Les femmes d’affaires gagnent du terrain
Selon une étude réalisée en 2010 par la fondation Kauffman, les femmes se lancent dans les affaires sensiblement pour les mêmes raisons que les hommes : amasser de la richesse, faire fructifier leurs idées et être indépendantes. Dans les pays les plus pauvres, la plupart des femmes démarrent une entreprise tout simplement par nécessité économique.
En 2010, plus de 104 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans étaient occupées à démarrer ou gérer une nouvelle entreprise, contribuant de façon significative à l’économie de 59 pays étudiés par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), un consortium universitaire international de recherche. En outre, 83 millions de femmes dirigeaient une entreprise établie depuis plus de trois ans.
Ces dernières années, les femmes ont créé considérablement plus d’entreprises que les hommes, et ce dans tous les groupes ethniques des États-Unis, selon Maria Minniti et Wim Naudé du World Institute for Development Economics Research. On décèle des tendances semblables dans l’ensemble du monde en développement. Mais la montée de l’entrepreneuriat féminin se déplace de plus en plus du monde industrialisé vers le monde en développement, où les débouchés inexplorés sont les plus nombreux.
Ce sont dans les économies émergentes du monde que les entreprises dirigées par des femmes se multiplient le plus rapidement – notamment au Brésil, en Inde, au Vietnam et aux Philippines. En fait, selon Joël Kotkin, professeur d’études urbaines à l’université Chapman de Californie, dans de nombreux pays en développement, le pourcentage d’entrepreneuriat féminin dépasse celui qui est enregistré dans les pays les plus industrialisés.
Les femmes sont le moteur de la croissance et du changement
Selon le GEM, au cours de la dernière décennie, les femmes ont été la source de près d’un tiers du total de l’activité entrepreneuriale mondiale. Toutefois, de nombreux experts affirment que le manque de confiance en soi, ainsi qu’une éducation insuffisante et l’absence de modèles à imiter, le faible statut social, les tracasseries administratives, la rareté de l’argent et le partage du temps entre les exigences familiales et professionnelles constituent des obstacles qui empêchent les femmes de créer des entreprises. Dans le monde en développement, ces difficultés sont souvent plus graves qu’aux États-Unis ou dans d’autres pays développés, où les femmes d’affaires peuvent souvent suivre les traces de leurs prédécesseurs.
On peut remédier à certaines de ces difficultés par la législation et par des améliorations du climat général des affaires susceptibles de profiter à tous les entrepreneurs, indépendamment de leur sexe. Certains gouvernements, stimulés par l’accumulation de preuves relatives au rôle catalyseur de l’entrepreneuriat sur le développement économique et la croissance, ont commencé à agir dans ce sens. Au Bangladesh, par exemple, la plupart des femmes d’affaires suivies par une chambre de commerce locale affirment que le climat général des affaires dans leur pays est en train de devenir plus favorable aux femmes, et ce malgré les attitudes traditionnelles à l’égard de celles qui travaillent en dehors de leur foyer.
Changer les attitudes et autres normes sociales au Bangladesh et dans d’autres pays nécessitera plus de travail de la part de ceux qui défendent les droits de la femme et militent pour cela. Selon Maria Minniti et Wim Naudé, considérer la femme comme un moteur essentiel de l’entrepreneuriat du fait de son rôle unique au foyer et aussi de la multiplication des foyers dont elle est chef de famille dans le monde en développement, pourrait avoir une influence positive.
Plusieurs initiatives soutenues par des gouvernements de pays en développement, des universités et des grandes entreprises visent à encourager et nourrir l’entrepreneuriat féminin. Le Programme pour l’entrepreneuriat féminin en Afrique (African Women’s Entrepreneurship Program, AWEP), par exemple, est conçu de façon à accélérer l’intégration des femmes d’affaires africaines à l’économie mondiale. Grâce à ce programme parrainé par les États-Unis, une Tanzanienne a développé un réseau de 1.000 femmes d’affaires et négocié un accord commercial lui permettant d’exporter ses tissus aux États-Unis, où ils sont distribués par l’un des plus grands magasins de ce pays, Macy’s.
La clé du succès
Comme cette Tanzanienne, des millions de femmes peuvent réaliser leur potentiel si elles osent non seulement rêver, mais aussi mettre leurs rêves en action.
Une fois lancées sur la voix de l’entrepreneuriat, nombre d’entre elles découvrent qu’elles n’ont pas besoin de chercher loin pour trouver des consœurs ayant connu le succès dans leur propre collectivité locale. Le réseautage est la clé de l’augmentation des chances de succès. D’autres entrepreneurs peuvent offrir des conseils sur la façon de trouver des clients, d’obtenir une assistance juridique ou d’obtenir des fonds permettant de saisir des chances d’agrandissement – et comment tirer les leçons de ses erreurs.
Afin de prendre confiance en soi et de surmonter les attitudes sociales inhibitrices, les femmes doivent constamment reposer sur les autres, se soutenir entre elles, chercher des modèles susceptibles de les inspirer, mettre à jour leurs connaissances et compétences, et maintenir le cap sur leur objectif.