Chef de file du courant de " l'individualisme méthodologique", il était un libéral de la sociologie anti-engelsienne de la deuxième moitié du XXe siècle. Un grand homme si rare pour cette époque ou le collectivisme était idôlatré.L'un des sociologues français contemporains, avec Pierre Bourdieu (son anti-thèse), Edgar Morin, Alain Touraine, notamment, ayant une notoriété internationale. Sa vision libérale du monde s'oppose à la vision "socialiste" longtemps, et encore, dominante en France.
"Une perte pour la sociologie, dont il a su montrer qu'elle était une science de l'individu avant d'être une science du déterminisme." (Contrepoing)
Raymond Boudon est un libéral au sens social du terme, qui pense que la personne humaine, de par son action volontaire joue un rôle irremplaçable au sein de la construction des systèmes sociaux. De ce fait il s'oppose au socialismes marxisant et à la pensée unique, le totalitarisme, holiste. Il est évident qu'en France sa pensée s'est heurtée au système idéologique très pernicieux de Pierre Bourdieu et de ses disciples.
Pour Raymond Boudon les constructions sociales relèvent de l'individualisme méthodologique; elles ne sont pas déterminées par des lois mais relèvent de comportements qui se veulent rationnels (la rationalité des comportement.L'individualisme méthodologique postule que, pour les sociologues, étudier la société consiste non seulement à étudier les individus (ce qui est évident), mais aussi que l'explication des phénomènes qu'ils abordent: classes sociales, pouvoir, système éducatif, famine, etc... réside dans des caractéristiques individuelles, notamment psychologiques.), comportements qui ont des effets qui peuvent être pervers (les effets de composition et les effets perversce que Max Weber avait appelé « paradoxe des conséquences »).
Le juste et le vrai
Que retiendra-t-on de l'école française de sociologie au XXe siècle? Dans un demi-siècle, le nom de Raymond Boudon, décédé ce jeudi à l'âge de 79 ans, pourrait s'imposer comme une valeur sûre et durable. Au «buzzomètre» médiatique des trente dernières années, Boudon a été entièrement occulté par le néomarxiste Pierre Bourdieu, de quatre ans son aîné. Tous deux élèves de la Rue d'Ulm, tous deux agrégés de philosophie, l'un a construit une «théorie de la rationalité ordinaire» d'inspiration libérale, et l'autre un «structuralisme constructiviste» qui décrit des acteurs sociaux surdéterminés par des codes de comportements (langage, style d'élégance ) fixés par les classes dominantes.
Une génération plus tard, le débat Boudon-Bourdieu a rejoué, de façon plus feutrée, la joute Sartre-Aron entre philosophie de la révolution et sagesses libérales. Et nombreux sont ceux qui ont préféré, une deuxième fois, selon la formule consacrée, «avoir tort avec Bourdieu plutôt que raison avec Boudon», note le centriste Jean-Louis Bourlanges, l'un de ses admirateurs. Raymond Aron reprochait à Jean-Paul Sartre et à ses amis de préférer «la fertilité du raisonnement à l'exactitude du jugement». C'est exactement ce que pensait Raymond Boudon de nombre de ses contemporains. «Les membres de la French theory ont couru après la notoriété médiatique via l'inattendu et le nouveau plus qu'ils n'ont cherché à cultiver le juste et le vrai», confiait-il au Figaro en 2012 à propos des stars du structuralisme et de la déconstruction, de Foucault à Derrida.
Comprendre le monde
Raymond Boudon rejetait aussi bien la tradition marxiste que l'école culturaliste américaine. Il préférait dire que les choix des individus obéissent à des stratégies rationnelles. Il refusait le postulat que les classes sociales ou les cultures (...)
De Wikiberal:
Raymond Boudon, né à Paris le 27 janvier1934 et mort le 10 avril2013) est un sociologue français, professeur émérite à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV).
Ses principaux thèmes de recherche portent sur des questions de mobilité sociale et de sociologie de l’éducation, de méthodologie et d’épistémologie des sciences sociales, de sociologie de la connaissance, de sociologie des sentiments moraux et des valeurs.
Raymond Boudon est membre du comité de rédaction de L’Année sociologique (Paris), Rationality and Society (Chicago), Theory and Decision (Berlin), Revue suisse de sociologie (Berne), Thesis (Moscou). Il est directeur de la collection "Sociologies" aux Presses Universitaires de France (Paris), et membre du Comité de rédaction de la collection de philosophie des sciences Methodos (Barcelone).
Il est chercheur au CNRS, directeur du Centre d’Etudes Sociologiques et professeur à l’Université de Bordeaux et à l'Université de Paris-Sorbonne et il a travaillé étroitement avec un autre sociologue libéral français, François Bourricaud.
- L'analyse mathématique des faits sociaux, Thèse, Plon, Paris, 1967,
- A quoi sert la notion de "structure" ?, Gallimard, Paris, 1968,
- Les méthodes en sociologie, PUF, Paris, 1970,
- La crise de la sociologie, Droz, Genève, Paris, 1971,
- L'inégalité des chances, A. Colin, Paris, 1973,
- Effets pervers et ordre social, PUF, Paris, 1977,
- La logique du social, Hachette, Paris, 1979,
- L'idéologie ou l'origine des idées reçues, Fayard, Paris, 1986,
- L'Art de se persuader des idées fausses, fragiles ou douteuses, Seuil, Paris, 1992,
- Déclin de la morale ? Déclin des valeurs ?, PUF, Paris, 2002,
- Raison, bonnes raisons, PUF, Paris, 2003.