Né en 1957 aux Etats-Unis Alesina est un économiste qui collabore avec différents organismes tels que le CEPR en Angleterre et le NBER aux Etats-Unis. Il enseigne actuellement à l'Université de Harvard aux Etats-Unis. Il travaille sur plusieurs sujets, mais il est surtout connu et reconnu pour ses travaux portant sur l'Economie Politique, domaine qui ambitionne d'étudier les phénomènes contemporains à l'aide de l'interconnexion des sciences économiques et des sciences politiques.
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L'économie politique
La politique et l'économie sont des domaines liés car l'étude de l'un nécessite souvent la considération de l'autre. En effet, la situation économique influe sur les votes, les choix politiques et le positionnement politique des dirigeants, alors que parallèlement les décisions politiques se répercutent sur l'environnement économique.
Le mode de gouvernance d'un pays est le reflet d'un choix collectif se traduisant par l'émergence d'une constitution, laquelle donne le cadre dans lequel la vie politique doit s'exercer. Dans ce contexte, et dans une société démocratique, les politiques publiques correspondent à un équilibre entre des intérêts souvent contradictoires d'électeurs différents et qui reflètent les divergences socio-économiques d'une société. Toutefois la politique menée doit nécessairement être approuvée et soutenue par une majorité de citoyens et/ou de leurs représentants.
De façon schématique, l'idée de l'économie politique est de prêter les outils d'analyse des sciences économiques aux sciences politiques, afin notamment d'attribuer la même rationalité aux agents politiques (électeurs, politiciens...) qu'aux agents économiques (ménages, entreprises, Etats, institutions financières...). Parallèlement, l'économie politique emprunte à la science politique l'intégration des choix de politique gouvernementale dans les modèles économiques.
La théorie de la modération rationnelle des institutions politiques
La thèse d'Alesina est que les évènements économiques et politiques s'influencent réciproquement. Il développe notamment cette idée dans ce qui est probablement son ouvrage le plus connu (co-écrit avec le politologue Howard Rosenthal), à savoir "Partisan Politics, Divided Government and the Economy" publié en 1995. Dans cet ouvrage, il modélise tout d'abord le système politique américain et étudie les interactions entre le pouvoir exécutif (le Président) et le pouvoir législatif (le Congrès), avant ensuite de développer un modèle d'équilibre général.
La thèse d'Alesina part de deux hypothèses. Tout d'abord, (1) que les partis politiques et les électeurs veulent le pouvoir et veulent également rester fidèles à leurs choix politiques. Dès lors, les programmes politiques ne convergent pas vers une position consensuelle centriste, mais se polarisent à gauche et à droite de l'échiquier politique. Les raisons de cette polarisation sont que les partis politiques veulent garder leur crédibilité, n'osent pas trahir leur idéologie de peur de décevoir leurs électeurs et donc ne pas se faire réélire aux prochaines élections. Au final, les partis politiques se polarisent pour une notion de fidélité, d'où la notion de "partisan politics" qui pourrait se traduire par "politiques partisanes". (2) La seconde hypothèse d'Alesina est que l'utilité des politiciens et des électeurs dépend de la distance entre la politique économique développée par le pouvoir et les politiques économiques préférées (au regard de l'idéologie, des discours...). Plus la distance entre la politique économique appliquée et la politique économique préférée est petite, plus l'utilité du parti est considérée comme grande par les électeurs. L'utilité est donc maximale lorsque la politique réalisée correspond parfaitement à la politique préférée.
Dans ce cadre, chaque électeur vote en fonction de son espérance de voir réaliser sa politique préférée. Après l'élection du Président, en fonction du positionnement politique de celui-ci et de la distribution des électeurs entre la gauche et la droite, il convient d'élire le pouvoir législatif. Aux Etats-Unis, l'équilibre entre les pouvoirs exécutif et législatif a une influence forte car c'est la répartition des deux pouvoirs qui détermine la politique économique mise en place. Les électeurs utilisent généralement cette interaction pour assurer un contrôle et une modération réciproque des pouvoirs. Dès lors, en pratique, cela conduit à mettre en œuvre une politique plus centriste quand les deux pouvoirs appartiennent à des partis différents. Ainsi, la cohabitation des pouvoirs ne correspond pas à un accident mais à l'expression collective d'une volonté rationnelle des électeurs. De plus, il y a la possibilité de pouvoir changer la majorité ou de la faire évoluer en cours de mandature aux Etats-Unis avec un vote de mi-mandat. Le changement de majorité qui peut en résulter peut alors entraîner une évolution du cycle politique. La politique économique sera alors différente selon que le Président ou le Congrès appartiennent à des partis différents. Au final, ce mode de fonctionnement pousse le Président à prôner une politique plus radicale car il sait qu'elle sera naturellement pondérée au nom de ce principe de modération des institutions politiques.
La modélisation de ces phénomènes s'effectue donc dans un cadre où l'équilibre prix-salaire est fixe et où toutes les décisions correspondent à des choix rationnels, que ce soit de la part des électeurs ou des politiciens, qui cherchent tous à maximiser leur utilité. Dans ce contexte, l'élection présidentielle correspond à des variables telles que le taux de croissance économique du pays, l'inflation et les chocs externes, c'est-à-dire qui proviennent de situations extérieures au pays. L'utilité prêtée aux partis politiques dépend de l'importance que chaque parti attache à la croissance économique et à l'inflation. Les conclusions empiriques, autrement dit sur l'observation des résultats, indiquent dans un premier temps que les partis chercheront à développer des politiques économiques différentes et conformes à leurs idéologies au nom du principe de "Partisan politics". Ensuite, que les électeurs choisissent délibérément une politique modérée dans un second temps au nom de l'équilibre des pouvoirs.
Enfin, il est intéressant d'ajouter à ces constats les études de Nordhaus et de Lindbeck qui démontrent que les partis politiques sont opportunistes et expliquent ainsi en partie les cycles économiques. En effet, dans leurs modèles, les partis s'adaptent aux attentes des électeurs quel que soit le niveau de pertinence de ces attentes, car leur seul but est d'être élu. Les électeurs sont réputés "naïfs" dans cette conception et oublient les leçons du passé car ils ont tendance à croire les solutions simples qui leurs sont présentées. Dès lors, les partis opportunistes adoptent un comportement de court terme en stimulant l'économie si le parti est au pouvoir, ou en promettant de le faire si le parti est dans l'opposition, dans la période précédant les élections. Le résultat de cette politique expansionniste est généralement de créer de l'inflation et/ou des déséquilibres économiques qui inciteront dans un second temps le gouvernement élu à mener une politique de contraction pour corriger ces déséquilibres.
L'économiste de la semaine : Alberto ALESINA
Source:
Economie - YouTube
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Alberto Alesina
Alberto Alesina (né le 29 avril1957à Broni, Italie) est un économiste italien, qui a principalement travaillé dans le champ de l'économie politique et enseigne actuellement à l'Université Harvard.
Il commence des études d'économie en Italie, à l'Université Bocconi. Il obtient en 1986 un Ph.D en économie à l'Université Harvard. Il rejoint alors le corps professoral de l'Université Carnegie Mellon puis en 1993 devient professeur permanent à l'Université Harvard. Il a été entre 2003 et 2006 directeur du département d'économie de l'université.
Il est éditorialiste pour La Stampa (2003-2005), pour le quotidien Il Sole 24 Ore depuis 2005, pour LaVoce.info et pour Voxeu.org. Il aégalement travaillé pour le Fonds Monétaire International, la Commission Européenne ou la Banque mondiale[1].
Il était considéré en 1988 par le magazine britannique The Economist comme l'un des économistes susceptibles de remporter le Prix Nobel d'économie[2].
Il collabore au National Bureau of Economic Research à Cambridge et au Centre for Economic Policy Research à Londres[1]
Travaux économiques
Ses principaux sujets d'étude portent sur des comparaisons macroéconomiques entre l'Europe et les États-Unis, les cycles politiques, les unions monétaires, et les déterminants de la croissance, comme la taille d'un pays ou le calendrier électoral.
Spécialiste d'économe politique, il s'est intéressé à l'effet des mesures prises par les hommes politiques sur l'économie : en particulier dans Political Cycles and the Macroeconomy il distingue des « cycles politiques » et en étudiant leur influence sur la croissance économique, le chômage ou l'inflation. Les caractéristiques de ces effets sont similaires dans l'ensemble des pays développés selon Alesina. Il remet par ailleurs en cause la thèse selon laquelle les électeurs voteraient pour les hommes politiques qui amélioreraient la situation économique juste avant les élections, au détriment de la situation future.
Il est très critique du « modèle social européen » actuel, condamné selon lui au déclin si il ne se réforme pas. Il développe dans The future of Europe, Reform or Decline l'idée selon laquelle il n'existe pas de « Troisième Voie » entre le modèle américain et européen; pour se réformer, l'Europe doit selon lui développer les incitations individuelles, accentuer le rôle du marché et permettre une plus grande mobilité des individus, en particulier pour que les pauvres ne soient plus condamnés à le rester.
Dans un livre publié en 2007 avec Francesco Giavazzi, il développe l'idée que le libérisme ou libéralisme de laissez-faire est profondément une idéologie de gauche, en ce qu'il réduit les privilèges et permet dans les faits d'améliorer la situation des plus pauvres, là où le « modèle » actuel, tant en Italie qu'en France, n'a réussi principalement qu'à augmenter la pression fiscale sans réduire la pauvreté. Ils écrivent ainsi :
“ | Notre argument est que ce sont les objectifs traditionnellement chers aux partis de gauche européens – comme la protection des plus faibles ou le refus de trop grandes inégalités et des privilèges – qui doivent les amener à adopter des politiques pro-marché. Ce qui a souvent été la norme depuis les années 1960, comme une forte règlementation, la protection des statuts, un secteur public très développé qui ne bénéficie pas aux plus pauvres mais aux plus connectés et impose de lourds prélèvements, des universités qui produisent la médiocrité au nom du principe d’égalitarisme (alors que les très riches se débrouillent d’une manière ou d’une autre pour obtenir une bonne éducation), tout cela n’est pas seulement inefficace, mais socialement injuste.
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