Dans un mois, la ville va lancer une expérience qui pourrait faire beaucoup de bruit. Son nom de code : « MovCity ». Derrière cette appellation, ce n’est ni plus ni moins l’idée d’un péage urbain qui pourrait ressurgir.
Le système « MovCity » permet de « gérer l’accès d’une flotte de véhicules à un espace urbain ».
En clair, contrôler l’accès des voitures dans une zone déterminée. Le procédé développé par l’entreprise MultiToll est simple. Il consiste à apposer sur les voitures une vignette munie d’une puce.
En attendant ce sera pour doper votre pouvoir d'achat avec vôtre propre argent, savant non?
Un test sur trois mois
Cette puce est ensuite repérée par une antenne UHF (radio longue distance). Le matériel implanté à l’entrée de la zone détecte alors si les voitures qui passent sont autorisées à pénétrer dans l’espace. La délibération sera soumise aujourd’hui au vote. La mairie de Paris a autorisé l’entreprise MultiToll à tester son système au sein d’un site de la Direction de la propreté et de l’eau situé rue Paul Meurice (XXe). Des vignettes vont être apposées sur toute la flotte de véhicules de la Direction et l’antenne implantée à l’entrée du site. L’expérience devrait débuter fin mai et s’étendre sur trois mois. Ce procédé sera-t-il utilisé à terme pour instaurer un péage aux portes de la capitale ?
L’équipe Delanoë a toujours refusé de suivre l’exemple de Londres. La capitale anglaise fait payer l’accès de son centre-ville aux voitures depuis 2005 grâce à un système de vidéosurveillance. Si la mairie de Paris se défend de vouloir faire une sélection « par l’argent », l’idée d’interdire l’accès de ses rues aux véhicules les plus polluants (en l’occurrence les diesels) est une hypothèse qui perdure.
Du côté de l’Hôtel de Ville pas question d’admettre que l’expérience menée dans un mois dans le XXe servira de galop d’essai à un vrai péage urbain. « Le système pourrait plutôt être utile pour contrôler l’accès des zones piétonnes comme le quartier Montorgueil » explique-t-on au cabinet de Julien Bargeton, l’adjoint au maire chargé des transports.
L’adjoint au maire chargé de l’environnement, l’écologiste René Dutrey, lui, continue de plancher sur les moyens de limiter l’accès de Paris aux véhicules polluants et devrait regarder les conclusions de cette expérience avec… intérêt.
Un premier pas vers un péage à Paris ?
Marie-Anne Gairaud
Source: LeParisien.fr
Le Sénat relance l'idée du péage urbain
Publié le 07.10.2009
Destiné à désengorger les grosses agglomération, le péage urbain, déjà adopté dans plusieurs pays européens pourrait bien arriver en France. Evoqué
depuis longtemps mais toujours éludé, il consiste à faire payer aux voitures l'accès au centre des villes. Reste à voir quelle ville aura envie de tenter l'expérience.
Pour être au moins mis à l'essai, le péage urbain attendait un coup de pouce législatif.
On l'attendait dans le projet de loi «Grenelle II», portant sur les suites du Grenelle de l'environnement. Il apparaît finalement à la faveur d'un
amendement présenté par Louis Nègre (UMP), sénateur des Alpes-Maritimes, et adopté par la Haute Assemblée.
L'Assemblée nationale doit encore reprendre cet amendement, auquel le gouvernement s'est déjà montré favorable.
Un test sur trois ans dans une dizaine de villes de plus de 300 000 habitants
Concrètement, une dizaine d'agglomérations de plus de 300.000 habitants, dont Paris, Lyon, Marseille, Nice et Toulouse, pourront s'essayer au
péage urbain pendant trois ans, à condition de proposer des transports en commun dignes de ce nom. Le produit du péage acquitté par les automobilistes ira à l'amélioration des transports
publics. Le principe ? Frapper les automobilistes au portefeuille en vue de réduire de 15 à 20 % leur circulation dans le centre des villes, asphyxié par leurs gaz d'échappement et
saoulé du bruit des moteurs et klaxons.
«C'est une mesure de bon sens pour réguler la circulation et assurer le bon fonctionnement de la cité», souligne Louis Nègre. «C'est aussi une
mesure très importante pour lutter contre la pollution, et en particulièrement la pollution urbaine, locale, oxyde d'azote, ozone et particules fines, sur lesquels on est chez nous d'une
discrétion exemplaire».
Stockholm et Londres l'ont adopté
Exemple le plus souvent cité, Stockholm l'a testé et fait approuver par les électeurs en 2006, puis pérennisé l'année suivante. L'automobiliste
doit payer entre 1 et 2 euros pour pénétrer dans le centre de la capitale suédoise, ou en sortir, entre 6h30 et et 18h20 en semaine, avec un plafond de 5 euros par jour en cas d'allers
et retours. Résultat: la circulation a diminué de 18% par rapport à 2005, un chiffre qui s'est stabilisé. Et l'air est plus pur.
«Les gens ont changé leurs habitudes, quasiment du jour au lendemain», constate Gunnar Johansson, qui suit l'expérience suédoise pour IBM, le groupe
qui a installé les capteurs du péage urbain (et de ce fait compte les voitures).
La moitié des «automobilistes disparus» utilisent maintenant les transports en commun, l'autre moitié se débrouillant autrement (changements
d'itinéraires, voyages groupés, voire télétravail...). «La grande leçon, c'est que les gens utilisent mieux les systèmes de transport».
A Londres, autre ville qui a fait le choix du péage urbain, la facture est plus salée. Pénétrer dans le centre y coûte une somme forfaitaire de 8,70
euros par jour, de 7 à 18 heures en semaine, les résidents bénéficiant d'une remise de 90%. Là aussi, la circulation a baissé d'environ 20%. Mais le modèle londonien a trouvé ses
limites, l'extension à l'ouest de la zone payante en 2007 ayant été remise en question par un changement de municipalité quelques mois plus tard.
Reste à voir qui en France aura le courage politique de se lancer dans l'aventure. Les élus locaux sont prudents. D'autant que le péage urbain ne
devrait pas rapporter des fortunes, compte tenu de l'importance des frais de fonctionnement. «On n'est pas là pour faire du fric», souligne Louis Nègre. «C'est un outil supplémentaire que l'on
met dans la boîte à outils du Grenelle de l'environnement».