par Bernard Beauzamy:
On parle maintenant partout de "réindustrialiser" le pays, slogan creux sans le moindre effet. Prenons le cas de l'industrie auto- mobile en France ; à la différence de celle de Grande Bretagne, elle a jusqu'à présent réussi à survivre à la désindustrialisation. Elle rencontre des difficultés et est obligée de licencier.
Ce ne sont pas ces difficultés qui sont étonnantes, mais le fait qu'elle ait réussi à survivre, et parvienne encore à vendre quelques voitures. Regardons les faits, et dénombrons les vicissitudes auxquelles elle est soumise.
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Les forages deviennent de plus en plus coûteux ; BP vient de renoncer à un très important projet en Alaska à cause du coût de la sécurité. Qui dit forage coûteux dit évidemment essence chère et donc restrictions d'usage.
L'automobile est accusée d'être à l'origine du réchauffement climatique : elle émet des gaz à effet de serre. Ceci a été si bien instrumentalisé, par l'Etat lui-même, que la déclaration des émissions de CO2 est obligatoire pour chaque modèle et qu'un sys- tème de malus pénalise les véhicules qui en émettent le plus (rappelons au passage que l'argument, dans son ensemble, est totalement absurde : il y a toujours eu des variations climatiques, et ni le CO2 ni l'automobile n'ont rien à voir là dedans).
L'automobile est accusée de nuire à la santé, de manière générale. On lit fréquemment dans les journaux des phrases du type : du fait de l'automobile, la durée de vie est réduite de trois/six/huit mois (le nombre dépend des sources). De fait, ceci est une complète absurdité, mais plusieurs villes ont décidé de mettre en place des ZAPA (zones pour la propreté de l'air), où les habitants, sans véhicules polluants, vivront évidemment plus longtemps et tellement mieux ! On leur souhaite bien du plaisir.
Le diesel, plus particulièrement, a été récemment accusé par l'OMS d'être cancérigène : les conducteurs sont menacés de toutes sortes de cancers, y compris de la vessie. Les journaux, en juin 2012, se sont gargarisés d'une telle annonce. Scientifiquement, elle n'a absolument aucun sens ; les pays où il y a davantage de diesels ne sont pas ceux où il y a davantage de cancers.
Rouler sans perdre de points devient une sorte de prouesse. Un conducteur normal adapte sa vitesse à la route, aux conditions climatiques, aux conditions de trafic. Maintenant, tout ceci a disparu : il faut l'adapter à des panneaux mis en place par des technocrates. Une limitation de vitesse, définie à cause d'une école, garde tout son sens lorsque l'école est fermée.
Beaucoup de villes, en premier lieu Paris, font de la lutte contre l'automobile un objectif politique de premier plan. Il s'agit, par principe, de multiplier les obstacles à la circulation et au stationnement : sens uniques un peu partout, zones protégées, feux rouges répétitifs, restrictions diverses, etc. On définit une "circulation douce", faite de rollers, patinettes, vélos, qui a le droit de prendre les voies à contre-sens et de bousculer les piétons. On chercherait en vain ce qu'a fait M. Bertrand Delanoë, depuis 2001, pour favoriser la circulation automobile dans Paris ; on multiplierait les exemples de décisions prises pour lui nuire.
Tout ceci est évidemment appuyé par des études pseudo-scientifiques, comme nous les aimons. Tout épidémiologiste qui veut se faire la main devrait commencer par démontrer que quelque chose,venant de l'automobile, est néfaste à la population ou à l'environnement. Si par exemple il parvient à établir que le Grand Hamster d'Alsace n'aime pas les débris de pneus, il est assuré d'un succès médiatique considérable.
Bouc émissaire de tous les maux de la civilisation, l'automobile ne parvient jamais à faire entendre la voix de ses défenseurs. Pourtant, environ 70% des salariés vont travailler en voiture, tout simplement parce que c'est la solution globalement la plus économique et la plus rentable pour tout le monde.
On entend souvent stigmatiser ces parents indignes, qui conduisent leurs enfants à l'école, au lieu de les confier à un système de ramassage collectif. Mais comme les enfants n'habitent pas tous au même endroit, ne commencent pas tous en même temps et ne finissent pas à la même heure, le système collectif est souvent beaucoup moins approprié : un gros bus, presque toujours vide, parcourra des distances considérables. N'importe quelle étude, si elle est honnête, montrera cette évidence.
On est frappé par l'incapacité de l'industrie automobile à répondre aux attaques dont elle est l'objet : attaques souvent malhonnêtes, toujours infondées. Il est facile de démontrer, par des études solidement argumentées, que les bénéfices que l'automobile apporte à la civilisation sont considérables : on vit beaucoup mieux avec que sans.
Bernard Beauzamy
Son site: http://www.scmsa.eu/