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Tiananmen, interdite de cit(é)r

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Au moins 66 personnes ont été placées en détention, en résidence surveillée ou placées à l’extérieur de la capitale à l’approche du 4 juin, selon Amnesty International.

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, Tiananmen, l’endroit le plus solennel de Pékin, face à la Cité interdite, a été le théâtre de la plus meurtrière répression par l’armée d’un mouvement populaire à Pékin, depuis la fondation du régime en 1949. Des dizaines de milliers de soldats, appuyés par des centaines de chars, avaient repris possession de la place, occupée depuis sept semaines par les étudiants et la population, réclamant liberté et démocratie. L’assaut avait fait plusieurs centaines de morts et jusqu’à plus de mille, selon des sources indépendantes. 25 années après, toute référence aux événements est encore strictement censurée, et une bonne partie de la jeunesse chinoise a grandi dans une ignorance totale des faits. Les autorités chinoises ont même imposé une sécurité draconienne autour de la place Tiananmen pour prévenir toute tentative de commémoration de la répression meurtrière du «printemps de Pékin». L’accès hier y était strictement contrôlé par les forces de sécurité qui vérifiaient les identités des Chinois et des touristes étrangers. Police armée sorte de gendarmerie chinoise , gardes municipaux, fonctionnaires en civil, agents des comités de quartier : l’arsenal

sécuritaire de la Chine était représenté en nombre sur l’immense esplanade ou à ses abords. L’importance du quadrillage policier, même 25 ans après, souligne la nervosité des autorités vis-à-vis d’un événement qui avait traumatisé la population et violemment ébranlé le régime. Le parti communiste chinois a tout simplement peur d’être débordé. Dans le reste de la capitale, où les mesures de sécurité avaient déjà été renforcées après une série d’attentats dans le pays attribués à des fondamentalistes de la région musulmane du Xinjiang (ouest), des milliers de policiers patrouillaient. Fait rarissime, un éditorial du quotidien officiel Global Times est revenu sur les événements de 1989 dans sa seule édition en anglais pour assurer que «la société chinoise n’a jamais oublié l’incident d’il y a 25 ans». Mais «elle se rappelle combien elle était pauvre» en 1989, alors qu’aujourd’hui, «le pays est devenu la deuxième économie mondiale». Et si «la Chine a tu les informations relatives» aux événements de 1989, c’était «pour influencer positivement le développement harmonieux des réformes et de l’ouverture», assure le journal.

Des morts par centaines

Dans deux lettres ouvertes rendues publiques hier, plus de 200 sinologues occidentaux et asiatiques ont demandé aux autorités chinoises la libération des militants emprisonnés à l’approche de l’anniversaire. Quelque 80 d’entre eux, s’adressant au président chinois Xi Jinping, lui ont demandé de relâcher cinq intellectuels interpellés début mai pour avoir participé à un «séminaire» privé sur Tiananmen dans un appartement pékinois. La Maison Blanche a assuré le même jour dans un communiqué que «25 ans après, les Etats-Unis continuent d’honorer la mémoire» des victimes et demandé à Pékin de «rendre compte de ceux qui ont été tués, détenus ou ont disparu» à l’occasion des événements. Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei qui, interrogé sur l’anniversaire, s’est borné à réitérer «la conclusion depuis longtemps exprimée par le gouvernement chinois», à savoir qu’«au cours des 30 dernières années de réformes et d’ouverture», la Chine a enregistré «de remarquables progrès économiques». Le président taïwanais a appelé, pour sa part, Pékin à promouvoir des réformes politiques et notamment la liberté d’opinion. «J’espère sincèrement que les autorités du continent corrigeront rapidement leurs erreurs pour qu’une telle tragédie ne se répète pas», a déclaré Ma Ying-jeou dans son traditionnel communiqué marquant l’anniversaire de la tragédie. A Hong Kong, quelque 200 000 personnes étaient attendues en soirée pour une veillée commémorative de l’événement, un rendez-vous annuel que l’ancienne colonie britannique marque d’autant plus fortement qu’il est, à Pékin, plus sévèrement censuré cette année, comme chaque fois qu’il tombe tous les cinq ou dix ans. Au moins 66 personnes ont été placées en détention, en résidence surveillée ou placées à l’extérieur de la capitale à l’approche du 4 juin, selon Amnesty International. Bref, le pouvoir chinois est passé maître dans la promotion du modèle libéral mais amputé toutefois de ses libertés.

Tiananmen, interdite de cit(é)r

La population interdite de commémorer les événements de Tienanmen : les Chinois otages d’un libéralisme sans liberté

Source, journal ou site Internet : El Watan

Date : 5 juin 2014

Auteur : Aniss Z


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