À ce stade, c'est une maladie. Appelons-la "normitude aiguë". Comprenez : le besoin obsessionnel de notre État et de ses administrations de créer des normes.
Véritable nounou, cet État veut notre bien et, au nom de ce bien, il se croit autorisé à tout réglementer : la pression des bas de contention, la puissance de l'éclairage dans les couloirs d'hôtel, la largeur des allées des hypermarchés, la couleur des gommes à effacer, la taille des draps de lit vendus dans les magasins... Ce délire législatif dépasse l'entendement, comme l'explique le journaliste Philippe Eliakim dans son livre Absurdité à la française (Robert Laffont), dont Marie Bordet fait la recension dans Le Point n° 2148 du 14 novembre.
Par professeur Kuing Yamang: Mauvais chiffres de la croissance et de l'investissement, la reprise n'est pas au rendez-vous.
L'État français s'obstine pourtant à maintenir la dépense publique et à augmenter l'impôt sur les société.
Selon Eliakim, "notre arsenal juridique abriterait 400 000 règles et contraintes de tous ordres disséminés dans 22 334 articles de loi, 137 219 articles de décret, et dans des dizaines de milliers d'autres textes réglementaires de toute nature, répartis dans 64 codes". Parmi les chapitres édifiants du livre de Philippe Eliakim, il en est un particulièrement ubuesque : celui consacré aux ascenseurs dans les immeubles. Un amendement voté en urgence après un accident médiatisé a imposé pas moins de 17 mesures préventives. Or, on dénombrerait "7 accidents de ce genre chaque année en France, dont un ou deux mortels". À titre de comparaison, fait observer malicieusement Philippe Eliakim, "15 personnes (soit sept fois plus) décèdent chaque année d'une piqûre de guêpe, 20 en tombant d'une falaise, 35 frappés par foudre ou 1 350 en avalant leurs cacahuètes de travers".
Immense gâchis
D'où sa suggestion : "Réglementons les apéritifs, cloisonnons les falaises d'Étretat, imposons le port d'une combinaison anti-guêpes dans les campagnes." Cela prêterait à rire si l'empilement de ces normes et leur déconnexion de la réalité ne produisaient pas un immense gâchis : projets d'entreprises avortés, argent dilapidé, emplois détruits... Selon les calculs réalisés par la Commission européenne, qui n'est pas en reste sur le terrain des règlements débiles, l'application de l'ensemble de nos normes représenterait chaque année 3,7 % du PIB, soit 70 milliards d'euros ponctionnés sur les entreprises et les contribuables, l'équivalent de la masse salariale versée chaque année à tous les fonctionnaires de l'État.
Cette normitude aiguë ne date pas d'aujourd'hui, ni même de Colbert. En son temps, Montaigneécrivait déjà : "Il y a autant de lois en France que dans le monde entier." Ses causes sont multiples : à la fonctionnarisation du pays est venu s'ajouter le souci des politiques et des fonctionnaires de se prémunir contre la judiciarisation galopante. Soucieux de leur sécurité, fragilisés économiquement ou contaminés par le principe de précaution, les citoyens exigent pour leur part toujours plus de protection. Plus généralement, cette folie réglementaire en dit long sur "l'idéologie française par excellence" : l'étatisme.
Constat d'échec, les 35 heures n'ont jamais été appliquées par un autre pays.
Un jour l'Abbé Pierre rencontre Alain Deleu et lui dit que le travail, c'est comme le pain, ça se partage et Deleu lui répond que le travail, c'est comme le pain, ça
se multiplie.
"C'est une conception particulière de la puissance publique et de son rôle, fondée sur une défiance envers la société civile",
explique le politologue Dominique Reynié dans Le Postillon du 14 novembre.
"Pour la pensée étatiste, rien de bien, rien d'important ne se fait sans l'État. L'étatisme comprend très difficilement que l'intérêt général puisse émaner de l'activité d'entrepreneurs, d'associations, d'individus, etc., toujours soupçonnés d'agir pour de vils motifs particuliers et privés", poursuit Reynié.
L'étatisme ne fait pas confiance aux citoyens. Il les prend pour des enfants qu'il faut protéger d'eux-mêmes.
"La défiance de l'État et des responsables publics envers la société civile est devenue un obstacle pour notre pays, ajoute Dominique Reynié. Bien des problèmes que nous cherchons vainement à résoudre disparaîtront lorsque l'État décidera de faire confiance aux Français, de les laisser faire."
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Les délires de l'État nounou
Le Postillon
Sébastien Le Fol
Bonnets rouges, verts, jaunes, abeilles, tondus, artisans, commerçants, entrepreneurs, ils sont de plus en plus nombreux à descendre dans la rue pour crier
leur collère contre la fiscalité de l'État.
La révolte fiscale, c'est maintenant !
La politique fiscale du gouvernement est l'un des principaux facteurs qui cristallisent le fort mécontentement des patrons de TPE, selon un sondage mené par l'Ifop pour la société Fiducial. Selon ce baromètre, 72 % des dirigeants de "très petites entreprises" (comptant moins de 20 salariés) renoncent à investir et 46 % à embaucher en raison de la politique fiscale actuelle.
Chaque heure six entreprises de proximité disparaissent en France.
Les artisans et commerçants n'en peuvent plus, la corde de la fiscalité se resserre autour de leur cou.
Nous entrons dans l'économie grise : l'exil fiscal intérieur.
Nicolas Doze.
Et les choses risquent de ne pas s'améliorer puisque, pour 2014, peu de patrons de TPE croient en la promesse d'une pause fiscale : 75 % affirment craindre une hausse supplémentaire.
Du coup, la cote de confiance générale envers l'exécutif reste bloquée à 13 % d'opinions favorables pour le deuxième trimestre consécutif, soit le niveau le plus bas depuis la création de ce baromètre. "Pour illustrer encore un peu plus le décalage existant entre les mesures annoncées et les attentes des entrepreneurs, uniquement 10 % des patrons de TPE estiment que le gouvernement prend en considération les préoccupations liées à leur activité", soit un recul de 12 points depuis l'élection du président François Hollande.
"Un profond malaise"
"Trop de dépenses, trop de déficits, trop de dettes, trop d'impôts... voilà les reproches qui fondent l'impopularité record du gouvernement (de Jean-Marc) Ayrault auprès des chefs d'entreprise", analyse Jean-Marc Jaumouillé, directeur des techniques professionnelles de Fiducial. "Tant que l'exécutif restera sur cette ligne, la reprise de l'activité sera impossible. Les prélèvements obligatoires obèrent dangereusement l'investissement et l'emploi", ajoute-t-il.
Pas fier, pas fier du tout...
Les TPE, entreprises de 0 à 19 salariés, au nombre de 2,4 millions, représentent 96,8 % du nombre total d'entreprises en France hors agriculture, services financiers et administration, indique l'Ifop en citant l'Institut national de la statistique et desétudes économiques (Insee). Elles comptent pour 27 % de la valeur ajoutée produite. "C'est un profond malaise des entrepreneurs qu'on ressent sur le terrain, particulièrement des TPE et PME" (petites et moyennes entreprises), a déclaré à l'AFP, Thibault Lanxade, qui préside au Medef le pôle entrepreneuriat et croissance. "Il y a très clairement un manque de visibilité de la politique économique du gouvernement aujourd'hui, qui génère un manque de confiance", a affirmé ce responsable de la plus grande organisation patronale de France.
Le ras-le-bol fiscal touche de plein fouet les artisans et commerçants qui manifestent contre l'oppression fiscale exercée par le gouvernement.
Une politique "illisible"
"Il est vraiment urgent que le gouvernement renforce et clarifie au plus vite sa politique en faveur des TPE/PME, qui n'est pas lisible aujourd'hui. Les TPE, c'est 52 % de l'emploi salarié et, si on veut véritablement inverser la courbe du chômage, cela se passera également dans les PME et TPE", a-t-il déclaré.
Interrogé sur les mesures auxquelles il pense, M. Lanxade a évoqué "des dispositifs d'accompagnement mieux positionnés pour les entreprises en difficulté comme (le ministre du Redressement productif) Arnaud Montebourg vient de le faire pour les entreprises de plus de 400 salariés". Il a également affirmé qu'il serait "très positif" de proposer "un médiateur des relations avec les administrations" (fisc, inspection du travail, Urssaf) en plus de ceux chargés des relations entre entreprises, des relations avec les organismes de crédit et avec la commande publique.
Les TPE et PME représentent la grande majorité des 750 000 adhérents du Medef.
L'enquête a été réalisée par téléphone du 10 au 28 octobre auprès d'un échantillon de 1 003 dirigeants de TPE (hors autoentrepreneurs), redressé selon les données de l'Insee pour une meilleure représentativité nationale.
Source: AFP
Ils sont de plus en plus nombreux à fuir l'enfer fiscal de la France métropolitaine pour la Polynésie française, véritable eldorado fiscal.
Dans l'hexagone, les entreprises sont coulées par les charges, en Polynésie, il n'y a pas d'ISF, pas d'impôt sur le revenu (sur le salaire), pas de taxation
des plus-values pour les particuliers et pas de droit de succession et moins de charges pour les entreprises.