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Pesticides: les abeilles restent sans protection dans l'UE

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Des apiculteurs manifestent à Bruxelles le 14 mars 2013 pour demander l'interdiction de pesticides mortels pour les abeilles

Des apiculteurs manifestent à Bruxelles le 14 mars 2013 pour demander l'interdiction de pesticides mortels pour les abeilles Thierry Charlier AFP


BRUXELLES - Une coalition d'intérêts divergents au sein de l'Union européenne a empêché vendredi la constitution d'une majorité pour interdire pendant deux ans plusieurs pesticides mortels pour les abeilles, a-t-on appris de sources européennes.


La Commission européenne a expliqué dans un communiqué que le vote organisé au sein d'un comité d'experts «n'a pas permis de dégager une majorité qualifiée en faveur ou contre sa proposition».

Selon un décompte obtenu par l'AFP, treize Etats ont voté pour l'interdiction de ces pesticides, dont la France, l'Italie, l'Espagne et la Pologne, neuf ont voté contre (République Tchèque, Slovaquie, Roumanie, Irlande, Grèce, Lituanie, Autriche, Portugal et Hongrie) et cinq se sont abstenus, dont l'Allemagne et le Royaume-Uni.


Les abstentions de ces deux pays qui comptent chacun 29 voix ont empêché que la majorité penche dans un sens ou l'autre.

La Commission a indiqué qu'elle maintenait sa proposition car elle n'a pas été rejetée. Elle lui a apporté quelques modifications pour tenir compte de plusieurs demandes et elle peut la soumettre une nouvelle fois au comité d'experts, avec l'espoir que les pressions de l'opinion publique incitent les abstentionnistes à adopter une position plus tranchée.

«Tous les Etats jurent leur attachement à la protection des abeilles mais dès qu'il s'agit d'agir ils trouvent toujours des objections», a déploré une source proche du dossier.


La Commission européenne propose de suspendre pendant deux ans l'utilisation de trois néonicotinoïdes présents dans des pesticides pour quatre types de cultures: le maïs, le colza, le tournesol et le coton.

La Commission s'est fondée sur un avis très négatif rendu par l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA).

Les trois néonicotinoïdes incriminés - clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame - sont présents dans des pesticides produits par les groupes allemand Bayer et suisse Syngenta, notamment le Cruiser OSR.

«Aujourd'hui, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont cédé à la pression de l'industrie et refusé d'interdire les pesticides nuisibles aux abeilles», a déploré l'organisation non gouvernementale Avaaz, qui avait organisé jeudi un rassemblement à Bruxelles pour soutenir la proposition de la Commission.

«La Commission ne doit pas baisser les bras, car les multinationales comme Bayer et Syngenta vont continuer leurs lobbying intensif pour empêcher l'interdiction de leurs pesticides», a pour sa part plaidé Marco Contiero de Greenpeace.


«Nous sommes heureux que les Etats membres de l'UE aient rejeté la proposition de la Commission européenne par trop politique», s'est en effet félicité Syngenta dans un communiqué.

«Restreindre l'utilisation de cette technologie de protection des cultures tout à fait vitale n'améliorera en rien la santé des abeilles», a soutenu son directeur général John Atkin, qui considère que l'avis rendu par l'EFSA est «une analyse hâtive et hautement théorique»


La division d'agrochimie de Bayer a également salué l'absence de majorité sur l'interdiction de ces pesticides.

«L'absence de majorité est clairement une confirmation qu'il n'existe pas d'arguments convaincants contre la poursuite de l'utilisation de produits à base de néonicotinoïdes», a estimé le groupe, qui voit dans les résultats du vote une «chance de parvenir à une solution juste et équitable».

«L'expérience montre que les effets sur les abeilles» des insecticides qui contiennent des néonicotinoïdes «sont insignifiants quand les produits sont mis en oeuvre de manière responsable et réglementaire», a ajouté Bayer CropScience.

 

© 2013 AFP

Le mystère de la disparition des abeilles : Le film

Enquête sur un désastre écologique mondial qui pourrait mettre en péril l’humanité toute entière.

Aujourd’hui, un tiers de notre nourriture dépend directement de l’abeille, le pollinisateur* agricole le plus important de notre planète. Or, depuis plusieurs années, des millions d’abeilles disparaissent mystérieusement. Pourquoi ? Serons-nous capables de faire face à cette catastrophe annoncée ?




Des ruches désertées. À l'extérieur, pas de cadavres. À  l'intérieur une reine en bonne santé, des larves viables et une poignée de jeunes ouvrières affaiblies. Mais nulle trace des ouvrières. C'est le syndrome d'effondrement des colonies, un mal foudroyant qui décime les colonies d'abeilles par centaines de milliers depuis 2006. Cette situation d'urgence menace de précipiter un peu plus le déclin inexorable des abeilles. Elles constituent un rouage irremplaçable de notre agriculture. Sans abeille, pas de pollinisation des fleurs, et sans pollinisation, pas de fruits ni de légumes.

Contrainte de trouver une solution, l'humanité est confrontée à un problème aux ramifications multiples et entrecroisées, que le film de Mark Daniels décortique point par point. Il plante ainsi sa caméra dans les gigantesques champs d'amandiers de Californie, dont le poids dans l'économie locale entraîne les agriculteurs dans une perpétuelle fuite en avant. En manque d'abeilles en 2005, ils en importent en masse d'Australie; un an plus tard, le syndrome d’effondrement des colonies apparaît. Saturant leurs plantations de pesticides, obligeant des milliards d'abeilles à des transhumances éreintantes, remplaçant fréquemment leurs reines, ils jouent aux apprentis-sorciers de la biologie.

Aujourd’hui, les études scientifiques ont prouvé que nous devons faire face à une multiplicité de facteurs. Mais récemment, de nouvelles recherches ont révélé que les interactions entre ces différents facteurs amplifient fortement leurs effets. Impossible, par exemple, d’incriminer les seuls pesticides comme dans les années 1990. En revanche, combinés à un virus, ou à un champignon, les effets de ces produits pourraient être multipliés. Est-ce là la réponse à l’énigme ?

Efficace et rigoureuse, l’enquête menée par Mark Daniels, qui a nécessité 18 mois de tournage, réussit le tour de force de rendre avec clarté un problème aux enjeux complexes. Dans les champs où les abeilles butinent, derrière l'œilleton des microscopes ou auprès d'un apiculteur écossais philosophe, sa caméra fait le tour d'une planète apicole expressive et diverse, qui doute et s'interroge.

 

 

* La pollinisation est le transport des grains de pollen (élément mâle), sur le pistil (élément femelle) de la fleur pour assurer la fécondation. Ce transport est effectué par le vent, les insectes ou d’autres animaux.

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Le mystère de la disparition des abeilles

Un documentaire de Mark Daniels
Une coproduction : ARTE France, Telfrance, Galafilm (2010 - 90 mn)

 

Le mystère de la disparition des abeilles
jeudi, 27 septembre 2012 à 11:05
Pas de rediffusion
(France, Canada, 2010, 89mn)
ARTE F


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