins et nos légionnaires. Ce n’est pas l’Algérie certes, mais ce furent les colonies. Ces colonies que chantait si bien la gauche du Front populaire, celle de Léon Blum dont l’actuelle majorité se revendique tant. Il faut relire comment cette gauche-là enseignait la colonisation durant ces années d’avant-guerre où elle fut aux affaires (1936-1939). Relire cela non pas dans les manuels d’histoire sujets à interprétations, mais dans ceux de géographie qui ne commentent que des réalités concrètes. En voici deux pris en exemple, l’un destiné aux garçons et filles de 9 ou 10 ans qui préparent leur certificat d’études primaires, édité par Belin (1939), et l’autre, publié par Hachette (1938), pour les élèves de 12 ou 13 ans de la classe de quatrième.

 

Ces ouvrages sont strictement conformes, précisent les éditeurs, aux programmes de mars 1938.

 

« Les instructions officielles ont nettement spécifié qu’il convenait de donner aux colonies la place de premier plan qu’elles doivent avoir dans l’économie générale de l’empire français. »


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Qui a rédigé ces instructions ? Une inspection générale placée sous l’autorité directe du ministre de l’Éducation nationale. Un ministre d’une gauche indiscutable. Jeune, petit, le front dégagé, le regard mobile derrière une paire de lunettes rondes, il s’appelle Jean Zay. À la formation du gouvernement Blum, le 4 juin 1936, il a 31 ans. Famille d’origine juive, député radical-socialiste à 27 ans, franc-maçon, il appartient à cette jeune classe que Léon Blum veut promouvoir (il sera assassiné par la Milice en 1944). Durant ces trois années de Front populaire, les gouvernements se succèdent, les ministres changent, pas lui. Il s’est engagé dans une profonde refonte de l’école. Rien ne lui échappe. Ces manuels portent sa griffe.


« La colonisation se justifie par la mission civilisatrice des peuples blancs »

 

, écrivent Léon Abensour, agrégé de l’Université, et Louis Planel, instituteur, dans leur manuel du certificat d’études. « La France est de toutes les puissances coloniales celle qui a le plus complètement et le plus consciencieusement rempli cette mission. »


« Les colons français, poursuivent les mêmes auteurs, ont été pour les indigènes de véritables éducateurs. Ils leur ont d’abord donné l’idée et le goût de la mise en valeur de terres incultes et sauvages ; un exemple caractéristique est celui de la plaine de la Mitidja, autour d’Alger ; en 1830, c’était une jungle marécageuse, pleine de bêtes féroces ; aujourd’hui elle évoque, par son aspect aimable et luxuriant, les plus fertiles régions de la métropole. »


« Nous souhaitons avoir fait comprendre aux enfants la solidarité qui unit la France aux peuples qu’elle gouverne au-delà des mers et les échanges de richesse matérielle et morale que cette union comporte »,

 

écrivent d’autre part Albert Demangeon, professeur à la Sorbonne, et Louis François, professeur agrégé au lycée Henri-IV, dans leur cours de géographie de quatrième.


Le cas Demangeon est intéressant, car il est non seulement un géographe passionné mais un enseignant plutôt engagé, puisqu’il a pris part à la rédaction du programme du Cartel des gauches en 1924 ; car lui aussi plaide continûment pour l’empire et la politique coloniale, comme le souligne M. Denis Wolff dans une thèse qu’il lui a consacrée. « Les Français n’émigrent pas beaucoup aux colonies, déplore Demangeon. L’Afrique du Nord, si semblable par son sol et son climat à la France méditerranéenne, seule les a tentés en grand nombre. Cependant les relations entre la métropole et les colonies se développent de façon croissante. La guerre de 1914-1918 et les crises économiques ont forcé les Français à les considérer comme essentielles à la vie de leur pays. Et c’est aujourd’hui un devoir pour eux que de connaître leur empire colonial, de bien comprendre les peuples indigènes que la France a mission de protéger. »

 

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Voici cet empire tel qu’il est présenté aux écoliers du certificat d’études :

 

« L’empire colonial français est le deuxième du monde, après l’Empire britannique. Il s’étend sur près de 12 millions de kilomètres carrés, soit vingt fois la France. Il est peuplé de 68 millions d’habitants, soit un tiers de plus que la métropole. […] Les pays que nous possédons en Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc) sont les plus riches de notre vaste empire colonial. Ils constituent comme le prolongement de la France ; ce sont de belles colonies de peuplement où le Français s’acclimate aisément. […] [On a transformé des] pays incultes, pauvres et sauvages en pays fertiles, riches et actifs, qui, comme l’Afrique du Nord et l’Indochine, jouent désormais un rôle de premier plan dans la vie économique de l’empire et dans celle du monde. »

 

Prenons l’exemple de l’Algérie dont on sait maintenant que la colonisation fut une souffrance insupportable pour le peuple algérien (qu’on appelait à l’époque les indigènes) pendant les cent trente-deux ans de notre présence. Le manuel des plus jeunes : « Grâce à l’activité des colons français, qui s’emploient depuis plus d’un siècle à la mettre en valeur et qui ont fait, en outre, l’éducation agricole des indigènes, l’Algérie est un pays très riche. Son agriculture est florissante. Elle est aujourd’hui le quatrième pays du monde pour la production de vin. »


Poursuivons par le cours de quatrième :« Aujourd’hui, la France fait régner la paix dans tout le Maghreb ; aussi la population indigène ne cesse-t-elle d’augmenter. L’Algérie, qui n’avait que 2 millions d’indigènes en 1870, en compte maintenant 6,5 millions ; le Maroc, en quinze ans, a vu sa population indigène passer de 4 à 5,5 millions d’habitants. »


Le même cours Demangeon détaille : « En Algérie, les Français possèdent de petits domaines et ont construit plus de 800 villages qui portent des noms de France, comme Saint-Denis, Colbert, Rabelais, Lafayette. Ces colons ont introduit les méthodes de la culture moderne. Ils ont desséché les marais de la Mitidja, construit pour irriguer la plaine d’Oran les barrages de Saint-Denis-du-Sig et de Perrégaux. Aussi les étendues cultivées du Maghreb ont-elles augmenté d’un quart depuis l’arrivée des colons français. […] Ils ont introduit des cultures nouvelles, dont la plus importante est celle de la vigne : depuis trente ans, les vignobles se sont multipliés dans la Mitidja et sur les coteaux qui bordent la plaine d’Oran, si bien que le vin est la principale production de l’Algérie. »


Demangeon s’arrête sur le cas du Sahara où « les Français ont fait régner la paix », où « ils ont permis un meilleur rendement des palmeraies grâce aux moyens techniques qu’ils ont introduits pour le forage des puits et l’entretien des canalisations ». Et le géographe remarque : « Peut-être utiliseront-ils la puissance du soleil et la force du vent le jour où les mines de charbon et de pétrole seront épuisées dans le monde ! »


Après l’Algérie et l’étude analogue des protectorats de Tunisie et du Maroc, le manuel passe à l’examen des colonies de l’A-OF. Les écoliers apprendront ceci : « L’Afrique-Occidentale française est une terre neuve que la civilisation européenne commence de rendre féconde et qui, dans certaines régions, s’efforce à prendre l’aspect européen. »

 

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Hollande honorant FERRY: Jules Ferry, farouche partisan de ce colonialisme tant prisé de la IIIème République. Il y gagna son surnom de "Tonkinois".

Il déclara à l'Assemblée du 28 juillet 1885 :

Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures... (Marques d'approbation sur les mêmes bancs à gauche – Nouvelles interruptions à l'extrême gauche et à droite.)


Aux collégiens, on explique que « les Français peuvent séjourner en A-OF à condition de porter un casque de liège, d’absorber une dose journalière de quinine, d’éviter les gros efforts et de rentrer en Europe quelques mois tous les deux ans ». Partout, ces Français ont construit des routes, des chemins de fer et des ports : 38 000 kilomètres de pistes aménagées, 8 000 kilomètres de routes… Ils s’y emploient aussi en Afrique équatoriale, dans l’océan Indien, à l’autre bout du monde et notamment dans cette « Indochine admirablement située entre l’Inde et la Chine », « colonie d’exploitation où 40 000 Français encadrent les indigènes et dirigent leurs travaux ».


Aux petits écoliers, le professeur rappelle que, « chacun dans leur sphère et en étroite collaboration, le soldat, l’administrateur, le colon, l’instituteur, le médecin, le missionnaire ont été les grands artisans de l’expansion coloniale française ». Et toute la France en était persuadée.


 

Quand la France était fière de ses colonies

Par

François d'Orcival

 

 

Source: Valeurs actuelles

 

 

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Colonisation

De Wikiberal

La colonisation désigne le processus par lequel un pays ou un groupe de personnes établit une ou plusieurs colonies sur un territoire étranger (déjà occupé ou non par une population). La colonisation peut avoir différents buts : exploitation de matières premières, de main d’œuvre, position stratégique, espace vital, etc.

Le colonialisme est l'imposition d'une domination politique et militaire d'un pays sur un autre, dont le but peut être d'accroître la puissance du pays envahisseur. Il est jugé par les libéraux contraire au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Si le colonialisme, au sens actuel du terme, remonte pratiquement aux grandes découvertes (1492) et même à l'antiquité (colonies romaines), le mot, lui, ne fait son apparition qu'avec le XXe siècle pour prendre presqu'aussitôt une coloration négative et susciter un autre néologisme l'anticolonialisme. La vague d'émancipation des colonies — ou décolonisation — qui débutera avec les années 1960 déclenchera divers scénarios visant à pérenniser la tutelle économique des pays colonisateurs ; cette phase sera stigmatisée sous le nom de néo-colonialisme.

La position des libéraux sur la colonisation

De plus, sur le plan historique, la plupart des libéraux ont été les plus farouches opposants au colonialisme. Pour certains libéraux, son principal soutien était formé par les partis socialistes et plus généralement la gauche (des saint-simoniensà Jules Ferry) :

« Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. » (Jules Ferry, Discours devant la Chambre des députés, 28 juillet 1885)
« Ce royaume appartiendra au laboureur qui aura osé le prendre, s'y tailler à son gré un domaine aussi vaste que la force de son travail l'aura créé. » (Émile Zola à propos de l'Algérie, en 1899)
« La France a autant le droit de prolonger au Maroc son action économique et morale qu'en dehors de toute entreprise, de toute violence militaire, la civilisation qu'elle représente en Afrique auprès des indigènes est certainement supérieure à l'état présent du régime marocain. » (Jean Jaurès en 1903)
« Nous admettons qu'il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu'on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation  » (Léon Blum, Allocution à la Chambre des députés, 9 juillet 1925)

Si Outre-Manche, les libéraux anticolonialistes, de Richard Cobdenà Herbert Spencer, feront bloc contre l'expansionnisme de l'Empire britannique, ceux-ci représentaient la gauche et c'est bien la droite, les conservateurs, qui se montraient favorables à la politique impérialiste. De même c'est le gouvernement conservateur allemand qui s'engage dans la politique coloniale. On fera remarquer aussi que Jules Ferry était plus proche du libéralisme que du socialisme et que les socialistes en France étant dans l'opposition et ne participant pas directement au pouvoir, il est abusif d'en faire les responsables de la colonisation. En fait la position du socialisme marxiste vis à vis de la colonisation est ambigu : elle est pour eux une étape nécessaire permettant le triomphe du capitalisme sur l'ensemble de la planète, prélude au triomphe ultérieur du socialisme, stade ultime de l'évolution historique.

Au XXe siècle, leur combat anti-impérialiste sera vigoureusement repris par les libertariens, notamment Murray Rothbard. Dès le XIXe siècle, des auteurs comme Yves Guyot ou Rouxel dénonce dans le Journal des économistes la colonisation comme continuité du « socialisme d'État de l'ancien régime », du paternalisme, du protectionnisme et, de manière générale, du socialisme. Ils dénoncent également l'erreur de la doctrine socialiste qui veut apporter par la force le progrès et la liberté, Yves Guyot écrivant ainsi : « il est étrange qu'il faille employer le canon contre les opprimés pour les délivrer de leurs tyrans ». Lors des débats parlementaires sur la colonisation de l'Algérie, Frédéric Bastiat a dénoncé l'ineptie que représentait toute politique coloniale et la logique protectionniste qu'elle mettait en avant.

Si la grande majorité des libéraux s'opposent à la colonisation et à l'impérialisme, on peut noter deux exceptions : Tocqueville a ainsi prôné une politique agressive contre les Algériens qui résistaient à l'occupation française[3]. Plus tard, un libéral comme Paul Leroy-Beaulieu défendra également le colonialisme.

En outre, les principes lockéens (proviso) autorisent l'occupation d'un territoire disponible, dans la mesure où les droits des premiers occupants sont respectés (mais pas au-delà) :

Mais quant à la simple possession de l'objet, quand elle n'est accompagnée d'aucune élaboration, d'aucune précaution propre à la conserver, elle fonde aussi peu un droit que le ferait une pure et simple déclaration de la volonté qu'on aurait d'en jouir seul. Quand une famille aurait été pendant cent ans seule à chasser sur un certain territoire, mais sans rien faire pour l'améliorer, s'il survenait un immigrant et qu'il voulût y chasser aussi, elle ne pourrait sans injustice morale le lui interdire. Ainsi le prétendu droit du premier occupant, la théorie qui, pour vous récompenser d'avoir eu la jouissance d'un objet, veut encore vous accorder le droit exclusif d'en jouir à l'avenir, est, en morale, tout à fait sans fondement. A celui qui s'en autoriserait, le survenant pourrait, avec beaucoup plus de raison, répliquer : « C'est bien parce que tu en as eu longtemps la jouissance, qu'il est juste de la céder aujourd'hui à d'autres. » (Arthur Schopenhauer)

Ainsi, l'occupation de l'Amérique au XVIe siècle par les premiers Européens (action qu'on peut qualifier de colonialiste) est justifiée (mais non la prise de possession d'un territoire au nom d'un souverain, qui n'a pas de sens).

 

 



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