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L'avenir du service action DGSE en question...

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  1. Un rapport du Sénat propose de réaffecter certaines unités du légendaire Service action de la DGSE au Commandement des opérations spéciales (COS).

  2. On peut imaginer le choc que représente cette annonce dans la communauté du renseignement. Pourtant, il pourrait bien s’agir du dernier volet de la réforme du système de renseignement débutée en 2008. Né officiellement avec le BCRA, le SA hérite des pratiques de la Résistance et du SOE britannique. A la fin de la guerre, la création des services spéciaux s’accompagne inéluctablement d’une dimension action voulue par les tenants du renseignement offensif, en tête desquels le colonel Fourcault. Ce sera le 11e Choc, créé par des figures légendaires du SDECE comme Morlane, Maloubier... Il faut relire Erwan Bergot pour comprendre les origines de cette aventure mythique sur lesquelles reposent 70 années d’histoire de l’action clandestine française et qui ont fait du SA un monument à part. La démilitarisation du Service qui fut lancée après l’affaire Greenpeace, marque le déclin inexorable de l’influence des militaires dans la Maison. Le SA n’y échappe pas, même s’il constitue presque un état dans l’état. Premier signe de ce déclin, la création du service Mission en 1989 qui semble devoir remplacer le SA dans certains domaines de l’action clandestine. De fait, et bien que le SA continue d’opérer militairement sur certains théâtres, il semble que l’essentiel de ses missions se soit recentré sur le contre-terrorisme et le traitement des otages. Se pose finalement la question délicate du bilan opérationnel du SA. Si l’on a l’habitude de dire que les opérations réussies restent secrètes et que seuls les échecs sont médiatisés, il faut bien dire que la somme des accidents et des échecs imputables au SA a fini par poser question. Le désastre de l’opération visant à libérer Denis Alex marque sans doute un tournant dans l’histoire du service. On comprend évidemment la motivation qui a prévalu à cette opération visant à libérer un de leurs agents. Il en allait de l’honneur du Service et de sa sécurité. Un succès aurait certainement assuré son avenir. Malheureusement, on ne prête qu’aux riches, et cet échec, en dépit du soutien officiel de l’exécutif, lui vaut probablement une certaine disgrâce. A contrario, le COS accumule les succès militaires et bénéficie d’une réputation grandissante. Ne dégageant pas ces « relents de clandestinité » souvent désagréables aux narines des dirigeants modernes qui n’ont pas connu la résistance, le COS porte l’auréole d’un savoir- faire militaire qualifié de spécial et qui symbolise parfaitement la puissance du Prince. Ses opérations sont décidée directement au niveau de l’exécutif et représentent un must en matière d’acte guerrier : elles sont fortes, courtes, circonscrites et surtout contrôlables. Tout succès vient directement gonfler les sondages du Prince. L’échec, lui, reste imputable aux aléas des combats et s’efface derrière le cérémonial dramatique des hommages nationaux rendus aux soldats morts pour la France. Quelle que soit la situation, les forces spéciales s’inscrivent donc dans un champ médiatique favorable, ce qu’apprécie évidemment le politique. Au demeurant, la frontière opérationnelle entre le spécial et le clandestin militaire est devenue bien ténue et ne semble plus justifier une distinction qui coute cher. Techniquement, la partie militaire des missions du SA pourrait donc être transférée avec armes et bagages au COS. En ce sens, le rapport des sénateurs est pertinent. Reste que le SA est une structure à part entière de la DGSE dont il partage et nourrit la culture, les codes, l’histoire, les héros, les mythes, sans oublier son réseau de réservistes. Amputer la DGSE d’une partie de cette puissante communauté représenterait non pas la fin des services spéciaux mais un changement profond du modèle national de renseignement extérieur. C’est évidemment un choix politique majeur. S’il n’est pas absurde a priori, il nécessite toutefois une réflexion sur ses implications et ses conséquences. C’est ici, je pense, que le rapport de nos sénateurs trouve ses limites, car ce genre de réflexion implique la mise à plat de l’organisation la plus secrète de la République. De fait, il n’est pas certain que nos dirigeants aient vraiment intérêt, pour quelques millions d’euros d’économie, à bousculer les services spéciaux au risque de remuer les eaux troubles de notre histoire clandestine.

L'avenir du service action DGSE en question...
  1. ENJEUX DE LA DEFENSE - DOCTRINE - CONCEPTS MISSIONS

    l’avenir du service action en question
  2. Source, journal ou site Internet : esprit corsaire

    Date 26 juin 2014

    Auteurs : Franck Bulinge


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