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La dette, une solution libérale par François-René Rideau

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Les collectivistes aiment à brandir comme étendard un soi-disant « problème de la dette » qui démontrerait comment « les pays pauvres » sont victimes de « l'exploitation » des « pays riches » et surtout de leurs « méchants capitalistes ». Ils appellent les « pays riches » à « annuler la dette » des « pays pauvres » — c'est-à-dire qu'ils veulent forcer les contribuables des pays encore relativement libres à financer les dépenses des dictateurs des pays les plus totalitaires.

 

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Pour un libéral, il n'y a pas a priori d'entité morale « pays » capable de prêter ou d'emprunter. Seuls des individus peuvent accorder crédit ou s'endetter. Certes, des individus peuvent s'organiser, les uns en une banque, les autres en une entreprise, et se répartir volontairement les décisions, les charges, les risques et les bénéfices, lors d'opérations de crédit, ou toutes autres sortes d'opérations. Mais la légitimité de telles organisations tient précisément au caractère volontaire du contrat qui les noue; ce volontariat assure que la liberté-responsabilité des participants est conservée et répartie entre eux, et non pas dissociée pour être tantôt confisquée par les uns et tantôt rejetée sur les autres.

 

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Or, dans un État, il n'y a rien de volontaire — et ce d'autant moins lorsque les États desdits « pays pauvres » n'ont même pas le prétexte d'être démocratiques. Même quand ces États sont « démocratiques », un libéral avancera que les citoyens n'avaient pas le choix de ne pas en faire partie: seule la reconnaissance du droit pour chacun de faire sécession individuellement et unilatéralement peut redonner une quelconque légitimité aux entités appelées « États ». On peut en conclure que les dettes contractées « par les États », et qui servent principalement à enrichir les gouvernants et leurs amis, ne peuvent aucunement engager les citoyens opprimés par ces États, — pas plus que la dette d'un d'esclavagiste ne peut retomber sur ses anciens esclaves une fois affranchis.

 

 

 

 


Dès lors, la solution est simple: les dettes n'engagent que les décisionnaires qui les contractent, ainsi que leurs complices directs. Présidents, ministres, hommes politiques, hauts fonctionnaires, chefs militaires, activistes des principaux lobbies et syndicats, dirigeants de grandes entreprises publiques, semi-publiques ou para-publiques, et autres hommes de l'État, tous ceux qui possèdent un quelconque pouvoir politique, direct ou indirect, officiel ou officieux, formel ou informel — chacun d'entre eux est responsable à hauteur de son rôle dans la décision d'emprunter. Face à un éventuel refus de payer de la part des citoyens ou d'un gouvernement suivant, les prêteurs (banques, autres États) peuvent légitimement se retourner contre ceux qui se sont personnellement engagés à la légère (les hommes de l'État précédemment cités), mais pas contre ces tiers innocents que sont les citoyens opprimés, victimes des emprunteurs.


Par suite, les prêteurs pourront recouvrer auprès des hommes d'État corrompus toutes les sommes détournées, moins bien sûr celles que ces spoliateurs auront dilapidées. Quant au reste non recouvrable, ces prêteurs en resteront pour leurs frais; cela leur apprendra à prêter à des irresponsables! Ainsi, une fois que le risque financier des prêts gouvernementaux retombera sur les contractants plutôt que sur les tiers innocents (les contribuables des États prêteurs et emprunteurs), on verra se tarir les sources de financement pour de telles opérations.

Plus personne ne voudra prêter aux États, et, par manque de moyens, les systèmes d'exploitation politique cesseront les uns après les autres, de par le monde. Il y aura certes des faillites — celles de tous ceux vivant directement ou indirectement de l'exploitation politique de l'homme par l'homme; mais ces faillites, loin de correspondre à un appauvrissement global, correspondront au rétablissement de la justice, à la réappropriation par les citoyens spoliés de la liberté qui est la leur, à la restitution de biens qui sont à eux et que d'aucuns exploiteurs avaient usurpés.

 

 

 

 


La conclusion libérale est qu'il n'y a pas de « problème de la dette » — il y a un problème de l'illégitimité des États. La solution n'est donc pas une pseudo annulation, mais un rétablissement des droits légitimes des individus concernés.[1]


Il est clair qu'aucun dirigeant d'aucun État, ni aucun homme politique aspirant à le devenir, n'est prêt à reconnaître une telle conclusion, ni même à en discuter l'argument. La vision libérale est bien trop subversive! Les partisans de l'ordre étatiste mondial sont au contraire bien aises de discuter les arguments marxistes en terme d'exploitation de pays par des capitalistes, délires qui servent à justifier toujours davantage d'institutions technocratiques internationales « régulatrices » financées à gros coups d'impôts. Accuser les institutions archi-étatistes d'être « libérales » pour justifier davantage d'institutions étatistes, voilà l'imposture étatiste à l'œuvre!

 

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C'est pourquoi sur ce sujet comme sur tant d'autres, nous faire entendre, arriver à faire reconnaître notre perspective comme celle qui mérite d'être discutée, ce serait déjà gagner la bataille.


Le « problème de la dette » Une solution libérale

Par François-René Rideau

http://fare.tunes.org/

 

 

 

 

Une version de cet article a été publiée dans le numéro 120 du Québécois Libre, et une version antérieure sur la Page Libérale (2003-02-16). Il a aussi été repris sur Contrepoints en 2011 sous le titre Les dettes publiques engagent-elles les citoyens? Pour toute discussion, on pourra utiliser le forum adéquat. Cet article a été traduit en anglais: The Problem of « National Debt » — a libertarian solution.

Notes

[1]: Le terme « annulation » d'une dette lui-même est trompeur. Comme s'il y avait un mal qui pouvait être résolu d'un coup de baguette magique. Cf. mon autre article magie blanche contre magie noire.

En fait, la soi-disant « annulation » n'est qu'un déplacement: à partir du moment où des richesses ont été dissipées pour satisfaire les lubies des dictateurs, il faudra bien que quelqu'un paie — qui que ce soit. En réalité, ce que les étatistes exigent sous couvert d'« annulation », est que les contribuables des pays libres paient pour les dépensent somptuaires des dictateurs, bureaucrates, technocrates et démagogues de tous les pays. Une telle mesure, loin d'annuler le mal, ne fait que le déplacer — et dans le sens de davantage de mal, dans le sens d'un pouvoir accru des dictateurs, non seulement sur leur propre population, mais sur les citoyens du monde entier. Cette pseudo « annulation » prônée par les socialistes de tout poil n'est que l'approbation des malversations étatistes, et l'encouragement à davantage de telles malversations. C'est la porte ouverte à davantage de dons au bénéfice des dictateurs, sous couvert de pseudo-« prêts » qui auront vocation à être annulés plus tard et payés par les contribuables des pays relativement libres.

Ce que les libéraux exigent est aussi un déplacement — et contrairement aux ignoramus économiques qui se cachent derrière les revendications étatistes, je n'ai pas l'outrecuidance imbécile ou hypocrite de prétendre qu'il s'agisse d'une « annulation ». La différence essentielle entre le déplacement étatiste et le déplacement libéral, est que le déplacement étatiste se fait dans le sens de davantage de spoliation, d'injustice et d'irresponsabilité, tandis que le déplacement libéral se fait dans le sens de davantage de respect des droits, de justice, et de responsabilité.

 

 

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Dette publique

De Wikiberal:

La dette publique est constituée du montant total de tous les emprunts de l'État et des autres administrations publiques (collectivités territoriales et protection sociale). La dette intérieure est contractée auprès des agents économiques intérieurs (ménages, entreprises, institutions financières) tandis que la dette extérieure est financée par des intervenants étrangers.

Elle sert à financer (et est accrue par) le déficit budgétaire.

 

L'analyse libertarienne

Pour les libertariens (voir par exemple Murray Rothbard, Repudiating the National Debt), l'État ne peut être mis sur le même pied qu'un débiteur privé. Son engagement n'a pas de valeur, puisqu'il ne crée pas de richesse, mais vit de l'argent volé aux contribuables ou de cet impôt caché qu'est l'inflation. Les créditeurs de l'État sont eux-mêmes éthiquement répréhensibles, puisqu'en tant que « receleurs d'impôt » ils seront remboursés grâce à la coercition fiscale. La dette publique ne peut être considérée à l'égale d'un contrat entre propriétaires légitimes. Elle ne fait qu'augmenter le fardeau fiscal. Plutôt que l'augmentation des impôts ou l'inflation, Rothbard propose une solution révolutionnaire : la répudiation de la dette publique. Il n'y a pas de raison que la population paie pour les dettes contractées par les classes dirigeantes ; de plus, cela empêchera les gouvernements, faute de créanciers, de continuer à détourner des ressources privées pour les gaspiller dans les projets étatiques. La répudiation de la dette est donc un moyen radical de diminuer l'emprise de l'État sur la société civile, en lui "coupant les vivres". Rothbard propose aussi de traiter l'État comme une entreprise en faillite et de vendre tous ses biens.

La répudiation de la dette, une solution "de gauche" ?

Les "solutions" habituellement proposées par les hommes politiques sont celles qui sont indiquées plus haut dans la section "Comment liquider la dette publique".

Les solutions nationalistes consistent à se refermer sur le pré carré national et à agir sur la monnaie (en Europe, sortir de l'euro pour revenir à une monnaie nationale qui permettra un plus grand laxisme budgétaire).

Une partie de l'intelligentsia de gauche pratique le déni, estimant qu'il se trouvera toujours des créanciers pour acheter la dette, ou que la création monétaire illimitée permettra de régler tous les problèmes (illusion monétaire).

D'autres solutions "de gauche" (par exemple celles d'Attac dans Le Piège de la dette publique, 2011) proposent un "mix" variable de répudiation d'une partie de la dette et de monétisation d'une autre partie par la banque centrale.

Ces "solutions" étatistes, qui admettent implicitement que la dépense publique est toujours justifiée et ne saurait être remise en question, ne s'attaquent évidemment pas à la racine du problème, qui n'est pas la "toute puissance des marchés financiers", mais bien le surendettement des États (ce sont bien eux qui se sont mis sous la coupe des marchés financiers).

Alors que ces "solutions" ne font que prolonger le problème, la solution de répudiation libertarienne est la plus radicale ; elle a le mérite de montrer la réalité de l’État, voleur et irresponsable par nature. L'endettement est supprimé, en même temps que la capacité d'emprunt, ce qui contraint les hommes de l’État à restreindre drastiquement son périmètre et à mieux le gérer :


« Le principal problème de la dette est de permettre une expansion de l'État qui semble sans douleur — jusqu'à ce que la douleur devienne insupportable et menace l'ensemble de l'économie. Mais le problème porte peut-être en lui sa propre solution, la crise actuelle des dettes souveraines offrant une chance inespérée : enchaîner Léviathan. Presque partout, l'État est fauché, et devra réduire fortement ses dépenses ou faire défaut sur sa dette. En vérité, un défaut l'obligerait également à réduire ses dépenses en bloquant son accès aux marchés financiers. »


    — Pierre Lemieux, Les Dettes Souveraines,Libres ! 100 idées, 100 auteurs

 

 


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