Les bobos... En inventant il y a quatorze ans cette contraction entre "bourgeois" et "bohème", le journaliste du New York TimesDavid Brooks ne pensait sans doute pas que son néologisme allait à ce point enflammer les dîners de famille et les éditoriaux des magazines.
Oxymore répudié par les universitaires mais plébiscité par les médias, le terme est aujourd'hui employé à toutes les sauces, que ce soit à propos du prix de l'immobilier comme dans les débats autour du mariage gay. Souvent pour être accusé de tous les maux. À droite, le bobo est ainsi décrit au mieux comme un ravi de la crèche de l'immigration, au pire comme un hypocrite qui, comme l'affirme Alain Finkielkraut, vante les mérites du métissage "tout en vivant dans des forteresses". À l'extrême gauche, cet avatar bio de la gauche caviar prend l'allure d'un social-traître, principal responsable de l'embourgeoisement en chassant le vrai peuple des centres-villes. Ce "bobo-bashing" étant d'autant plus aisé qu'ils sont rares, même du côté du canal Saint-Martin ou de Montreuil, à revendiquer le label..
Par prof Kuing Yamang: Fais ce que je dis, mais pas ce que je fais.
Vu sur:
http://www.enquete-debat.fr/archives/...
Un coupable idéal donc, mais qui a trouvé ses avocats en la personne des journalistes Laure Watrin et Thomas Legrand, couple à la ville et bobos assumés. Leur essai La république bobo (Stock) se veut à la fois une réhabilitation et une clarification d'un concept sociologique utilisé à tort et à travers (non, contrairement à ce qu'affirmait Nicolas Sarkozy durant sa dernière campagne présidentielle, les bobos sont rares à Saint-Germain-des-Prés). Selon eux, les bobos ne manquent certes pas de contradictions et frôlent souvent la caricature.
Mais ils seraient aussi et surtout créateurs de liens sociaux de proximité, tout en étant à l'aise avec la mondialisation. À lire Laure Watrin et Thomas Legrand, on tiendrait même là les hussards noirs d'"une république moderne qui se cherche de nouveaux repères"...
Vous voulez rire ?
- Anne Berest : Les jeunes intellectuels forment une classe sociale méprisée, ils vivent dans des situations financières extrêêêêment compliquées et sont
obligés de faire des métiers humiliants, n'est-ce paâââs.
- Clémentine Autain : les intellos souffrent de précariat et manquent de considération, c'est un problème de société absolument considéraâââable, n'est-ce
paâââs.
Ces deux-là devraient aller faire les trois-huit dans une usine, ça leur fera le plus grand bien.
Extraits de La république bobo, de Laure Watrin et Thomas Legrand
Le bobo, c'est toujours l'autre
Fabrice Luchini vomit sur les bobos à longueur d'interviews alors que lui-même vit dans le 18e arrondissement (où il a grandi certes, mais qu'il aime pour les mêmes raisons que les bobos), arborant une barbe de trois jours et des lunettes en écaille, n'est jamais plus heureux que quand il fait la une de Télérama, et arrive tout gentil et ravi quand il est invité à la matinale de France Inter, grand-messe, s'il en est, de la population bobo.
Taper sur les bobos est devenu le dernier conformisme, une source d'inspiration facile pour diatribes plus ou moins littéraires. Il suffit de décrire vaguement une population mal définie et de la rendre entièrement responsable du mauvais fumet de l'air du temps... L'écrivain François d'Epenoux s'y est essayé en 2003 dans son livre Les bobos me font mal : "Ce sont quelques poignées de vrais bourgeois mais faux bohèmes, connus ou inconnus, fricotant dans la pub, la presse, la musique ou le cinéma, bref, dans des métiers bien, qui prônent leurs idées et prêchent leurs discours avec d'autant plus de légèreté mondaine qu'ils n'en subiront jamais les conséquences, planqués qu'ils sont dans leurs donjons bardés de Digicode. [...] Ce sont les nouveaux gardiens de la pensée unique qui déversent sur le moindre assaillant l'huile tiède d'une soupe idéologique ressassée, entre deux flèches trempées dans le fiel mortel de leurs propres erreurs." Autant de clichés creux se passent de commentaires.
Le courage n'étant pas la qualité la mieux partagée au monde, peu de bobos, on l'a dit, s'assument comme tels.
Florence Lamblin, une élue bobo écolo qui fraude le fisc.
Ainsi, le patron du nouveau café qui a ouvert sur la place de la République rénovée à l'été 2013, à Paris, prend bien soin d'expliquer à Anne-Sophie Novel : "On n'a pas voulu faire boboïsant, mais vraiment ouvert à tous." "Boboïsant" serait donc forcément synonyme d'"excluant" ! La journaliste au Monde décrit sur son blog le bistrot en question : "Au comptoir, le café est à 1 euro (1,80 euro en salle) et vous pouvez y goûter une cuisine responsable, avec des produits bio, locaux, de saison ou issus du commerce équitable." Ces mots, "responsables", "bio", "équitables", poncifs du parler bobo, ne sont-ils pas ceux du patron de ce bistrot qui surtout ne veut pas faire "boboïsant" ? Le bobo, c'est toujours l'autre.
Les bobos, promoteurs du vivre-ensemble ?
Les bobos qui investissent les quartiers populaires à forte proportion immigrée ne cherchent pas particulièrement à se "mélanger", mais sont attirés par la ville-monde à prix modérés. "Vivre avec", "vivre ensemble", "vivre à côté", partager les espaces publics dans l'harmonie bigarrée d'un univers diversifié et multiculturel, voilà l'une des aspirations de bien des familles bobos qui adorent côtoyer les boubous. La caricature est facile mais nous verrons que, dans bien des quartiers qui se vidaient de leurs classes moyennes avec la fin de l'ère des PME industrielles et artisanales des faubourgs et des proches banlieues, les bobos sont venus réintroduire de la diversité sociale et apporter quelques subsides en impôts locaux. L'ouverture aux autres, réelle ou fictive, mais en tout état de cause considérée comme valeur positive, pousse le bobo à choisir (ou à ne pas rechigner) d'habiter dans des quartiers que l'on dit "colorés". Dans notre grille de lecture républicaine, qui n'admet ni communautés ni races (il n'y a qu'une communauté, la communauté nationale), mixité sociale veut donc aussi dire mixité ethnique. Le géographe Jacques Lévy qualifie même les "gentrifieurs" qui s'installent dans les quartiers populaires de "défaiseurs de ghetto".
Mais, comme souvent quand on s'intéresse au phénomène "bobo", on est tenté de chercher, derrière l'altruisme et les beaux sentiments, un intérêt caché, l'hypocrisie, la fameuse "part d'ombre" qui sied à tous les bourgeois, fussent-ils bohèmes...
Alors que la France bat des records de chômage, François de Closets rappelle (ou apprend) à la bobo Clémentine Autain comment l'Allemagne a su s'en sortir et
diminuer massivement son taux de chômage contrairement à la France.
Extrême Centre :
http://extremecentre.org/2013/04/27/f...
De l'utilité des cafés bobo
Évidemment, l'ouverture d'un café très "brooklynien" comme le Café Lomi - avec sa grande baie vitrée, ses murs de brique et sa table commune façon loft -, où l'on paie 4 euros pour avoir un coeur ou une feuille dessinés sur la mousse de son (délicieux)latte, à la Goutte-d'Or, qui reste l'un des quartiers les plus pauvres de la capitale, ça a toutes les chances de paraître déplacé. "Encore un café bobo", ne peut-on s'empêcher de penser, annonciateur de ce que sera le quartier d'ici les dix prochaines années.
Évidemment, la multiplication des cafés qui se réapproprient les codes populaires d'autrefois ou qui jouent la carte de l'authenticité (feinte) en plantant un peu partout des chaises d'écolier, de vieux canapés et des tables en Formica dépareillés, ça agace. (...).
Nationalisation: Michel Godet raisonne une bobo socialiste
Michel Godet explique gentiment à la bobo socialiste Valérie Rabault qu'avec l'argent des contribuables que le gouvernement aurait voulu dilapider dans
l'usine à gaz Florange, on aurait pu créer 100 fois plus d'emplois viables pérennes.
La France des bonnes nouvelles - Michel Godet:
http://www.amazon.fr/France-bonnes-no...
Évidemment, quand on commande un énième cookie sans gluten pour accompagner son jus vert ou son thé glacé dans un coffee-shop tellement épuré qu'on ne sait plus si on est à Berlin, New York ou Melbourne, c'est assez déprimant. (...).
Mais on peut aussi voir les choses différemment... Voir la tasse à moitié pleine. On peut aussi se dire : que grâce à une poignée de coffee-shops - certains torréfient leur café sur place (dit comme ça, ça fait très snob, et pourtant l'ambiance y est très décontractée) - on peut enfin boire un expresso à Paris qui ne ferait pas rougir un barista napolitain. (...) Tout ça pour le même prix, voire pour moins cher, que dans la brasserie du coin qui sert un arabica imbuvable. Bref, grâce à une poignée d'activistes passionnés qui ont toute la panoplie du bobo, on a un peu moins l'impression d'être pris pour un con et un peu plus celle d'en avoir pour son argent, sourire de la serveuse étudiante bilingue compris dans le prix.
Les contraintes écologiques imposées aux voitures (pour lutter contre un réchauffement climatique absent depuis 16 ans) nuisent en premier à l'industrie
automobile française et donc à l'emploi dans l'hexagone.
Les gagnantes sont principalement les petites voitures fabriquées à l'étranger.
Que le salut des troquets (qui, rappelons-le, sont plusieurs milliers chaque année à baisser le rideau en France), éléments essentiels de notre culture populaire, viendra sans doute de cette nouvelle génération de cafetiers qui les relooke graphiquement ou les anime subtilement pour attirer les bobos, sans assommer le client, avec un café décent à 1 euro, un verre de vin "de copains" ou une pression à 2 euros.
La république bobo de Thomas Legrand et Laure Watrin (Stock, 272 p., 19 euros).
Par Thomas Mahler
Les bobos sont-ils l'avenir de la France ?
Source:Le Point.fr
Il règne en France une dictature intellectuelle alimentée par les écolos de EELV (seulement 2% aux élections) qui fait qu'on ne peut même plus faire de la
recherche.
La navigatrice Maud Fontenoy ose ouvrir un débat posé et sensé sur l'exploration des gaz de schiste.
Le bouquin de Maud Fontenoy "Ras-le-bol des écolos" chez Plon :
http://www.plon.fr/ouvrage/ras-le-bol...
Le terme bobo, contraction de bourgeois-bohème, est une expression désignant des personnes relativement aiséesNote 1 dont les valeurs se situent à gauche. À partir de cette définition générale, différents attributs peuvent être ajoutés à l'archétype du bobo : urbain, écologiste, idéaliste, hypocrite… Il s'agit ainsi d'un sociostyle, c'est-à-dire d'une tentative de caractériser un groupe social selon les valeurs que ses membres partagent, plutôt que selon leurs caractéristiques socio-économiques ou démographiques.
Le terme est issu du livre Bobos in Paradise: The New Upper Class and How They Got There de l'américain David Brooks, publié en 2000. L'auteur, un journaliste décrit comme conservateur modéré, y décrit ce qu'il ressent comme une mutation positive de son propre groupe social : les yuppies des années 1980, dont le mode de vie bourgeois se serait hybridé avec les valeurs bohèmes de la contre-culture des années 60-70.
En France, le terme est plutôt utilisé de manière péjorative pour désigner des personnes aisées se proclamant de gauche mais dont les actes sont contradictoires avec les valeurs qu'ils défendent.