La ligne confédérale et conciliante de Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, ne fait pas recette à la base. D’où le double langage du syndicat.
La contestation sociale n’est pas calmée. Après la SNCF, ce sont les équipes des grands magasins qui multiplient les actions contre le travail du dimanche. La SNCM a entamé un mouvement de grève à quelques jours des grands départs estivals, et les intermittents du spectacle menacent toujours les grands festivals de la saison. Omniprésente dans tous ces conflits ultra-médiatisés, la CGT donne l’image d’un syndicat prêt à tous les blocages pour arriver à ses fins.
Dans les grands magasins, où elle est majoritaire, (43,95 % des voix), elle a pourtant un pouvoir relatif, en raison du grand nombre de concessions présentes boulevard Haussmann. On compte, par exemple, 2.400 personnes de l’extérieur pour 400 salariés au Printemps.
Chez les intermittents, son poids est plus difficile à déterminer, et elle a d’ailleurs mis de l’eau dans son vin, car le rapport de forces n’est pas soutenu par toutes les équipes. Ainsi, au festival d’Aix-en-Provence, 80 % des salariés se sont prononcés contre la grève. Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT spectacles, ne parle plus d’annulation pour Avignon, le plus emblématique des festivals. "Avignon n’aura pas lieu tranquillement… Ce n’est pas un choix binaire entre tout bloquer et ne rien faire", déclarait-il le 29 juin.
A la SNCM, le syndicat reste largement majoritaire avec 48,61 % des voix aux dernières élections. A la SNCF, la CGT reste en tête avec 35,64 % des voix mais a perdu plus de dix points depuis 1996. "Gilbert Garrel, secrétaire général de la CGT Cheminots, est obligé de rester dans une posture de conflit, principalement en raison de la concurrence de SUD", décrypte Bernard Vivier, président de l’Institut supérieur du travail.
Un secrétaire général affaibli
Cette image de contestation systématique va pourtant à l’encontre de la ligne défendue par Thierry Lepaon, secrétaire général de la confédération, et par son équipe rapprochée. "Partout où nous pouvons négocier, nous le faisons, cela fait partie des droits des salariés et n’a rien de honteux", affirme Mohammed Oussedik, secrétaire confédéral chargé de l’économie et de l’industrie.
Le syndicat signe 85 % des accords dans les entreprises. En revanche, l’organisation ne parle plus d’une seule voix: "la direction confédérale contrôle moins qu’avant les fédérations, qui elles-mêmes tiennent moins bien les élus des entreprises. Les réflexes catégoriels sont exacerbés", commente Bernard Vivier.
Une impression d’autant plus vive que Thierry Lepaon est à son poste suite à une crise de succession douloureuse. Et qu’en décembre 2013, il a reculé concernant l’accord sur la formation professionnelle: alors que lui et son bureau voulaient le signer, ses négociateurs l’ont persuadé du contraire. Sa volte-face n’a fait que diminuer son autorité.
La conférence sociale en danger
Le dialogue social est au point mort. Après la remise en cause de l’accord Unedic, c’est l’accord du 11 janvier 2013, qui est contesté par la CGPME, pourtant signataire. L’organisation proteste contre le temps de travail obligatoire de 24 heures hebdomadaires pour les salariés à temps partiel. Dans ces conditions, faut-il aller à la conférence sociale des 7 et 8 juillet ? Dans les rangs de FO et de la CGT, certains refusent. Quant aux organisations patronales, elles menacent de laisser chaise vide. A la CFDT, Laurent Berger rappelle que les chefs d’entreprises sont près d’obtenir 50 milliards d’euros d’allègements par an. "S’ils ne participent pas au sommet social, il faudra mettre fin au pacte de responsabilité", a-t-il prévenu. Alors que les organisations patronales ont lancé un appel à accélérer les réformes, le boycott est peu probable.
Par Héloïse Bolle dans Challenges
Pourquoi la CGT de Thierry Lepaon peine à tenir ses troupes
Des dizaines d’années avant l’apparition des premiers partis communistes et même des premiers théoriciens socialistes, ce sont les libéraux du XIXe siècle qui ont posée, avant tout le monde, ce que l’on appelait alors la « question sociale » et qui y ont répondu en élaborant plusieurs des lois fondatrices du droit social moderne. C’est le libéral François Guizot, ministre du roi Louis-Philippe qui, en 1841, fit voter la première loi destinée à limiter le travail des enfants dans les usines. C’est Frédéric Bastiat, cet économiste de génie que l’on qualifierait aujourd’hui d’ultralibéral forcené ou effréné, c’est lui qui, en 1849, député à l’Assemblée législative intervint, le premier dans notre histoire, pour énoncer et demander que l’on reconnaisse le principe du droit de grève. C’est le libéral Émile Ollivier qui, en 1864, convainquit l’empereur Napoléon III d’abolir le délit de coalition, ouvrant ainsi la voie au syndicalisme futur. C’est le libéral Pierre Waldeck-Rousseau qui, en 1884 fit voter la loi attribuant aux syndicats la personnalité civile.
CES SYNDICATS QUI SONT NOS MAITRES
Plus les syndicats nous confisquent d’argent et plus ils nous asservissent. On les appelle les « partenaires sociaux». Rien n’est entrepris sans eux. Lorsque q’un gouvernement fait mine d’adopter une réforme qui les indispose, le pays entier est puni. On ne compte plus le nombre de ministres congédiés sous leur pression. Une simple grève des transports immobilise la France et les Français.
Pourtant, les syndicats représentent à peine 8 % des actifs, et seulement 6 % des salariés du secteur privé. Ces chiffres ne justifient évidemment pas leur pouvoir aussi exorbitant qu’illégitime, qui nous prive de nos droits fondamentaux.
• Impôts, déficit public, subventions et réforme de l’Etat
A l’instar des partis politiques, les syndicats sont financés avec l’argent public. Les cotisations de leurs adhérents, qui, théoriquement, devraient représenter leur unique ressource, sont insignifiantes et ne suffisent manifestement pas à couvrir leurs (énormes) besoins. Sur le plan juridique ils jouissent de passe-droits injustifiés. Par un privilège abusif et exclusif, ils ne sont pas tenus de rendre compte de leur financement, de leur gestion, ni de l’usage qu’ils font des deniers publics. Les lois en vigueur renforcent donc leur pouvoir et leurs avantages.
• Les fonctionnaires sont au dessus de la Constitution
Le SNUI, tout puissant syndicat des impôts et membre fondateur de l’association d’extrême gauche ATTAC, est-il dans son rôle lorsqu’il prend des positions politiques, par exemple en dénonçant des politiques de baisse d’impôts (pourtant si rares), voire une réduction d’impôts de vingt malheureux euros pour les contribuables qui déclarent leurs revenus sur le Net ?
Est-il dans son droit, lorsqu’il décide, par-dessus la tête des ministres et des parlementaires, des techniques et des règles applicables en matière de prélèvements obligatoires, lorsqu’il impose ses vues au gouvernement– on se rappelle la façon dont il eut « la peau » du socialiste Christian Sautter, qui souhaitait réformer l’administration fiscale – et lorsqu’il organise l’irresponsabilité des fonctionnaires ?
De même, le Syndicat de la Magistrature est-il dans son rôle, lorsqu’il conteste des projets de loi comme l’instauration de la carte d’identité biologique, ou dénonce l’état d’urgence quand le pays est en feu ? Est-il dans son droit lorsqu’il outrepasse l’obligation de réserve à laquelle sont astreints les magistrats ? Evidemment non !
• L’usager est pris en otage par les fonctionnaires
Etymologiquement, le terme « syndicat » vient du grec syn pour « ensemble » et du latin dicare pour « dire »… et non pas dictare, pour dicter ! En soit, le syndicalisme est une bonne chose. Il est bien naturel que chacun adhère au règlement quotidien d’un sort qu’il partage avec d’autres personnes. C’est d’ailleurs la synthèse des définitions proposées par plusieurs dictionnaires.
Mais est-il légitime, en revanche, que des organisations de fonctionnaires disposent de nos destins, au lieu de s’occuper de leurs propres affaires : cantine, vestiaires ou autres… ? De quel titre peuvent-ils se prévaloir, pour nous représenter sans avoir été mandatés pour cela ? Et pour nous imposer leur dictat en organisant des grèves, qui sont en outre votées à mains levées, de manière fort peu démocratique !?
Le combat contre le déficit de l’Etat, discontinu depuis 1974, la résorption de la dette publique et le retour à l’équilibre budgétaire, implique une profonde réforme. Mais rien ne pourra se faire tant que ne sera pas réalisée celle du syndicalisme et de sa représentativité.
Par Gabriel Onesto, ancien président de Contribuables Associés
La France CGT : en exclusivité sur Enquête & Débat après une censure de fait
Nous vous annoncions la parution prochaine en librairie du livre La France CGT, écrit par mes soins, hélas ce livre ne sortira pas car j'ai reçu des pressions de différentes natures de la part ...
Thierry Lepaon, un homme de consensus
L'ancien chaudronnier Thierry Lepaon, 53 ans, élu vendredi à la tête de la CGT, s'était fait connaître dans la lutte des salariés de Moulinex. Membre de la commission exécutive (direction) de la centrale, il présidait le groupe CGT au Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il s'inscrit dans la continuité de Bernard Thibault. «Ne vous attendez pas à un changement majeur, il n'y aura pas de coup de balancier».
Né à Caen le 31 janvier 1960, ancien secrétaire général du comité régional CGT de Normandie a débuté très jeune son parcours professionnel et syndical. A 17 ans, ce fils de maçon entre comme soudeur chez Caterpillar, près de Caen. Une semaine après, il adhère à la CGT. Deux ans plus tard, il est licencié pour activité syndicale, mésaventure qu'il connaîtra de nouveau à Spie-Batignolles en 1981.
En 1983, il est embauché à l'usine Moulinex de Cormelles-le-Royal (Calvados), où il reste près de 20 ans. En 2001, le groupe électroménager dépose son bilan et est reprise par son concurrent Seb. Au total 3.300 des 5.600 salariés restent sur le carreau. Il s'est battu pour les reclassements, mais après la fermeture,d 'ex-salariés et d'autres syndicalistes lui reprochent d'avoir vite "oublié" les infortunés.
A partir de 2001, il rejoint l'appareil cégétiste. Négociateur en 2008 sur la formation professionnelle, il prend à coeur le combat contre l'illettrisme. Deux ans plus tard, il prend la présidence du groupe CGT au Cese. Ses pairs le trouvent «ouvert», «à la recherche de consensus», «d'un abord sympathique». Dans son exécutif, il a regroupé des anciens rivaux, en particulier Eric Aubin, dont la candidature au poste de numéro un avait été farouchement combattue par Bernard Thibault. Prudent, pragmatique, on le dit homme de dialogue, animateur d'équipe. On dit aussi de Thierry Lepaon qu'il est un homme de réseaux. «Je ne suis pas franc-maçon, je ne l'ai jamais été et je ne le serai jamais, affirme-t-il. C'est une espèce de fantasme. Dès qu'on est membre du Cese, on est franc-maçon !»
Comme d'autres dirigeants cégétistes, dont Bernard Thibault, Thierry Lepaon a sa carte du PCF. «J'ai un rapport affectif profond avec ce parti qui date de ma jeunesse, confie-t-il. Je ne signe jamais d'appel à voter et je ne participe pas aux instances de direction». En février dernier, on l'a vu au congrès du Parti communiste à Saint-Denis. «Il m'a toujours paru naturel de répondre présent à l'invitation de partis de gauche», dit-il, assurant que «la CGT n'est pas et ne sera pas le bras armé du Front de gauche».
FO a voulu "marquer le coup" en boycottant la conférence sociale
Le syndicat dirigé par Jean-Claude Mailly est l'un des deux, avec la CGT, à avoir décidé de ne pas assister à la deuxième journée de rencontres. En décidant de quitter la conférence social...