« La France n’a pas colonisé l’Algérie, elle l’a fondé... »
Ferhat Abbas
Président provisoire de la république Algérienne GPRA.
C’est le 14 Octobre 1839 et, par décision du Ministre de la Guerre, que le nom « Algérie » fut attribuée à cette partie de l’Afrique du Nord.
La vérité, rien que la vérité !!!
Beaucoup de contre vérités ont été propagées sur la prétendue richesse des Pieds-Noirs, bien entendu cette « richesse » se serait faite sur le dos des indigènes. Pour beaucoup l’image du pied-noir, c’ est le riche colon exploitant ses ouvriers indigènes, or la vérité est tout autre.
Le nombre total de Pieds Noirs vivant en Algérie (en 1962) est de1 042 409.Sur ce nombre 19400 sont des colons au sens strict du terme. 7432 ont moins de 10 ha. Sur les 12000 colons ayant plus de 10 ha, 300 sont riches et sur ces 300 une dizaine est excessivement riche.
- Avec leur famille ces 12000 colons représentent 45 000 personnes
- C'est-à-dire que ces 45000 personnes représentent4,3%de la population pieds noirs.
Le million de pieds noirs restant se répartissant dans tous les corps de métiers. Donc prés de 96 % des pieds noirs sont des ouvriers de l’industrie, du bâtiment, des employés de bureau, des commerçants, des fonctionnaires etc, etc...., la plupart du temps, moins payés que les salariés en France. D’ailleursouvriers ils étaient en Algérie, ouvriers ils seront en France.
Quant auxcolons, richesoumoins riches, ils l’ont été par leur travailet tout ne s’est pas fait aussi facilement que certains le pensent. Comme on peut le lire dans un article de Pierre Montagnon paru dans Historia de janvier 1998 «Faire fructifier implique de défricher, drainer, assécher, fertiliser un sol souvent délaissé depuis longtemps. L ’ acharnement pour déboucher sur de belles récoltes a son prix. En 1841, 106 colons sur 450 meurent de maladies en Mitidja».
- "En un siècle, à force de bras, les colons ont, d'un marécage infernal, mitonné un paradis lumineux. Seul, l'amour pouvait oser pareil défi... Quarante ans est un temps honnête, ce nous semble, pour reconnaître que ces foutus colons ont plus chéri cette terre que nous, qui sommes ses enfants."
Boualem Sansal
A écouter certains, la colonisation en Algérie ne serait qu’exploitation et tortures, s’il est vrai que toutes guerres a son lot d’atrocités, huit ans de conflit ne peuvent absolument pas faire oublier ce que la France a fait en Algérie sur prés d’un siècle et demi, et ce qu’elle y a laissé.
Des villes entièrement construite par la France- L’ agriculture
La mise en valeur intensive de la terre algérienne, unanimement considéré comme une prouesse, a été accomplie longtemps par les seuls Européens auxquels elle a coûté une somme immense de labeur et de ruines, de souffrances et de vies humaines. Durant la première moitié de la période Française les Indigènes n’y ont guère participé, se maintenant à leurs cultures traditionnelles de subsistance. Leur nombre augmentant, leur seule ressource, faute d’un développement industriel, a été de s’associer progressivement à l’essor agricole. En 1954 les Indigènes possédaient environ 10 millions d’hectares dont 4 250 000 arables, un peu moins de la moitié, les Européens 2 750 000 et les sols en moyenne les plus riches.
A ceux qui se scandalisent de cette disproportion, il faut rappeler que les terres les plus fertiles des Européens avaient été arrachées par eux au maquis ou aux marécages, et qu’ils avaient, dans les steppes , élargi leur domaine sur des étendues jusque là à demi stériles.
La MétallurgieL’ Algérie fabriquait de nombreux articles pour l’usage intérieur et même l’exportation, dans 3 000 établissements avec 25 000 salariés, 30 fonderies avec 1500 salariés produisaient 6 à 800 tonnes de fonte, 800 à 1200 d’acier, 3 à 400 de métaux non ferreux, tréfilage de l’acier, industrie du plomb 4000 tonnes de tuyaux, une chaudronnerie 5000 tonnes de modèles en acier, cuivre ou aluminium, de l’alambic à la cuve et la benne.
Industries traitant les produits du sol>60 meuneries à Alger, Oran, Sétif, Constantine, Blida outre les farines, 500 000 quintaux de semoules, 330 000 de pâtes, 125 000 de couscous.
>20 distilleries d’alcool, 5 fabriques de vinaigre, 9 d’apéritifs (Phénix, Anis Gras, Cristal....)
>54 entreprises de boissons gazeuses, 1 million d’hectolitres par an, 70 000 hectos de jus de fruits.>Fruits et légumes : 7 conserveries (16 000 tonnes) , une sucrerie d’une capacité de 5 000 tonnes annuelles.>Huile en Kabylie surtout traitant 90 000 tonnes de grignons, une usine Lesieur sur les quais d’Alger.>Deux savonneries, production de 16 000 tonnes.
>3 unités modernes livrant 4000 pots de yaourt à l’heure, 10 usines de torréfaction du café, 9 chocolateries, 30 confiseries, 25 fabriques de glaces en barre avant l’avènement des appareils frigorifiques.>14 manufactures de tabac avec 5 000 emplois à Oran, Alger, Mostaganem, Constantine, consommation locale 7900 tonnes de cigarettes, 70 de cigares, 800 de tabac à fumer, 12 000 à priser et 500 à mâcher. Exportation 2500 tonnes de cigarettes et 142 à priser.
>Filature et tissage : 2 usines en Oranie pour la laine et plusieurs autres dans le pays pour le coton, la plus importante à Maison-Carré 2 millions de mètres par an.
>Liège : 8 bouchonneries et des fabriques d’agglomérés, 2500 ouvriers.
Produits crées en Algérie Française- Anis gras
- Cigarettes Algériennes ( Bastos; Job; Mélia)
- Phénix 45°
- Picon
Matériaux de construction- 3 cimenteries dont deux très modernes à Pointe Pescade et Rivet dans l’Algérois à Saint Lucien prés d’Oran. Des fours à chaux (73 000 tonnes) et 43 briqueteries-tuileries, plaques et tuyaux d’amiante-ciment à Oran et au Gué-de- Constantine pour l’exportation ; tuyaux de ciment aggloméré ou précontraint pour les irrigations des barrages.
- En 1955 la production de ciment allait atteindre 655 244 tonnes et celle de briques 344 070.
Aménagement et équipement du territoire
Construction de douze grands barrages dés 1920, au total ils pouvaient contenir 800 millions de mètres cubes qui devaient être portés ultérieurement à 900 et un périmètre d’irrigation de 197 053 ha.
Le barrage de l’Oued-Fodda était équipé de 474 km de canalisations et 200 km de conduites
Le barrage du Ghrib formait un lac de 30 000 ha
Le barrage de Béni-Bahdel apportait l’eau potable à 120 km à Oran jusque là condamné à une eau salée.
Postes et TélécommunicationsAssurés dés 1831, les services postaux comptaient en 1953, 829 bureaux et 273 agences, 15 000 facteurs. La poste aérienne fonctionna à partir de mars 1926.
Concernant les télécommunications, les transméditerranéennes disposaient de 6 câbles sous-marins, 4 voies radioélectriques, un faisceau hertzien de Grasse à Bugeaud (prés de Bône), les sahariennes de 2 câbles souterrains et 4 faisceaux hertziens.
•En 1953, on comptait 15 Centraux et 117 000 postes téléphoniques. Les Chèques postaux traitaient 105 000 comptes et les Caisses d’épargne 586 000 livrets d’une valeur de 20 milliards. Par ailleurs peu avant l’indépendance la Maison de la Radiodiffusion et de la Télévision avait été achevé à Alger.
Hôtellerie et TourismeTrès tôt, même au fond du bled, des voyageurs ont relaté leur surprise d’un accueil en de bonnes auberges, dans des villages naissants, par de courageux tenanciers européens. Ultérieurement chaque ville de quelque importance offrit un hôtel « des Voyageurs », « de France », ou « d’Orient ». La capitale disposait de 3 000 lits dans plus de 60 hôtels.
Nombreux équipements de la côte et de la montagne : 170 chambres sur la corniche oranaise, 150 sur la côte de Dahra, 660 sur 100 km à l’ouest (360) et à l’est (300) d’Alger, 150 sur la côte des Babor jusqu’à Djidjelli, 150 dans la région d’Herbillon-Collo-Philippeville où la forêt descend jusqu’à la mer, 200 chambres amorceraient des stations d’altitude.
En outre le tourisme social devait bénéficier de 4 villages de vacances, 12 campings, 5 villages de toile et 10 auberges de jeunesse.
On comptait alors une moyenne de 150 000 touristes par an.
Industries chimiquesEn 1954, 14 milliards de chiffre d’affaires, 6000 ouvriers.
3 usines de superphosphates au total 100 000 tonnes.
Engrais composés par les potasses d’Alsace à Alger.
Sulfate de cuivre à Bône et La Sénia.
Soufre assuré par 3 usines.
Soude et chlore depuis 1949, banlieue d’Alger.
23 établissements, peintures et encres résines synthétique, vernis, colles fortes, essence de térébenthine, 17 000 tonnes.
4 usines d’explosifs chloratés et nitratés.
Depuis 1874 la firme Caussemille fabriquait des allumettes exportés dans toute l’Afrique du Nord et en Corse.
Le Gaz et l’ElectricitéLa production électrique de 250 millions de kilowattheures en 1940 passait à 600 en 1950, 1 milliard en 1958 et devait atteindre 3 milliards en 68. Pour son transport une ligne d’ intercommunications à 150 000 volts, la première installée en Afrique, reliait Oran, Alger, Bône avec des ramifications branchées sur elle 21 800 km au total.
Voies ferréesLa première ligne fut achevée en 1868, s’ajoutèrent des tronçons Philippeville-Constantine en 1870, Alger-Constantine en 1887. Une ligne Transsaharienne de Nemours à Colomb-Béchar en passant par Oujda. Au total 4420 km de voies ferrées. En 1954 suppression des loco à vapeur sur les lignes à voies normales remplacées par 76 diesel- électrique, mettant Oran à 5heures d’Alger dans des wagons « Inox » élégants et confortables au nombre de 60. Au total plus de 500 voitures de voyageurs et plus de 10 000 wagons de marchandises.
RoutesLe kilométrage total construit par les Français a été de 54 000 (80 000 avec les pistes sahariennes), 31 routes nationales. Revêtements
modernes sur 14 000 km. 4 transversales, la principale reliant le Maroc à la Tunisie. 5 pénétrantes jusqu’au désert, des diagonales, et de nombreuses bretelles.
Ports23 ports aménagés par les Français, 10 étaient accessibles aux cargos et 5 desservis par paquebot réguliers. A Alger la jetée Nord fut dés le début de l’ère du mazout équipé en réservoirs de 125 000 tonnes, devenant le principal dépôt d’hydrocarbures méditerranéen en 1952, 1270 navires se ravitaillèrent à cette station service.
Alger remonta au troisième rang des ports Français par le trafic et le nombre des passagers, 450 000 par an. Oran 230 000 passagers et 2 100 000 tonnes de marchandises. Béni-Saf 250 000 tonnes Nemours 600 000 tonnes, Arzeu 127 000 tonnes, Mostaganem 340 000 tonnes, Bône 2 800 000 tonnes surtout de minerais de fer et de phosphates.
Construction de 34 phares dont 8 portaient leurs feux à plus de trente milles.
Liaisons aériennesConstruction d’aérogares, d’aéroports importants comme La Sénia et Maison-Blanche. 100 liaisons hebdomadaires avec la France en 1959, 15 lignes sur des villes algériennes ainsi que sur Casablanca et Tunis. Maison- Blanche, 380 000 passagers en 1954. En 1960 les aéroports civils étaient au nombre de 23, dont plusieurs modernes au Sahara.
Médecine
Avant l’arrivée des français la médecine avait à peu prés disparu en Berbérie, or à notre départ, l’équipement sanitaire pouvait être envié par plus d’un pays européen. Pourtant il avait fallu initialement apprivoiser une population murée dans ses coutumes et acceptant la fatalité de la maladie et de la mort. Après 1871, les pouvoirs de la médecine progressèrent plus en moins de 100 ans que pendant des millénaires. Dépassant à peine deux millions en 1872, le nombre des Indigènes avait plus que quadruplé en moins d’un siècle, sans la présence française, trois Indigènes sur quatre n’auraient pas existé.
Quinze ans après le débarquement, les 418 médecins militaires disposaient de 38 hôpitaux, 3 centres de convalescence, pas moins de 4 000 lits dans la province d’Alger, 1500 à Oran, 960 à Constantine.
Les maladies étaient multiples et souvent graves. La peste et le choléra n’étaient qu’importés, en particulier par les pèlerins de la Mecque, la première avait encore de 1816 à 1822 fait périr plus de 20 000 personnes à Alger. La variole y était endémique, tuant une fois sur deux et laissant de nombreux aveugles. En hiver sévissait le typhus. La syphilis atteignait 60 à 80% de la population, bien des visages en portaient les stigmates. Les fièvres palustres étaient un fléau généralisé. Le trachome ajoutait beaucoup de cécités à celle de la variole : 25 aveugles sur 1 000 habitants, 1 sur 100 dans le Sud, au lieu de 8 sur 1 000 en France.
L’ EnseignementCitations:
«S'il est, en Algérie, un domaine où l'effort de la France ne se discute pas, c'est bien celui de l'enseignement. On doit dire que l'école a été un succès certain. Les vieux maîtres, les premiers instituteurs, ont apporté toute leur foi pédagogique, sans arrière-pensée, et leur influence a été extrêmement heureuse. »
Abderrahmane FARES.
"La scolarisation française en Algérie a fait faire aux Arabes un bond de mille ans »
Belkacem Ibazizen.
Une école pour tous, ou les trois communautés se retrouvaient, juifs, musulmans, chrétiens pour le même objectif, étudier !!
Equipement sportifConstruction de complexes sportifs dans toutes les villes. Oran, cinq stades dont le plus grand du pays, un Parc des Sports, un vélodrome sans parler de ses arènes de 12 000 places. Plus nombreux encore étaient les stades algérois, et un complexe imposant de60 000 places...
Le saviez vous ?..
Le Petit Robertest un dictionnaire créé par un fils de colon (et ouais !!!), enraciné depuis plusieurs générations du coté d’Orléansville. Une de ses œuvres,le Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française,Paul Robert consacra dix sept années de travail à cet ouvrage. Devaient suivrele Petit Robertetle Micro Robertainsi que les quatre tomes duDictionnaire universel des noms propres.
Et pour finir, ce qu’ils en pensent.......
"Si les Pieds Noirs n'étaient pas partis en masse, l''Algérie ne serait peut-être pas dans l'état désastreux dans lequel elle se trouve..."
Malika Boussouf(Journaliste)
•"Trente ans après l'indépendance, nous voilà ruinés, avec plus de nostalgiques que le pays comptait d'habitants et plus de rapetoux qu'il n'abritait de colons. Beaucoup d'Algériens regrettent le départ des Pieds Noirs, s'ils étaient restés, nous aurions, peut-être, évité cette tragédie »Boualem Sansal
La colonisation c’était cela, aussi !!!
- Source:
-Algérie, L’Œuvre françaisede Pierre Goinard aux Editions Robert Laffont.
-L’Œuvre Agricole Française en Algérie 1830 – 1962de l’Amicale des anciens élèves des écoles d’agriculture d’Algérie aux Editions de l’Atlanthrope
-Les Français d’Algérie de 1830 à aujourd’hui – Une page d’histoire déchiréede Jeannine Verdès Leroux aux Editions Le Grand Livre du mois, Ed Fayard.