L’usager ou l’administré est sans défense |
Les artifices de l’économie contemporaine
A l’heure actuelle, on peut relever trois types de déviations de l’économie :
1° Les choix individuels deviennent de moins en moins importants au fur et à mesure que se développent les choix collectifs. Effectués par les responsables politiques, ils amènent à confier aux administrations publiques des missions sans cesse plus nombreuses, bien au delà des missions traditionnelles de l’Etat (police, justice, armée, diplomatie).
Les « services publics » échappent à la logique de l’économie de marché, ils fonctionnent par prélèvements obligatoires et positions de monopole, laissant l’usager ou l’administré sans défense. D’autre part, plus le secteur public est important, moins il y a de possibilités pour le secteur privé, qui manque de main d’œuvre, de financement. L’administration publique supplante l’économie.
2° Même quand demeurent les apparences du marché, la liberté de choix des individus, des familles ou des communautés est réduite ou fortement orientée. Manipuler les prix, fixer des maximums ou minimums, des quotas, des seuils, rendre des clauses obligatoires, imposer des intermédiaires officiels, créer et protéger des monopoles, subventionner, aménager, exonérer et pénaliser : ces initiatives que prennent la plupart des gouvernants tendent à instaurer des termes de l’échange sans rapport avec l’offre et la demande. Privées d’informations fiables sur les besoins et les ressources, les entreprises avancent à l’aveuglette. L’économie dirigée est une économie désorientée.
3° Un autre artifice est la distribution de « faux droits », qui ne correspondent pas à la rémunération d’un apport productif, à un service fourni, mais qui proviennent soit d’une pure création artificielle de monnaie (en cas d’inflation) soit d’une redistribution de revenus gagnés par d’autres. On arrive ainsi à une complète déconnection entre activité productive et rémunération : on ne gagne plus son argent au service des autres, mais aux dépens des autres.
Si la solidarité naturelle commande une redistribution en faveur des plus démunis, celle que pratiquent les gouvernants est davantage inspirée par un égalitarisme aveugle qui défie la nature et la justice, et plus souvent encore par le désir d’accorder des privilèges à certains groupes de pression électoralement puissants. Alors que le progrès social est naturellement le résultat de l’effort et du mérite personnels, de la productivité des entreprises et de l’efficacité des marchés concurrentiels, il est aujourd’hui organisé de telle sorte que l’incitation au travail et à la performance disparaît, tandis qu’est encouragée la surenchère syndicale et corporative.
L’économie « sociale » ruine l’économie et tue le progrès social.
L’économie est devenue « politique » |
L’économie politique en cause
Toutes ces déviations reviennent à un dérèglement majeur : introduire la politique dans la vie économique.
C’est une erreur qui coûte cher, parce que les pouvoirs publics consomment la part la plus importante de la valeur que nous créons. La productivité et la compétitivité disparaissent, apportant leur cortège de faillites, de chômage et d’appauvrissement généralisé.
C’est une erreur qui détruit la société, car elle ouvre la porte aux affrontements permanents, puisque c’est le recours à la pression qui désignera finalement les gagnants et les perdants de l’économie. On ne pense plus à produire, à travailler, à épargner, à investir, à entreprendre, mais à revendiquer, à manifester, à intimider, à paraître, à séduire et à corrompre.
Enfin c’est une erreur qui brise l’homme, car elle le coupe de ses actes, elle le déresponsabilise, elle le prive de la propriété de son œuvre et de la possibilité d’exercer ses talents et de travailler à son accomplissement personnel.
Le tour pris par l’économie contemporaine est donc dangereux et dramatique. Malheureusement tout cela n’est pas toujours clairement perçu.
En voici la raison : dans un pays comme le nôtre, nous sommes simultanément soumis aux lois de l’économie naturelle, qui n’ont pas disparu puisqu’elles sont inscrites dans la nature de l’homme et dans une tradition de plusieurs siècles, et aux dérapages de l’économie artificielle, que nous pouvons appeler politique, sociale, dirigée, administrée, mais qui n’a plus d’économie que le nom. Comment y voir clair ? Comment séparer le bon grain de l’ivraie ?
Aujourd’hui plusieurs pays retrouvent le chemin de l’économie naturelle, et remettent ses principes en honneur. Cela se traduit par une disparition du chômage, une bonne croissance et une harmonie sociale retrouvée.
Ce n’est pas tout à fait le hasard qui les a mis sur ce chemin. C’est qu’ils ont compris que, pour une large part, les lois naturelles de l’économie, souvent ignorées et malmenées au niveau national, reprennent leur rigueur dans un espace mondialisé.
Sans doute certains rejettent-ils la mondialisation, parce que précisément elle compromet les artifices dont ils jouissent encore aujourd’hui dans le cadre national. Sans doute les gouvernants rêvent-ils de « maîtriser », c’est à dire de fausser, le marché mondial comme ils ont eu coutume de le faire depuis un siècle. Mais la dynamique du libre échange et de la libre entreprise est pour l’instant la plus forte. Dans ces conditions, mieux vaut se plier à la règle du jeu économique plutôt que de chercher à y échapper, d’autant plus que les efforts consentis en ce sens sont salutaires pour tous peu de temps après.
Alors, pourquoi pas en France ? Il nous faudrait mettre l’entreprise à la place de l’administration, l’humain à la place du social. Il nous faudrait, à notre tour, retrouver le nord.
Source: Libres.org , Aleps