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ça élit la "Gauche" puis la dénonce pour trahison! Un syndicat qui ne change pas et qui voit rouge: La CGT.

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1895-2013. La CGT n’en aura jamais fini avec les socialistes. Cela date du congrès de Tours et s’est vérifié avec Blum en 1936, Auriol en 1947 ou même Mitterrand. Et maintenant ?

 

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François Mitterrand (PS) Louis Aragon (PC) Georges Marchais (PC)
En arrière plan : Roland Dumas (PS) Benoit Frachon (CGT -PC) Séguy Georges (CGT-PC)


Ses racines sont à Limoges, rude terre de luttes ouvrières. Son congrès constitutif s’y est tenu du 23 au 28 septembre 1895. Elle s’appelle déjà la Confédération générale du travail et ne rassemble alors que des syndiqués venus de l’imprimerie (“le livre”), des chemins de fer et de quelques autres corporations. Elle naît, dans l’indifférence, pour assurer “la solidarité de la classe ouvrière”. Au gouvernement, il n’y a pas de ministre du Travail. Le président du Conseil, Alexandre Ribot, est un républicain modéré, allié à quelques radicaux. On est loin d’imaginer les terribles mouvements qui éclateront dans le Midi ou dans l’Est en 1906 et 1907. La CGT, seule organisation syndicale à l’époque, s’est durcie en se donnant à Amiens, le 13 octobre 1906, une “charte” dont la ligne est la lutte des classes, la grève générale, l’expropriation du capitalisme…

 

vidéo histoire de la CGT

 

 


La Grande Guerre suspend tout mais transforme les rapports de force. Au lendemain de la guerre, la gauche socialiste éclate. En pleine flambée révolutionnaire en Europe, les communistes accusent les socialistes de compromission et décident de se séparer d’eux au congrès de Tours, le 25 décembre1920. De ce jour date une grande fracture — à laquelle la CGT ne peut paséchapper ; elle aussi va se scinder entre révolutionnaires et réformistes ; la majorité adhère à la ligne du Parti communiste. Elle ne s’en éloignera plus.


Quand le socialiste Léon Blum gagne les élections de mai 1936 à la tête du Front populaire, son gouvernement compte des radicaux et des socialistes mais aucun ministre communiste bien que le Parti ait contribué à la victoire. Il a préféré se tenir à l’extérieur. Dès le lendemain du scrutin et pour faire valoir son poids politique, la CGT(profite d'un mouvement de contestations ouvrières préalable) paralyse le pays par une grève générale. La “grève de 36”, la grève des grèves, la référence. Dans la foulée de la victoire, Blum cède, le syndicat emporte la partie. Au mois de juin, les “accords de Matignon” ratifient la semaine de 40 heures et les congés payés ; suivent les nationalisations. Mais ce n’est pas cela qui va relancer l’emploi. Au bout d’un an, l’expérience Blum a épuisé ses charmes, la France est en mauvais état pour résister à l’Allemagne. Mais la CGT a retrouvé son unité.


Elle ne sera jamais plus forte qu’au lendemain de la Libération et des années d’Occupation, toujours dans le sillage du Parti communiste : elle revendique 5,5 millions d’adhérents en 1946 — autant que le Parti compte d’électeurs cette année là. Et pourtant, de Gaulle ayant quitté le pouvoir, ce sont les socialistes qui s’y installent en 1947. Le président de la République, Vincent Auriol, est un ancien ministre du Front populaire, le président du Conseil, Paul Ramadier, également. Au début, il a fait entrer des communistes dans son gouvernement, dont le secrétaire général du Parti, Maurice Thorez. Mais ceux-ci ont émis un vote de méfiance ; Auriol et Ramadier en ont aussitôt profité pour les expulser au début du mois de mai 1947. C’est alors que la CGT, dirigée par des communistes, va le faire payer aux socialistes. D’autant qu’au même moment, conformément aux consignes du Kominform de Moscou, les partis communistes sont en train de mettre la main sur l’Europe centrale et orientale.


Une première vague de grèves se développe en juin 1947. Elle retombe durant l’été et repart de plus belle en novembre. Les appels de la CGT sont de plus en plus violents, jusqu’à la grève générale. Ramadier démissionne. Mais son ministre de l’Intérieur, Jules Moch, mobilise 80 000 réservistes, des compagnies de CRS et des escadrons de gardes mobiles, pour affronter les cégétistes. Ceux-ci vont finir par caler. Cela laissera un mauvais souvenir : les socialistes étaient donc capables de leur résister… Les cégétistes continueront néanmoins à mener la vie dure aux gouvernements de la IVe République jusqu’au retour du général de Gaulle, au mois de juin 1958.

 

 

 

 


Le patron de cette CGT est alors un métallo né deux ans avant le congrès fondateur de la centrale, Benoît Frachon : il s’est battu durant les années 1930, la guerre et la Résistance, les émeutes de 1947. Il va tenir la CGT jusqu’en 1967, l’année où la gauche perd de peu les élections, où la popularité du général de Gaulle décline. Mais Frachon a 74 ans ; il transmet le pouvoir à un Méridional de 40 ans, Georges Séguy, ancien FTP, ancien déporté de Mauthausen, militant cheminot formé durant les grèves de 1947 et membre du bureau politique du PC. Il présente toutes les garanties.


À lui de gérer la CGT quand le mouvement gauchiste enflamme les étudiants en mai 1968. C’est le mois des manifs, des barricades, de la grève générale, d’un pouvoir hésitant, d’un de Gaulle qui balance entre renoncement et reprise en main. Séguy va-t-il saisir l’occasion ? “Gouvernement populaire” ? Il se méfie d’une gauche incontrôlable, d’un Mitterrand et d’un Mendès qui s’appuient sur la concurrence, la CFDT et les trotskistes. Alors, le 13 mai, il refuse de serrer la main de Cohn-Bendit ; il empêche ses troupes de gagner les Champs-Élysées ; le 29, il leur barre la route de l’Élysée. Il appelle à l’“unité populaire” en s’étant assuré que les autres ne la voudront pas. Il préfère négocier les “accords de Grenelle” avec Pompidou et le jeune Chirac, tandis que Benoît Frachon est décoré de l’ordre de Lénine à Moscou. « Le pouvoir peut remercier les gauchistes », dit-il, quand se produit le raz de marée gaulliste aux élections. Quand les socialistes reviendront-ils ?


Séguy est secondé par plus coriace encore que lui : Henri Krasucki, combattant du réseau des ouvriers étrangers durant la Résistance, communiste de pure souche stalinienne, permanent de la CGT depuis 1947 et surnommé “Krakusine” par les patrons. Entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1981, Séguy et lui appellent à voter Mitterrand. C’est une première. On n’est plus en 1968 et le vainqueur a promis de prendre quatre ministres communistes au gouvernement. Mais dès que le nouveau premier ministre, socialiste, Pierre Mauroy, lance, au mois de juillet 1981, la négociation sociale avec le patronat, et même sur la réduction du temps de travail, “Krasu” refuse de signer. Séguy a prévenu : « La CGT ne sera pas contestataire à propos de tout, mais résolument contestataire chaque fois qu’il le faudra… » Elle obtient la semaine de 39 heures, la retraite à 60 ans, une semaine de congés supplémentaire. Elle surenchérit : la France paiera.


Dès l’automne, la déception se fait jour. « Ne désespérez pas Billancourt », dit Krasucki au gouvernement dans un papier qu’il signe au mois de décembre dans l’Humanité— alors que ce même gouvernement est préoccupé par le coup de force militaire du général Jaruzelski contre les ouvriers en Pologne. Le 28 janvier 1982, Krasucki fait monter le ton devant les fonctionnaires CGT :

 

« Les mesures sociales du gouvernement sont trop courtes et mal appliquées, dit-il. On ne crée pas d’élan populaire en mécontentant la masse des travailleurs. C’est très mauvais pour un gouvernement de gauche de négliger son principal appui. Il ne faut pas scier la branche sur laquelle on est assis. »

 

Du 13 au 18 juin 1982, 2 000 délégués sont réunis pour le 41e congrès de la centrale ouvrière à Lille, la ville du premier ministre. Séguy s’efface ; Krasucki, qui n’a cessé de s’affirmer depuis des mois, prend la relève sans états d’âme : il a nettoyé l’appareil et les structures. La CGT déclare 1,9 million d’adhérents, contre 2,3 millions quelques années plus tôt.

 

 

 

 


Grand maître du double langage, tant avec ses partenaires des autres centrales qu’avec le gouvernement, note Valeurs actuelles du 14 juin 1982, Krasucki « soutient l’expérience socialiste et distribue des satisfecit à l’action conduite par les ministres communistes tout en multipliant les mises en garde contre les “tentations barristes” de ce même gouvernement » :

 

« La CGT n’acceptera pas une politique d’austérité, fût-elle de gauche », déclare-t-il.


Trois ans plus tard, à six mois du terme de la législature socialiste, le ministre du Travail, Michel Delebarre, prévient en langage codé et prudent : « Je constate à la CGT des modalités d’action ponctuelles, préciblées, avec un nombre limité de représentants, qui me paraissent préoccupantes. » Lionel Jospin, premier secrétaire du Parti socialiste, est plus clair devant les jeunesses socialistes : « La politique de la CGT est dangereuse, car elle comporte des risques d’affrontements. » Et Laurent Fabius, alors premier ministre, profite d’une émission de télévision, l’Heure de vérité, pour lancer : « Le droit de manifestation existe, mais aucun État républicain ne peut accepter la violence. » Il n’y aura pas de violence dans la rue, mais la droite gagnera les élections du printemps 1986 et Jacques Chirac succédera à Fabius.


Ainsi va la centrale syndicale, de congrès en congrès. Elle va tenir son 50e la semaine prochaine à Toulouse, terre de Jaurès. Thierry Lepaon, un “Moulinex” de 53 ans, succédera à Bernard Thibault. Mais la CGT ne changera pas. Elle frappe toujours deux fois : la première pour faire élire la gauche ; la seconde pour la dénoncer pour trahison. Et lui marcher sur les pieds.

 

 

 

 


Le syndicalisme en quelques dates

1895. Fondation de la CGT.

1919. Naissance de la CFTC (travailleurs chrétiens).

1944. Création de la CGC (cadres).

1947. Scission de la CGT et naissance de Force ouvrière.

1964. Scission de la CFTC et création de la CFDT.

1988. Création du syndicat Sud.


 

 

La CGT frappe toujours deux fois

Par

François d'Orcival

 

 

Source:

syndicate.jpg

Syndicalisme

De Wikiberal

Le syndicalisme est légitime, pour autant qu'il respecte les principes du droit, que les syndicats ne prétendent pas représenter plus que leur base d'adhérents, et ne se voient pas accorder par l'État desprivilèges (qui sont exorbitants en France : monopole de la représentativité, intrusion illégitime dans la vie des entreprises, entraves à la liberté de travail, gestion de la sécurité sociale, financement occulte et gestion de type mafieux[1], etc., alors même qu'il y a moins de 10 % de salariés syndiqués dans le pays). Ces abus de droit sont d'ailleurs aussi bien le fait des syndicats de salariés que du syndicat patronal.


Dans d'autres pays, comme aux États-Unis, des millions de salariés ne peuvent être embauchés que s'ils adhèrent à un syndicat (closed shop) ; la puissance des syndicats y est telle que les chefs d'entreprises eux-mêmes se voient imposer certaines décisions et doivent obliger leurs salariés à se syndiquer, même s'ils ne le souhaitent pas.


Quant à la prétention des syndicats de salariésà être capable de faire progresser les salaires, elle est fortement mise en doute par les économistes[2]. Il existe en effet une loi assez stricte qui aligne le niveau des rémunérations (financières ou en nature) sur celui des productivités. Des syndicats peuvent obtenir temporairement et pour quelques activités des conditions plus avantageuses que celles qu'autoriserait la productivité ; mais ce succès n'est qu'un transfert, au détriment d'autres salariés ou des consommateurs, et ne saurait durablement remettre en cause le niveau des rémunérations.

 


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