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Biotechnologie: Etat-connerie, il nous faut un marché financier privé fort!

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Les biotechs, est-ce de la sciencefiction ou déjà une réalité ?

Les premiers produits issus des biotechnologies remontent à la fin des années 1970. Nous n'en sommes donc qu'au début, mais, chaque année, ce sont déjà de 30 à 40 % des nouvelles molécules enregistrées par les autorités américaines chargées de la santé qui viennent des biotechnologies. Ces produits représentent près de 50 % des portefeuilles de produits des grands laboratoires pharmaceutiques. Toutes les pathologies en bénéficient. Les blockbusters de la pharmacie d'aujourd'hui sont des produits issus des biotechnologies. C'est-à-dire qu'ils sont produits soit par des bactéries, des levures, soit par des cellules animales.


 

Demain, ira-t-on encore plus loin avec une médecine personnalisée ?

La médecine personnalisée s'inscrit dans cette réalité, même si le terme « personnalisée » est un peu abusif, dans la mesure où il ne s'agit pas de proposer des traitements individuels, mais plutôt d'identifier les patients susceptibles de répondre à un traitement. Aujourd'hui, on sait mieux à qui on doit donner les traitements et à qui on ne doit pas les donner, selon que le patient est porteur ou non d'un marqueur biologique. On sait développer des médicaments dits « ciblés » qui répondent à une problématique précise sur le plan biologique.


L'innovation, c'est formidable, mais est-ce que ça ne va pas encore plomber les comptes publics ? 
Dans la mesure où il y a une amélioration du service médical rendu, c'est-à-dire un vrai progrès pour le patient, il est normal que le prix soit supérieur à celui des traitements existants. Mais les traitements de demain s'ils coûtent plus chers pourront aussi, comme on vient de le voir, n'être dispensés qu'à ceux pour qui ils seront efficaces. De toute façon, l'innovation médicale doit être reconnue par un prix qui la rémunère de façon appropriée. Si la France refusait de l'accepter, les entreprises n'auraient plus intérêt à développer des traitements en France et à mettre sur le marché leurs produits les plus innovants, et ce sont les patients qui en souffriraient. Le problème, en France, c'est qu'on n'a pas une vue assez globale de la prise en charge du patient. On ne voit que le déficit de la Sécurité sociale, on n'imagine pas suffisamment que des innovations médicales, qui ont certes un coût - ou un prix - puissent améliorer la santé des patients tout en coûtant moins cher globalement et sur la durée à la collectivité, et donc à la Sécurité sociale in fine. On n'imagine pas suffisamment non plus qu'à travers les entreprises qui les commercialisent ces innovations permettent à un tissu industriel de se développer avec des emplois et des investissements à la clef.


Le génie génétique va-t-il révolutionner la médecine ?

Aujourd'hui, ou très prochainement, séquencer un génome entier coûtera moins de 100 dollars, alors que le premier séquençage d'un génome humain fin 1999 avait coûté plusieurs milliards. Dans le futur, on peut donc imaginer détenir le séquençage de son génome sur sa carte Vitale. Actuellement, dans le domaine du cancer, on fait déjà le séquençage non pas du génome entier mais des régions portant les gènes dont les mutations sont associées au

cancer pour guider le choix des traitements. Mais la génétique n'est pas tout. Dans la plupart des maladies, ce ne sera qu'une donnée parmi d'autres. Car il y a tout ce qui se passe sur le plan biologique en aval de la transcription du génome et, bien sûr, aussi les interactions avec l'environnement. Une maladie comme le diabète, par exemple, est multifactorielle. Il peut y avoir une prédisposition génétique, mais l'alimentation et le mode de vie de la personne jouent aussi un rôle important dans son apparition.


En même temps, le progrès n'est-il pas aussi un peu inquiétant ?

Les nouvelles technologies font bouger les lignes : nanotechnologies, thérapie cellulaire, tests de dépistage, marqueurs pronostiques... posent de nouvelles questions. Chaque fois, le cadre de réflexion doit évoluer pour accompagner l'évolution des techniques, l'encadrer mais pas stériliser les avancées scientifiques. Les pays donnent à leurs scientifiques plus ou moins de marge de manoeuvre. En France, on a tendance à être trop théorique et à adopter des positions a priori en essayant de prévoir tous les cas. Le principe de précaution, s'il reste indispensable, est de plus en plus abusivement utilisé. S'il conduit à stériliser l'innovation plutôt qu'à encadrer de possibles débordements, il perd sa raison d'être. On n'est pas toujours cohérent non plus. Les anglo-saxons sont plus pragmatiques. De toute façon, il y aura toujours quelques moutons noirs et il faudra les sanctionner, mais il ne faut pas brimer 99 % des acteurs sous prétexte de tout vouloir contrôler.


Peut-on compter sur la clairvoyance des politiques ?

La puissance publique fait beaucoup et dépense beaucoup d'argent pour créer un environnement favorable à la recherche et à l'innovation. Cela vaut pour les biotechnologies aussi. Mais, à côté de ça, avec des réglementations pas toujours appropriées et changeantes, et une fiscalité peu encourageante on ne donne pas envie aux entrepreneurs d'entreprendre et aux investisseurs d'investir. Le cercle vertueux pourrait être davantage mis en mouvement, car la qualité scientifique est là. Nous inventons encore beaucoup, mais nous n'innovons que trop peu.


Ne noircissez-vous pas le tableau ?

Dans notre métier, la découverte et le développement de nouveaux traitements nécessitent beaucoup de capital investi pendant très longtemps. Développer un produit thérapeutique, c'est un cycle de dix à quinze ans. Et cela de plus en plus, car le cadre réglementaire est de plus en plus exigeant. Or il n'y a pas de fonds de pension en France (et très peu en Europe), l'assurance-vie va très peu dans les investissements à risque et il n'y a pas non plus assez de « business angels ». Les biotechs européennes et françaises, en particulier, sont donc sous- capitalisées, comparées aux biotechs américaines. Les sommes moyennes investies dans les entreprises sont beaucoup plus importantes aux Etats-Unis et elles sont investies aussi beaucoup plus vite. L'intensité comptant beaucoup dans nos métiers.


Les multiples mécanismes d'aide ne sont donc pas efficaces ?

Ils le sont, mais pourraient l'être beaucoup plus. L'Etat essaie de pallier ce manque de capital privé en multipliant les dispositifs. C'est très louable et franchement nécessaire, mais cela coûte cher. L'Etat français investit finalement beaucoup plus que d'autres pays. : Oséo, le crédit impôt recherche, le statut JEI, les investissements d'avenir..., c'est remarquable, mais cela ne peut remplacer un marché financier privé fort, et nous ne savons pas le créer chez nous.


Mais les biotechnologies sont un secteur très prometteur !

Oui, c'est une absolue certitude, mais développer de nouveaux traitements est aussi très risqué et le risque demeure longtemps. Dans la plupart des secteurs, plus on avance, plus on réduit la part de risque. On fait des prototypes de plus en plus proches du produit de série. En matière de développement de médicaments, ce n'est pas possible. Une fois le produit figé, les sociétés s'embarquent pour six à dix ans d'études cliniques. Et pour le processus de production, c'est pareil. Il faut construire l'usine avant d'être sûr que le produit ira sur le marché. On commence trois ans avant l'enregistrement de la molécule pour être prêt le jour où l'AMM [autorisation de mise sur le marché] est accordée. C'est un parcours du combattant que très peu terminent. Alors, quand finalement c'est le cas, cette innovation médicale doit être reconnue au travers de son prix, les investisseurs qui ont accompagné l'entreprise méritent une fiscalité en cohérence avec le risque pris et la durée de leurs investissements, et les entrepreneurs et dirigeants, quelques égards et considération. Ce sont ces gens-là qui seront alors les premiers à réinvestir ou à créer une nouvelle entreprise. C'est ce qui se passe aux Etats-Unis ou en Belgique, par exemple.

 


L'image de la France est mauvaise ?

Il faut en effet arrêter de dégrader l'image de la France. Pour caricaturer un peu les choses, certains voient la France comme le pays des 35 heures, de la retraite à 60 ans, et de l'imposition à 75 %. C'est faux, bien sûr, mais c'est néanmoins dans la tête de beaucoup. La communication est aussi importante que le fond et nous n'y prenons pas suffisamment garde. La France ne fait plus assez rêver. Or, dans un monde globalisé, les entreprises doivent avoir une gouvernance internationale. Nous ne pouvons ni l'ignorer ni nous immuniser contre ce qui se passe autour de nous. Si on veut maintenir les centres de décision en France, il faut donner envie aux étrangers de venir et aux Français de rester.


Son actualité

2013 est une année charnière pour Transgene, filiale biopharmaceutique de l'institut Mérieux spécialisée notamment dans les traitements contre le cancer. On saura si ses deux premiers produits pourront commencer les derniers essais chez l'homme, qui conditionnent l'autorisation de mise sur le marché.Alors que Lyonbiopôle a été classé en 2012 parmi les pôles « très performants », 2013 devrait être marquée par une meilleure structuration de la filière santé en Rhône-Alpes, qui lui permettra de gagner en visibilité et donc en efficacité. 

 

Son parcours

Agé de cinquante-trois ans, Philippe Archinard est ingénieur chimiste, titulaire d'un doctorat en biochimie de l'université de Lyon, complété par le programme de management de la Harvard Business School.Après quinze années passées au sein de bioMérieux dans différentes fonctions, dont la direction de la filiale américaine, il a été directeur général de la société belge Innogenetics à partir de mars 2000.Entré chez Transgene comme directeur général en 2004, il en est président depuis 2010. Il est aussi président de Lyonbiopôle.

 

Philippe Archinard : « Il faut arrêter dedégrader l'image de la France »

Source, journal ou site Internet : Industrie service

Date : 22avril 2013
Auteur :Catherine Ducruet 

 

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Transgene est une entreprise cotée à la bourse de Paris et membre des indices CAC Small 90 et Next 150. C'est une startupbiopharmaceutiquealsacienne dont le siège se situe à Illkirch-Graffenstaden. Elle est spécialisée dans la conception et le développement de vaccins thérapeutiques et de produits d'immunothérapie pour le traitement des cancers et des maladies infectieuses chronique. La société qui travail actuellement sur quatre produits assure la recherche, la fabrication de lots cliniques ainsi que les essais cliniques. Elle a comme objectif une première commercialisation en 2015 de l'un de ces quatre produits, qui sont actuellement en essais cliniques de phase II.

 

 

Au cours du Conseil d’administration de Lyonbiopôle réuni le 5 octobre 2006, Alain Mérieux, Président de séance, a proposé la nomination de Philippe Archinardà la Présidence de Lyonbiopôle, pour succéder au Docteur Christophe Mérieux. Cette proposition a été acceptée à l’unanimité.

 

Proche collaborateur du Docteur Christophe Mérieux et partageant une même vision, Philippe Archinard inscrira son action dans la continuité de celle menée jusqu’à présent.  « Une collaboration de nombreuses années avec Christophe et sa connaissance approfondie de la biologie et du monde de la recherche permettront à Philippe Archinard de poursuivre la mission que Christophe s’était donné : rassembler les forces scientifiques, universitaires, hospitalières et industrielles de toute une région de la lutte mondiale contre les maladies infectieuses » a déclaré Alain Mérieux.

 

Ingénieur en chimie et titulaire d’un Doctorat en biochimie de l’université de Lyon, complété par le programme de management PMD de la Harvard Business School, Philippe Archinard est Directeur général de Transgene, Directeur scientifique de Mérieux Alliance, Président de l’Association France Biotech. Il bénéficie d’une longue expérience internationale dans le domaine des biotechnologies, en particulier dans celui du diagnostic in vitro et des vaccins thérapeutiques.

 

Lyonbiopôle est un pôle de compétitivité mondial focalisé sur les maladies infectieuses humaines et animales qui regroupe dans son conseil d’administration les représentants de BioMérieux, Becton Dickinson France SAS, Sanofi Pasteur, Merial, Opi,Proteine’eXpert, le CEA, l’Inserm, le CNRS et la Fondation Mérieux. Il s’appuie sur l’axe Lyon/Grenoble, symbolisant une énergie forte entre la biologie industrielle, la biologie structurale et les micro nanotechnologies. Conçu une « usine » à projets de R&D multipartenariaux, il est un outil d’interface et de rapprochement entre industriels et la recherche académique. Son ambition est de devenir un accélérateur d’innovation pour soutenir la compétitivité des entreprises et du territoire.

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