Le gouvernement allemand va autoriser la fracturation hydraulique sur 86 % du territoire. Un premier pas vers l'exploitation de ressources qui pourraient réduire, faiblement, la dépendance au gaz russe. En proposant d'encadrer les procédures de fracturation hydraulique, le gouvernement allemand se prépare à autoriser bel et bien l'exploitation du gaz de schiste en Allemagne. Jusqu'à présent, aucune règle claire n'existe en Allemagne sur ce procédé, le seul employé jusqu'à présent pour extraire ces gaz piégés dans la roche mère, contesté notamment par les écologistes qui dénoncent ses conséquences sur l'environnement. Dans un courrier adressé à la commission des finances du Bundestag, le ministre de l'Économie Sigmar Gabriel a exposé le projet du gouvernement, qui devrait être examiné avant la pause estivale: la fracturation hydraulique sera autorisée après examen des conditions de protection de l'environnement et en dehors des zones humides protégées, c'est- à-dire 14% du territoire. Des autorisations pourraient être données par les autorités régionales. «D'après cette note, la fracturation hydraulique sera autorisée sur 86 % du territoire», a dénoncé mardi le député vert Oliver Krischer. Les modifications législatives pourraient entrer en vigueur à partir de 2015. Pour l'instant, il est encore difficile d'évaluer le potentiel des gaz de schiste en Allemagne. Selon le département américain de l'énergie, dans son évaluation de 2013 basée sur de seuls études géologiques sans forages, le sous-sol allemand recèlerait 476 milliards de mètres cubes de réserves récupérables. Soit huit fois moins que le potentiel français, et l'équivalent de six ans environ de consommation allemande de gaz.
Impact de la crise ukrainienne
Les partisans de l'exploitation du gaz de schiste espèrent découvrir des gisements dans les dix prochaines années. Ses adversaires assurent que les réserves seraient maigres dans le sous-sol allemand. «L'exploitation des gaz de schiste n'a pas d'intérêt en Allemagne», assure-t-on dans les rangs des écologistes. Les Verts craignent que cette ressource le gaz de schiste vienne prendre la place des énergies vertes dans la transition énergétique. La crise ukrainienne a joué dans l'accélération du gouvernement allemand. Berlin, principal client européen de Gazprom, est dépendante pour 35 % des importations de gaz russe. Même si le gouvernement veut croire que les approvisionnements ne puissent pas être remis en cause, l'Allemagne voudrait pallier cette faiblesse. Au mois de mars, la chancelière Angela Merkel avait prévenue: la crise ukrainienne va obliger l'Allemagne à élaborer «une nouvelle manière de voir sa politique énergétique». C'est un premier pas.
Source, journal ou site Internet : Le Figaro
Date : 5 juin 2014
Auteur : Nicolas Barotte