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Dossier : Un nouveau monde avec l'Etat islamique ?

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L'État islamique fait peur au monde.

Il fait peur aux Perses, aux Arabes, aux Occidentaux, aux Turcs, aux Kurdes, aux Slaves, aux catholiques, aux protestants, aux sunnites, aux chiites, aux alaouites, aux juifs, aux yazidis ou encore aux druzes. Et plus il leur fait peur, plus il se sent fort. Plus ses ennemis le désignent comme une monstruosité, plus il se comporte comme tel. Plus ses contradicteurs déclarent que ses comportements sont contraires à l'islam, plus ses partisans sont convaincus de défendre l'islam vrai. Plus les décapitations sont visionnées, diffusées, partagées et commentées à travers le monde entier, plus il est encouragé à recommencer. Plus les États s'organisent pour lutter ensemble contre ce phénomène, plus les jeunes Européens ont le désir de participer à cette aventure aussi eschatologique qu'universelle.

Comment alors endiguer ce phénomène sans le renforcer?

Comment combattre une organisation terroriste qui se nourrit autant de l'image mythifiée et de la rhétorique anachronique qu'elle produit que de la peur et du discours manichéen que ses ennemis lui opposent ?

Voilà l'inextricable problématique auquel sont confrontés les adversaires de l'héritier d'el-Qaëda. De ce fait, associer à cette nouvelle menace une identité barbare et moyenâgeuse ne sert qu'à assouvir et à servir ses propres fantasmes. Car si les méthodes d'extermination utilisées par l'EI rappellent les âges les plus sombres de l'histoire de l'humanité, il n'en reste pas moins qu'à bien des égards celui-ci possède les codes génétiques de ce XXI e siècle. En effet, aussi rapide et fulgurant que cette époque, l'EI est devenu, en deux temps trois mouvements, le sujet à la mode qui anime les conversations et fait vendre les journaux de Moscou à New York en passant par Paris, Ankara et Rabat. Mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que c'est entre autres à cause des politiques mensongères, des injustices sociales et des exclusions communautaires causées ces dix dernières années par les pays du Moyen-Orient comme par les pays occidentaux que l'EI est apparu et s'est renforcé. Et c'est aussi bien à cause de l'attentisme, de l'avidité et de l'hypocrisie de ces politiques, qui ont sacrifié les peuples au nom de leurs intérêts personnels, que l'EI est devenu si puissant. Dès lors pour combattre le monstre, il faut que chacun admette qu'il est en partie responsable de son éclosion. Responsable est le régime Assad, pour avoir favorisé la montée en puissance de ce mouvement terroriste afin de broyer et de délégitimer la juste cause de ses opposants modérés. Responsable est le gouvernement Maliki, pour avoir mené une politique répressive contre les sunnites d'Irak et attisé de la sorte les haines confessionnelles. Responsables sont les pétromonarchies du Golfe et la Turquie, pour avoir utilisé, financé et armé ces organisations, qui se retournent désormais contre elles, dans le but de briser l'arc chiite. Responsable est l'Iran, pour avoir exporté son modèle communautariste et millénariste pour servir ses ambitions d'hégémonie régionale.

Responsables sont les États- Unis, pour leur politique antiterroriste aux accents manichéens, agressifs et racistes; pour l'incohérence entre leurs paroles et leurs actes, et surtout pour leur désastreuse et chaotique gestion du cas irakien. Responsables sont les Européens, pour s'être alignés grosso modo sur la stratégie américaine en essayant tout juste de récupérer les miettes et pour avoir soutenu les plus grands dictateurs des temps modernes au nom du sacro-saint principe de sécurité. Responsables sont les Israéliens, pour avoir, les premiers dans la région, construit un État sur une base communautaire, encourageant le développement des discours xénophobes et totalitaires.

La responsabilité est totale. La barbarie n'est pas seulement là où elle est le plus visible : l'État islamique s'est nourri d'un terreau essentiellement barbare (Guantanamo, par exemple...) pour le centupler ; pour, à la limite, recréer une barbarie pure, ancestrale, assassine, aussi mise en scène soit-elle.

Comment la contrer ?

Bombarder les positions des terroristes en Irak, essayer de fabriquer une coalition internationale ou, hérésie suprême, commencer à aider un tant soit peu le Syrien Bachar el-Assad ne suffiront pas. Ce sont les racines du mal qu'il faudra apprendre à reconnaître, combattre, puis arracher. Et surtout, faire en sorte que plus jamais...

 

L’Etat islamique contre le reste du monde

Source, journal ou site Internet : L’Orient le Jour

Date : 5 septembre 2014

Auteur : Anthony Samrani

Dossier :  Un nouveau monde avec l'Etat islamique ?

L'irruption spectaculaire de l'Etat islamique (EI) sur le devant de la scène irakienne a surpris nombre d'observateurs occidentaux. Sa violence et son pouvoir d'attraction chez les jeunes Sunnites en déconcertent et en horrifient plus d'un. L'ambivalence de l'Arabie saoudite face à ce phénomène, d'autant plus inquiétante et inexplicable, pose la question de savoir si les Saoudiens comprennent que l'EI est également une menace pour eux. Même aujourd'hui, les dirigeants du royaume semblent divisés. Certains se réjouissent que EI combatte le "feu" des Chiites iraniens par celui des Sunnites, qu'un nouvel Etat sunnite prenne forme au cœur de ce qu'ils tiennent pour des terres historiquement sunnites, et que la stricte adhérence à l'idéologie salafiste de l'EI s'apparente à celle que pratiquent les Saoudiens. D'autres, plus pessimistes, gardent en mémoire la révolte des Wahhabites de l'Ikhwan contre Abd-al Aziz (précisons que l'Ikhwan en question n'a aucun lien avec l'organisation éponyme des Frères musulmans, et que cet article fait exclusivement référence à la milice wahhabite, N.d.a.) qui a failli marquer la fin de ce mouvement et celui de la dynastie saoudienne à la fin des années 1920. D'autres encore s'inquiètent des doctrines radicales de l'EI, et commencent à remettre en question certains aspects de la politique et du discours saoudiens.

LA DUALITÉ SAOUDIENNE

Les dissensions internes et les tensions saoudiennes autour de l'EI ne se comprennent qu'à travers le prisme de la dualité historique inhérente (et tenace) au cœur de la doctrine du royaume. Un élément dominant de l'identité saoudienne est directement lié à Muhammad ibn ʿAbd al-Wahhab (fondateur du wahhabisme), et à l'application de sa doctrine radicale puritaine d'exclusion par Ibn Saud (qui n'était alors qu'un chef de tribu parmi d'autres quand les Bédouins se faisaient continuellement la guerre dans le désert impitoyable du Nejd). Le deuxième élément de cette dualité étonnante est incontestablement dû à la création d'un État souverain par le roi Abd-al Aziz dans les années 1920 : il a réprimé la violence de l'Ikhwan (afin de pouvoir instaurer des

relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis) et institutionnalisé l'élan initial wahhabite - en prenant opportunément le contrôle du robinet à pétrodollars dans les années 1970 afin de rediriger les excès de l'Ikhwan vers les pays étrangers - par le biais d'une révolution culturelle, plutôt que par une révolution violente de l'ensemble du monde arabe. Cette "révolution culturelle" n'avait rien d'un mouvement réformiste bénin. C'était une révolution fondée sur la haine quasi-jacobine d'Abd al-Wahhab envers la putrescence et le déviationnisme qu'il percevait autour de lui, ce qui explique ses appels à purger l'Islam de toutes ses hérésies et idolâtries.

LES IMPOSTEURS MUSULMANS

L'écrivain et journaliste américain Steven Coll a expliqué comment Abd al-Wahhab, disciple austère et dogmatique du savant Ibn Taymiyyah (XIVe siècle), méprisait "la noblesse égyptienne et ottomane bien comme il faut, prétentieuse, fumeuse de tabac et de haschisch, qui traversait l'Arabie en jouant du tambour pour aller prier à La Mecque". Aux yeux d'Abd al-Wahhab, ces gens-là n'étaient pas des Musulmans, mais des imposteurs. Il ne portait pas non plus les Bédouins du coin en très haute estime. Ils l'agaçaient en honorant des saints, en érigeant des pierres tombales, et en se montrant "superstitieux" (ils allaient notamment se recueillir sur des tombes ou des lieux qu'ils estimaient sacrés). Pour Abd al-Wahhab, ce genre de comportement était "bida", une hérésie. Comme Taymiyyah avant lui, Abd al-Wahhab pensait que le séjour du prophète Mohammed à Médine correspondait à un idéal de société musulmane (la "meilleure de tous les temps") que tous les Musulmans devraient s'efforcer de retrouver (c'est, à peu de choses près, la définition du salafisme). Taymiyyah avait déclaré la guerre aux Chiites, aux Soufis et aux philosophes grecs. Il avait également condamné les pèlerinages sur la tombe du prophète et les festivités liées au jour de sa naissance, estimant qu'ils ne faisaient qu'imiter les rites idolâtres chrétiens.

Abd al-Wahhab s'était emparé de ces théories initiales, déclarant que quiconque ne respecterait pas à la lettre cette interprétation de l'Islam devrait "craindre pour ses biens et pour sa vie". L'un des principes fondamentaux de la doctrine d'Abd al-Wahhab se retrouve dans le takfîr. Ce texte permettait à Abd al-Wahhab et ses disciples de décider qui, parmi leurs coreligionnaires, méritaient d'être considérés comme des infidèles s'ils empiétaient de quelque manière que ce soit sur la souveraineté absolue du roi. Abd al-Wahhab dénonçait les Musulmans qui vénéraient les morts, les saints ou les anges. Il estimait que ces croyances les détournaient de l'indispensable soumission totale envers Dieu, et Lui seul. L'Islam wahhabite interdisait donc les prières aux saints et aux morts, les pèlerinages sur les tombes et les mosquées, les festivals religieux qui honoraient les saints, la célébration de la naissance du prophète Mohammed, et même l'utilisation de pierres tombales. "Ceux qui ne se conforment pas à cette interprétation doivent être tués, leurs femmes et leurs filles, violées, et leurs biens, confisqués". Abd al-Wahhab exigeait que l'on se conformât, de manière physique et tangible. Il pensait que chaque Musulman était tenu de faire serment d'allégeance à un chef unique (un calife, le cas échéant). "Ceux qui ne se conforment pas à cette interprétation doivent être tués, leurs femmes et leurs filles, violées, et leurs biens, confisqués", écrivait-il. La liste des apostats condamnés à mort incluait des Chiites, des Soufis et des Musulmans d'autres confessions, qu'Abd al-Wahhab ne considérait pas comme des vrais musulmans. De ce point de vue, il n'y a aucune différence entre le wahhabisme et l'EI. La rupture ne s'est faite que plus tard, au moment de l'institutionnalisation de la doctrine de Muhammad ibn ʿAbd al-Wahhab ("Un seul chef, un seul pouvoir, une seule mosquée", les trois piliers du wahhabisme dans lesquels on s'accorde à voir le roi d'Arabie saoudite, le pouvoir absolu de la religion d'Etat, et son contrôle sur "le verbe", c'est-à-dire la mosquée). C'est cette rupture - le refus de reconnaître ces trois piliers, sur lesquels repose entièrement le pouvoir sunnite - qui fait de l'EI une grave menace pour l'Arabie saoudite, bien que l'organisation se conforme par ailleurs en tout point au wahhabisme.

PETIT COURS D'HISTOIRE (1741-1818)

Les positions extrémistes d'Abd al-Wahhab finirent par le condamner à l'exil et, en 1741, après une longue errance, il trouva refuge auprès d'Ibn Saud et de sa tribu. Dans le discours novateur d'Abd al-Wahhab, Ibn Saud percevait un moyen de rejeter les traditions et conventions arabes, et de s'emparer du pouvoir. "Leur stratégie - comme l'EI aujourd'hui - était d'asservir les peuples des territoires conquis, de préférence par la terreur." Le clan d'Ibn Saud, paré de la doctrine d'Abd al-Wahhab, pouvait désormais se livrer à ce qu'il avait toujours fait, c'est-à-dire au pillage des villages alentour. Affranchi du cadre de la tradition arabe, il se revendiquait à présent du jihad. Ibn Saud et Abd al-Wahhab avaient également réintroduit le concept du martyr dans le jihad, puisqu'il leur assurait l'accès immédiat au Paradis.

Dans les premiers temps, ils s'emparèrent de quelques communautés et y imposèrent leur loi (les habitants avaient un choix - des plus limités - entre la conversion au wahhabisme ou la mort). Dès 1790, l'Alliance contrôlait la quasi-totalité de la péninsule arabe et menait des expéditions répétées contre Médine, la Syrie et l'Irak. Leur stratégie - comme l'EI aujourd'hui - était d'asservir les peuples des territoires conquis, de préférence par la terreur. En 1801, ils attaquèrent la ville sainte de Karbala, en Irak, et se livrèrent aux massacre de milliers de Chiites, hommes, femmes et enfants. De nombreux sanctuaires chiites furent détruits, y compris celui de l'imam Hussein, le petit-fils assassiné du prophète Mohammed. Décrivant la situation, le lieutenant britannique Francis Warden écrivit : "Ils ont totalement dévasté Karbala, pillé la tombe d'Hussein (...) et massacré plus de cinq mille personnes en une seule journée, avec une cruauté extraordinaire..." Osman Ibn Bishr Najdi, l'historien du premier Etat saoudien, détailla les circonstances de ce massacre : "Nous nous sommes emparé de Karbala, dont nous avons massacré les habitants. Les survivants ont été réduits en esclavage, à la grâce d'Allah, Seigneur de l'univers. Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli, et nous disons aux infidèles qu'ils subiront le même sort."

En 1803, Abdul Aziz entra dans la ville sainte de La Mecque, dont les habitants, cédant à la terreur et à la panique, s'étaient rendus (la même chose allait se produire à Médine). Les partisans d'Abd al-Wahhab détruisirent plusieurs monuments historiques, ainsi que toutes les tombes et sanctuaires qu'ils contenaient. A l'issue des combats, des siècles d'architecture islamique avaient été réduits en poussière près de la Grande Mosquée. Mais, en novembre de la même année, un Chiite assassina le roi Abdul Aziz pour se venger du massacre de Karbala. Le fils de la victime, Saud bin Abd al Aziz, lui succéda et poursuivit sa conquête de l'Arabie. Les chefs ottomans ne pouvaient cependant plus se contenter de voir leur Empire grignoté peu à peu. En 1812, l'armée ottomane, composée d'Egyptiens, reprit Médine, Djeddah et La Mecque. En 1814, Saud bin Abd al Aziz mourut des suites d'une forte fièvre. Son malheureux fils, Abdullah bin Saud, fut emmené de force à Istanbul, où il fut exécuté d'une manière particulièrement horrible : un visiteur de passage explique l'avoir vu traîné dans les rues d'Istanbul trois jours durant, avant d'être pendu puis décapité. Sa tête fut ensuite tirée par un canon, tandis que son cœur était extirpé et planté sur sa dépouille. En 1815, les forces wahhabites furent écrasées par les Egyptiens (sous les ordres des Ottomans) lors d'une bataille décisive. Trois ans plus tard, les Ottomans s'emparèrent de la capitale wahhabite, Dariya, qu'ils détruisirent entièrement. Le premier Etat saoudien avait vécu. Les quelques survivants se retirèrent dans le désert, où ils ne firent plus parler d'eux jusqu'au XXe siècle.

L'HISTOIRE SE RÉPÈTE AVEC L'EI

Il est aisé d'imaginer la façon dont la création d'un Etat islamique dans les frontières de l'Irak contemporaine peut être perçue par ceux qui connaissent de l'Histoire de cette région. La philosophie du wahhabisme du XVIIIe siècle, loin de s'éteindre à Nejd, a ressurgi dans les décombres de l'Empire ottoman suite au chaos de la Première guerre mondiale. La dynastie Al Saud - sous sa forme contemporaine - était conduite par le laconique Abd-al Aziz, habile politicien, qui sut unir les différentes tribus bédouines et instauré l'Ikhwan saoudien, dans l'esprit des combattants prosélytes d'Abd-al Wahhab et Ibn Saud.

L'Ikhwan était une réincarnation de l'ancienne mouvance cruelle et semi-indépendante, composée de fervents "moralistes" wahhabites armés, qui avaient réussi à conquérir l'Arabie au début du XVIIIe siècle. Encore une fois, les militants réussirent à s'emparer de La Mecque, Médine et Djeddah entre 1914 et 1926. Mais Abd-al Aziz comprit rapidement que ses intérêts étaient incompatibles avec le jacobinisme révolutionnaire de l'Ikhwan. Les rebelles se révoltèrent, faisant plonger la région dans une guerre civile qui dura jusque dans les années 1930, quand le roi les fit passer par les armes. Pour Abd-al Aziz, les vérités simples des précédentes décennies n'étaient plus d'actualité. Du pétrole venait d'être découvert dans la péninsule. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis le courtisaient, mais continuaient à soutenir Sharif Husain, seul souverain légitime.

 Les Saoudiens avaient besoin d'élaborer une nouvelle approche diplomatique. Le wahhabisme, mouvement djihadiste révolutionnaire empreint de pureté théologique, fut donc contraint de devenir un mouvement socialement, politiquement, théologiquement et religieusement conservateur, justifiant de faire allégeance à la famille royale saoudienne et au pouvoir absolu du roi.

LA FORTUNE PÉTROLIÈRE RÉPAND LE WAHHABISME

L'aubaine pétrolière permit aux Saoudiens, selon les termes du politologue françaisGilles Kepel, de répandre le wahhabisme à travers le monde musulman, de "wahhabiser" l'Islam, et de réduire ainsi la multitude des courants de cette religion à un principe unique transcendant les divisions nationales. Des milliards de dollars furent -- et continuent à être -- investis dans cette forme de puissance par cooptation. Ce sont ces sommes étourdissantes -- et l'enthousiasme des Saoudiens à faire coïncider les intérêts de l'Islam sunnite avec ceux des Etats-Unis, tout en répandant le wahhabisme dans les sphères éducatives, sociales et culturelles islamiques --

qui ont créé les conditions d'une dépendance de l'occident envers l'Arabie saoudite, dépendance qui perdure depuis la rencontre entre Abd-al Aziz et Roosevelt sur un navire de guerre américain ramenant le président de la conférence de Yalta. Les Occidentaux ont regardé le Royaume, et ils ont vu des richesses innombrables, une apparente modernité et une influence autoproclamée sur l'ensemble du monde musulman. Ils ont choisi de croire que le Royaume allait succomber aux impératifs du monde moderne, et que la gestion de l'Islam sunnite aurait également un effet positif. "D'un côté, l'EI est profondément wahhabite. De l'autre, son ultraradicalisme ne s'apparente pas à ce mouvement. On pourrait l'envisager comme un retour de balancier face au wahhabisme moderne." Mais l'idéal religieux de l'Ikhwan saoudien ne s'est pas éteint dans les années 1930. Il a battu en retraite tout en maintenant son emprise sur certains des rouages du système, ce qui explique la dualité que nous observons aujourd'hui dans l'attitude des Saoudiens envers l'EI. D'un côté, l'EI est profondément wahhabite. De l'autre, son ultraradicalisme ne s'apparente pas à ce mouvement. On pourrait l'envisager comme un retour de balancier face au wahhabisme moderne. L'EI est un mouvement "post-médinien" : il cherche à imiter les deux premiers califes, plutôt que le prophète Mohammed, et il refuse de reconnaître la légitimité du régime saoudien. Pendant que la monarchie saoudienne se boursouflait à l'ère du pétrole, le message de l'Ikhwan a gagné du terrain (en dépit de la campagne de modernisation du roi Faisal). La "méthode Ikhwan" a bénéficié -- et bénéficie encore -- du soutien d'hommes et femmes influents, et de cheikhs. D'une certaine façon, Oussama ben Laden était l'incarnation parfaite de cette méthode. Aujourd'hui, le travail de sape de l'EI contre le royaume saoudien n'est pas perçu comme un problème, mais comme un retour aux véritables origines du projet wahhabite saoudien. En laissant les Saoudiens gérer la région avec eux tandis qu'ils s'adonnaient à leur nombreux projets (contrer les influences socialistes, ba'athistes, nasséristes, soviétiques et iraniennes), les Occidentaux ont révélé leur vision de l'Arabie saoudite -- richesse, modernisation et position dominante -- mais choisi d'ignorer l'élan wahhabite. Car, pour les services de renseignement occidentaux, les mouvements islamistes les plus radicaux étaient les mieux placés pour éreinter l'URSS en Afghanistan, et renverser les chefs d'Etat et les pays de la région qui n'avaient plus les faveurs de l'Occident.

 Au regard de ces éléments, pourquoi sommes-nous étonnés de voir émerger un mouvement révolutionnaire ultraviolent sur les ruines du corps expéditionnaire du Prince Bandar, mandaté par l'Occident et l'Arabie saoudite pour porter secours aux rebelles syriens dans leur combat contre le président Assad ? Et pourquoi sommes-nous étonnés -- quand on connaît un peu le wahhabisme -- de constater que les rebelles "modérés" en Syrie sont une denrée inexistante ? Comment a-t-on pu penser que le wahhabisme radical engendrerait un mouvement modéré ? Ou que la doctrine "Un seul chef, un seul pouvoir, une seule mosquée : soumettez-vous ou préparez-vous à mourir" pourrait conduire à la modération et à la tolérance ? A moins que nous n'ayons tout simplement pas réfléchi.

Vous ne pouvez pas comprendre l’Etat islamique sans connaître l’histoire du Wahabisme en Arabie saoudite

Source, journal ou site Internet : Huffingtonpost

Date : 4 septembre 2014

En utilisant de manière spectaculaire la décapitation, l'État islamique cherche à terroriser la communauté internationale et la population sous sa botte, mais cette pratique provoque la répulsion chez les musulmans que l'EI prétend représenter. Les militants de l'EI affirment être « les seuls vrais musulmans » et ont recours au meurtre et au chaos comme tactique psychologique pour terroriser les autres gens, assure Asma Afsaruddin, professeur au département d'études des religions de l'Université d'Indiana, aux États-Unis. Diffuser les vidéos mettant en scène le supplice de Steven Sotloff et celui de son collègue James Foley ont « un objectif très clair : l'intimidation », explique Rita Katz, directrice de Site, un groupe privé qui suit les mouvements extrémistes. La décapitation est devenue le mode opératoire de l'EI contre ses adversaires, qu'il s'agisse des soldats gouvernementaux irakiens ou syriens, ou des militants antirégime qui s'opposent à ses méthodes brutales. Et ce procédé s'est révélé efficace. La peur a jeté sur les routes en Irak comme en Syrie des centaines de milliers de personnes, et en Irak de nombreux soldats ont fui sans combattre.

Le nouvel usage de la décapitation

L'usage par les jihadistes de la décapitation n'est pas nouveau : le premier Occidental à subir ce supplice fut Daniel Pearl au Pakistan en 2002. Il a été ensuite pratiqué par les groupes affiliés à el-Qaëda en Irak, qui fut le précurseur de l'EI sous la houlette d'Abou Moussab al- Zarqaoui. Avec sa mort lors d'un raid américain en 2006 et le rejet de cette organisation par les tribus sunnites, cette méthode avait décliné. Mais elle est revenue en force avec l'émergence de l'EI et la création d'un « califat » à cheval sur la Syrie et l'Irak. Pour la directrice de Site, les vidéos ont un but publicitaire afin de « recruter une petite minorité de musulmans radicalisés impressionnés par cette violence. Elle l'interprétera comme une sorte de victoire ». Mais chez une très large majorité des 1,1 milliard de sunnites musulmans, les méthodes brutales de l'EI suscitent répulsion et colère. « Les actes et les pratiques de l'EI sont totalement étrangers au message de la foi musulmane », assure cheikh Khaldoun Araymit, secrétaire général du Conseil suprême de la loi islamique au Liban. « L'islam c'est la compassion et l'amour et la communication avec l'autre. Les actes haineux commis par l'EI non seulement contredisent l'islam mais l'offensent », a-t-il déclaré à l'AFP.

Sur les réseaux sociaux

De nombreux musulmans expriment des sentiments similaires sur la Toile, dénonçant sur Facebook et Twitter chaque méfait commis par l'EI, qu'il s'agisse de la crucifixion de Syriens ou la vente à des jihadistes de femmes yazidies kidnappées en Irak. Les dignitaires religieux musulmans affirment qu'il n'y a pas de crime pour lequel la religion prescrit la décapitation, mais cette pratique fut répandue par les musulmans et non-musulmans durant les guerres à l'époque de Mohammad et après. « La décapitation fut souvent utilisée comme sentence de mort dans les affaires criminelles dans l'histoire islamique », souligne Haidar Ala Hamoudi, un expert de la loi musulmane et professeur de droit à l'université de Pittsburgh. « Son usage était répandu, car elle était considérée comme moins douloureuse que les autres formes d'exécution », a-t-il expliqué. Ce type de supplice demeure en Arabie saoudite, provoquant les critiques des associations de défense des droits de l'homme. Al-Azhar, la plus haute autorité religieuse sunnite, a également rejeté l'EI et ses pratiques. « Ces actions criminelles n'ont rien à voir avec l'islam. Elles n'ont aucun fondement dans la loi islamique. Ces gens ne représentent pas l'islam », a affirmé à l'AFP cheikh Abbas Shoman. Sur le Net et à la télévision, des musulmans usent de la satire pour se moquer de l'EI, sous la forme de caricatures, chansons ou sketches. Le groupe libanais « Le grand défunt » a ainsi collectionné 40 000 vues sur YouTube avec sa dernière chanson, qui raille l'EI. « En vue de réduire les embouteillages, faites-vous sauter au nom de Dieu », chante le groupe, suscitant des rires dans le public. Enfin, la communauté musulmane de France, la plus importante d'Europe avec 3,5 à 5 millions de membres, a condamné hier les « terroristes » responsables de la décapitation de Steven Sotloff. « Les musulmans de France condamnent sans réserve de tels actes barbares qui suscitent l'horreur et la stupéfaction, et demandent que les nations s'unissent pour éradiquer ces exactions mortifères qui dénaturent gravement la religion musulmane », a réagi Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, dans un communiqué.

 

Effroi et répulsion chez les musulmans face aux décapitations de l’EI

Source, journal ou site Internet : L’Orient le Jour

Date : 4 septembre 2014

Dossier :  Un nouveau monde avec l'Etat islamique ?

Quand on écoute David Cameron fustiger les «terroristes » et affirmer qu’«avec l'Etat islamique, nous sommes confrontés à la menace la plus grave que nous ayons jamais connue», ou Barack Obama dénoncer la barbarie de l’Etat islamique (EI) après l’exécution barbare de James Foley et avant-hier celle de Steven Sotloff on a envie de lui dire en face : arrêtez de mentir à vos opinions publiques ! Le même reproche peut être fait à Hollande et, partant, à tous ces dirigeants occidentaux qui feignent d’avoir pris la mesure de la menace djihadiste alors qu’ils sont plus que responsables dans l’émergence du terrorisme islamiste et de la déstabilisation du Proche et du Moyen-Orient. Rappelons que c’est un certain ZbigniewBrzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter et conseiller de Barack Obama pendant la dernière campagne présidentielle, qui a été dans les années 1970 le promoteur de la doctrine de la ceinture verte consistant à utiliser la mouvance islamiste, avec pour pays pivots les pétromonarchies du Golfe, la Turquie et le Pakistan, pour combattre le communisme soviétique. L’Afghanistan aura été le terrain d’expérimentation de cette stratégie. Et depuis, malgré l’effondrement de l’URSS et la fin de ce qu’on appelait le «camp socialiste» en Europe de l’Est, Washington et ses alliés ont poursuivi cette stratégie à l’endroit des pays arabes et musulmans dotés de régimes autrefois alliés de Moscou. Dans leur ligne de mire, la Syrie, l’Irak, l’Algérie malgré le virage droitier de Chadli Bendjedid, pays dirigés par des régimes autoritaires et corrompus, auxquels Washington préférait des régimes islamistes. C’est d’ailleurs ce qu’a réaffirmé l’ancien secrétaire d’Etat-adjoint de Bill Clinton, Robert Pelletreau, souhaitant ouvertement l’émergence de régimes islamistes allant du golfe Persique à l’Atlantique parce que, estimait- il, ils seront favorables aux intérêts US. Pour en revenir à David Cameron, rappelons que Londres était la plaque tournante de l’islamisme mondial dans les années 1980 et 1990. Côté algérien, le FIS, l’AIS et le GIA avaient pignon sur rue, éditant des documents comme «Al Ansar», «Etbicira» et autres, dans lesquels ils revendiquaient leurs actes en toute impunité. Il en va de même de leurs mentors, l’Egyptien Abou Hamza, le Jordanien Abou Qoutada ou le Syrien Omar Bakri, qui ont légitimé par des fatwas les massacres commis dans la Mitidja et les attentats du djihad islamique en Égypte, avant de légitimer l’attentat du World Trade Center. Rappelons simplement que pour ces djihadistes radicaux, ayant bénéficié du gîte et du couvert à Londres, la Palestine ne figurait pas au rang des priorités. Ainsi après avoir aidé à enfanter le monstre, les capitales occidentales feignent aujourd’hui de découvrir les horreurs sans nom commises par l’Etat islamique (EI) en Irak ! Or, quand ils ont décidé dès mars 2011 d’aider l’opposition syrienne en lui accordant une assistance militaire (logistique et technique), alimentant de fait la guerre civile en Syrie au lieu de peser de leurs poids pour contraindre les protagonistes syriens (pouvoir et opposition) à négocier, ils savaient de quoi il retournait. Ils savaient, en outre, que les volontaires étrangers venant s’enrôler dans les rangs de l’EI ou du Front al Nosra, ainsi que les armes, transitaient (et transitent) par la Turquie et la Jordanie. Chacun sait que le sud de la Turquie, pays membre de l’Otan, sert de base-arrière aux djihadistes de tout poil, et qu’Ankara ne fait rien pour intercepter ces «volontaires» venus d’Europe, du Maghreb et d’Asie centrale pour rejoindre les rangs de l’EI du Front al Nosra. Ils savaient et savent que les djihadistes avaient pris le pas sur l’Armée syrienne libre (ASL) et qu’ils commettent des crimes de masse. Comme ils savent que ces fous furieux sont financés et armés par les pétromonarchies du Golfe ce que le sommet de la Ligue arabe de Doha en mars 2013 a publiquement officialisé. Mesures approuvées par John Kerry affirmant que «le président Obama a dit clairement que les Etats-Unis ne font pas obstacle aux pays qui ont pris la décision de fournir des armes [aux rebelles], que ce soit la France, le Royaume-Uni, ou d’autres». Dans leur sordide logique, Washington et ses alliés européens et arabes pensaient que l’établissement du califat à cheval sur l’Irak et la Syrie allait permettre de prendre la Syrie en étau et précipiter la chute du régime de Bachar. Le résultat : ils ont permis au régime syrien de se refaire une virginité à bon compte en se présentant comme un rempart contre l’hydre salafo-djihadiste...

 

Quand Londres et les capitales occidentales découvrent la barbarie djihadiste

Source, journal ou site Internet : Le Soir d’Algérie

Date : 4 septembre 2014

Auteur : Hassane Zerrouky

Le chef du réseau Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, a annoncé dans une vidéo diffusée mercredi 3 septembre la création d'une nouvelle branche du mouvement islamiste dans le sous- continent indien. Son objectif : instaurer un « califat » (territoire sous l'autorité d'un calife, successeur du prophète Mahomet) en Birmanie, au Bangladesh et dans certaines parties de l'Inde. Cette nouvelle branche, nommée en anglais«Qaedat al-Jihad in the Indian Subcontinent » (Al-Qaida en guerre sainte dans le sous-continent indien), s'est constituée par le regroupement, depuis deux ans, de combattants qui dépendront de l'autorité du Pakistanais Assim Oumar, lui même subordonné au chef des talibans afghans, le mollah Omar. Selon les propos de Zawahiri rapportés par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE, cette entité islamiste entend : « Lever le drapeau de la guerre sainte, rétablir la loi islamique, et instaurer la charia d'Allah à travers le sous-continent indien, qui faisait auparavant partie des terres musulmanes, jusqu'à ce que l'ennemi infidèle l'occupe, le fragmente et le divise. »

UNE INFLUENCE CONTESTÉE

Fondé par Oussama ben Laden, qui a été tué au Pakistan par des commandos américains en mai 2011, le réseau Al-Qaida revendique depuis longtemps l'autorité sur les djihadistes qui luttent pour restaurer un « califat » sur les terres considérées comme musulmanes. Mais depuis la mort de Ben Laden, le projet a été éclipsé, d'abord par les activités du réseau en Afrique et dans la péninsule arabique, puis par la proclamation fin juin par un autre réseau, celui de l'Etat islamique (EI), d'un « califat » sur des territoires à cheval sur la Syrie et l'Irak. En lançant cette branche, dans une vidéo où il s'exprime en partie en arabe et en partie en ourdou, sans doute pour s'adresser à sa base au Pakistan, Zawahiri tente de revenir sous les feux des projecteurs. Toujours considéré comme une menace par les pays occidentaux, Al- Qaida n'a toutefois jamais répété d'attentats comme ceux du 11 septembre 2001 à New York et Washington, qui ont fait près de 3 000 morts. Suite à la diffusion de la vidéo, les services de renseignement indiens ont demandé aux gouvernements provinciaux de plusieurs Etats de se placer en état d'alerte.

 

 

Al-Qaïda annonce la création d’une nouvelle branche dans le sous-continent indien

Source, journal ou site Internet : Le Monde

Date : 4 septembre 2014

Le Maroc n'est pas seulement classé premier pays producteur de résine de cannabis dans le monde, il est également classé troisième parmi les pays qui comptent le plus grand nombre de djihadistes dans les rangs d'organisations terroristes, dont l'Etat islamique (EI ou Daech) et le Front Al Nosra. Le Maroc est classé en troisième position dans le monde avec 1500 djihadistes en Syrie, derrière l'Arabie saoudite avec 2500 et la Tunisie avec 3000, selon un centre de recherches américain basé à Washington. Ce chiffre avoisine celui communiqué par le ministre marocain de l'Intérieur qui, à la mi-juillet, a annoncé devant les députés que le nombre de djihadistes marocains dans les rangs d'organisations terroristes en Syrie et en Irak est de 1122. Le chiffre pourrait atteindre les 2000 en tenant compte des djihadistes marocains qui ont la double nationalité, est-il ajouté. Le ministre marocain de l'Intérieur avait annoncé que les services de renseignements marocains ont obtenu des informations selon lesquelles 200 de ces djihadistes dans les rangs de Daech ont été tués, ajoutant que 128 autres étaient retournés au Maroc et interrogés par les services de sécurité. Selon toujours le centre de recherches américain basé à Washington, le nombre de djihadistes français partis rejoindre les organisations terroristes en Syrie et en Irak est de 700, dépassant en nombre les djihadistes algériens qui sont, d'après ce centre, au nombre de 500. L'Australie, la Tchétchénie, les Etats- Unis, l'Angleterre et de nombreux autres pays comptent également des djihadistes dans les rangs des organisations terroristes. Certains Etats, dont la France, les Etats-Unis, et l'Arabie saoudite, ont alimenté en armes des opposants en Syrie accentuant ainsi le conflit. Il s'agit d'une guerre qui menace actuellement d'autres pays de la région comme l'Irak, l'Egypte et le Liban. Ce n'est que lorsque Daech a menacé l'Arabie saoudite que les responsables saoudiens ont commencé à crier au terrorisme demandant aux Etats-Unis d'intervenir contre l’organisation terroriste. Les Etats-Unis, suivis par la France, font de même après que cette même organisation terroriste a menacé leurs intérêts dans la région.

 

Recrutement de djihadistes dans les rangs des organisations terroristes Le Maroc, troisième au classement mondial

Source, journal ou site Internet : Le Temps d’Algérie

Date : 3 septembre 2014

Auteur : MA

Le Daesh, un groupe terroriste sanguinaire

L'Occident qui a finalement décidé d'admettre la vérité et de s'attaquer sérieusement au terrorisme pratiqué par des organisations transnationales.

Un deuxième journaliste américain, vient d'être assassiné par ce qu'on appelle l'Etat islamique ou Daesh, son nom le plus réputé dans le monde. D'une logique criminelle sans précédent, cette organisation qui menace la sécurité du monde ne cesse de surprendre par ses activités funestes qu'elle ne manque pas de filmer et diffuser pour accrocher l'opinion internationale. Cette exécution intervient quelques jours seulement après l'assassinat d'un autre journaliste avec le même procédé et la même technique. Les deux exécutions ont ébranlé le monde dans un contexte menaçant qui concourt avec les discours guerriers de Washington qui prévoit l'élargissement des frappes aériennes contre les troupes de Daesh, en Syrie, après une série de frappes en Irak. A ce propos, la Russie qui tient un autre discours appelle la communauté internationale à une coopération avec la Syrie qui fait face depuis plus de trois ans à un terrorisme barbare et ne connaissant que trop bien le profil de cette hydre meurtrière qui vise à étendre ses tentacules jusqu'au nord de l'Afrique pour instaurer un califat. Pour sa part, l'Europe balance sur deux positions, d'abord, par son appel à lutter contre Daesh par des frappes aériennes US sur le nord de l'Irak à la frontière du Kurdistan, ensuite la nécessité d'une résolution du Conseil de sécurité contre «Daesh» et «Jabhat Al-Nosra». L'Occident qui a finalement décidé d'admettre la vérité et de s'attaquer sérieusement au terrorisme pratiqué par des organisations transnationales est aujourd'hui contraint de coopérer pour agir contre ceux qu'il a financés, armés et soutenus hier, au même titre que certains pays du Golfe et la Turquie. Au même moment, la Syrie continue de lutter indépendamment contre la nébuleuse tout en gardant ses motivations pour une coopération qu'elle a exprimée par la voix de son ministre des Affaires étrangères Walid Al Moualim, en marge des sensibilités politiques nées en 2011 qui visaient à combattre le gouvernement syrien. En mettant la main dans la lutte internationale contre Daesh, les Occidentaux et à leur tête les USA doivent se passer du double discours cynique qui appelle à faire chuter les gouvernements arabes, du fait que leurs propres intérêts sont menacés. A ce propos, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a plaidé en faveur d'une large coalition mondiale pour lutter contre les djihadistes de l'Etat islamique (Daesh) en Irak et en Syrie. «John Kerry explique qu'il cherchera, en compagnie du secrétaire à la Défense Chuck Hagel, à former cette coalition lors des discussions avec ses partenaires occidentaux en marge du sommet de l'Otan au pays de Galles du 4 au 5 septembre», rapporte le New York Times, ajoutant, toujours selon Kerry «nous ne permettrons pas au cancer de l'EI de s'étendre à d'autres pays. Le monde peut affronter ce fléau, et au bout du compte le vaincre», le même quotidien souligne que «le président américain Barack Obama proposerait une stratégie contre l'Etat islamique lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, dont les Etats-Unis prendraient la présidence en septembre, a-t-il noté, estimant que cette coalition doit pouvoir recourir aux moyens politiques, humanitaires, économiques, juridiques et de renseignement, afin d'appuyer l'action militaire». Concernant toujours l'Etat islamique un expert militaire algérien cité par un site Internet «Plan de paix pour le Sahara», relève «ne constitue aucunement une menace pour l'Algérie», précisant «ne peut être qu'un mirage normalement à la portée des belligérants locaux, l'Irak, la Syrie et leurs alliés, s'ils prenaient la peine de le combattre». «Quand bien même les unités qui composent ce groupe terroriste sont dotées de matériels sophistiqués, leur renouvellement n'est pas aisé, d'autant que le soutien en lui-même, surtout pour leurs unités soi-disant modernes et mobiles, représente à lui seul 50% de la bataille». Pour lui, «l'ANP a acquis une expérience tout au long de la lutte contre le terrorisme et surtout au cours des séjours prolongés sur le plateau de Tindouf, bien avant l'irruption de la violence islamiste en Algérie». Ce même expert militaire met en garde que «l'espace algérien ne sera en aucun cas un tremplin pour ces hordes, car cette menace que l'Occident veut faire peser sur notre pays n'est en fait qu'un épouvantail. Par contre, la seule menace possible est celle que ces hordes délègueraient à leurs éléments qui sèment le chaos en Libye et déstabilisent le Sahel». Il rappelle qu'«une telle menace a toujours été envisagée, celle-ci se limitera à des actions de va-et-vient le long de nos frontières Est, Sud et Sud-Est et qui, de toutes les façons, seront repoussées par les forces de sécurité algériennes».

 

Lutte internationale contre le terrorisme :

 Daech dans l’œil du cyclone

Source, journal ou site Internet : L’Expression

Date : 4 septembre 2014

Auteur : Ikram Ghioua

Alors qu’Alger, avec Doha et Ankara, tente d’exploiter les hostilités à l’intérieur des groupes armés islamistes en Libye, Washington, de son côté, veut poursuivre ses opérations commando pour capturer des chefs terroristes. Le président Abdelaziz Bouteflika semble en désaccord avec la solution proposée par le président égyptien, Abdelfattah Al Sissi, qui n’a pour le moment rien pu réaliser sur le terrain : le soutien militaire et logistique du Caire au général Haftar n’a pas apporté les résultats souhaités. L’approche algérienne envisagerait, selon des sources sécuritaires, de soutenir les Frères musulmans libyens et les groupes salafistes non djihadistes (ou salafistes scientifiques) pour contrôler le pays et détruire les milices takfiristes et extrémistes. D’où la récente rencontre de Bouteflika avec le leader d’Ennahdha tunsien, Rached Ghannouchi. La vision algérienne rejoint celle du Qatar qui souhaite fortifier la position des groupes islamistes non extrémistes pour faire face aux plus radicaux et aux supporters libyens de Daesh. Sur le terrain, une vraie guerre s’est déclenchée entre les Frères musulmans libyens et les brigades qui les soutiennent, d’un côté, et les milices takfiristes extrémistes, de l’autre. Nos sources affirment que des contacts secrets ont eu lieu entre Alger, Ankara et Doha pour fournir toutes les conditions favorables aux groupes non radicaux sous réserve qu’ils se rangent sous l’autorité légale et constitutionnelle de la Libye, Bouteflika ayant conscience que la Turquie et le Qatar possèdent plusieurs cartes importantes en Libye. En parallèle, Alger s’implique directement dans le bourbier libyen, car inquiète quant au déplacement de la menace terroriste de la Libye vers l’Algérie.

khawaredj

La guerre entre les Frères musulmans libyens et les forces extrémistes a effectivement commencé avant même la «bataille de l’aéroport» de Tripoli. Les villes de Dernah et de Misrata ont connu des affrontements et des «liquidations» ainsi que des arrestations ciblant des activistes des Frères musulmans, des actes menés par des groupes armés djihadistes. A rappeler ici l’assassinat de Salah Charnah, un des leaders des Frères musulmans libyens, président d’une association caritative. En fait, les Frères musulmans auraient pressenti le danger et les menaces que font peser les extrémistes contre eux après le déclenchement de la guerre en Syrie, entre Daesh et le Front islamique, né en 2013, regroupant plusieurs groupes, dont les Frères musulmans. Daesh considère ces derniers comme des apostats, alors que les Frères musulmans qualifient L’Etat islamique au Levant et en Irak de «khawaredj», extrémistes et impies.

Black list

Washington semble avoir opté pour une toute autre démarche : capturer, lors d’opérations commando, les terroristes recherchés les plus importants. Selon une source sécuritaire algérienne, les Américains «mobilisent, pour ces opérations, une quantité impressionnante de renseignements très précis concernant ces chefs terroristes accusés par Washington de menacer ses intérêts vitaux ou ses ressortissants». Car après la capture d’Abou Anass Al Liby et Abou Khattala de la katiba Abou Obeida Ben Al Djerrah, les Etats-Unis gardent en tête de leur liste Mohamed Ali Al Zahawi, «émir» du puissant Ançar Charia ainsi qu’Abou Obeida Al Zawi, de son vrai nom Chaabane Messoud Hediya, commandant de la Salle des opérations des révolutionnaires libyens. Ce dernier serait le plus proche d’Al Qaîda mère en Libye depuis la capture, par un commando américain, d’Abou Anass en octobre 2013 à Tripoli. «En fait, Abou Obeida est le plus recherché par les Américains, note une source sécuritaire algérienne. Il se prétend grand lettré, a étudié au Yémen et est aussi ‘auteur’ de plusieurs livres religieux.» Deux autres noms figurent sur la liste américaine : Sofiane Ben Qamou, l’ancien chauffeur d’Oussama Ben Laden, et Abou Hadjer Osman Djallal, qui dirige une partie de la katiba extrémiste Abou Mohdjen Al Taîfi, qui a prêté allégeance à Daesh et qui active dans le transit des recrues vers la Syrie. Le dernier et non moindre des chefs terroristes dans le viseur de Washington est l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, censé être le cerveau de l’attaque de Tiguentourine en janvier 2013. Selon plusieurs rapports sécuritaires algériens et étrangers, il aurait été localisé dans le Sud-Ouest libyen.

Washington aura sa seconde base militaire au Niger

Le Département de la Défense américain s’apprête à ouvrir une deuxième base de drones dans la ville carrefour du nord du Niger, Agadez. A 350 km de la frontière algérienne et 200 km d’Arlit où se trouvent les exploitations d’uranium et où sont stationnées des troupes françaises. L’annonce faite dans les colonnes du Washington Post a été accompagnée de messages rassurants sur la bonne coopération entre la France et les Etats-Unis. Pour preuve, l’aide financière de 10 millions de dollars accordée début août par le Pentagone à l’armée française sous forme de ravitaillement en vol pour les avions et de transport de troupes. Cette «plateforme d’opérations et de surveillance aérienne» disposera de drones de reconnaissance non armés, probablement de type Predator, et ce, pour observer les territoires malien et libyen. La base de Niamey, déjà opérationnelle depuis plusieurs mois, se verra probablement chargée de couvrir le Sud et garder un œil sur les activités de Boko Haram dans la région entre le Nigeria et le Cameroun. D’ailleurs, c’est à partir de cette base de Niamey que les Américains ont lancé leurs opérations aériennes pour tenter de localiser les lycéennes kidnappées par l’organisation djihadiste au nord du Niger. L’armée américaine a renforcé sa présence dans le Sahel ; elle est présente à Bamako à travers un petit contingent d’officiers de liaison, à Ouagadougou où un détachement des forces spéciales est stationné et où toute la coordination pour l’envoi de troupes et de militaires privés s’effectue. Elle est aussi présente au Niger et au Tchad où elle supporte les opérations de drones Predator de l’armée française. Avec le dispositif Barkhane qui s’étire de Bamako à N’Djamena, l’explosion des effectifs des troupes à Camp Lemonier à Djibouti et la prochaine ouverture d’une base navale américaine au Sénégal, on assiste à une militarisation accrue de ce qui était, il y a peu, un océan de tranquillité au sud du tropique du Cancer. Akram Kharief

 

 

Libye : Comment Alger et Washington veulent neutraliser les djihadistes

Source, journal ou site Internet : El Watan

Date : 5 septembre 2014

Auteur : Aziz M

Plus de 3000 occidentaux seraient partis combattre aux côtés des djihadistes en Syrie. Parmi eux, entre 700 et 900 sont Français.

Le djihad attire de plus en plus d'Occidentaux. Fin mai, ils étaient au moins 3000 à avoir rejoint les rangs des islamistes radicaux qui combattent en Syrie, selon le Soufan group, un organisme de renseignement basé à New York. La France est la plus «représentée» en nombre de tous les pays occidentaux. Elle compte 700 ressortissants sur place, selon des données compilées par The Economist. Une estimation plus basse que celle des services du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, selon lesquels 900 Français étaient concernés à la mi-août. Vient ensuite la Grande Bretagne, avec 400 ressortissants actuellement en Syrie. Puis l'Allemagne (270 ressortissants), talonnée par les Belges, avec 250 ressortissants.

10 à 15% de femmes

Mais lorsqu'on regarde la proportion de combattants par rapport à la population de leurs pays d'origine, le classement est sensiblement différent. La Belgique arrive largement en tête, avec 22 ressortissants partis au djihad pour un million d'habitants. Le Danemark arrive en deuxième position, avec 17 ressortissants pour un million d'habitants. La France arrive en troisième position: on compte 11 Français partis en Syrie pour un million d'habitants. Il est important pour l'Etat islamique de compter des Occidentaux dans leurs rangs. Le choc provoqué par l'accent londonien de(s) assassin(s) de James Foley et Steven Sotloff en est la meilleure illustration.«Des otages libérés des griffes de l'Etat islamique ont dit qu'ils avaient été gardés par trois anglophones. Les djihadistes étrangers peuvent également contacter par email les familles d'otages dans leurs propres langages pour demander des rançons», explique l’hebdomadaire.

Le Soufan group estime que jusqu'en mai, quelque 12.000 combattants issus de 81 pays différents avaient rejoint le djihad en Syrie. Mais ce chiffre doit être bien plus important aujourd'hui. Car depuis que l'Etat islamique a fondé le «califat» le 29 juin, «le recrutement a explosé», assure le journal. «La Syrie a attiré des combattants plus vite que n'importe quel autre conflit dans le passé, que ce soit la guerre d'Afghanistan dans les années 1980 ou celle d'Irak après l'invasion américaine de 2003.» La guerre sainte prônée par l'Etat islamique fait venir essentiellement des hommes en dessous de 40 ans. Mais elle séduit de plus en plus de femmes. Elles représentent environ 10 à 15% de ceux qui voyagent en Syrie, estime-t-on au Centre international d'étude sur la radicalisation, un groupe de réflexion basé à Londres. Mais les plus gros pourvoyeurs de combattants étrangers pour l'Etat islamique restent les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Parmi les plus notables, on trouve la Tunisie qui dénombre pas moins de 3000 ressortissants actuellement en Syrie. L'Arabie saoudite en compte 2500, la Jordanie 2089... La présence de ces étrangers dans les rangs des radicaux islamistes laisse leurs gouvernement respectifs dans l'embarras. Car ils seront sont difficiles à tracer à leur retour, à l'image de Mehdi Memmouche, qui aurait passé un an à combattre en Syrie avant de commettre la tuerie du musée juif de Bruxelles en mai dernier.

 

En Syrie, un djihadiste occidental sur trois serait Français

Source, journal ou site Internet : Le Figaro

Date : 5 septembre 2014

Auteur : Edouard de Mareschal

Washington et Téhéran alliés contre l'État islamique

Concernant la centrale à eau lourde d'Arak, les Iraniens se disent disposés à placer sous contrôle de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) le stock de plutonium déjà produit. Parallèlement, l'Iran estime qu'un accord devrait entraîner la levée de toutes les sanctions, alors que les "5 + 1" penchent plutôt pour une levée graduelle. Mais le problème du calendrier ne paraît pas insurmontable. "S'ils font un petit pas, nous ferons un petit pas, s''ils font un grand pas, nous ferons un grand pas", dit notre diplomate iranien. Mais la négociation sur le nucléaire ne peut être totalement déconnectée du contexte régional : Américains et Iraniens sont devenus des alliés objectifs dans la lutte contre l'État islamique. Les Iraniens en tirent argument pour justifier leur intervention en Syrie aux côtés de Bachar el-Assad. Conclusion de notre interlocuteur iranien : "Sans nous, l'État islamique contrôlerait Damas." Un facteur de poids dans une équation déjà passablement compliquée...


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