Pour François Hollande, l'opération Serval a été "parfaitement accomplie". Pourtant, sur le terrain, tout indique le contraire.
"Travail accompli", mission militaire "menée à bien, avec une grande efficacité" : voici une semaine à peine, l'intervention française au Mali obtenait le satisfecit général. C'était quelques jours avant le lancement officiel de l'opération "Barkhane" censée remplacer Serval, lancée en janvier 2013 au Mali ; quelques jours avant la visite à Bamako du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ce mercredi 16 juillet pour signer un accord de défense franco-malien ; quelques jours enfin, avant la tournée africaine de François Hollande, qui débute jeudi. Tout semblait sous contrôle. Et puis le 14 juillet, un attentat suicide visant les forces françaises à une centaine de kilomètres au nord de Gao a tué un légionnaire de 45 ans. Venant doucher l'optimisme triomphant qui dominait jusque-là. Et rappeler que la mission française est loin, très loin d'être terminée. Pourquoi ?
Une stratégie française floue
Les objectifs annoncés par le gouvernement français n'ont cessé d'évoluer depuis le début de l'intervention, donnant l'impression d'une navigation à vue dans la stratégie militaire. A l'origine, il s'agissait d'arrêter la colonne de combattants islamistes qui fonçaient sur Bamako, selon les appréciations du gouvernement. Puis il a fallu préciser que la France avait pour but de "préserver l'existence de l'Etat malien" et "préparer le déploiement d'une force d'intervention africaine". Aujourd'hui, il s'agit de mobiliser 3.000 militaires au Mali, en Mauritanie, au Burkina-Faso, au Niger et au Tchad, pour "couper l'autoroute de tous les trafics" et empêcher la reconstitution des groupes djihadistes. Pourquoi un tel flou ? En donnant un coup de pied dans la fourmilière djihadiste installée au nord du pays, la France a provoqué une dispersion des mouvements terroristes dans les pays limitrophes, notamment en Libye et au Niger. Obligeant François Hollande àabandonnerdéfinitivement l'idée d'un engagement de courte durée, et à regarder non seulement le Mali, mais "la sécurité et la stabilité du Sahel et au-delà". Pour tenir ses promesses, il se doit donc d'assurer, avec ses partenaires idéalement, le service après-vente de l'opération Serval sur l'ensemble de la sous- région. C'est l'objectif de l'opération "Barkhane", qui acte la mise en place progressive ces derniers mois de plusieurs dispositifs militaires dans la région. Cette opération sera-t-elle plus efficace que "Serval" ? Plusieurs obstacles y font barrage.
Des djihadistes en embuscade
Considérée comme un modèle militaire complet, l'opération Serval n'a pas fait disparaître le danger djihadiste au Mali. S'ils ont, pour beaucoup, fuit le pays, profitant des longues frontières poreuses et peu contrôlées, ils reviennent régulièrement dans le nord du Mali pour y faire des incursions et des accrochages. Une note de la Fondation pour la recherche stratégique soulignait déjà en juin 2013 que les "zones grises candidates où Aqmi et ses affiliés sont déjà présents ne manquent pas". Les spécialistes en identifiaient plusieurs :
- Le sud de la Libye où le pouvoir est inexistant et où les camps d'entraînements et les armes sont déjà présents en nombre. Cette zone est désormais considérée comme la base-arrière des djihadistes.
- La Tunisie où une trentaine de combattants survivants de la brigade "Tarik ibn Ziad", qui était dirigée par Abou Zeïd, a rejoint en avril, via la frontière algéro-tunisienne, les montagnes du Mont Chaâmbi (sud-ouest de la Tunisie). Différents groupuscules extrémistes y sont regroupés. Au gré des accords et des alliances, ces hommes ont ouvert un nouveau front dans cette région, multipliant les attaques contre les autorités tunisiennes. Ceux qui sont remontés du Mali ont emporté leurs armes avec eux.
- Le Niger, où l'International Crisis Group (ICG) remarquait, dans un rapport publié en septembre, une "menace de la contagion terroriste depuis les pays voisins".
- L'ouest algérien autour des camps sahraouis de Tindouf, contrôlés par le le mouvement indépendantiste du Front Polisario. Rien ne le prouve. Mais dans cette zone de tensions, un rapprochement entre jeunes indépendantistes et djihadistes n'est pas exclu.
Le nombre de combattants a certes diminué, mais ils sont désormais dans une phase de réorganisation et de reconquête de leur sanctuaire, profitant de la réduction du nombre de soldats français, passés en février de 2.500 à 1.600 hommes. Exemple : deux mouvances qui avaient occupé le nord du Mali, le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest) et le groupe de chef Mokhtar Belmokhtar, "Les signataires par le sang", ont fusionné et donné naissance à "El Mourabitoune" en août 2013. On lui doit la prise du complexe d'In Amenas en Algérie et les attentats-suicides d'Arlit au Niger. Ce sont eux qui mènent l'essentiel des actions contre l'armée française au nord du Mali aujourd'hui.
Le problème Kidal
Si cette situation reste chaotique, c'est aussi en raison de l'impasse politique qui persiste à Kidal, ville du nord du Mali, origine de la rébellion touareg dont on profité les djihadistes. Depuis l'élection du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2013, la ville est toujours une zone de non-droit où les groupes armés continuent de mener des actions meurtrières, et le dialogue entre Bamako et les Touaregs est au point mort. Après des revendications indépendantistes, aujourd'hui officiellement abandonnées, certains des groupes rebelles réclament désormais une forme d'autonomie ou un statut particulier pour le nord qu'ils appellent Azawad, ce que refuse catégoriquement le pouvoir à Bamako. Hasard du calendrier, c'est mercredi que s'ouvre à Alger des négociations entre le gouvernement et les groupes armés du Nord-Mali qui ne s'étaient pas réunis depuis l'accord intérimaire de juin 2013 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Selon un expert de la Minusma, il faut faire vite, car "la situation se dégrade de plus en plus dans le Nord : à côté du différend gouvernement malien/groupes armés, des affrontements inter-communautaires sont en cours et c'est plus dangereux que tout le reste".
L'aide au développement au ralenti
Dernière obstacle et non des moindres : assainir la sous-région et enrayer définitivement les principales causes de l'enracinement du terrorisme. La stabilisation à long terme du Sahel ne peut être réalisée sans un effort considérable pour augmenter l'aide au développement. C'est ce que la France a essayé de faire en organisant une grande conférence des donateurs en mai 2013, qui a permis de réunir plus de 3 milliards d'euros. Pour que ces aides soient transparentes et n'alimentent pas encore plus la corruption, le ministre délégué au Développement de l'époque, Pascal Canfin, avait présenté en Conseil des ministres un projet de loi pour mettre en place des indicateurs de résultats des programmes d'aide. Concernant le Mali, un site internet a été créé afin de suivre les investissements. Pas suffisant pour certaines organisations internationales. Oxfam a estimé en janvier 2014 que "peu avait été accompli au cours des 12 derniers mois". Et regrettait avec fermeté les difficultés du passage des intentions aux actes : "La communauté internationale, et la France en particulier, ont déjà largement su poser les bons diagnostics concernant les menaces qui pèsent sur le Sahel, et les réponses à y apporter.
"Cependant, pour certaines d'entre elles, la traduction de discours en actions concrètes, à même de produire des changements significatifs sur le terrain, se fait cruellement attendre."
Mali : de Serval à Barkhane : la mission française loin d’être terminée
Source, journal ou site Internet : le nouvel observateur
Date : 16 juillet 2014
Auteur : Sarah Diffalah
Et des mensonges, ce n'est pas nouveau:
L'information est brûlante ! Mais Bettina ose dire la manipulation opérée par un gouvernement français en pleine déprime... OPERATION SERVAL ou OPERATION DESESPEREE de HOLLANDE qualifie de MOU...
http://observatoiredumensonge.com/2013/01/14/mensonges-au-mali/
Outre l’Algérie, l’UA et la Cédéao feront partie des médiateurs, tandis que l’UE, la France, le Niger et le Nigeria seront parmi les facilitateurs. A près de longs mois d’âpres tractations, la phase initiale du dialogue inclusif intermalien va pouvoir, enfin, commencer. Son lancement officiel aura lieu, aujourd’hui, à Alger. Seront présents à ce rendez-vous, pour lequel l’Algérie aura consacré beaucoup de son énergie, de ses moyens et de son temps, une forte délégation du gouvernement malien, les leaders de six mouvements politico-militaires du nord du Mali et les ministres des Affaires étrangères des pays impliqués dans le processus de paix au Mali. Faut-il, d’ores et déjà, en attendre des résultats ? Peut-être pas. Il faudra certainement du temps avant de parvenir à un compromis et de parler de la crise malienne au passé. D’un point de vue strictement technique, les négociations devraient se dérouler en trois phases. Il s’agira, dans un premier temps, de valider une feuille de route des négociations, puis d’aborder les négociations proprement dites avant d’aller au fond des problèmes et d’en ressortir avec un accord solide. La tâche ne sera certainement pas facile, étant donné la complexité de la crise. Les parties en conflit ne seront toutefois pas livrées à elles-mêmes. Ces négociations─ sur lesquelles donc tous les regards seront rivés seront suivies par un collège de médiateurs et un autre, de facilitateurs. Outre l’Algérie, l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) feront partie des médiateurs, tandis que l’Union européenne (UE), la France, le Niger et le Nigeria seront parmi les facilitateurs. Comment l’Algérie en est-elle arrivée à devenir, au fil du temps, un «pays médiateur» leader dans le dossier ? C’est, rappelle-t-on, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qui, au lendemain de son élection, avait officiellement sollicité l’aide du président Bouteflika. Sa demande est intervenue après qu’il eut constaté un enlisement du conflit. Ce fut assez bien vu par IBK, puisqu’en l’espace d’à peine quelques mois, le retour de l’Algérie dans le dossier a permis d’aboutir à des avancées sur le fond du dossier. L’une de ces avancées a consisté en l’harmonisation des points de vue des mouvements à même d’assurer une plus grande cohérence dans leurs négociations avec le gouvernement malien. Et cela n’aura pas été simple. De manière générale, les groupes rebelles qui ont officiellement abandonné leurs revendications indépendantistes réclament aujourd’hui une forme d’autonomie ou un statut particulier pour l’Azawad. Les six mouvements concernés par la rencontre d’aujourd’hui, à Alger, sont le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), la Coordination pour le peuple de l’Azawad (CPA), la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM- FPR), le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (dissident). Quid maintenant de la position du gouvernement malien ? Dans ces négociations, Bamako pose comme ligne rouge à ne pas franchir la remise en cause de l’intégrité territoriale du Mali, la laïcité de l’Etat et l’unité du peuple malien. Pour le reste, IBK s’est dit ouvert à toutes les suggestions. Tout le monde semble, donc, prêt à discuter. Quoi de mieux ? Si, peut-être espérer une petite chose : que ces négociations ne s’éternisent pas car la situation se dégrade continuellement dans le nord du Mali, une région très souvent travaillée par plusieurs agendas extérieurs contradictoires. A côté du différend gouvernement malien/touareg, de violents affrontements intercommunautaires sont actuellement en cours. Si un accord ne vient pas stopper cette spirale de violence assez vite, ce sera encore un retour à la case départ. Il ne vaut mieux pas que cela arrive.